J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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vendredi 29 mars 2013

#8Z : Ali Farka Touré & Toumani Diabaté "Ali and Toumani" (2010)

Deuxième et hélas ultime collaboration entre deux instrumentistes africains de haute volée -  après l’indispensable, et couronné d’un Grammy, In the Heart of the Moon - Ali and Toumani  est un bijou d’authenticité et de grave douceur.

Enregistré en quatre jours en juin 2005, il comprend la toute dernière apparition d’un Ali Farka Touré (qui décèdera d’une « longue maladie, cancer des os, en juillet 2006) qui nous manque aujourd’hui d’autant plus cruellement qu’il brille ici de mille feux. Avare de notes comme de sa voix (la majorité de l’album étant instrumental), précis dans le rythme, intense dans l’émotion, il tisse des accords simples avec une rare grâce. De fait, l’accord parfait avec la kora envoutante de Toumani Diabaté semble si naturelle qu’on comprend bien vite que ces deux là parlent la même langue, celle d’une musique se permettant des libertés, comme par exemple de flirter avec la bossa, sans jamais ô grand jamais n’entamer son innée africanité. 

Le résultat est beau comme une ruisseau éclairé d’un rouge coucher de soleil alors que les animaux s’abreuvent, moment de paix. Je sais, c’est un peu cliché tout ça mais ce sont les impressions que véhiculés par cette musique exempte d’artifices et pourtant si riche. Parce que, à creuser, il y a des trésors de finesse, des torrents d’idées… Mais ça coule de source, tout simplement. Et c’est pour ça que c’est réussi et qu’on en oublierait presque que le glorieux prédécesseur était juste un tout petit peu plus « plus ». Peut-être parce qu’il avait été enregistré chez Ali, dans son village au Mali et pas à Londres comme celui-ci. Un minuscule supplément d’âme. Peut-être…

Mais c’est juste pour pinailler parce que, franchement, Ali and Toumani est une splendeur. Une perle d’album qui fait voyager dans la tête, qui évoque des couleurs, des odeurs qui manquent cruellement au gris uniforme de nos villes. Rien que pour ça, et parce qu’on y revient souvent, ça vaut le coup.


1. Ruby 5:55
2. Sabu Yerkoy 4:09
3. Be Mankan 5:07
4. Doudou 4:47
5. Warbé 4:51
6. Samba Geladio 3:17
7. Sina Mory 4:28
8. 56 6:57
9. Fantasy 2:18
10. Machengoidi 5:05
11. Kala Djula 3:27


African dream

2 commentaires:

  1. zut mon commentaire à réécrire:
    Bien entendu que cela fait cliché, mais comment éviter? Comment exprimer cette qualité d'apaisement, de temps suspendus dans ces musiques pour nous laisser respirer entre et s'émerveiller?
    Je continue à être surpris de ce que de nombreux musiciens d'Afrique expriment quand on connait la violence politique de ce qu'ils vivent.
    Ne serait ce qu'au Mali.
    Je comprends davantage un Fela. Des artistes comme ALi, d'où tirent ils toute cette force?

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    1. Ali Farka Touré était un vieux sage, ça se ressent forcément. Et il faut bien ça à tous ces musiciens africains pour dégager une telle sérénité.

      (et désolé pour le retard à la réponse de ton commentaire que j'ai apprécié comme il se doit, merci donc)

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