J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

mardi 29 novembre 2011

GCDBMDD #3 : Frank Zappa "Studio Tan"

Thème du jour : Mercredi, le jour des enfants

Jean-Pascal sortit de son Conseil d'Administration à 22h30, éreinté. Son patron avait tenu à ce qu'il ait lieu sur les Champs-Elysées, histoire d'en mettre plein la vue du big boss de Big Swifty Inc. venu spécialement de San Francisco pour assister au projet de restructuration de la filière française de la nouvelle chaîne de fast-food spécialisée dans les Do-Nuts. Le projet de Jean-Pascal, visant à attirer les jeunes en imaginant que les serveuses soient qualifiées de gruppies et fassent semblant de s'amuser pendant le service en faisant des batailles de pistolet à eau avait été un four complet.

- Eh bien mon petit Jean-Pascal, d'ici que le Conseil d'Administration se réunisse à nouveau pour étudier votre promotion, ça vous laisse le temps de revoir votre Business Plan, hein ? Soyez positif ! Si ça passe, vous êtes promu, si ça casse, vous êtes viré. Ca devrait donc dans tous les cas finir plus tôt la prochaine fois, ha ha ha...

Connard.

Jean-Pascal démarra le moteur de sa Volkswagen. L'autoradio était calé sur Nostalgie, qui déversa Love Is All dans les 2 x 250 watts des boomers Bose qu'il avait acheté en duty free à Taiwan l'été d'avant.

- Ah non, putain, pas ça !

Il laissa le RDS chercher la prochaine station. Un chef d'orchestre japonais fraîchement débarqué à Paris expliquait sur France-Culture pourquoi Pierre Boulez était le plus grand compositeur du XXème siècle. Jean-Pascal soupira lorsque son mobile sonna. Il avait cru drôle de choisir comme sonnerie la musique du Livre de la Jungle de Walt Disney, ça faisait partie de son plan pour charmer le big boss. Rester jeune. Raté.

- Bonjour mon chéri, tu n'as pas oublié que demain j'ai une séance de sophro toute la journée et que c'est toi qui garde Camélia, hein ? Tu te rappelles qu'elle fête son anniversaire ! Tu as bien prévu la réservation chez Mac Do, demain. Elle a invité Théo, Clément, Justine, Hugo, Nadège, Victoria, Percy et Chiara. Tu te rappelles ?

Non, Jean-Pascal ne se souvenait pas. Le japonais sur France-Culture évoquait un certain Edgar Varèse. Il pila juste à temps pour se garer en face du Virgin Megastore. Complètement déboussolé, hagard, devant les rayons, il héla un vendeur, et selon son principe de la spontanéité inconsciente (une nouvelle théorie de management de la maison mère, des scientologues, à tous les coups), tenta le tout pour le tout.

- S'il vous plaît, je voudrais un truc pop, genre Boulez ou Varèse, mais coloré, hein, jeune, quoi, style "Love Is All", la, le truc de Butterfly Ball. Ou alors les 101 Dalmatiens. C'est pour ma fille.

Le vendeur, un moustachu cinquantenaire qui s'ennuyait au rayon classique en attendant son licenciement économique le fixa, des étincelles dans les yeux. Il bégaya :

- Ah... Euh... oui... c'est un très bon choix. Bon, normalement, c'est pas moi qui m'occupe du rayon Variétés Internationales, mais je vais vous chercher un disque qui devrait lui plaire.

Jean-Pascal s'impatientait. 23h10. A quelle heure rentrerait-il à Brie-Comte-Robert ??? Le vendeur semblait tout agité, brassant frénétiquement les rayons, hésitant entre le M et le Z, puis finalement revint en courant, essoufflé, un disque à la main.

- Vous avez de la chance ! J'étais sûr qu'on ne l'avait pas vendu, mais mes collègues sont parfois... on va dire débordés, ils l'avaient classé avec les S.

- Frank Zappa Studio Tan

Jean-Pascal prit le disque, le regarda - la pochette était quand même un peu bizarre, la gueule du type là-dessus... Il se rassura en pensant que cette théorie de la spontanéité inconsciente, décidément, semblait fonctionner, puisque visiblement le vendeur le regardait d'un air admiratif et passionné. Ce côté BD devrait plaire à Camélia, après tout. Il  passa à la caisse, rentra chez lui, et rassura Amélie, son épouse.

- J'ai trouvé un CD super pour Camélia. Elle qui fait du violoncelle depuis l'âge de sept ans... en plus c'est en anglais, c'est de la variété internationale, ça la fera réviser le programme de CM1. Il est quand même exigeant le module d'anglais, mine de rien, à l'Ecole Saint-Antoine-de-Padoue. Enfin, si elle veut pouvoir faire carrière plus tard...

C'était sa botte secrète. Parler du programme scolaire de sa fille à Amélie, lorsqu'il rentrait tard. Il connaissait par coeur la circulaire annuelle de l'Education Nationale, et là encore, la théorie de la spontanéité inconsciente faisait merveille ('faut que je décroche cette promotion, je la mérite, quand même, se dit-il) Amélie regarda le paquet-cadeau d'un air vague, l'embrassa mollement sur la joue et partit se coucher. Jean-Pascal décapsula une Hoegaarden, ouvrit la fenêtre de la cuisine et fuma une Dunhill.

Le lendemain, Jean-Pascal se réveilla tard. Il eut à peine le temps d'avaler un café et un lexomil avant que les amis de Camélia ne débarquent en furie. En même temps, un SMS lui rappela que son boss voulait le nouveau Business Plan pour 17 heures au plus tard. Jean-Pascal alluma son macbook, puis alla voir les gosses.

