J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

mardi 27 septembre 2011

#37: Johnny Thunders "So Alone"

En réponse au Heartbreakers que j'avais posté sur la défunte Caverne d'Ali Baba grâce à la gentillesse de Mister Moods dont j'attends désespérément le retour., voici la suite, l'album solo de Johnny Thunders. Ce qui aurait dû être un début, et qui n'a malheureusement pas été suivi par grand chose de concret. Je parle de l'album solo, et non d'un album, car la suite de sa production s'effiloche tant et si bien qu'il est difficile de considérer ses autres disques comme de véritables albums, à part peut-être l'acoustique Hurt Me, visiblement enregistré vite fait et sans grands moyens, sans grandes ambitions, sans grand espoir. Tout le monde connaît cette chronique d'une mort annoncée, que Johnny Thunders arrivera vaguement à retarder malgré une thérapie chimique peu conseillée par le corps médical et non remboursée par la sécu.

Et pourtant, tout ça démarrait plutôt bien pour Johnny. Distribué par une Major (la Warner...) ! Et démarrage impeccable, avec la reprise mémorable du Pipeline des Chantays', vibrant hommage à la surf music en pleine hystérie punk. Les Pixies sauront se souvenir du concept pour leur Bossa Nova, avec le Cecilia Ann des Surftones. Hommage à peine dissimulé ? Peut-être, mais quand on rend hommage à un beautiful loser comme Johnny Thunders, autant le dire, le crier et le faire savoir. Minables, sur ce coup-là, les Pixies. Enfin, à mon humble avis.

Et le reste est tout aussi passionnant, la ballade qui suit (une ballade !), You Can't Put Your Arms Around A Memory, reste dans toutes les mémoires, du moins les mémoires sélectives. Pour qui veut chialer devant sa bière en pensant à tant d'injustice, ou seulement à Johnny, elle est parfaite. Pour la suite, rock'n'roll (j'ai bien dit rock'n'roll, et non rock, punk, new wave ou classic rock ou je ne sais quoi) à tous les étages. Epaulé par des copains bienveillants (Chrissie Hynde, Phil Lynott, Steve Marriott (STEVE MARRIOTT !!!), Steve Jones, Paul Cook, tout le monde était venu filer un coup de main au gars Johnny, même des vieux de la vieille, des hardeux, c'est pas beau ça ? Même le très hype Steve Lillywhite à la production), c'est du bonheur du début à la fin. Keith Richards a dû en chier de honte, pendant ce temps-là Mick Jagger faisait sa tantouze sur du disco... Et le bon goût est de mise, les reprises parfaites, surtout Daddy Rollin' Stone d'Otis Blackwell avec Phil Lynott et Steve Marriott...

Le problème, en 1978, il fallait être punk, ou, comme David Johansen, Funky But Chic. Etre aux bons endroits, aux bons moments. Et Johnny Thunders était, et a toujours été, aux mauvais endroits, aux mauvais moments. Inviter un dinosaure comme Steve Marriott, has-been depuis longtemps, était commercialement suicidaire, même si c'était un rêve de fan. Inviter un hardeux comme Phil Lynott (même si... mais là n'est pas le débat), hérétique, même si Johnny Thunders savait reconnaître le talent hors des frontières marketing qu'on aurait voulu lui imposer. Et ce sax rythm'n'blues sur (She's So) Untouchable, faute de goût pour l'époque. Et encore, Johnny Thunders en avait sans doute conscience, de tout ça : la reprise de T-Rex, The Wizard, n'apparaîtra en qu'en bonus-track, lors de la réédition CD. Tout comme cette autre ballade, So Alone, qui a pourtant donné son titre à l'album. Gros sur la patate, Johnny, mais trop fier pour le montrer.

Mais que voulez-vous ? Un gars qui pique son nom à un morceau des Kinks ne pouvait pas passer sa vie à se cantonner dans la clownerie du punk-rock qui commençait déjà à devenir caricatural et commercial...

Sans doute, Johnny Thunders a-t-il été heureux, pendant l'enregistrement de l'album. Qui ne le serait pas, en balançant un chef-d'oeuvre pareil. D'une richesse mélodique incroyable, d'une énergie communicatrice, d'une émotion brute et sincère. Sans doute le flop qui a suivi ne l'a-t-il donc pas affecté plus que ça. Born to lose, là encore, alors basta...

La seule chose qu'on peut espérer, c'est qu'en l'écoutant, en refilant le tuyau, il finisse par rester quelque chose de ce disque magique. Qu'il finisse par inspirer des musiciens non par opportunisme, mais par passion. On voudrait pouvoir te contredire, Johnny :

Yes, You Can Put Yours Arms Around A Memory...

4 commentaires:

  1. J'ai en vinyle, et c'est après coup que je me suis a pensé qu'il n'y avait pas que Syl Sylvain qui apportait cette touche pop dans ce rock touche à tout. Tiens pour apporter de l'eau à ton moulin, cet éclectisme de bon, que dis je de très bon gout: Tu le retrouve plus tard sur le CLASH de "London Calling" le bon dosage Pop & Rock. Dommage pour lui.
    Je te parle pas des deux albums de Sylvain "Tou es formidableu tou lou toute..."
    Reste un David Johansen que je connais très mal. J'ai pris des MP3 mais sans écoute pour autant.

    A suivre...
    Continue!!

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  2. Pfooou, je me relis un peu tard, et bien si tu comprends la moitié de ce que je voulais dire... Bravo à toi... Moi même je suis plus très sûr
    (Bah, Jimmy commence à avoir l'habitude de ce style décousu, la moitié dans ma tête et l'autre pas écrit ;-) )

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  3. ha ha ha ... Jimmy, je vote pour que tu sois diplomate dans les coins difficiles...

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  4. L'un des plus beaux albums des 70's issus de la mouvance punk et le chef-d'oeuvre de son auteur, en effet, qui connut une fin de parcours absolument pathétique...
    http://latelierdediablotin.fr/WordPress3/2014/09/lautodestruction-comme-un-art/

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