J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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mardi 20 septembre 2011

#26/ Motörhead "No Sleep 'Til Hammersmith" (2-CD Complete Edition)


OK, OK... semblerait qu'il y ait une frustration de la part de Keith pour absence de Heavy Metal ici... Et ce juste après le regret de Jimmy sur l'absence de jazz... C'est ma faute, j'aurais dû consacrer ce blog au folk anglais ou à la chanson française des années 1973-77, ou... mais mon problème, c'est que je suis passionné par tous les rateliers, donc je peux pas. Donc je réponds, en l'occurence à cette commande : t'en veux du bruit ? T'en as !

Motörhead, c'est mon petit péché mignon (enfin, mignon...). Depuis mon adolescence, j'écoute du rock, parfois hard, et je déplore à chaque fois qu'un groupe s'estampille heavy, qu'en guise d'excuse ou par opportunisme purement commercial, se glisse dans les albums un slow libidineux (hello Aerosmith, Scorpions (aaaargh !!!) et Metallica (multinationale dont les rapports des conseils d'administration sont disponibles en CD)), un machin country-rock (façon Gun's Poses - pardon - Roses) ou un truc pseudo-folk (hi ! Led Zeppelin), genre "on sait aussi jouer de la guitare acoustique et on est des vrais musiciens comme Fleetwood Mac".

Que nenni chez Motörhead. On peut lancer la galette dans le bouzin, décapsuler tout le pack de Kro d'un coup, y'aura pas besoin d'une tisane au beau milieu de la face B. Du brut, du terrible, dans ta gueule pendant les 10 morceaux de l'album. Ce qui ne veut pas dire qu'on n'entend là que des machins très forts sans intérêt. Tout ça est nourri à la tripe à la mode de Caen, assaisonné comme il faut, gardant une ligne punk du début à la fin (fonce, fonce, on freinera au dernier moment). On parle de plus en plus de développement durable, c'est le cas ici. On n'achetait pas nos 33 tours de Motörhead pour se fader un baaaaaby I loooove you sooo en plein milieu. On voulait se faire un shotgun musical, s'entendre dire oooh... aaah... bref, en prendre plein la figure tout du long - durable, donc. Et là, on ne pouvait compter que sur eux, sur Motörhead. Lemmy avait assez traîné avec Hawkwind (longs morceaux certes violents, mais hypnotiques, avec - horreur - de la flûte traversière comme chez les bouseux de Jethro Tull et du synthé comme chez les étudiants en art de Genesis) pour comprendre qu'un shot, ça dure 3-4 minute, et qu'il faut doubler la dose au suivant. Quitte à s'écrouler avant la fin de l'album, mais ça, man, tu l'as voulu, tu l'as eu.

Aah ! Lemmy et sa basse Rickenbacker fuzzée à mort !!! Renvoyant le gratteux au rang de décorateur intérieur. Tout compris le gars : la puissance, c'est le duo basse/batterie. Et pas seulement dans le funk. Le reste n'est qu'aménagement paysager, petits fours et huile de foie de morue pour faire passer l'ensemble. M'étonne pas que Bill Wyman ait quitté les Stones. Un trio gagnant, je vous dis. Tout, tout, tout compris.

Alors lequel choisir ? Y'a la trilogie (la Sainte Trinité plutôt) que constitue le tryptique Overkill/Bomber/Ace of Spades. J'ai eu très envie de poster Overkill, parce que produit par Jimmy Miller (producteur cinglé et génial remember les Rolling Stones d'Exile On Main Street ou Sticky Fingers ?). Le message ici reste simple : It's only rock'n'roll. But rather speed...

Mais au final, le live consacrant cette trilogie est plus terrible encore. On parle ici de brutalité, et rien de tel qu'un live pour en témoigner. Led Zeppelin, bien trop intellos et ambitieux pour se cantonner à cette exégèse, font chier en live. Soli genre "tu la veux ma Gibson", passages planants histoire de rentabiliser le Mellotron, soli de batterie histoire de désaoûler, vocalises histoire d'emballer... Niet. Va pas.

Alors voilà No Sleep 'til Hammersmith, dans sa version longue pour les plus courageux et endurants, enregistré en pleine gloire après les trois albums pré-cités, et qui envoie sa dose du début à la fin. Et qui prouve, à qui voudrait en douter que oui, ils mettaient (mettent) le feu comme personne d'autres. Pas de concessions, pas de fioritures. Aucune crédibilité artistique à revendiquer. Pas de producteur à faire chier sur les arrangements (même si, Jimmy Miller... mais bon...).

