J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

vendredi 31 mai 2013

Zinglés : Jean-Louis Murat "Suicidez -vous le peuple est mort"

Allez, je m'immisce dans la série qu'un temps Jeepeedee initia avant qu'elle ne soit reprise ailleurs par de plus constants chevaliers... Hein Jeepee ? C'était une bonne idée pourquoi l'avoir abandonnée ???  Bref Zornee "zingle" pour te rappeler à cette tâche à peine entamée !

A nos moutons maintenant...

Le souvenir que j'ai de ce single restera éternellement lié à ma fréquentation (très) régulière d'un disquaire parisien d'occasion et de l'obsession d'un des "caissiers" qui le passait extrêmement souvent (soit tellement beaucoup qu'on lui demandait parfois, collègues et clients !, de changer de disque, littéralement !).

C'étaient les années 80 encore, et au début des 90s pour être tout à fait précis, et la boutique Librairie Parallèles située à un jet de pierre de l'infect Forum des Halles au cœur du premier arrondissement parisien. A l'époque je voyais Murat comme un dandy précieux, une sorte de Daho bis ou d'Alain Chamfort nouvelle génération alors, qu'en fait, hormis quelques singles télévisuels et consensuels, c'était plus du côté de Ferré (pour le texte) et de Manset (pour le son) que se situait l'animal... Sur cet épatant single en tout cas, c'est assez évident, par la suite, il faut plus gratter mais le germe de l'artiste libre (et qui vous emmerde parce qu'il fait ce qu'il veut) n'est jamais bien loin...

Tout ça m'aura permis de réviser ma préconception d'un artiste dont j'apprécie aujourd'hui beaucoup les travaux même si je ne les suis pas aussi pointilleusement que ceux de, par exemple et pour rester en Francophonie, de Higelin, Thiéfaine, Fersen, Arno...

Bon, le rip n'est qu'un 160kbps (qui reste très correct en qualité cependant) mais, croyez-moi, ça vaut le coup quand même !


1. Suicidez-Vous le Peuple est Mort 3:28
2. Masque d'Or 2:53
3. La débâcle 3:49
bonus
3. Suicidez-Vous le Peuple Est Mort (Live 1995) 7:36


Happy happy Jean-Louis!

mercredi 29 mai 2013

RD#1 - Thin Lizzy "Live and Dangerous"

Dans la série "Les Jolis Recyclages de l'Année du Dragon" :

Quels lauriers n'ont pas encore été tressés à la gloire de l'implacable live ici présent ? Si la majorité de la discographie du plus grand groupe irlandais de tous les temps, j'ai nommé Thin Lizzy (et, non, je n'oublie personne !), souffre encore d'un relatif anonymat au vu de sa globale qualité, Live and Dangerous s'est solidement installé dans toutes les listes des meilleurs live albums de tous les temps, ce qui n'est que mérité, d'ailleurs.

Présentement, dans sa version deluxe généreusement bonussée d'une belle (si datée) captation vidéo (Live at the Rainbow Theatre 1977, déjà édité en dvd en 2007) et de deux maigres mais bienvenues outtakes (Opium Trail et Bad Reputation), le tout glissé dans un sobre et beau digipack, évidemment dûment livretté, c'est (attention, enfonçage de porte ouverte à venir) une belle réussite (si un faux deluxe vu la faible quantité de vrais inédits, c'est le seul petit bémol d'un panorama sinon sans nuage).

Bien entendu, le punch et la sensibilité métissée de Lynott, l'absolue maîtrise et complémentarité d'une des plus belles paires de guitaristes de l'Histoire du Rock (Robertson et Gorham, deux fines gachettes !) et la batterie en roulement perpétuel de l'inamovible et indispensable Brian Downey (batteur ô combien sous-estimé !) sont autant d'éléments déterminants de la réussite de l'entreprise. Thin Lizzy - alors que Robertson ne va pas tarder à faire ses valises pour former Wild Horses avec l'ex-Rainbow, futur Black Sabbath et Dio, Jimmy Bain - se présente alors comme une vraie machine de guerre, un gang soudé, un rouleau compresseur qui écrase tout sans pourtant manquer de finesse.

Et il suffit de dire que la tracklist offre un bel éventail des plus belles pièces alors sorties par le groupe pour se convaincre que, décidément, tout est réuni pour que la fête soit belle et, de fait, elle l'est.

Classique de chez classique, Live and Dangerous est indéniablement le premier album qu'on conseillerait à un "newbie" de la chose Thin-Lizzesque, un live énergique, racé et très chaudement recommandé.


CD 1 
1. Jailbreak 4:33
2. Emerald 4:34
3. Southbound 4:43
4. Rosalie/Cowgirl's Song 4:07
5. Dancing In The Moonlight (It's Caught Me In It's Spotlight) 3:54
6. Massacre 2:56
7. Still In Love With You 7:41
8. Johnny The Fox Meets Jimmy The Weed 3:45

CD 2 
1. Cowboy Song 4:55
2. The Boys Are Back In Town 4:41
3. Don't Believe A Word 2:18
4. Warriors 4:01
5. Are You Ready 2:42
6. Suicide 5:12
7. Sha-La-La 5:34
8. Baby Drives Me Crazy 6:40
9. The Rocker 4:19
Bonus
10. Opium Trail 4:43
11. Bad Reputation 6:04


Phil Lynott - chant, basse
Scott Gorham - guitare, chœurs
Brian Robertson - guitare, chœurs
Brian Downey - batterie, percussions
&
John Earle - saxophone sur "Dancing in the Moonlight"
Huey Lewis - harmonica sur "Baby Drives Me Crazy"


Phil Lynott is alive!

dimanche 26 mai 2013

(Pour Jimmy J.) David Bowie "David Bowie" (1967/ Deluxe 2010)

Non mais regardez moi cette tronche de premier communiant ! Amusez vous juste à comparer avec le même 5 ans plus tard, la mue est totale !

Parce qu'en 1966 (année des enregistrements de cet inaugural et éponyme opus), David Bowie est encore un peu David Jones, pas encore le glam rocker flamboyant qui, de Ziggy Stardust en Aladdin Sane (etc.), éblouit les 70s de sa superbe et de son extravagance. Non, David Jones, pardon, Bowie colle au peloton, suce la roue de ce qui se fait de mieux et lui va le plus agréablement au teint, c'est un honnête ouvrier débutant de la mélodie pop qui va bien, un trousseur de chansons déjà efficace mais pas encore affirmé... Un "work in progress".

Ca ne fait pas de la présente collection de chanson une part congrue, un vilain petit canard qu'on pourrait ignorer en commençant l'exploration du catalogue du sieur Bowie directement par Space Oddity... parce qu'il y a le tube dessus, en plus ! Non ! Parce que tous les germes de l'artiste en devenir sont là et que, déjà, un joli talent à conter d'étranges historiettes aux paroles pas si anodines qu'il y parait se fait jour.
Musicalement, l'album est définitivement de son temps naviguant entre pop baroque et psychélisme contenu... Un peu Pink Floyd (le cousinage avec Barrett est assez évident à mon sens même si Bowie a plus de discipline, un tout autre entourage et sans doute moins de problèmes de substances...), un peu Kinks ou Beatles (un peu plus Kinks que Beatles, d'ailleurs, pour un détachement déjà marqué et remarqué)... Mais bon, album de son temps, visée mainstream évidente égale arrangements... parfois un peu douteux qu'on en croirait presque que Paul Mauriat a été convié aux sessions. Sans doute l'influence de Scott Walker, qui s'y entendait alors pour en rajouter dans le pathos à coup de luxuriances orchestrales et avait particulièrement accroché l'oreille du jeune David Jones que ce soit avec ses Brothers ou en solitaire, on l'entend d'ailleurs sur les morceaux les plus mélodramatiques.
Tout ça serait parfait si le répertoire de Bowie n'avait une sautillante énergie à laquelle les arrangements "ce-mec-est-too-much" donnent fatalement une certaine "kitchitude". Et ce n'est pas désagréable même si ça n'est pas très sérieux, ma bonne dame... Reste que, par moment, on touche au but comme sur There Is a Happy Land où, les arrangements pour une fois en mode discret n'interférant que marginalement, on sent le Bowie, une certaine froideur classieuse, pousser sous le Jones.
Bref, c'est un bon petit album comme il s'en faisait alors, un peu pris dans des élans putassiers mais sauvé par l'écriture et la voix de son auteur. Un album qui n'a pas eu de chance, aussi, puisque sorti le même jour que Sgt Pepper de qui vous savez, ça fait de l'ombre, forcément, et, enfin une exploration intéressante de l'archéologie d'un mythe.

Concernant la présente édition "deluxe", et parce que, c'est bien connu, "il ne faut pas gâcher", Decca (ton univers(sale) impitoyable) rallonge la sauce autant que faire se peut et transforme la courte pige d'un Bowie débutant en un double et pantagruélique cd avec, n'en jetez plus !, le mix stéréo, le mix mono, des outtakes, des remixes, des singles perdus, des inédits, des sessions BBC (pour, déjà !, John Peel et son émission Top Gear), qui combleront d'aise les complétistes et les fans mais n'intéresseront que peu, au delà d'une première écoute curieuse et de quelques retours d'affection (pour les jolis inédits par exemple), l'auditeur lambda. Rien qui n'aurait pu tenir sur un bon simple remaster, en tout cas. Ca n'en reste pas moins un bel objet avec un bon gros livret (sans les paroles, hélas). Sans doute pas essentiel mais indéniablement sympathique.

