J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

mardi 30 décembre 2014

#176 : Prince Charles and the City Beat Band "Stone Killers" (vinyle rip)

En 1982, il n'y a plus rien. Led Zeppelin s'est désintégré ans le vomi de John Bonham. Le rock est devenu un phénomène de foire grâce (?) à Van Halen et autres. le Clash, qui avait tout compris à l'Angleterre de la fin des années 1970 n'y comprend plus rien non plus et ne va pas tarder à s'auto-saborder dans un Combat Rock perdu d'avance (Should I Stay Or Should I Go ? Ben go, les gars...). L'Angleterre blanc-bec lèche ses blessures dans une cold-wave dépressive, et Ian Curtis n'aura jamais eu ni le temps ni l'énergie de relever le défi. C'était pendu d'avance.

Le seul à avoir tiré son épingle (à nourrice du jeu) sera le comique-troupier Captain Sensible, qui cartonnera (et c'est bien fait) avec son Wot ?!! jouissif, drôle et bien envoyé. Et pourtant le coup était facile. Les Chic et autres Grandmaster Flash arrivaient, il lui avait suffi de trouver un truc dans le genre un peu moins médiatisé, bref, pomper allègrement le Don't Fake The Funk qui ouvre cet album de Prince Charles and the City Beat Band.

Les noirs allaient enfin gagner. Tout rafler. Cash Money.

Après s'être fait plumer le blues par des blanc-becs qui allaient décupler la mise tout au long des années 1970, ils n'allaient pas se faire avoir une deuxième fois. Il faudra attendre les années 2000 pour qu'un whitey ose rapper sans se faire dézinguer, et ce avec la bénédiction du Dr Dre. Eminem sera à peu près le seul toléré à lécher le fond de la gamelle. Pour l'heure, il s'agissait de reprendre la main et poser les règles de tout ce qui allait suivre. Définir le son du XXIème siècle, et surtout garder la monnaie. James Brown avait préparé le plan de bataille, il ne restait plus qu'à déclarer la guerre. Du côté de Detroit, on allait s'accaparer les boites à rythme Roland et jeter une bonne fois pour toutes les bases de la techno et de ses futurs ersatz (house, electro, que sais-je encore).

Du côté de NYC la festive, et non de Minnéapolis, un certain Prince Charles va dépoussiérer le funk et définir en un album (que dis-je ! une face d'album !) ce que sera l'electro-funk, le new beat à venir. Enfermez votre gonzesse et vos filles, prévient-il sur le dos de la pochette, ça va groover. Que ça vous plaise ou non, voici le son de demain.

Et de jeter un pont entre le passé (le funk "classique", guitares qui cocottent, basse moite) et le futur (les boites à rythme, les synthés qui grincent), sur deux faces bien distinctes. Que ça vous plaise ou non.

Et le gars à des trucs à dire, ou plutôt à envoyer. La face A dure rien moins que 28 minutes, un exploit pour un vinyle. Du coup, le son est compressé, sec et ramassé. Le machin a été mixé pour être joué fort, au risque d'en perdre des miettes si les watts ne compensent pas le mix. Un peu à l'image du Led Zep III, toutes les idées sont bonnes à prendre (l'homme n'hésite pas, par ailleurs, à balancer des soli de flûte traversière (Cash Money) à renvoyer Ian Anderson à la niche). Ce disque se veut comme un plaidoyer pour la musique afro-américaine, un disque rebelle, revanchard, osé et moderniste. Don't call me nigger, whitey !

Bien sûr, tout cela ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd ni d'un nabot de Minneapolis (l'autre Prince) qui battra sa carrière sur la face B de cet album. Plagiat ? Lèse-majesté ? Que nenni, il semblerait que la quête de Prince Charles se soit achevée telle qu'il l'avait souhaité. Car l'animal sortira un dernier album, en 1984, et disparaîtra du devant de la scène, non pas pour crever lentement dans la dope, la prostitution ou la pègre, mais pour, après avoir jeté les bases du renouveau de la musique black, et laisser les copains s'en inspirer goulument, tirer les ficelles depuis la console de mixage. Le point névralgique des années à venir. L'heure ne sera plus jamais aux exploits pyrotechniques d'un Jimi Hendrix, les machines joueront suffisament carré pour qu'un James Brown n'ait plus à infliger d'amendes à des musicos par trop approximatifs. On peut s'en réjouir, ou le regretter. Comme le dit Prince Charles lui-même dans la note de pochette, this is the new R&B wether you like it or not. Un coup d'oeil sur la page wikipedia du monsieur vous confirmera qu'il avait tout compris. Grammy Awards, Victoires de la Musique a gogo, l'homme aura tout raflé en tant que producteur (Puff Daddy, Mary J. Blige, et même cette vieille folle de Sting qui recherchera une crédibilité bien entamée auprès du Monsieur).

Mais tout ça, c'est pour la petite histoire. En pratique, et puisque demain soir c'est le réveillon, voici un putain d'album de funk torride (forcément torride, vous connaissez du funk mou du genou vous ?), un de ces disques maudits des DJ (tout est bon, pas besoin de changer de morceau) qui devrait vous sauver la mise. Pour les petits frenchies qui se touchent à Versailles, j'ai laissé le vinyle crachoter un peu, ça fera plus frime sur vos samples. Let's dance !

All the ladies go miaaw, all the men go woof-woof !

Don't Fake The Funk.

samedi 27 décembre 2014

#175 : Foxygen "We Are The 21st Century Ambassadors Of Peace And Magic"

En ces périodes de fête, on bouffe n'importe quoi, n'importe comment, et c'est ça qui est bon. Trop de foie gras, trop de chocolat, beaucoup trop d'alcool, comme si le vieil adage - ce qui est pris n'est plus à prendre - semblait calmer nos angoisses à la veille d'une nouvelle année. Comme si, le fait de passer du 21/12 au 01/01 signifiait qu'on remettait les compteurs à zéro, qu'on tentait le super-banco au risque de tout perdre. Alors on se plait à entendre le coucou chanter avec de la monnaie dans sa poche, on accroche du gui au plafond, en attendant de faire sauter les crêpes avec un louis d'or dans la main, de fêter la résurrection du Christ avec des fayots (les apôtres ?) et du mouton (nous-même ?). On est presque content d'acheter des chrysantèmes plutôt que de se les faire offrir quand les frimas reviennent...

Bref, on ritualise nos angoisses comme on peut, jusqu'à laisser Facebook publier un petit récapitulatif de nos "j'aime" de l'année, comme s'ils avaient à eux seuls constitué et résumé les événements marquants du passé...

Du symbolisme en veux-tu en voilà, ça nous rassure, ça nous angoisse gentiment aussi (les Illuminati nous guettent, mais bon, on aura fini de payer la télé avant...).

Alors voilà un disque parfait pour cette époque de crise de foi(e). Impossible de passer à côté de la pochette, et encore moins du titre. Ambassadeurs de la paix et de la magie du 21ème siècle. Le pauvre Lou le chantait déjà sur son ténébreux Magic & Loss. I need magic, I don't wanna die... Un peu de magie dans ce monde de brute. Un peu d'irrationnel, je sais pas moi, rencontrer un vrai ami grâce à Facebook, télécharger une version pirate de Photoshop qui fonctionne, n'importe quoi, pour échapper au quotidien forcément banal (le mac qui pète 15 jours après la fin de l'Apple Care, des choses comme ça).

Pour être honnête, j'ai découvert ce disque dans les chiottes en lisant le hors-série de Rock & Folk. Dans un endroit donc ou tout un chacun est prêt à laisser ses espoirs, ses envies et ses rêves, avec un magazine sur les 500 meilleurs disques du monde, dont on possède les 399 premiers (en gros, tous ceux d'avant 1985, au hasard) et dont on se fiche du reste.

La suite est encore plus magique : par flemme de télécharger le boudin qui comme tant d'autres ne vaut même pas 80 Mo sur un disque dur, une écoute sur Spotify en passant le balai (une grande journée pour moi, vous l'avez deviné !), et... ben replay. Replay sur Spotify !!! Sans blague, je crois que ça ne m'est pas arrivé souvent.

Tout ça pour dire que ce n'est pas, contrairement à ce qu'en dit Rock & Folk, un album essentiel dont on se souviendra dans 10 ans. Mais qui donc pourrait, en 2014, écouter Sergent Pepper ou Fun House en boucle, comme ça ? Pas moi. Les Foxygen (ce nom !) font bien mieux que ça : ils sortent un album  qu'on va consommer comme une boite de Pyrénéens, jusqu'à en avoir mal au ventre et à n'y plus toucher jusqu'aux Ferrero de l'an prochain. No Future pour les Foxygen, ne me parlez pas du groupe du siècle. Mais pour moi, pour aujourd'hui, et jusqu'à demain, c'est parfait. Je viderai sans doute la corbeille sans regret, mais bon, comme disait l'autre, carpe diem.

