J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

lundi 29 avril 2013

#166 : Black Sabbath "Paranoid"

...Pour faire suite au This Is... Black Sabbath de Keith Michards, qui, fidèle à sa marque de fabrique, propose une bien belle compilation évitant superbement et crânement le Greatest Hits. Mais comme disait Georges Clémenceau à Jimmy Page, Black Sabbath est une chose trop sérieuse pour la confier à des métalleux.

N'empêche, putain de merde, même si ça sent la chronique de la mort annoncée, Tony Iommi étant rattrapé par un vilain crabe, alors autant verser les larmes de crocodiles dans un dernier sabbat infernal, car l'hommage post-mortem sentirait par trop la vieille bigotte pleureuse. Et pourtant, c'est bien ce qui risque d'arriver en ce jour malheureux : A l'inverse d'un Led Zeppelin, Black Sabbath a longtemps, bien trop longtemps fait partie de ces groupes qu'il était douteux d'adorer. Déjà adolescent, il fallait éviter de les tatouer sur sa musette américaine, au même titre que Saxon, Iron Maiden et autres Whitesnake. Tout ça parce que le grand guignol assumé de cette bande-là ne faisait pas sérieux. Même pas peur, finalement. Pas d'histoire scabreuse d'escalier vers le paradis, de Dame qui sait que tout ce qui brille est or, etc. Ici, il est question de salade de rats, d'enfant des tombes, de funérailles électriques, bref, une attitude Rocky Picture Show plutôt qu'Exorciste. A peine plus crédible que l'affreux Eddy des Iron Maiden. Et les reality shows d'Ozzy Osbourne n'aideront pas le groupe à rentrer dans la légende. Cerise sur le gâteau, les soli ils sont tout pourris, et ça joue même pas vite. Et, si l'on en croit les notes de pochette du live sorti en 1997, les Black Sabbath avaient eux-même peur des signes sataniques qui leur sont apparu, évidemment. Hé les gars, ça serait pas plutôt au niveau du nez qu'il y a un problème ? Hein ?

Je vous passe la comparaison d'un Tony Iommi avec un Ritchie Blackmore, qui lui jouait vite et écoutait Bach, ou un Jimmy Page qui jouait vite mais savait aussi jouer de la guitare acoustique, ce qui, vu notre maigre budget et vu la transportabilité de nos guitares classiques nous arrangeait bien pour draguer. Nous jouions de la guitare sèche comme Led Zeppelin, et, tu comprends, le solo là je peux pas le jouer, ça rend pas sur une acoustique, mais bon, à la maison je le joue sur mon Ibanez. Dieu m'est témoin que ces choses-là étaient importantes. Je dois ma première guitare électrique à l'intro de Stairway To Heaven - tu vois maman c'est pas juste pour faire du bruit, c'est de la vraie musique.

N'empêche, une fois la poële électrifiée dûment gagnée, c'était autrement plus jouissif de jouer les deux accords de Paranoid que le riff de Black Dog. Tchaka-poum, vite fait bien fait, ah la jouissance adolescente. Tony Iommi, c'était presque possible d'entrevoir l'éventualité un jour d'arriver à refaire le solo. Alors évidemment, les pisse-vinaigres avaient vite fait de te décrédibiliser face aux Isabelles et aux Aurélies que tu aurais pu espérer épater. Y'avait toujours un Brice pour sortir que "mon grand frère qui joue super bien de la guitare il dit que Black Sabbath c'est nul".

Ben oui, c'est nul ! On louait tous l'immense tessiture vocale de Robert Plant ou Ian Gillan, mais Ozzy, il chantait comme un cochon qu'on égorge, et y'avait même pas de slow valable sur leurs disques. Envoyés crassement, c'était que du riff lourd, bref, à une époque ou Yes vendait des disques, ça craignait.

Il faudra attendre l'arrivée du death metal et des stoners pour que Black Sabbath se trouve un héritage. Et peut-être, pour Tony Iommi, un entrefilet dans les Inrocks le jour où il cassera sa pipe.

N'empêche, si certains effets ont bien mal vieilli, faut quand même rendre à Sabbath ce qui est à Sabbath : le culot monstrueux de s'affranchir dès le début ou presque du blues, alors que d'autres en feront leurs choux gras pratiquement jusqu'au bout. S'il faut parler d'influences, j'oserai plutôt le jazz, dans le jeu de batterie sur Electric Funeral, au hasard, voire le solo de batterie (ne partez pas !) sur Rat Salad, le jazz donc avec toutes les libertés harmoniques qu'il permet. Et que si Ozzy chante aussi mal que Vincent Delerm, il contribue quand même merveilleusement à ce climat morbide, glauque et jouissif du truc. Et que l'ensemble reste diablement efficace : merde, c'est vrai, t'achètes un disque de hard et t'as une face entière de folk anglais, c'est râlant, non ? Ici, pas de tromperie sur la marchandise. Une pochette glauque et dangereuse, mal foutue certes, mais qui détaille par le menu ce que tu vas te prendre dans les écoutilles.

Donc, voilà, je poste... Paranoid. Pourquoi ? Ben parce qu'il y a Paranoid dessus. Et War Pigs. Aaah, War Pigs, ses sirènes, ça craint un max. C'est du tout bon. Ca t'envoie des zombies pendant trois quart d'heures, et tant pis pour l'effet de surprise. Bon, je regrette déjà de ne pas avoir posté le 1er, mais s'il y a de la demande, on peut envoyer l'artillerie. Parce que le troisième aussi et... bref. Je voulais simplement compléter la compile de Keith par un album monstrueux et riche en morceaux d'anthologie (Fairies Wear Boots, elle y est aussi). En souhaitant vivement que ceux qui n'auraient même pas pensé à approfondir la question soient peut-être tentés de se la poser.

Tony Iommi semble décidé à se battre contre son crabe en rallumant la flamme Black Sabbath. C'est peut-être pas moins con que d'aller à Lourdes.

Electric Funeral, ok, mais le plus tard possible, d'accord ?...

