J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

samedi 30 novembre 2013

GJDBMDD # 7 : Marie Laforêt "Gold"

Thème du jour : FASTER PUSSYCAT KILL KILL! - Des filles qui en ont...

Des filles qui en ont... hmm... Patti Smith (trop facile, Jimmy m'attend au tournant) ? Nina Hagen ? Certes... les Slits ? Déjà fait... Alors quoi ? Chrissie Hynde ? Well well well... juste pas envie d'écouter ça en ce moment. C'est comme ça. Et puis je voulais un truc tout simplement beau pour terminer ce chouette concours. Tant pis pour le Kill Kill ! J'avoue ne pas avoir ça chez moi.

Alors, l'évidence s'est imposée à moi. Voilà une fille qui en a. De la féminité à revendre. Du charme plein les yeux. De la tristesse plein la voix. De la poésie plein les mots. De la nostalgie plein la musique.

Voilà aussi une fille qui n'en a pas. De chance - une vie de merde commençant par un viol. De reconnaissance. Pas de rééditions Deluxe comme pour Françoise Hardy, pas d'intégrale tous les deux ans comme Barbara. De goût, toujours, prête à reprendre n'importe quoi dans son jeune âge (aïe aïe aïe, El Condor Pasa, elle aussi l'a fait !), à tomber dans la variétoche RTL dans les années 1970, etc.

Mais voilà, c'est autant pour ce qu'elle a que ce qu'elle n'a pas que je l'aime, Marie Laforêt. Pour sa reprise délicieuse de Paint It Black (Marie Douceur Marie Colère), pour toutes ces chansons des années 1960 tout simplement divines (Ivan, Boris et Moi, La Plage, qui vaut largement la Madrague à la Brigitte...), pour La Tendresse de Bourvil...

...et aussi, et peut-être surtout, pour ce smash hit, cette ballade définitive, d'une affreuse tristesse, qui me foutait les pétoches autant qu'elle m'impressionnait quand j'étais gosse, Viens Viens. J'assume. Des arrangements pas possibles comme il s'en faisait tant, sans complexes, on tentait tout, et ça sonnait. Cette guitare sèche dans la cabine Leslie, qui le tenterait aujourd'hui ? Bien sûr, à l'époque ça te mettait des ba ba ba jusqu'à plus soif, bien sûr, ça te faisait des duos avec des gosses et y'en avait un ou deux, Cloclo, Joe ou Marie Laforêt qui décrochait la timbale avec une idée cocaïne d'Eddy Barclay mais bon, quand même, ce riff de clavecin à la fin, ce crescendo jusqu'au silence et... ça repart ! Voilà une fille qui en a, et une chanson, qui va avec.

Peut-être la chanson capable de me faire chialer dans ma bière à toutes les heures du jour et de la nuit, et même sans bière. Et même, rien qu'en me la fredonnant. Alors excusez-moi les rockeuses, les punkettes et les chanteuses à texte (vous auriez préféré un petit Catherine Ribeiro ou un Mama Béa ? Au secours !), mais voilà une fille qui en a.

Malheureusement, tout ce que je peux vous proposer, c'est une minable compilation. C'est tout ce que vous pourrez trouver d'ailleurs si l'envie vous prenait d'essayer de trouver des disques (des quoi ?) aujourd'hui.

Ceci dit, il y a déjà pas mal de choses là-dessus. Des sucreries, de la nostalgie, de la daube aussi, et toujours cette voix.

La voix du silence.


jeudi 28 novembre 2013

GCDBMDD # 6 : Ry Cooder "Ry Cooder"

Thème du jourENCORE UN PEU VERT!Une première oeuvre pas tout à fait mure.

Lorsque sort son premier album, sobrement intitulé Ry Cooder, Ry Cooder, donc, n'est pas exactement l'exemple type du bonhomme encore vert. Il a déjà fondé un groupe avec Taj Mahal, les Rising Sons. Le garçon a par ailleurs déjà roulé son bottleneck avec Captain Beefheart, Little Feat ou encore - excusez du peu - les Rolling Stones à qui il donne un sacré coup de paluche lors de la débandade de Brian Jones, intervenant sur Let It Bleed et sur Sticky Fingers (la célèbre partie de slide de Sister Morphine, c'est lui). On le retrouve également sur Jammin' With Edward. Pressenti pour faire partie des Stones en lieu et place de Mick Taylor ? Probable, mais le garçon a sans doute trop de personnalité dans son jeu. Serait capable de faire bien trop d'ombre à Keith. Exit donc les Stones.

Essentiellement un session man en ce début des années 1970, le passage est parfois dur et décevant dès lors qu'on parle de carrière solo. En l'occurrence, Ry Cooder n'a pas forcément un grain de voix inoubliable et ce premier album contient, comme les suivants, son lot de reprises, des chansons qui, par ailleurs, ne sont pas franchement inconnues du ricain moyen, qu'il puise dans le blues (Dark Is The Night, de Blind Willie Johnson - déjà - bien avant Paris, Texas donc), dans le folk (Do Re Mi de Woody Guthrie) ou dans la country (My Old Kentucky Home).

Ce qui sidère toutefois, c'est qu'en 1971 quelqu'un ose aligner ces trois reprises sur un même album. Les rednecks n'aiment pas les noirs, les folkeux méprisent la country, bref, fallait quand même choisir son camp.