- Hello, les copains, where is Jenny ?

- Jenny is in the kitchen ! répondirent-ils tous en choeur.

- Très bien les enfants ! Voici ton cadeau, Camélia, c'est un disque d'un monsieur anglais qui fait de la musique de variété très internationale et pop comme Boulèse. Papa aime beaucoup. Vous allez écouter ses chansons, et vous me direz de quoi ça parle, à la fin.

- No problem sir, you can count on me to help your daughter if there's a misunderstanding !

Merde. Kevin était là aussi. Pas invité, celui-là... Kevin était le fils du DRH, venu spécialement de Los Angeles l'an passé pour s'installer dans la région lorsque Big Swifty Inc. avait racheté la boîte. Jean-Pascal serra les poings, et tenta de maîtriser son agacement. Kevin parlait évidemment parfaitement anglais, et osait même le reprendre (No, Monsieur, you have say This, not Zis,maybe you'd better work with the Russians, might be easier for ya !). 10 ans à peine, et déjà méprisant comme son père... Foutue journée.

Jean-Pascal mit le CD dans la platine, et s'isola dans la cuisine avec une thermos de café bien noir. Il avait du boulot. Un sacré boulot.

- - - - -

Un an plus tard, lors de la procédure de divorce, on reprocha à Jean-Pascal d'avoir laissé les enfants jouer au pécari - au cochon, si vous préférez - dans le salon, peints en rose avec la peinture à l'huile qui devait servir à refaire la salle de bain le week-end suivant, et de les avoir laissés se battre à coup de muffins pendant toute la journée. Lorsque la police intervint, à la demande de la mère de Kevin, les gamins chantaient Now Here Cooomes Greggery, Greggery Peccary debout sur le canapé, tout enveloppés de papier toilette. La maman de Hugo avait retrouvé son fils nu sur la table du salon, chantant à tue-tête Let Me Take You To The Beach, La La La La La La La La La La.... Le petit frère de Camélia bavait dans son landeau, émettant des RDNZL, RDNZL incompréhensibles et inquiétants et l'interne du SAMU décida de l'hospitaliser pour vérifier si le ketchup qu'il avait dans le nez n'avait pas provoqué des lésions pulmonaires irréversibles.

Camélia passa les cinq années suivantes en hôpital psychiatrique, et décréta un jour qu'elle se sentait bien, prête à renaître au monde. Elle venait de finir de déchiffrer la partition de Revised Music For Guitar And Low Budget Orchestra.

Gare à vous !

Rappel des participants :


Jimmy Jimmereeno du mirifique Club Des Mangeurs De Disques

Charlu des délicieuses Chroniques De Charlu

La Rouge de la magnifique Chambre Rouge (qui n'est pas certaine de pouvoir assurer, mais qui nous soutiendra quoiqu'il arrive)

Warfleloup du formidable Warfleloup's Blog

MaN de l'excellent Manifesto

Marius Perlinpimpin du génial Canut Brains (Qui n'est pas certain de pouvoir assurer toute la semaine, mais qui tenait absolument à débuter avec nous tous.)

Devantf (Antoine) de l'extraordinaire Get Happy !!!

Mister Moods de la divine Caverne D'Ali Baba

Toorsch du somptueux Grenier Du Rock
http://legrenierdurock.blogspot.com

Le sensationnel Pascal Arcade (Dont je ne sais pas encore d'où il postera.)

Le phénoménal Everett W. Gilles (Qui postera dans les commentaires du Club.)

Zer du dantesque Church Of Zer
http://churchofzer.blogspot.com/

GCDBMDD #2 : Patti Smith "Horses"

Thème du jour : Rock'n'Roll Is Here To Stay


Dieu a créé la terre en sept jours, les hommes en cinq minutes, qui forniquèrent un quart d'heures plus tard et furent condamnés à travailler pour vivre et à enfanter dans la douleur. Depuis, Dieu essaie de sauver les hommes, mais il n'avait qu'à pas casser ses jouets.

Et quelques siècles plus tard, ils inventèrent le rock'n'roll, en cinq minutes également, même moins. Et depuis ce jour, que j'éviterai de dater pour le pas froisser qui féru d'Elvis, qui dingue d'Eddie Cochran ou de Buddy Holly, de sombres prophètes tentent de prédire que le rock est mort, mais sans grand succès. Finalement, le rock'n'roll rend le travail plus supportable et la fornication toujours aussi agréable.

Jesus died for somebody's sins but not mine.

Et toc, c'est dit, on pourrait s'arrêter là. S'ensuit le Gloria des Them, mais version In Excelsis Deo. Merci mon Dieu pour le rock'n'roll, même si c'est pas toi qui l'as fait. Envoyé crânement par cette fille, Patti Smith, avec un groupe derrière loin d'être des musiciens de haute volée. Vaguement journaliste, arrivée à la croisée des années 1970, traînant avec Dylan comme avec les sulfureux Blue Oyster Cult (ce groupe était dangereux, rappelez-vous), mettant la première un pied dans la porte du CBGB's avec la bande à Tom Verlaine et les autres.

Pas franchement une voix inoubliable, pas franchement des bons musiciens, mais tout à l'arrache, à la tchatche, au culot, et voilà ce truc sorti de nulle part, irritant au possible pour les uns, irremplaçable pour les autres. Ce que le Bon Dieu appellerait une création.

