Mon Dieu !
Radiohead a sorti un nouvel album !!!
...Mais pourquoi donc ?
Y a-t-il encore sur terre des gens qui ont envie d'entendre une suite à The King Of Limb ? Et/ou autres albums parus avant ?
Y a-t-il encore des gens qui espèrent un nouveau Paranoïd Androïd ? Thom Yorke n'a-t-il pas fait comprendre clairement que ces temps-là étaient révolus ?
Enfin bon, en ce dimanche soir, n'ayant rien d'autre à faire, j'écoute donc un disque qui commence vaguement progressif, donc déjà chiant, en espérant - bien qu'emprunt de grand sceptiscisme - retrouver ne serait-ce qu'un semblant de grand frisson, ce qui n'est pas évident à 27° à l'ombre à 19h04.
Voilà déjà la deuxième chanson, c'est plutôt une bonne nouvelle. La première aurait déjà pu passer à la trappe, servir de B-side voir d'inédit-collector pour une édition future. Et... ben... y'a bien un peu de piano, quelques vagues cordes, et la voix de Thom qui plane... pas bien haut néanmoins. Bon, les gars, à l'heure du zapping internet, faudrait peut-être vous réveiller, non ? Tiens, voilà qu'ils ronflent à la fin de la chanson. Non mais faut pas vous gêner, hein.
Ah, un semblant de motif rythmique, nous attaquons la troisième vignette. Et je me dis que, n'appréciant ni Coldplay, ni Muse, ni U2, je ne suis peut-être pas le mieux placé pour continuer à discuter de ce truc. Quoique, ça t'a là un petit rien de King Crimson (il m'en faut pas beaucoup pour me réveiller, finalement), Ca vaut peut-être la peine de nommer la chose : Decks Dark. Bon, ça vous réveille pas la nuit, mais c'est bien fichu. Un peu comme une tour Eiffel en allumettes, on dit "aah oui, ça ressemble !". Bref, les Radiohead ont réussi à faire une chanson en allumettes. De là à construire une escalier en bois vers le paradis, y'a un pas quand même.
Oh, transition ! Les voilà butinant les vertes herbes britanniques à grands coups de guitare acoustique primesautière et trop folkeuse pour être honnête. Mon dieu, faites qu'ils ne chantent pas en gaélique. Ah non, enfin, a priori. Bon, si vous avez des chakras à ouvrir je cherche le décapsuleur, moi. Remarquez, j'ai le temps, car passé le motif introductif (voilà que je fais de la prose comme Gégé2000 moi) il ne se passe pas grand chose. Ah, si, tiens. Thom couine un peu plus fort. Un refrain ? Naaan j'déconne ! Ca se remet à droner. Je vérifie que c'est pas mon téléphone. Tiens, c'est fini. Une impasse, donc, encore.
Ouh la, rythmes de boîte à rythme (pléonasme, donc, mais visiblement ce disque en est rempli), tirlouits de synthétiseur façon Jean-Michel Jarre enculant des mouches avec Vangelis, filtres qui s'ouvrent, ça va péter !!! Tention les gars ! Ca rigole plus ! Tiens, on dirait un autobus qui passe. Ca pète pas. Et c'est reparti pour un mantra sans queue ni tête. A une note. Comme sur Tomorrow Never Knows. Enfin, vous attendez pas au génie des Beatles, hein, on peut aussi faire de la merde avec une seule note. Oups ! Non tiens, c'est parti. On se dirait d'un seul coup dans Mario Kart avec Robert Smith ! (Vingt dieux, pour que de telles images me viennent à l'esprit, je dois être à l'écoute d'un chef d'oeuvre sans le savoir). Ah et puis non, c'est déjà fini. Ca re-couine. C'est long. J'ai faim. J'ai la nostalgie du vinyle. Si c'en était un, ce serait l'heure de la pause avant de passer à la face B. Quoique j'ai comme l'impression d'avoir mis la face B pour commencer.