Alors, quand en plus c'est le dingo Van Dykes Park, l'homme du Smile des Beach Boys, qui produit le tout, on peut craindre le pire.

Résumons la situation : un session man très doué, certes, mais sur le papier incapable de revendiquer une étiquette, pas franchement songwriter dans l'âme, un producteur singlé et une pochette crépusculaire, cela sent bon le bac à soldes, bonsoir Simone, retourne donc cachetonner auprès des manches qui ont des idées mais, justement, des problèmes de manche.

Et ben non, Simone, t'as tout faux.

Car tout cela tient sacrément la route. Car Ry Cooder, qui s'en doutait, n'est pas seulement un guitariste d'exception, c'est un musicien à part entière qui à aucun moment ne tombe dans le piège du solo tapageur, dans le clafoutis façon VRP chez Fender ou Gibson. Ry Cooder a plein de musique dans la tête, et quand bien même il n'écrit pas encore beaucoup, il apporte une nouvelle couleur à des vieilles scies qu'on n'imaginait plus sortir d'ailleurs que du Ryman Auditorium ou d'un vieux gramophone. Ca explose donc de partout, parce que là on n'a même pas évoqué, les influences New Orleans, particulièrement sensible dans Pigmeat, ce fameux beat inclassable, ce piano bastringue, le tuba, tout ça. Qu'on retrouvera à la même époque chez son vieux pote Taj Mahal, son double qui lui non plus n'hésitera pas à provoquer le redneck en récupérant le banjo volé aux noirs et en reprenant des trucs comme Cluck Old Hen.

Alors oui, tout ici est encore un peu vert, mais vert comme une laitue fraichement cueillie dans le potager. Van Dyke Parks assaisonne un peu trop par moments, n'hésitant pas à faire dans le symphonique un peu psychédélique (mazette, les cordes sur Do Re Mi, fallait oser !!!). Et surtout, chanter, on sent que Ry Cooder s'y plie plus par obligation que par vocation. Ca sent la première prise sur bien des morceaux (Do Re Mi, là encore, mais quel délice !), mais là encore, à l'heure du tout policé, retravaillé à l'Autotune,  on ne s'en plaindra guère. Péchés de jeunesse aussi, mais péchés délicieux, des morceaux comme Police Dog Blues, tout acoustiques, lorgnent parfois un peu trop vers Marcel Dadi et ont dû faire pousser plein d'acné aux nombreux gratouilleurs prépubères de l'époque.

A l'inverse, des choses comme Goin' To Brownsville, rythmique minimale, emmenées par la mandoline, c'est incroyablement bien trouvé. Rory Gallagher saura s'en rappeler pour son Goin' To My Hometown...

On trouve donc dans ce premier album solo, tout ce qui rendra Ry Cooder indispensable, qui culminera même dès le second album, Into The Purple Valley, jusqu'au troisième, Boomer's Story, sortis tous deux en 1972. Alors que par la suite on sent ce premier vent faiblir quelque peu, de nouveaux horizons vont se développer, influences mexicaines notamment, pour culminer bien des années plus tard.

C'est sans évoquer sa contribution au cinéma, oui, oui, Paris, Texas bien sûr, mais tant d'autres films aussi, Crossroads (un navet par ailleurs), au hasard, ou son double blanc (désolé du jeu de mots), The Long Riders. L'homme excelle dans tous les exercices de style, car, justement, il les dépasse tous.

Car Ry Cooder n'hésitera jamais à se remettre en question et, chose rare pour un guitariste interprète, ses capacités à écrire des chansons toujours étonnantes et sans concessions ne feront que se développer avec le temps (Au hasard, son merveilleux Pull Up Some Dust And Sit Down de 2011.

Un premier album un peu vert, certes, mais du haut de ses 66 ans, le vieux gars semble plus vert que jamais. Chapeau l'artiste. Sombrero ou Stetson, peu importe.

En 1971, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il lui reste bien des choses à faire.

Available Space...

mardi 26 novembre 2013

GCDBMDD # 5 : Johnny Thunders "Hurt Me"

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Thème du jour : SUGAR SUGAR - Le type de drogue n'a pas d'importance

En avant-propos, j'espère que Jimmy m'excusera de commettre une redite par rapport à son blog, mais le post datant de 2011, d'avant la chute de Megaupload donc, voici cette sinistrose magnifique à nouveau disponible (avec les bonus tracks, chacun en fera ce qu'il voudra). Bon, ça c'est fait.

Le type de drogue n'a pas d'importance. OK, ça tombe bien, je pense que pour Johnny, c'était le cas. Avant (la jeunesse, les espoirs des New York Dolls, les Heartbreakers, le 1er album solo), la drogue avait dû montrer son petit côté sympa, vas-y défonce-toi tu peux devenir le roi du monde. Et Johnny aurait pu. Et je persiste à penser que s'il n'y est pas arrivé, ça n'est pas à cause de la drogue. Que Keith Richards me dise le contraire un instant, et c'est mon poing dans la gueule. Pourquoi tant de violence ?

Parce que, dans le monde de Voltaire, le meilleur, donc, ça aurait dû se passer comme ça. Tout était raccord. Born To Loose, You Can't Put Your Arms Around A Memory, c'est deux chansons éternelles, soit une de plus que pour Keith Richards (Happy, et après ? OK OK la contribution légendaire dans l'open tuning de sol avec une guitare à cinq cordes, idée géniale mais l'idée ne suffit pas toujours, hein, le riff un peu beaucoup mais pour le reste, faut assurer avec Mick, désolé, Keith). On ne parle pas ici d'un gimmick largement rentabilisé jusqu'à ressortir des fonds de tiroir (Start Me Up) pour amortir encore un peu l'affaire.

