#84: Del Shannon "Home & Away"

Va-ni-ha-ha-ha-ha, Vanina rappelle-toi que je ne suis rien sans toi... Un jour, il faudra que je poste un Dave. Sans rire. Son superbe Doux Tam-Tam, par exemple. Rien que parce que le Hollandais pas violent a remis à l'honneur Del Shannon, dans les années 1974, par-là (et les Rubettes, aussi, oh, merveilleux - Sugar Baby Love - Ce Serait Trop Beau). J'hésite entre vous raconter l'histoire de Dave et celle de Del Shannon. Allons-y pour Del Shannon, c'est plus sérieux. Mais Dave, je t'aime. Enfin, bon, c'est platonique, hein, on est bien d'accord...

Donc, Del Shannon, a créé Runaway (Vanina, pour les lecteurs de Brie-Comte-Robert), et ce n'est pas rien. Et entre autres. Et comme un Brian Wilson, n'a pas voulu se contenter de tubes un peu bêta, et, un jour, à eu la velléité de produire un album de vraies chansons bien arrangées. J'imagine que, vu le désastre de Smile (et même de Pet Sounds, à l'époque, faut s'en rappeler), on l'a laissé jouer en studio, des fois que, on sait jamais, un tube immédiat sorte de ces déambulations, mais au vu du résultat, ce fut niet, nada. Retourne chanter Runaway à Glasgow samedi prochain, on en vendra quinze de plus, mais laisse tomber, tu t'appelles pas John Lennon. Et qu'est-ce que c'est que ces arrangements barrés qu'on n'appréciera que dans les années 2000, quand je serai à la retraite ?

Dont acte, en 2006, on feindra de redécouvrir cet album jamais commercialisé avant, hop, là, comme ça, par hasard, comme si on savait pas. Comme si on n'avait jamais su. Mind Over Matter aurait pu changer la face du monde, à l'époque. Mais personne n'aurait  voulu ça, même pas Yoko Ono. Pas lui, pas Dave, chacun son boulot. Comme si Ray Davies, Paul Mc Cartney et  même Brian Wilson (enfin, son cousin, celui qui bossait officiellement au FBI et vérifiait que les paroles de Good Vibrations restent intégrables par la société) s'étaient réunis en cellule de crise pour pester contre cette chose.

 Les optimistes diront : comme si le monde n'était pas prêt. Les pessimistes, eux pencheront vers l'idée qu'il fallait abrutir la jeunesse avec des hits instantanés, et surtout ne pas offrir à un artiste, et à son public, une musique qui permettrait de le(s) faire évoluer, d'aller plus loin, c'est vrai c'est pénible, ils vont se mettre à réfléchir, à voter, tout ça. Donc, répétez après moi : Ba-ba-ba, Barbara Ann, et c'est très bien comme ça. Du moment que ça étouffe ces racailles de Rolling Stones, Kinks et autres, merci aux Etats-Unis de sauver la Reine. La CIA a du intervenir pour calmer Brian Wilson, n'en arrivons pas là. Stoppons net ce petit crétin. Une émission sur la 7ème Symphonie de Beethoven interprétée par l'école de musique de Brie-Comte-Robert calmera la population. Charles De Gaule est d'accord. Il nous a compris, allons-y comme ça.

Je suis écoeuré, Georges Pompidou n'a rien fait pour rétablir la situation, Margaret Thatcher non plus (de peur que Del Shannon se mette dans l'idée de chanter un duo avec Christy Moore), et François Mitterand a préféré autoriser les radios libres plutôt que d'intervenir auprès d'EMI. C'est la dure réalité, c'est comme ça.

Je risque ma peau à poster ce disque. Ils ont toujours mon numéro de carte bleue chez Gibert, c'est sûr. Si jamais je ne poste rien demain, ne prévenez pas la police. Elle est complice. Débrouillez-vous pour trouver le numéro de téléphone de Dave, lui seul pourra m'aider.