J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

samedi 26 novembre 2011

#93: The Walkabouts "Devil's Road"

... J'ai bien failli le garder pour le Grand Concours des Bloggers Mangeurs de Disques - pour samedi prochain en fait (les initiés comprendront, les autres n'avaient qu'à jouer...) - tellement ce disque me remue de fond en comble, comme d'ailleurs ce groupe, The Walkabouts. Mais finalement, je me suis repris une telle claque en re-écoutant Rebecca Wild que je ne pouvais plus attendre. Rebecca Wild... Une chanson qui fait remonter en moi à la fois le Nick Cave des Murder Ballads et toute l'Anthology Of American Folk Music. Allez savoir pourquoi...

Pourquoi, c'est simple. Une sorte d'ambiance ténébreuse, bizarre, magnifiée par ces cordes, ce vibraphone... Une chanson qui explique largement pourquoi un groupe comme REM s'est sabordé (respect, les gars, vous aviez fait votre temps), sans être jamais arrivé à égaler les instants les plus forts d'Automatic For The People malgré toutes ces années. Et puis, dans 2000 ans, on la redécouvrira et on la mettra au même niveau dramatique qu'une Pretty Polly (interprétée par qui vous voulez, elle s'est ancrée dans l'inconscient collectif depuis déjà une bonne centaine d'année, celle-là). American Folk Music, il s'agit bien de cela.

Après des débuts prometteurs, les Walkabouts ont attiré les mauvaises critiques, tout le monde leur est tombé dessus. Merci aux Inrockuptibles de n'avoir laissé aucune chance en France à ce groupe. Sympas, les mecs. C'était un petit jeu entre vous, de les descendre systématiquement ? Ha ha ha que c'est drôle. Pourquoi ? Parce qu'ils n'étaient pas assez grunge pour Sub Pop ? 'Collaient pas à votre petit schéma minable et simpliste ? Et si ça sortait aujourd'hui, ils seraient trop/pas assez quoi ?

Et pourtant... nourris à la musique traditionnelle pour de vrai (et leur dément album de reprises A Satisfied Mind en témoigne) et pas comme tant d'autres, rajoutant la couche Velvet Underground dans leurs influences comme une logique imparable, avec tout ce qui va avec et qui serait trop long à citer ici, Chris, Carla et la bande avait tout pour faire mouche. Mais la mayonnaise ne prit jamais, et malgré de purs joyaux descendus à boulets rouges à l'époque (Setting The Woods On Fire), les deux époux durent se fader des tournées acoustiques en Allemagne histoire de bouffer, ce qui leur valut d'ailleurs de signer avec la branche Teutonne de Virgin et de pouvoir sortir cet album.

Dans un violent effort, ils tentèrent ce Devil's Road. Sans le sou, les cordes (des vraies cordes, pas des Session Strings pour le sampler Kontakt de chez Native Instruments - n'importe qui fait à peu près la même chose aujourd'hui devant son PC pour 80 euros...) furent enregistrées dans les pays de l'Est (l'orchestre de la radio polonaise de Varsovie), où comme eux, on crevait de faim. L'album resplendit de bout en bout, quelques notes de pedal-steel par ici, un arpège de piano par là, des guitares délicieuses partout et...

Prout.

Tout le monde s'en fichait, s'en fiche, s'en fichera.

Un des plus beaux albums d'Americana, au sens moderne du terme, rempli des fantômes de Gene Clark, de Maybelle Carter, trop heureux de n'être pas morts pour rien et d'avoir vécu pour ça, un diamant noir, brillant comme un sapin de Noël, tout enluminé d'émotions, et non, rien, que dalle.

Oui oui, je sais, il y en a tant comme ça. Vraiment ? A ce niveau-là, j'en suis pas sûr. Ecoutez juste Forgiveness Song, un soir, là, tout seul, comme vous savez si bien le faire si vous êtes comme moi, à la triste lueur d'une lampe de chevet. C'est la dernière chanson de l'album. La dernière. Et si par hasard ou par miracle (et je vous le conseille) l'album repart en boucle, je ne serai pas responsable de l'état émotionnel dans lequel The Light Will Stay On devrait vous embarquer.

Vous me direz.

5 commentaires:

  1. Belle présentation pour un merveilleux disques, je vais me le réécouter pas plus tard qu'immédiatement!
    Jimmy

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  2. Bien joué et tant pis pour le concours parce que celui-là, justement, il est hors-concours !
    Et les Walk n'ont jamais fait aussi bien ...
    Moi aussi j'y retourne de ce ...
    Odilon

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  3. Tres très bon, excellent, merci
    Lyoko

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  4. Maybelle Carter..., le cousin,j'avais vu dans la photo de ta discothèque le coffret de la famille, (j'ai aussi sec vérifié que le mien était encore là !), donc Maybelle, je le retrouve pas beaucoup dans les Walkabouts, plus Gene Clark.
    En tout cas du très bon comme d'habitude.

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  5. Pourquoi j'ai masculinisé cette pauvre Maybelle ?
    Je lui présente mes excuses.

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