Je ne vais pas vous faire le détail de l'album par le menu, vous le connaissez sans doute tous. Rock'n'roll is here to stay, c'est ça l'objet. Et ce disque, faute d'avoir gambergé à trouver l'album parfait pour illustrer la maxime, me permet de poser quelques questions. Qu'est-ce que le rock'n'roll ? On ne trouve pas franchement de trucs à la Chuck Berry sur ce disque, plutôt des plaintes, des râlements, de l'émotion ras-la-gueule. Et pourtant, pour ma part, mon humble part, c'est l'album le plus rock'n'roll que je connaisse, qui me vienne à l'esprit. De l'émotion, de l'audace, ce besoin de tout révolutionner, tout y est. Et peu importe le solfège, la rythmique et l'harmonie.

Pour avoir eu l'honneur de voir Patti Smith déclamer ses poésies au petit théâtre d'Auch, je certifie, Madame est rock'n'roll. Dans ce lieu qui se voulait chantre de la culture locale, elle s'est fait la voix en commençant par lâcher un gros glaviot, méprisant de fait l'académisme de la chose. De la poésie, mais avec les tripes. Du rock'n'roll, non ? Tiens, pendant que j'écris ça, la voilà en pleine envolée de Free Money. Oui, je réponds à la question, oui. Sauf à lancer le grand débat, y a-t-il une différence entre le rock'n'roll et le rock ? Ah non, pitié, pas ici, pas maintenant...

Et puis ceux qui douteraient de la hargne de la dame pourront écouter sa version live de My Generation (tiens, un autre bon candidat pour le thème d'aujourd'hui, les Who...), face B de l'époque, avec John Cale à la basse. Tout est là. Tout était toujours là, en 1975 et après. Rock'n'roll is here to stay. On n'en sort pas. That rock'n'roll, it saved my life, chantait Daniel Johnston, même si on peut raisonnablement douter de l'effet sur sa santé mentale, mais on s'en fout. Qui est fou ? Qui ne l'est pas ? En tout cas, une chose est sûre, on ne s'en sort pas.

J'en veux pour preuve le deuxième CD, la version de Horses enregistrée trente ans après (quoi ? c'est de la triche pour le concours ? J'y peux rien si Sony l'a fait...). Pour une fois, une édition Deluxe aura un intérêt au moins démonstratif, faute d'être indispensable. Elle m'aura servi pour ce post difficile, ce deuxième disque est en partie à l'origine de mon choix : on aurait pu penser la Dame assagie, sortant des disques pour enfants, luttant pour sauver les baleines et basta. Elle qui avait quitté la scène en pleine gloire en 1980 (bonne idée, une sale époque débutait) avec le sentiment d'avoir tout dit, c'est raté. On n'arrête pas le rock'n'roll comme ça. Ecoutez-moi donc la furie avec laquelle, à 59 ans elle vous renvoie le même psaume dans la figure. Ca sent bien sûr le déjà vu, déjà entendu, ça sent le commercial à plein nez (la dame venait de signer chez Columbia, avec beaucoup de fierté et d'émotion car "c'est le label de Dylan" (dixit sur son blog de l'époque)), ça n'est pas essentiel, mais le fait est là, elle balance toujours. Et sa version de 17 minutes de Land, dans lequel la tigresse montre des griffes toujours aussi acérées, retombant sur ses pattes avec le Gloria de départ, cette fois complètement hargneux, ou encore l'apocalyptique My Generation final m'en soient témoin.

Alors je souhaite bonne chance aux extrémistes cul-bénis de tous ordres, qui se passent les disques de rock'n'roll à l'envers (bon, ok, avec les Blousons Noirs à Jimmy ça peut être une bonne idée) histoire d'y entendre des messages sataniques qui justifieraient leur stupide abstinence. Eh les gars, je suis sûr que si vous écoutiez les disques de Led Zep dans le bon sens, ça vous plairait d'avantage.

Voilà, tentative de justification en deux temps, le post le plus raide de la semaine (en ce qui me concerne) est fait. Et j'ai réussi à ne pas citer qui vous savez, hey, hey ! mais si, un canadien qui chantait un truc comme ça. Ca  paraissait crétin comme thème, mais à vous faire tourner bourrique. Roll, baby, roll. 

Talking 'bout my generation ? Et les suivantes... et les suivantes...

PS : J'ai oublié, il y a une part de frime dans le rock'n'roll. C'est pour ça que je vous ai mis la jaquette dédicacée par la Dame en personne et en vignette... Mouarf, comme dirait Lyc.

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lundi 28 novembre 2011

GCDBMDD #1: Dave "Doux Tam-Tam"

Thème du jour : L'album le plus craignos, mais ah ! que je l'aime !


Franchement, qui aurait refusé le boulot, en 1974. Il s'agissait de reprendre une chanson de Del Shannon, avec des paroles certes aussi plates que la Hollande natale dudit Dave qui se chargea de l'affaire. C'est plutôt sympa, non, pour quelqu'un qui a un minimum de culture et d'amour du rock'n'roll, que de se lancer comme ça ?


