J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

dimanche 9 octobre 2011

#51: Frémeaux & Associés "Marseille 1921 - 1951"

Oui, oui, je sais. Frémeaux et Associés, c'est pas ceux qui chantent sur le disque. Masi moi, je les élève au même rang qu'un Phil Spector, genre le(s) gars qui ne di(sen)t pas un mot mais qui fait (font) prendre la mayonnaise - ou - en l'occurence ici, l'aïoli. Hommage aux compilateurs de tous bords, eux sont les rois dans le business français. Des passionnés, des curieux, qui vous font passer du blues des années 30 à Vincent Scotto avec le même bonheur. Des qu'on pourrait comparer à des Jimmy ou des Keith Michards, mais avec le sens du commerce, osant encore sortir des CD dans cette époque maudite. Qu'on imagine bien turlupinés quand il s'agit de limiter à 40 morceaux une compile intitulée Harmonica Blues, alors qu'ils en ont une centaine sur les rangs. Il faut savoir trancher, ciseler, compacter. Ca ne tiendrait qu'à moi, je leur accorderait volontiers le prix de Meilleurs Ouvriers de France.

Hommage à Frémeaux & co. donc, mais pourquoi Marseille ? Euh... C'est mon post N°... 51 !... OK, c'est de l'humour à trois balles, et justement, de l'humour il y en a plein ici. De la merveilleuse Bouillabaisse de l'immense Fernandel à l'hymne définitif à la paresse que constitue Aujourd'hui Peut-Être de Fernand Sardou (oui, oui, le père du petit con...). Et du rythme, de la mélodie, du swing à tous les étages.

Le livret nous apprend qu'en ces temps immémoriaux ou Robert Johnson rencontrait le diable non pas à la croisée des chemins mais chez Columbia qui le paya trois francs six sous pour ses oeuvres définitives et l'obligea ainsi à traîner les routes jusqu'à la mauvaise rencontre, définitive, Marseille était une place réputée et exigeante pour qui voulait se lancer dans le Music Hall. A la croisée de l'Europe et de l'Afrique, de tous les continents, il fallait en avoir pour mettre tout le monde d'accord. Et pas seulement une tripotée de critiques branchouilles comme le grand père de JD Beauvallet. Un peu comme, serais-je tenté de dire, Detroit, pour qui se sentirait l'ambition de mettre à genou le monde du rock'n'roll.

Les chansons à la gloire de la cité Phocéenne abondent, vous vous en doutez. Et qui en voudrait à ces chansonniers de toiser fièrement la capitale à l'heure où un Jean-François Gravier n'avait pas encore écrit Paris et le Désert Français ?

A l'image des Minstrel Shows aux Etats-Unis, où des blancs singeront les noirs, nombre d'artistes parisiens singeront leurs pairs Marseillais (comme l'opportuniste Jean Sablon ici présent...). C'est bien connu, quand on est admiratif et jaloux, on se moque. Sans compter que c'est de Provence que nous vient, à peu près à la même époque, la première oeuvre digne des tragédies grecques du XXième siècle, avec les Marius/Fanny/César de Pagnol. Bien plus près de nous, c'est toujours grâce à ce même humour qu'un groupe comme IAM, en dansant le Mia, permettra l'explosion du rap - pardon - de la tchatche - en France. Special hommage à Massilia Sound System, aussi.

Autrement dit, c'est toujours d'ailleurs que nous viennent les plus belles richesses. Alors remettons ces chansons à l'honneur avant qu'elles ne soient définitivement englouties dans l'antre innommable de la Bête fasciste. Les mystiques et les gitans nous rappelleront par ailleurs que Marie-Madeleine avait débarqué pas loin, à l'époque vraiment très lointaine où notre beau pays était encore accueillant. 

Sans avoir le moindre besoin d'en croire un mot, même si ça n'est pas la vérité, gardons-en l'esprit. Frémeaux & Associés ont imprimé la légende sur deux CD.

Ca c'est Marseille !

PS : promis, pour le prochain post, on revient à quelque chose de plus furieux... 

3 commentaires:

  1. Dès que je vois une compile Frémaux, je fonce, que le sujet me tente ou pas plus que ça, et je ne suis jamais déçu. Merci pour celle-ci.
    Jimmy

    RépondreSupprimer
  2. Je suis un peu pareil : c'est toujours un bol d'air ces compiles... J'avoue quand même que j'ai poussé le bouchon un peu loin sur le port de la Canebière, mais bon...

    RépondreSupprimer
  3. compilation bossa nova fremeaux

    http://musiquevintage.blogspot.com.br/search/label/Bossa%20Nova%201958-1961

    cap

    RépondreSupprimer