CD 1
The Original Stereo Album Mix
1. Uncle Arthur 2:07
2. Sell Me a Coat 2:58
3. Rubber Band 2:17
4. Love You Till Tuesday 3:09
5. There Is a Happy Land 3:11
6. We Are Hungry Men 2:59
7. When I Live My Dream 3:22
8. Little Bombardier 3:23
9. Silly Boy Blue 4:36
10. Come and Buy My Toys 2:07
11. Join the Gang 2:17
12. She's Got Medals 2:23
13. Maid of Bond Street 1:43
14. Please Mr. Gravedigger 2:35
The Original Mono Album Mix
15. Uncle Arthur 2:07
16. Sell Me a Coat 2:58
17. Rubber Band 2:17
18. Love You Till Tuesday 3:09
19. There Is a Happy Land 3:11
20. We Are Hungry Men 2:59
21. When I Live My Dream 3:22
22. Little Bombardier 3:23
23. Silly Boy Blue 4:36
24. Come and Buy My Toys 2:07
25. Join the Gang 2:17
26. She's Got Medals 2:23
27. Maid of Bond Street 1:43
28. Please Mr. Gravedigger 2:35

CD 2
Bonus
1. Rubber Band (Mono single A-side) 2:01
2. The London Boys (Mono single B-side) 3:19
3. The Laughing Gnome (Mono single A-side) 2:56
4. The Gospel According to Tony Day (Mono single B-side) 2:46
5. Love You Till Tuesday (Mono single A-side) 2:59
6. Did You Ever Have a Dream (Mono single B-side) 2:06
7. When I Live My Dream (Mono single master) 3:49
8. Let Me Sleep Beside You (Mono single master) 3:24
9. Karma Man (Mono Decca master) 3:03
10. London Bye Ta-Ta (Mono Decca master) 2:36*
11. In the Heat of the Morning (Mono Decca master) 2:44
12. The Laughing Gnome (New stereo mix) 2:59*
13. The Gospel According to Tony Day (New stereo mix) 2:49*
14. Did You Ever Have a Dream (New stereo mix) 2:05*
15. Let Me Sleep Beside You (Stereo single version) 3:20*
16. Karma Man (New stereo version) 3:03*
17. In the Heat of the Morning (Stereo mix) 2:58
18. When I'm Five 3:05
19. Ching-a-Ling (Full-length stereo mix) 2:48*
20. Sell Me a Coat (1969 Re-recorded version) 2:58
21. Love You Till Tuesday (BBC version) 2:56*
22. When I Live My Dream (BBC version) 3:33*
23. Little Bombardier (BBC version 3:25*
24. Silly Boy Blue (BBC version) 3:22*
25. In the Heat of the Morning (BBC version) 4:16*
* previously unreleased


David est déjà là... Bowie suivra.

samedi 25 mai 2013

#26Z : John Cale "Paris 1919"

Je l'jure, monsieur le juge, je n'avais pas connaissance du dénommé Jimmy Jimmereeno quand j'ai décidé de proposer cet album... C'est juste qu'il est trop bon, que mon lien de feue-l'Année du Dragon fonctionnait toujours et qu'un pote vient de découvrir l'album et que, sous le coup de sa grâce, il en veut plus... Comment refuser, monsieur le juge, hein, comment résister ?

Un vrai classique, tout le monde s’accorde là-dessus, mais pas forcément là où on attendait l’ex Velvet Underground après sa tentative ratée d’exploiter son background classique (pas Church of Anthrax en duo avec Terry Riley, The Academy in Peril, le bien nommé).

Un peu à l’image de son premier album (Vintage Violence, toujours fortement recommandé !) mais encore plus distant des sons de son ancienne formation, on y retrouve un Cale apaisé délivrant une pop intelligente et un poil exploratoire. Accessible tout en demeurant clairement intello, cette collection de chansons demeurera longtemps le mètre étalon de la splendeur « Calienne » (jusque son opus en duo avec Lou Reed, Songs for Drella). Et il y a de quoi s’émerveiller ! The Endless Plain of Fortune, chef d’œuvre de pop orchestrale, le presque folk Child Christmas in Wales, le charme suranné et irresistible de la douce ballade qu’est Andalucia, le rock franc-du-collier pseudo-shakespearien de Macbeth, la préciosité entrainante d’un Paris 1919… Et le reste est à l’avenant !

Réédition « Deluxe » oblige, un gros lot de bonus tracks a été exhumé pour la circonstance. Trop souvent ce genre de reliquat équivaut à autant d’amères déceptions, pas ici. Et c’est une bonne nouvelle étant donné que la re-mise-en-son ne s’avère pas d’une brûlante urgence. En l’occurrence, la générosité rivalise ici avec la qualité. Générosité parce qu’un album à l’origine très court (32 minutes) se trouve enrichi de plus de 45 minutes de matériel (bigre !). Qualité parce que même l’anecdotique y est sympathique (les deux mixes du morceau-titre) et qu’en plus on y touche parfois au divin (la version rehearsal d’Antarctica Starts Here encore plus poignante que la version album). Tout juste regrettera-t-on qu’un seul réel inédit soit dévoilé, le sympathique et countrysant Burned Out Affair. Mais là, on mégote.

Un « classique-que-tout-un-chacun-se-doit-de-posséder » additionné d’une impressionnante collection de bonus versions allant d’intéressantes à splendides ? Exactement ce à quoi on s’attend en acquérant ce genre d’objet. Et on ne se plaint pas, et on en redemande…

1. Child's Christmas In Wales 3:20
2. Hanky Panky Nohow 2:46
3. The Endless Plain Of Fortune 4:12
4. Andalucia 3:54
5. Macbeth 3:06
6. Paris 1919 4:06
7. Graham Greene 3:00
8. Half Past France 4:19
9. Antartica Starts Here 3:00
- Sketches & Roughs For Paris 1919
10. Burned Out Affair (Outtake) 3:24
11. Child's Christmas In Wales (Alternate Version) 3:30
12. Hanky Panky Nohow (Drone Mix) 2:51
13. Endless Plain Of Fortune (Alternate Version) 4:08
14. Andalucia (Alternate Version) 4:34
15. Macbeth (Rehearsal) 3:34
16. Paris 1919 (String Mix) 4:29
17. Graham Greene (Rehearsal) 1:40
18. Half Past France (Alternate Version) 4:50
19. Antartica Starts Here (Rehearsal) 2:52
20. Paris 1919 (Piano Mix) 6:09
21. Macbeth (Unlisted Instrumental) 5:17


John Cale - chant, basse, guitare, claviers, viola
Wilton Felder - basse
Lowell George - guitare
Richie Hayward - batterie
U.C.L.A. Orchestra


Le charme discret de John Cale

vendredi 24 mai 2013

#25Z : David Bowie "Hunky Dory"

Hunky Dory a beau être le, déjà !, 4ème album de David Bowie, c'est une avancée décisive dans une carrière qui peine à combler les rêves de gloire d'un jeune auteur, compositeur, interprète et multi-instrumentiste plein de talent mais n'ayant pas encore à son catalogue une collection aussi intouchable artistiquement parlant que commercialement gorgée de tubes imparables... Jusqu'à Hunky Dory, donc.

On peut attribuer, outre le hasard cosmique qui fait se rencontrer un artiste et sa muse, le succès de l'entreprise à une équipe et d'abord à un groupe  - avec le guitariste /co-arrangeur Mick Ronson et le batteur Mick Woodmansey déjà présents sur The Man Who Sold the World, le tout récemment disparu (21 mai 2013) Trevor Bolder à la basse et à la trompette, et le revenant Yes-man Rick Wakeman (déjà aperçu sur Space Oddity où il mélotronisait à merveille le morceau éponyme) au piano - mais aussi un producteur, Ken Scott, transfuge des studios Abbey Road présentement résident des studios Trident qui suivra Bowie jusque Pin-Ups (soit 4 albums consécutifs), avant que Bowie ne prenne lui-même les choses en main pour Young Americans. Historiquement, l'association, moins Wakeman, se cristallisera sous le nom des Spiders from Mars dès l'album suivant, le fameux Ziggy Stardust, avec le résultat qu'on connait... C'est dire si Bowie tient là une fine équipe !

Mais, évidemment, refrain connu, sans bonnes chansons tout ceci serait vain et, pour le coup, alors que ses précédents long-jeux de David, pour recommandables furent-ils, étaient marqués du sceau de l'inconsistance, de l'irrégularité, Hunky Dory est une collection sans faille menée qu'elle est par les deux tubes absolument imparables et immortels que sont Changes et Life on Mars?. Ces deux là n'étant plus, vous en conviendrez, à présenter nous nous intéresserons aux autres, malchanceux petits moments de grâce n'ayant pas connu les spotlights et les charts alors qu'ils les méritaient autant ! On citera naturellement un Oh! You Pretty Things totalement addictif que ce soit pour sa mélodie de chant, sa partie de piano (jouée par Wakeman) et son démarrage glam pop du refrain... Succulent ! et merveilleusement enchaîné à un Eight Line Poem, jazz/blues transitoire où Ronson brille par sa retenue et son feeling. La suite ne vient jamais démentir l'exceptionnel niveau que ce soit sur le jazz pop Kooks (qui m'a toujours fait l'impression de finir trop vite tant il est bon), Quicksand avec ses crescendos divins et ses relents de Dylan folk et de Beatles orchestral, Fill Your Heart avec sa préciosité et ses arrangements gentiment surannés, petite bulle de nostalgie joyeuse (si, si !), Andy Warhol avec son intro bizarroïde et le folk quasi-Kinksien qui suit... Bref, arrêtons là l'énumération... Il suffit de dire que les trois qui restent ne déparent pas du lot, que tout y est (très) bon et fonctionne magnifiquement en cohérence (une première chez David). Certes, ce n'est pas encore tout à fait le Bowie rock, on s'en approche sur Queen Bitch ceci dit, qui ravira son monde dès l'année suivante avec l'album que vous savez mais, quelle inspiration, quelle maîtrise, quel pied !

