J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

vendredi 3 juin 2016

#188 : Metallica "Metallica"

Il est parfois grisant d'enfoncer des portes ouvertes. Surtout à grand coup de Panzer en fracassant toute la maisonée juste histoire de rire. Alors donc, un album qui n'a rien à faire ici parce que le monde est divisé en deux camps : ceux qui en sont à leur 7ème copie (on leur en a volé 3, 2 ont disparu dans le crash de la Porsche, et avec toute la bière qu'ils se sont enfilé ils sont incapables de trouver où sont passés les deux autres), et ceux qui ne supportent pas et n'en voudraient pour rien au monde. Eventuellement, chez les Papous et les Aborigènes, on a dénombré quatre-cinq personnes qui s'en foutent parce qu'ils n'ont pas l'électricité pour écouter le truc. Déjà, j'imagine que les 3/4 des lecteurs potentiels de ce blog ont quitté cette page. Le quart restant s'attend à ce que je descende le truc en règle, et j'ai trois sacs Leclerc dans le coffre de la voiture remplis de bonnes raisons de le faire, mais je n'en ferai rien. C'est tout simplement l'album définitif et inégalable de ce que vous voudrez bien appeler hard rock, heavy metal, trash metal, death metal ou quoique ce soit d'autre. On pourrait dire tout simplement rock'n'roll, mais ce serait faire peine à Lemmy, qui, sur ce terrain, a bien des choses à dire.

Incapable de parler aborigène ou papou, j'espère donc que les quatre-cinq personnes que j'évoquai ci-dessus ont quelques notions de français, sinon tant pis.

Je fais une pause, déjà, Nothing Else Matters arrive à tirer des larmes d'un vieux crocodile amer et désabusé comme moi. Vous comprendrez que j'en profite.

Non, sérieux, cet album est une histoire incroyable. Nous sommes en 1991. La nouvelle vague du heavy metal (Iron Maiden, Saxon et les autres) n'a pas atteint la dune, mon pauvre Joe. Il aura fallu Metallica, Slayer et quelques autres pour jouer plus vite, plus fort, pour épater cette nouvelle jeunesse qui vous qualifierait Strange Kind Of Woman de gentille balade irlandaise et Whole Lotta Love de vieille scie pour hippies attardés. Bien bien, c'est leur droit, ils ont sans doute raison. Tout cela demeure pour l'instant dans la sphère très fermée des imbéciles attardés qui jouent de la raquette de tennis devant leur miroir en mangeant des corn-flakes et en buvant du coca. Les gens civilisés, eux, se tournent vers des choses parallèles fort intéressantes : Pixies, Ride, voire pour quelques temps encore U2, avec un Bono singeant le Bowie berlinois dans Zooropa. Ces deux univers parallèles ont toujours cohabité, sauf que, ne voila-t-il pas que de jeunes trublions nommés Guns'n'Roses viennent tranquillement caresser le sens du poil des mélomanes prétendûment avertis, avec une rock'n'roll attitude stonienne et une musique joliment burnée lorgnant évidemment du côté heavy metal des bouffeurs de pop-corn mais avec, à l'époque, s'il vous plaît, une hype sur laquelle ils surfent sans complexe. On pouvait, en 1991, se retrouver à la caisse de la FNAC avec dans ses mains fébriles, Trompe Le Monde des Pixies dans une main et Use Your Illusion dans l'autre (s'agissant de deux CD, le troisième était caché dans l'entrejambe, parce que ça représentait un paquet de fric quand même, cette histoire).

Pendant ce temps, Metallica et Slayer continuaient à jouer à qui rifferait le plus vite, façon Bip-Bip et Will Coyote, pour la plus grande joie des kids - oh la belle bleue - oh la belle rouge !

Tout cela aurait pu continuer un temps (on se lasse vite de Guns'n'Roses, en fait), quand un beau jour Metallica se dit que finalement, sortir l'album définitif de heavy metal, la pierre de Rosette, le Graal devant lequel se prosterneraient - outre les amateurs de raquette de tennis - cette fange inconnue qui écoutait U2 en glosant sur That Petrol Emotion. Pour cela, il fallait de la crédibilité. Lars Ulrich s'en est allé la chercher du côté de chez John Bonham. Il fallait aussi définitivement se débarasser de Slayer. A la course de vitesse, Pierre de Coubertin vous le dirait, on a au mieux une chance sur deux de gagner. S'arrêtant net, regardant Slayer-Will Coyote courir droit vers le ravin, Metallica renforça en intensité ce qu'il lâcha en vitesse. Pas con, comme idée.

Restait le concept. Et là, ils optèrent pour le culot, façon Guns'n'Roses qui nous aviaent fait prendre leurs vessies pour des lanternes Stoniennes. Le black album. Les Damned l'avaient osé en catimini (on s'en fout, des Damned), AC/DC l'avait orné de platine, ben que foutre, ils oseraient. Ils feraient donc comme si Back in Black n'avait jamais existé. Le titre de l'album ? Quel titre ? Un titre, ça sert à classer le machin entre deux. Cet album-là serait inclassable, se définirait par lui-même. Bien vu.