Amortir l'affaire.

En 1984, tout est amorti pour Johnny Thunders. La débâcle est bien entamée, les chefs-d'oeuvre gravés dans le vinyle. Reste la réputation et, déjà, les paris. Tiendra combien de temps ? Has-been pour certains, on en rit comme on rit actuellement de Pete Doherty. Saura-t-il tenir le choc comme Keith Richards ? Oui ? Non ? Paris débile. Keith Richards a un groupe, multi-millionnaire, un carnet d'adresse en mesure de le sortir de la pire des crasses (remember l'affaire du Canada en 1976 ?) et de pouvoir se faire changer le sang en Suisse aussi souvent que de besoin. Johnny Thunders, autour des corbeaux qui commencent à voler trop près de lui, a juste quelques fans. Des adeptes. Des addicts.

Alors quand il débarque à Paris, il n'a même pas un appartement avec baignoire dans laquelle rejouer l'histoire de Jim Morrison. Pas d'Agnès Varda autour de lui. Même pas de fin glorieuse à sa portée. Juste les gens de New Rose, pas très riches, qui lui proposent de sortir un disque. Mais pour sortir un disque il faut des musiciens (et clairement nos Gérard Blanchard ne font pas l'affaire) et des chansons. Alors bon, deux micros et un studio on peut trouver, et Johnny a une guitare. Enfin, il faut faire vite parce qu'elle pourrait disparaître d'un jour à l'autre en échange d'un peu de dope. Des chansons ? Niet. Enfin, pas des nouvelles. Mais bon, pourquoi pas refaire les vieilles à la guitare en bois, c'est déjà ça ?...

C'est largement ça, ça le fait carrément. Je ne m'interdis pas de penser que Hurt Me, dans les oreilles de Rick Rubin, ne sera pas étranger quant à sa manigance merveilleuse pour remettre Johnny Cash au devant de la scène, des millénaires plus tard. Et de se prendre un four avec Neil Diamond parce qu'il ne faut quand même pas exagérer, la prod' ne fait pas tout.

Too much too soon.

Bien trop en avance aussi par rapport aux Unplugged de MTV, reprenant Bob Dylan (aïe, faute de goût à cette époque, même si les citations sont brèves), l'album aura un arrière-goût de bout du rouleau, qui plus est sorti par un label frenchy (avant Air, Daft Punk et les autres, aujourd'hui ça t'aurait peut-être une autre gueule ?...). Too much too soon, encore et toujours. Saleté de vie.

La musique ?

De celle qui t'inciterait à monter un commando pour fracasser toutes les guitares sèches de Francis Cabrel, car ici la vieille boîte en bois sonne comme jamais, enfin, comme au temps où Leadbelly et consorts s'en servaient. Spirit high. You Can't Put Your Arms Around A Memory sonne toujours aussi bien, voire mieux, évidemment. Pas besoin de gueuler comme au CBGB, une chanson tient la route ou pas. Et c'est tout, c'est simple.

Et puis un courage monstrueux. Celui d'émettre l'hypothèse, et de la confirmer, comme quoi le punk et toutes ces conneries ne sont pas nés d'une seule et simple révolte. Que les classiques avaient été tellement bien digérés que les excréments (la reprise de Dylan des Clash, The Man In Me, sortira 25 ans après dans une version Deluxe de London Calling), y'avait pas besoin de les mettre en avant. Sauf quand on n'a peur de rien, que si je dis ça je casse pas mon image. Je ne suis ni punk, ni new wave, ni post wave ou je-ne-sais-quoi. Je suis juste un musicien au bord du gouffre parce que j'ai mis tout mon coeur et toute mon âme à balancer des merveilles et que le monde, allez savoir pourquoi, n'a rien vu, et pire, rien entendu. Je ne suis déjà qu'un vieux cheval sur lequel on ne parie plus quant à sa prochaine victoire mais quant à la date de son envoi à l'abattoir.

Quand on en est là, le type de drogue n'a plus d'importance.

lundi 25 novembre 2013

Le Bal Des Jean Biens

Intermède, dans le Grand Concours qui nous occupe. Yeees ! je fais de la radio, sur D4B.  Pour les malheureux qui n'habitent ni dans le Mellois (90.4), ni dans le Niortais (101.4), un blog reprendra l'affaire et - après diffusion - proposera les podcasts de l'émission...

C'est là, c'est sur lebaldesjeanbiens.blogspot.fr

Pour l'instant, y'a pas grand chose mais ça ne saurait tarder !!! Buzzez, buzzez, n'hésitez pas !

Gros poutous à tous,

Jeepee, alias Jean Marais

dimanche 24 novembre 2013

GCDBMDD #4 : V/A "Cosmic Machine"

Thème du jour : LIFE ON MARS ? Une musique d'une autre planète ou presque.

Avant-Propos

Depuis quelques temps, je me mets à racheter des vinyles. Non content de m'être fait gentiment dépouiller depuis 1985, quand je pense à tout le fric que j'ai laissé dans les CD, je continue à avoir besoin d'acheter des disques. Cherchez pas, c'est comme ça, tant pis pour moi.