Pas vraiment par hasard, l'album décrochera le premier numéro 1 de David Bowie en sa natale Angleterre, marquera le décollage de la carrière du même outre-Atlantique... Et ce n'est que justice parce que David Bowie a tout bon sur Hunky Dory et a pondu sa première Grande Œuvre, une galette imparable, signe d'un artiste dont l'état de grâce ne fait alors que commencer. Décisif, je vous dis !


1. Changes 3:37
2. Oh! You Pretty Things 3:12
3. Eight Line Poem 2:55
4. Life on Mars? 3:53
5. Kooks 2:53
6. Quicksand 5:08
7. Fill Your Heart 3:07
8. Andy Warhol 3:56
9. Song for Bob Dylan 4:12
10. Queen Bitch 3:18
11. The Bewlay Brothers 5:22


- David Bowie: vocals, guitar, alto and tenor saxophone, piano
- Mick Ronson: guitar, vocals, mellotron, arrangements
- Rick Wakeman: piano
- Trevor Bolder: bass guitar, trumpet
- Mick Woodmansey: drums


Oh! You Pretty Things!...
...en attendant la suite !

jeudi 23 mai 2013

Georges Moustaki (1924-2013)

GEORGES MOUSTAKI
03/05/1934 - 23/05/2013
R.I.P.
 
 
Vous savez quoi ? Moustaki est mort. A 79 ans. On le croyait immortel pourtant...

Alors, blablabla, c'était un grand artiste, blablabla, qui a marqué la chanson française de son emprunte, blablabla, les professionnels de la profession son en larmes, etc. Vous allez entendre ce genre de discours... Ad nauseam !

Mais, c'est vrai quoi, Georgie s'y entendait pour tourner une chanson, et il n'était pas manchot sur sa six-cordes... Alors, mieux que de grands discours et de convenues condoléances éplorées, laissons parler le son, et damons, dans le même temps, d'un geste sûr et élégant, le pion à tous les nécrophages qui vont essayer de vous en vendre des compiles... Vous pouvez compter là dessus !


















Le Métèque (1969)

1. Le Métèque 2:30
2. La mer m'a donné 2:45
3. Gaspard 2:50
4. Voyage 2:15
5. Le Facteur 4:11
6. Natalia (instrumental) 1:55
7. Ma solitude  2:59
8. Il est trop tard 2:40
9. La Carte du tendre 3:01
10. Le Temps de vivre 2:52
11. Joseph 2:25
12. Rue des Fossés-Saint-Jacques (instrumental) 1:29


Georges Moustaki - chant, guitare
Françoise Walch - chant
Raymond Gimenez - guitare
Sylvano - guitare
Arrangements et direction musicale - Alain Goraguer


Avec sa gueule de bon mec...

mercredi 22 mai 2013

Ray Manzarek (1939-2013) / Trevor Bolder (1950-2013) / Henri Dutilleux (1916-2013)

UNE HECATOMBE !
20, 21 et 22 mai 2013, trois musiciens nous quittent emportant chacun un peu de nos rêves...

Ray Manzarek
10/02/1939 - 20/05/2013
R.I.P.

Les grandes douleurs sont muettes, dit-on. Je ne vais donc pas faire très long pour pleurer le décès de l'éternel claviériste des Doors qui a, qui plus est, comme on dit, bien vécu (74 ans, pas si mal avec une vie si bien remplie...). Tout de même, c'est une perte immense, un monument de la pop music qui disparait et un peu du mythe d'une époque avec lui... Triste.

Ray Manzarek
"Carmina Burana" (1983)

Folie que ce Carmina Burana ! Reprendre la cantate monumentale de Carl Orff (la seule chose qu'on connaisse de Carl Orff, en fait) dans un cadre respectant l'œuvre tout en la faisant entrer dans l'âge de la guitare électrique et des synthétiseurs.

Aux commandes, mais bien entouré, Ray Manzarek (ici également guitariste et arrangeur) transforme l'essai prouvant qu'il est plus que seulement l'ancien claviériste des Doors en transposant habilement la partition, modernisant juste ce qu'il faut les arrangements pour justifier son traitement. Forcément, vu l'année de sortie vous vous en doutiez sûrement, il y a quelques sons et parti-pris de production qui paraissent aujourd'hui datés mais pas suffisamment pour que vous, amateur de rock symphonico-électronique, de l'œuvre originelle ou de ce genre d'expérience hybride, n'y trouviez pas votre bonheur.

Evidemment, l'album aujourd'hui est plus une curiosité qu'autre chose mais pas moins intéressant que la relecture des Tableaux d'une Exposition de Modeste Moussorgski par Emerson Lake & Palmer, pour citer un opus généralement loué dans un style grosso-modo similaire. Et puis, c'est une bonne façon de rendre hommage à Mr. Manzarek, récemment disparu. R.I.P.


Destiny: Ruler Of The World
1 - The Wheel Of Fortune (O Fortuna) 3:05
2 - The Wounds Of Fate (Fortune Plango) 3:45
Springtime
3 - The Face Of Spring (Veris Leta Facies) 4:15
4 - Sunrise (Omnia Sol Temperat) 2:15
5 - Welcome (Ecce Gratum) 2:45
6 - The Dance (Tanz) 2:26
7 - Sweetest Boy (Dulcissime) 0:34
8 - If The Whole World Was Mine (Were Diu Werlt) 0:50
In The Tavern
9 - Boiling Rage (Estuans Interius) 3:15
10 - The Roasted Swan (Olim Lacus) 2:12
11 - In The Tavern (In Taberna) 2:35
The Court Of Love
12 - Love Flies Everywhere (Amor Volat) 2:08
13 - A Young Girl (Stetit Puella) 2:52
14 - Come, My Beauty (Veni Veni Venias) 2:36
15 - The Lovers (Blanziflor Et Helena) 1:17
Destiny: Ruler Of The World
16 - The Wheel Of Fortune (O Fortuna) 3:07


Composed by Carl Orff
Arranged by Ray Manzarek
Produced by Kurt Munkacsi, Philip Glass

Ray Manzarek - Piano, Organ, Keyboards
Michael Riesman - Orchestrations, Conductor, Synthesizer
Adam Holzman- Synthesizer
Jack Kripl - Saxophone, Flute
Ted Hall - Guitar
Doug Hodges - Bass
Larry Anderson - Drums
Bruce Fifer, Catherine Aks, Cindy Heuues, Dora Ohrenstein, Elliot Levine, Imball Wheeler, Ma Premm Alimo, Maryann Hart, Michael Hume, Patrick Romano - Vocals


O Infortuna!


TREVOR BOLDER
09/06/1950 - 21/05/2013
R.I.P.

Bassiste des Spiders from Mars de David Bowie mais aussi chez Mick Ronson, ou, fugitivement, chez Wishbone Ash et évidemment chez Uriah Heep dont il était le titulaire de la quatre-cordes (que des formations de qualité, vous remarquerez), Trevor Bolder s'est éteint hier des suites d'un cancer à l'âge de 62 ans. Repose en paix, Camarade.
 
Un hommage proprement dit suivra bientôt, un album dont j'avais déjà prévu de parler... Foutu hasard !
 
 En attendant :
 
Uriah Heep "July Morning" (live 2012)



HENRI DUTILLEUX
22/01/1916 - 22/05/2013
R.I.P.
 
Et la série noir continue avec la disparition d'un des derniers grands compositeurs contemporains français, Henri Dutilleux à l'âge certes canonique de 97 ans mais qui restait malgré tout encore actif et envisageait de plus se consacrer à la musique de chambre, domaine qu'il admettait avoir négligé.
 
Je reviendrai bientôt sur le cas Dutilleux, probablement sur This Beautiful Downgrade, mais puisque j'en étais aux hommages de récents disparus, il aurait été injuste de ne pas y inclure le grand monsieur que nous perdons aujourd'hui. En attendant de la musique rippée (puisque c'est le principe de ce blog), voici un avant-goût :
 
 
 

#167 : Iron Maiden "The Final Frontier"

Tiens, ce soir je suis retourné faire un tour du côté de mon blog, revoir mes premiers amours etc. Un bout de temps que j'étais pas venu voir si mon coloc' avait changé la tapisserie. Le bougre est hyper-actif, et disserte mazette sur des sujets brûlants tant la passion les enflamme rapidement. Tenez, si par exemple je vous dis que je n'arrive pas à écouter un Bowie en entier sans m'ennuyer au mieux et sans que ça m'énerve au pire (raah le live at Santa Monica, qu'il est pénible !), je gagne 17 commentaires, je perds 25 abonnés et Jimmy de rage balance l'intégrale du Velvet pendant que le Zornophage va tenter de m'expliquer que si si Bowie c'est génial et que Keith va se fendre la poire parce que du moment que ça se castagne y'a du spectacle et c'est très bien. Rassurez-vous, Bowie, je disais ça comme ça, hein. J'aime bien Ziggy Stardust. Mais moins que Goodbye Yellow Brick Road.

De toute façon, je ne sais pas ce qui m'arrive ces derniers temps. Ma passion pour le brutal ne cesse pas, j'ai même écouté quatre chansons de Slayer samedi dernier. Ca fait énormément de bruit, on a du mal à se raccrocher à quelque chose sinon à la double grosse caisse de la batterie, mais c'est très bien comme ça. Ca m'a rappelé que, quand j'étais petit, je trouvais les groupes de hard dangereux. C'est vrai quoi ! Y'avait cette excitation, en attendant que le sillon vienne percuter la glotte à Robert Plant et que Jimmy Page la lui ferme quelques mesures plus tard dans Black Dog, y'avait dans le Child In Time de Deep Purple cette assurance que ce slow libidineux se terminerait mal, que Gillan se mettrait à brailler et que le reste du groupe se mette enfin au boulot. DAN-GE-REUX ! Et bon dieu que c'était bon ! Tenez, Mötörhead, rien que la tronche à Lemmy, ça ne pouvait pas, ça ne voulait pas et ça n'allait pas finir en post-punk mélodique teinté d'influences dub comme à peu près tout et n'importe quoi au début des années 1980. Non, ils ne sortiraient pas d'album punk produit par Eno. Et ça, quand on boutonne et que face à une telle turgescence on se demande de quoi demain sera fait si maman oublie de passer à la pharmacie, c'est quelque part un peu rassurant. Lemmy ne ressemblerait JAMAIS à votre prof d'histoire géo, et réciproquement.

