Je suis certes un vieux con. Qui piste les bootlegs de Patti Smith et se moque - ou semble se moquer de ce web 2.0 qu'on nous vend à tous les niveaux. J'ai des amis sur Facebook, des vrais. Essentiellement des amis d'avant qui ont semblé trouver funky de reconstituer une relation qui ne mange pas de pain via les réseaux sociaux. Nostalgie vs nouveaux médias, je laisse cette thématique à mon psy.
Donc, je passe pour un con, parce que parfois des choses m'émeuvent (le Blizzard de Fauve), et que, bêtement enthousiaste, j'en fais part à des ami(e)s qui se foutent de ma gueule parce que j'arrive après la bataille médiatique. Je ne suis pas tellement 2.0 finalement. Je m'emmerde, en fait, et donc je butine sur le web au lieu d'avoir une vraie vie sociale éclatante et tout et tout. Ca n'existe plus, de toute façon. Woodstock-sur-Mer (comprenne qui pourra).
Ma dernière connerie, mon dernier coup de coeur, c'est cet album de Lana Del Rey. Là encore, j'arrive largement après la bataille. Tel un Napoléon à Austerlitz qui aurait débarqué quinze jours après la bérézina et se serait étonné du bordel sans nom régnant sur les lieux.
D'abord écouté sur Spotify, je trouve le premier album à 7 euros dans ma grande surface préférée, je me dis qu'il est certainement mieux que le suivant, j'achète, j'écoute, je suis navré. OK, j'ai dû entendre Video Games quelque part sans même m'en rendre compte. C'est la seule façon que j'ai de tenter d'illuminer des jours tristes, acheter un album au pif en espérant que ça me fera rater un virage dans l'autoradio de ma bagnole.
Vert de rage, je persiste, j'achète le second, ce fameux Ultraviolence qui vient de sortir, parce que ça m'avait ému. Et ça m'émeut toujours, avec toutefois l'impression de passer pour un con. Après tout, elle est jolie Lana Del Rey, et cela peut paraître à peu près normal que je ne sois pas le premier à m'en rendre compte, même si j'avoue sur ce blog mes amours gériatriques et platoniques pour Patti Smith.
Encore elle.
Si vous vous amusez comme moi à lire ce que dit Wikipedia sur la belle (genre, vous êtes aussi bête que moi pour ne rien savoir d'elle en ce 20 juin 2014), ben je trouve que quelque part les parcours sont un peu similaires, et si j'étais Directeur des Ressources Humaines dans je-ne-sais quelle multinationale (Universal, au hasard ?), je trouverais ce tintouin presque sincère. Et puis, quelqu'un qui reprend Chelsea Hotel #2 ne peut pas être tout à fait mauvais, si ?
Je trouve tout cela presque sincère, même si elle est trop jolie pour croire que son seul talent lui ait permis de se retrouver en tête de gondole de mon supermarché (j'ai été largement épargné par la Beauté du Monde pour ce qui me concerne), et j'ai donc le culot de vous le proposer, cet album. Listen without prejudice, comme disait George Michael, tiens donc, ça n'est sans doute pas du niveau d'un To Bring You My Love de PJ Harvey, mais grâce à la production des Black Keys, je trouve que ça le fait suffisamment largement pour que je puisse dire à mon psy que j'ai réglé mon problème de fantasmes gériatriques avec Patti Smith. Elle aussi, je pense, aurait eu une démarche analogue si youtube avait existé du temps de son idylle avec Robert Mapplethorpe.
Je trouve, très honnêtement, qu'il s'agit d'un album courageux. Mais peut-être ce courage cache-t-il l'écueil du 2ème album - ou de celui qui suit un succès improbable, que commercialement et stratégiquement, il conviendrait de fait de maquiller d'un peu de poudre de sincérité ? Comme le Unforgettable Fire de U2, volontiers expérimental avant d'envoyer la bombe Joshua Tree ? Le passage tripes à l'air peut constituer un investissement rentable dans une carrière sur le long terme, voire revigorer un peu un semblant de crédibilité (Automatic For The People de REM, vous vous souvenez ?). A 27 ans, Lana Del Rey ne risque encore que peu d'avoir à cacher une éventuelle cellulite, donc je peux imaginer ça aussi. N'empêche.
Je l'écouterai sans doute tout l'été, et puis je l'oublierai. Mais en attendant, ça calme un mois de juin difficile et désabusé. Comme Napoléon arrivant après la bataille.
Cruel world
Ouais JeePeeDee , faut voir...je me méfie comme de la peste de l'emballement médiatique et, à vrai dire, j'avais le premier "Born to die" sans vraiment l'écouter cette Lana m'intrigue et les extraits de cet album me plaisent car ils paraissent plus alambiqués que la production mainstream...à suivre!
RépondreSupprimerBen oui, il me semble...
SupprimerSi c'est recommandé par JeePeeDee, je veux bien poser une oreille attentive sur ce disque… peut-être que ça me rendra aussi un chouïa moins vieux con !!!!!
