Ma dernière emplette de la semaine dernière. Et ne voilà-t-il pas que le disque est chroniqué dans Rock & Flock ! L'homme est comparé à Nick Drake, rien de moins (ni rien de plus, et c'est là que le bât blesse). Parce que, là, comme le titre l'indique, attendez-vous à passer 1 heure et 1/2 de guitare acoustique, de chansons d'amour et de pertes. C'est pas faux. Sauf que c'est une compilation "à thème". Roy Harper a fait des trucs bien plus ébouriffants que de la ballade folk, mais ça n'est pas l'objet ici. Compilées de main de maître (lui-même), joliment remasterisées (ça sonne), voici donc la face aimable du bonhomme. Tout cela est fort agréable, et comme l'automne arrive, un bon feu de bois et tout ira bien en ce week-end d'octobre.
Mais c'est quand même oublier que Roy Harper a été sulfureux, aventureux et plus mystique qu'à son tour. Pote d'un certain S. Flavius Mercurius (alias Jimmy Page) alors en pleine période ésotérique, on les imagine bien décrypter ensemble les Clavicules de Salomon dans le manoir d'Aleister Crowley. Roy Harper n'était par ailleurs pas avare de morceaux épiques (au hasard, Mc Gohann's Blues, 17 minutes sur le merveilleux Folkjokeopus, mais aussi l'album Stormcock, 4 longues chansons...), certes toujours orientés sur son jeu de guitare acoustique, mais explorant des contrées dépassant largement le cadre de cette belle compilation.
On se souviendra bien sûr de l'hommage de Led Zep sur leur 3ème album, mais aussi de la partie vocale de Roy Harper sur le Have A Cigar du Floyd. Mais pourquoi tous ces hommages et ces mains tendues ? Tout simplement parce que l'homme était sans concession par rapport aux impératifs commerciaux de l'époque. Et là, on comprend bien des Pink Floyd ou Led Zeppelin jaloux de cette liberté perdue, payer leur dû à ceux qui ont su rester intègres. Histoire, au hasard, de récupérer un peu de bonne conscience quand l'objectif était d'amasser un maximum de pognon. Même si, il faut bien l'avouer, Led Zeppelin III est un des albums les plus courageux que je connaisse étant donnés les enjeux financiers liés au succès planétaire de Whole Lotta Love. Et Wish You Were Here du Floyd, si l'on décrypte les paroles, semble totalement dédié à Syd Barrett, et empli de scrupules. La contribution de Roy Harper y apparaît donc comme une sorte de donation, le "denier du pauvre"...
Bref, donc, un monsieur bien étrange, capable d'insuffler non seulement des bons sentiments, mais aussi de pousser des rock stars à rester sur le droit chemin de l'intégrité. Pas rien. La reprise de Girl Of The North Country, ici présentée comme un traditionnel anglais, mais copie presque conforme de la version de Dylan semble n'être rien d'autre qu'une façon de mettre les points sur les i : hé, l'opportuniste, tu oseras m'attaquer pour la présenter comme telle ? Le Zim est visiblement resté silencieux...
Alors, je me répète, un regret : tout ceci ne présente qu'une facette de l'homme. Puisse-t-elle vous pousser à découvrir le reste. Un peu comme si l'on limitait Leonard Cohen à Suzanne et qu'on oubliait First We Take Manhattan...
D'autant que le compilation court jusque dans les années 1990, et que les choses les plus passionnantes étaient écrites depuis bien longtemps déjà.
Mais bon, avec un Bert Jansch fraîchement décédé, si cette compilation d'un Roy Harper bien vivant peut vous aider à pénétrer son univers, et la richesse d'une guitare acoustique bien envoyée, tant mieux. Soyez curieux, écoutez le reste, ne vous limitez pas à l'image d'un folksinger dépressif ici dépeinte. Sans doute, certains de ses autres exploits ont-ils plus subi l'épreuve du temps qu'une ballade à la guitare acoustique, facilement plus intemporelle que des explorations façon je passe ma Gibson acoustique dans une pédale wah-wah, mais que diable ! Gardez les écoutilles ouvertes. Cherchez, fouinez, découvrez toutes les facettes du bonhomme. Roger Waters, Jimmy Page et moi-même sommes entièrement d'accord sur ce sujet...
Hats off to Roy Harper !!!
Euh... ceci dit, je pars m'exiler dans la Creuse ce week-end. On se revoit donc dimanche, sauf si la folie me pousse à poster autre chose ce soir. Mais bon, vous avez comme moi de quoi savourer des châtaignes et du vin bourru avec cette compile pour le week-end...
J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.
Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?
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jeudi 13 octobre 2011
#56: Roy Harper "Songs Of Love And Loss"
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Hello!
RépondreSupprimerDans la famille Harper, je préfère Ben...
Bon, je sais, ça n'a rien à voir, mais c'est histoire de causer ou de Creuser le sujet, erffffffff!
Ben quoi Jimmy, c'est bien la Creuse, perso je connais des Creusois très très sympas et je vais les voir assez souvent avec plaisir.
C'est aussi dans la Creuse, qu'un maire a refusé d'afficher le portrait de Sark0 dans sa mairie. Le coup du petit village creusois qui résiste, mouarf!
Bref, tout ça pour dire que la Creuse peut aussi swinguer...
@plussssss
Youhou Jimmy ;D
RépondreSupprimerMeuh non, je ne t'en veux pas du tout. Quelle idée!
Certes, il y a des endroits où l'on peut s'ennuyer ferme, mais c'est comme partout et pas typiquement creusois, suffit d'emporter un peu de bonne musique.
Ceci-dit, dans certains endroits de la Creuse profonde, l'hiver doit effectivement être long, et je n'irai pas m'y installer. Mais la Creuse se repeuple, c'est devenu une terre d'accueil pour les Anglais qui y achètent aujourd'hui leur résidence secondaire pour une bouchée de pain, la Dordogne et le Gers étant hors de prix...
Bon week-end!
Bon ben tant pis! pas de châtaignes ni de vin bourru. En revanche, à écouter au casque, sur la plage, au soleil, après une vigoureuse séance de natation (eh oui! y en a qu'ont du bol), j'ai beaucoup apprécié de réécouter le bonhomme. C'est vrai que je l'avais délaissé il y a... pas mal de temps. Cela me donne envie de le redécouvrir.
RépondreSupprimerEt, pour en rajouter sur le débat du jour, j'imagine que l'écouter pendant une balade dans des sous-bois touffus et pourquoi pas humides et pluvieux même doit être très agréable aussi, surtout quand feu dans la cheminée et vin m'attendent pour me récompenser (moi qui ai passé toute ma jeunesse en Haute-Marne, au milieu de forêts profondes, je sais de quoi je parle).
Une petite cure de nostalgie...
@Jimmy : je conseille à tes parents le Marais Bar, du côté d'Ahun. Un bel endroit surréaliste et plein de poésie. Effectivement, ça n'est pas très rock'n'roll, mais mon pote m'a fait découvrir un John Lee Hooker que je ne vais pas tarder à poster, tant il s'accommodait bien de ce petit week-end pépère...
RépondreSupprimer@tous les autres : en fait, on a mangé et bu normalement : canard à l'orange, tourte, vin blanc et pastis à tous les étages. On était juste pas emmerdés par les voisins...
J'ai lu la chronique chez Charlu, je télécharge chez toi grace au "tip" de Jimmy ! Elle est pas formidable la blogosphère ? ^^
RépondreSupprimerMerci pour la musique !