Allez, encore le piano sous la mer. C'était Saint-Preux ça, non ? Faut avouer qu'il y a un petit effort dans tout ça. On dirait une vraie chanson, mais avec des cordes pompeuses plutôt que délicates, et avec ma foi bien peu d'élan mélodique. Ca m'émeut pas. Ca me fait chier, mais ça m'émeut pas. Pourtant, on me l'aurait décrite celle-là, j'aurais pu en saliver. JD Beauvallet, c'est ça, on a dû lui décrire le disque pour qu'il parle du meilleur Radiohead depuis OK Computer.
Allez, re-intro, bien troussée ma foi, mais cette-fois c'est trop. Il ne se passe plus rien de surprenant, d'accrochant, de quoi-que-ce-soit passées les 16 (allez, 32) premières mesures. Quoique ça chantonne un peu ici. Ouh, on dirait vaguement la montée de Paranoïd Android, là. Pas possible. Si ? Attendez, j'écoute... Non, finalement non, ça part comme du Sinead O'Connors meets Asia. Bouh, comment ils vont s'ennuyer dans les stades pendant la prochaine tournée... Le gars qui pense à vendre des mots-croisés à l'entr'acte, il fait fortune, pour de vrai, je vous le dis.
Chanson N°8, déjà. Toujours beaucoup de piano, de bruitages, un peu de guitare. On dirait un peu une intro façon Animals de Pink Floyd. Avec une petite influence Double-Blanc pour la batterie. Et un grand vide sidéral dès que Yorke chante. Comme cet infini sur les prairies du Pays de Galle. Serait-il en train de nous expliquer que l'univers est vide de sens ? Quoique, elle passe un peu mieux, celle-là. Elle s'appelle The Numbers. Et puis voilà que ça devient pompeux : les violons, c'est les mêmes que Les Villes de Solitude de Sardou. J'aime beaucoup cette chanson de Sardou. Je trouve qu'elle a un climat formidable, la partie de guitare sèche est géniale et, si c'était pas Sardou, je lui trouverais même un côté visionnaire. Désolé, je meuble un peu, la chanson est longue. On dirait qu'elle se termine, là, mais sait-on jamais. Ah si, uoi, d'un coup d'un seul.
Ouh la ! Alors là, l'intro, c'est Paranoïd Android au pays des Schtroumpfs ! Déluge de phéromones dans l'assistance, la maison de disques se frotte les mains. Les chats s'en foutent, y'a pas de quoi les fouetter. C'est joli; ceci dit. Déjà vu, mais joli. Des effets dans la voix comme chez Gégé2000 (c'est-à-dire comme en 1972), non vraiment, charmant. Ecoutez-la, elle est sympa comme tout. Present Tense. Très bien. C'était difficile d'en faire 5-6 autres comme ça ?
[...]
Excusez-moi, j'étais parti prendre un bout de pizza.
Donc, la suite. On touche à la fin, il serait donc bien vu d'aborder le Grand Oeuvre, le truc qui fera que l'album est inoubliable. Ben là, c'est pas tellement le cas. Toujours pas de mélodie, toujours beaucoup de piano, de batteries vintage, de Theremin et autres synthés vieux comme mes robes. Magnifiquement produit, ceci dit. Le jour où Eric Rohmer fera un remake de Star Wars, ça ferait une excellente BO.
Allez dernier morceau (on entend une vache ou c'est moi qui rêve ?) : Pff... encore une intro au piano, encore les vocalises à Yorke. C'est pas que c'est désagréable, et c'est peut-être ça le problème. C'est plutôt inaudible, dans le sens où ça s'entend pas.
Donc voilà que le disque est fini. Bilan, deux chansons qui auraient pu faire l'objet d'un single alléchant (étant sous-entendu qu'ils auraient gardé le reste, la bombe, pour l'album) et puis du vide très bien produit. Avec de très jolis instruments, ce qu'on pourrait donc qualifier d'un retour à la terre, après leurs expérimentations pseudo-electro diverses, variées et souvent oubliables. Ci-git Radiohead donc, groupe talentueux mais trop présomptueux, qui, vieillissant, tenta de revivre des gloires passées, sans succès si ce n'est celui probable des masses et de l'intelligentsia de la presse musicale ne pouvant se permettre de cracher dans le bouillon car quand même la maison de disque leur a acheté 4 pages de pub et payé huit jours de vacances à la campagne pour écouter l'album.