Y avait-il besoin de poster la version Deluxe ? Je sais pas. L'album initial était simple (dans tous les sens du terme), concis et dévastateur, et donc très bien comme ça. Conceptuellement parlant, ça changeait du double album souvent rasoir et coûteux. Mais comme ce genre de brûlots devient rare, le junkie du décibel pourra apprécier - et constater - que le reste du concert non présent dans l'édition originale vaut son pesant de steak tartare, et que les versions alternatives du 2ème CD démontrent, si besoin est, que le live initial n'était pas une simple compilation de moments miraculeusement déchaînés. La bande à Lemmy, à l'époque (1981), balançait ça tous les soirs.

Et puis, si, quand même, une séquence émotion : une chanson dédiée aux roadies (We Are The Road Crew). Ca, c'est particulièrement classe. La plus belle leçon d'humanisme dans le monde du rock au jour d'aujourd'hui. Pas moins.

It's a bomber !!!

10 commentaires:

  1. Euh... j'ai pas de réponses à tes questions. Je pense que les gens qui n'aiment pas "spécialement" ce genre de musique apprécient l'émotion, en général (et moi ce qui me débecte dans pleins de groupes de hard, c'est le côté "salon de la musique et démonstration virtuose et vide"), et là, elle est brute, mais c'est du sincère. Je vais peut-être te choquer mais Motörhead ça me fait le même effet que les soli de Coltrane sur la fin, il ne fait plus de musique, il vit à travers son sax (et Lemmy à travers son groupe). Au diable ce qui arrivait... ou au bon dieu...

    En tant que modeste grateux, je peux comprendre la réponse de Lemmy. Ca ne s'apprend pas, donc ça ne se sait pas. Ca arrive parfois, ou souvent pour les plus chanceux (talentueux ?) c'est tout.

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  2. ##

    Va manquer mon copain Sylvain à l'appel !

    Je me vois vraiment pas passer à côté de ce monument "comme si de rien n'était".

    A tel point que j'ai gardé en stock ta chronique, qui correspond parfaitement à ce que j'en pense.

    Pour les non-amateurs de hard qui adorent Motörhead, je dois être bien placé dans la liste des membres ;-)

    Ce groupe a toujours eu quelque chose "en plus" que n'auront jamais la majorité de leurs copains; sauf peut-être la bande des allumés d'Angus (et encore) ??

    Bref, rien à jeter, que du très bon pour déboucher les engorgements auditifs (ça devrait être remboursé, sans prescription préalable !)

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  3. C'est vrai que rien que dans sa chronique il y a dix sujets pour se renvoyer les canettes (vides au début) dans la tronche....
    Mais en ce qui me concerne pour expliquer, il faudra me rappeler ce qu'était le Hard Rock à l'époque, on y trouvera sûrement un début d'explication.
    Il y a aussi que Motorhead tout en étant de ma génération (enfin Lemmy ça te fait quel age?) collait avec l'image de ce que j’aimais d'un passé récent: Stooges, MC5 et surtout que Motorhead recollait à l'imagerie Steppenwolf mais avec davantage de talent je trouve.
    Ado j'étais un gentil garçon, donc forcément j'avais besoin d'un défouloir miroir.
    Ha aussi le son, là j'ai besoin de musiciens dans le débat pour me confirmer ou pas ceci: le son comme décidé par un joueur de basse qui en joue comme de la guitare rythmique? En tout cas un gros son rond, une frappe lourde et pour finir une voix qui restait aussi dans les basses...
    Mon fils est davantage fan de Hard que moi, et il me fait écouter ces groupes où les accélérations frisent le métronome. mais c'est marrant ça ne me fait pas le même effet que celle de Motorhead.
    D'ailleurs il ne s'y trompe pas, il a été voir ce groupe ,il y peu d'années et est revenu "heureux". Motorhead intergénérationnel, lustucru.
    merci en tout cas, je vais remplace mes MP3 qui c'est rare chez moi ont un son déplaisant car mal compressés!!

