J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

vendredi 20 juin 2014

#172 : Lana Del Rey "Ultraviolence"

Je suis certes un vieux con. Qui piste les bootlegs de Patti Smith et se moque - ou semble se moquer de ce web 2.0 qu'on nous vend à tous les niveaux. J'ai des amis sur Facebook, des vrais. Essentiellement des amis d'avant qui ont semblé trouver funky de reconstituer une relation qui ne mange pas de pain via les réseaux sociaux. Nostalgie vs nouveaux médias, je laisse cette thématique à mon psy.

Donc, je passe pour un con, parce que parfois des choses m'émeuvent (le Blizzard de Fauve), et que, bêtement enthousiaste, j'en fais part à des ami(e)s qui se foutent de ma gueule parce que j'arrive après la bataille médiatique. Je ne suis pas tellement 2.0 finalement. Je m'emmerde, en fait, et donc je butine sur le web au lieu d'avoir une vraie vie sociale éclatante et tout et tout. Ca n'existe plus, de toute façon. Woodstock-sur-Mer (comprenne qui pourra).

Ma dernière connerie, mon dernier coup de coeur, c'est cet album de Lana Del Rey. Là encore, j'arrive largement après la bataille. Tel un Napoléon à Austerlitz qui aurait débarqué quinze jours après la bérézina et se serait étonné du bordel sans nom régnant sur les lieux.

D'abord écouté sur Spotify, je trouve le premier album à 7 euros dans ma grande surface préférée, je me dis qu'il est certainement mieux que le suivant, j'achète, j'écoute, je suis navré. OK, j'ai dû entendre Video Games quelque part sans même m'en rendre compte. C'est la seule façon que j'ai de tenter d'illuminer des jours tristes, acheter un album au pif en espérant que ça me fera rater un virage dans l'autoradio de ma bagnole.

Vert de rage, je persiste, j'achète le second, ce fameux Ultraviolence qui vient de sortir, parce que ça m'avait ému. Et ça m'émeut toujours, avec toutefois l'impression de passer pour un con. Après tout, elle est jolie Lana Del Rey, et cela peut paraître à peu près normal que je ne sois pas le premier à m'en rendre compte, même si j'avoue sur ce blog mes amours gériatriques et platoniques pour Patti Smith.

Encore elle.

Si vous vous amusez comme moi à lire ce que dit Wikipedia sur la belle (genre, vous êtes aussi bête que moi pour ne rien savoir d'elle en ce 20 juin 2014), ben je trouve que quelque part les parcours sont un peu similaires, et si j'étais Directeur des Ressources Humaines dans je-ne-sais quelle multinationale (Universal, au hasard ?), je trouverais ce tintouin presque sincère. Et puis, quelqu'un qui reprend Chelsea Hotel #2 ne peut pas être tout à fait mauvais, si ?

Je trouve tout cela presque sincère, même si elle est trop jolie pour croire que son seul talent lui ait permis de se retrouver en tête de gondole de mon supermarché (j'ai été largement épargné par la Beauté du Monde pour ce qui me concerne), et j'ai donc le culot de vous le proposer, cet album. Listen without prejudice, comme disait George Michael, tiens donc, ça n'est sans doute pas du niveau d'un To Bring You My Love de PJ Harvey, mais grâce à la production des Black Keys, je trouve que ça le fait suffisamment largement pour que je puisse dire à mon psy que j'ai réglé mon problème de fantasmes gériatriques avec Patti Smith. Elle aussi, je pense, aurait eu une démarche analogue si youtube avait existé du temps de son idylle avec Robert Mapplethorpe.

Je trouve, très honnêtement, qu'il s'agit d'un album courageux. Mais peut-être ce courage cache-t-il l'écueil du 2ème album - ou de celui qui suit un succès improbable, que commercialement et stratégiquement, il conviendrait de fait de maquiller d'un peu de poudre de sincérité ? Comme le Unforgettable Fire de U2, volontiers expérimental avant d'envoyer la bombe Joshua Tree ? Le passage tripes à l'air peut constituer un investissement rentable dans une carrière sur le long terme, voire revigorer un peu un semblant de crédibilité (Automatic For The People de REM, vous vous souvenez ?). A 27 ans, Lana Del Rey ne risque encore que peu d'avoir à cacher une éventuelle cellulite, donc je peux imaginer ça aussi. N'empêche.

Je l'écouterai sans doute tout l'été, et puis je l'oublierai. Mais en attendant, ça calme un mois de juin difficile et désabusé. Comme Napoléon arrivant après la bataille.

