Now What?! (qu'on adaptera en français par "Et maintenant?!"), il y a dans ce titre quelque chose de vieux mecs qui se demandent à quoi bon revenir encore, refaire des chansons nouvelles encore, partir en tournée encore... Et puis il y a le plaisir, c'est le moteur même si on peut comprendre qu'il ait des ratés, pensez, à cet âge... Et puis, sans mentir, Deep Purple depuis Bananas (sans Jon Lord, sans Ritchie Blackmore), ce n'est plus vraiment Deep Purple... Sauf qu'il y a le plaisir (bis) qu'ils prennent à continuer de créer et, nous, à les écouter dans l'exercice.
Plaisir en dents de scie, énorme sur un Purpendicular (encore avec Lord !) plein d'allant et de fraicheur, album d'un groupe libéré de la présence tyranique et l'influence néfaste d'un exceptionnel instrumentiste. Suivit la chute, un Abandon, pour le coup bien nommé, qui peinait à transformer l'essai, un Bananas (dé-LORDisé donc) qui sonnait comme la production de vieux messieurs en rupture de courant... On les croyait perdu. Rapture of the Deep renouait avec une imagination plus fertile, un essort plus fécond mais ce n'était pas encore tout à fait ça. Pour tout dire, les qualités de l'album (qui étaient nombreuses) ne parvenaient pas à contrebalancer les lourdeurs, les fautes de goût et une production un poil terne.
Now What?! 2013, Deep Purple revient avec la même formation que celles de ses deux précédents opus, hommage John Lord évidemment (This album is dedicated to Jon Lord. Souls, having touched, are forever entwined… Classe.), ça se fait quand on est bien élevé, et passe à autre chose. Autre chose ? Comme s’ils en étaient capables ! Non, le collectif Deep Purple fait ce qu’on attend de lui, ce qu’on sait qu’il est encore capable de faire : du Deep Purple. Soit une musique élégante, bien produite (Bob Ezrin aux manettes, excusez du peu !) mais aucunement surprenante. Il est vrai que, finalement, on n’aurait pas voulu autre chose que ce hard rock à l’ancienne qui est la marque de fabrique de la formation et leur va si bien qu’on ne rêve jamais d’une révolution, juste d’inspiration, quelle que soit la formation en activité.
C'est un petit jeu qui peut vite devenir casse-binette surtout quand on a tout fait, tout exploré dans un genre certes riche mais pas extensible à l'infini, même quand on est Deep Purple... surtout quand on est Deep Purple même. Mais comme ces vieux messieurs encore frais sont malins comme de vieux singes, qu'ils ont pris le temps, et n'ont que la pression qu'ils se mettent eux-mêmes, fatalement, il y a quelques machins bien sentis, quelques relectures du genre auxquelles on aurait pas forcément pensé, une rouerie épatante, en définitive.
Si on détaille un peu la tracklist et en sort son plus substantiel matériau, on évoquera forcément un Simple Song qui nous cueille à froid, que c'en est beau comme le plus "proggoplanant" d'un Iron Maiden (c'est un compliment !) avec, en sus, la patte mélodique et la voix d'or d'un Gillan encore bien en gorge (... à son grand âge !). Et pas si simple que ça, la song, avec son "mi-cuit" de hard rock, que je te balance mon baladin léger avant de t'attaquer le conduit auditif à coup de burin dans un franc décollage de mi-chemin, comme un rappel de qui est Deep Purple et de ce que sait faire le groupe... parce qu'ils savent faire et qu'un Morse en forme vaut bien un More caractériel, fut-il "black" !
Dans la dizaine de titres (plus la bonus track) qui suivent, on notera bien entendu d'autres belles performances à commencer par Weirdistan (piste 2) digne successeur d'un Perfect Strangers passé à la postérité mais qui n'a pas à rougir de la comparaison, surtout près de 30 ans après ! Hell to Pay, rocker plus enlevé avec son refrain qu'on imagine bien repris en cœur par des audiences à la pilosité crânienne contrariée lors de la prochaine tournée du quintet et sa partie solo Ritchie-compatible. Un peu plus loin, plus léger aussi, on rencontre un Blood from a Stone au ton bluesy/jazzy du plus bel effet ou un long Uncommon Man (7 minutes) incluant quelques jolies acrobaties de Steve Morse avant de développer en un mid-tempo progressif qui atteint sa cible sans coup férir. Last but not least, dernière morceau de l'album dans son édition classique (sans bonus, donc), arrive Vincent Price avec Deep Purple à son plus "heavv théâtral", tellement qu'on se dit qu'on tient là, sans doute, la meilleure chanson (perdue) de Born Again, seul album de Black Sabbath ou Ian Gillan posa sa voix.
Tout n'est pas du même bois, évidemment, mais rien ne déçoit vraiment, ne semble avoir été rajouté ici pour rallonger la sauce. Certes, on pourra trouver le single d'avant album, All the Time in the World, un peu mollasson si mélodiquement efficace, ou trouver un Out of Hand ou un Après Vous un poil convenus avec une formation presque en pilote automatique dans un genre d'exercice qu'il n'a que trop pratiqué... Quoiqu'à la réfection, Après Vous (avec un Don Airey dans tous ses états !) est plutôt très réussi...
Fi de vains atermoiements !, la qualité l'emporte largement, c'est bien l'essentiel et l'opportunité de louer les qualités et la longévité d'un groupe irremplaçable, d'une vieille barbe qui porte encore beau et réussit à nous surprendre par un dynamisme et une joie de jouer qu'on n'attendait pas forcément. On a, par contre, quelque mal à visualiser la place que prendra l'album, ô combien dérivatif, dans la grande histoire du groupe mais on l'imagine bien se glisser aux côtés d'un Purpendicular (auquel What Now?! est musicalement comparable) ou d'un Come Taste the Band dans la catégorie des succès inattendus... Carrément !
Et maintenant ?! Vivement la suite !
1. A Simple Song 4:39
2. Weirdistan 4:14
3. Out of Hand 6:10
4. Hell to Pay 5:11
5. Bodyline 4:26
6. Above and Beyond 5:30
7. Blood from a Stone 5:18
8. Uncommon Man 7:00
9. Après Vous 5:26
10. All the Time in the World 4:21
11. Vincent Price 4:46
bonus
12. It'll Be Me 3:03
Et maintenant ?!
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RépondreSupprimerJe l'ai carrément bien aimé aussi cet album, un bon groove funky sur quelques titres et d'autres qui rappelle la première période du groupe (dont il ne reste plus personne hormis ian paice, si ian paice est encore là)
RépondreSupprimerEt la reprise du classic It'll be me (ma chérie c'est moi par notre johnny à que nous) est parfaite.
Hugo
Et maintenant ?! Je charge, bien sûr... c'est Deep Purple, merde alors !!!!!
RépondreSupprimerFinalement, c'est un très bon album, très velouté, avec quelques grisantes accélérations.
RépondreSupprimerC'est, en substance et en résumé, ce que je dis. ;-)
SupprimerMention spéciale à Vincent Price dont je ne me lasse pas !