Vanina fit donc le tour de l'hexagone, ce qui n'est géométriquement pas facile, et le hollandais s'envola vers une carrière inespérée et au demeurant fort rigolote. Oh Laura Mon Coeur Est Malade, Lettre A Hélène (euh... y'a pas de filles aux Kerguelen, Dave... private joke ?), jusqu'au fond du tréfond de la variété franchouillarde, et jusqu'à l'oubli. Ceci dit, toute cette affaire vexa fort Joe Dassin, alors au creux de la vague, Joe Dassin qui avait déjà bâti son fond de commerce sur des reprises choisies sur la base de l'ignorance du français moyen (Johnny Nash, Billy Joël, Joni Mitchell, c'est des coureurs cyclistes ?). C'est qu'on ne parlait pas d'art, à l'époque. On laissait ça à Brel, Brassens et Ferré, et on partait avec le tiroir-caisse. De préférence lonely at the top, histoire d'en palper un max.

Et Dave palpa, c'est sûr. A tel point que le monsieur vit aujourd'hui dans un quasi-oubli, heureux comme tout, s'amusant à chanter Vanina une fois tous les dix ans sur TF1, à sortir un album vite oublié tous les cinq ans (Dave chante les plus belles opérettes, Dave ceci Dave cela...).

Dave peut tout faire, y compris, là, sans crier gare, reprendre ces vieux trucs vaguement rock'n'roll ou doo-woop, avec de chouettes musiciens, et vous tomber dessus par derrière alors que vous ne vous y attendiez pas. Doux Tam-Tam...

Qui se souvient aujourd'hui de ces Come Softly To Me, To Watch The Girls By (devenu L'Attraction Des Coeurs), Deep Purple (La Belle Endormie), etc. J'aurais moi-même beaucoup de mal à renseigner le quizz et retrouver l'interprète original derrière tout ça. Et peu importe, car Dave est un interprète original. 2004 ne me rappelle que de bons souvenirs, sans doute est-ce pour ça que j'ai fondu la fois où j'ai entendu son Doux Tam-Tam (sur France Inter, vous le croyez ?) et que j'ai chopé la galette (laissant le beurre à Dave, c'est le but). Et chaque fois que je l'écoute, c'est une sorte d'alchimie surprenante qui se crée : le ringard devient sublime, le sublime devient ringard. On n'a même pas envie d'écouter autre chose, c'est bête mais c'est bien.

Bien sûr, j'avoue que j'ai du mal à me faire l'album en entier. Dans les nounours Haribo, j'ai jamais aimé ceux à la réglisse, par exemple. Et j'ai toujours été malade quand je me suis enfilé le paquet entier. Et là c'est pareil, hop, j'en pioche un, miam. C'est écoeurant mais rigolo et on en prend un autre. Tenez, la reprise du Je T'Appartiens, dans sa version rosbeef, Let It Be Me (le monsieur ne manque pas d'humour, au passage, la seule chanson française du lot, faut qu'il nous la fasse en anglais !) avec Kerenn Ann, c'est mignon tout plein. Ca ne dure que trois minutes trente, ça s'oublie très vite, mais c'est mignon. Et je resterai muet sur les deux autres bonux, pardon, bonus. Les amateurs de David Lynch apprécieront... C'est mon côté cruel, je sais, mais j'en rie d'avance et sous cape.

Et jusqu'à la pochette : Dave, au bord de sa belle piscine, fringué cool (genre : je fais rien de la journée, grâce à vous, merci), on dirait presque un vieux vinyle anglais des sixties.

Alors oui, voilà un album magnifique pour ne rien faire, et surtout ne penser à rien. Les textes sont idiots, la musique sympa, tout cela fait un cocktail fort sympathique pour les jours où un Gérard Manset vous donnerait l'idée de plonger dans la-dite piscine avec un pavé autour du cou.

Depuis ce bel effort, Dave a sorti un autre album qu'il ne m'est même pas venu à l'idée d'écouter (ce qui me rassure, quand même, sur mon état mental et émotionnel), et vient de re-sortir ses vieux tubes en version soul. C'est ridicule, mal fait, mais si on peut refaire la toiture grâce à la nouvelle mode lancée par Ben l'Oncle Soul (même les français deviennent funky, on aura tout vu), voire changer la porsche, alors allons-y.

J'attends désespérément l'album country, mais je me demande même s'il ne l'a pas déjà tenté.

...Ca fait du ram-dam ?

PS : Vivement demain quand même, hein. Je sens que la visite des autres blogs va m'achever...

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dimanche 27 novembre 2011

Leonard Cohen "Do I Have To Dance All Night"

Cocorico. Oui,  cocorico. C'est marqué, en-bas, à gauche de la pochette du 45 T, ce vieux logo datant du temps où le service public existait encore réellement, et faisait son travail d'intérêt général. Sorti uniquement dans notre beau pays, par la grâce d'une station de radio qui avait eu la géniale idée - et l'autorisation, sans doute - de capter ce concert de Leonard Cohen à l'Olympia, en 1976.

A chipoter, ils auraient pu se débrouiller d'en sortir un double-album. A applaudir, on se dit que l'essentiel est sauvé. Do I Have To Dance All Night, qui avait du à l'époque passer pour un titre un peu - euh... rock ? - du Canadien, reste aujourd'hui inédite, perdue, malgré toutes les rééditions, remasterisations e tutti quanti.

Et pourtant, quelle chanson ! Un copain de ma soeur, fils d'instit' (forcément ?) lui avait prêté le 45 tours. Et c'est avec ça que j'ai découvert Cohen. La vie, pour moi, était simple à l'époque, du haut de mes dix ans. J'avais commencé à accrocher à Dylan, et j'avais compris que les artistes commençaient tous leur carrière avec une guitare sèche, puis passaient à l'électricité. Et Cohen de me le prouver, après l'écoute de ce best of jaunâtre et acoustique que chérissait ma soeur.