PS : Désolé Toorsch, j'ai pas vu que tu venais de le chroniquer. Bon, mieux vaut deux fois qu'une ?


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samedi 27 avril 2013

#165 : Led Zeppelin "The Ultimate Studio Sessions Vol. 1"

Allez, je l'avoue. Les éventuels lecteurs assidus de ces billets hautement subjectifs car passionnés ont pu constater que j'ai pu avoir la langue lourde et pataude vis-à-vis de Led Zeppelin, dirigeable que j'ai souvent eu l'occasion de présenter comme une baudruche dégonflée, laissant croire que je n'avais guère d'atomes crochus pour l'autre bande à l'autre Jimmy, ce qui est ma fois faux. Alors pourquoi tancer vertement des êtres aussi chéris ? Pour ne pas hurler avec les loups ? Certes, face à Plant, j'aurais plutôt l'air d'un teckel diabétique... Mais va savoir, au fond je crois qu'il s'agit tout simplement de jalousie. Dieu sait si j'ai pu rêver en les écoutant alors que j'étais encore bourgeonnant, et peut-être le fait que me voilà sur la pente douce du flétrissement programmé, façon Lucy Jordan, je me rends compte que je ne remplirai jamais ni le Madison Square Garden ni la salle des fêtes de Brie-Comte-Robert armé d'une Gibson Lespaul saignante que je ferais hurler dans la nuit en attendant que les groupies se précipitent dans ma loge.

Tenez, c'est à 47 ans que j'ai daigné essayé d'apprendre à jouer le riff de Black Dog sur mon Epiphone made in Korea branchée sur Marshall à transistor. Peut-être que je me réconcilie avec ces dinosaures sacrés autant qu'avec moi-même, allez savoir.

Alors je me rattrape et malgré l'heure tardive, en parallèle de mon apologie des Queens Of The Stone Age, je sors mon joyau de ma discothèque et m'apprête à vous le livrer en tranches. Et puisque la symbolique me porte, il doit s'agir du dernier bootleg pour lequel j'ai dégaîné le porte-monnaie - un coffret 12 CD assorti d'un anecdotique DVD - mais quel objet ! The Ultimate Studio Sessions ! Quand je vois les prix atteints par la Chose sur ebay, je me dis que finalement, moi aussi j'ai peut-être investi un jour (je suis l'heureux possesseur du coffret N°4/500). Voici donc Led Zeppelin dans l'intimité des studios, tâtonnant, déconnant parfois, aux limites de l'autosatisfaction aussi, bref, des êtres humains, non plus des monstres sacrés. Eh oui, Led Zeppelin IV n'est pas sorti de la cuisse perfide d'Aleister Crowley, c'est un disque qui a été enregistré comme le dernier Gérard Lenorman, tout pareil, mais sans Pro Tools. Incroyable, non ?

Vous me direz que j'aurais pu faire façon Keith Michards, un This Is... compilant tout cela en un modeste CD, laissant de côté les redites, les anecdotes, pour ne sortir du sac de sable que les quelques diamants qu'il recelle (car diamants il y a, que oui !). Eh ben non. Car voyez-vous, j'ai toujours eu horreur des compilations en bootleg. Ah oui ! Un pirate, savez-vous, ça se déguste, on lui lèche les os comme à un poulet, on nettoie la carcasse, on mange salement mais c'est bien comme cela qu'on l'apprécie. Bref, c'est pas du cordon bleu de chez le Père Dodu, et faut pas avoir peur des vilains morceaux, ils s'en dégage parfois un suc irrésistible qu'on ne saurait deviner autrement. Alors qu'à l'inverse, le merveilleux Keith nous met l'eau à la bouche pour des plats bien plus copieux, mais on ne parle pas de la même chose.

Bien sûr, ça peut lasser un tant soi peu, aussi distillerai-je la chose avec parcimonie. Car si vous y trouverez de l'ivresse, le coffret contient aussi son lot d'ivraie. Et je sais bien que le week-end va être pourri, mais je vous connais : 12 CD d'un coup, vous zapperiez, malotrus. Et point de pigs before swines ici, siouplait. Vous aurez droit à tout, mais petit à petit. Les Untitled Instrumental de la take 1 à la take 27, car, imaginez-vous, puisque vous ne pouviez pas vous en douter, la take 24 est justement fabuleuse. Au risque des coïts interrompus : voilà que ça balance et hop ça s'arrête. Le vieux con qui ne sommeille que trop peu en moi vous dirait que ces quelques secondes vaudraient pourtant de l'or chez certains revivalistes boutonneux que je ne nommerai pas. Ceux qui trépideraient d'impatience peuvent compulser l'excellent article ici présent, ça m'évitera de faire l'historien tout au long de cette aventure.

Alors, comme dirait mon co-locataire, enjoie !

On commence par le volume 1, donc, avec la mémorable take 1 de You Shook Me, et l'on comprend mieux en l'écoutant, que le premier album du dirigeable fut (eut pu être) enregistré en 48 heures chrono vu l'inspiration des jeunots. Même si cela relève d'avantage de la légende puisqu'ici les sessions datent de septembre et octobre 1968. Sans compter Babe Come On Home, avec ses choeurs soul à souhait, pas trop dans l'esprit corones avanti de l'album, mais qui vaut son pesant de sueur et de larmes. Et puis, justement, l'Untitled Instrumental, dont le petit jeu consiste à se demander ce qu'il aurait pu devenir, voire ce qu'il est devenu au final. Je n'en dirai pas plus, je ne déflorerai pas votre curiosité.

Allez, je vous autorise à zapper Moby Dick, on n'a plus l'âge de se fader des soli de batterie, hein. Consolez-vous plutôt sur le Sugar Mama de juin 1969, les aficionados y découvriront une rythmique du feu de Dieu qui deviendra du feu de Thor dans Immigrant Song quelques mois plus tard.