Alors quand je suis tombé sur ce double album, pochette illustrée par Druillet, pochette en gros carton comme les imports américains de ma jeunesse, vinyles transparents, édition numérotée, CD inclus, voilà, je l'ai ramené chez moi.

A la fois intrigué par les inconnus (Droids, René Roussel, Bernard Fevre...), amusé par les improbables (Patrick Juvet, Pierre Bachelet...), rassuré par les incontournables (Cerrone, Jean-Michel Jarre...) et agacé par les inévitables cautions de bon goût (Gainsbourg, Alain Goraguer, François de Roubaix...), il y avait là assez de matière à compulser l'objet, caresser les vinyles et mettre le vulgaire CD dans la platine. Et là...

...aucune surprise. Un peu de plaisir à redécouvrir Magic Fly de Space - alias Didier Marouani & Co. - se la péter Dance Floor avant l'heure, rigoler sur le générique de Temps X (sacré Didier, le même), constater que l'E.V.A de Jean-Jacques Perrey ressemble à une version édulcorée mais rigolote de la Messe Pour Le Temps Présent, et finalement me dire que tout cela a, contre toute attente, assez bien vieilli. A l'heure ou Daft Punk cartonne avec de vrais instruments, on peut se poser des questions.

Chapitre 1 : 1977

Igor et Grishka, s'il vous plaît, re-projetez-moi à l'heure du décès de Clo-Clo, quand je mangeais mon Nutella en écoutant Space Art (ici présents, quand même, bravo, même si c'est pas Onyx, quel dommage !). Je naviguais, sidéral, entre deux faces. Je venais à peine de commander Oxygène au Club Dial que le copain à ma soeur me faisait découvrir Meddle du Pink Floyd. Contrairement à toute attente, on ne mélangeait pas tout. C'était l'été, Animals venait de sortir, et ça buzzait même dans mon petit village. 

En fait, les grands de 15 ans méprisaient ces trucs aux synthé, limite ils paniquaient. Même le disco, Cerrone en tête, c'était tabou. OK pour les synthés sur Wish You Were Here, mais Gilmour ramenait tout le monde à la maison. Et ils étaient quatre. Ils étaient un groupe. Et Kraftwerk, tout pareil, ou presque. On venait de prendre le choc pétrolier dans la figure, on parlait du prix de l'essence, de l'inflation, et ces trucs synthétiques ne nous donnaient absolument pas envie d'aller vers l'an 2000. Comment ils font ça les mecs ? Bah ils ont plein de synthétiseurs... Des trucs qu'ont pouvait même pas imaginer s'en acheter un seul, on savait même pas où, on connaissait même pas le nom de Moog. Ca a duré jusqu'au Fairlight, dans les années 1982, par là. Cette sorte de révolte ouvrière, putain, on avait des guitares, on était largués. Sauf à jouer Wish You Were Here. C'était bon pour les gosses, Oxygène, mais le mépris est venu tôt. On a continué à écouter Made In Japan longtemps.

On s'est pas fait avoir par le truc, en somme. Vite balayé avec joie par le punk. Voire même par des trucs comme Abba qui ramenaient la chanson au coeur du débat. No future pour le bling-bling.

Chapitre 2 : 2013

Chez Thomann, une guitare en bois, ça tape minimum ses 150 euros. Impossible à télécharger, une guitare. Impossible à pirater. En cherchant un peu, en vingt minutes vous êtes largement plus équipé que Jean-Michel Jarre à l'époque, côté DAW et plug-ins. T'en veux du Mini-Moog ? Du VCS 3 ? Du Prophet V ? Et ça sonne, en plus. Et on fait mieux, bien mieux, de l'hallucinant, à la portée de ta souris. Reaktor, Massive, tous ces trucs, c'est du délire ambiant. Alors tu prends n'importe quel morceau de cette compile, avec deux ans de solfège, tu fais mieux, plus groovy, plus... moins... vintage... 

En écoutant tout ça, on se dit que, paf ! boum ! ça met une calotte définitive à Daft Punk ! Justice ! Dans le livret, un des mecs de Justice t'explique combien il a été influencé par tout ça. Limite, il a jamais écouté autre chose. Ca n'est pas le problème, musicalement. Là, je me remets Magic Fly, je trouve ça toujours aussi marrant. 

Sauf qu'aujourd'hui, on est peu nombreux finalement à défendre des groupes, des artistes jouant avec des guitares en bois.

Aujourd'hui, faut jouer de l'Adobe Premiere Pro et de l'After Effects pour péter une vidéo qui crache sur YouTube. De l'Ableton Live pour sampler la 12 cordes à papa. Voire jouer vaguement un riff de guitare soi-même qu'on corrigera après coup pour qu'il soit dans le beat, pas grave.

Et s'émerveiller de ce disque, Cosmic Machine,  parce que les mecs, purée, ils avaient même pas un sequencer, ils jouaient vraiment du synthé. Et ils avaient même une sacré imagination. De belles idées.

Oui, ils en avaient. Ils se servaient aussi de leurs doigts pour créer de la musique électro. Pardon, électronique.