Alors que Bowie, merde, regardez-moi cette tronche d'agrégé en danse contemporaine, quand même !

Mais quand même, Lemmy ressemblait à quelque chose. Contrairement à la mascotte d'Iron Maiden. La bestiole avait une telle tronche que non, franchement, même à quatorze ans, ça ne faisait pas sérieux.  OK, la pochette de King Crimson, ou le No Mean City de Nazareth, y'avait aussi des sales bêtes dessus, mais le premier c'était même pas du hard et le deuxième c'était nul. Sans déconner, jouer à la poupée à quatorze ans ça le fait pas. Y'a bien eu Run To The Hill, impossible de passer à côté, mais franchement, c'était pas sérieux. Angus Young, déjà, était ridicule mais à côté de la Bestiole il passait pour Bowie, genre. Et puis pour des raisons tout à fait personnelles je détesterai toujours The Number Of The Beast. On devrait interdire aux adolescents canadiens de venir en France et de se mettre à draguer des filles, là, comme ça, alors que d'autres bons citoyens français avaient déjà mis le grappin dessus. Bon, ok, on va me traiter de raciste, alors tout simplement, il faudrait interdire aux jeunes canadiens écoutant Iron Maiden (et notamment The Number Of The Beast) de venir en France. Je serais peut-être pas là aujourd'hui si Mitterand avait su prendre des mesures courageuses !

Je serais peut-être pas là à chroniquer le dernier album d'Iron Maiden.

Ce blog n'aurait jamais existé, je n'aurais pas eu ma petite crise existentielle et je n'aurais jamais emprunté un disque d'Iron Maiden à la médiathèque, car je n'aurais peut-être jamais attendu 47 ans pour tomber dans le hard/metal/machin et ne plus en sortir alors que paraît l'intégrale des musiques de Legrand pour Jacques Demy et que je n'ai même pas encore re-écouté Les Parapluies de Cherbourg.

Et pourtant, l'expérience est fascinante, même si je vous écris dans un silence monacal. Je ne sais pas si le silence qui suit un album d'Iron Maiden est encore d'Iron Maiden, mais, le cas échéant, on aurait vivement envie qu'ils sortent rapidement un nouveau disque car sans quoi cela serait très pénible que d'avoir à subir longtemps leur silence. Je sais, cela verse dans la mécanique quantique, mais je vous assure que l'expérience est saisissante.

Imaginez donc quelqu'un, un gros monstre comme Eddy par exemple, que vous ignorez depuis, allez, trente-cing ans, mais qui semble habiter à côté de chez vous. Vu sa tronche, impossible de le rater, sans pour autant lui adresser la parole. Vas-y donc (puisque vous l'aurez compris, c'est de Maiden que je parle), que je te sorte des Somewhere In Time, Seven Son Of The Seventh Son et autres je-ne-sais quoi, avec la même marionnette grimée en sphinx, en machin, en truc, bref, les années passent et Iron Maiden défendent fièrement le rayon culture du Super U de Brie-Comte-Robert contre vents et marées (même si, les marées, à Brie-Comte-Robert, enfin bref...).

Et puis un jour, vous vous arrêtez et vous prenez le temps de discuter avec l'étranger : Alors, comment ça va depuis tout ce temps, tu as fait quoi toi ? Parce que vous, vous en avez fait, des trucs, vous êtes passé de Motorhead à Bowie, vous avez mis plus de trente ans à ne plus haïr les canadiens, enfin bref, des trucs pas simples qui témoignent de votre évolution et de votre début de sagesse. Et là, le monsieur - ou la dame, hein, qu'importe - vous répond : ben, du heavy metal, pourquoi ?

Euh... ben parce que à 55 ans, on a plus peur des grosses bêtes, on en veut moins aux bourgeois et on supporte moins le bruit, non ?

Alors voilà donc, quelle expérience unique que d'écouter le dernier Iron Maiden qui date malgré tout de 2010 et qui, s'appelant The Final Frontier m'inquiète un peu : serait-ce le dernier des derniers ? Mon voisin de palier déménagerait-il ? Pouvez-vous seulement imaginer la tempête que cela ferait naître dans mon crâne ? Non, non, attendez monsieur, euh... comment déjà ? Allez, racontez-moi tout ça, hein, partez pas !

Bref donc, quid d'Iron Maiden en 2010 ? C'est hallucinant. C'est évidemment bien produit, bien lustré. C'est même charmant comme tout. Comme une location à l'Ile de Ré proposée sur le Bon Coin. Rassurant comme un discours de Philippe Manoeuvre à propos des Rolling Stones. Tenez, si je vous dis que When The Wild Wind Blows commence par trente secondes de "vent" joué au synthé, comme à la belle époque de Tangerine Dream, vous me croyez pas ? Ben si, ils osent. Même qu'il y a aussi du vent au début de Isle Of Avalon, mais pas longtemps. Des fois qu'on leur dise que c'est pas bien de véhiculer l'image de pays celtes brumeux, rapport aux touristes, ils préfèrent continuer comme si c'était un morceau de Cure de 1987, ce qui n'est pas une meilleure idée d'ailleurs. C'est sûr que ça fait peur. Alors comme le climat se veut angoissant et qu'il y a plus de six minutes à tirer, c'est peut-être une pas si mauvaise idée que ça.

Car oui, ce dernier album d'Iron Maiden est paraît-il déroutant. En effet, tiens, sur Avalon machin, ça commence à castagner qu'au bout de 3 minutes. Et encore, mollement. Comme du Toto reprenant Killing Joke, un peu. Et c'est pareil pour le reste : le premier morceau commence - effectivement, comme je l'ai lu dans Rock & Folk - comme un morceau de space rock. Et, c'est étonnant, ça ne l'empêche pas d'être très mauvais. Puisque je dis mauvais, il faut impérativement que je vous précise l'influence progressive majeure sur tout l'album. Entendez par là qu'au lieu de bastonner pendant quatre minutes réglementaires, ce à partir de la plage 6 (allez savoir pourquoi), tous les morceaux démarrent par deux minutes de ballade, un coup celtique, un coup médiévale, et je suis certain que si le scandale des lasagne au cheval s'était déroulé en 2010, ils auraient rajouté un peu de mandoline napolitaine.

Mais le plus drôle, et le plus impressionnant, c'est le titre (et donc, a priori, les thèmes) des chansons : El Dorado, The Alchemist, The Talisman, Mother Of Mercy... Non sans blague, on se demande, avec une telle créativité, comment ils ont fait pour sortir auparavant quatorze autres albums studio avec je pense des chansons qui avaient des titres aussi, sans doute aussi imaginatifs... chapeau, non ?!!

Ecoutant les doux arpèges de The Man Who Would Be King, il est temps de conclure : dans 2 minutes 23 ça va être le barouf à nouveau, et il se fait tard, je voudrais pas réveiller la petite. Ce disque est une merveille. Face à l'angoisse du temps qui passe, c'est un condensé de certitudes qui viennent là vous chanter que non, vous n'avez pas raté votre vie. Vous avez pu passer à côté de trente ans d'Iron Maiden et ne rien rater, ne rien manquer. The Final Frontier vous le prouve. Vous pouvez toujours vous lancer des défis : écrire la chronique la plus longue du blog sur un disque dont vous n'avez que foutre ou même lire la-dite chronique avec pourtant les mêmes sentiments, et surtout, peut-être, surtout, vous dire, après tout ce temps, que oui, les canadiens ont mauvais goût et qu'ils sont sans doute moins beaux que vous.

Ca, après 15 ans de psychanalyse, ça n'a pas de prix.

El Dorado ?

mardi 21 mai 2013

#24Z : EZ3kiel "Naphtaline Orchestra"

S'il y a une formation française qui ne manque jamais ni de souffle, ni d'ambition artistique, c'est bien EZ3kiel qui nous revient cette fois avec une relecture live et orchestrale de son répertoire avec comme colonne vertébrale son album majeur, Naphtaline... Rien que ça !

Pari gonflé tant le matériau originel était d'une immense qualité, en particulier Naphtaline qui a tant marqué la carrière d'EZ3kiel, un opus où la puissance cinématique du groupe prenait tout son essor, un album qui jouait sur les textures sonores, trip-hoppait sur le Quai des Brumes, "electronisait" Les Tontons Flingueurs... Une vraie réussite artistique rétro-futuriste qu'il n'est donc pas aisé de revisiter.

Pour mener à bien leur tâche, les tourangeaux ne se sont pas ménagés : adjonction d'une formation orchestrale dévouée au projet (l'orchestre de la ville de Tours), réarrangement scrupuleux, pointilleux de tous les morceaux sans oublier, bien sûr, l'aspect visuel du travail du collectif jamais secondaire et bien représenté par Yann Nguema qui en assume la responsabilité en plus des programmations (et avant ça de la basse qu'il a depuis délaissée). Bref, il aura fallu deux ans, du lancement de l'idée à l'accomplissement de l'œuvre, du travail particulièrement soigné donc.