Car malheureusement, autant le dire de suite, il ne reste guère que pouic des sessions du 2ème album, puisqu'on glissera très vite, dès le prochain épisode, vers la fameuse Headley Grange et les sessions du 3ème album, qui réserveront leur lot de surprises, mais pour aujourd'hui, je vous laisse le soin d'embobiner Madame avec Babe Come On Home.

Allez, il est bien tard baby, I'm Gonna Leave You.

Tracklisting :

Olympic Studios, London, UK sept. 20 - Oct. 10, 1968

Baby I'm Gonna Leave You (take 8)
Babe I'm Gonna Leave You (take 9)
You Shook Me (take 1)
Babe Come On Home (take 1)
Babe Come On Home (take 2)
Babe Come On Home (take 3)

Olympic Studios, London, Oct. 1968

Untitled Instrumental (take 1)
Untitled Instrumental (take 2)
Untitled Instrumental (take 3)
Untitled Instrumental
Untitled Instrumental (take 4)
Untitled Instrumental
Untitled Instrumental (take 7)

Mirror Sound Studios, Los Angeles, May 1969

Moby Dick
Moby Dick

Morgan Studios, London, June 1969

Sugar Mama

mercredi 24 avril 2013

#16Z : Temple of the Dog "Temple of the Dog"

Celui-ci, je l'avais mentionné à Devant (de l'excellent Get Happy!!) en relation à son post sur le grunge. Comme vous pourrez le lire dans mon billet, ce n'en est pas vraiment, juste un foutu bon album qui n'a pas pris une ride ! Et donc, 22 après...

Voici un album dont la genèse trouve sa source dans un bien triste évènement. C'est, en effet, suite la mort d'Andrew Wood, fauché trop tôt par des abus de substances dont on connait le pouvoir ô combien destructeur (héroïne en l’occurrence), que Chris Cornell (Soundgarden) décida de rendre hommage à celui qui était son ami, qui fut son colocataire et, bien sûr, le chanteur des éphémères Malfunkshun et Mother Love Bone. Chris recruta, telle une évidence, les musiciens ayant accompagné son défunt poteau lors de ses précédentes explorations musicales et c'est donc ce qui allait devenir Pearl Jam qui seconde la voix d'or du grunger. En fait, c'est même tout Pearl Jam (première mouture) qui est au rendez vous, Eddie Vedder apparaissant aux chœurs sur trois morceaux et aux vocaux principaux sur un quatrième.

Evidemment, avec pareil objectif, la tonalité de l'album diffère notablement des groupes auxquels Temple of the Dog peut être affilié. Plus doux, plus mélancolique, c'est un pont entre un classic rock américain historique et la musique de cette nouvelle génération ayant redécouvert la simplicité et l'honnêteté remisée au second plan par toute une clique de hard rockers MTVisants y ayant préféré le clinquant et l’esbroufe, souvent au détriment de l’intelligence textuelle et de la finesse musicale. Et ce n’est pas la production, sans effets de manches excessifs, de Rick Parashar et de la formation qui viendra troubler ce rassurant état de fait.

C'est donc une enfilade de 10 titres, avant tout guidés par l'émotion, qui nous est offerte, et c'est un bonheur de tous les instants que d'entendre de si nobles sentiments si gracieusement mis en musique. Et qu’importe si certains titres sont un peu moins marquants que d’autres, la consistance est indéniablement au rendez-vous. En tête de gondole, on retrouve l’émouvante ouverture, Say Hello 2 Heaven, où la performance vocale de Cornell et les soli de McCready créent l’évènement. Le titre n’est d’ailleurs pas sans rappeler un classic rock nord-américain qu’on pourra assimiler, grossièrement, avec les attributs électriques 70s d’un Neil Young (de qui Pearl Jam s'inspirera beaucoup se voyant même offrir d'accompagner le loner sur un brillant Mirror Ball 4 ans plus tard), beau parrainage. Le musclé Pushin’ Forward Back, le morceau le plus burné de l’album, n’est pas en reste avec une ligne de chant qui aurait tout à fait trouvé sa place sur un opus de Soundgarden. On reste tout de même loin des excès électriques du groupe principal de Cornell même si c’est le seul moment où est conjuré le fantôme de ce pilier du grunge. Le reste de la track list propose une tonalité notablement plus revivaliste, éminemment plus ambiante aussi qui sied admirablement à l’exercice hommageant ici pratiqué. On a même droit, sur Hunger Strike (chanté par Vedder avec Cornell en soutien), à un avant-goût de ce que Pearl Jam allait bientôt nous offrir sur le versant soft de son répertoire.

Sorti presque en catimini en 1991 (en import de part chez nous), l’éponyme et unique album de Temple of the Dog finira par récolter de cultes lauriers, bien mérités d’ailleurs. En l’espèce, on tient là un album doux-amer d’excellente facture, suffisamment hors du temps pour être encore très écoutable et réellement satisfaisant aujourd’hui, au-delà de tout trip nostalgisant, une belle galette de rock habité à l’ancienne comme on n’en fait décidément plus assez sous la forme d’un vibrant tribute à un prometteur jeune mec (mort à 24 ans !)  parti vraiment trop tôt.


- Jeff Ament: bass guitar, art direction and design, photography  (Green River, Mother Love Bone, Pearl Jam, Three Fish, Jeff Ament)
- Matt Cameron: drums, percussion (Pearl Jam, Skin Yard, Soundgarden, Hater, Wellwater Conspiracy, Queens of the Stone Age, The Smashing Pumpkins, Geddy Lee)
- Chris Cornell: vocals, banjo on "Wooden Jesus", harmonica on "Times of Trouble" (Soundgarden, Chris Cornell, Audioslave)
- Stone Gossard: rhythm guitar, slide guitar, acoustic guitar (Green River, Mother Love Bone, Pearl Jam, Brad, Stone Gossard, Deranged Diction, Tres Mts., RNDM)
- Mike McCready: lead guitars (Pearl Jam, Mad Season, The Rockfords)
et
- Eddie Vedder: backing vocals on "Pushin Forward Back", "Your Saviour", and "Four Walled World"; vocals on "Hunger Strike" (Pearl Jam, Eddie Vedder)
- Rick Parashar: production, piano on "Call Me a Dog", "Times of Trouble", and "All Night Thing", organ on "All Night Thing", mastering (Pearl Jam, Alice in ChainsBlind Melon, etc.)