Tout ça, je vous le dis comme je le pense, ne contribue pas à calmer ma dépression. Je sais le prochain Dylan inutile et merdique, je crains qu'on ne retrouve encore un concert inédit du Velvet enregistré dans les chiottes de Moe Tucker, je n'attends plus rien des Stones et j'ai raté les 50 ans du Grateful Dead. Alors oui, là, sans l'avoir vu venir, il y a une heure j'ignorais encore son existence prochaine, j'aurais vraiment adoré me prendre une claque. L'écouter toute la nuit. Retrouver goût à tout ça. Au lieu de ça, je regarde l'heure, attendant d'aller me coucher après mon infusion.
Pour ceux que ça intéresse, je l'ai trouvé ici. Mais je serais vous, entre tondre ma pelouse, passer une coloscopie, s'abonner à Télé 7 Jours ou écouter ce disque, j'hésiterais pas, y'a tellement de choses chouettes à faire sur terre !
Edit (20h15) : J'ai remis le disque pendant que je corrige les fautes d'orthographe. La production est superbe. Voilà, j'ai dit un truc bien. On pourra pas dire que je suis gratuitement méchant et désabusé. La production est très bien. J'imagine, je rêve à ce qu'auraient pu devenir Tim Hardin ou Jeff Buckley produits de la sorte. Mais bon, hein, ça va pas nous ramener Dalida. Et je viens de me rappeler aussi qu'Eric Rohmer est mort, tant pis donc pour le remake de Star Wars. Bonne soirée à vous.
Comme Chris, une bonne tranche que tu offres là. "Jean-Michel Jarre enculant des mouches avec Vangelis" mon pauvre Vangelis, qui tenait la mouche pendant que... Et à chaque fois que les progueux en prennent un peu pour l'hiver, je me dis qu'il va ma falloir attaquer un papier sur ce sujet, en 77 il y en a un paquet de balayés, les pauvres, en plein quiproquo. Ceux qui s'en sortiront côté tiroir caisse seront ceux qui entendront l'appel des années 80 et sa pop synthétique. Dommage. U2 et les Stones OK, il faut taper les puissants. Muse, je ne peux pas détester un groupe qui a détourné Samson et Dalila de Saint-saens pour mon plaisir à moi (... sur la coomode). Coldplay a fait de bonnes chansons. Bien.
RépondreSupprimerMaintenant, je décide le Radiohead en suivant ton papier... Pour ensuite théoriser sur: ta part de mauvaise foi, unité de mesure: la vanne injuste=1, la vanne injuste et marrante=3. Et le temps que l'on gagne en écoute quand il y a commentaire titre par titre... à suivre
Je n'ai jamais dit que c'était Vangelis qui tenait la mouche ! Comme quoi tu me taxe bien facilement de mauvaise foi...
SupprimerJe suis en train de l'écouter après l'avoir acheté... et suis bien content qu'il ne soit pas aussi consensuel que le laisse entendre les inrocks. J'avoue que je les aime bien comme ça, radiohead, sans mélodie, dronant par çi par là. Si je devais chipoter je la trouve un poil criarde la production. Un truc pus proche de l'encéphalogramme plat de m'aurait pas dérangé. Il en faut pour tous les goûts parait-il.
RépondreSupprimerJe confirme, le disque est loin d'être désagréable, et j'aurais presque préféré qu'il le soit, autrement dit que Radiohead propose quelque chose plutôt que du néant très très bien produit (je l'aime bien la prod, Marc Lavoine devrait s'en inspirer). Ce que je lui trouve de consensuel, c'est ces vagues redites dans les arrangements : franchement, Present Tense, ça surfe gentiment sur la vague jolie de Paranoïd Android non ? (désolé je fais une fixation sur celle-là, je la mets dans la même boite que Stairway To Heaven et autres mini-symphonies pop).