Le résultat ? Il dépasse les plus folles espérances et ce dès la première piste, Derrière l'Ecran, où il est d'emblée évident qu'EZ3kiel n'a pas juste superposé les parties orchestrales à sa musique mais bien reconstruit sa musique pour y inclure des parties orchestrales qui, du coup, magnifient, "cinématisent" encore plus le morceau, alors qu'il l'était pourtant déjà beaucoup ! En ceci, on peut comparer la démarche à celle de Peter Gabriel sur New Blood/Live Blood à l'exception notoire que l'orchestre complémente le groupe là où il le remplaçait chez l'ancien frontman de Genesis. La suite des titres confirme sans peine cet excellent état d'esprit et la parfaite adéquation trouvée entre l'électrique, l'acoustique et l'électronique (discret).  On rajoutera que la captation live de qualité (le groupe nous avait déjà fait le coup sur son grand Collision Tour enregistré en commun avec les noise-post-rockers angevins d'Hint) retranscrit magnifiquement les finesses et l'emphase d'enregistrements en état de grâce où l'auditeur consentant n'a qu'à se laisser porter pour voyager.

On n'oubliera évidemment pas de répéter que, comme d'habitude, formation totale contrôlant et développant toutes les facettes de son art et toujours généreuse avec son public, EZ3kiel a particulièrement soigné le package et ajouté une captation live en image rallongeant encore un peu plus le plaisir (ceci dit  pour ceux qui achèteront l'objet).

EZ3kiel est de ces collectifs (on ne dit plus groupe à ce niveau) qui ont besoin du soutien du public, le méritent !, parce que chacune de leur sortie discographiques, chacun de leurs "live events" est un évènement mûrement réfléchi et brillamment exécuté. Artisans d'excellence, rares dans un high-tech ayant une récurrente tendance à niveler par le bas, ils satisfont toujours, sur ce Naphtaline Orchestra aussi, forcément.

1. Derrière l'écran 5:33
2. Naphtaline 6:13
3. Lady deathstrike 2:32
4. Adamantium 5:30
5. Lac des signes 6:04
6. Insomnies 3:30
7. Exebecce 3:10
8. The wedding 13:15
9. Leopoldine 4:37
10. Subaphonic 6:23
11. Volfoni's revenge 13:16
12. Kika 4:33


Art Sonique et Vieilles Dentelles

samedi 18 mai 2013

#23Z : David Bowie "Earthling"

A la relance depuis, chronologiquement, les deux Tin Machine, Black Tie White Noise et Outside, c'est un David Bowie tout artistiquement revigoré qui prend fièrement la pose vêtu de son Union-Jack coat le regard rivé sur la campagne anglaise... de dos ! Visuellement, si la pochette "flashe", elle n'est pas exactement belle et ce terrien vraiment trop spatial pour coller à ce bucolique entourage...

De fait l'album n'a pas le moindre cousinage avec quelque folk pastorale que ce soit, quelque badinerie campagnarde non plus, c'est un Bowie à la pointe, qui paraîtrait presque industriel s'il n'y accouplait un maniérisme tout anglais via sa grand-britannité intrinsèque et une bonne grosse louche de pulsions gigotatoires par des patterns drum'n'bass (ou jungle comme on disait alors) bienvenus, spécialité, comme vous n'êtes pas sans le savoir, de quelques DJs anglo-jamaïcains ou anglo-asian (dont Apache Indian ou Goldie (qui invitera d'ailleurs Bowie sur son monumental, et raté, Saturnzreturn).

On a dit que Bowie, tout époustouflé qu'il avait été par les prestations de Trent Reznor et de son Nine Inch Nails lors d'une récente tournée commune, décida de se glisser dans la brèche, de se réinventer, encore !, à la source d'une jeunesse chez lui depuis longtemps envolée. Oui mais, les sources de cette supposée mue industrielle (supposée parce que faut pas pousser, quand même !) ont leurs racines tant dans le Bowie classique, froid et détaché, de la période berlinoise que dans le prédécesseur d'Earthling, Outside, qui déjà mariait musique électronique et rock pour un résultat pas si dissemblable.

Sauf qu'Earthling pousse la logique nettement plus avant, initiative qu'on peut conjointement allouer au leader consentant et à ses deux coproducteurs, co-compositeurs et complices de l'occasion, Reeves Gabrels (déjà dans Tin Machine) et Mark Plati. Et au reste d'un casting de session aux petits oignons dont l'excellent et revenant pianiste Mike Garson (Bowie 70s/90s mais aussi Stan Getz, Stanley Clarke, en solo, etc.). Bref, tout est réuni pour que la satisfaction soit au bout du chemin (et de l'écoute). Et ça nous donne tout de même 6 très bonnes chansons sur 9 soit un ratio 2/3, 1/3 que Bowie n'avait plus atteint depuis Scary Monsters (and Super Creeps)... 17 ans plus tôt !

Déjà il y a l'excellentissime Little Wonder qui, à lui seul, déroule le menu, dévoile la tendance d'un Bowie mélodiquement immédiatement reconnaissable et livré à une formule qui colle comme un gant à son inspiration du moment. La pattern d'nb, le riff, les ambiances tissées par les samples, synthétiseurs et guitares, l'intermède central instrumental... Tout y fonctionne magnifiquement. Du coup, Looking for Satellites, l'une des moins mémorables de l'album, mollassonne comme du Peter Gabriel sous tranxène, fait pâle figure et modère l'enthousiasme originel. Comme les deux autres "ratages" de l'album, The Last Thing You Should Do et Law (Earthlings on Fire), elle souffre surtout du voisinage d'autres compositions supérieurement réussies parce que ce ne sont pas, fondamentalement, de mauvaises chansons et qu'elles s'écoutent sans déplaisir. Mais sans l'enthousiasme qui nous prend, par exemple, sur un Battle for Britain, du pur Bowie  revu et corrigé sur une rythmique jungle et un riff indus light mais du pur Bowie quoiqu'il en soit, ou sur un Seven Years in Tibet, sorte d'exploration Outside du Thin White Duke, saxo râpeux compris avant d'exploser en gros rock Tin Machinesque et de finalement raccommoder les deux... Brillant !

Parce que, voilà, c'est aussi une leçon qu'on peut tirer de cet excellent EarthlingBowie n'est pas soluble dans la (les) mode(s). David Bowie, quelque soit le panorama qui l'entoure restera toujours David Bowie, marque d'un Grand. Et quand en plus, comme c'est le cas ici, l'écrin est presque "plus-que-parfait", les Himalaya ne sont jamais bien loin, la satisfaction béate non plus.


1. Little Wonder 6:02
2. Looking for Satellites 5:21
3. Battle for Britain (The Letter) 4:48
4. Seven Years in Tibet 6:22
5. Dead Man Walking 6:50
6. Telling Lies 4:49
7. The Last Thing You Should Do 4:57
8. I'm Afraid of Americans 5:00
9. Law (Earthlings on Fire) 4:48


- David Bowie: vocals, guitar, alto saxophone, samples, keyboards, production
- Reeves Gabrels: programming, synthesisers, real and sampled guitars, vocals, production
- Mark Plati: programming, loops, samples, keyboards, production
- Gail Ann Dorsey: bass, vocals
- Zachary Alford: drum loops, acoustic drums, electronic percussion
- Mike Garson: keyboards, piano


Life on earth?

 
Et je ne résiste pas, cerise sur le gâteau, à vous livrer le passage de
David Bowie à Nulle Part Ailleurs pour la promo de l'Earthling:
 

vendredi 17 mai 2013

#22Z : NoMeansNo "Wrong"

Dans les commentaires du billet d'Everett sur les Meat Puppets (ça se trouve au Club des Mangeurs de Disques), j'évoquais NoMeansNo comme possible piste pour continuer d'explorer le punk "pas comme les autres", Everett me mit immédiatement au défit d'en parler moi-même... Facile avec cette petite chronique déjà publiée dans La Caverne d'Ali Baba en juin 2011 dont le lien était mort depuis longtemps. Voici donc la bonne occasion de redire tout le bien que je pense de ce groupe et de cet album en particulier... Merci, Everett !

Trop souvent caricaturée comme une musique primaire et simpliste, le punk rock peut parfois prendre des atours surprenants et s’avérer plus technique (presque progressif, en quelque sorte) quand des musiciens talentueux et un poil foldingues s’attaque à l’idiome. C’est évidemment le cas ici avec le 5ème album de ces doux-dingues de NoMeansNo en provenance du rude et glacé Canada rural.

Rural, en fait, je n’en sais foutrement rien. Toujours est-il que le (non) look cultivé par les frères Wright rappelle plus le bûcheron ou le camionneur que le gentleman en représentation pour le Derby d’Epsom. Ce je-m’en-foutisme vestimentaire caractérise d’ailleurs bien la démarche de NoMeansNo axée essentiellement sur la musique et pas sur l’esbroufe et qui leur vaut - entre autres choses - l'honneur de la paternité conjointe du math-rock.

Et donc, Wrong. Ce fut ma première approche du groupe (dès sa sortie) et c’est un investissement que je ne regrette pas plus de 20 ans plus tard. Il faut dire qu'avec un premier morceau comme It's Catching Up - un machin typiquement à la NoMeansNo combinant précision technique, agressivité hardcore/punk et une bonne dose d'humour pour alléger le tout - on sait qu'on n'a pas affaire à un album comme les autres.

Il faut bien le dire, la cellule que forment Rob et John avec leur guitariste, Andy Kerr (qu'il eût été injuste de ne pas mentionner), est si colossalement monolithique qu'on se la prend en pleine face un peu comme un CRS se prendrait un pavé parisien sur une barricade du Quartier Latin par un mois de mai 1968. Fort heureusement, quelques respirations (Rags and Bones, Oh No Bruno) parsèment cet album d’une légèreté bienvenue et le rendent plus digeste à ceux peu habitués à un tel déluge de décibels enragés.