A quoi ressemblent-ils ces zazous ? A des petits rigolos qui ont tout compris. Ambassadeurs de la paix et de la magie ? Oui, un peu comme si là, au 31 décembre, nous allions basculer en 1967. Vous admettrez que la tâche n'est pas facile, sorte de Graal du groupuscule nostalgique, nourri de bon goût et pavé (voire planté par) de (trop) bonnes intentions. Sauf que là, au copier/coller bêta qui ne dure qu'un temps (remember Lenny Kravitz et Oasis ?) nos petits magiciens provisoires semblent adapter la méthode bien comprise de l'oulipo, la littérature sous contrainte d'où nait une nouvelle création à la fois complètement fêlée mais aussi globalement maîtrisée. Je m'explique : prenez une bonne chanson, un bon titre (San Francisco, au hasard, fallait oser !) collez-lui la contrainte d'appliquer à la lettre les arrangements de Hello Goodbye - au hasard (In The Darkness), mais ça marche aussi avec Under My Thumb (On Blue Mountain) ou... San Francisco (enfin, Be Sure To Wear Some Flowers In Your Hair pour les puristes non Johnnyphiles) avec San Francisco (petits crétins ! voyou !). Ben figurez-vous que si la matière de base est solide, la méthode fonctionne et le nostalgique comme le nouveau venu y trouvent leur compte. Si la chanson est bonne, comme disait l'autre. Sinon, bien entendu, c'est le fou-rire assuré. Ceci dit, nous sommes bien d'accord, cela ne fera pas de vous l'auteur d'un prochain Rock Bottom ou Egge Bamiyasi. Simplement, cela fait illusion, et dans notre monde si rationnel, de l'illusion à  la magie, il n'y a qu'un pas. Tout ça ressemble malgré tout à - disons - des Flaming Lips jouant à "dessinez c'est gagné".

Ceci étant, la chose ne manque pas d'attrait, et pour les nostalgiques des jours de paix, d'amour et de musique, cela devrait leur permettre de calmer leur angoisse le soir du 31 : oui, il y aura encore et toujours des trucs qu'ils pourront adorer l'espace d'un instant en 2015. John Lennon Uber Alles.

Ceci dit, pas d'affolement, les Foxygen sont déjà morts. Ils viennent de sortir le même album (en y utilisant la méthode Beach Boys et Dylan façon Sad-Eyed Lady Of The Lowlands, notamment). Il s'appelle très justement ...And Star Power (nos Ambassadeurs sont semblerait-il sur la route du succès (plus de 3 millions d'écoute sur Spotify rien que pour San Francisco), les masses vont adorer pendant six mois et basta). Les curieux avides de télécharger deux fois la même chose trouveront leur nouvel opus au supermarché, mais je vous préviens, rien ne vaut la première gorgée de bière comme disait le père du phoque pleureur. La suite a déjà le goût du dernier marron glacé qu'on a oublié dans la boîte et qu'on mange par acquis de conscience parce qu'il ne faut pas gâcher.

No Destruction.

PS : je dédie ce post à l'ami Jimmy, reviens-nous vite, c'est pas mes deux posts tous les six mois qui vont consoler les copains !

mercredi 29 octobre 2014

#174 : Gilles Servat "La Liberté Brille Dans La Nuit"

Je sais, je sais, on est loin de la compile de Zappa annoncée, qui tarde faute de temps. Allez, ça viendra un jour... En attendant...

En attendant, il est de ces disques qu'on cherche toute une vie. Forément, pour des mauvaises raisons. Qui n'a jamais ressenti un coït interrompu à l'écoute d'un bootleg pourtant indispensable sur le papier ? La Liberté Brille Dans La Nuit, pourtant, après écoute des années plus tard, reste un disque tout à fait honorable, que la patine du temps n'a fait que polir avec émotion.

Parfois, le destin est taquin. C'est au fond d'un carton, dans un vide-grenier, que ma quête s'est achevée contre deux petits euros presque indécents, voire méprisants face à l'objet. Juste histoire, sans doute, de rappeler la vanité d'une telle quête, le peu d'importance que cela a ou devrait avoir pour moi aujourd'hui, après toutes ces années. Et pourtant, ce disque, c'est mon petit Kouign-Aman de Proust, certes un peu lourdingue, on parle de Gilles Servat quand même...

Mais laissons-là les souvenirs, de quoi est-il question ? D'un faux breton né à Tarbes, vaguement Nantais ayant fait ses études à Angers, le Gillou se découvre un passion et des racines Bretonnes dans les années 68, begaye dans la langue de Nolwenn Leroy et décroche un tube à faire rager Hugues Aufray, la fameuse Blanche Hermine pour laquelle il me prend à chaque écoute une envie sournoise d'imiter Du Guesclin dans ses batailles les plus sanglantes vis-à-vis des Bretons qui n'avaient rien demandé à personne. Apportez-moi les têtes de veau des Tri Yann en même temps, et le monde s'en portera mieux.

Sauf que, comme Dave un instant, dans son Doux Tam-Tam, le gros Servat eut quelques mois de génie. Durant la douce année 1975, notamment. Abandonnant momentanément les biniouseries folkloriques, sur cet album, Servat se cherche comme un Nougaro breton. Disque très électrique (enfin c'est pas du trash metal quand même, hein), influencé par la scène progressive de l'époque, La Liberté Brille Dans La Nuit montre l'artiste en poète, certes toujours coincé dans son époque (Chili T.T. a forcément vieilli), mais avec une volonté de dépasser les canons du genre bigouden. Et sur les onze chansons que compte l'album, une fois soustrait l'idiot C'est La Faute Au Pétrole, digne d'un chansonnier de bas étage aussi fin que Franis Lalanne dans un magasin de porcelaine, le reste est fort goûtu, et parfois même tout simplement beau. Tiens, pour vous dire, il semblerait que le gros ours des Mont d'Arrée ait même repris la Chanson Pour François Quenechou sur sa dernière galette, que je n'écouterai pas. Serait foutu d'y avoir collé du biniou derrière alors que l'originale brille par ses arrangements osés. Par un texte toujours engagé, mais enfin mature.

Qu'est-il donc arrivé à Servat sur ce disque ? Il suffit d'écouter Canal St Martin, poème surréaliste scandé sur fond d'arrangement assez free, pour se poser la question, et surtout s'interroger sur les raisons qui ont poussé l'auteur à abandonner cette veine au profit d'un retour au folklore nauséabond. Le fric, sans doute. Etait-il déjà présent lors de cette aventure ? Servat n'avait-il fait que de rentrer dans le moule d'une future nouvelle chanson française, aux côtés de Catherine Ribeiro et des autres ? Après tout qu'importe aujourd'hui, ce disque tient la route et fleure bon le jazz-prog par instants (Chili T.T. là encore, hmm... Servat a quand même beaucoup écouté Ferré dans sa période Zoo...), décolle dans la gwerz Planedenn (qui ressemble un peu beaucoup au E Parrez Langonned de Stivell, sorti l'année d'avant, sur un texte de l'anarchiste breton (pléonasme ?) Yann-Ber Piriou également repris sur ce même album... ça fait beaucoup...) et se clôt sur le superbe Je Dors En Bretagne Ce Soir aux arrangements somptueux.

Diversité, donc, mais cohérence de l'ensemble, et riches trouvailles. M'étonnerait pas que les Têtes Raides aient écouté La Ballade Des Parasites, là encore, l'arrangement carrément osé pour l'époque n'a pas pris une ride. Et puis ce morceau qui ouvre l'album, An Eostig Toulbac'het, dans lequel Servat invente littéralement le chanté-breton loin des ornières des tralala leno, Moderne, carrément, soulignée par un piano céleste, seule une cromorne (et pas une bombarde, s'il vous plaît) vient, telle un cheveu sur un kig-ha-farz, rappeler le breton dans le texte. C'est sans parler de l'attangement des cordes, à pleurer. Et puis, tout au long de l'album, des trouvailles musicales, des instruments venus d'ailleurs (que de Quimper) : darbouka, hautbois, clarinette basse, j'en passe...

Alors oui, avec ce disque, Servat aurait pu devenir le Nougaro des Cornouailles, et même d'ailleurs. Distribué par Phonogramme, l'homme avait du avoir les moyens. Et n'aura pas raflé la mise, sans doute par manque de tube, ici. Phonogramme le laissera tenter sa chance jusqu'en 1979, avec l'album Je Ne Hurlerai Pas Avec Les Loups, pas mal non plus d'ailleurs, suite auquel on le remerciera. Il lui faudra alors revenir à sa blanche hermine pour rafler la mise et l'héritage des celtes au passage. Quitte à représenter gauchement la calvitie de la culture Bretonne dans des Zéniths qui n'ont de solaire que le nom. Bien sûr, on le laissera s'énerver un peu, histoire de calmer les bardes rockers (ouh la je l'aime bien celle-là), mais plus jamais de liberté dans la nuit.

Ca aurait pu marcher. Il aurait pu se passer plein de choses. Je me souviens, il y a plus de 25 ans, quand j'écoutais cet album en boucle. Il aurait pu se passer plein de choses. Il reste des souvenirs, heureux et malheureux, de la nostalgie, des regrets, la peur du temps qui passe. Rien qui, finalement, ne vaille plus de deux euros sur un vide-grenier. Impossible de s'en débarasser.

Dernière Chanson

samedi 6 septembre 2014

You Can't Post That On Blogs Anymore !