Cruel world


dimanche 1 juin 2014

Gérard Man(set)vu ça

Voilà, pour faire bref : Gérard Manset vient de sortir un double CD de reprises de ses propres oeuvres. Et pour les gens pressés, non, vous ne trouverez pas le lien ici. C'est une merde. A tous les niveaux. Pour les addicts, la question se pose d'emblée : à quoi cela sert-il ? qu'est-ce que ça veut dire ? Rien. Rien du tout. C'est peut-être joli, oui, sans doute, c'est bien fait. Mais le Rouge-Gorge ne chante plus comme avant, La Ballade des Echinodermes, on s'en fout depuis 1998. Alors bien sûr, le Gérard se rend compte - enfin - que les boites à rythme sur Matrice, ça le faisait pas trop, mais n'empêche que même si la Matrice ici présente est plutôt bien reprogrammée, sa chanson, à la base, s'est ancrée dans nos souvenirs et n'apporte pas grand chose de neuf en 2014. Si j'étais méchant, j'en rajouterais une couche sur ces guitares façon Dire Straits survitaminées qui continuent, en 2014, à polluer certaines chansons. L'a toujours pas compris, Gérard.

Alors si cet objet peut permettre aux fans de Fauve de découvrir l'univers du Gérard, qui à force de nous faire avaler des couleuvres, perd chaque jour un peu de poésie et de cohérence, je préfère vous proposer, ou plutôt re-proposer aux retardataires les rips des vinyles que j'avais amoureusement et peut-être maladroitement confectionnés. Ca s'arrête au Train Du Soir, le reste étant à peu près paru en CD. Les grands absents sont donc Lumières et Prisonnier de l'Inutile, mais la messe était déjà dite, donc c'est pas trop grave. Je compte sur vos commentaires pour compléter la partie numérique?

750 Mo, attention à l'overdose

Allez, out, Gérard, va boire une tisane avec Raphaël, et basta.

#171 : Led Zeppelin I, II, III (deluxe editions)

D'abord, voici le lien que j'ai trouvé. Il ne survivra sans doute pas plus que quelques heures, mais il est de fait conforme à ce pétard mouillé, les rééditions Deluxe des trois premiers albums de Led Zeppelin.  Donc, tentez votre chance ici et ne venez pas me demander d'uploader le machin si ça fonctionne pas. C'est tout simplement que le buzz, l'événement, aura déjà un goût de pétard mouillé doublé d'un risque d'intoxication alimentaire lié à l'ingestion d'une omelette qui serait restée trop longtemps dans la poële sans que finalement, personne ne songe à la dévorer faute de cèpes ou de morceaux de truffe qui auraient pu la rendre appétissante.

De quoi parlons-nous ? Des trois premiers albums de Led Zeppelin, fraîchement remasterisés par Jimmy Page himself. Faute d'arriver à embarquer ses camarades de l'époque dans une tournée revival dont la fructuosité financière n'était pas à mettre en cause (mais ont-ils encore besoin de plus de fric à leur âge avancé ? Robert Plant se la pète grâcement dans des évoluments folk/new âge avec - entre autres - Allison Krauss dont la compagnie doit lui paraître plus agréable que celle du vieux renard et John Paul Jones, d'un claquement de doigt revient sur le devant de la scène quand il veut avec les Them Crooked Vultures, tardive mais jouissive revanche), il ne lui restait plus que cette carte, déjà froissée, ressortie deux fois : remasteriser le Zep. Pilonner l'idée par là-même, que seul lui pouvait, peut et pourra le faire. Car Jimmy détient toutes les bandes. Jimmy est le Maître du Jeu, même si plus personne ne semble s'intéresser à tout ça. Mais on imagine clairement que Jimmy détient des billes chez Atlantic Records et qu'on l'appelle Monsieur, et que, comme on sait qu'une n-ième réédition des albums de Led Zeppelin ne devrait a minima pas faire perdre d'argent à la boîte, on laisse faire. On n'oublie pas.

Alors quoi, qu'en est-il, au final ? Evidemment je tremble de crainte car vu l'âge avancé de Sir Jimmy Page, y'a bien des chances qu'on touche là les dernières rééditions gravées de son sceau. Qu'avait-il donc dans les larges poches du manteau qu'il arborait en 1971 ? A la demande générale, on l'a dépouillé des manuscrits d'Aleister Crowley. Ce chien noir venu, post-mortem lui rendre visite pour le quatrième album et le gratifier du morceau définitif.

C'est là que le bât blesse. Entre quelques miettes de speculos, souvenirs d'un cafe latte à Palerme en 1973, à bien chercher, il n'y a plus rien. Entendez par là, une remasterisation du disque, et un deuxième CD qui ne sert à rien. Si ce n'est à dire, voyez-vous, on était parfois pas bons. On n'y est pas toujours arrivé. Ou, à l'inverse, si vraiment on leur veut du bien, voyez-vous, même les premières versions, là, elles avaient déjà le truc.

Le problème étant qu'on te croit sur paroles, Jimmy. Sais-tu qu'on a tous déjà des dizaines de pirates, en vinyle, CD ou mp3 qui nous ont raconté ce que tu éventes à peine ?