Aujourd'hui j'ai 45 ans, et cette chanson, mon dieu, comment elle résonne dans ma tête. Un texte immense, cynique et dur, comme on en imaginait pas à l'époque de Suzanne qui vous servait du thé avec des oranges (n'en déplaise à Graeme Allwright). Un texte qui préfigurait First We Take Manhattan, The Future et tous ces trucs qu'il sortira bien longtemps plus tard. Et la version blues rock (ne riez pas) de The Butcher sur la face B nous rappelle qu'il n'a jamais dit autre chose que ces vérités tristes et sans espoir. Même masquées derrière un accompagnement folkeux que nous ne pouvions qu'entendre en lieu et place de ces sentences.

A l'époque, Cohen s'apprêtait à sortir Death Of A Ladies' Man, produit avec un flingue sur la tempe par Phil Spector (et disponible chez Lyc,  c'est bon à savoir), et c'était le début de la bérézina : exit la guitare sèche, bonjour les arrangements pompeux (ou majestueux, c'est selon). Genre, je ne suis pas le folkeux que vous croyez. Don't Go Home With Your Hard-On, y chantait-il, mais qui pouvait comprendre, même à France-Inter ? Tout cela un an avant les punks ?

Voici donc un 45 tours collector de chez collector, histoire de passer un dimanche à réfléchir à tout ça, la vie, les bouchers, les agneaux... On a tous vieilli, ce truc a pris un sens incroyable, et peut-être même tellement insupportable qu'il n'est pas du ressors de Sony Music que de rééditer cela. Peut-être ne faut-il se rappeler que du thé et des oranges qui viennent toujours de Chine. Et tout ça.

A vous de voir.

Ceci chti73-dit, si quelqu'un a un lien vers un bootleg des concerts de l'époque, je suis plus que preneur, et les commentaires lui sont ouverts. Ne me dites pas que France Inter a jeté les bandes.

Et hop, un petit zippy, à la façon d'Antoine :

samedi 26 novembre 2011

#93: The Walkabouts "Devil's Road"

... J'ai bien failli le garder pour le Grand Concours des Bloggers Mangeurs de Disques - pour samedi prochain en fait (les initiés comprendront, les autres n'avaient qu'à jouer...) - tellement ce disque me remue de fond en comble, comme d'ailleurs ce groupe, The Walkabouts. Mais finalement, je me suis repris une telle claque en re-écoutant Rebecca Wild que je ne pouvais plus attendre. Rebecca Wild... Une chanson qui fait remonter en moi à la fois le Nick Cave des Murder Ballads et toute l'Anthology Of American Folk Music. Allez savoir pourquoi...

Pourquoi, c'est simple. Une sorte d'ambiance ténébreuse, bizarre, magnifiée par ces cordes, ce vibraphone... Une chanson qui explique largement pourquoi un groupe comme REM s'est sabordé (respect, les gars, vous aviez fait votre temps), sans être jamais arrivé à égaler les instants les plus forts d'Automatic For The People malgré toutes ces années. Et puis, dans 2000 ans, on la redécouvrira et on la mettra au même niveau dramatique qu'une Pretty Polly (interprétée par qui vous voulez, elle s'est ancrée dans l'inconscient collectif depuis déjà une bonne centaine d'année, celle-là). American Folk Music, il s'agit bien de cela.

Après des débuts prometteurs, les Walkabouts ont attiré les mauvaises critiques, tout le monde leur est tombé dessus. Merci aux Inrockuptibles de n'avoir laissé aucune chance en France à ce groupe. Sympas, les mecs. C'était un petit jeu entre vous, de les descendre systématiquement ? Ha ha ha que c'est drôle. Pourquoi ? Parce qu'ils n'étaient pas assez grunge pour Sub Pop ? 'Collaient pas à votre petit schéma minable et simpliste ? Et si ça sortait aujourd'hui, ils seraient trop/pas assez quoi ?

Et pourtant... nourris à la musique traditionnelle pour de vrai (et leur dément album de reprises A Satisfied Mind en témoigne) et pas comme tant d'autres, rajoutant la couche Velvet Underground dans leurs influences comme une logique imparable, avec tout ce qui va avec et qui serait trop long à citer ici, Chris, Carla et la bande avait tout pour faire mouche. Mais la mayonnaise ne prit jamais, et malgré de purs joyaux descendus à boulets rouges à l'époque (Setting The Woods On Fire), les deux époux durent se fader des tournées acoustiques en Allemagne histoire de bouffer, ce qui leur valut d'ailleurs de signer avec la branche Teutonne de Virgin et de pouvoir sortir cet album.

Dans un violent effort, ils tentèrent ce Devil's Road. Sans le sou, les cordes (des vraies cordes, pas des Session Strings pour le sampler Kontakt de chez Native Instruments - n'importe qui fait à peu près la même chose aujourd'hui devant son PC pour 80 euros...) furent enregistrées dans les pays de l'Est (l'orchestre de la radio polonaise de Varsovie), où comme eux, on crevait de faim. L'album resplendit de bout en bout, quelques notes de pedal-steel par ici, un arpège de piano par là, des guitares délicieuses partout et...

Prout.

Tout le monde s'en fichait, s'en fiche, s'en fichera.

Un des plus beaux albums d'Americana, au sens moderne du terme, rempli des fantômes de Gene Clark, de Maybelle Carter, trop heureux de n'être pas morts pour rien et d'avoir vécu pour ça, un diamant noir, brillant comme un sapin de Noël, tout enluminé d'émotions, et non, rien, que dalle.