Salut les copains. J'ai passé d'excellentes vacances, merci. J'étais à Valencia, en Espagne, où j'ai eu la joie de tomber, à la FNAC, sur toute la série des You Can't Do That On Stage Anymore de Zappa, dans leur version remasterisée 2012, à 5,69 € chaque double CD. Tant pis pour le musée de la Corrida, j'ai cédé aux sirènes de la consommation et je m'en délecte depuis, dans ma voiture, sur ma super chaîne stéréo, sur Spotify quand vraiment je ne peux pas faire autrement, bref, vous l'avez compris, je suis redevenu complètement accroc de l'oncle Frank.

A l'heure même où je bazarde une grande partie de ma discothèque (Dionysos ?!! bon sang, pourquoi j'ai acheté ça ???!!!), je me refais tous les Zappa dans le désordre et je compte bien vous en faire profiter très prochainement et très prétentieusement dans une série de compilations couvrant l'ensemble de son oeuvre.

C'est un boulot colossal car étant donné les multiples albums sortis de son vivant, les projets avortés sortis post-mortem par sa famille, il s'agit d'y retrouver ses petits, de faire des choix essentiels relatifs à sa continuité conceptuelle, se mordre les doigts à savoir si Cosmik Debris fait double-emploi avec Stinkfoot, bref, proposer au béotien et au profane quelque chose d'à la fois complet, mais aussi jouissif (certains morceaux difficiles d'accès étant toutefois incontournables, mazette, comment y amener l'auditeur en douceur ?).

Je me permettrai d'ignorer les préceptes liés aux "This Is...", compilations chères à Keith Michards et au Zornophage, consistant à porter un autre regard sur l'artiste. Je me permettrai de bafouer l'idiome 1 album = 1 morceau. J'essaierai d'éviter les redites, ce qui signifie trancher dans le lard et passer outre certains morceaux connus (ou au contraire leur faire belle place, ou encore les proposer dans des versions alternatives).

Voilà donc, c'est un avant-goût de ce proposera ce blog très prochainement. Nul doute que les liens disparaîtront rapidement, mais je fournirai toutes les infos sur le track-listing de façon à ce que ceux qui souhaiteraient suivre cette fabuleuse aventure puissent malgré tout, Do It Yourself, retrouver leurs petits à droite à gauche.

J'attends d'emblée vos commentaires, admiratifs autant qu'énervés, désabusés par la présence/absence de tel morceau. Sans doute peu de bloggers/lecteurs suivront-ils cette aventure, mais ceux d'entre vous qui y participeront devraient aider le monde à honorer comme il se doit l'homme à la moustache.

Le premier volume (calibré pour être ripé en 2CD, comme tous ceux à suivre), balayera les Mothers Of Invention, disons, a priori, jusqu'à Uncle Meat. J'en fais mon objectif de la semaine à suivre - stay tuned !

mardi 1 juillet 2014

#173 : Alice "Arrêtez Le Monde" (vinyle rip)

Allez, dans l'ordre, que retient-on ? Magma ? Ange? Téléphone et Trust ? Noir Désir ? etc. Je dis etc. parce que la suite m'intéresse moins que le début. Permettez-moi d'évacuer les Chaussettes Noires et le reste. Soyons sérieux. Pendant que la perfide Albion nous gratifiait de David Bowie, King Crimson, Yes et Genesis (malheureusement, aussi...), la Phrance aurait continué à danser le yé-yé, ou écouter Stone & Charden ?

Merdre, non.

Il s'y est passé plein de choses. Détestables, re-évaluables (Il Etait Une Fois, j'insiste), et oubliées. Qui faisaient pourtant la une de Pop 2, pour les plus vieux d'entre nous, cela veut dire quelque chose, pour les plus jeunes ça veut dire que si vous avez aujourd'hui des écrans plats c'est que même nous, les dinosaures, avons un jour trouvé 25 minutes d'intérêt à la télévision.

Ainsi, batifolant dans ma collection (un bien grand mot) de vinyles, acquis à une époque où on me riait au nez quand je passais à la caisse chez Emmaüs, je suis tombé sur ce disque d'Alice. Arrêtez le Monde. Rien que le titre, sans doute, avait dû suffisamment me faire rire pour que je lâche les 50 centimes demandés. Et puis, pris par l'argent comme nous tous, je n'y avais plus accordé le moindre semblant d'importance.

Jusqu'à tomber sur cette émission de Pop 2, sur ina.fr, durant laquelle les gars m'ont paru sympathiques. A l'écoute du disque, ils me l'ont paru aussi. Parfois insupportables (Byzance), parfois désuets (Arrêtez Le Monde), parfois carrément dans le truc. Le truc, vous savez. Cette impression de toucher un bref moment de volupté. Le Roseau, en l'occurrence, ou au moins son intro, beau riff de guitare aujourd'hui encore recevable par un Bertrand Cantat sur le retour. En Phrance, nousavons su, un instant, sans complexe car peut-être sans interdits mêler des influences progressives à d'autres très west-coast, façon Crosby, Still & Nash sans aucun complexe et avec de belles réussites (Il Etait Une Fois, là encore, et cet album-ci, par exemple Franky Le Roseau ou mieux, Quelqu'un Qui T'Aime, qui par ailleurs devrait calmer l'ardeur d'un Gérard Manset dans sa solitude créationniste exclusive).

Si je rajoute que cette galette se vend entre 75 et 150 euros sur Price Minister, ça me donne suffisamment d'énergie pour à la fois arrêter la type collectionniste et vous proposer la chose dans un rip digne et imparfait, mais confectionné avec amour un dimanche d'été. C'est loin d'être parfait, ça crougne par instants. Je suis pas Dominique Blanc Francard (dont cela a dû constituer un de ses premiers essais) et je présente toutes mes excuses au Château d'Hérouville où la chose a bien sûr été enregistrée... Rien que ça, ça me parle...

Allez, les vieux, revivez-moi ça, les jeunes, découvrez. Ca sent la Gibson à chaque coin de rue (même si sans parler de manche on peut admettre qu'elle sonne maladroitement, où du moins de façon euh.... datée), l'herbe folle tout le temps et la variétoche parfois voire souvent, mais on a essayé, et on a su être aussi peu ridicule que les autres. Mangez-moi l'intégrale de Genesis si vous n'êtes pas d'accord. C'est con d'être chauvin quand le FN nous y invite, alors je dirai sans hésiter que cette galette-là n'a rien de bretonne, et qu'elle est simplement un témoignage d'un temps passé fait de courage et d'audace, autant du point de vue de l'artiste que du label prêt à envoyer ça dans les supermarchés locaux, et c'était bien.

Il Est.

vendredi 20 juin 2014

#172 : Lana Del Rey "Ultraviolence"

Je suis certes un vieux con. Qui piste les bootlegs de Patti Smith et se moque - ou semble se moquer de ce web 2.0 qu'on nous vend à tous les niveaux. J'ai des amis sur Facebook, des vrais. Essentiellement des amis d'avant qui ont semblé trouver funky de reconstituer une relation qui ne mange pas de pain via les réseaux sociaux. Nostalgie vs nouveaux médias, je laisse cette thématique à mon psy.

Donc, je passe pour un con, parce que parfois des choses m'émeuvent (le Blizzard de Fauve), et que, bêtement enthousiaste, j'en fais part à des ami(e)s qui se foutent de ma gueule parce que j'arrive après la bataille médiatique. Je ne suis pas tellement 2.0 finalement. Je m'emmerde, en fait, et donc je butine sur le web au lieu d'avoir une vraie vie sociale éclatante et tout et tout. Ca n'existe plus, de toute façon. Woodstock-sur-Mer (comprenne qui pourra).

Ma dernière connerie, mon dernier coup de coeur, c'est cet album de Lana Del Rey. Là encore, j'arrive largement après la bataille. Tel un Napoléon à Austerlitz qui aurait débarqué quinze jours après la bérézina et se serait étonné du bordel sans nom régnant sur les lieux.

D'abord écouté sur Spotify, je trouve le premier album à 7 euros dans ma grande surface préférée, je me dis qu'il est certainement mieux que le suivant, j'achète, j'écoute, je suis navré. OK, j'ai dû entendre Video Games quelque part sans même m'en rendre compte. C'est la seule façon que j'ai de tenter d'illuminer des jours tristes, acheter un album au pif en espérant que ça me fera rater un virage dans l'autoradio de ma bagnole.

Vert de rage, je persiste, j'achète le second, ce fameux Ultraviolence qui vient de sortir, parce que ça m'avait ému. Et ça m'émeut toujours, avec toutefois l'impression de passer pour un con. Après tout, elle est jolie Lana Del Rey, et cela peut paraître à peu près normal que je ne sois pas le premier à m'en rendre compte, même si j'avoue sur ce blog mes amours gériatriques et platoniques pour Patti Smith.

Encore elle.

Si vous vous amusez comme moi à lire ce que dit Wikipedia sur la belle (genre, vous êtes aussi bête que moi pour ne rien savoir d'elle en ce 20 juin 2014), ben je trouve que quelque part les parcours sont un peu similaires, et si j'étais Directeur des Ressources Humaines dans je-ne-sais quelle multinationale (Universal, au hasard ?), je trouverais ce tintouin presque sincère. Et puis, quelqu'un qui reprend Chelsea Hotel #2 ne peut pas être tout à fait mauvais, si ?