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RépondreSupprimerSérieux donc: Il y avait environ 20 points du texte qui pouvaient être notés de mauvaise foi. Résultat? Beaucoup de bonne foi, hélas pour le temps que j'ai passé à écouter.
SupprimerPour le Vangelis je t'ai compté le max quand même, car malgré tout c'est un mélodiste, pour le reste je ne chercherai pas à te convaincre. Terrible l'analogie au Floyd et Sardou que j'ai reconnu. par contre pas réussi pour le King Crimson, heureusement qu'il y a eu le Floyd sinon je m'inquiétais. Et même sur les titres que tu mets en avant tu fais montre de tolérance je trouve. Pour les répétitions n'est pas Glass qui veut. Et puis, puisque l'on aime dire du mal de la Prog, il y avait quand même des break, des ruptures pour surprendre l'écoute et ne pas trop se lasser de la ligne, idem en pop.
Sb prend le contre-pied, mais trop tard pour moi, je suis sous l'influence de la grille de lecture de JPD...
Normal, vous êtes restés des rockeurs.
SupprimerPOur King Crimson, j'ai immédiatement pensé à l'album Island, au morceau Formentary Lady (ou un truc du genre) mais sans vérifier - c'est peut-être une analogie par tiroir, sais pas...
SupprimerOui, on est sans doute des rockeurs, dans le sens qu'une tarte en pleine tronche nous fait plus d'effet qu'une dissertation en trois volets ?
M'enfin, je le trouve rigolo ton post. Je préfère te lire que lire les inrocks.
SupprimerMoi qui les aime bien jusqu'à Amnesiac, après j'ai manqué de temps et lâché,davantage par ma faute car leur musique demande du temps.
RépondreSupprimerOK, il ont avandonné à MUSE le style Pop envolée lyrique, que j'aime bien eu passage. Mais l'ami Jeepeedee, même si je subis son influence, n'a pas tord de parler d'un groupe talentueux (donc il a aimé un moment?) et présomptueux: car ce disque d'ambiance me parait "simple" finalement à écouter. Pas prise de tête... justement, un peu à la Coldplay sans la modestie et la mélodie.
D'un coup, les Radiohead (ce nom!), ça leur a semblé trop con d'être un bête groupe de rock avec guitare, basse, batterie. Ils se sont imaginés inventeurs d'un nouveau genre. Pourquoi pas, sauf qu'ils accumulent les disques ressemblant à des pets sur des toiles cirées, et c'est moyennement excitant.
RépondreSupprimermoyennement excitant, c'est déjà pas mal.
SupprimerAssez d'accord avec toi. J'avais adoré leur écart Kid A/Amnesiac, puis ils se sont gaufrés avec Hail To The Thief (savaient plus faire du rock) et ensuite y'en a un qui a acheté une game-boy et c'était mort.
Supprimer@Sb (sous-entendu mais tu l'auras compris la réponse précédente s'adressait à Jimmy) : tu n'as pas tord, moyennement excitant c'est déjà pas mal. Sauf qu'ici, j'ai du mal à être moyennement excité. Je suis par contre extrêmement déçu, ce qui est déjà pas mal, j'aurais pu m'en f... comme de l'an 40.
Supprimermoyennement excitant c'est déjà pas mal en ce sen qu'il y en a effectivement un paquet de groupe de cette époque qui ne m'excite plus du tout.
SupprimerPar contre que tu sois extrêmement déçu m'étonne un peu. Il est dans la continuité du précédent en un peu plus facile d'écoute.
Tu en attendais trop, c'est tout. Bon j'aurais aimé un peu plus de sitar vu qu'il a été enregistré en Inde mais bon pas de quoi fouetter un éléphant.
@Chris : Au contraire, j'apprécie trop Radiohead. Trop, parce que j'en espérais trop, de cet album, et c'est peut-être le seul groupe de dinosaures duquel j'attends encore - à tord ou a raison - quelque chose. J'ai tenté la chronique en live pendant la première écoute, et voilà.
