Ce post fait suite à celui de Lyc, concernant la nouvelle (baillements...) compile (rire nerveux) de Dylan, sensée émoustiller encore plus que les autres, grâce à des titres moins courus que d'habitude et, évidemment, à une maigre cerise sur le gâteau pour le fan hard-core : la première réédition CD de Trouble In Mind, face B de Man Gave Names To All The Animals, ce qui est crétin, car nous autres les fous furieux du Zim l'avons depuis bien longtemps déjà sur un bootleg... et nous nous en fichons des remasterisations. Nous achetons bien sûr les compiles, mais c'est le denier pour le culte, pour qu'on nous laisse tranquillement piller le reste, l'underground, les bootlegs, donc. Quoi, et alors ? On fait ce qu'on veut, non ?
Et Jimmy de me proposer d'en poster un ou deux, des bootlegs de Dylan. Naaan... Mince ! J'avais arrêté la dope ! L'armoire était fermée à clé, je ne passais plus mon temps à les pister, j'étais redevenu presque normal ! Ca va donc recommencer, tout ça ? Et ma vie de famille, mon travail, ma raison ? En plus, je me l'étais promis : bon, ok, tu crée ton blog, mais tu ne commence pas à poster du Dylan à tout va ! Et tout ça recommence. Turn, turn, turn, turn again...
Tout ça, c'était au début des années 2000, nous étions une société secrète qui s'échangeait sa bootlist en fichier Excel par e-mail. Et que si tu m'envoie celui-là je te donne celui-ci. Ca ne s'achetait déjà plus, mais il fallait gagner sa réputation, graver les disques sur des CD corrects, pas les merdes à 10 euros les 20 chez Carrefour, et expédier le lot partout dans le monde. A mon apogée dans cette secte, j'en recevais des dizaines par la poste tous les jours, et j'en envoyais autant. Ma postière me regardait d'un air louche, le facteur a sans doute dû appeler les RG... Une de mes fiertés était d'avoir TOUS les concerts de 2003. (Presque) TOUS les concerts de la tournée de 1984. TOUS les bootlegs de la tournée de 1966, même ses gratouillements dans les chambres d'hôtel. Et tant d'autres vanités...
Et puis les forums sont apparus, l'ADSL, les clients bitttorent et tout ça et tout a perdu de sa poésie. Pas question de leeching, avant. Un mauvais deal et le voleur était marqué au fer rouge dans toute la communauté. Donnant donnant. To live outside the law, you must be honest, comme disait le Maître.
Mais bon, tel un Keith Richard sur son cocotier craquant pour un rail de coke, tel un Miossec s'autorisant malgré tout une 27ème bière, me voilà replongé dans l'enfer de la dylanomanie. Un ou deux bootlegs ? L'horreur. Genre, tu préfère ton père ou ta mère ? Je n'ai pas pu, su choisir. Il y a autant de facettes de Dylan que de bootlegs existants. Alors laquelle, de facette ? Le jeune folkeux arrogant ? Les années mercuriales de 1965-66 ? Des raretés en studio ? Des répètes avec le Grateful Dead ? Sa période cul-béni (fantastique en concert, si, si) ? Seul le hasard pouvait à la fois satisfaire la commande et garantir une petite nuit de sommeil. Voici donc celui qui est sorti du placard, que j'ai contemplé avec nostalgie, passion et fierté.
Stuck Inside Of New York, c'est un live de 1988, dantesque. Immense. Le début du "Never Ending Tour", en formation serrée basse/guitare/batterie/Bob. Avec rien moins que G.E. Smith qui mène la danse. Envoie un solo furieux et définitif dès le Subterranean Homesick Blues qui ouvre les hostilités. Un Bob qui n'a pas encore définitivement cultivé sa voix de canard surréaliste qu'il exploitera par la suite, mais qui use d'un organe éraillé et passionné, malgré la débâcle discographique dans laquelle il errait à l'époque.. Des titres improbables et dispensables re-ciselés (I'll Remember You), de longues séquences acoustiques d'une pure merveille (Barbara Allen, Wagoner's Lad, tout droit sortis de l'Anthology de Harry Smith sans aucune arrière pensée commerciale (genre "non les gars, celles-là je les chante pour le plaisir, elles sont pas sur mes disques")... et plein d'autres), de vieilles bêtes électrifiées (John Brown, incroyable), des trucs rarement jouées en live (Bob Dylan's 115th Dream) et toujours une pêche incroyable (le très sous-estimé Silvio, Like A Rolling Stone... bien sûr) et un humour grinçant : Dylan introduit une de ses bigoteries (In The Garden), diabolisée et magnifiée au passage, en se demandant si, dans le cas ou Amnesty International reprendrait à nouveau un de ses titres pour la prochaine tournée (ils avaient choisi Chimes Of Freedom puis I Shall Be Released avec Sting et les autres andouilles bien pensantes), il ne proposerait pas celle-là, de peur qu'ils ne choisissent Jokerman. Offensif, sarcastique et teigneux comme en 1966... Même les plus rabâchées sont incroyables (Knockin' On Heaven's Door, Maggie's Farm, au hasard). Bref, de quoi, j'espère, rassasier tout le monde, des néophytes aux nostalgiques en passant par les addicts.