Et la musique ? Rampante plus qu'à son tour, déluge de guitares qu'on a jamais mieux entendu sonner sur un compact-disc, soli bien campés dans la wah-wah sans démonstration pyrotechnique façon Satriani (là encore, bonne idée), et surtout, surtout, surtout, ce son de batterie : la grosse caisse est mixée dans les aigus, pour faire la nique à la guitare, les cymbales sont lourdes, tout ici vous tape directement au niveau du palpitant. Pas même de la poitrine, à fort volume. Le coeur, l'organe vital, directement. Rajoutez-y quelques furieuses accélérations (même s'il faudra attendre le dernier titre pour y retrouver ce speed qui les caractérisait, un peu comme un lot de consolation aux fans de la première heure), LE slow (mais oui, il fallait l'oser, ils l'osent), des riffs imprenables (Enter Sandman, évidemment...) et les voilà prêts à conquérir le monde.

Ajoutez-y un peu de com' (Lars Ulrich, encore lui, se la jouant branchouille dans des magazines qui n'en demandaient pas temps), et l'affaire fut dans le sac. 1991 = Metallica. Qui d'autre ? Quoi ? Sorti en plein mois d'août, l'album niquera tous les disques de la rentrée, y compris les Guns et les Pixies.

Que la suite soit une autre histoire (LoadedRe-Loaded, ben voyons, les Metallica dévalisant Napster avec les flics, le fameux Some Kinda Monsters les montrant, pitoyables, tentant d'enregistrer St Anger, le coup de l'album symphonique, passons...), qu'importe, Metallica - le disque - est toujours là. Rythmique pachydermique éternelle pour neurasthénie passagère,  ça fonctionne encore à plein régime. On en sort vidé, lessivé, mais heureux. Dans le genre pochette noire (hello Keith), il y a le Song Of Love And Hate de Cohen. A la fin du disque, on se dit "je suis une merde". Ici, c'est un fuck off libératoire qu'on exulte.

Parce que, voyez-vous (on y entend rien avec ce boucan), me disais-je en reécoutant Lovedrive des Scorpions, il y a deux types de disques de heavy metal : ceux qu'on écoute en se disant, waah ça joue bien, en concert ça doit (devrait/devait) dépoter, et ceux pour lesquels on ne dit rien. Tout simplement parce que la pauvre galette sonne mieux que nature. Vos pauvres enceintes font cracher la guitare encore mieux qu'un mur de Marshall, vous priez pour vos baffles quand la double grosse-caisse castagne, et point barre. Et des comme ça, il n'y en a pas cinquante. Je ne veux pas m'attirer d'ennemis sur ce terrain houleux, mais Metallica est l'un d'entre eux, sinon le seul d'entre eux. Avec tout le respect que j'ai pour Mötörhead.

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29 Mai 2016 : Dimanche de merde, envie de rien. Alors quoi ? Metallica. Lequel ? Question idiote. Très très fort, sur la chaîne, pas sur un iTruc. Et la journée, faute de s'illuminer, au moins prend l'allure de ma mauvaise humeur. Le voisin n'ose pas taper à la porte, de toute façon je lui en colle une. Le chien fait semblant de dormir, il a raison. Tiens, je le remets, le disque.

Sad But True






13 commentaires:

  1. Pour ceux qui les suivent depuis leurs débuts, comme moi tiens !, L'ALBUM de Metallica c'est surtout Master of Puppets. Celui-ci ? Déjà une petite trahison bientôt confirmée par Load (pour les puristes, perso, j'adore Load). Mais le pire, le pire du pire du pire, non, ce n'est pas St. Anger et ses morceaux qu'on peine à distinguer les uns des autres, non, c'est Death Magnetic où un groupe qui n'avait jamais pensé business se demande comment raccrocher le wagon de la popularité et, conséquemment, balance son album le plus opportunément putassier... Que j'aime bien d'ailleurs mais, franchement, c'est presque indigne d'eux, de pareils agissements.
    Bref, ce Metallica, pour moi, c'est une énorme déception à l'époque, un légère satisfaction depuis... Pas un essentiel sauf à considérer que ce qui se vent par pelletées est plus important que ce qu'on se refile sous le manteau...

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    1. Je suis heureux d'apprendre que je ne suis pas seul à aimer Load !!!

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    2. Tu n'as rien compris Zorny. Master of Puppets est un album encore catégorisé trash metal, celui-ci est un (grand) album de rock tout court. Quant à Death Magnetic, personnellement je l'adore.

