J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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samedi 1 octobre 2011

#42/ Gérard Manset "Lumières"

...Ces échanges sur le Floyd et tout ça... retour sur mon modeste blog... Faut-il ne poster que des choses qui n'auraient pas passé l'épreuve du temps (Extraballe, Les Nus...) ou faut-il rentrer dans le coeur de sa CD-thèque et balancer des choses qu'on n'imagine même pas que ça puisse manquer à quelqu'un ? Bah, c'est ce que je viens de faire cet après-midi avec le Clapton alors...

Mais où sont passées, où sont passées les lumières qui nous guidaient ?

Y a-t-il quelqu'un, quelqu'une, qui n'a jamais pris cet album de Manset dans la figure ? Peut-être est-ce possible. Une des pochettes les plus moches et les plus cheap de sa discographie. Imagerie ridicule du communiant brisé dans sa quête innocente de la lumière divine bêtement promise à qui porterait l'aube sans savoir. Même, des chansons datées, effort bêta de coller à l'époque (Entrez Dans Le Rêve sonne comme une tentative d'être dans la vibe des Joy Division ou Cure de l'instant, hé, Gérard, toi qui as produit Herbert Leonard, t'aurais dû savoir que ce genre de chose étaient ratées d'avance !).

Mais pour le reste... chaque chanson sonne comme... comme une chanson de fin d'album. Façon claque finale dans ta gueule avant de ranger le disque. Tout ça commence par l'immense Lumières, 12 minutes terribles et éternelles. Ca continue avec Que Deviens-Tu...

Millions de vies cachées dans des maisons de tôle, fourmi portant le monde sur tes épaules...

Et puis cette même rythmique lancinante, hachée de guitares et piano tordus et rêches... On n'avait pas vu ça depuis le Plastic Ono Band de Lennon, Mother, God et tout ça, sauf que là... je te demande, toi : que deviens-tu ?

Vague solution à la question : Finir Pêcheur. Conséquences de l'acte posées en 7 minutes 40. Mollusques divins. Ca vous dit, une fois les conséquences édictées ? Vous en êtes capables ? Vider le sablier, et tout oublier parce que ça grandit l'homme de vivre sans parler... Mais c'est toujours trop loin, toujours dans le noir....

Nous avons des vies monotones... Plus tard, Manset le rappellera : on voudrait revivre, mais ça veut dire revivre encore la même chose.

Ce soir, je poste de l'essentiel, de la redite, du déjà vécu, à l'attention de ceux qui auraient pu passer à côté d'une chose pareille. Tant pis pour les vieux de la vieille, pour ceux qui sont déjà passés au travers de ce truc immense. Nous avons perdu la lumière, l'étoile. OK. Mais quand même, on se souvient, on se rappelle de quelque chose. Je ne sais pas trop comment, à l'heure du mp3, cela peut finir dans les oreilles de quelqu'un, le soir, dans son lit, ou alors très fort dans des enceintes un jour où l'on est prêt à tout entendre. Mais j'essaye.

Je me souviens de cette interview ou Manset pensait qu'avec cet album ça devait péter. Et que ça n'avait pas pété. Prisonniers de l'Inutile, issu des mêmes séances, était sorti l'année d'après, puis silence radio, jusqu'à Matrice.

Ceux qui connaissent riront doucement. Genre, oui, je l'ai déjà pris dans la figure. Les autres, il est temps. Après ça, je veux bien qu'on parle de chanson française et tout ça. Mais mangez-moi ça avant. J'arrête là, je dérive, de plus en plus... je re-écoute Lumières. Je me dis que j'ai plus l'âge pour ça. C'est un véritable rite initiatique que je vous propose. Oserez-vous le clic ? Les 45 minutes qui suivent ? A vous de voir...

...la Lumière ?

5 commentaires:

  1. Rock Bottom... mon disque de chevet... Tu crois qu'il est encore nécessaire de le poster ? Si oui, je le fais demain...

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  2. Merci !
    Manset n'a jamais aussi bien chanté, ne s'est jamais autant identifié de sa voix blanche à ses textes. Il chante comme jouerait un acteur d'un film de Robert Bresson, comme a su chanter Alain Bashung au cours de ses dimanches à l'Elysée, inoubliables rencontres chargées d'une émotion intense, palpable jusque dans les larmes versées discrètement tout au long de ces rendez-vous que l'on devinait sans lendemain. Le rapprochement in extremis de ces deux géants là restera un grand moment de communion et de respect réciproque.
    Nous finirons pêcheurs, tu crois ?

    Merci de tout coeur !

    Odilon

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  3. @Anonyme : Moi je suis partant pour finir pêcheur. Encore faut-il qu'il reste des poissons consentants. J'en serai, le cas échéant. Je te montrerai comment tromper le gardon quand tout ira mal dans nos vies.

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  4. Bonsoir,
    Pour prolonger le rêve (éveillé ?), je voulais signaler la sortie récente d'un magnifique album de photos du sieur Manset, photos prises au cours de ses nombreux voyages aux 4 coins du monde, magnifique vraiment, le mot n'est pas galvaudé.
    A offrir ou se faire offrir pour les fêtes !

    Odilon

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  5. Merci bcp pour cette pièce que je cherchais depuis longtemps.

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