1. Say Hello 2 Heaven 6:22
2. Reach Down 11:11
3. Hunger Strike 4:03
4. Pushin Forward Back 3:44
5. Call Me a Dog 5:02
6. Times of Trouble 5:41
7. Wooden Jesus 4:09
8. Your Saviour 4:02
9. Four Walled World 6:53
10. All Night Thing 3:52


pour Andrew

mardi 23 avril 2013

Richie Havens (1941-2013)

RICHIE HAVENS
(1941-2013)
 
Je viens d'apprendre la mort de Richie Havens, 72 ans.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce pilier de la black folk américaine, rappelons que l'heure de gloire, l'explosion publique de ce musicien se déroula lors du légendaire festival de Woodstock dont il ouvrit les "hostilités". Il avait alors, déjà, quatre albums à son actif mais pas le retentissement qu'il méritait ce que sa performance allait évidemment changer.

Freedom @ Woodstock

S'en suivit une carrière commercialement en dents de scie mais artistiquement d'une impeccable tenue et d'une totale cohérence dans laquelle il croisera même, et ce n'est pas la moindre des surprises, deux ex-membres de Genesis, nommément Steve Hackett (sur Please Don't Touch en 1978) et Peter Gabriel (sur Ovo en 2000).

On avait appris ses soucis de santé au moment de la publication de la nouvelle de son arrêt de toute activité scénique il y a un peu plus d'un an de ça, en mars 2012. Hélas, Richie ne devait jamais se remettre et finit par succomber d'une crise cardiaque le 22 avril 2013.

R.I.P.

 
Mixed Bag (1967)
1. High Flyin' Bird 3:35
2. I Can't Make It Anymore 2:48
3. Morning, Morning 2:17
4. Adam 3:34
5. Follow 6:22
6. Three Day Eternity 2:15
7. Sandy 3:12
8. Handsome Johnny 3:53
9. San Francisco Bay Blues 2:30
10. Just Like a Woman 4:46
11. Eleanor Rigby 2:42
 
 
Richie's in heaven now...


(un grand merci à tous ceux qui commentent !)

samedi 20 avril 2013

#15Z : Soundgarden "Louder Than Love"

Cela va sans dire mais disons-le quand même, l'étiquette "grunge" a toujours été un beau foutoir ou voisinaient, plus souvent qu'à leur tour, la carpe, le lapin et le vautour. Prenez Soundgarden, outre un gout immodéré pour les chemises à carreaux et une origine géographique référencée (Seattle), la formation n'a que peu à voir avec, au hasard, Mudhoney, Nirvana ou Tad (tous des contemporains, tous classifiés grunge aussi). Est-ce à dire que le grunge n’existait pas outre une attitude vraie se débarrassant des scories d’un rock américain envahi de paillettes et d’une légèreté presque indigne ? Question à laquelle je répondrais sans ambages d’un franc et massif ‘oui’.

Concrètement, Soundgarden a beaucoup pris de Led Zeppelin, du MC5 et de Black Sabbath (etc.) et produit sur son Louder Than Love, second album du groupe et premier pour la major company (A&M), une relecture inspirée et inspirante de codes bien connus et, en la circonstance, particulièrement bien revus… et corrigés. Et quel album, mazette ! Du rock puissant, sale et franc mené par le timbre immédiatement reconnaissable de Chris Cornell et les riffs chirurgicaux et les soli échevelés de Kim Thayil. Ca nous donne, vous vous en doutez, une belle collection de brûlots furieux dont ressortent le rampant Hands All Over, le gras Gun avec son implacable accélération génératrice d’adrénaline, le hanté Power TripCornell brille encore un peu plus fort, le rageur et véloce Full on Kevin’s Mom, le plombé I Awake ou encore l’imparable et nerveux Big Dumb Sex… Que du bon parfaitement mis en son par un encore relativement inexpérimenté mais déjà techniquement irréprochable Terry Date.

Evidemment, le un quatuor étant surtout connu chez nous pour son tube ultime (Black Hole Sun), l’approche sans concession en surprendra plus un. Pour ce qui est de leur efficacité, de leur talent, pas de surprise, c’est déjà à un groupe majeur auquel nous avons affaire ce que la formation confirmera bien vite avec ses galettes suivantes, Superunknown en tête.


1. Ugly Truth 5:26
2. Hands All Over 6:00
3. Gun 4:42
4. Power Trip 4:11
5. Get on the Snake 3:44
6. Full on Kevin's Mom 3:37
7. Loud Love 4:57
8. I Awake 4:21
9. No Wrong No Right 4:48
10. Uncovered 4:32
11. Big Dumb Sex 4:11
12. Full On (Reprise) 2:42


Le jardin du son et de l'amour bruyant


(un grand merci à tous ceux qui commentent !)

jeudi 18 avril 2013

#14Z : Monster Magnet "Dopes to Infinity"

Parce qu'il n'y a pas que la galaxie Kyuss dans la vie et que cet autre précurseur mérite largement sa présence en ce blog dernièrement dévoué au culte du riff sale, voici Dopes to Infinity, troisième album des psyche/space/stoner rockers de Monster Magnet, un grand cru de 1995, leur meilleur aussi.

Je n'avais jamais entendu parler de cette bande d'affreux jojos électriques quand je les découvris, aux débutantes 90s, alors qu'ils ouvraient pour Prong, sur la petite scène de l'Espace Ornano (porte de Clignancourt, pour ceux qui s'en souviennent, une excellente petite salle). De la qualité musicale de ladite prestation, j'avoue ne guère me souvenir, de l'attitude, de la folie, de la décharge de pure énergie de la formation, oui ! Et particulièrement de celle leur Leader, Dave Wyndorf, éructant, haranguant, psychotant, se roulant par terre ou faisant des bons de cabri sous LSD... Impressionnant et forcément, à mes jeunes et influençables perceptions, particulièrement marquant.

