J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

mercredi 28 septembre 2011

#38 : Rick James "Street Songs (Deluxe Edition 2CD)"

Rien que la gueule sur la photo... Tout de cuir vêtu, Rickenbacker rutilante, boots montantes rouges sang, dans un quartier visiblement délabré d'un ghetto comme il y en a tant dans ces belles mégapoles des Etats-Unis... Rien que le titre : Street Songs. Un titre à la Leonard Cohen, à la Dylan. Je vous parle de la rue, les mecs, je suis le Messie des banlieues cradingues. Et au verso, la Bête se fait fouiller, accompagné d'une demoiselle blanche et blonde de luxe - qui regarde la scène d'un air vide et non concernée - par un flic bien blanc comme on les craint tous (et surtout les blacks, dans le ghetto), pas content du tout de tomber sur cette putain de tantouze bamboula qui fout le bordel chez les autres négros et nous empêche de regarder le match de base-ball en bouffant des donuts.

Rien que la pochette, donc, donne une idée très claire de ce qu'on va se prendre dans les écoutilles. Du funk torride, une basse incroyable, des arrangements vicieux (cuivres et moog s'entremêlent avec une intelligence rare). Rick James n'est rien moins que la préfiguration d'un Prince, en beaucoup plus direct, moins intellectualisé et bien plus excitant, et un Snoop Doggy Dogg saura se souvenir de plein de choses dans cet album au moment de cartonner avec son Doggy Style. On aurait presque envie de dire que les très sympas Chic sont enterrés vifs, malgré leur Freak et leur prétendu Good Times.

Rick James fout le bordel dans le Landernau du funk, balance des batteries disco (et les violons qui vont avec) parce que plein d'humour, mais tout cela reste d'un niveau jamais atteint dans ce domaine, par ailleurs pas net du tout aux entournures, récupéré par la mafia et même par Sheila et Claude François.

Purée de bordel, voilà un album qu'on peut passer d'une traite, à donf', sans besoin de D-Jay pour veiller aux éventuelles chutes de tension. Et qu'on peut aussi écouter, émerveillé, dans son salon, épaté par les arrangements qui vous envoient dans les étoiles à chaque instant. Sans compter que le gars, en plus, sait envoyer la ballade libidineuse (Fire And Desire) avec la même classe.

Rick James était, depuis son plus jeune âge, une frappe révoltée, irrespectueuse des codes et des lois, et qui parvint à s'imposer grâce à son immense talent et son tonton Temptation de son état. A (presque) plus juste titre - encore une fois - qu'un Prince qui se servit d'une image sulfureuse et de gros mots inutiles pour attirer l'attention. Bien sûr, pas de message écolo à la Marvin Gaye période What's Going On. La misère (Ghetto Life) et le sexe (Make Love To Me), voilà les messages envoyés. Limite protest-songs, parfois (Mr Policeman), et même pop (Super Freak), Rick James bouffait à tous les rateliers d'un appétit féroce. Barry Gordy, le patron de la Motown, lit-on sur Wikipedia, aurait été choqué par son insolence, mais bon, voilà quelqu'un qui rentabilisa un moment le départ des Jackson 5, on va pas être trop regardant quand même, hein...

Bref, une pure merveille.

Et la merveille est double : le concert à Long Beach en juillet 1981, qui constitue le 2ème CD, est plus impressionnant encore. Et cela n'étonnera plus personne, que Prince n'ait jamais sorti de Live, après une tuerie pareille.

Voire triple : les remix en bonus tapent encore plus fort...

Bien évidemment, tout cela aura un coût. Cocaïne, crack et autres joyeusetés auront définitivement raison de la bête en 2004. Même si, en 1981, avec cette bombe, l'essentiel était dit.

Un conseil, passez chez votre revendeur préféré acheter des enceintes qui envoient avant de vous lancer là-dedans...

7 commentaires:

  1. A very good one. mais c'est un grand admirateur de Prince qui t'écrit... ha ha ha. Il est gentil le Rickie (même si sa fin est sordide et très Sex & drugs sans Rock & Roll)
    MAIS JE CORRIGE il y a un très grand live de PRINCE Moooonnnnssieur...
    Et je suis prêt à en découdre (pour rire) sur ce que Prince est à la musique!!! J'aime pas dire du mal des gents, mais Rick .... il est gentil (clin d'oeil à....)

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  2. Ha ha ! OK pour la bataille rangée, en toute amitié bien sûr, et j'avance le premier pion vue la déclaration de guerre que tu viens de me faire parvenir :

    De quand date le dernier bon album de Prince ?

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  3. ...et au passage, quel est ce grand live de Prince ? Je connais des pirates effectivement pas dégueu, mais dans la discographie officielle, ça m'a échappé (si ce n'est peut-être un coffret paru en catimini il y a quelques années que je n'ai jamais pu me procurer, et je suis preneur)

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  4. Je connais un
    "Prince - Live A La Cigale"
    mais surtout
    "Prince One Nite Alone" qui m'a mêm réconcilié avec le bonhomme

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  5. J'en doute pas... ça se trouve, ces albums ?

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  6. Le "Nite" je l'ai pris à la médiathèque, je vais penser à te le proposer. Le "Cigale" je dois retrouver ma source, chez les Paps un membre avait fait la totale de Prince, je pense lui devoir ce live.
    Sinon, le dernier bon prince, je suis d'accord, n'est pas récent, même si je n'écoute plus trop ce qu'il fait, j'ai peut-être tord? Mais reconnais un sacré parcours qui mérite une belle médaille... ha ha non?

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  7. Salut JeePeeDee !


    Me voilà de retour après une semaine loin du Web.

    Entre ta fabuleuse chronique et cet album absolument fantastique, me voilà réconcilié avec le funk !

    P*****, quelle voix, et quelle musique pour soutenir la prestation vocale !!

    L'intro de "Super Freak" (et en gimmick récurrent dans le titre) fait méchamment penser à celle de "Der Kommissar" de Falco. J'ai failli me laisser avoir à la première écoute :-)

    MERCI !!

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