Alors, non, bien sûr, il y a le concert à l'Olympia de 1969, qui sert de bonus disc au Led Zep I. Salaud de ta race, quand même. Après avoir hurlé à qui mieux-mieux durant ta grandiose carrière qu'il n'était pas question que Led Zep joue en France parce que le son des salles était trop pourri, tu en fais aujourd'hui un argument de vente ? Et qu'est-ce qu'on fait, nous, maintenant ? On hurle cocorico ? Désolé, t'es passé 15 jours après le FN et les cocoricos, ça va comme ça ! Et c'est pas ceux qui se sont tapé des voyages à Knebworth qui viendront aujourd'hui te pardonner de ton mépris légendaire (on parle bien de légende, là, non ?)

Alors quoi, le remastering ? A l'heure du mp3, franchement, on s'en bat l'oeil. Et pour le reste, un minable lecteur CD étant à même de reproduire les mêmes octets qu'une platine Pionneer, ne reste guère que la présence d'un éventuel ampli Harman-Kardon dans le salon pour se faire pipi dessus en écoutant la nouvelle dynamique du son... Super cool, on va se défoncer dans le salon au risque de péter l'écran plat en jouant de l'air guitar sur Whole Lotta Love ?!!

Oui, je sais, je suis méchant. Mais quand on ne pense même pas à rajouter Hey Hey What Can I Do sur la réédition du Led Zeppelin III, seule face B de 45 tours historique, je dis que voilà vraiment un travail mal fait, en plus que d'être inutile.

Tu vois, Jimmy, j'ai passé un excellent week-end avec des amis, on a branché la platine vinyle, on a enchaîné les versions 45 tours de Whole Lotta Love, Immigrant Song, Rock'n'Roll et Black Dog, et crois bien que tout cela n'avait rien de remasterisé, même que je me suis fait la réflexion que Black Dog, le disque est en sale état. Mais on s'est éclaté comme des vieux cons que l'on est.

Qui n'en ont rien eu à foutre de ces rééditions de tout le week-end. Et qui, de retour dans leur quotidien aussi minable sans doute, voire pire, que le tien, n'en auront encore moins à foutre à l'avenir.

Oh puis au risque de continuer à être méchant, et même si cela n'a jamais été l'objet de ce blog, faisons-la façon 50 millions de consommateurs : A part les disques originaux, qu'on écoute de toute façon le volume à fond, et dont on se fiche donc de la remasterisation, qu'y a-t-il en plus ?

Led Zep I : OK, le concert à l'Olympia, Led Zep dans ses vieux jours et sa belle énergie. Euh... vous nous aviez pas déjà fourgué un DVD et une compile des BBC sessions dans lesquelles on avait déjà compris tout ça ? Allez, peut-être bien le disque à racheter s'il en faut un pour se persuader que c'était pas la peine.

Led Zep II : Alors là, au niveau bonus disc, on touche le fond. Sauf à éjaculer sur place parce que Robert Plant ne place pas ses Baby baby baby comme sur l'original, je ne vois rien. Si ce n'est l'inédit La la (en version instrumentale, jamais finie), venant contredire le bel adage comme quoi Led Zep n'a jamais fait de la pop. En fait, ils n'y sont pas arrivés, et c'est très différent. Triste.

Led Zep III : Passons sur le fait que Hey Hey What Can I Do y aurait eu toute sa place, peut-être même en bonus en fin du CD1, on y découvre, outre les inutiles rough mixes, qu'il s'agit là d'un album non abouti. Visiblement, le Zep lorgnait du côté du country-rock (Jenning Farm's Blues) mais la flemme aidant, le concept face électrique/face acoustique s'est soldé par le Brown-Yr-Aur-Stomp qu'on connait, tant pis pour Johnny Cash. Tant pis pour tout le monde, car franchement, ça sent le laisser-aller et la prétention à tous les étages. Les rough mixes d'Immigrant Song et Celebration Day ne font que nous rappeler que ça ne tient pas la route face à un Whole Lotta Love. Seule vraie exclusivité, ce medley Key To The Highway/Trouble In Mind, avec Robert Plant coincé dans la machine à laver comme dans (Hats Off to) Roy Harper, qui sentait déjà le remplissage. Ce qu'on pouvait prendre pour une idée passable de finir le disque avait donc été développée mais heureusement ignorée. Ca fout les boules, franchement.

Par pitié, ne touche pas au quatrième album, Jimmy. Laisse-le comme il est. Ne viens pas nous y coller des bonus dans lesquels tu te rate sur le riff de Black Dog. Franchement, ça n'a aucun intérêt, ça nous fait même pas rire. OK, on aura reparlé en 2014 de Led Zeppelin. C'est fait, c'est bon, au lit.

Edit : oh mais j'en rajoute. Ces Backing Tracks en bonus, elles seraient pas là des fois pour faciliter le sampling des groupes de rap ? Remettre au goût du jour un Thank You ou un Friends , ou un Bathroom Track via Rihanna ou - qui sait - les Daft Punk branchés analogiques une fois venus à bout de leur logique numérique ? J'en vomis mes dernières couleuvres...