De fait, j'obtins immédiatement (peut-être au stand merchandising, peut-être à la Fnac du coin, je ne me souviens plus) ce qu'il était alors possible d'obtenir de Monster Magnet en France. C'était en 1991 et la mane se limita au seul Spine of God (1990) qui fit, ma foi, son petit effet... Pas du niveau de la prestation, mais il faut dire que la bête était massive et d'une digestion pas si aisée...

Et puis Superjudge (en 1993) où le groupe commença à sérieusement se raffiner (à s'alléger diraient certains) tout en restant absolument fidèle à son hawkwindosabbathisme revisité à l'énergie speedé de temps qui ne l’étaient pas moins. Très bon album… Mais c'est avec Dopes to Infinity (qui, en toute logique, poursuivait la progression et même l'intensifiait) que Monster Magnet déroula son magnum opus, ce qui restera, est déjà cultement passé à la postérité (tant et si bien que le groupe refit une tournée en 2011 où ils jouaient l'intégralité d'un album vieux de 16 ans pour un public absolument ravi !).

Concrètement, Dopes to Infinity c’est 12 chansons (et une ghost track dans certaines éditions) pour une bonne heure de planeries lourdes (et non pas de lourderies planes !). Forcément, les figures tutélaires que sont Black Sabbath et Hawkwind (et un peu Blue Cheer et Sir Lord Baltimore pour bonne mesure) n’ont pas complètement disparues. Elles sont, encore et toujours, le terreau sur lequel poussent les créatures étranges que collecte le quatuor. Est-ce à force d'hybridations, de croisements, de manipulations de son génome que le groupe semble cette fois totalement lui-même ?  Ca et une créativité ascendante, une maîtrise de l'instrument studio encore supérieure (Wyndorf coproducteur, une fois encore, contrôleur de sa machine à tripper). Il n'en faut pas plus à Monster Dave et ses Aimants pour nous coller une belle paire de gifles d'un gant de velours imbibé d'éther.  L'ajout de claviers antédiluviens n'est pas tout à fait sans importance aussi. les orgues et mellotrons texturent particulièrement efficacement l'entreprise... Diantre, on y retrouve même quelques volutes de theremin... Old school, quoi ! Et c'est exactement ce qu'il fallait à cette collection de... chansons ? Oui, Monster Magnet est cette fois plus compositionnellement ramassé, plus cohérent, c'est le bénéfice de sessions plus tenues... Donc de chansons !

Dès le départ on prend le morceau titre en pleine face, un machin plein de fuzz, de distorsion, classique de Monster Magnet sauf que la sauce est plus fine, la mise en son plus précise et précieuse et qu'une impression de facilité mélodique se fait jour pour le bénéfice plein et entier de l'auditeur. Un début en fanfare, quoi !... Que la suite ne vient jamais démentir même quand l'approche se "mainstreamise" un poil comme sur un Look to Your Orb for the Warning (utilisé dans une version raccourcie dans la BO du premier Matrix) où Monster Magnet tâterait presque de la pop s'il n'y avaient ces guitares un peu plus lourdes, cette ambiance un peu plus psychédélique et, bien sûr, la voix habitée d'un Wyndorf au meilleur de sa forme.  Le reste des titres continue d'alterner humeur presque câline et décharges colériques bien senties. Dans la première catégorie, on soulignera l'impeccable efficacité d'un All Friends and Kingdom Come tout psyché dehors, de son pendant de la seconde partie de l'opus, l'étrangement titré Dead Christmas ou d'un Blow 'Em Off folkocompatible du plus bel effet quand Ego the Living Planet, le monumental Third Alternative ou le bref et puissant I Control I Fly expriment au mieux les capacités d'agressions stoner de la bande.

Au bout d'un heure de ce traitement alternatif et ô combien réussi, on ressort forcément un peu rincé mais définitivement heureux. Heureux d'avoir été passé à la moulinette sonique et trippante d'une formation capable de souffler le chaud comme le froid, d'exprimer la retenue aussi bien que l'emportement. Une formation qui a tout à fait digéré ses recommandables influences et, du coup, transcendé sa propre identité.

En un mot comme en mille : énoooorme !


1. Dopes to Infinity 5:43
2. Negasonic Teenage Warhead 4:28
3. Look to Your Orb for the Warning 6:32
4. All Friends and Kingdom Come 5:38
5. Ego, the Living Planet 5:07
6. Blow 'em Off 3:51
7. Third Alternative 8:33
8. I Control, I Fly 3:18
9. King of Mars 4:33
10. Dead Christmas 3:54
11. Theme from 'Masterburner' 5:06
12. Vertigo 5:38
13. Untitled (hidden song) 3:32


Joe Calandra: guitar, bass, background vocals
Jon Kleiman: percussion, drums, bass, background vocals
Ed Mundell: bass, guitar, background vocals
Dave Wyndorf: organ, bass, guitar, percussion, theremin, vocals, bells, producer, mellotron


Dopes! Dopes! Dopes! What else?


(un grand merci à tous ceux qui commentent !)

mercredi 17 avril 2013

V/A "Solar System"

Une petite pause dans la folie stoner... Un théma sur le système solaire.

De la Genèse à la Fin du Monde en passant par le cosmos... avec mes sabots ! Soit 12 titres, numérotés de 0 à 11 parce que c'est comme ça, na !, pour un peu moins d'une heure de musique qui vous trimbalera d'indie rock en blues, de prog en soul, de stoner (ben oui, il en fallait bien un) en jazz, etc.

Voilà, c'est pas bien compliqué, y a qu'à se laisser porter en espérant ne pas (trop) faire de mauvaises rencontres... Sait-on jamais ce que l'espace peut nous cacher.

Bon space trip à tous... Enjoie !