Que vous aimiez ou non le punk ou le hardcore, Wrong est un album à ne pas rater d’un groupe qui mériterait qu’on se penche plus sur sa riche et volumineuse discographie.


1. It's Catching Up 3:30
2. The Tower 5:11
3. Brainless Wonder 1:35
4. Tired of Waiting 1:48
5. Stocktaking 3:05
6. The End of All Things 5:11
7. Big Dick 3:15
8. Two Lips, Two Lungs and One Tongue 1:47
9. Rags and Bones 5:06
10. Oh No! Bruno! 3:06
11. All Lies 6:28
12. Life in Hell 3:55
13. I Am Wrong 7:01


- John Wright: drums, percussion, vocals
- Rob Wright: bass guitar, vocals
- Andy Kerr: bass, guitar, vocals


Two Lips, Two Lungs and One Link

mercredi 15 mai 2013

#21Z : David Bowie "The Next Day"

10 ans après, le jour d'après... Il nous a manqué, Bowie, c'est indéniable. Des pires doutes sur sa santé (toujours pas complètement éteints), de son invisibilité caractérisée, à une quasi totale absence de nouvelles, on le croyait perdu ! Et puis une affiche, "the next day" dans un carré blanc sur la pochette de Heroes que, forcément, on repère facilement, un nouvel album !, enfin ! C'est moche, on croit à un teaser, ce sera finalement la pochette, drôle de choix. Quoique... Comme un signe que le jour d'après sera aussi beau que le jour d'avant ? Comme un aveu de retour vers des sources ô combien prolifiques, un raccrochage de wagon vers une gloire passée ? A voir... A entendre surtout.

Bon, autant éventer le "secret" tout de suite, ce n'est pas du grand Bowie, pas le retour miraculeux  qu'on n'attendait de toute façon pas. Ce n'est pas indigne non plus, rassurez-vous. Des dires de Tony Visconti, producteur de la galette et  collaborateur récurrent de David depuis plus de 30 ans, c'est Bowie qui a eu de nouveau envie de faire des chansons et, fatalement, de faire un album, un album qu'on n'attendait plus et qu'on prend donc pour ce qu'il est avec la réalisation de la chance que nous avons d'avoir un nouveau Bowie en 2013 si ce n'est un grand Bowie, ce à quoi nous sommes de toute façon habitué, pour retrouver un Grand Bowie, il faut quand même se reporter une trentaine d'année en arrière...

Pas un grand mais un bon Bowie qui a toujours la voix (même si un peu moins de voix), bon signe. Un bon Bowie avec son lot de pépites, plutôt plus généreux que ne l'avaient été Reality, Hours et Heathen, des pépites qui, si elles ne révolutionneront rien à la perception qu'on les gens de l'artiste, font bien plaisir à entendre ! Et ça commence dès le morceau titre et introductif de la galette qui, rock solide et énergique, rappelle autant  "Heroes" que Tin Machine tout en dégageant une fugace impression de mélancolie qui ne lâchera que rarement  l'album. Impression renforcée par la ballade tristoune Where Are We Know?, une des plus belles réussites de l'ensemble, ceci dit en passant. Et implosée par la conclusion (de l'album classique, rallongé de 3 pistes bonus dans sa version "deluxe"), le froid et beau Heat qui convoque, magnifiquement pour le coup, la veine dramatique jadis habitée par le Scott Walker de la fin des 60s. Mais un Bowie qui s'amuse aussi comme sur le Kurt-Weilien/ Tom-Waitsien mais en même temps si Bowieien Dirty Boys, comme sur le joliment Beatles Valentine's Day (où la voix de David et la guitare d'Earl Slick font la différence), comme quand il nous balance sans crier gare en plein Outside (If You Can See Me) pour un exercice "Drum'n'Rock" réussi. comme quand il cold-rocke avec classe sur le new-waveux Boss of Me. Etc. Oui, il y a plus qu'aisément matière à se réjouir dans une tracklist ceci dit pas d'une folle cohérence... un poil "éclatée".

Parce que, forcément, il y a une tenace impression de revisitation continuelle des cannons passés, un jeu de piste à identifier à quelle période d'hier se réfère chaque chanson d'aujourd'hui, une sorte de relecture à l'aulne du jour d'un passé lointain mais toujours vivace. C'est souvent le jeu des vieux rockers que de revenir à la source de leurs exploits (voir McCartney, Springsteen ou Robert Plant pour ceux qui le réussissent le mieux), de tenter, dans le procédé, de se réinventer ou, à minima, de faire ce qu'ils savent faire, ce qui leur vient naturellement et donc, fatalement, de rappeler qu'ils sont qui ils sont... Bowie n'est pas une exception en la matière. A ceux que l'absence de toute épiphanie créatrice, de quelque inespérée et miraculeuse régénération chagrine, on répondra que Mr. David Bowie a maintenant 66 ans, s'est déjàç recréé un bonne demi-douzaine de fois pour finir par être lui, somme de tous ses possibles, miraculé d'excès qui en ont laissé moult sur le carreau. C'est déjà beaucoup.

Beaucoup parce que The Next Day est un bon album, du Bowie supra-classique, du Bowie qui satisfait en ratissant large mais en restant digne parce que, et nous ne tirerons pas sur les quelques ambulances qui traversent l'opus, les chansons sont bonnes, bien arrangées, bien jouées (par peu ou prou la même équipe que Reality), bien enregistrées, bien mixées... Bien. Ce n'est pas Hunky Dory, ce n'est pas Ziggy Stardust, ce n'est pas Low, ces références immortelles appartiennent à un passé créatif qui ne revivra plus ou plus que fugitivement, c'est le cru 2013 plus qu'honorable d'un mec qui nous a tous, à un moment ou un autre, fait quelque chose... Et qui réussit au moins à nous rajeunir les tympans d'au moins une décennie en se ressemblant juste ce qu'il faut, et donc en se différenciant légèrement aussi de ce qu'il fut, pour ne pas paraître incongru, ou bêtement revivaliste.

Evidemment, l'évènement se suffisant à lui-même, l'album cartonne avec des numéros 1 en Argentine, Belgique, Croatie, Tchéquie, Danemark, Pays-Bas, Finlande, Allemagne, Eire, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Portugal, Royaume Uni, Suède, Suisse et Etats Unis d'Amérique, et pas loin derrière dans le reste des pays où la musique pop est disponible. Ce n'est, dans le fond, que mérité, couronnant comme il se doit la carrière d'une icone qui a, comme vous l'aurez compris, de forts beaux restes, qu'il a su savamment déployer sur cette résurrectionnelle galette. Que l'avenir réserve-t-il à Bowie ? Quelles seront ses prochaines aventures ? Y aura-t-il seulement de nouvelles aventures ? Autant de questions qui restent pour le moment sans réponse. Reste la satisfaction de tenir, je le répète, un bon Bowie, en 2013, toujours vivant !, et ça, ce n'est pas rien !


1. The Next Day 3:26
2. Dirty Boys 2:58
3. The Stars (Are Out Tonight) 3:57
4. Love Is Lost 3:57
5. Where Are We Now? 4:09
6. Valentine's Day 3:02
7. If You Can See Me 3:12
8. I'd Rather Be High 3:45
9. Boss Of Me 4:09
10. Dancing Out In Space 3:21
11. How Does The Grass Grow? 4:34
12. (You Will) Set The World On Fire 3:32
13. You Feel So Lonely You Could Die 4:37
14. Heat 4:25
Bonus
15. So She 2:31
16. Plan 2:02
17. I'll Take You There 2:41


- David Bowie: vocals (1–15, 17), producer, guitar (1, 16), string arrangement (1, 3, 15),
acoustic guitar (3, 13–15, 17), keyboards (4, 5, 7, 10, 11, 15–17), percussion (16)
- Tony Visconti – engineer, mixing, producer, string arrangement (1, 3, 13–15),
guitar (2, 13, 15, 17), recorder (3, 9), strings (5), bass guitar (6, 12, 15)
- Zachary Alford: drums (1–5, 7–11, 13–17), percussion (7)
- Sterling Campbell: drums (6, 12), tambourine (12)
- Gail Ann Dorsey: bass guitar (1, 3, 4, 10, 11, 13, 14, 17),
backing vocals (3, 7, 9, 11–13, 17)
- Steve Elson: baritone saxophone (2, 3, 9), contrabass clarinet (3)
- Henry Hey: piano (5, 13)
- Gerry Leonard: guitar (1–5, 7–15, 17), keyboards (15)
- Tony Levin: bass guitar (2, 5, 7–9)
- Janice Pendarvis: backing vocals (3, 9, 12, 13, 17)
- Earl Slick: guitar (2, 6, 12)
- David Torn: guitar (1, 3, 7, 10, 11, 13–15, 17)
- Hiroko Taguchi: strings (1, 3, 13–15)
- Antoine Silverman: strings (1, 3, 13–15)
- Maxim Moston: strings (1, 3, 13–15)
- Anja Wood: strings (1, 3, 13–15)


Where are we now?

lundi 13 mai 2013

#167 : Kyuss "Blues For The Red Sun"

Serais-je le dernier des cons ? Auquel cas, je répondrai par un "mieux vaut tard que jamais" dont la platitude n'a d'égal que le relief du présent album. Comprenons-nous bien. Dans ma folle vadrouille à la gloire de Josh Homme, j'avais bien sûr prévu un peu de Kyuss. Doublé par Keith Michard ou le Zornophage - sais plus - j'ai laissé mon Greatest Hits dans mes chaussettes et puis voilà. J'avoue, je suis un des derniers des cons, je connaissais mal Kyuss jusqu'à il y a peu. C'est ça quand on achète des disques, on trouve pas ce qu'on veut comme sur internet. Alors, hormis la compilation déjà mentionnée, mon idylle s'est arrêtée un peu brutablement (ce qui n'a rien de surprenant avec Kyuss), trouvant leur Wretch quelque peu boueux, mal mixé, mal produit, je sais pas, bref, la sentence sans appel : bôf.

