Au risque d'en choquer plus d'un, voilà un album live qui me fait à peu près le même effet que le Motörhead : des frissons partout, une sorte d'énergie bouillonnante, l'impossibilité de rester en place, l'impression fugace de tutoyer le bon dieu et l'univers, de ressentir la note ultime, celle qui vous fait toucher les étoiles...
Rien de commun bien sûr entre les deux concerts, si ce n'est le sentiment que ça joue avec une telle passion que des mots comme talent, technicité n'ont plus aucun sens. Juste la furie, la quête de l'instant éternel, où le temps s'arrêterait, pour laisser place à autre chose....
Et le temps va bientôt s'arrêter pour John Coltrane, déjà rongé par un vilain crabe lorsqu'il envoie ces chorus hallucinés. Alors on sent d'autant plus l'urgence d'essayer encore, d'aller plus le plus loin possible dans le peu de temps qu'il lui reste. Complètement consumé par la musique, rien d'autre ne semble plus importer que de défricher encore et toujours d'autres territoires. Au risque de larguer le contrebassiste, Jimmy Garrison, en cours de route (ce moment sax/batterie sur One Down/One Up est tout simplement incroyable, merci monsieur Elvin Jones). Mais le chorus de piano de McCoy Tyner sur Afro Blue comme sur la version pharaonique de My Favorite Things laisse tout aussi pantois, et la section rythmique, incroyable tout du long, est un pur délice.
Le problème avec ce disque, c'est qu'on en sort tellement lessivé mais heureux, qu'il est difficile après d'écouter quoique ce soit d'autre. Tout paraît fade. La chair est triste, hélas, et j'ai lu tous les livres, dirait l'autre.
Désolé, tout ceci est un peu pompeux, mais que dire d'autre d'une telle musique ? Affecter l'air pincé de l'amateur de djââze et évoquer le solfège et la musique modale ? Pas ici, pas sur ce blog. J'aurais bien trop peur de faire peur aux timides néophytes (dont je fais partie), que le nom de Coltrane impressionnerait déjà trop pour tenter l'aventure. N'ayez pas peur du vocable, les mots ici ne veulent plus rien dire. Comme se plaisait à le dire Clémenceau, ce soir de 1965 au Half Note, entre deux bourbons, "la musique de Coltrane est une chose trop sérieuse pour la confier aux critiques de jazz".
Just a Song Of Praise...
Impossible pour moi de mettre ici le Smiley de remerciement que tu mérites. Pour moi Coltrane est un ange. Il les survole (presque) tous
RépondreSupprimerJe l'admire.
Merci pour ce live...
PS: J'ai mis "presque" entre parenthèse au cas où... Mais perso, je n'ai pas d'autres noms à placer à côté de lui.
J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyls avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.
RépondreSupprimeraujourdhui 10$ un album en mp3 (pas top) sans pochette
vos lp & cd valent beaucoup plus
en preuve vous partagez ceux que vous aimez le plus je crois
bonne suite et merci pour votre blog
Krice
C'est sûr... mais je n'ai pas de version qui tienne vraiment la route. On m'a piqué le CD dirigé par Karajan, depuis je pleure. Si tu peux faire quelque chose pour moi...
RépondreSupprimerColtrane est immense, mais le plus grand restera toujours Bach, à mes yeux ;-)
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