Je trouve tout cela presque sincère, même si elle est trop jolie pour croire que son seul talent lui ait permis de se retrouver en tête de gondole de mon supermarché (j'ai été largement épargné par la Beauté du Monde pour ce qui me concerne), et j'ai donc le culot de vous le proposer, cet album. Listen without prejudice, comme disait George Michael, tiens donc, ça n'est sans doute pas du niveau d'un To Bring You My Love de PJ Harvey, mais grâce à la production des Black Keys, je trouve que ça le fait suffisamment largement pour que je puisse dire à mon psy que j'ai réglé mon problème de fantasmes gériatriques avec Patti Smith. Elle aussi, je pense, aurait eu une démarche analogue si youtube avait existé du temps de son idylle avec Robert Mapplethorpe.

Je trouve, très honnêtement, qu'il s'agit d'un album courageux. Mais peut-être ce courage cache-t-il l'écueil du 2ème album - ou de celui qui suit un succès improbable, que commercialement et stratégiquement, il conviendrait de fait de maquiller d'un peu de poudre de sincérité ? Comme le Unforgettable Fire de U2, volontiers expérimental avant d'envoyer la bombe Joshua Tree ? Le passage tripes à l'air peut constituer un investissement rentable dans une carrière sur le long terme, voire revigorer un peu un semblant de crédibilité (Automatic For The People de REM, vous vous souvenez ?). A 27 ans, Lana Del Rey ne risque encore que peu d'avoir à cacher une éventuelle cellulite, donc je peux imaginer ça aussi. N'empêche.

Je l'écouterai sans doute tout l'été, et puis je l'oublierai. Mais en attendant, ça calme un mois de juin difficile et désabusé. Comme Napoléon arrivant après la bataille.

Cruel world


dimanche 1 juin 2014

Gérard Man(set)vu ça

Voilà, pour faire bref : Gérard Manset vient de sortir un double CD de reprises de ses propres oeuvres. Et pour les gens pressés, non, vous ne trouverez pas le lien ici. C'est une merde. A tous les niveaux. Pour les addicts, la question se pose d'emblée : à quoi cela sert-il ? qu'est-ce que ça veut dire ? Rien. Rien du tout. C'est peut-être joli, oui, sans doute, c'est bien fait. Mais le Rouge-Gorge ne chante plus comme avant, La Ballade des Echinodermes, on s'en fout depuis 1998. Alors bien sûr, le Gérard se rend compte - enfin - que les boites à rythme sur Matrice, ça le faisait pas trop, mais n'empêche que même si la Matrice ici présente est plutôt bien reprogrammée, sa chanson, à la base, s'est ancrée dans nos souvenirs et n'apporte pas grand chose de neuf en 2014. Si j'étais méchant, j'en rajouterais une couche sur ces guitares façon Dire Straits survitaminées qui continuent, en 2014, à polluer certaines chansons. L'a toujours pas compris, Gérard.

Alors si cet objet peut permettre aux fans de Fauve de découvrir l'univers du Gérard, qui à force de nous faire avaler des couleuvres, perd chaque jour un peu de poésie et de cohérence, je préfère vous proposer, ou plutôt re-proposer aux retardataires les rips des vinyles que j'avais amoureusement et peut-être maladroitement confectionnés. Ca s'arrête au Train Du Soir, le reste étant à peu près paru en CD. Les grands absents sont donc Lumières et Prisonnier de l'Inutile, mais la messe était déjà dite, donc c'est pas trop grave. Je compte sur vos commentaires pour compléter la partie numérique?

750 Mo, attention à l'overdose

Allez, out, Gérard, va boire une tisane avec Raphaël, et basta.

#171 : Led Zeppelin I, II, III (deluxe editions)

D'abord, voici le lien que j'ai trouvé. Il ne survivra sans doute pas plus que quelques heures, mais il est de fait conforme à ce pétard mouillé, les rééditions Deluxe des trois premiers albums de Led Zeppelin.  Donc, tentez votre chance ici et ne venez pas me demander d'uploader le machin si ça fonctionne pas. C'est tout simplement que le buzz, l'événement, aura déjà un goût de pétard mouillé doublé d'un risque d'intoxication alimentaire lié à l'ingestion d'une omelette qui serait restée trop longtemps dans la poële sans que finalement, personne ne songe à la dévorer faute de cèpes ou de morceaux de truffe qui auraient pu la rendre appétissante.

De quoi parlons-nous ? Des trois premiers albums de Led Zeppelin, fraîchement remasterisés par Jimmy Page himself. Faute d'arriver à embarquer ses camarades de l'époque dans une tournée revival dont la fructuosité financière n'était pas à mettre en cause (mais ont-ils encore besoin de plus de fric à leur âge avancé ? Robert Plant se la pète grâcement dans des évoluments folk/new âge avec - entre autres - Allison Krauss dont la compagnie doit lui paraître plus agréable que celle du vieux renard et John Paul Jones, d'un claquement de doigt revient sur le devant de la scène quand il veut avec les Them Crooked Vultures, tardive mais jouissive revanche), il ne lui restait plus que cette carte, déjà froissée, ressortie deux fois : remasteriser le Zep. Pilonner l'idée par là-même, que seul lui pouvait, peut et pourra le faire. Car Jimmy détient toutes les bandes. Jimmy est le Maître du Jeu, même si plus personne ne semble s'intéresser à tout ça. Mais on imagine clairement que Jimmy détient des billes chez Atlantic Records et qu'on l'appelle Monsieur, et que, comme on sait qu'une n-ième réédition des albums de Led Zeppelin ne devrait a minima pas faire perdre d'argent à la boîte, on laisse faire. On n'oublie pas.

Alors quoi, qu'en est-il, au final ? Evidemment je tremble de crainte car vu l'âge avancé de Sir Jimmy Page, y'a bien des chances qu'on touche là les dernières rééditions gravées de son sceau. Qu'avait-il donc dans les larges poches du manteau qu'il arborait en 1971 ? A la demande générale, on l'a dépouillé des manuscrits d'Aleister Crowley. Ce chien noir venu, post-mortem lui rendre visite pour le quatrième album et le gratifier du morceau définitif.

C'est là que le bât blesse. Entre quelques miettes de speculos, souvenirs d'un cafe latte à Palerme en 1973, à bien chercher, il n'y a plus rien. Entendez par là, une remasterisation du disque, et un deuxième CD qui ne sert à rien. Si ce n'est à dire, voyez-vous, on était parfois pas bons. On n'y est pas toujours arrivé. Ou, à l'inverse, si vraiment on leur veut du bien, voyez-vous, même les premières versions, là, elles avaient déjà le truc.

Le problème étant qu'on te croit sur paroles, Jimmy. Sais-tu qu'on a tous déjà des dizaines de pirates, en vinyle, CD ou mp3 qui nous ont raconté ce que tu éventes à peine ?

Alors, non, bien sûr, il y a le concert à l'Olympia de 1969, qui sert de bonus disc au Led Zep I. Salaud de ta race, quand même. Après avoir hurlé à qui mieux-mieux durant ta grandiose carrière qu'il n'était pas question que Led Zep joue en France parce que le son des salles était trop pourri, tu en fais aujourd'hui un argument de vente ? Et qu'est-ce qu'on fait, nous, maintenant ? On hurle cocorico ? Désolé, t'es passé 15 jours après le FN et les cocoricos, ça va comme ça ! Et c'est pas ceux qui se sont tapé des voyages à Knebworth qui viendront aujourd'hui te pardonner de ton mépris légendaire (on parle bien de légende, là, non ?)

Alors quoi, le remastering ? A l'heure du mp3, franchement, on s'en bat l'oeil. Et pour le reste, un minable lecteur CD étant à même de reproduire les mêmes octets qu'une platine Pionneer, ne reste guère que la présence d'un éventuel ampli Harman-Kardon dans le salon pour se faire pipi dessus en écoutant la nouvelle dynamique du son... Super cool, on va se défoncer dans le salon au risque de péter l'écran plat en jouant de l'air guitar sur Whole Lotta Love ?!!

Oui, je sais, je suis méchant. Mais quand on ne pense même pas à rajouter Hey Hey What Can I Do sur la réédition du Led Zeppelin III, seule face B de 45 tours historique, je dis que voilà vraiment un travail mal fait, en plus que d'être inutile.

Tu vois, Jimmy, j'ai passé un excellent week-end avec des amis, on a branché la platine vinyle, on a enchaîné les versions 45 tours de Whole Lotta Love, Immigrant Song, Rock'n'Roll et Black Dog, et crois bien que tout cela n'avait rien de remasterisé, même que je me suis fait la réflexion que Black Dog, le disque est en sale état. Mais on s'est éclaté comme des vieux cons que l'on est.

Qui n'en ont rien eu à foutre de ces rééditions de tout le week-end. Et qui, de retour dans leur quotidien aussi minable sans doute, voire pire, que le tien, n'en auront encore moins à foutre à l'avenir.

Oh puis au risque de continuer à être méchant, et même si cela n'a jamais été l'objet de ce blog, faisons-la façon 50 millions de consommateurs : A part les disques originaux, qu'on écoute de toute façon le volume à fond, et dont on se fiche donc de la remasterisation, qu'y a-t-il en plus ?

Led Zep I : OK, le concert à l'Olympia, Led Zep dans ses vieux jours et sa belle énergie. Euh... vous nous aviez pas déjà fourgué un DVD et une compile des BBC sessions dans lesquelles on avait déjà compris tout ça ? Allez, peut-être bien le disque à racheter s'il en faut un pour se persuader que c'était pas la peine.