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  4. 'Tain ! V'là le genre de tartine que j'aimerais déguster chaque matin !!! Alors pourquoi on aime Motörhead ? Ben tout simplement parce que c'est du rock and roll sans bla-bla... j'te colle trois accords dans la tronche et tu fermes ta gueule sinon j'te fracasse. Pas plus compliqué que ça !!!
    Je tiens quand même à apporter mon soutien aux différents gratteux qui ont sévi dans le Bombardier. Malgré les dires du sieur JeePeeDee, c'étaient (et ce sont encore) de sacrés pistoleros sans qui Lemmy et son (ses) batteur(s) seraient... euh... comme amputés d'une couilles... s'cusez-moi pour l'image, c'est la seule qui me vient à l'esprit !!!
    Ça égratigne sec aussi à propos de Led Zep. N'oublions pas, chers amis rockers, que cette bande de pseudo-folkeux (sic !) demeure la génitrice du Heavy Metal et qu'à l'instar de Motörhead, tous le monde aime le Dirigeable.
    Enfin un dernier mot pour affirmer que, malgré les millions de $ brassés, Metallica demeure également fidèle à l'étique rock and roll. Doit-on condamner un groupe parce qu'il a du succès ? Toutes les galettes de la bande à Ulrich, même les plus contestées par les thrasheurs intégristes, sont d'une qualité indiscutable.
    Enfin (oui encore !), ne crachons pas impunément sur les Scorpions qui, durant plus de 4 décennies, ont porté haut la flamme du Heavy Metal et apporté de jolies couleurs à cette musique dont raffole Christine Boutin !
    Sinon : excellent choix pour découvrir le Lemmy's Band... moi, j'aurais mis Overkill !!!

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  5. Très rafraichissant, ce 'tit Motörhead!!!! Maaaaarciiiiii

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  6. @Keith : En commençant par la fin, si j'avais mis Overkill, tu m'aurais reproché de pas avoir mis le live, parce qu'encore plus patatoïde
    Ensuite, Metallica fait du rock'n'roll comme moi je bosse pour payer mon loyer : business, business (ça n'exclut pas le talent, moi aussi je suis très talentueux dans mon job...), mais je pense pas qu'ils s'éclatent à donf' quand ils se retrouvent pour une tournée ou un nouvel album. Y'a les traites à payer, on sait faire (et bien, je te l'accorde), alors on fait.
    Ensuite (2), Led Zep géniteurs du heavy metal, non. Cream, plutôt, mon ami. Jimmy Page a bouffé à tous les rateliers en tant que musicien de studio, observé les copains se lançant dans l'aventure, et récupéré l'affaire. Avec intelligence et avec une certaine vision, je te l'accorde, mais récupéré. De toute façon, il était trop intelligent pour ne commettre que du hard rock (aïe, je vais me faire des ennemis...)
    Enfin, Lemmy, n'était pas assez con pour se munir de guitaristes à trois balles. Mais ces pistoleros, sans Lemmy, qu'ont-ils fait ? Même avec lui, rien d'inoubliable (tiens, à l'inverse de Jimmy Page). Comme tu dis, trois accords à trois balles, y'a pas besoin de John Mc Laughlin (surtout pas, il en péterait 9)

    Sans rancunes ?

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  7. Sur les conseils avisés de Chti73 me voilà pour savourer cette version longue. Et dieu que c'est bon ! (et au passage superbement chroniqué). Motörhead est un groupe inoxydable, du genre que l'on écoute jusqu'au bout de sa route. Avec Thin Lizzy il figure tout en haut de mon panthéon personnel.

    PS : c'est qui Metallica ?

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  8. Quitte à radoter, je me suis enchainer au bureau le seul SteppenWolf que j'ai sur mon DD, pas original, le "Born To Be Wild" ... hé bien juste derrière, ça passe bien

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  9. Hi ! JeePeeDee
    Tu penses bien que je ne suis pas d'accord avec toi concernant le cas Metallica ! Je ne vois pas ce qui te laisse penser que les gars s'emmerdent sur scène ou en studio. Non, franchement, je ne l'imagine pas une seconde.
    Pareil pour le cas Led Zep. Si Cream a effectivement considérablement musclé le blues, c'est bien le Zep et lui seul qui y a introduit cette notion de violence et de dureté.

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  10. @Keith: Désolé, je réponds très tardivement. Metallica, regarde le DVD "Some Kinda Monsters"... OK, ça me rappelle la bio de Led Zep, "Hammer Of The Gods", on appuie là où ça fait mal, mais quand même... Sache qu'ils ne t'aiment pas, ils sont (aujourd'hui) là pour la tune.

    Bien sûr que Led Zep a introduit, sinon de la violence, du moins de la mandragore et toutes sortes de recettes malignes (et délicieuses) dans le blues violenté par Cream. Ce que je veux dire, c'est que Page n'a été l'initiateur du truc. Il l'a sublimé. Ne l'a pas inventé, désolé, non.

    Sais-tu, Keith, je suis dingue du Zep. Je leur accorde plein de choses. Mais pas celle d'avoir inventé le hard. Deep Purple l'a fait en même temps, mais eux ne sont allés guère loin. Led Zep, oui, oui, oui.

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