Chapitre 3 : 1938

La Hammond Company sort le premier synthétiseur, le Novachord. 2ème guerre mondiale oblige, le machin dure quatre ans. Franklin Roosevelt aura beau en recevoir un en cadeau, ça ne marche pas. Peut-être autre chose à faire, en 1940, que de faire des poulet-pouet sur un machin de science-fiction. Qui servira d'ailleurs toujours à ça, de la science-fiction. On peut l'entendre sur les BO du Faucon Maltais, d'Autant En Emporte Le Vent, paraît-il. Ambiance. Tout est là, ambiance. Le truc démarre.

Epilogue

Et là, nous, les Français, on est balèze pour l'ambiance. Depuis l'accordéon musette jusqu'aux discours putrides, on y met de l'ambiance, à tous les étages !!! En attendant le premier envol d'Ariane, on t'a traficoté des machins pas piqués des vers. Tiens, le Ombilic Contact de The Atomic Crocus ou le Spirit de Frédéric Mercier, on te le revendra vingt ans plus tard au niveau planétaire avec Air. Et les Quatrz te recyclent You Really Got Me d'une façon que Daft Punk se fait encore pipi dessus. Allez, Daft Punk, y'a encore des sous à faire ! Finalement ce disque devrait figurer dans toute bonne valise diplomatique d'ambassadeur culturel. Purée, comment on a bien anticipé le XXIème siècle ! Finalement, on a gagné !

Une musique d'une autre planète, ou presque.

Euh... et la guitare ?

vendredi 22 novembre 2013

GCDBMDD #3 : Agnes Buen Garnas & Jan Garbarek "Rosensfole"

Thème du jour : MUSIC FROM THE NORTH COUNTRY Un seul mot d'ordre: Nordique!

C'était une époque trouble. J'avais largué les amarres de la région en haut à droite pour faire de hautes études d'ingénieur en Bretagne, et je revenais parfois dans ce pays qui... pfff... écoutez Elsass Blues de Bashung et vous comprendrez tout cela bien mieux que si je vous faisais un beau discours.

J'avais quand même gardé quelques liens avec Claude et Valérie, qui s'étaient retrouvés haut-perchés dans un hameau dont j'ai oublié le nom sur la ligne bleue des Vosges. Complètement barrés. New Age total, retour à la cambrousse, bio à l'extrême, patin-couffin et hard krishna en veux-tu en voilà. Le genre d'andouille capables de prendre un flingue pour dézinguer tous ceux qui sont contre la non-violence, en gros.

Evidemment, les soirées se passaient à la bougie, avec du jus de pommes tellement vert qu'on n'en chopait une chiasse bien pire qu'une cuite au Picon bière, que la communion avec le cosmos prenait une part importante dans leur soliloque (j'avoue qu'au deuxième verre de jus de pomme mes intestins douloureux ne me permettaient guère plus que hocher la tête, me permettant par là-même d'évacuer un peu l'odeur d'encens qui me taraudait les narines).

Pourquoi j'y allais ? Ben y'avait une copine de lycée qui trainait là aussi, ex-junkie mais toujours belle comme un coeur et je m'étais mis dans l'idée que... enfin bref. Echec total, mais j'y croyais.

Ainsi, entre deux thés au jasmin et - non, non, le sirop de coing, j'y tiens pas - Claude nous balançait ses découvertes musicales, 80% d'ECM, 10% de Gong (heureusement) et 10% de Ravi Shankar (tant pis).

Et durant ces longs ennuis montagneux, j'ai quand même pris deux claques : Ocean, de Stephan Micus (un de mes premiers posts sur ce blog) et Agnes Buen Garnas avec Jan Garbarek (ne fuyez pas, il n'est qu'un faire-valoir ici), sur ce fichu album, Rosensfole. Reprise de traditionnels norvégiens à la sauce Dead Can Dance, ça peut faire fuir, mais ça fonctionne. C'est même, par instants, très beau. J'en veux pour preuve l'hypnotique Margjit Og Tragjei Risvollo (atchoum !), qui monte, qui monte, durant 16 minutes 15 de pur trip Jet27, menthe glacée à tous les étages.

Ce morceau, purée, ce morceau... j'ai découvert les murder ballads bien plus tard, mais là, sans rien piper à ce qui se trame, on sent bien que ce n'est pas Blanche-Neige et les Sept Nains, ni la Belle au Bois Dormant. Ca sent le drame, ça pue la mort, la fatalité, bref, c'est d'une beauté intouchable, malgré les synthés imbuvables (aujourd'hui) du saxophoniste imbuvable (toujours) et des perdus à trois balles, genre je te colle ça façon world-music, alors qu'un shawarma glacé au chocolat, ça n'a jamais fonctionné.

Je suis un peu méchant, je l'avoue. Le Jan sait faire preuve de discrétion, voire de retrait devant Madame. Oh puis zut, vous m'embêtez, les bloggeurs ! Pas envie d'analyser ce truc, pas envie d'en perdre le savant mélange de magie, de madeleine de Proust que ça me procure. Sûr pour sûr que c'est glaçant. Nordique à 100%, n'y cherchez aucune influence reggaetone ou dubstep, ça fige son homme. 

Car, visiblement, les herbes de Provence faisaient partie malgré tout de leur hygiène de vie, à Claude et Valérie. Vautré dans le canapé, je regardais fixement Brigitte et je rêvais à un amour éternel pendant qu'Agnes me chantait que ça n'existe pas. Que c'était joué d'avance. Parfois les mots sont inutiles pour comprendre. En 16'15, j'avais compris.