Ce qui m'amène à mon questionnement : oui, je suis peut-être le dernier des cons. Le dernier à découvrir Blues For The Red Sun plus de vingt ans après sa sortie. Après avoir ressorti mon Nevermind au moins quatre ou cinq fois depuis l'époque dite bénie du grunge, je suis passé complètement à côté de ce brûlot, jusqu'à il y a quelques jours. La claque.

Alors, comme le nombre d'internautes dépasse sans doute le nombre de membres du fan-club de Kyuss et des Queens Of The Stone Age réunies, je me plais à croire que je ne suis pas le dernier des cons, mais peut-être l'avant-dernier. Ô mon Suivant, comme je t'envie ! Jamais déluge métallique ne sentit autant le kérosène se vaporisant langoureusement dans le désert californien, l'odeur du peyotl et du crotale mêlées, bref, un festival de moments langoureusement brutaux et primaires. I Hate Slow Songs, qu'il beugle le monsieur. Oh que oui, que moi aussi, tiens.

Sans rire, rien que Green Machine, tiens, ça t'envoie tout valdinguer de partout. Punk ? Metal ? Classic Rock dérangé ? Grunge testiculé ? Qu'importe. Une tuerie, un petit bonheur d'acier rouillé comme il faut, puant l'huile de vidange comme un dimanche chez Norauto, bref, soit je n'y pouique plus que couic, soit on est pas loin de tenir là, rien que là, le morceau parfait. Surtout quand ces messieurs vous ont préparé le terrain avec un Thumb faussement bluesy pour mieux attirer les fans de Grateful Dead et les faire frire dans ce qui reste de jus de coyotte. You don't seem to undertand the deal ? I don't give two shits on how you feel !

Ben voilà, c'est dit, moi je trouve que ça pose l'ambiance, dans le genre premières paroles du disque. Depuis le Jesus died for somebody's sins but not mine de la belle Patti Smith, j'avoue que je cherchais une entrée en matière du même acabit, ben c'est chose faite.

Ainsi donc, Ô Toi mon Suiveur, Dernier des Cons, je ne peux que t'encourager à te délecter fissa de cette galette, tortilla pimentée avec bonheur et sans modération. Et fais passer à ton voisin.

Yeah.

#20Z : Tin Machine "Tin Machine", "II"

Parce qu'on oublie trop souvent qu'il fut un temps où David Bowie décida de renoncer aux triomphes égocentrés de sa carrière solitaire pour se fondre dans un collectif et n'y être "rien de plus" que le chanteur...
Voici TIN MACHINE !
(idéalement, vous lirez les deux chroniques en une fois, c'est prévu pour !)
 
On ne vantera jamais assez les mérites résurrectionnels qu'eurent les deux album de Tin Machine sur la carrière alors déliquescente d'un Bowie en fin de course, à bout de souffle... Un Bowie pas forcément si adapté à l'ère MTV qu'on aurait pu le penser, un Bowie en mal d'ailleurs et d'une certaine liberté créative aussi, un Bowie qui a envie d'en découdre après des albums "fortement tièdes", enfin.

Parce qu'il faut bien le dire, les ondes du"choc-médiocre" d'un Tonight et d'un Never Let Me Down ont laissé des traces, et pas que de jolies jolies... On ne reviendra pas plus avant sur les maigres qualités des deux successeurs d'un Let's Dance à la relance, tout a déjà été dit et écrit sur le sujet par de nombreux rock-critics dont même les plus flagorneurs ne purent sauver l'ex-Ziggy du naufrage via quelques remarques bien senties voire assassines (et hélas souvent méritées).

Croyez-vous que Bowie est alors dans sa tour d'ivoire à planifier sa prochaine extravagance ? Que nenni ! Sans doute lui-même conscient de l'impasse dans laquelle il se trouve, il décide de changer radicalement le ton, de faire du passé table rase... A commencer par effacer son nom de la pochette, ce n'est pas rien !, et d'y figurer à égalité avec ses nouveaux copains de chambrée, c'est encore plus ! Et puis la dégaine costumière, le noir et le blanc, la barbe du discret, une sobriété qu'on ne lui connaissait plus... Profil bas, attendre la fin de l'orage et en profiter pour s'amuser, tant qu'à faire ! Parce que, fondamentalement, c'est ce qu'on entend sur ce premier Tin Machine, un Bowie décontracté qui se fait plaisir et, ce faisant, nous fait plaisir avec ce qu'il est convenu de considérer comme un simple album de (hard) rock'n'roll, un bon album de (hard) rock'n'roll.

Simple ? Parce que c'est, tout bêtement, à une collection de chansons basée sur les riffs tranchants et revivalistes de Reeves Gabrels qui se présente à nous. Pour l'originalité, vous repasserez, mais le sel est ailleurs et les atouts d'énergie, de l'audible plaisir que prend la formation (n'oublions pas les frères Sales, rythmique impeccablement complémentaire de sa paire de solistes) à jouer comme, peu ou prou, une bande d'ados découvrant l'originel plaisir d'une musique électrisée et électrisante. On ne dira pas que Bowie y est méconnaissable, ce serait mentir, juste totalement fondu dans un collectif cohérent et fonctionnel.. Un groupe de rock, quoi !

Bon ? Parce qu'il y a ici, tout de même, quelques chansons qui font leur beau petit effet à commencer par l'introductif Heaven's in Here, un solide blues mid-tempo où Gabrels nous régale de ses belles dispositions guitaristiques, ici dans un registre classique et efficace où, de licks fins en soli inspirés, il meuble une composition un peu commune avec, pour le coup, le beau David bien effacé. C'est aussi une bonne façon d'établir la crédibilité groupe. Plus loin,  Prisoner of Love, après un pas extraordinaire Tin Machine, rappelle un peu Absolute Beginners avec son petit côté rétro et China Girl par son refrain orientalisant, on ne se refait pas mais, présentement, on ne regrette pas non plus parce que ça fonctionne et donne une composition habitée, un rock stratosphérique et trippant de fort belle qualité, et du Bowie pur sucre, vous l'aurez compris. Passé un pas désagréable mais trop dérivatif pour être vraiment marquant ("Troggsien") Crack City, s'avance une belle quadruplette avec, en tête de liste, le rock revivaliste d'I Can't Read et sa guitare ivre by Gabrels (qu'on se croirait en 1976 !), l'hard-rockant Under the God (puissant, efficace et sans artifice), le faussement planant et un poil soul Amazing (un single qui s'ignore) et, finalement, la cover du Working Class Hero de Lennon revitalisé par un quatuor pas prêt à rendre ses armes électriques ni sa classe naturelle. Le reste est moins enthousiasmant, plus inégal surtout avec de bonnes choses (Bus Stop, Video Crime, Baby Can Dance) et d'autres plus anecdotiques qui viennent un peu tempérer l'admirable tenue d'une grosse première moitié pleine d'assurance.

Tin Machine 1er du nom n'est pas un grand album, Tin Machine 1er du nom n'est pas une révélation non plus, Tin Machine 1er du nom est, simplement, c'est déjà énorme !, la renaissance électrique, le premier jalon de la reconquête d'un des plus grands artistes pop/rock des septante... Et un foutu bon album de rock'n'roll, donc avec, qui plus est, la révélation d'un extraordinaire et ô combien polyvalent guitariste en la personne de Reeves Gabrels qui bonifie ici souvent le tout-venant... On n'en attendait pas tant.

1. Heaven's in Here 6:01
2. Tin Machine 3:34
3. Prisoner of Love 4:50
4. Crack City 4:36
5. I Can't Read 4:54
6. Under the God 4:06
7. Amazing 3:06
8. Working Class Hero 4:38
9. Bus Stop 1:41
10. Pretty Thing 4:39
11. Video Crime 3:52
12. Run 3:20
13. Sacrifice Yourself 2:08
14. Baby Can Dance 4:57


- David Bowie: chant, guitare
- Reeves Gabrels: lead guitare
- Hunt Sales: batterie, chœurs
- Tony Sales: basse, chœurs
&
- Kevin Armstrong: guitare rythmique, orgue Hammond


Libération rock I


Tin Machine II. En toute logique c'est la suite de Tin Machine I, album d'un Bowie (& Co) libéré de toutes contingences commerciales, un Bowie retrouvé parce que planqué, ça a du sens pour un caméléon. Mais Tin Machine II c'est aussi autre chose, une étape vers la reconquête artistique, une nouvelle ambition, un retour à quelques fondamentaux aussi.

En témoigne le line-up, peu ou prou le même que celui du premier album sauf que de nouvelles composantes sonores viennent s'ajouter avec un Bowie ressortant son saxophone, tâtant du piano ou un Reeves Gabrels encore plus impliqué et prospectif (presque tel qu'on le retrouvera sur Outside ou Earthling, en fait). Il y a aussi un nouveau partage des tâches avec un Hunt Sales, batteur de son état, invité à prendre le micro sur deux sympathiques chansons (Stateside et Sorry), ça reste anecdotique mais ça cimente tout de même l'identité "groupe" de l'entreprise, à défaut de plus. Parce que la moelle de ce "II" est ailleurs, dans des titres qui nous rappellent que Bowie a aussi fait Low ou "Heroes" et sait tisser des ambiances particulières et addictives (remember Warszawa...), que Bowie, a son meilleur, est aussi et surtout une magnifique tête chercheuse qui, comme on dit en management, sait générer les énergies. Pas que ce soit si difficile avec un Gabrels qui ne demande que ça et qui pousse au cul.