Genesis :
0 - Cursive "Big Bang" 3:15
Sun:
1 - Hound Dog Taylor & the Houserockers "The Sun Is Shining"  5:30
Mercury:
2 - Ian Gillan Band "Mercury High" 3:31
Venus:
3 - Fireball Ministry "Maidens of Venus" 5:14
Earth:
4 - Camel "Earthrise" 6:30
Mars:
5 - Ashra "Midnight on Mars" 6:44
Jupiter:
6 - The Band "Jupiter Hollow" 5:16
Saturn:
7 - The Gathering "Saturnine" 5:11
Uranus:
8 - Big Pop "Uranus" 3:30
Neptune:
9 - Fuzz Against Junk "Trane to Neptune" 5:11
Bonus:
Solar System :
10 - Ayreon "To the Solar System" 6:12
The Inevitable :
11 - Skeeter Davis "The End of the World" 2:35


Système solaire

(un grand merci à tous ceux qui commentent !)

mardi 16 avril 2013

#13Z : Kyuss "Desert Rock"

Kyuss, vous connaissez ? Pas encore ? Pas bien ? Voici le moyen simple et gratuit de réparer cette scandaleuse lacune avec le baistophe paru en 2009 sur le blog éponyme. Et d'ailleurs, voici le texte (en anglais) qui accompagnait sa mise en ligne :

"A cult favorite if there ever was one, Kyuss is also a very important band that influenced the whole stoner scene. Yet, they were in a league of their own. This band smells of dust and gasoline, never compromised yet established themselves as a driving force in this new scene we now call stoner rock. Certainly, the influence of bands such as Black Sabbath or Blue Cheer can be noticed in their music but they infused their sound with a unique blend of heavy psychedelia that made the difference. Sadly, they never got the success they deserved but their following projects (Fu Manchu, Unida and, even more, Eagles of Death Metal & Queens of the Stone Age) managed to secure an audience that always failed to confirm Kyuss success.

For the few of you who haven't yet had a taste of this amazing band, here's the chance to embark on a one hour ride...through the desert."

Donc, en gros, et pour ceux qui sont aussi incultes en anglais qu'en stoner rock, c'est du lourd barré qu'on appréciera mieux "sous influence".

Enjoie !


1. Thumb 4:41
2. Big Bikes 5:05
3. Green Machine 3:37
4. Son of a Bitch 6:01
5. Thong Song 3:45
6. Gardenia-Asteroid-Supa Scoopa and Mighty Scoop 17:38
7. One Inch Man 3:30
8. Spaceship Landing 13:01
9. Shine 5:56


Kyuss' beginners' guide


Et en cerise sur le gâteau, un enregistrement du groupe dont je fait parti, Sierra Madre, en répétition, avec toutes les approximations techniques et imperfections sonores que ça implique, reprenant l'excellent One Inch Man de Kyuss, donc. Bref, ça vaut ce que ça vaut et si ça ne vous plait pas, m'en fous ! :-p


lundi 15 avril 2013

#12Z : Slo Burn "Amusing the Amazing"

Slo Burn c'est John Garcia (chant) en rupture de Kyuss alors que Josh Homme est en pleine transition vers ses Reines de l'Age de Pierre. Quartet éphémère qui ne sorti qu'un seul EP, c'est aussi une vision plus rock'n'roll, plus direct du stoner rock.

Jeepeedee ne connaissait pas, je lui fait cette (petite) fleur. Que les autres en profitent aussi, s'ils aiment les riffs gras, les vocaux écorchés vifs, les rythmiques groove et plombées, ils se délecteront de cette petite pépite de 1996.

Enjoie !


1. The Prizefighter 2:16
2. Muezli 5:12
3. Pilot the Dune 3:28
4. July 4:51


John Garcia: vocals
Chris Hale: guitars
Damon Garrison: bass guitar
Brady Houghton: drums


La grâce de l'éléphant!

dimanche 14 avril 2013

#164 : Queens Of The Stone Age "Rated R" (Deluxe Edition)

Et c'est reparti ! Dans le désordre, mais comment rester cartésien et bien ordonné face à un tel déluge de riffs si doux à mes oreilles. The Lost Art Of Keeping A Secret est certes mainstream ;o) mais c'est le genre de chansons qui me donnerait presque envie d'écouter la radio. Et ça n'est que la pointe de l'iceberg du grandiose Rated R - où comment les Queens Of The Stone Age sortirent de la confidentialité pour balancer d'un coup d'un seul un des 100 meilleurs albums de rock - toutes variations confondues - si l'on en croit Rolling Stone. Mais laissons-là les feuilles de choux, que nous importe. Sorti en 2000, décidément, le 21ème siècle s'annonçait plutôt bien.

Alors oui, bien sûr, tout en retenue, pas de déluge sonore en studio (enfin, quand même), les Queens Of The Stone Age avaient, à l'instar d'un Jimmy Page, bien compris que ce sont là deux choses bien différentes que balancer la purée en live et ciseler un disque qui tiendrait la route et qui, une fois le premier coït brutal du live, resterait dans les anales. Et cette douce frustration ne fait évidemment qu'amplifier le désir d'entendre tout cela exploser, car on se doute bien qu'en concert... enfin, depuis avant-hier vous savez.

Et si vous ne savez pas, cette merveilleuse édition Deluxe vous offre leur prestation à Reading, et là, ma foi, plus de doute possible.

Toujours est-il qu'en studio, jamais guitares n'ont aussi bien sonné depuis que les calendes grecques se sont ornées de Gibson et de Gretsch en sus des colonnes doriques. Le calme fielleux de Leg Of Lamb en est un parfait exemple, la retenue au service du mal-être... Dans la catégorie Fais-moi peur, largement aussi efficace que le monstre d'Iron Maiden... Rocky Horror Picture Show vs Henri-Georges Clouzeau, en quelques sortes, et m'est avis qu'il y a de la place pour les deux...