Désolé, j'arrête là. Trop de tourbillons spatio-temporels, contrat rempli je pense (c'est du Nordique plein pot), et désolé pour les synthés gluants qui plombent par trop les autres morceaux, plus anecdotiques, de ce disque maudit que je chéris toujours comme un Magnum (c)  de Proust, et qui, malgré les quelques 24 ans qui me séparent de ces souvenirs, ne s'est jamais décongelé dans ma discothèque. A Thor ou à raison.

Elsass blues, donc.

mercredi 20 novembre 2013

GCDBMDD #2 : The Clash "London Calling"

Thème du jour : TEEN TITAN Un disque usé jusqu’à la corde étant ado!

Non mais enfin ! Vous imaginiez quoi ? Qu'à treize ans en 1979 je dégustais Tim Buckley, Van Morrison ou Count Five ???

Ben non, désolé. Je fonctionnais à l'argent de poche, moi, môssieur !!! Y'avait Chorus, l'émission d'Antoine De Caunes le dimanche, et le mercredi, s'il me restait des sous dans la tirelire, y'avait un vinyle dans le caddie de chez Carrefour. C'est comme ça que ça se passait. Alors bien sûr j'aurais pu balancer Dylan (Street Legal et Hard Rain en l'occurrence), Led Zeppelin (IV, avec qui vous savez,), Ange (eh ouais ! Emile Jacotey) ou même le Floyd, mais The Wall m'avait ennuyé sec. LE truc de mon adolescence, c'est ce sacré album du Clash, évidemment, London Calling. Il faut parfois être plus honnête qu'entreprenant, aussi, au risque de poster le disque le plus convenu de ce concours, j'y peux rien, c'est du vrai de vrai, j'avais 13-14 ans et ce double album reste et restera la plus grande émotion musicale que j'aie vécu, toutes choses égales par ailleurs comme disait l'autre.

Je pourrais aussi vous raconter que sur Chorus, j'avais vu Joe Jackson qui m'a profondément ennuyé (et cet ennui m'a poursuivi jusqu'à ce jour), Bruce Springsteen (mais j'avais pas les sous pour acheter The River et donc la déflagration est venue plus tard) mais tout cela est sans importance.

Si un jour, j'ai arrêté d'écouter Yes, Barclay James Harvest et si j'ai compris le côté grand guignol d'AC/DC et d'Iron Maiden, c'est bien grâce à ce fichu album, impossible de le prendre en défaut. Souvenir d'une semaine à Paris, boulevard Saint-Michel chez New Rose, acheter le 45 tours de Complete Control, choix cornélien car il y en avait bien d'autres mais bon, cette pochette... creuser, encore. Armagiddeon Times, Bankrobber...

Ce disque m'a non seulement tourneboulé comme tant d'autres, mais il a à jamais fixé mon obsession du skeud. Il me fallait tout Clash. Il me fallait, par la suite, aimer les six faces de Sandinista sans discernement. Et les deux (heureusement) de Combat Rock un peu plus tard. Tout cela semblait génial, mais jamais impossible, contrairement aux hirsutes guitaristes du prog-rock ou du hard qui semblaient me dire à chaque coin de sillon "cours toujours, t'y arriveras pas !". Merde ! Le riff de London Calling, je pouvais y arriver !

Et puis cette pochette, non de dieu ! Je n'avais qu'une pauvre guitare classique à l'époque, et là, le gars, fracassait sa basse sur scène. Combien de nuits oniriques j'ai passées à rêver de la Fender Precision Bass de Paul Simonon ? En plus ! Quels salauds ! Facilitateurs d'envie, de désirs, pointant du doigt toutes mes frustrations ! eh ben si c'est pas un disque d'adolescent, je sais pas ce que c'est que ce truc.

Bien sûr, tout ceci n'est qu'un infâme ramassis de banalités. Mais, désolé, le thème du jour voulait cela. Je n'avais pas envie de tourner autour du pot.

Et puis, maintenant que ces pulsions sont bien loin, cracher aussi vertement que possible, du haut de mes 47 ans, sur l'ignoble coffret mercantile (7 CD et des bonbons pour 170 €, faudrait pas vieillir), l'affreuse compile qui vient de sortir. Heureusement que Joe n'est plus là pour voir tout ça, car il n'y a rien à entendre, en plus. On s'en fout, aujourd'hui, des inédits des Clash. Les deux live sortis précédemment sont bien merdiques et ne font que casser le rêve. Faut pas briser les rêves.

Sinon l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ?

Bon, bien sûr, y'a pas de lien, à l'époque on téléchargeait pas, et vous l'avez déjà tous, non ? Les attardés pourront l'écouter sur Spotify ;o) mais je suis pas sûr que ça fasse encore le même effet...

lundi 18 novembre 2013

GCDBMDD #1 : The Brian Jonestown Massacre "Who killed Sergent Pepper ?"

Thème du jour : THE WEAR DON'T MAKE THE MONK Pochette hideuse mais disque génial

Ouh la la, ça commence très fort, et m'est avis que le thème du jour va faire couler de l'encre sur la blogosphère musicale. A l'heure ou je commence à écrire ces premières lignes, je ne sais pas encore quel disque poster. Pourquoi ?