Ca donne un album plus éclaté, moins "focus" que son prédécesseur, plus éloigné des fondamentaux rock'n'rollesques auparavant déployés par la formation du coup, et globalement un album plus inégal qui rattrape en éclairs de talent ce qu'il perd en cohérence. D'un côté, vous avez ce qui aurait pu être sur le premier album et constitue donc la liaison parfaite, la pérennisation sonique de Tin Machine le groupe. La doublette d'intro, Baby Universal bien speedé et One Shot plus U2ien, en est le parfait résumé : du rock classieux, moderne, presque hard mais jamais tout à fait (la finesse de Gabrels fait, une fois de plus la différence), où la voix d'un Bowie habité se glisse aisément, félinement. C'est d'ailleurs ce qu'on trouve de plu réussi de l'exercice en la matière... Le plus réussi mais pas le plus intéressant d'une galette qui renoue avec le Bowie expérimental comme sur l'aérien Amlapura, du pur sucre référencé 70s autant que les prémices de ce qu'Outside développera. Il y a, comme sur chaque album de David diront certains, quelques faux pas, quelques sorties de piste qui écornent légèrement la belle impression d'ensemble que rattrapent quelques bons rockers (les deux d'intro, donc, mais aussi You Can't Talk ou le punkifié A Big Hurt), des moments plus pop satisfaisants aussi (Shopping for Girls, le Sorry de Hunt Sales, Goodbye Mr. Ed) ou une salutaire inclinaison expérimentale (You Belong in Rock'n'roll, le précité Amlapura), un petit tiers de "déchet", en gros... Un ratio acceptable avec, répétons-le, un festival Reeves Gabrels - que, décidément, Tom Morello de Rage Against the Machine a dû beaucoup écouter - brillant dans tous les instants, valorisant souvent de son propre fait même les morceaux plus accessoires du répertoire, confirmant ainsi l'impressionnant instrumentiste entrevu sur le premier chapitre. Une attraction à lui seul, promis, juré, craché.

Tin Machine s'arrêtera là (pas aidé par les problèmes de drogue de son batteur, Hunt Sales, il faut dire), aura, au passage, requinqué un Bowie fatigué par trop d'exposition et plus assez d'art, aura aussi produit deux albums tout sauf honteux, imparfaits mais attachants qui figurent aujourd'hui dignement dans la discographie de leur leader. Les deux (albums) se valent avec, vous l'aurez compris, des mérites musicaux différents, la cohérence rock pour le I, la relance artistique pour le II, les deux méritent grandement qu'on s'y penche et s'y repenche encore d'autant qu'ils sont loin d'avoir eu le retentissement qu'ils méritaient en leur temps. Il fallait que cela soit dit.


1. Baby Universal 3:18
2. One Shot 5:11
3. You Belong in Rock n' Roll 4:07
4. If There Is Something 4:45
5. Amlapura 3:46
6. Betty Wrong 3:48
7. You Can't Talk 3:09
8. Stateside 5:38
9. Shopping for Girls 3:44
10. A Big Hurt 3:40
11. Sorry 3:29
12. Goodbye Mr. Ed 3:24
13. Hammerhead 0:57


- David Bowie: chant, guitare, piano, saxophone, chœurs
- Reeves Gabrels: lead guitare, chœurs, vibrators, orgue
- Hunt Sales: batterie, percussions, chœurs, chant sur "Stateside" & "Sorry"
- Tony Sales: basse, chœurs
&
- Kevin Armstrong: guitare sur "If There Is Something", piano sur "Shopping for Girls"
- Tim Palmer: percussions, piano additionnel


et II

dimanche 5 mai 2013

#18Z : Deep Purple "What Now?!"

Now What?! (qu'on adaptera en français par "Et maintenant?!"), il y a dans ce titre quelque chose de vieux mecs qui se demandent à quoi bon revenir encore, refaire des chansons nouvelles encore, partir en tournée encore... Et puis il y a le plaisir, c'est le moteur même si on peut comprendre qu'il ait des ratés, pensez, à cet âge... Et puis, sans mentir, Deep Purple depuis Bananas (sans Jon Lord, sans Ritchie Blackmore), ce n'est plus vraiment Deep Purple... Sauf qu'il y a le plaisir (bis) qu'ils prennent à continuer de créer et, nous, à les écouter dans l'exercice.

Plaisir en dents de scie, énorme sur un Purpendicular (encore avec Lord !) plein d'allant et de fraicheur, album d'un groupe libéré de la présence tyranique et l'influence néfaste d'un exceptionnel instrumentiste. Suivit la chute, un Abandon, pour le coup bien nommé, qui peinait à transformer l'essai, un Bananas (dé-LORDisé donc) qui sonnait comme la production de vieux messieurs en rupture de courant... On les croyait perdu. Rapture of the Deep renouait avec une imagination plus fertile, un essort plus fécond mais ce n'était pas encore tout à fait ça. Pour tout dire, les qualités de l'album (qui étaient nombreuses) ne parvenaient pas à contrebalancer les lourdeurs, les fautes de goût et une production un poil terne.

Now What?! 2013, Deep Purple revient avec la même formation que celles de ses deux précédents opus, hommage John Lord évidemment (This album is dedicated to Jon Lord. Souls, having touched, are forever entwined… Classe.), ça se fait quand on est bien élevé, et passe à autre chose. Autre chose ? Comme s’ils en étaient capables ! Non, le collectif Deep Purple fait ce qu’on attend de lui, ce qu’on sait qu’il est encore capable de faire : du Deep Purple. Soit une musique élégante, bien produite (Bob Ezrin aux manettes, excusez du peu !) mais aucunement surprenante. Il est vrai que, finalement, on n’aurait pas voulu autre chose que ce hard rock à l’ancienne qui est la marque de fabrique de la formation et leur va si bien qu’on ne rêve jamais d’une révolution, juste d’inspiration, quelle que soit la formation en activité.

C'est un petit jeu qui peut vite devenir casse-binette surtout quand on a tout fait, tout exploré dans un genre certes riche mais pas extensible à l'infini, même quand on est Deep Purple... surtout quand on est Deep Purple même. Mais comme ces vieux messieurs encore frais sont malins comme de vieux singes, qu'ils ont pris le temps, et n'ont que la pression qu'ils se mettent eux-mêmes, fatalement, il y a quelques machins bien sentis, quelques relectures du genre auxquelles on aurait pas forcément pensé, une rouerie épatante, en définitive.

Si on détaille un peu la tracklist et en sort son plus substantiel matériau, on évoquera forcément un Simple Song qui nous cueille à froid, que c'en est beau comme le plus "proggoplanant" d'un Iron Maiden (c'est un compliment !) avec, en sus, la patte mélodique et la voix d'or d'un Gillan encore bien en gorge (... à son grand âge !). Et pas si simple que ça, la song, avec son "mi-cuit" de hard rock, que je te balance mon baladin léger avant de t'attaquer le conduit auditif à coup de burin dans un franc décollage de mi-chemin, comme un rappel de qui est Deep Purple et de ce que sait faire le groupe... parce qu'ils savent faire et qu'un Morse en forme vaut bien un More caractériel, fut-il "black" !
Dans la dizaine de titres (plus la bonus track) qui suivent, on notera bien entendu d'autres belles performances à commencer par Weirdistan (piste 2) digne successeur d'un Perfect Strangers passé à la postérité mais qui n'a pas à rougir de la comparaison, surtout près de 30 ans après ! Hell to Pay, rocker plus enlevé avec son refrain qu'on imagine bien repris en cœur par des audiences à la pilosité crânienne contrariée lors de la prochaine tournée du quintet et sa partie solo Ritchie-compatible. Un peu plus loin, plus léger aussi, on rencontre un Blood from a Stone au ton bluesy/jazzy du plus bel effet ou un long Uncommon Man (7 minutes) incluant quelques jolies acrobaties de Steve Morse avant de développer en un mid-tempo progressif qui atteint sa cible sans coup férir. Last but not least, dernière morceau de l'album dans son édition classique (sans bonus, donc), arrive Vincent Price avec Deep Purple à son plus "heavv théâtral", tellement qu'on se dit qu'on tient là, sans doute, la meilleure chanson (perdue) de Born Again, seul album de Black Sabbath ou Ian Gillan posa sa voix.
Tout n'est pas du même bois, évidemment, mais rien ne déçoit vraiment, ne semble avoir été rajouté ici pour rallonger la sauce. Certes, on pourra trouver le single d'avant album, All the Time in the World, un peu mollasson si mélodiquement efficace, ou trouver un Out of Hand ou un Après Vous un poil convenus avec une formation presque en pilote automatique dans un genre d'exercice qu'il n'a que trop pratiqué... Quoiqu'à la réfection, Après Vous (avec un Don Airey dans tous ses états !) est plutôt très réussi...

Fi de vains atermoiements !, la qualité l'emporte largement, c'est bien l'essentiel et l'opportunité de louer les qualités et la longévité d'un groupe irremplaçable, d'une vieille barbe qui porte encore beau et réussit à nous surprendre par un dynamisme et une joie de jouer qu'on n'attendait pas forcément. On a, par contre, quelque mal à visualiser la place que prendra l'album, ô combien dérivatif, dans la grande histoire du groupe mais on l'imagine bien se glisser aux côtés d'un Purpendicular (auquel What Now?! est musicalement comparable) ou d'un Come Taste the Band dans la catégorie des succès inattendus... Carrément !

Et maintenant ?! Vivement la suite !


1. A Simple Song 4:39
2. Weirdistan 4:14
3. Out of Hand 6:10
4. Hell to Pay 5:11
5. Bodyline 4:26
6. Above and Beyond 5:30
7. Blood from a Stone 5:18
8. Uncommon Man 7:00
9. Après Vous 5:26
10. All the Time in the World 4:21
11. Vincent Price 4:46
bonus
12. It'll Be Me 3:03


Et maintenant ?!