Que dire de plus ? Un mix chaleureux, bonne qualité et... raah, je retombe dans les travers de mes commentaires sur mon fichier Excel : soundboard donc, pas audience. Sounds great, man. Ah, puis, désolé pour les allergiques, y'a même des bonus tracks : deux morceaux enregistrés à Bristol, la même année. Les bootleggers étaient facétieux, ils vous collaient ce genre de trucs à vous faire baver en fin d'album, juste histoire de dire "j'en ai d'autres, si tu veux..." Saloperie de dealers ! Parce que bien sûr les bonus tracks en question envoyaient une purée démoniaque vous poussant irresistiblement à en trouver plus, toujours plus...
Ah, et puis, pour la pochette et le track-listing, allez faire un tour ici, sur... bobsboots.com. Snif, ça faisait bien longtemps que je n'y étais pas allé. C'est comme ce retour à la Baule, vingt ans après... Ou comme Gabin se pétant la ruche dans Un Singe En Hiver... Et remarquez que je vous offre un "Bob's Best". Ha ! quoi ! Ca ne vous parle pas ??? Si vous ne croyez pas à mon argumentaire, eux, vous pouvez largement leur faire confiance. Le label n'est accordé qu'avec parcimonie. Et je n'ai jamais été déçu. Au grand jamais. Des commentaires avisés et toujours justes, une belle enseigne, je vous le dis. Ah... tiens, je verse une larme émue en voyant que le look ringard du site n'a pas changé malgré toutes ces années... Comme ce petit vin de table qu'on vous sert toujours sans chichi dans tel petit bistrot perdu de Bergerac, et qui dépasse de loin certains prétentieux Bordeaux vides de saveur de la Gironde si proche.
Et puis tant qu'à faire, flânez dans leur catalogue. J'y suis toujours listé comme trader, enfin je crois que c'est moi, même si l'adresse mail est morte depuis longtemps... Quelle négligence ! Alors qu'il fallait montrer sacrément patte blanche pour être initié dans cette secte et listé sur le site : envoyer un CD à une adresse inconnue en 48 h chrono, et les gars écoutaient, vérifiaient si le boulot était bien fait... Ah mon pauvre monsieur, le bon vieux temps de l'artisanat. J'ai la triste impression de les trahir en postant du mp3. Mais le monde et les temps changent...
Bref, s'il y en a un de répertorié chez eux qui vous tente, il est fort probable que je l'aie. J'ai des choses que même Columbia ne doit pas avoir, et dont ils ne soupçonnent peut-être même pas l'existence. Ceci dit, sans prétention aucune. Mais faut que je les retrouve... et la caverne est bien remplie... et c'est pas gagné... et j'ai pas le temps...
Mais bon y'a qu'à demander gentiment. Je fouillerai. Je pourrais même vous retrouver le pirate du concert (minable) à Paris en 1992 ou 1993, sur lequel on m'entend (je beuglais de bonheur les paroles de Tangled Up In Blue) au grand dam du bootlegger avec son magnéto et son micro-perche juste à côté de moi qui me regardait d'un air noir... Si, si, c'est vrai, j'ai chanté avec Dylan, moi, Môssieur ! Comme Hugues Aufray ! Et le petit Monde Entier des dingos de mon genre m'en est témoin.
En attendant, c'est ici.
Ah et puis, bon week-end. La maison sera fermée jusqu'à lundi au plus tôt... ;o)
J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.
Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?
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jeudi 27 octobre 2011
#65: Bob Dylan "Stuck Inside Of New York"
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Et dire que j'ai osé parler d'addiction en commentant ma découverte de "No other" de Gene Clark.
RépondreSupprimerYoupi! Tout va très bien pour moi...
Mon dieu......
RépondreSupprimerCe n'est pas souvent que je commente un post, mais....
mais c'est story of my life que je lis là.
Ah les virées à la poste du coin pour acheter par paquets les enveloppes cartonnées à destination france/europe/monde.....
Bien sue que je l'ai celui-là comme tous les autres recommendés par bobsbbots.
Allez je rouvre le placard et la famille va en rebouffer du Dylan.
j'étais en réhab et je rechute.....
merci Jeepeedee!
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RépondreSupprimerJ'ai craqué à cause de la chronique :-)
Et parce que Dylan le vaut bien ...
Merci bien pour ce post très intéressant !!!
RépondreSupprimerMerci à tous pour vos commentaires et vos encouragements ! Hé unknown, si ça se trouve, on s'est échangé des CD à l'époque ;o) ?
RépondreSupprimer@Jimmy : t'as pas de chance, j'ai pas cédé aux sirènes du "mono remastered", c'est la seule fois... Ceci dit, j'ai quand même "Blonde On Blonde", histoire de voir comment le thin wild mercury sound était sensé sonner... je le posterai un de ces quatre...