1. Qu'est-ce qu'une pochette hideuse ?

D'emblée, il me faudrait 25 Go pour poster tout Iron Maiden, au hasard. Jamais pu encadrer cette andouille d'Eddy qui, avec son air bêtement menaçant, constitue à lui seul une barrière infranchissable pour ne serait-ce que tenter d'écouter les disques. Et pourtant... c'est bien dommage, non ? En plus, mon petit doigt me dit que Keith - au hasard - doit trouver ces pochettes géniales.

Alors, dans le même genre, j'y balance toute la discographie de Yes (je parle des pochettes, pour l'instant, hein) et tout Pink Floyd (et toutes les pochettes d'Hypgnosis ou un truc du genre - ça m'énerve).

Je garderai donc comme définition de pochette hideuse celles dont on sent qu'elles ont pris à tout casser 3/4 d'heures de temps à un apprenti graphiste, trois filtres de photoshop et hop, vite emballé ma petite dame. Trop respectueux, malgré tout, du temps passé à fabriquer des laideries - qui suis-je pour en juger, moi qui trouve que la pochette du Led Zep IV est une des plus belles de l'histoire... Tout comme celle du Trout Mask Replica du Captain Beefheart, alors que ma chérie, lisant par-dessus mon dos, vient de m'avouer que c'est la pire qu'elle connaisse. Non. Mis à part qu'en guise de truite le Captain arbore une tête de carpe, je ne vois rien à y redire. D'emblée, sans savoir à quoi pouvoir s'attendre, on sait déjà que ça ne ressemblera ni à Simon & Garfunkel, ni à Metallica. OK, donc.

2. Un disque génial ?...

Alors là c'est pire. Ca dépend de la lune, de l'heure, de la saison, voire de ma belle-mère, de mon chat s'il a pissé dans la cuisine, etc. Il y a des choses que je ne peux toujours pas supporter, comme Joy Division (pas rien, quand même) et d'autres que j'écoute avec honte et délectation (Neil Diamond), ne cherchez pas, le disque génial se réinvente vingt fois au cours d'une journée, sans cesse le long d'une vie.

Et le pire, évidemment, c'est que parfois le disque est génial à cause - ou grâce - à sa pochette. Décidemment, un premier thème véreux, ah bravo les copains ! Comment se sortir d'une galère pareille ? M'obliger, en ce dimanche pluvieux à écouter des disques avec des pochettes moches, c'est sympa.

3. Alors quoi ?

Alors finalement, j'ai trouvé. Un petit groupe au succès d'estime, entendez par là bien trop largement méconnu, qui ose non seulement produire un disque risqué, et qui plus est de l'emballer vite fait bien fait, dans un digipack complètement cheap sans le moindre livret, juste la liste des titres et basta. Ladies & Gentlemen, this is...

The Brian Jonestown Massacre, avec l'indispensable Who Killed Sgt. Pepper.

Un album malade, comme Anthony Newcombe, le mentor du groupe, un disque de malades. Batterie apoplectique, mixage boueux, pas le moindre gimmick auquel se raccrocher. On avait connu le Brian Jonestown Massacre capable de riffs tranchants, d'une éthique rock'n'roll ratissant les poux dans la tête des Stones aussi bien que du Velvet, bref, se nourrissant de putrides protéines, mais dont on ne pouvait que se divertir, aussi. Wham Baam Thank you Ma'am, tout ça.

Ici que dalle. Let's go fucking mental !

Et mon dieu que c'est bon, quand on s'y plonge à fort volume, et qu'on attend rien d'autre que de se vriller la tête avec un précieux semblant de sado-masochisme.

Tout ça nous ramène aux meilleurs moments du krautrock, de Neu ! à Amon Düül en passant par Faust. Bref, du très grave, de l'intransigeant. Du genre, je balance le truc, rien à battre, c'est comme ça. Aucune concession.

Avec d'autant plus de courage qu'en pleine récession du marché du disque, le consommateur est d'autant plus regardant sur l'emballage que cela constitue la seule chose que le téléchargement ou le streaming ne lui offrira pas. Et là, l'emballage est piteux et moqueur. C'est le genre de disque qu'on achète par acte de foi. Parce que ça ne sent pas le packaging, et surtout, on se dit que mon dieu, qui va bien pouvoir les suivre à part moi ?

Et, peut-être, se fait-on couillonner, car sans doute sommes-nous malgré tout plusieurs milliers à penser comme ça, CQFD. Mais quel doux bonheur, quelle intime sensation d'appartenance à un groupuscule secret, à une toute petite société initiatique : Ceux Qui Ont Acheté Le Dernier Brian Jonestown Massacre. Et ça, c'est immense, on en pleure avant même que d'avoir écouté le disque, on se fait pipi dessus après l'avoir pris dans la tronche. On imagine, un instant, être de ceux qui ont acheté le premier Velvet le jour de sa sortie. On peut légitimement se sentir hautain, fier, heureux. On est dedans. On fait partie du groupe, mieux encore : du truc.

Et puis tant mieux si la pochette est moche. Elle aurait pu attirer des parasites. Tant mieux si le mix est boueux, la génération zapping passera à côté.

Ce disque est un cadeau du ciel. Je n'en avais plus connu depuis longtemps. Il m'offre à chaque fois que je le regarde, le tripote, l'écoute, le sentiment bien fugace d'être heureux de l'avoir. Et Spotify n'y pourra rien changer, jamais.

Feel It.


jeudi 14 novembre 2013

Des nouvelles...

Salut les Copains (vieux dicton) !

