Parce qu'il n'est pas inutile de battre le fer tant qu'il est chaud, parce que cette ultime offrande du Lizzy 3 est la plus décisive de leur jeune carrière et parce que vous le méritez bien, je vous propose aujourd'hui une suite (une préquel comme on dit au ciné) à l'excellent Nightlife.
Demeuré un inébranlable trio jusque ce 3ème album,
Thin Lizzy n'était alors que l'embryon du groupe ayant popularisé les "duelling guitars" avec
Wishbone Ash au cœur des glorieuses 70’s. Pourtant - dans ce hard rock typiquement 70s parfumé de folk, de blues et de psychédélisme - les germes du génie de
Lynott sont bien présentes.
Toujours chez Decca chez qui ils ont sorti leur deux précédents opus,
Thin Lizzy ne reçoit que peu de promo d'un label qu'ils quitteront bientôt. Le potentiel ne manque pourtant pas et, du bluesy en diable "
Mama Nature Said" qui ouvre l'album à la ballade "patchouli" qui le clôt ("
A Song for While I'm Away"), c'est à une éfficace et variée collection de chansons à laquelle nous avons affaire.
Pas très éloignée de la formule popularisée par
Cream, le
Taste de leur compatriote
Rory Gallagher ou l'
Experience de
Jimi Hendrix - celle du power trio hard'n'blues en gros -
Thin Lizzy ne brille certes pas par son originalité. Evidemment, l'inimitable voix de
Phil Lynott suffit à affirmer une identité à cette galette qui - entre les mains d'ouvriers moins dotés par les dieuxt - n'eût été qu'un album de plus dans la grande histoire du Rock'n'Roll. On n'est d'ailleurs pas loin de cet écueil sur le morceau le moins inspiré de ce "
Vagabonds of the Western World". En effet, si le sympathique blues qu'est le bien nommé "
Slow Blues" s'écoute sans déplaisir, il ne laisse pas exactement une impression durable (bien qu'il prenne une toute autre ampleur en live). Cependant, marque des (futurs) grands - et chose qu'on pourra aussi constater avec les débuts de carrières aussi incertains et inaboutis de
Deep Purple ou d'
Uriah Heep - même sur une composition moins ouvertement essentielle, on trouve plus de "machins" satisfaisants que dans les discographies combinées de tous les représentants de la britpop (de funeste mémoire).
Bien entendu,
Lynott et
Downey sont excellents. Tels qu’on les connaîtra dans les années à venir en fait. Quand à
Eric Bell – le troisième larron et celui dont le départ déclenchera la révolution du duo de guitaristes – il n’est pas en reste dans un style relativement comparable à celui de
Clapton période
Cream y ajoutant tout de même – marque probabale de l’influence psychédélique – un petit quelque chose de "fluidement fou" qui n’est pas sans évoquer
John Cippolina de
Quicksilver Messenger Service et une "irlandité" bien ancrée.
La production de
Nick Tauber, déjà responsable de la mise en son sur "
Shades of a Blue Orphanage", est propre et appropriée à défaut d’être spectaculaire. L’ingé son connaîtra des heures plus fastes au début des années 80 avec notamment ses travaux sur les deux premiers albums de
Marillion.
En définitive, si on devait reprocher une chose à cet excellent "
Vagabonds of the Western World" c’est de ne posséder qu’une chanson réellement emblématique (
The Rocker), heureusement, les différentes rééditions y ont accolé les singles de l’époque (le délicieux "
Randolph’s Tango" et la fameuse reprise du traditionnel "
Whiskey in a Jar") boostant d’autant une sélection déjà d’une belle qualité. La présente édition rajoute moult bonus. En plus des singles précités, de nombreuses sessions pour la BBC y sont présentées. Pas indispensables, elles montrent tout de même la belle qualité du groupe en trio ou déjà en quatuor avec l'arrivée de
Robertson et
Gorham (sur deux des bonus made in BBC) et même d'un
Gary Moore de passage sur un
Sitamoia d'anthologie (disque 1).
Vous l’aurez compris, "
Vagabonds of the Western World" s’adresse avant tout aux fans hardcore de
Thin Lizzy et aux amateurs de hard rock du début des années 70. Croyez-moi, ceux-ci seront comblés. Les autres devront avancer ici à pas de loup et y découvriront probablement un album de bien meilleure qualité que ce que sa réputation laissait entrevoir. Essentiel à la compréhension de l’évolutuon de
Thin Lizzy, "
Vagabonds of the Western World" n’est pas le meilleur album de ses auteurs mais un œuvre éminemment attachante néanmoins.
Disc 1
1. Mama Nature Said 4:52
2. The Hero And The Madman 6:08
3. Slow Blues 5:14
4. The Rocker 5:06
5. Vagabond Of The Western World 4:44
6. Little Girl In Bloom 5:13
7. Gonna Creep Up On You 3:27
8. A Song For While I'm Away 5:09
Bonus Tracks
9. Randolph's Tango 3:49
10. Broken Dreams 4:26
11. The Rocker (Single Edit) 2:41
12. Here I Go Again 3:53
13. Cruising In The Lizzymobile 4:07
14. Little Darling 2:55
15. Sitamoia 3:20
16. Slow Blues (1977 Overdubbed & Remixed Version) 4:43
17. Randolph's Tango (Radio Promo Edit) 3:22
18. Whiskey In The Jar (Single Edit) 3:43
Disc 2
BBC Radio 1 In Concert
1. The Rocker 5:53
2. Things Ain't Working Out Down At The Farm 7:32
3. Slow Blues 7:28
4. Gonna Creep Up On You 3:27
5. Suicide 4:28
BBC Radio 1, John Peel Session
6. Vagabond Of The Western World 4:28
7. Gonna Creep Up On You 3:22
BBC Radio 1 Rock On Session
8. Little Girl In Bloom 4:41
BBC Radio Bob Harris Session
9. Sitamoia 3:45
10. Little Darling 3:05
11. Slow Blues 5:31
12. Showdown 4:12
BBC Radio 1, John Peel Session
13. Black Boys On The Corner 4:13
(1) les Vagabonds
et les Vagabonds (2)