Led Zep II : Alors là, au niveau bonus disc, on touche le fond. Sauf à éjaculer sur place parce que Robert Plant ne place pas ses Baby baby baby comme sur l'original, je ne vois rien. Si ce n'est l'inédit La la (en version instrumentale, jamais finie), venant contredire le bel adage comme quoi Led Zep n'a jamais fait de la pop. En fait, ils n'y sont pas arrivés, et c'est très différent. Triste.

Led Zep III : Passons sur le fait que Hey Hey What Can I Do y aurait eu toute sa place, peut-être même en bonus en fin du CD1, on y découvre, outre les inutiles rough mixes, qu'il s'agit là d'un album non abouti. Visiblement, le Zep lorgnait du côté du country-rock (Jenning Farm's Blues) mais la flemme aidant, le concept face électrique/face acoustique s'est soldé par le Brown-Yr-Aur-Stomp qu'on connait, tant pis pour Johnny Cash. Tant pis pour tout le monde, car franchement, ça sent le laisser-aller et la prétention à tous les étages. Les rough mixes d'Immigrant Song et Celebration Day ne font que nous rappeler que ça ne tient pas la route face à un Whole Lotta Love. Seule vraie exclusivité, ce medley Key To The Highway/Trouble In Mind, avec Robert Plant coincé dans la machine à laver comme dans (Hats Off to) Roy Harper, qui sentait déjà le remplissage. Ce qu'on pouvait prendre pour une idée passable de finir le disque avait donc été développée mais heureusement ignorée. Ca fout les boules, franchement.

Par pitié, ne touche pas au quatrième album, Jimmy. Laisse-le comme il est. Ne viens pas nous y coller des bonus dans lesquels tu te rate sur le riff de Black Dog. Franchement, ça n'a aucun intérêt, ça nous fait même pas rire. OK, on aura reparlé en 2014 de Led Zeppelin. C'est fait, c'est bon, au lit.

Edit : oh mais j'en rajoute. Ces Backing Tracks en bonus, elles seraient pas là des fois pour faciliter le sampling des groupes de rap ? Remettre au goût du jour un Thank You ou un Friends , ou un Bathroom Track via Rihanna ou - qui sait - les Daft Punk branchés analogiques une fois venus à bout de leur logique numérique ? J'en vomis mes dernières couleuvres...

jeudi 1 mai 2014

Et si tu n'exystais plus...

Down.

Exystence.net, l'hypermarché de l'illégalité semble avoir disparu du web. Ca t'a un goût de megaupload, cette affaire, ça veut dire que les braves gens sont sur les dents. Attention donc, demain, je ne serai peut-être plus là non plus (bon, en même temps, vu ce que je poste en ce moment, je ne vous manquerai pas beaucoup), mais attention aux purs et durs, Jimmy & Co...

Bien sûr, bande de malfrats, pour 10 euros par mois vous pouvez avoir tout ce que vous voulez en streaming, alors quoi, on arrête tout ! Les Business plans sont en train de changer, on a gagné, tiens, je prendrais presque un acide pour fêter ça en écoutant White Rabbit (n'ayant jamais pris d'acide jusqu'à ce jour, je n'ai jamais eu la force de l'écouter, ça tombe bien).

Alors ok, on va me parler de mafia russe tentant de déstabiliser l'économie mondiale en balançant les dernières nouveautés gratis, là, comme ça. Je répondrai que malgré moulte sollicitations je n'ai jamais cédé aux sirènes de Fuckbook et autres sites peu engageants auxquels j'ai dû faire affaire avant de pouvoir, enfin, télécharger le dernier Dr John.

Et, plus que les disques, ce qui me manque le plus, c'est les commentaires, pour ne pas dire les articles. Bien sûr qu'il faut attirer le chaland avec un petit lien, mais si on est tous là, c'est pour raconter notre passion. Merde et merde encore, quand on balançait un petit lien vers Gentle Giant, Steve Hackett ou encore Johnny Thunders, on empêchait personne de manger, et m'est avis qu'à la FNAC, ça devait chercher sérieux dans des bacs improbables la suite de l'histoire. Devant des vendeurs plus à même de vous proposer le dernier M en édition collector, malheureusement, mais bon, on est là pour éduquer !

Mais bon, c'est la crise, on va pas nous laisser balancer des trucs gratis s'il n'y a que quelques centimes à gratter. Pour ma part - et ça m'as fait flipper - j'ai eu plus de 300 000 visiteurs sur ce blog à sa grande époque, quand tous les soirs j'exprimais ma passion ou ma haine pour un disque. Evidemment, ça plaît pas à Pascal Nègre.

Sortez couverts les copains, soyez pleutres un certain temps, Spotify rules et Emmanuel Valls cherche des sous. La musique, bof, on continuera à acheter des disques, mais vos chroniques, on peut pas s'en passer. Arrêtez de draguer et d'aguicher le chaland, écrivez, parlez, racontez, ça, c'est à nous et on pourra pas nous en empêcher. Grâce à Jimmy et son réseau de mangeurs de disques, c'est peut-être comme ça qu'on pourra continuer.

Allez, bonne nuit, mon coup de gueule m'a fatigué...

samedi 22 mars 2014

GCDBMDD #7 : The Doors "LA Woman"

Thème du jour : I want to drive you through the night, down the hills - Vous mettez cet album dans l'autoradio et vous conduisez toute la nuit. Pour aller où? Là n'est pas la question...

La short-list incluait également, et pour les mêmes raisons que ci-dessous, Electric Ladyland de Jimi Hendrix, que j'avais songé aussi à placer comme disque de cul magistral. J'avais songé égalment au Doggystyle de Snoop Doggy Dogg, là encore, du vécu, mais vu l'épisode disco, j'imaginais d'ici les salves de commentaires sur le gangsta rap, le fric, la dope et le reste. De toute façon, mon honnêteté m'impose de vous parler du LA Woman des Doors.

Ce qui n'est pas une chose facile, car tout a déjà été dit, car je ne me permettrai pas de relancer le débat sur la qualité de l'album (le meilleur des Doors ? A votre avis ? hi hi hi...). Inutile me semble-t-il de passer 3 heures à le ripper en mp3, vous l'avez déjà, non ? Et l'édition deluxe n'apporte rien, voire enlève de la magie à ce bijou, alors...

Disons que ce disque, acheté en version originale à un pote contre 5 malheureux francs de l'époque qui finirent en carambars, dont la moitié me fut rétrocédée, fut une découverte totale. La voix de Jim Morrison, d'abord, preque crooner, ce qui fut pour me déplaire car je préférais les brailleurs qui semblaient porter d'avantage de révolte que le mojo risin' Jim dans, au hasard, Hyacinth House, voire dans Love Her Madly. Bien sûr, j'adorais Riders On The Storm. Je n'ai jamais pu, depuis, me défaire de ces frissons qui me traversent l'échine dès qu'apparaît un petit filet de Fender Rhodes dans n'importe quelle chanson.

Mais tout cela importe peu.

Comme chaque année, avec mon papa et ma maman nous partions 15 jours en vacances au camping de la Pascalinette à la Londe-les-Maures. Je passai donc de mon enfermement alsatique déprimant à la beaufitude complète de la toile de tente sous les pins parasols. On allait manger 2-3 fois à la Trappa, une merveilleuse pizzeria à Hyères-les-Palmiers. Les autres jours, on allait se baigner à la plage, et mon cousin Patrice nous rejoignait le soir, dans sa R12. Mes parents buvaient du pastis et du rosé avec lui, ils avaient l'air de s'amuser de plus en plus au fil de la soirée, et mon ennui était inversement proportionnel à leur pochetronnerie, puisque c'est bien de cela qu'il s'agit.

Heureusement, si ma vie naviguait entre ces deux points d'ennui magistral, la maison et le camping l'été, il y avait ces 900 km qui séparaient mes deux cachots, et il fallait bien compter 12 heures de Mehari pour joindre les deux bouts. 12 heures absolument magiques, durant lesquelles les paysages défilaient, durant lesquelles il pouvait, potentiellement, se passer quelque chose.

J'avais mon walkman vissé sur la tête, et j'embarquais mes maigres trésors de l'époque : Goat's Head Soup des Stones, le Led Zeppelin IV, Electric Ladyland de Jimi Hendrix et - justement, cette année-là - LA Woman des Doors. Stairway To Heaven gardera toujours l'odeur de la toile de tente et de la sueur lors de la sieste obligatoire après le pastis et le rosé, Dancing with Mr D. celui des Choco BN, de même que All Along The Watchtower.

LA Woman, le disque et la chanson en particulier, c'était autre chose. On avait voyagé de nuit, et mon père avait fait une petite sieste sur le coup des 3 heures du matin sur une aire d'autoroute. Je ne dormais pas, j'écoutais LA Woman en regardant les allez et venues incessantes des voitures sur le parking de la station-service, les phares qui déchiraient la nuit sur l'autoroute d'à côté. J'étais réveillé. En pleine nuit. J'entendais les voix des portugais, dans leur R16 surchargée, qui repartaient au pays. Parfois, des anglais discutaient (des anglais ! comme les Stones ! yeah !) et je m'imaginais un jour, moi aussi, rouler comme ça la nuit vers d'autres destinations. Ah oui, putain, d'autres destinations. J'étais en Amérique, je devais atteindre Los Angeles au petit matin, dans ma Cadillac. J'étais avec Isabelle, mon impossible amour de l'époque, et on avait plein de cassettes à passer dans l'auto-radio ! Le Some Girls des Stones que j'avais pas pu me payer, les disques de ce Bruce Springsteen dont on parlait tant mais que je ne connaissais pas, et on ferait cette même sieste en écoutant le Floyd...