Eh oui, je suis bien plus absent que présent sur ce blog, même si je le laisse sous perfusion pour quelques coups de gueule, les concours des blogueurs mangeurs de disques et puis en gros basta.

Je reste néanmoins admiratif de l'intrépide ténacité de ceux que vous connaissez (Jimmy, le Zornophage qui je l'espère durant notre cohabitation a repris un peu de coeur à l'ouvrage plutôt que de faire des réunions tupperware sur amazon - il vaut largement mieux que ça, etc.), et je pleure ceux tombés pour des raisons dont on pourrait disserter sans fin mais bon, choisis ton camp camarade.

Alors, la bonne nouvelle (pour moi) : je vais bien, merci, enfin je pense. Donc pas d'inquiétude là-dessus.

Par contre, je suis en passe de réaliser un des rêves de ma vie, en dehors du succès phénoménal des Cowboys Etanches dont j'aurai la pudeur de ne pas vous parler ici car je l'ai déjà fait quinze fois (quand j'entends succès phénoménal je veux bien évidemment dire qu'en ce moment, 2-3 dates rigolotes sont vaguement prévues, et ça suffit à mon bonheur). Non, je suis sans doute rétrograde avancé mais figurez-vous que je me lance dans la radio, avec une émission que je veux décalée et sarcastique, sur une des (dernières ?) radios libres de notre beau pays. Evidemment l'audience n'est pas la même mais je vais - enfin - trouver ce divin plaisir que de causer devant un micro pour raconter des âneries et contribuer à faire découvrir (peut-être) Zappa, Robert Wyatt, et tant d'autres, auprès de gens près de chez moi qui en ignorent peut-être encore l'existence. Pour l'ami Echiré79, c'est de D4B dont je parle, ça doit lui parler.

Alors tout se télescope en ce moment : un boulot vraiment pas facile, le grand concours, la radio, les Cowboys, bref, c'est chaud bouillant.

Donc, mes petits chéris, je vous aime toujours autant mais je vous prie de m'excuser de ne pas être mono-tâche ni exclusif de ce blog comme j'ai pu l'être. Toute mon admiration, encore une fois, à ceux qui continuent malgré tout et contre vents et marées à défendre avec rage et passion ce qu'on sait tous via internet. Je suis, et resterai des vôtres mais j'ai besoin de m'oxygéner dans le local, dans le quotidien, et j'espère que vous ne prendrez pas cela pour une trahison.

J'arrête, j'ai l'impression de faire un discours politique, ça m'énerve.

Je vous bise tous, et à très bientôt.

Jeepee

dimanche 10 novembre 2013

#168 : Bob Dylan "World Gone Wrong (remastered)"

Au fond du trou.

Suite à une gros grosse série d'albums dispensables pour qui n'est pas/n'a pas su entrer dans son univers, Dylan arrête tout. Crée le buzz un instant avec Good As I Been To You, parce que se produisant seul à la guitare sèche, comme à ses débuts mais... point de Blowin' In The Wind dans tout ça, juste des reprises dont on ne sait trop d'où elles sortent. Alors, le buzz, passé quinze jours, terminé. On est en 1992, Nirvana déboule avec son Nevermind, on a bien d'autres choses à faire, pour rester poli...

Alors, imaginez lorsqu'un an plus tard déboule ce World Gone Wrong. On aura pu s'interroger un instant sur la pochette, l'une des plus belles (ou des moins moches, c'est selon) de sa carrière, mais quand le bling-blang redéboule, il n'y a plus personne.  D'autant que si le mixage de Good As I Been To You tentait de camoufler la solitude d'un Bob tout seul avec sa guitare en amplifiant les basses fréquences, ici le Zim semble avoir clairement expliqué la situation à l'apprenti ingénieur du son derrière les manettes (qui aurait voulu s'occuper d'un truc pareil, par ailleurs ?). Ca grince dès le départ. Dans les dents. Le monde est parti de travers. World Gone Wrong. Kurt Cobain est à deux doigts de se mettre le pétard sur la tempe. Le grunge, c'est déjà presque terminé. Qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ?

Les Mississipi Sheiks, au hasard. Blind Willie Mc Tell, toujours. Et la légende de Stack-a-Lee, peu importe l'orthographe qu'on lui donne. Et Jack-a-Roe. Il n'est plus question ici d'être aussi bon qu'il l'a été pour vous en vous présentant des vieilleries ma foi jolies. Tout est parti de travers, et les notes de pochettes de l'album sont explicites. Le (déjà) vieux Zim en prend acte, et donne ici - à sa façon - le départ du never ending tour. Qu'il déclare depuis longtemps clos (depuis le départ du guitariste G.E. Smith, l'animal est précis...).

Puisque tout cela n'a plus aucun sens, autant tourner autour du pot jusqu'à ce que mort s'en suive, autant tourner autour du lampadaire, sans jamais s'y cramer car l'animal est adroit.

A ce jour, le lampadaire vacille mais éclaire encore vaguement un ciel sans lune. Un ciel sans lune qui n'a jamais été mieux dépeint que dans cet album définitif.

Un an plus tard, Kurt Cobain reprendra le In The Pines, idiotement renommé Where Did You Sleep Last Night de Leadbelly (tiens donc !) parce que couplet/refrain (ou copyright/copytheft ? oblige), se tirera une balle et voilà. World Gone Wrong, il vous l'a dit, non ?

Sitting On Top Of The World... comme toujours...