J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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jeudi 21 mars 2013

#6Z : Songs: Ohia "Axxes & Ace"

Je rebondis sur la juste émotion de Jeepeedee concernant la disparition ô combien prématurée d'un singer-songwriter qui, s'il est passé loin sous le radar d'un grand-public à la myopie récurrente, avait acquis une réputation underground avérée : Jason Molina (1973-2013), une vraie perte.

Je ne vous mentirai pas, je ne suis pas un spécialiste du sujet. Songs:Ohia m'avait interpelé à la grâce de quelques juteux articles dans une certaine presse "de bon goût" (inrocks, magic!, libé, ce genre de chose…) mais ce n’est qu’à cette formation, et plus précisément au présent album, que ma connaissance du "body of work" de Jason Molina se limite, la faute, sans doute, à de trop nombreuses excursions dans de trop nombreux genres m’ayant éloigné de l’univers "indie-folkompatible" du monsieur.

Or donc, à la nouvelle du décès du précité (à seulement 39 ans, supposément sans doute des suites d’années d’abus alcooliques… ça reste toutefois à confirmer), pas fan mais toujours attristé quand un artiste dont j’ai, avec plaisir, croisé la route ne serait-ce que fugacement, comme c’est le cas ici, vient à disparaitre, surtout si jeune, ben ça fait toujours un choc, quoi... Et j’ai donc décidé de ressortir Axxes & Ace, 3ème opus de Songs: Ohia sorti en 1999 sur l’excellent label indépendant Secretly Canadian pour voir de quoi il en retournait et, ce faisant, raviver quelques distants souvenirs.

Et grand bien m’en a pris ! Parce que ce folk rock mélancolique et gracieux fait toujours son très bel effet (peut-être un peu plus même sans doute du fait de l'évolution de mes préférences musicales). D’abord parce que la voix de Jason (cousine de celle de Geoff Farina de Karate, de Travis Morrison du Dismemberment Plan ou de grand-papa Neil), claire et forte, charrie à merveille les sentiments de désespoir doux-amer (oui !) des paroles. Ensuite parce que, musicalement, c’est un délice de variété et de mélodie avec, pourtant, une palette indie-folk à priori limitée. Enfin parce l’une (la voix) avec l’autre (la musique) offrent un tout qui outre sa cohérence, me parle par la beauté de sa simplicité, son immédiate accessibilité aussi, son impeccable résistance à l'usure du temps… Et la joie de retrouvailles, en l’occurrence.

Dire que ceci est particulièrement original serait mentir, les fantômes de Will Oldham (Palace Brothers, Bonie ‘Prince’ Billy, etc.), de Townes Van Zandt ou du précité papy canadien surgissent plus souvent qu’à leur tour. Le petit miracle demeurant que, si référencé qu’elle soit, la collection dépasse souvent ses modèles, les transcendent même. Collection bien servie, ceci se devait être précisé, par un casting de haut niveau (Edith Frost en voix de support sur quelques pistes, Julie Liu de Rex au violon, le multi-instrumentiste Michael Krassner du Boxhead Ensemble, etc.) particulièrement dédié à servir les compositions du maître de cérémonie.

A la réflexion, il me semble bien que mon éloignement de l’œuvre du sieur Molina tenait à quelques billets plus nuancés par les mêmes "bien-pensants culturels" évoqués plus haut dont on connait les affections changeantes au gré des modes et "dé-modes". A l’écoute d’Axxes & Ace, il semblerait bien que je doive reconsidérer cette distance. Que ce fut à l’aulne de la nouvelle de sa disparition est malheureux mais bon, quoi, comme on dit, the show must go on…and on... and on... Et il n'est jamais trop tard pour bien faire aussi, alors faisons et donnons posthumément à un artiste quasiment inconnu chez nous le retentissement qu'il aurait du avoir de son vivant, à commencer par ce bouquet de grâces chaudement recommandé.

1. Hot Black Silk 3:08
2. Love and Work 3:34
3. Love Leaves Its Abusers 3:47
4. Redhead 4:19
5. Captain Badass 7:13
6. Come Back to Your Man 5:57
7. Champion 2:39
8. How to Be Perfect Men 4:04
9. Goodnight Lover 6:58

Jason Molina (1973-2013)

3 commentaires:

  1. Dis-donc..y'a de jolis noms dans ce billet... et Boxhead Ensemble que j'adore, je le vois pour la première fois.. y'a plein de jolis noms, certains qui s'effacent. Je suis pas trop hommage, mais je me suis ressorcé à découvrir la discographie de Song:Ohia ya 12 ans. On est tout cons devant une telle nouvelle, sont tellement encore là sur notre platine.

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    1. Je viendrai sans doute à la (re)découverte aussi... Et oui, on se sent tout con... :-(

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  2. Vu le désert des commentaires, on peut légitimement en douter... Et c'est vraiment dommage parce que Molina mérite mieux.

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