Et ça s'enchaîne... Monsters In The Parasol, mazette, Quick And To The Pointless, parodie de punk grand guignol façon Offspring, In The Fade..., jusqu'à l'acoustique Lightning Song, qui reprend les choses là où le Friends de Led Zeppelin III les avait laissées. On imagine la redescente d'acide sur un hamac au fond du désert, les crotales se lovant au soleil de midi après un trip malsain (Better Live Through Chemistery).

Jusqu'à l'épique et bien mal nommé I Think I Lost My Headache, qui, si tel est le cas, a dû s'accompagner de dommages collatéraux... à en croire son final très Crimsonien, ces cuivres malades qui terminent la galette au grand dam de nos écoutilles...

Alors, oui, plus pop que stoner, sans doute, vaguement metal parfois (Tension Head) mais qu'importe les étiquettes. La Californie sous le soleil avec un Auto-Pilot, je prends tout de suite. Un disque lysergique, malsain et jouissif. Un album osé, ambitieux, risqué. Loin des bonbons Coca Fizz, attention, c'est pas vraiment du sucre qui pique uniquement la langue.

Feel Good Hit Of The Summer, euh... pas franchement quand même...

samedi 13 avril 2013

#11Z : Bible of the Devil "Freedom Metal"

L’appel du pied de Jeepeedee dans les commentaires de la dernière compilation en date de Mr. Michards ne sera donc pas tombée dans les oreilles d’un sourd et c’est avec un immense plaisir et un réel enthousiasme que je propose à mon hôte, et à tous les visiteurs de sa bonne maison, un curetage des tympans gratuit !

Que ceux qui aiment le Heavy Metal lèvent la main... Vous pouvez rester, les autres, sortez s'il-vous-plait, il n'y a rien ici pour vous.

Enfin, pas grand chose parce qu'il faut bien le dire, les américains de Bible of the Devil (quel nom !) ne font pas particulièrement dans la dentelle, ni dans le raffinement d’ailleurs. C'est du gros, du lourd, du qui tâche avec luxe de doubles guitares Priestolizzymaidenesques, un chanteur à la voix tapissée de graviers tranchants et une rythmique qui fait le job comme il faut (et qu’on ne lui en demande de toute façon pas plus). Rien d'extraordinaire donc si ce n'est une poignée (8) de chansons tout simplement renversantes pour l'amateur de cette musique trop souvent confinée dans les limbes d'écoutes adolescentes complexées.

Pourtant, à voir la bande de poilus hirsutes jeanocuirés, on aurait bien parié pour du stoner rock des familles et s’il y a, en effet, quelques traces de rifferies sales et salement sabbathiennes et une production suffisamment roots pour que la confusion apparaisse, c’est bien à un pur tribute au Heavy des origines que le quartet nous invite. Des origines ça veut donc dire 70s (à la limite early 80s versant New Wave of British Heavy Metal), pour ceux qui ne suivraient pas. Donc rien de ce power metal lisse et insipide qui a depuis pris la relève (bonne nouvelle !).

En gros, et même en détail, si vous preniez Sad Wings of Destiny ou Stained Class de Judas Priest, Bad Reputation ou Fighting de Thin Lizzy et les deux premiers albums d’Iron Maiden, que vous casiez tout ça dans un shaker-à-sons et que vous secouiez très fort, il n’est pas impossible que le cocktail qui en sorte ait un étonnant air de famille avec la musique de ces inspirés chicagoans.

Au jour d’aujourd’hui, Bible of the Devil a 5 albums sous sa ceinture cloutée dont, indéniablement, le cru 2008, Freedom Metal est le plus efficace et donc satisfaisant avec pas une composition qui ne baisse la garde et suffisamment de petites trouvailles, de variété dans l’approche de cette musique barbare pour entretenir la flamme les 44 minutes qu’il dure. Alors, évidemment, tout ça n’est pas d’une grande intelligence (ce que les paroles brutes de décoffrage ne démentiront pas) mais, crénonvindiou, qu’est-ce que ça récure bien les cages à miel et quel bien ça fait dans le processus.

Que ceux qui aiment le Heavy Metal n’hésitent plus, Bible of the Devil sont bien, malgré leur petite réputation, des cadors du genre et Freedom Metal un petit chef d’œuvre qu’on ne peut, par conséquent, que chaudement recommander aux amateurs mêmes épisodiques de cette sorte de chose. Et tant pis pour les autres qui ne savent pas ce qu’ils perdent !


1. Hijack the Night 7:00
2. Night Oath 4:54
3. The Turning Stone 4:45
4. Womanize 6:33
5. Heat Feeler 4:49
6. Ol' Girl 6:24
7. Greek Fire 3:35
8. 500 More 5:52
 
 

jeudi 11 avril 2013

#163 : Queens Of The Stone Age "Gonzo's 5th Birthday Party - Live in London, december 6th, 2007"

Cette année sera à marquer au fer rouge pour tous les stoners et métalleux de la terre : pour la première fois depuis 1967, il ne sera pas jour de tristesse. En effet, jusqu'alors, ils pleuraient le 4 juin, date à laquelle Marie-Jeanne Guillaume s'est jetée du pont de la Garonne. Il paraît que même à Brie-Comte-Robert, le gratin y est interdit ce jour-là, tout comme les labours, même s'il y a bien encore deux hectares à labourer dans le champ de la cale. C'est une bonne chose d'ailleurs. En tant qu'agronome, je n'ai jamais compris qu'on puisse labourer au mois de juin. Tout comme je n'ai jamais vu de champs de magnolias, tant il me semble délicat d'en faire un bouquet.

Mais laissons là tristesse et agriculture, car, je l'ai dit, je le re-dis, ce mois de juin sera lumineux, ce malgré cette foutue pluie qui n'y pourra rien quand bien même elle s'entêterait.

Le 4 juin, sort le nouvel album des Queens Of The Stone Age. J'en ai saigné sur ma Gibson, tellement j'ai été heureux d'apprendre cette nouvelle qui devrait ravir - dans un monde parfait - la France entière, et qu'importe Brie-Comte-Robert. En voilà un avant-goût. My God Is The Sun. Tu l'as dit, bouffi, l'été s'ra chaud dans les T-Shirts et les maillots :


Allez, hop la chanson avec en bonus une version live (déjà !), croquez-moi ça apéro en attendant le dîner.

