Nicolas Ungemuth est un crétin. Serait prêt à tout pour faire comme papa (entendez par là, Philippe Manoeuvre). Sa bêtise a rayonné dans le dernier Rock & Folk avec une rare brillance. Descendant tout net l'incroyable réédition des albums du Cult chez Columbia. Pochettes cartonnées classieuses, livret avec notes de Lenny Kaye, deux CD de raretés et, comme s'il n'y en avait pas assez, un joli coupon pour télécharger pas moins de quatre concerts joliment fagotés. Je n'écoute plus qu'eux, depuis, et de quoi d'autre aurais-je besoin ?
Venimeux à souhait, vicieux par nature, enjolivant leurs textes douteux d'un écrin parfois pop-FM, à l'image des Stranglers n'hésitant pas à édulcorer la bande son pour mieux vous faire avaler des vipères. Et puis, tout du long de leurs heures de gloire, un respect immense et intact pour le rock'n'roll, laissant aux ainés l'honneur de renaître en fin de concert (Born To Be Wild, We Gotta Get Out Of This Place, Roadhouse Blues...). Et puis, classe immense, le BÖC a eu l'idée géniale de compiler tout ce qu'ils avaient fait de mauvais le temps d'un unique album à oublier, Mirrors, tellement moche qu'ils en reviendront au metal le plus brut histoire de laver leur souillure juste après (Cultösaurus Erectus).
Je vous avais promis il y a longtemps, du temps du post d'Extraterrestrial Live du Blue Öyster Cult, de vous offrir ce Fire Of Unknown Origin, une fois remasterisé proprement, ce qui est le cas aujourd'hui. Dernier grand album avant la débandade - ou plutôt le manque d'intérêt d'un public se tournant vers la new-wave, Fire Of Unknown Origin est louche d'un bout à l'autre. Malsain. Lourd. De Heavy Metal (The Black And The Silver) au terrible Veterans Of The Psychic Wars, et ce malgré une production bien léchée lorgnant délibérément vers le hard FM. Quoique, les synthés omniprésents ici n'ont rien à voir avec le Jump de Van Halen. Glacés, glaçants, ils perturbent à merveille l'illusion d'un disque de hard rock comme les aimaient les teenagers de l'époque.
Quelques accalmies, cependant, viennent vaguement gâcher la chose (After Dark, Don't Turn Your Back), mais rien de grave, quand un album contient la plus machiavélique chanson du monde (Joan Crawford), ainsi que le Fire Of Unknown Origin écrit par la Grande Patti Smith.
Inutile de m'envoyer des commentaires comme quoi c'est pas le meilleur album du Cult. C'est MON album, celui par lequel tout est arrivé, conjointement au live pré-cité. Celui par lequel j'ai adhéré au Cult, baptisé que je fus dans les fleuves des enfers. Celui qui nous rendait fort, à l'époque. Ecouter le Blue Öyster Cult, c'était entrer parmi le cercle restreint des initiés. Celui qui faisait fi de votre acné et de l'indifférence des filles à votre égard. Car ça, ça n'était pas pour elles. Et quand on balançait Burning For You dans les boums, ces idiotes se trémoussaient sans même se rendre compte qu'on leur inoculait un poison violent, qu'elles gobaient benoîtement. Nous étions les Maîtres de la Seconde B. Nous pouvions tout.
Rien que pour ça, je n'oublierai jamais le Blue Öyster Cult.
Rien que pour ça, je hais Nicolas Ungemuth.
Rien que pour ça, il n'est pas impossible que je vous les balance tous petit à petit. De temps en temps. Quand le quotidien se fait si triste et que seul un petit morceau d'air guitar sur le riff de Joan Crawford peut vous rappeler que - comme disait Saint-John Perse, sinon l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ?
You see me now, a veteran of a thousand psychic wars...
je hais Nicolas Ungemuth aussi, depuis longtemps.
RépondreSupprimerEt BÖC rules!
Il est forcément moins énervant quand il parle d'artistes que nous apprécions aussi. Ceci dit, même là, il a souvent recours à des facilités comparatrices pas jolies jolies et trop souvent capilotractées.
RépondreSupprimerDe toute façon, RnF a un telsting de tdc que j'ai depuis longtemps renoncé à les lire et me suis, se faisant, évité quelques énervements. ^_^
Après Lizzy, BÖC... ça continue de bombarder chez JPD. Et ce "Fire of Unknown Origin", c'est de la bombe... de la bombe atomique même !!! Avec des titres comme "Burnin' for You", "Veteran of the Psychic Wars", le nerveux "Heavy Metal : The Black and Silver" et le magnifique "Joan Crawford" avec son intro grandiloquente au piano, on n'est pas loin du sans-faute. Ce disque est plus calme et accessible que ses prédécesseurs et devrait plaire, même à ceux que le Hard Rock rebute.
