Eh non eh non, ce n'est pas le gros cadeau annoncé qui inaugure cette nouvelle série de posts. Car finalement, ce disque résume bien des humeurs et tutoie la grâce d'une manière effrontée. Si je me souviens bien, La Rouge avait dû en parler lors d'un Concours des Bloggueurs, et en amateur invétéré de Perec, de l'Oulipo, de l'Oumupo et de toutes ses déclinaisons, je ne pouvais qu'être tenté par l'objet. A tel point qu'après avoir traîné tous les supermarchés du disque - dont certains agitateurs - voyez qui je veux dire qui n'y connaissaient que pouic - j'ai fini par l'acheter sur iTunes. Ne riez pas devant le manque, que celui qui n'a jamais fini une canette éventrée depuis le début de la soirée me jette la première bière.
Alors voilà, tout est dans le titre. On pourrait s'arrêter là, gloser sur Max Richter, Vivaldi et tout le tintouin mais aucune des deux solutions ne me semble satisfaisante.
Exercice de style prétentieux ? Faut pas toucher à Mozart et tout le cirque ? Oui, ça peut s'entendre. Dans ce malheureux pays, on a une fâcheuse tendance à enfermer l'art dans les musées pour que personne n'en profite ainsi qu'à considérer comme anathème toute tentative de faire avancer le Schmilblick, car le Schmilblick est chose sacrée ici-bas.
Le Schmilblick peut se retrouver au détour d'un riff de Brown Sugar comme d'une fable de Lafontaine. Le Schmilblick est ce fameux ingrédient tant maudit par plusieurs siècles d'alchimistes, qui change de façon désespérément évidente et systématique l'or en plomb.
Dès la 6ème, voire avant, nos cours de musique sont une ode à l'immuable Schmilblick. On apprend, dès que la zigounette commence à nous titiller, à rester sagement assis et à écouter Jean-Sébastien Bach pour mieux calmer nos hormones. On nous apprend, bien jeune, à détester Bartok car c'est évidemment insupportable quand le 12ème printemps pointe son nez. On nous enseigne donc que le Schmilblick nous suivra toute notre vie, transformant nos têtes blondes en malheureux cadres supérieurs quadragénaires plus soucieux d'un iPhone que du voisin qui crève la dalle, car ainsi le veut le Schmilblick, les deux personnages ici évoqués ont été, chacun à sa façon, transformés en chapes de plomb. L'un sait qu'il a une vie de merde, l'autre ne le sait pas, mais tous deux s'en contentent. Le Schmilblick nous a permis de supporter cinq ans de Sarkozysme sans broncher, et - pour citer Laurent Gerra, ce qui est plutôt rare ici - se laisser berner par les promesses déjà non tenues du porcinet sudoripare qui nous gouverne. Car le Schmilblick les tient, eux aussi.
Alors, ce disque pose question a qui veut bien l'entendre. On voudrait revivre. Ca voudrait dire on voudrait vivre encore la même chose. Refrain connu chez Manset. C'est pas faux, mais mieux vaut tenter le grand saut, la grande question : est-il possible, ce miracle de revivre la même chose, autrement ? Envoyer valdinguer Vivaldi et sa partoche poussiéreuse, qui d'ailleurs s'en fiche putridement, snober les Gardiens du Temple, pisser contre le Grand Schmilblick comme les Who de la grande époque !
Alors oui, ce disque est le plus grand disque de rock'n'roll qu'il m'ait été donné d'entendre. Ce disque hurle le One More Tiiime ! auquel on ne croyait plus.
Et puisque c'est le printemps, que les bourgeons naissent sur la face des adolescents, profitons-en. Il faut croire que c'est possible, et peut-être que ça ira.
Allegretto ma non troppo
J'ai, à de nombreuses reprises, évoqué Max Richter dont les oeuvres me plaisent beaucoup. J'avais d'ailleurs fait un "baistophe" que je pourrais reposter à l'occasion si quelqu'un est intéressé.
RépondreSupprimerCeci dit, je ne connais pas icelui et j'avoue que ton billet excite grandement ma curiosité. Merci donc pour ce partage et à bientôt pour mon petit compte-rendu. ^_^
Que j'aime te lire... Ton texte est comme ce temps de mars, on se laisse endormir par un trop plein de neige ou un redoux discret, et paf!! une giboulée en fin d'après-midi ou le grésil de 5h du mat' qui te frappent en pleine face.