Tellement heureux que j'en reprends la plume, trempée dans l'acier le plus lourd (vous avez noté que mon introduction manquait de légereté, hein). Exit le nouvel Higelin, ses pâquerettes et son ton primesautier. Je m'en vais d'ici là partir en croisade pour vous rafraîchir la mémoire et vous balancer quelques riffs sulfuriques histoire de vous nettoyer les tympans d'ici ce jour magnifique.

Oh, j'ai connu Josh Homme et ses crocs mignons sur le tard, comme tout le monde dans ce beau pays. Avec la claque de Songs For The Deaf. Mazette, que fut-ce un disque beau comme un volcan d'Auvergne au bon vieux temps du Jurassique. Du riff, de la puissance, de la rage toute contenue et - est-il bon de le rajouter, tout ceci sans la moindre allusion satanique à trois francs, sans apocalypses, sans antéchrists et sans décapitation de poulets aux hormones. Juste avec des guitares baissées d'un ton, de la distortion comme on n'en trouvait plus depuis lurette. Merdre, le Nevermind de Nirvana avait enfin une suite digne de ce nom. Un disque grand comme la cathédrale de Chartres, jeté avec autant de fierté que de mépris au grand public ignare de ce qui se passait dans le désert de Californie.

Et puis Josh Homme est un grand gaillard, bien nourri à la viande crue, la tête sur les épaules, qui ne s'en est pas fait plus que ça suite au succès mérité (et c'est malheureusement loin d'être un pléonasme) de la rouge galette. A continué sa route à explorer les moindres recoins du rock stoner quitte à ne pas rééditer l'exploit de la chanson pop parfaite au milieu de ce cambouis majestueux, la perfide No One Knows. A largué son crétin de bassiste, Nick Olivieri, vieux compère de Kyuss, parce qu'il battait sa femme. Mireille Mathieu en fut toute émue sans même le savoir.

Et puis, depuis 2007, plus rien. Enfin, si. Them Crooked Vultures, c'est pas rien quand même. On en reparlera, car je compte bien pourrir ce blog d'hommages à Josh. Homme sweet Homme.

Par où commencer ? Un This Is... à la Keith Michards ? Je les aime trop pour les découper en tranches.  Comme ça ne sera pas rien, vous aurez tout, et plus encore. Car j'ai retrouvé ma frénésie d'adolescent, quand je collectionnais les disques de Clash. Et c'est une douce sensation inespérée, croyez-moi. Cela fait deux jours que je vampirise Youtube pour aspirer tout ce que je peux y trouver. Mais comme nous parlons ici de musique et non de vidéo, je vous ai mp3isé les meilleurs moments, à commencer donc par ce show de 2007. Enregistré pour MTV, le son est nickel, in glorious stereo. Restent les biip par-ci par-là, remplaçant les fuck et autres fucking. Mais les amateurs du Live At Folsom Prison de Johnny Cash ne sauraient s'en outrer. Et qu'ils mangent leur Stetson dans le cas contraire, après tout.

Et puis quelle belle entrée en matière ! à peine 43 minutes, mais peut-être est-ce suffisant comme déluge de décibels pour les béotiens. Trop de sang tue le sang, comme dirait Dracula ou Edmond Hervé. Et, encore une fois, mince, ces guitares... Et sans temps morts, m'sieurs dames. On est pas chez Led Zeppelin, pas besoin de faire des tsoin-tsoin à l'archet pendant que le reste du groupe se repoudre le nez. Ici, on sent les gaillards bien vitaminés dès le départ. Songs for the deaf. Des chansons pour les sourds. C'est très exactement ça. Sous les décibels, Josh chante calmement, les mélodies sont imparables.

Remasterisé par votre serviteur, débarassé (normalement) de tous les jingles pourris de MTV, pochette et playlist incluses, voici rien que pour vous une dizaine de chansons retraçant bon gré malgré le parcours de nos Reinettes. Des chansons à réveiller les morts. Et ça va reprendre le 4 juin, quelle merveilleuse année.

A Song For The Dead

Tracklist :

Sick Sick Sick
Feel Good Hit Of The Summer
Lost Art Of Keeping A Secret
Misfit Love
In The Fade
Little Sister
Make It Wit Chu
3's & 7's
Go With The Flow
A Song For The Dead

vendredi 5 avril 2013

V/A "Stars"

Et voilà ! J'ai essayé mais je n'ai finalement pas pu résister à l'appel du Michards hululant au fond des bois. La faute à une compilation étoilée mais pas assez spatiale à mon goût à laquelle il me fallait prestement répondre. Et donc, le but de ce "Stars" n'est autre que de vous faire voyager plus loin, plus haut, plus fort...

Vous y retrouverez 10 titres seulement, tracklist réduite qui s'explique aisément par quelques mastodontes inévitables, pour une sélection riche de quasiment 80 minutes avec pas mal de rock progressif aussi, mais le thème s'y prête si bien que, même en le voulant, je n'aurais pas pu faire autrement. Et comme, en plus, je n'avais pas envie de faire autrement...

Cette compilation, je l’ai conçu comme un trip, j’espère que vous y voyagerez avec autant de plaisir à l’écouter que j’en ai eu à l’assembler.

Enjoie !


1. Dead Can Dance "Song of the Stars" 10:13
2. Air "Kelly Watch the Stars" 3:45
3. Steve Hackett "Every Star in the Night Sky" 7:55
4. Brian May & Friends "Starfleet" 8:01
5. Danger Mouse & Sparklehorse 'Star Eyes (I Can't Catch It)" 3:09
6. Happy the Man "Starborne" 4:29
7. Tangerine Dream "Toward the Evening Star" 4:56
8. The Cinematic Orchestra "As the Stars Fall" 5:54
9. King Crimson "Starless" 12:16
10. UFO "Star Storm" 18:51

Stairway to the STARS