RépondreSupprimerBienvenue dans le Cercle !!!!!
Pour ma part, ça devrait continuer à bombarder. Stay tuned.
SupprimerJ'attends donc avec impatience le tir de barrage ! ^_^
SupprimerLes facilités comparatrices sont aussi imposées par l'exercice des micro-chroniques. Ungemuth a un avis et le donne. C'est surtout ça qui fait grincer des dents (quand l'ensemble de la profession est devenue une immense machine à promo).
RépondreSupprimerJeepeedee, si avoir un avis ou des goûts divergents des vôtres suffisent à se faire haïr, c'est que vous avez un sérieux problème de tolérance. Ungemuth m'a fait découvrir énormément (ainsi que des blogs comme le vôtre), et ses critiques sur des groupes comme les Smiths ou les Doors (groupes que j'adore) ne m'empêcheront pas de lire sa prose le mois suivant.
En ce qui me concerne, évidemment, haine est un peu fort. Disons que je hais ses avis péremptoires et ses comparaisons à l'emporte-pièce ce qui en fait, selon moi, un mauvais rock-critic... Comme son patron.
RépondreSupprimer@abitbool : oui, j'ai un très sérieux problème de tolérance envers Nicolas Ungemuth, car je n'aime pas les prétentieux. Quant à son niveau de tolérance à lui, on peut s'interroger également : n'hésitant ni à se contredire, ni à balancer des coquilles en se croyant omniscient. Le problème, c'est qu'il ne fait pas état de ses goûts, mais de la hype du moment. Oh et puis il n'y a même pas de problème voyez-vous, car en disant haïr NU, cela m'a simplement donné un fil conducteur pour mon billet. J'utilise donc les mêmes recettes que lui ;o) Je déteste également les gens de Brie-Comte-Robert et les amateurs d'Adamo.
RépondreSupprimer@Jimmy : J'ai vu son post, dans lequel j'ai même l'honneur d'être cité. Malheureusement, je pense avoir à peu près tout de Caravan, et mon disque dur m'impose des choix cornéliens. Ceci dit les gars, foncez dessus, Caravan c'est tellement bien que même Nicolas Ungemuth n'en dit pas de mal !
RépondreSupprimer@Zornophage : Des avis péremptoires vous en aurez également chez Lester Bangs, Nick Tosches ou Nick Cohn...
RépondreSupprimer@Jimmy : Je peux comprendre qu'on apprécie pas Ungemuth, mais de là à dire qu'il se contredit... Je le trouve au contraire très cohérent dans ses goûts : il a toujours détesté le prog - hors King Crimson - et le métal, et adoré la country, le Brill Building et le doo wop. Franchement, j'aimerais que vous donniez des exemples pasque je ne vois pas. Pareil pour le côté hype (pour un mec qui s'occupe de la rubrique Rééditions, c'est un peu fort de café, non ?).
Sauf que Lester Bangs et Nick Tosches sont du champagne quand Ungemuth n'est que du champomy.
RépondreSupprimerSalut JeePeeDee,
RépondreSupprimerLe BOC je l'ai un peu écouté quand j'étais ado peut-être pas pour les mêmes raisons que toi, mais j'étais dans la seconde C, c'est ce qui doit faire la différence...Je me souviens que j'écoutais le live On your feet or on your knees et Cultausaurus Erectus.
Curieusement j'ai réécouté quelques morceaux ces derniers jours - une proposition sur le forum des papillons noirs - et je n'y ai trouvé aucun charme, même pas une once de nostalgie. J'ai eu l'impression d'écouter de bons faiseurs mais sans la magie qui fait qu'on remet le disque au début.
Ungemuth ? Je n'ai jamais lu sa prose. J'ai arrêté R&F il y a 30 ans à cause de Manœuvre et d'une couverture qui affichait Michael Jackson. Mais j'ai toujours les bouquins de Lester Bangs, c'est quand même une autre littérature.
Mon préféré aussi, et pourtant ce n'était pas mon premier. Quel chro aussi, quelle fougue, quelle passion... Un grand plaisir de te lire. :))
RépondreSupprimerHey ! Warfy ! Tu t'es enfin décidé à revenir faire la teuf avec les poteaux !!!!!
Supprimer"avant la débandade - ou plutôt le manque d'intérêt d'un public se tournant vers la new-wave"
RépondreSupprimerDavantage, il me semble que ces groupes se sont mis eux mêmes dans la position d'affadir leur musique: comment se relever lorsque déboulent Joy Division, Clash, Kas produkt et Wire ? En incorporant des synthés FM ? Perdu ...