Oui oui, je sais, il y en a tant comme ça. Vraiment ? A ce niveau-là, j'en suis pas sûr. Ecoutez juste Forgiveness Song, un soir, là, tout seul, comme vous savez si bien le faire si vous êtes comme moi, à la triste lueur d'une lampe de chevet. C'est la dernière chanson de l'album. La dernière. Et si par hasard ou par miracle (et je vous le conseille) l'album repart en boucle, je ne serai pas responsable de l'état émotionnel dans lequel The Light Will Stay On devrait vous embarquer.

Vous me direz.

vendredi 25 novembre 2011

GRAND JEU SANS FRONTIERE DES BLOGGERS MANGEURS DE DISQUES : Les participants



Attention ! le jour fatidique arrive à pas de géant...

Voici la liste des participants avec le lien menant à leur blog :

Jimmy Jimmereeno du mirifique Club Des Mangeurs De Disques

Charlu des délicieuses Chroniques De Charlu

La Rouge de la magnifique Chambre Rouge (qui n'est pas certaine de pouvoir assurer, mais qui nous soutiendra quoiqu'il arrive)

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Le sensationnel Pascal Arcade (Dont je ne sais pas encore d'où il postera.)

Le phénoménal Everett W. Gilles (Qui postera dans les commentaires du Club.)

Voilà, j'espère n'avoir oublié personne, auquel cas il faudra me le signaler le plus tôt possible. Jimmy et moi-même (Je suis le bandit qui a pondu les thèmes !), nous remercions les participants d'être aussi nombreux et enthousiastes. Nous remercions également les membres et visiteurs qui nous ont envoyé des messages de soutiens.

Dès lundi, ça fait chauffer !

jeudi 24 novembre 2011

#92: Christy Moore "Whatever Tickles Your Fancy"

Christy Moore est une sommité, une montagne, un roc. Barde officiel de la ballade irlandaise, c'est un monstre d'intégrité qui n'a jamais hésité à partir au front quand les conditions lui dictaient l'action (les sombres années Thatcher, Bobby Sands, tout ça). Voilà qui devrait faire réfléchir plein de petits rockers/chanteurs glapissant des protestations histoire de dire qu'ils sont révoltés et de repartir avec le pactole.

Christy Moore a été LE passeur, dans ces lointaines années 1970, naviguant entre folk pur et soyeux avec Planxty et chansons plus austères, à l'accompagnement minimal (un grand adepte de Woody Guthrie, ça n'étonnera personne), en passant par le rock version euh... fusion/jazz/world (? no se ?) avec Moving Hearts. Quitte à ne pas se mettre en avant, quitte à tambouriner du bodhran pendant que des Donal Lunny, Andy Irvine, Davy Spillane et autres Liam O'Flynn menaient la danse.

Christy Moore est toujours, plus qu'un interprète, une voix terrible de douceur et de peine mêlées, capable de transformer un navet en sonate, par la simple grâce de sa spontanéité et de son talent.

Et Christy Moore, jusqu'à ce jour, n'a pas eu droit au chapitre sur ce blog, si ce n'est indirectement, via un post du (merveilleux) live de Planxty d'il y a trois mois. Et c'est peut-être ça le plus fou.

Pour autant, quel album choisir ? L'homme s'est parfois fourvoyé dans des arrangements cédant à une modernité discutable (ouh, ces synthés FM qui lui ont pourri bien des albums, malgré leur discrétion), mais s'est souvent élevé tellement haut qu'il est cornélien de choisir.

Alors j'ai choisi cet album de 1975, un peu atypique mais tellement clinquant : Ici, c'est le concept de la face acoustique (plutôt fréquent chez lui) et de la face électrique (cas presque unique dans sa discographie puisque lorgnant vers le classic rock, voire le folk électrifié façon Alan Stivell de l'époque). Et puis la pochette est superbe, et puis...

...Il y a January Man. Vous savez, ces chansons qu'on entend une fois et qui paraissent éternelles, celles dont on dit pendant les 4'35 qu'elles durent qu'elles sont la plus belle chanson jamais écrite (et surtout jamais chantée). Un texte d'une poésie rare (la vie d'un homme en une année, ne riez pas, c'est beau et juste à rêver), une mélodie renvoyant Nick Drake au pupitre de clarinettiste de la fanfare de Stratford-upon-Avon, un arrangement délicatement désuet façon seventies, là encore, tout, mais vraiment tout y est. January Man... Non, j'arrête, savez-vous que j'en pleurerais, de celle-là ? Tout le reste de la face acoustique est un bien bel écrin pour ce chef-d'oeuvre. L'homme sait garder l'attention de l'auditeur a cappella avec son bodhran, rappelle (déjà, en 1975), le racisme ordinaire envers les tinkers, ces gitans irlandais partis errer sur les routes lors de la grande famine, dans une protest-song largement digne d'un Dylan (The Moving-On-Song), et le doucement coquin Bunch Of Thyme, qu'on imagine chantée à l'époque élisabéthaine aux petites filles pour se méfier des méchants bellâtres, merveilleux.