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  2. Un commentaire en forme d'évocation que tu as provoqué à la lecture de ton papier. Un deuxième suivra puisque j'ai l'intention de l'écouter en entier, étant donné la description jusqu’au-boutiste que tu en fais.
    Metallica c'est mon fils qui me les a fait connaitre, moi aux toilettes écoutant à travers la porte.
    C'est SM qui m'a rapidement séduit (Ennio?) et enfin ce reportage qui raconte la création de "truc Anger" est un chef d'oeuvre d'éclairage sur un des mondes du show biz. Même la série VINYLE n'a pas atteint cette portée. "Metallica : Some Kind Of Monster" le casting du bassiste remplaçant, le comment je t'ai viré le coach psychologue embauché pour atténuer les tensions, coment j'explique au guitariste que le temps des solo c'est fini ... que des moments d'anthologie. Bon promis, je te fais un retour pour faire la part des choses entre ta mauvaise foi et mon ouverture d'esprit. A+

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  3. Tiens, y'a du Metallica chez JeePeeDee ?!?!? :-)
    Voilà bien un album que tout fan de metal se doit d'avoir dans sa collec.
    Faudrait pas oublier de préciser que sa sortie a occasionné un véritable traumatisme chez les fans historiques du groupe, car il rompait avec le thrash pur et dur des débuts. Cependant, les tempos plus lents et les structures mélodiques plus accessibles ont attiré un public plus large et moins "extrémiste".
    Album essentiel donc ! Par contre, mon petit JeeP, je suis prêt à te donner une liste d'autres galettes qui pourraient mettre le feu à tes enceintes (et y'aura sûrement 1 ou 2 Motörhead !!!)
    Bon weekend et bon rhum arrangé !!!

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    1. Hello Keith,

      Quel merveilleux résumé de ce que j'ai tenté de bafouiller en quinze pages ! Merci. Pour la liste, je suis preneur.

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  4. back in the saddle... P'tain, sur mon vélo sans roue, j'ai atteint des pointes de 17km/h à certains moments. J'ai cru y rester, ha bravo!!
    Bon, peut-être sous l'influence de la pochette, mais j'ai retrouvé ... cette sensation que j'ai eu au premier Led Zep, une musique monochrome et pourtant variée qui m'a fait tourner le dos aux Deep Purple.
    Je rebondis sur tes souvenirs, c'est plutôt le "trompe Monde" des Pixies qui m’ennuie aujourd'hui, alors que le GUNS je continue à y piocher quelques titres qui m'éclatent comme COMA.
    Metallica: et puis tiens, je commence même à comprendre l'hésitation à placer des solo qui enjolivent parfois le pesant de l'album noir. Merci monsieur

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  5. À la demande générale de… JeePeeDe, je donne une liste d'albums metal absolument indispensables (vite fait, en vrac !) :

    - Black Sabbath (1970)
    - Budgie - In for the Kill
    - Judas Priest - Painkiller
    - Motörhead - Overkill
    - Iron Maiden - Killers
    - Pantera - Cowboys from Hell
    - Slayer - Seasons in the Abyss
    - Rage Against the Machine (1992)
    - Accept - Restless and Wild
    - Pearl Jam - Ten
    - Ted Nugent (1975)

    Y'en a encore au moins 2500 à citer, mais je ne veux pas bouffer tout l'espace du blog !!!!!

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    1. Incroyadable, j'en connais... le Black Sabbath mais depuis peu. Pearl Jam, ted Nugent (moins plombé que je pensais) Motorhead dès sa sortie, fier je suis. Le fiston a tenté de me convertir à SLayer, Iron Maiden, Pantera mais je me sentais déjà trop... Tiens Rage, oui, grand

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    2. Aïe Aïe Aïe ! Bon, Ted Nugent, Motorhead, Black Sabbath et Iron Maiden c'est dans la boite mais... Pearl Jam ? Non, non, non, c'est trop dur pour moi. Je vais essayer Pantera d'abord... Merci en tout cas !

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    3. Essaie aussi une petit Accept. C'est du pur metal allemand, basique, pas prise de tête, c'est fiable et inusable (comme une Volkswagen !!!)

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  6. tudieu... toute ma prime jeunesse... quand j'étais encore loin de me douter qu'il y avait des courants, des écoles, des attentes et des déceptions.
    Pour tout dire, je me rendais bien compte que ça sonnait différemment à droite ou à gauche, mais quand on ne fait pas partie d'une "bande" qui n'écoute qu'un style de musique on se prend tout dans la tronche en rafale, tant pis pour les jets de pus dû à l'acné, on ramassera les morceaux plus tard...
    du coup, je suis sensible à l'aspect "avant", "après"... parce qu'à l'époque (avant) je découvrais en bloc et j'aimais en bloc, en masse, tout était bien... ensuite ce fut le rejet et le tri... et maintenant (après) celui-ci je le garde, même pas par nostalgie mais parce que, comme le fait sentir Jipi' y'a une "réflexion", enfin une volonté de changer et ça s'entend.

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  7. Metallicaca, ce n'est pas ce groupe qui a "aidé" Lou Reed a enregistrer son pire album? Désolé, j'ai été incapable de tout lire, ma vision s'est brouillée après avoir lu le nom des effroyables Guns'n'Roses... Hé, Jeepeedee, met une casquette quand le soleil tape trop fort!

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