The cars hiss by my window...

Même ce morceau chiant, là, abruti par la fatigue à 3 heures du mat', il m'allait très bien.

Mais c'est surtout LA Woman que j'ai découvert. J'ai eu l'illumination. Ce passage lent, là, quand Morrison se met à scander Mr Mojo Risin, toujours ce Rhodes derrière, et les bagnoles qui défilaient... Ridin' on the freeway, city at night... Jamais, pour moi, on a mieux écrit et chanté ces moments glauques mais tellement poétiques, symbolisés par cette aire d'autoroute. Oh, ce n'étaient pas les lumières de la ville, et le côté ride, avec mon papa dans sa Mehari, était quelque peu... limité ?

Alors oui, définitivement, imaginant que je roule dans la nuit, et peu importe vers où, mais avec quelqu'un que j'imagine forcément quelqu'une, c'est certain que LA Woman tournerait en boucle sur l'auto-radio.

Je n'ai, à ce jour, et comme la Lucy Jordan de Marianne Faithfull, jamais conduit de belle bagnole, qui plus est jamais sur une freeway aux States.

Sans doute est-ce un rêve qui ne se réalisera jamais. Alors, il me reste LA Woman et ces images définitivement imprégnées dans ma tête et dans mon âme pour arriver à vivre avec.

vendredi 21 mars 2014

Rebellion !

Hello !

Dans ces périodes d'élection, donc avant même la fin du précédent jeu, je vous en propose un nouveau : Le Grand Jeu des Petits Disques Mangeurs de Bloggeurs !

Autrement dit, même veine, mêmes thèmes à venir, mais je ne veux voir venir que des quarante-cinq tours, des Singles, des Singlés donc. Youtube autorisé officiellement dans le règlement déposé chez un huissier hier soir.

Ca vous dit ? Mais va falloir gloser sur la face B les copains ?!!

On se fait une réunion, chacun amène une salade et un réfugié Chilien et on voit ?

Bises !


GCDBMDD #6 : The Who vs John Martyn "Live At Leeds"

Thème du jour : It's just a reflektor - Deux pochettes d'albums qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Coïncidence?...

Bon, complètement à la bourre, pour raisons professionnelles là encore. Je joue petit. J'aurais pu également parler des 50 000 000 Fans can't be Wrong d'Elvis et du 50 Fans can't be Wrong de Phil Ochs. Mais c'était carrément la déprime.

Là, on tient deux disques formidables (rythm'n'blues ?). Les Who envoient la sauce, durcissent le ton pour résister au hard blues de Cream et du Led Zeppelin à venir (à grands pas). Se lâchent de leur Tommy gargantuesque pour frapper juste. Rappeler que ça dépote. Young Man Blues, la voie est grande ouverte vers Black Dog. Et l'idée géniale du live, non pas un double-album mais un simple. On reprend juste les morceaux quand on est chauds, on éclate la tête du mod-consommateur avec de la pure folie. Sans hésiter, dans sa version originale, et non double-deluxe expanded machin, le meilleur live de tous les temps.




Quelques années plus tard, le fo-folkeux John Martyn, qui a bien plus de choses à picker que Marcel Dadi se retrouve en ces lieux, et la magie opère encore. Bourré comme un coing, donc rock'n'roll autant qu'on peut imaginer que les Who l'ont étés quelques printemps auparavant, mais dans un registre n'ayant rien à voir, le John démontre aux étudiants attardés que peu importe le vin, pourvu qu'on ait l'ivresse. Blagues salaces en début d'album, on sent la pinte à la bière, émouvant dès qu'il touche sa guitare, c'est ici le temps de la lévitation. Solid Air. Et sans doute aussi de l'ironie dans la pochette et le concept. Ces jours-là, et suite à ces deux albums, Rock & Folk a bien mérité son nom.


mardi 18 mars 2014

GCDBMDD #5 : Donna Summer "Love To Love You Baby"

Thème du jour : Let's Get It On - Le disque qui donne envie de jouer des hanches... et pas pour danser

Hé les mecs ! La réponse est dans l'intitulé, non ? Evidemment qu'il n'y a pas mieux que le Let's Get It On de Marvin Gaye ! Spécialement étudié pour ça, parfaitement fonctionnel, bref, on fait quoi maintenant ? Non, non, ça m'agace, là !

En plus, je suis dans un hôtel à Dijon pour la semaine, wifi ténébreux, bref, impossible d'envisager le post d'un album, va falloir vous contenter d'un lien youtube, désolé. Mais comme je suis pas le seul, j'ai moins de scrupules. Tout fout l'camp mon bon monsieur.

Bon, ça y est, je suis calmé. Enfin, un peu. D'abord, pour la bagatelle, désolé, la musique n'est pas l'ingrédient premier. Moi je veux bien faire valser Madeleine Peyroux sur des airs tyroliens si ça lui chante, ou écouter des poèmes de Ginsberg avec Patti Smith, ça ne me dérange absolument pas. Mais bon, puisqu'il faut s'y coller, allons-y sans hésitation.

Vous vous rappelez du Club Dial ? 3 disques pour 9,99 Fr chacun, plus les frais de port, plus l'engagement d'un an, etc. etc. ? Ben moi, du haut de mes dix ans, j'avais commandé Oxygène de Jean-Michel Jarre (j'aurais dû garder le vinyle, ça doit être collecter aujourd'hui...), Derrière L'Amour de Johnny et... Love To Love You Baby de Donna Summer. Et mazette, je dois bien dire que la pochette du Johnny servait à cacher celle du Donna Summer quand ma maman faisait irruption dans la chambre, Donna Summer dont je cachais le disque dans la pochette d'Oxygène pendant que je reluquais la pochette. Sulfureux, le truc. Le tout, je veux dire. Ah ces premières démangeaisons étranges, accompagnées par les râles de la Donna, que d'émotions. Certes, la bagatelle fut solitaire autant que surprenante, que voulez-vous, je n'avais jamais vécu tel émoi avec le catalogue Manufrance.

Et puis bien vite, le rock prit le dessus, le disco fut jugé ringardissime le temps que l'on passe de Saturday Night Fever à Grease, et ce fut tout.

Pourtant, quand je re-écoute le morceaux, je me dis qu'il y avait dans le disco des débuts quelque chose de quand même incroyable. Ralentir le tempo, mais ça, Marvin l'avait déjà compris. Non. Mieux que ça. La première vraie rencontre de la musique noire américaine avec la culture blanche européenne. Giorgio meets Donna. Réfléchissez un peu : le blues et la country, du moins ce qui fut commercialisé, se sont ignorés dédaigneusement. Le rock'n'roll et le rythm'n'blues, si l'on excepte l'écurie Stax, aussi, tout pareil. Côté jazz, les blancs-becs, aussi doués furent-ils, n'ont jamais fait qu'apprendre de Coltrane, Ellington et les autres. Le rock ? Combien de Jimi Hendrix ?

Alors pourquoi ? Je n'en sais trop rien. J'imagine que cette nouvelle musique lascive, dans les milieux homo new-yorkais avait trouvé un écho particulier puisqu'à cette époque, on était bien loin d'un mariage pour tous et qu'un pédé blanc ne valait guère mieux qu'un nègre ? Peut-être. On était à deux doigts d'une belle révolution musicale, mais rapidement le soufflé retomba. Le genre fut parodié des deux côtés, car l'évidence même de son efficacité (notamment pour le thème qui nous occupe) le transforma vite en monnaie sonnante et trébuchante. Les noirs reprirent Knock On Wood à la sauce discoïde, les blancs firent de même avec Don't Let Me Be Misunderstood. Tout devint disco. Même Claude François. Même les Bee Gees. Oh, certes, il faudra des dizaines d'années pour que la french touch tire ses marrons (pardon) du feu, mais quand même.

Le disco aurait dû réussir cette révolution que les sixties nous promettait. Aurait pu. Il lui manquait sans doute ce côté foncièrement rebelle qui fit qu'on put le plumer à l'envi, même si rebelle il était, mais pas dans le discours. Re-écoutez Love To Love You Baby, c'est le même message que le flouer power, mais insidieux, underground, ça ne vise pas à changer la société, uniquement à prendre son pied n'importe où, n'importe comment. Oserais-je dire, dans n'importe quel sens. Juste pour le plaisir interdit de l'instant. No future. Pour caricaturer, là où le punk disait non à tout, le disco disait oui. M'étonne qu'on t'ait discoïsé jusqu'à Sheila. Munich meets the Bronx. Une histoire incroyable quand même !

Et puis, hosanna au plus haut des cieux, un Giorgio Moroder, et toute la scène Acid de Chicago à suivre t'a même fait groover des Minimoog ! Dehors, les Yes et Genesis, ENFIN ! Et bon dieu, je reste persuadé que c'est bien plus grâce au disco qu'au punk, sur ce coup-là. Cette vieille loque de Steve Howe a même fini par jouer avec Frankie Goes To Hollywood. Gnarf !