RépondreSupprimerC'est vrai que ce disque est envoûtant. La demoiselle possède un organe malléable qui lui permet d'aborder diverses contrées musicales. Ça balance entre pop et rock, avec de belles atmosphères qui ne sont pas sans rappeler Tori Amos et même parfois Enya. Entre légèreté, gravité, douceur extrême et coups de griffe vicieux, cet album a de quoi séduire un très large public.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si je l'écouterai tout l'été, mais je lui fais une jolie place dans ma discothèque virtuelle.
Merci m'sieur JeePeeDee
C'est toujours gênant les compliments, pour celui qui les lit? Mais si ça pouvait t'encourager à passer plus souvent. Chacun son truc en +. Toi en plus de tes chroniques - passionnantes mais mon compliment est ailleurs - c'est cette façon que tu as de placer une chanson dans le tout, une chanson qui t'a touché et que tu lances comme ça dans le texte.
RépondreSupprimerGénéralement je te suis avec grand bonheur, j'aime tomber amoureux d'une chansons, comme ça, un jour, un mois et même davantage.
J'ai encore en tête la lecture de "ton" Madness et du coup de projo lancé sur "Never Knew Your Name"
Avant ton "papier" Fauve je ne connaissais qu'à travers les négatifs lus ici mais surtout là bas.
Maintenant je suis installé inconfortablement dans le disque de Lana. J'ai de suite aimé la dame, influencé que j'étais par cet univers à la Lynch. Une vraie créature sortie de "Blue Velvet" La musique collant parfaitement.
N'oublie pas de revenir quand tu veux.
Dans mes plaisirs d'écoute il y a de la place pour les deux et même les autres. Quand je n'aime pas, je ne me fais pas confiance mais quand j'aime, un peu, beaucoup, à la folie, je me laisse aller à mon plaisir. Le Lana est séduisant et assez loin des styles Madonna & Lady Gaga, non? Un succès trop rapide quand d'autres rament, oui, c'est vrai.
RépondreSupprimerEt le Jeffrey Lee Pierce a été sous les projecteurs du public, il a fait avancer la chose musicale, mais son coup de blues, il ne le doit qu'à lui, il semble.
Si je suis d'accord avec toi sur le téléphone portable, Facebook et tout ce genre d'inventions qui ramollissent la cervelle, je ne te suis pas sur le commentaire concernant miss Del Rey. Que tu ne l'aimes pas, je crois qu'on l'a tous compris, mais un tel acharnement me semble disproportionné. OK, elle a sorti un premier disque qui a plutôt bien marché et le deuxième en fera sans doute autant. Doit-on pour autant traiter tous ses fans de crétins parce qu'ils préfèrent les chansons de Lana plutôt que celles de Tartempion McKenzie qui a enregistré une galette absolument géniale dans sa cave au fin fond du Dakota du Sud et dont personne n'entendra jamais parler ?
RépondreSupprimerJ'en ai un peu marre qu'on oppose systématiquement les fans des artistes mainstream à ceux qui se complaisent dans un underground soit disant plus noble.
La discographie de Lana Del Rey ne revolutionnera sans doute pas la Grande Histoire de la Musique, mais que tu sois d'accord ou pas, je trouve que le disque dont nous parlons aujourd'hui possède beaucoup de charme et une couleur plutôt agréable. Certaines compositions sont même susceptibles de faire dresser les poils sur les bras : Black Beauty, Is This Happyness, Flipside, West Coast et même le très aérien Sad Girl.
Et comme je n'ai pas envie de mourir (trop) con (juste un peu !), j'ai aussi écouté le disque d'Andrea Schroeder et je l'ai beaucoup aimé aussi. Voix magnifique, personnalité affirmée et des compositions sombres… là où Del Rey est plus "lumineuse".
Voilà donc deux albums à écouter, l'un au fond d'un cabaret enfumé, l'autre en pleine lumière.
Pour avoir entendu une de ses prestations Live, cette femme chante presque comme un pied mais je remercie les gens de studios qui donne un son incroyable à la nana. Ceci dit, j'aime l'ambiance mais une à deux fois ne suffit. Merci d'oser en parler.
RépondreSupprimerDe rien. Merci d'oser un commentaire aussi décisif. Reviens quand tu veux !
SupprimerComme je suis tu type plus sombre habituellement, cette fille m'accroche là où les chanteuses pop m'accroche nullement, je parle des Madonnes, Lady Gaga et les midinettes de l'industrie. Lana Del en est une mais l'angle utilisé m'irrite moins et fait plaisir à ma nature dépressive naturelle. Reste que c'est du pré-mâché qui a l'honneur de bien faire dans l'ambiance glauque. Mais tant qu'à aller dans le fond de mon spleen, je préfère Nina Simone. Plus efficace pour moi comme prescription. ;)
SupprimerLe souci est d'être ému par une femme dont tout porte à croire qu'elle est extrêmement stupide, pour ne pas dire nord-américaine.
RépondreSupprimerVilliers de l'Isle-Adam posait déjà la question - douloureuse - voilà plus d'un siècle, et en des termes fort approchants, dans son "Eve future".