RépondreSupprimer@Devant : Une fois la déception calmée, le disque a pris la destination de "l'auto-radio pendant les embouteillages". Pas enviable comme statut, mais oui, ça gêne pas et ça énerve pas...
Bon, j’ai lu ton truc. Tu sais effectivement emballer le quidam avec un ton léger, toujours très vivant, avec ses pointes de moqueries irrésistiblement drôles. Je dirais que tu as en partie raison sur le fond en ce qui concerne le groupe mais je trouve ton exercice très léger sur le fond concernant le disque. Comme visiblement, tu as un peu envie de lancer la polémique sur le groupe, je relève le défi ! ^-^ Par contre, je n’ai pas ton panache, je te préviens ! Et prends ton souffle parce que c'est long! Presque aussi long que ton article! Tellement que je suis censuré et que je dois le mettre en deux fois...
RépondreSupprimerJe tiens à préciser que je n’ai pas d’affinités fortes avec Radiohead et que j’ai moi aussi trouver le groupe surestimé et un peu chiant après Kid A. Et même pas écouté le précédent… D’ailleurs, je ne connais pas la plupart des noms des chansons quand je les écoute. Pour moi, Radiohead, ce ne sont pour la plupart du temps que des albums alors que généralement la seule chose qui compte pour moi est justement de créer une vraie proximité avec les chansons que j’aime, et donc a minima connaître leur nom. Bref, j’ai toujours pas l’impression d’avoir fait le tour de leur disque et, en même temps, j’ai pas trop envie de le faire, ce qui est aussi un signe. Pourtant, le groupe continue à m’intriguer. Visiblement toi aussi, et tu l’as a priori apprécié par le passé.
Dans une première écoute, on ne parle pas vraiment du disque mais de soi ou tout du moins on met en scène son égo à pouvoir décrypter, ressentir comprendre une musique dès la première écoute. Or rien ne m’insupporte plus que ces internautes qui se précipitent pour nous donner leur réaction sur le disque de leur groupe favori ou honni. Comme s’ils avaient un jugement supérieur qui leur permet de comprendre immédiatement un disque. C’est souvent d’une superficialité affligeante, il n’y a aucune approche de fond (attention, je parle ici en général). Moi en tout cas, j’en suis rarement capable. Certes, avec une première écoute, on peut cerner les sonorités d’un morceau qui nous enchantent, une mélodie qui sort du lot. Mais on peut passer à côté de tellement de trucs ou se planter royalement (y compris s’émerveiller une forme de beauté après coup très superficielle). Bref, sur la forme, rien à dire, tu t’es bien lâché (même si c’est pour une fois trop long et que cela devient prévisible). Sur le fond, même si je ne connais pas encore le disque, je suis assez dérangée par ton approche.
Dans ce que tu dis ici, on retrouve ici quasiment tous les arguments que les détracteurs du groupe donnent : pas de mélodie, la voix de Thom York, musique chiante etc. Si Radiohead était devenu une sorte d’icone intouchable à la démarche exploratoire et expérimentale admirable, émettre des réserves à son égard (du fait aussi que beaucoup s’étaient trompé à leur sujet sur leurs deux premiers albums (sans doute du fait du syndrome « première écoute ») devant leur cérébralité revenait clairement à passer pour un con qui ne l’avait pas compris. Résultat, quelques albums certainement très survalorisés (selon Amnesiac et Hail to thief). Et d’autres sont très sous-évaluer (In Rainbow). Pour tout te dire, j’ai peu d’affinités avec OK Computer. Je comprends la musique, je la respecte mais elle ne me touche pas trop. Je préfère The Bends mais surtout Kid A qui a su me bousculer et me remettre en cause. Et ta critique me l’a fait réécouter ce matin et c’est résolument un disque très fort et très beau, mais pas dans le sens « coucher de soleil rose sur la mer », mais plutôt dans le sens d’une beauté nouvelle, un peu difforme et surtout non académique. Un disque que j’ai acheté longtemps après parce que je me suis dit qu’il méritait sa place dans ma discothèque plutôt que dans mon disque dur (et c’est rare sur les disques récents). Et si tu devais (re)écouter un disque d’eux pour réviser tout opinion, je pense que In Rainbow est très intéressant pour ça. Je l’avais acheté justement parce que j’avais senti qu’on commençait à les juger avec ce retour de flammes un peu injuste. Et c’est aussi un grand disque.
