Pour moi, cet album a été un de ces chocs hasardeux qu'on rencontre suite à des errements dans des vide-grenier ou des brocantes... Pas persuadé que ça va révolutionner votre vie, mais bon, à 2 euros le disque, hein, on peut se fier à la pochette et tenter le coup...
Le menu n'est guère affolant, de prime abord, pour le néophyte : rien d'original, un black qui reprend What's Going On, et, même pire, le Jealous Guy de Lennon (baillements) ou le When You've Got A Friend de Carole King (penser à zapper la plage 4 du CD, me suis-je dit)... vraiment, c'est bien parce que la pochette est sympa, on peut tenter le coup.
Et là, ce qu'on entend, c'est ma foi fort bien joué, le gars n'était pas un manchot du Fender Rhodes, et moi rien qu'avec ça, je tiens les 45 minutes sans problème. Et puis le mixage du truc est géant. A mon goût, tout ce qui se veut soul est bien trop souvent sur-produit, pour rendre le groove bien soyeux, et là, c'est du live brut de coffre, du groove direct et sans fioritures. Bref, ce qu'on entend en premier, ce sont les musiciens, sans trafficotages, avec des envolées improvisées qui manquent cruellement à notre époque ou le groove - que ce soit dans le rap ou le RNB - se veut protoolisé à coup de boucles certes parfois hypnotiques - mais le vieux con que je suis n'y retrouve pas toujours sa dose de musique vivante (même quand c'est Donny Hathaway qu'on sample, et le bougre s'est fait échantillonner plus qu'à son tour, c'est quand même un gage de qualité, quelque part).
Certes, Donny Hathaway n'est pas un artiste de premier rang (au risque de choquer certains d'entre vous). Quelques tubes, souvent en collaboration avec d'autres noms (Roberta Flack, au hasard), pas assez sûr de lui pour imposer sa marque (et les reprises ici en témoignent), et puis hop, suicidé et basta.
Pourtant, ce live me semble intéressant pour plusieurs raisons : d'abord, encore une fois, ça joue, ça joue ça joue, et puis il est superbement construit. Quand j'écoute certains de ces albums fort conceptualisés et pénibles de 70 minutes (et pour ça, je hais les CD qui ont favorisé le bavardage au détriment de la quintessence), j'ai parfois tendance à me dire qu'un live mythique (et non alimentaire) est un témoignage de la grandeur d'un artiste bien plus importante qu'un album "bien" produit, aseptisé. Prenez le Kick Out The Jam des MC5, auraient-ils marqué les esprits aussi fort avec un disque en studio ? Parlez-en donc à cette vieille crépinette de Peter Frampton : concept hilarant, pour payer ses traites, le voilà parti en tournée rejouant en live l'intégralité de Peter Frampton Comes Alive...
Et plus particulièrement, cet album me fait penser au John Lee Hooker de Johnny Rivers : artiste peu transcendant, mais qui, grâce à un album live bien foutu, a su mettre en valeur ses modestes talents aux oreilles nombreuses d'un public épaté. Au bon endroit, au bon moment. Tant mieux pour lui, pour nous, l'étincelle de gloire a tellement manqué à certains génies que, lorsqu'un artiste sincère arrive à décrocher un moment de gratitude et de reconnaissance, c'est toujours du bonheur.
Alors voilà, c'est lundi soir, on est tous sans doute un peu fatigué, les oreilles pas assez fraîches pour déguster l'album du siècle, alors celui-là passera très bien. Et rappellera, à tous les jeunots de l'electro, que la recherche du groove ultime, c'est aussi un bon petit groupe qui joue à côté de chez vous, si la lune est consentante, que la bière est bonne et que les musiciens, faute d'être inventifs, savent vous tenir en haleine.
En deux mots, à l'écoute de ce disque pas inoubliable, malgré, encore une fois, de grands moments (le final, notamment, Voices Inside), mais sympathique : sortez, bougez, on n'a pas besoin de la pyrotechnie du Stade de France ni des chroniques des Inrockuptibles pour vibrer un moment, même si cela n'est pas éternel. Tiens, pour vous dire, ce week-end, à la Fête de la Chèvre de Chef-Boutonne (autrement dit, au fin fond de nulle part), un groupe de baloche m'a ému sur sa reprise maladroite d'I Heard It Through The Grapevine et du You Never Can Tell de Chuck Berry.
Mon credo ? il tient en un mot :
Live !
Je me dois de réagir ... :-) Ce live est bien sympa mais surtout M. Hathaway fera un album a aligner sur un grand comme "What's Going On". Là on parle de GRAND disque, si on aime la soul ultra travaillé, orchestré au cordeau ... Si tu as l'occasion et que c'est dans ton gout, tente le "Extension of a Man". Tu tombes dans la grande ambition, objectif atteint.
RépondreSupprimerMais je répète, c'est pas du JB qui transpire, plutôt du Marvin Gaye avec de la chair tout de même...
Merci Jimmy, merci Devant. Justement, je fatigue un peu... les vicissitudes de la vie... mais bon, c'est mon blog qui me tient, alors comptez sur d'autres choses encore. Juste un léger manque d'inspiration, genre, hop j'en prends un et je rippe. Des hauts et des bas (Motorhead cartonne, Coltrane emmerde, dans quel monde on vit ?!!)
RépondreSupprimerJe crois que je vais me payer une bonne blague un de ces quatre. Un truc improbable, musicalement incorrect. Ne m'en voulez pas.
Merci, merci beaucoup de votre soutien.
Zut, pas trop tard j'espère. Si tu te sens encore, fais, continue, je ne suis pas un expert mais des blog comme le tien et celui de Jimmy sont rares et Jimmy a raison tu as davantage de lecteur que tu ne le crois.
RépondreSupprimerMaintenant, attendre des commentaires, faudra t'y faire, trop de timides, je parle de ceux qui te lisent et qui n'osent pas écrire....
Des Paps je sais qu'il en est revenu très touché par tes souvenirs...
lâche pas...Penses à nous. ;-)
PS: Coltrane ... faut pousser pousser pousser C'est quand même moins évident que nos amis de Motorhead
Hello,
RépondreSupprimerJe te trouve bien critique pour un album que tout vrai amateur de Soul considère comme un chef d'oeuvre, probablement un des meilleurs Live de tous les temps tout simplement. Donny Hathaway à sa place dans le quintet ultime de la Soul aux côtés de J.Brown, M.Gaye, C.Mayfield, S.Wonder, GS-Heron. Trop peu médiatisé, il mérite pourtant tant de reconnaissance, il a su apporter à la Soul le Gospel qui lui manquait, un artiste mort trop jeune hélas...