Merci pour cette pensée, le Moine. Je m'en vais voir de ce pas cette Eve Future...
SupprimerFranchement, le Andrea Machin me semble aussi superficiel que ce Lana Bidule. Même tentative de trouver un créneau porteur. Manque de chance, les Black Keys ont plus la côte que les Tindersticks. Coup de gueule amical aussi : Andrea Truc, y'a le syndrome Nico-Berlin-Dietrich qui te saute bien vite à la figure... C'est l'été, je suis bien d'accord avec Keith, chacun son ersatz.
RépondreSupprimerA l'occasion, car c'est un peu douloureux (juste un peu, je dramatise un peu pour le jeu) tu peux annuler mon ancien lien GetHappy? il est remplacé par "http://gaitapis.blogspot.fr/" mais ça, je ne te t'oblige pas ;-)
RépondreSupprimerJe renais, mon ego te dit merci ;-)
SupprimerAvec plaisir !
SupprimerTu penses pas ? Du moins l'image qu'ils (elles) véhiculent dans l'inconscient collectif (la bêtise humaine ?) ou celle qu'on leur a volée (pour les Tindersticks, notamment)... Le problème du succès et de ses abus en musique (la "stratification"), c'est simplement le jeu hautement dangereux mais très rentable du "pas vu pas pris". C'est pas Jimmy Page, avec sa reprise certes enflammée du "You Need Love" qui me dira le contraire (tiens, un des rare bonus instructifs des rééditons du Zep, que cette version "rough mix" dans laquelle le jeune poulain Plant hurle par trop ce "you need love" avant que de maquiller le hold-up avec un "canna whole lotta love"...). Ni les Waterboys remettant en selle Van Morrison, le classic rock teinté de folk et Ronnie Lane finalement au bon moment, cette putain de fin des années 80...
RépondreSupprimermerde, lire "starification" et non "stratification", idiot de correcteur d'orthographe...
RépondreSupprimerJ'aime tes verbes Jimmy : tu "sens", tu as "l'impression"... C'est la même chose pour moi, envers Lana Del Rey, et j'accroche pas trop à Andrea. Pour une fois qu'on se bat pas pour une Madeleine, hein ! Non sérieusement, si le disque de Lana Del Rey me touche, c'est sans doute pour des sonorités qui actuellement me rappellent des instants récents de ma vie qui m'ont touché. Ca ne va pas plus loin, ça me suffit. Tu sais, je peux pleurer sur un Mike Brant... J'ai les nerfs, le coeur et les tripes à fleur de peau en ce moment, son album tombe pile-poil là où ça fait mal (et où ça fait du bien). On peut simplement parler de joli coup marketing, je m'en tape. Ce qu'elle offre, tu as raison, n'est pas vrai. Mais suffisamment vraisemblable pour s'y accrocher. Parfois, il vaut mieux s'accrocher à des plantes en plastique, c'est plus solide...
RépondreSupprimerHello Jimmy
RépondreSupprimer'suis sur la même longueur d'onde (Ni facebouc, ni touiteur ni portable non plus!)
A part ça, sans vouloir faire l'autruche, Lana del trucmuche (pour la rime) ne m'émeu guère.
Bon, Jeepeedee, faudrait actualiser ton post, y'a l'iTunes Deluxe Version Japonaise en circulation sur le oueb!
Menfin!
cékoicebordel ?
Smmaaacks à toutes et à tous
Lyc
Y a quand même un fond un peu macho à descendre Lana Del Ray. D'accord, elle ne fait pas du rock sauvage, d'accord, elle a un minois charmant dont le marketing abuse, mais imaginons un instant que ce disque soit celui d'un mec. Utiliserions-nous la même prose à son sujet? Aurions-nous les mêmes exigences?
RépondreSupprimerPeut-être que lui ne retiendrait pas l'attention... Mais en aucun cas on couperait les cheveux en quatre pour savoir si il est authentique ou je ne sais quoi.
J'ai lu quelques interviews d'elle, ils sont bien plus intéressant que celui de Jimmy Page dans Rock N Folk (accessoirement consternant de prétention et d'auto*satisfaction..; Rappelle-moi, Jimmy, t'as fait quoi pour sauver le rock depuis 40 ans?).
Je pense qu'elle a une personnalité bien plus intéressante que beaucoup de pseudo jeunes groupes qu'on essaie de nous refourguer parce qu'ils seraient "authentiques". "Authentiques", c'est le truc inventé par les rock critics pour nous faire acheter un groupe qui aurait pu sortir leur disque quand ils étaient encore jeunes.
Pour ma part, je pense qu'on reparlera encore de la miss dans quelques années.
Je suis pas loin d'être totalement d'accord avec ton post, Audrey. Bienvenue et merci !
SupprimerEt, indépendamment de la carrière (ou pas) de Lana Del Rey, a minima depuis 1976, Jimmy Page n'a rien apporté au rock'n'roll. Si ce n'est des redites pour les passéistes. Même pas foutu, lui, d'enregistrer un bon disque avec les Black Keys (ce qui semble facile, tout du moins vu comment leur son semble coller à l'actualité).
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