RépondreSupprimerDepuis, il y a une sorte d’effet boomerang sur eux que je trouve nauséabond (encore une fois rien contre toi mais plutôt contre, par exemple, rock & folk). Radiohead est devenu le symbole d’une musique chiante et qu’il est devenu intelligent de critiquer. C’est même terriblement tendance de casser du sucre sur leur dos. A dire vrai, à ce jeu, ils ont remplacé Coldplay. Ok, ils ne sont pas parfaits, ils sont terriblement cérébraux, mettent en scène lourdement le mal-être de leur chanteur. Et alors ? Quel autre groupe a été capable de créer pareille œuvre qui soit tourner vers l’avant plutôt que rétrograde ? Qui aient été capable d’aller à l’encontre de ce qu’on attendait d’eux (et notamment de leurs fans) ? On les critique pour mettre qui à la place ? Si je reviens sur Rock & Folk, autant vous dire qu’on est mal barré, ils vont nous mettre tous les revival mods, garage ou psychédélique & co qui sévissent aujourd’hui et qui prouvent que, eux, ont raison d’avoir aimé cette musique quand ils étaient plus jeunes… Je ne dis pas que ces groupes sont mauvais, qu’ils ne font pas du neuf avec du vieux, mais ils le font avec des influences beaucoup plus visibles et prévisibles…
Parmi ces ayatollahs du rocks (avec en face les intégristes qui défendent coute que coute Radiohead), bizarrement, on n’entend jamais que les Cramps, les Ramones ou le Dr Feelgood, ça peut être chiant. Ils voient ces groupes comme des modèles d’intégrité parce qu’ils sont restés fidèles à eux-mêmes. Mon cul ! Ils n’ont simplement jamais été capables de créer autre chose que ce qui les a fait connaitre et ils étaient incapables d’avancer, d’innover. Et de toi à moi, combien de fois écoute-t-on les derniers Cramps, Ramones ou Dr Feelgood ? Ce sont des groupes pour lesquels j’ai plus envie d’écouter des super compils que de me taper leur intégrale (parce que je finirais soit par m’endormir ou pire, par trouver leur meilleurs chansons insupportables à force d’avoir entendu les mêmes gimmicks ou ficelles).
RépondreSupprimerTu parles de Pink Floyd. Je n’ai pas écouté cet album, donc peut-être est-ce pertinent. Mais connaissant un peu la boulimie des membres de Radiohead, je doute qu’ils en soient restés là, il y a certainement plein d’influences, mais peut-être ne sont-elles mêmes pas dans nos discothèques ? Et que ce sont nous qui cherchons à leur coller des trucs que nous connaissons par paresse et aussi parce que nous n’avons plus la même curiosité et la même confiance dans les musiques nouvelles d’aujourd’hui (notamment électro, car, si tu es comme moi, j’en écoute, mais je chope plus les sommets des vagues que je plonge totalement dedans et me rassure en entendant ci ou là l’influence de New Order comme si New Order était forcément d’actualité pour un musicien de 20 ans, c’est comme si on évoquait le Velvet aujourd’hui alors que les groupes influencés par lui sont depuis longtemps devenus des références à part entière, seulement ça reste du rock, donc toi et moi, on est capable de faire la nuance, pas mon cas pour l’électro (pour laquelle on pourrait largement évoqué Brian Eno également dans le même genre d’idées)).
