#78: John Lee Hooker "Never Get Out Of These Blues Alive"

11 novembre, journée miteuse, encore des sales nouvelles... Rien de tel donc qu'un bon John Lee Hooker pour - tant qu'à faire - choper le (bon) blues... Et puis cet album fait suite au Van Morrison posté il y a quelques jours. Jimmy nous rappelait que le vieux John Lee avait enregistré Gloria en duo avec Van The Man sur le Too Long In Exile de l'Irlandais, en retour je lui rappelle qu'en 1971, Van Morrison avait été invité par John Lee sur le Never Get Out Of The Blues Alive de 10 minutes, crépusculaire et lascif, qui clôt l'album...

On m'objectera que ce n'est peut-être pas le meilleur album du Maître, je répondrai, là, maintenant, que SI.

Sans doute mal mixé, vite fait, mais tellement humain, on tient là une quarantaine de minutes d'essence du blues : pas de soli majestueusement prétentieux, pas d'esbroufe futile, juste un groupe humble et tout dévoué à sa cause qui envoie ce qu'il faut, qui pousse le vieux briscard dans ses retranchements boogie. Et cette pochette ! Fièrement assis avec sa guitare dans un bus qu'on imagine encore, à l'époque, réservé aux blancs (voyez la jolie tête blonde au premier plan)... Voyez, les p'tits jeunes rockers, qui c'est le chef. Urbain, dangereux, venimeux, cet album l'est du début à la fin.

Et puis les arrangements sont terribles... Qui eut pensé que violon et orgue Hammond auraient pu se marier si bien aux lamentations du bluesman ? Ecoutez TB Sheets pour vous en convaincre...

Dire que cet album a été enregistré en trois jours, avec des petits blancs trop contents d'envoyer la purée, laisse rêveur quand on pense à ce que la production est devenue aujourd'hui. Il doit bien falloir cinq jours de plus aujourd'hui aux techniciens d'Eric Clapton rien pour régler ses guitares, avant qu'il ne daigne montrer le bout de son nez et enregistrer trois notes.

Ici, nous avons trois jours dans la vie de John Lee Hooker, trois jours dans une vie de plus de quatre vingt ans, trois jours qui sonnent comme une parenthèse, une virgule, presque rien. Et pourtant, j'en imagine plein qui vendraient leur mère ou leur Gibson Lespaul de 1958 pour arriver à sortir trois notes du calibre de ce qu'on entend ici.

Et, mis à part le duo avec Van Morrison, qu'on serait bien vilain de dédaigner, pas de guest stars improbables et opportunistes (Santana, au hasard) comme sur ses derniers albums. Encore une fois, rien de clinquant, mais que du bon.

Never Get Out Of These Blues Alive