RépondreSupprimerJe ne me souviens que trop "bien" de ces horribles moments de "cours" de musique, qui en pleine puberté te donnent envie de jouer au ball-trap avec les disques du prof, abominable personnage qui tente de te faire entrer les noms de grands compositeurs dans la tête à force de cris et de coups de flûte sur la table... (combien en a t-il brisé ce con-là)... Pourtant je suis là, j'ai fait lentement ma résistance (seule ou grâce à Toorsch, jamais avec l'aide des agitateurs, aucunement conseillers en quoique ce soit d'ailleurs) et j'approuve ton choix du vendredi soir, qui n'est pas un Schmilblick de TF1 mais une envie de révolte tacite et salvatrice...
Je l'ai trouvé en vinyle chez le "disquaire pseudo agitateur" de Lyon Bellecour en décembre et intrigué par le titre je l'ai acheté. Ok le disque était classé dans les vinyles électro !!! Il en restait d'ailleurs toujours un lors de ma dernière visite il y a quelques jours. Cette "relecture" est tout à fait bluffante et ce disque est la preuve que OUI ! "le miracle de revivre la même chose autrement est possible"
RépondreSupprimerEt cette petite intro de 42 secondes qui scotche au canapé et qui vous fait savoir que pendant la durée de l'album la terre va enfin s'arrêter de tourner...
Ah quelle plume qui nous fait nous envoler. Oui il y a beaucoup à dire sur le préfixe Re. Re-vivre, Re-lire, Re-tourner. On est toujours amusé en regardant les enfants se sécuriser en regardant le même dessin animé, en jouant le même jeu ... ce caractère rassurant de déjà tout savoir. Mais grand on reste un peu pareil, pourquoi relire pour la dixième fois le monde des A de Van Vogt alors que j'en connais la fin et les soubresauts, pourquoi attendre dans un film cette réplique que l'on connait par coeur, pourquoi retrouver l'émotion si peu inattendue de ce disque multi écouté. Le RE est un pansement, il calme et rassure, et est l'inverse des questions, de la peur de l'inconnu. Alors ça fait du bien de Re-visiter ton blog et d'y Re-trouver. Re-voir un ami fait toujours plaisir.
RépondreSupprimerMerci à tous pour vos commentaires qui réchauffent ! Sincèrement... Merci.
RépondreSupprimerTiens Jeepeedee, ma dernière compile, je pense que ça peut coller avec ton humeur de ces derniers temps : une qui défoule et une qui repose;-) Je copie-colle :
Supprimer"C'est une double-compile, mais ce n'est pas un double-album digital (elles ne se mélangent pas, elles cohabitent). Le Coup De foudre est plutôt rock efficace (Kills, Yeah Yeah Yeahs, Walkmen, National etc... Bon je dis pas que y a du Green Day ou du Weezer aussi, sinon, ça va faire fuir;-). L'amoureuse est plutôt musique du monde-jazz (mais y a pas de japonais. Les pays représentés sont Le Brésil, Les Etats-Unis, La France, La Hollande, L'Argentine, L'Angola, L'Angleterre, Le Cap Vert, La Roumanie, Le Mali, Le Pérou et l'Espagne...enfin si je me trompe pas;-)
Elles ont la particularité de durer le même temps, à une seconde près (d'après mon explorer) et sont réunis sous le titre La Seconde Idyllique (ou La Rencontre Inédite). L'idée est qu'il y a le coup de foudre puis par répercussion dans la seconde, le sentiment amoureux. Et mes compiles sont les bandes-son de ces arrêts sur image;-) A ranger à côté de ma Ronde Elliptique et son Paradis Sans Carte.
Faudrait que je pense à changer mon pseudo (Zgondideelik?;-)
1:31:04 Le Coup De Foudre (La Seconde Idyllique Partie I)
1:31:05 L'Amoureuse (La Seconde Idyllique Partie II)
Si vous les écouter à la suite, l'intermède entre les deux dure à peu près...vous l'aurez deviné;-). Et ça marche dans les deux sens, suivant qu'on trouve ou perd la sérénité;-)."
Voilà. A+
Soit dit en passant, j'ouvre un blog ou je réunirai mes compiles, si ça t'intéresse :
SupprimerSilencieux Comme Un Souffle Au Milieu Des Flocons
A+
Ben mon Jimmy ! C'est une épidémie ou quoi ?
RépondreSupprimerRien à voir avec Max Richter (quoique...) mais voici la nouvelle du jour :
RépondreSupprimerhttp://thenewbaistophe.blogspot.fr/
A bientôt, amis.