La face électrique déboule avec la renversante histoire d'un Tim Evans pendu par erreur (The Ballad Of Tim Evans), qu'on aurait pu rêver reprise par un Rory Gallagher, au hasard. Hargneuse et électrique en diable, pâtinée du son de l'époque, ça envoie. Jamais on ne l'entendra plus s'énerver ainsi. Who Put The Blood et Van Diemen's Land (oui, comme U Truc) sont majestueuses de langueur et de retenue, et le  Trip To Roscoff prend majestueusement One Last Cold Kiss, pas loin d'égaler January Man, par surprise. Si vous poussez un aah ou un ooh à ce moment précis, c'est tout à fait normal. An Dro Nevez, comme disait l'autre. D'après le Daily Mirror, Mike Scott aurait fait pipi dans sa culotte en l'entendant. Malheureusement, le son est un peu pourri sur celle-là. Ca a du sortir une seule fois chez Polydor, en Irlande uniquement*, et ça n'a jamais été remasterisé, l'ingé son ayant sans doute laissé le compresseur à fond à l'époque, parti boire une Guinness pendant ce temps. On ne rappellera jamais assez les dangers de l'alcool

Et on ne rappellera jamais assez que le talent de Christy Moore aurait dû, dans un monde parfait, dépasser largement les falaises de Moher et les pubs de Dublin.

Si celui-ci ne vous convainc pas, oubliez Christy Moore. Vous ne seriez pas le premier.

Go ! Move ! Shift !

*(NDLR : en fait, il semblerait qu'il soit sorti en CD, couplé à son Black Album, sur un obscur label Australien, si l'on en croit Amazon. Christy Moore franchit donc les frontières, mais ne semble à l'aise que sur une île...)

mercredi 23 novembre 2011

#91: Jorge Ben "A Tabua De Esmeralda"

Je suis un gars simple, j'ai été élevé au Sol majeur/La mineur, et de fait, la délicatesse et la complexité des harmonies brésiliennes m'ont toujours laissées de marbre. Il m'a fallu ces six mois en Martinique, cette cassette de Jorge Ben, pour que l'alchimie se crée.

Les puristes me rétorqueront que Jorge Ben, c'est d'avantage de la variété teintée de bossa ou de samba que de la musique brésilienne pure roots. A ceux-là je répondrai tant mieux. Qu'ils essayent ce disque fabuleux, qu'il m'a fallu des années avant de retrouver en CD. J'en étais arrivé à m'autoriser parcimonieusement la cassette, de peur que la bande ne se transforme en spaghettis et que la musique ne soit perdue à jamais.

Jorge Ben est un gars étrange, passionné de foot paraît-il comme d'ésotérisme (y'a qu'à voir la pochette, les titres parlant d'alchimistes et d'Hermes Trismegiste...). Alors évidemment, les extrêmes se retrouvent dans sa musique. Des arrangements de cordes fabuleux, des choeurs d'anges, une rythmique des plus occidentales (pour ne pas dire pop, on est pas chez Blur quand même), et ces harmonies teintées de bossa. Typiquement Brésilien, oserais-je dire ? De ce pays qui a accumulé les cultures des divers colonisateurs comme des millefeuilles. Bof, pas d'ethnomusicologie ici, c'est tout simplement un moment de délice. Pas étonnant que l'influence de Jorge Ben ait été palpable jusque dans notre beau pays (qui ne connaît pas le Fio Maravilha repris par Nicoletta), et Rod Stewart se mord encore les doigts de lui avoir piqué son Taj Mahal pour son Da Ya Think I'm Sexy. Royalties nada pour le Disco Mod ce coup-là...

Parfait pour se préparer à un automne qui va finir par nous tomber dessus, idéal pour lutter contre le blues, merveilleux tout simplement autant qu'étrange. Inutile de citer des titres en particulier, déjà c'est trop dur à retranscrire, le brésilien, et tout ici est excellent. Vous y trouverez le fameux Brother, sorte de My Sweet Lord exotique, pour les amateurs de tubes. Un truc efficace au possible pour tutoyer les cieux.

L'alchimie pour les nuls, en quelques sortes.

Baixe O Disco

lundi 21 novembre 2011

#90: Malicorne "Concert Exceptionnel Aux Francofolies De La Rochelle"

Hmm... vu le grand concours de la semaine prochaine, on peut s'attendre à une semaine, comment dire... toute en retenue... Ne pas griller ses cartouches, ne pas donner des idées aux collègues...

Pour autant, on ne peut pas rester là sans rien faire, comme ça, en attendant ?!!

Alors je me suis fait mon petit jeu tout seul, ne sachant pas trop quoi poster ce soir. J'ai fait le coup du plouf-plouf, j'ai pris un disque au hasard dans la première pile venue et hop, tiens, tu le postes. Le hasard fait bien les choses, je ne l'aurais pas posté la semaine prochaine, et en plus, quel disque !

Faut-il rappeler qui fut Malicorne ? Groupe de folk essentiel des années 1970, défricheur d'arrangements osés pendant que d'autres se contentaient de jouer au boy scout avec un dulcimer et un banjo, un chanteur sublime, Gabriel Yacoub (voir par exemple sur la défunte Caverne d'Ali Baba pour le magnifique Bel que j'y avais posté grâce à la gentillesse de Mister Moods (il me tarde l'Année du Dragon...) avant de voler de mes propres ailes), quelques erreurs d'aiguillage sur la fin (une fusion rock/folk assez ratée sur certains albums) et puis plus rien. Yacoub se fit poète, Hughes de Courson tenta des métissages osés (Mozart l'Egyptien, au hasard) et plus personne ne voulut entendre parler du groupe jusqu'à cette re-formation exceptionnelle (dans le sens, unique, au moins) aux Francofolies de la Rochelle... Et le live (incomplet en CD), témoin de ces instants qui ont dû être magiques.