Alors bien sûr, le bon dieu qui n'a aucun sens du groove a puni ce petit peuple avec l'arrivée du SIDA, et Donna Summer s'est repentie. On sait tout ça aussi. On ne fait que vivre des révolutions avortées, mais bons, certains tendent à dire que la baronnie a survécu à la Révolution Française, alors, on va pas faire le couplet du c'était mieux avant, ça a toujours été un peu pareil. A part le club des 27, nous devenons tous gros, assagis et sarcastiques.

Peut-être, un peu, parce que le disco ne nous suffit plus à emballer. Passé un certain âge, c'est moins la musique que le compte en banque ou l'importation de matière fraîche des pays de l'Est qui peut nous permettre encore un peu de bounga bounga.

Alors, ma foi, on en revient, solitaire comme aux premiers jours, à ce disque de Donna Summer, à sa pochette et à son quart d'heure d'intimité luxuriante, dans l'anti-chambre de la mort. No future.

dimanche 16 mars 2014

GCDBMDD #4 : The Chemical Brothers "Dig Your Own Hole"

Thème du jour : There's no future, no future, no future for you - Le disque que vous écoutez quand tout semble sans issues, histoire de se rouler dans le désespoir...

Alors très franchement, dans ce genre de situation, j'aurais plutôt tendance à écouter le glouglou du Jack Daniels qui coule dans mon verre, puis à m'abrutir devant des vidéos débiles sur youtube. Désolé, mais pas de Leonard Cohen afterworld pour moi dans ces moments-là. Pas non plus de Nick Cave ni de Johnny Cash période Rick Rubin. Alors oui, j'aurais pu vous parler de Tonight's The Night de Neil Young, peut-être. Celui-ci prend le taureau par les cornes, mais au bout du sillon, on reste dans le même état. Voire pire. Et l'objectif, c'est de s'en sortir, et de ne pas faire le grand saut, si ? Ce genre de poisons, au contraire, je me le distille quand tout va bien. A petite dose, histoire de garder le contrôle, et d'éviter le mauvais trip.

Non, quand ça va mal, je cherche par tous les moyens à me cisailler la tête, à éviter de penser, hauts les watts ! Alors j'ai ma petite arme secrète. Ce disque, Dig Your Own Hole des Chemical Brothers. Rque le titre, déjà, creuse ton propre trou, ok, on y va. Leur black album, en fait. Sans concessions. Rien que le titre, déjà, creuse ton propre trou, ok, on y va. Rien que le Block Rockin' Beats d'ouverture (qui cartonna très justement à cette époque) me donne la jouissive sensation de pouvoir éclater la tronche à qui j'ai envie, à commencer par la mienne. C'est fort, très très fort, répétitif à l'envie, ici pas de breaks, de temps calme ou quoi que ce soit qui pourrait vous ramener à la surface et - mon dieu - penser. Bidouillages electro concoctés avec vice, cruauté et intelligence malsaine par les deux frangins chimiques, impeccable. Et puis surtout, ces semples de vraie batterie bien loin des TR machin chose un peu mous. Tout cela reste organique, ça sent la sueur, voyez-vous ?

Les salopiaux déconstruisent le rock'n'roll comme on dissèque un poulet, font grincer leurs oscillateurs par dessus, pimentent le tout de distorsion à tous les étages, ne cherchent pas à adoucir le tout d'un quelconque semblant de mélodie. En ripant le CD, on voit bien comment tout cela est compressé à bloc, pour que ça sonne plus fort que les autres. Comme le Led Zep III qui avait été mixé à cet effet : pousser l'électrophone dans ses retranchements.

Ce fut la révélation pour moi, en 1997. Justement, c'était un jour où j'allais pas trop bien, j'étais allé voir mon disquaire (voir ce mot dans tout bon Larousse d'avant 2000), nous partagions une même passion pour Bashung, Manset, Miles Davis et les Beach Boys, et avec son air paternaliste (le monsieur connaissait sa clientèle) m'avait dit, tiens, viens voir, écoute donc ça ! 

J'ai cru un instant que j'allais être gagné par la fièvre de l'electro, mais la suite, toute la suite, m'a déçu. A commencer par eux, qui ont largement mis de l'eau dans leur vin. Mais il reste cet album courageux, sans issue, pierre angulaire de ce qui aurait pu définitivement renvoyer les rockers dans leurs caves. Comble d'ironie, ils invitent même Noel Gallagher à pousser la chansonnette. Noel Gallagher ! Le roi de la brit-pop tartignolle, le seul à être capable d'enculer une mouche (et au passage tout le Royaume-Uni) avec une Gibson Lespaul ! Warf !

Tout du long, c'est déballage de synthés analogiques grinçants, insupportables, tout cela sans complexe aucun. Dans ta gueule ! Bien armé celui qui tiendra tout l'album sans péter un câble, et c'est tant mieux : quand je vais mal, je déteste également mes voisins. On frôle parfois le ridicule (Don't Stop The Rock, quelle ironie dans le titre), mais on s'y complait. Territoires inconnus, les Chemical Brothers étaient capables de vous emmener n'importe où, n'importe comment, et putain de bois c'est ça qui était bon. Aucune chance en enfournant la galette d'avoir la moindre idée vers où tout ça vous mènerait.

Alors entre deux blip-blip parfois surnage aussi un groove imparable (Lost In The K-Hole), et on se disait, 20 ans après 1977 que cela pouvait nous sauver. Fuck Art Let's Dance, comme disaient les autres.

Les frangins se permettaient tout. Y compris d'inviter Beth Orton, néo-folkeuse, pour la noyer dans la masse, et de terminer tout ça par un after façon Tomorrow Never Knows. The Private Psychedelic Reel, avec son sitar, reste aussi inécoutable que le Within You Without You de George Harrison. Et c'est bien ça le problème, finalement. L'histoire se répète, et le miracle n'aura pas lieu.

Les albums des Chemical Brothers sont aujourd'hui à peu près aussi ennuyeux qu'une compilation de Vangelis, et ciselés pour sonner du feu de dieu dans l'auto-radio de votre BMW.

On devrait pas vieillir, et c'est exactement ce qui, bien souvent, me colle au fond du trou. La boucle est bouclée, au sens propre comme au figuré. On en sort rincé, mais n'était-ce pas le but recherché ?

Epilogue : Toujours est-il qu'aujourd'hui encore, quand je n'écoute pas l'album, je m'amuse dans mon home-studio à bidouiller des machins dans le genre, et ça me calme, si vous saviez, bien mieux qu'à essayer de compléter le puzzle de la Joconde à 10 000 pièces. Je me laisse aller, je m'amuse, j'ose tout, je me régale, je suis tout seul dans mon délire onirique. Tout ça grâce à ce putain de disque, tiens, rien que d'en parler ça me rend heureux.

Get Up On It Like This !

PS : encore une fois, désolé pour le retard. Promis, j'ai pas regardé ce qu'avaient posté les copains...

vendredi 14 mars 2014

GCDBMDD #3 : Miles Davis "Kind Of Blue (Mono Edition)"

Thème du jour : Je lui dirais les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux - Un disque qui se passe de mots, et très bien, merci !...










mercredi 12 mars 2014

GCDBMDD #2 : Todd Rundgren "A Wizard, A True Star"

Thème du jour : There's too much, too much, too much - Un disque beaucoup trop compliqué, indigeste, ampoulé... Il y a un peu de trop partout mais... c'est pour ça que vous l'aimez

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Franchement, j'ai beaucoup rigolé lorsque Jimmy a posté Drama de Yes. Sacré fanfaron, ce Jimmy ! Trop drôle. Sauf que, pour le thème de l'album ampoulé trop trop trop, Tales From Topographic Oceans s'était posé là. Je l'aime bien ce disque. Un des premiers que j'ai achetés. Fallait choisir, pas se louper, et même dans ce cas on l'écoutait grave, histoire d'arriver à y piocher le peu de jouvence qui pouvait s'y trouver. Très très jésuite comme occupation. Mais ça vous forgeait une méthodologie, une patience, un respect sans borne. Bon, ceci dit, on va pas passer le concours à poster du Yes, et puis aujourd'hui, même si je l'aime toujours, c'est un peu inavouable, et j'ai d'avantage envie de poster des disques avouables. Comme ce Todd Rundgren. Un génie, ce gars. Un cinglé complet aussi. Bref, deux fois plus génial.

A Wizard, A True Star constitue semble-t-il une des pierres angulaires de son oeuvre. 12 chansons sur la face A, 7 sur la face B. Difficile à battre, et bien loin des soli de guitare de 18 minutes de l'époque (1974). Pour autant, on est loin d'un Dr Feelgood alignant les tirs de boulet rouge. Des petits bonbons trop sucrés et englués d'effets de studio sans doute pyrotechniques, mais... comment dire... comment suivre ce truc ? 55 minutes compressées sur un vinyle, on peut guère en mettre plus. Et entre la reprise du thème de Peter Pan et le medley rythm'n'blues, on se demande où l'on va. Ceci dit, l'effet feu d'artifice fonctionne totalement. Oh la belle bleue ! Oh la belle rouge ! A peine une mélodie se dégage-t-elle de l'engluement volontaire des arrangements que l'on passe à autre chose.