Mais je sais qu’il n’y a souvent pas de « vraies » mélodies dans Radiohead . Le groupe écrit d’ailleurs plus des « morceaux » que des « chansons ». Est-ce pour autant critiquable ? Je ne le pense pas. Et c’est justement là où il faut laisser le temps à ce qui est proposé. Certes, c’est chiant au début et, ce qui est effectivement terrible, cela peut le rester après auquel cas ils nous ont fait perdre du temps et ils méritent d’être lyncher, les salauds !, mais parfois on obtient justement des émotions nouvelles qu’on n’avait jamais ressenti avant. Et là, ils méritent d’être vraiment salués et acclamés parce que ça devient très rare quand on a écouté des milliers de disques avant celui-ci. Et pour ma part, c’est l’une des principales raisons qui me donnent envie encore de perdre mon temps avec le rock. L’autre étant de tomber sur une chanson éternelle qui m’accompagnera toute ma vie (et là, j’ai besoin d’une mélodie).
Donc Radiohead crée une musique de son temps et non d’un temps passé. A l’image de ce monde tel qu’il est aujourd’hui : ouvert et globalisé, fragmenté, angoissant, technologique, à la beauté parfois fulgurante, et avec, malgré tout, des raisons d’espérer en l’homme et en ce qu’il crée de nouveau. Bref, ce disque et ce groupe méritaient certainement un traitement plus adapté. Le résultat sur ton blog n’aurait peut-être pas trouvé cette jubilation d’écrire qu’on devine en toi, mais il aurait gagné en pertinence (et peut-être même en acerbité). Car, au final, de quel groupe d’aujourd’hui attendons-nous encore de ce que peut nous donner Radiohead de nouveau ? C’est encore le même débat que l’autre fois. Tristement de moins en moins de monde.
RépondreSupprimerBon, j’ai fait très long, c’est peut-être aussi cérébrale et chiant que du Radiohead ^-^ mais fallait que ça sorte ! . Il y a des tas de choses pour lesquelles ta critique n’y est pour rien, tu l’auras compris, elle n’a fait que ressortir un agacement plus générale. D’ailleurs, peut-être ai-je exploité ton blog faute d’avoir le mien pour exprimer ce que je ressens plus généralement sur ce groupe et sur une attitude que je trouve plus globalement insupportable, ce qui fait que mes propos sont très excessifs si tu les prends uniquement à ton compte. Aussi je te prie par avance de m’excuser. Mais si tu veux encore polémiquer, la balle est dans ton camp ^-^ (et j’espère avoir écouté moi aussi le disque entre temps !)
Petite parenthèse : j’ai relu tes vieux papiers. Et j’ai particulièrement aimé ce que tu as écrit sur Joe Dassin. D’ailleurs, si tu pouvais reproposer (ou mettre à jour le lien) de son fameux second album… Moi aussi, je suis fan ! Et là, je trouve que tu as allié merveilleusement le fond et la forme et cette touche d’enthousiasme qui fait du bien. Et tu y gagnes d’un coup une remarquable pertinence. Bref, j’aurai bien aimé de ta part retrouver sur Radiohead cette même démarche... Ce qui est positif sur ta critique, c’est aussi qu’on sent une vraie déception, ce qui laisse aussi entendre que tu attends encore quelque chose du groupe, mais c’est là où tu aurais dû creuser, sur ce que tu espères de lui, sur le pourquoi tu as voulu te jeter si vte sur ce disque et en faire un retour. Cela m’aurait davantage intéressé car tu aurais dit davantage de choses sur toi que ce qu’on trouve d’habitude sur eux quand on ne les aime pas. Pour moi, ils méritent mieux. Et on a droit de ne pas les aimer, seulement il faudrait trouver autre chose que : musique chiante, chanteur insupportable, morceaux avec plein de prout prout dedans, parce qu’ils se donnent suffisamment de peine pour qu’on trouve autre chose y compris pour les critiquer ! ^-^ Et a priori, on ne pourra pas dire qu’ils n’aident pas leurs détracteurs ! Mais j’aime aussi qu’un groupe n’en rien à foutre parce qu’il fait après tout la musique qu’il a envie
Beaucoup de blablabla et de mauvaise foi. La musique n'invente plus rien depuis des décennies, elle change juste de forme et de couleur... A chacun de savoir en apprécier ses subtilités et ses référents...
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