C'est un Malicorne sorti de l'Almanach qu'on retrouve ici, humble et généreux. Les arrangements sont toujours aussi mirifiques, les morceaux qu'on connait tous (Pierre de Grenoble, L'Ecolier Assassin, tout ça) n'ont pas vieillis, si patinés de la chanterelle traditionnelle qu'ils étaient déjà à l'époque, le peu de modernité qui leur est accordé les fait briller de mille feux. Une faille spatio-temporelle dans laquelle je me morfonds encore de ne pas m'être glissé à l'époque...

Seul bémol, manquent ici les duos présents sur le DVD - pas forcément indispensables d'ailleurs, si ce n'est Quand Je Menais Mes Chevaux Boire interprété avec sensibilité par le très grand JP Nataf - dommage...

Heureusement, en bonus caché, figurent ici deux morceaux du set préalable de Gabriel Yacoub (la soirée s'intitulait Gabriel Yacoub invite Malicorne, initialement), Je Resterai Ici et Les Choses Les Plus Simples, deux de ses plus belles chansons, bizarrement placées en fin du disque, comme pour rappeler que son présent, son futur, c'est définitivement ces chansons subtiles et délicates. Belle introduction à son univers en tout cas.

Pour les néophytes, ce live constitue une belle approche. Certains plongeront plus loin dans les grimoires du groupe, voire du folk français de l'époque (et je me permets ici de vous conseiller ce blog http://frenchprogrockfolk.blogspot.com/, on y trouve des choses assez dingues qu'on aurait tord d'oublier, pour certaines d'entre elles).

J'aurais bien aimé avoir vu le loup, le renard et la belette...

dimanche 20 novembre 2011

GRAND JEU SANS FRONTIERES DES BLOGGERS MANGEURS DE DISQUES !!!


Le principe est simple : chaque blogger poste un disque correspondant au thème du jour, avant minuit, pendant une semaine.

Les thèmes choisis seront communiqués par mail à chaque participant dès réception de son inscription. Plus vite vous êtes inscrits, plus vous aurez de temps pour concocter le post qui tue.

La joute démarre lundi 28 novembre, jusqu'au dimanche 4 décembre.

Chaque blog participant affiche la liste des joueurs (qui vous sera communiquée bien sûr) sur un post dimanche 27 au soir, et c'est parti !

Le lundi 5 décembre, chaque blog participant affiche la liste des disques postés, jour par jour, pour chaque blog (on se chargera de vous donner un bilan à copier/coller, ça ne fera pas mal).

Les inscriptions sont ouvertes par mail chez Jimmy (mangeur.de.disques@gmail.com) ou Jeepeedee (jpdevin@gmail.com) jusqu'à vendredi soir minuit.

#89: Yves Simon "Rumeurs"

Quand c'est fini Annie Annie ça recommence ! Eh oui, l'ami Yves Simon, après s'être vautré dans la daube durant les années 1980-90, après avoir jeté l'éponge de la chanson pour nous écrire 25 fois le même bouquin, est revenu miraculeusement sur terre en 2007. Avec un album littéralement somptueux, acoustiquement délicieux (ou l'inverse), fragile comme au bon vieux temps.

Après toutes ces années, c'est comme si l'artiste s'était miraculeusement souvenu de ce qu'il y avait de formidable dans ses premières chansons. Comme s'il avait retrouvé une patte que l'on pensait définitivement empaillée. Les méchants diront, bof, il se souvient de vieilles recettes de cuisine, c'est tout. Bien sûr. Des merveilles comme Marguerite ou encore Des Oursons Blancs Dans Nos Bras sont faites de ses vieux démons, elles auraient pu être enregistrées en 1973, pratiquement telles quelles (Je T'Emmènerai, combien de fois nous l'a-t-il faite celle là ?). Mais la vie n'est pas faite que de sushis et de cuisine nouvelle, et que celui qui renâcle contre une bonne vieille potée auvergnate me jette le premier bout de lard.

Alors, pour vous faire plaisir, je dirai même que tout n'est pas génial (Irène, Irène par exemple, on dirait du Voulzy qu'aurait fumé la moquette... tant pis, La Rumeur, bof bof, aussi, et une ou deux autres pas inoubliables, juste agréables).

Mais j'ajouterai surtout que nombre de chansons ici présentes sont belles à pleurer. Encore plus belles, encore plus à pleurer qu'en 1973. Parce que là, l'homme est viellissant, face à ses échecs, et se perd dans une nostalgie fatalement délicieuse même si évidemment terrible (Cet Enfant, beau à pleurer, et l'on oubliera-taira la référence de l'intro à son propre Caroline des Yvelines, on écoute et on se tait, là), et quand il partage cette nostalgie avec une Françoise Hardy sur la même longueur d'onde (Aux Fenêtres De Ma Vie), on tient la plus belle chanson française des années 2000, pas moins.

A un âge où il a tout tenté, où des gens comme moi lui reprochent peut-être un peu trop vertement d'avoir essayé d'aller un peu trop de l'avant dans une mauvaise direction, Yves Simon rappelle qu'il est encore capable de nous en sortir des douzaines, des chansons comme on les aimait. C'est un peu la parabole du fils perdu, de la brebis égarée, quelque part. Je ne veux pas entendre le mot "opportunisme" ici, sinon je brise le lien.

Bienvenue chez toi, Yves. Tu sais, j'ai fait exprès d'oublier le pas bon pour ne pas être méchant. Quand tu veux tu nous en ressors un pareil...

Le meilleur album que la chanson française  nous ait produit dans les années 2000, c'est là, c'est toi