Bien sûr, et conformément au thème du jour, c'est trop. On a l'impression de déguster des pâtisseries portugaises les unes après les autres. Toutes trop sucrées, trop savoureuses. La première, ça passe, curiosité aidant, la deuxième aussi et puis... bon, faut vraiment finir le plat ? En même temps, chacune d'entre ces petites vignettes possède un je-ne-sais-quoi qui pousse à goûter la suivante, même si l'on sent dans son for intérieur que la digestion ne va pas être simple. C'est ce que j'appellerais le Haribo Concept Album. On abhorre, mais les papilles ou les tympans en redemandent, car la curiosité prend le pas sur le semblant de fonctions vitales qui vous disent stoooop !!!

Alors, tout peut agacer sur ce disque. Le concept, la performance, le côté prog rock, mais malgré tout, on sent l'artiste suffisamment barré et sincère pour se laisser prendre au jeu. Pour accepter le titre prétentieux et sans doute au second degré de l'album. Pour supporter la vilénie de la pochette, digne d'Emerson, Lake & Palmer. Parce qu'on sent bien que la chose part ailleurs, qu'elle n'a aucune vélléité à toiser les dinosaures de l'époque dans le top ten.

Et puis, surtout, surtout, c'est un disque qui dérange. On s'en fait cinq morceaux, on craque, on range, et puis on y revient. On cherche, on renifle, on trouve une clé, on la perd, on comprend pas. Un machin luxuriant, plein de perles de pacotille, que raisonnablement on devrait oublier au plus vite, mais va savoir pourquoi tous les six mois que Dieu fait la galette se retrouve en haut de la pile. On l'essaie entre amis, jusqu'au fatal "on peut changer la musique ?" pourtant peu poli en société. Et sitôt le disque zappé, l'apéro est flingué parce qu'on attend qu'une seule chose, que tout le monde se barre pour se faire un dernier verre et retenter le truc.

A décrie, c'est pas simple. Une sorte de croisement entre Queen, Traffic et les Beach Boys ? Oui, mais manque encore un peu de... de quoi ? Beatles ? Can (oui, même Can) ? Carpenters ? Lewis Furey ? SparksYes ? Zappa ? Chicago ? Foreigner ? Soap Opera ? Oh j'y rajouterais bien un peu de Kinks pour l'humour et tout ce que vous voudrez de variétoche, même les fans d'Elton John pourraient trouver ça funky... Chaque morceau m'inspire une influence géniale ou indigeste, tout à la fois... Chaque minute bien digérée pourrait chier un tube rock FM, de quoi se payer une villa sur Sunset Boulevard. Beurk... ne vomissez pas en lisant. Vous vous poserez la question comme moi et vous y reviendrez.

Inlassablement...

Never never land...

lundi 10 mars 2014

GCDBMDD #1 : Mississippi John Hurt "Today !"

Thème du jour : Oh Honey Why don't you come back - Le disque du retour, pour le meilleur ou pour le pire, à vous de choisir

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C'est tout vu. Rien qu'à l'idée de poster Chinese Democracy j'ai envie d'aller me coucher. Bousiller la bande passante des internautes pour télécharger une crotte pareille, c'est pas humain. Remarquez que dans le genre "Grand Retour", Chééérie, je suis làaaa, les daubes se posent là aussi. Même une grande dame comme Patti Smith m'avait gonflé à l'époque avec son People Have The Power décalé et maladroit. Sans parler du retour posthume de Joe Dassin qui n'avait rien demandé à personne, et surtout pas sans doute de promouvoir la carrière de cette connasse d'Hélène Séguara.

Tenez, je me souviens du grand retour des Byrds en concert à Bordeaux. Jeune et con, j'avais pris ma place avant de me rendre compte que des Byrds originaux il n'y avait personne, sauf le cousin du batteur, et encore. Je suis même parenté dans la salle.

Alors si, un retour fracassant, ce fut pour moi en 2013 celui de Black Sabbath. Production sublime de Rick Rubin, un bien bel album.  C'est con j'y pense maintenant alors que mon post est en route. J'espère sincèrement que Tommy Iommi va s'en sortir. L'autre, je m'en fiche, qu'il se tape du jus de chauve-souris tous les matins, mais Tommy je l'aime bien.

Non, là c'est d'un autre type de retour dont je vous parle. Une bagatelle de trente ans d'absences. Et pas pour faire le kéké dans les cocktails ou pour vendre du Viandox à la télé. Non, pour rentrer chez lui, poser la guitare, et reprendre un boulot de métayer (terme moderne d'esclave depuis l'abolition, dans le sud des Etats-Unis). Qu'a-t-il pu ruminer en retournant la terre ? A-t-il seulement ruminé ? Bof, quelques faces de 78 tours, c'était finalement marrant, peut-être même que ça lui avait payé une guitare correcte et un peu de bon temps. Mais ce genre de miracle ne dure pas, c'est pas du boulot que de chanter devant une machine. Ca fait pas bouffer la famille, ça peut pas ramener de l'argent. Ca se saurait si depuis que l'homme a été chassé du paradis il pouvait s'en sortir sans trimer toute sa vie. Sans le savoir, un Dock Boggs ou un Clarence Ashley devaient penser la même chose même s'ils donnaient pas dans les race records. Blanc ou noir, quelle importance quand t'es dans la merde ? La vie, elle est simple comme trois accords, comme l'histoire de Stagger Lee. Va-t-en pas croire à un miracle, ça va mal finir. Et fais plutôt gaffe d'ailleurs si tu veux pas d'histoires. On racontait vaguement dans le coin que ces pactes avec le Diable (payé à rien foutre, quoi) ça pouvait te dézinguer plus vite que tu ne le pensais, parce que les gens sont mauvais. Y'a même pas besoin du diable, d'ailleurs. Faut pas se frotter à certaines gens. N'est-ce pas, Stagger Lee ?

- Monsieur John Hurt ?
- Ouais M'sieur, à vot' service !
- Mississippi John Hurt ?
- Ouais M'sieur, c'est comme ça qu'on m'appelait, quand j'étais jeune

La suite est connue, on est en plein boom folk-blues, l'Anthology Of American Folk Music de Harry Smith a fait son effet, la jeunesse branchouille américaine se cherche des racines.

Alors Mississippi John Hurt est remonté à New York, a chanté les mêmes chansons qu'il y a trente ans, même qu'on lui a payé l'hôtel et que ce coup-ci il jouait carrément devant des foules de blancs drôlement gentils. Il avait même calculé qu'avec ce qu'il avait gagné en une année, ça lui paierait bien un ou deux acres de terre, chez lui dans le Sud. Bon sang, ce truc, ça peut pas durer. Payé à rien foutre. Dans le public, des Jorma Kaukonen, des Jerry Garcia, n'allaient pas s'en remettre. Des Marcel Dadi nous casseraient les bonbons pendant des années avec leurs voltiges de guitare picking, mais c'était sans doute le prix à payer aussi. D'autres seraient également bien ennuyés car, après avoir tenté de véhiculer un idiome du "blues", voilà un nigger qui chantait et jouait comme un blanc. Merde alors, ça pouvait être dangereux, ça. Des blancs qui imitent les nègres, c'est drôle, l'inverse beaucoup moins. Et l'autre possibilité, à savoir personne n'imite personne mais la musique que tu as dans les tripes quand t'es dans la merde est la même quelque soit la couleur de peau, c'était peut-être même pire.

Mais Mississippi John Hurt était un bon nègre. Il mourut après deux-trois ans de ce revival inespéré.Dangereux, d'être payé à rien foutre.

Candy Man...

Grand Concours : le retour ?

Bon ben ça c'est de l'acte manqué ! Thème du jour : le grand retour et j'oublie de poster. Ceci dit, je m'en charge dès ce soir, promis. Vous comprendrez que d'ici-là je n'aille pas butiner sur vos blogs, question d'être réglé, quoi ! Bon ben à ce soir...

mercredi 19 février 2014

Radio Clash

Salut les gens,

Désolé de laisser ce blog dans un triste état, j'ai plus le temps. Même plus trop le temps de la radio, pour tout dire, mais j'ai bon espoir que les premiers bourgeons du printemps se transforment en nouveaux posts. J'en ai plein sous le coude, mais j'ai pas le temps.

Alors qu'un nouveau Grand Concours se prépare (et moi avec), je voulais solliciter les disciples lustrucrus de Jimmy et les autres. J'en ai marre de passer MES morceaux à la radio. Les vôtres, ça serait bien mieux aussi.

Alors je vous invite très humblement à m'envoyer une chanson (jpdevin@gmail.com) que vous estimez soit confectionnée par quelqu'un qui fait partie des Jean Biens, soit, à l'inverse, par quelqu'un qui fasse partie des Jambons.

Et surtout, que vous m'expliquiez avec la verve qui fait le charme de nos blogs, le pourquoi de votre choix. Soyez le plus subjectif possible, racontez-moi ça dans le mail et je re-transmettrai sur les ondes locales. Encore mieux, dites-le via le dans un micro et envoyez-moi le mp3 de votre commentaire.

Vous pourrez retrouver votre verve via lebaldesjeanbien.blogspot.fr comme tous les podcasts de mes émissions.

Ca me ferait vraiment plaisir.

Je sais, c'est un peu redondant avec l'appel à Keith de la fin de l'année pour la méga compile des bloggeurs, mais j'assume.

A tout bientôt les amis.

Jeepeedee