J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

mardi 30 octobre 2012

Grand Concours des Disques Exquis (le retour du fils de la version 3)

Chers amis,

Le Concours du Disque Exquis commence le 1er novembre, je confirme. Les participants sont au courant, mais semblent toujours un peu perdus dans les règles, ce qui m'inquiète un peu. Serais-je tordu à ce point ? Bref. Le 1er post, c'est ce que vous voulez, et c'est le 1er novembre, jour des morts, pour un cadavre, c'est exquis.

J'ai tout bien tout noté vos adresses mail, je vous envoie demain un récapitulatif, une dernière tentative d'expliciter les règles, nominativement, personnalisée, explicitée à chacun d'entre vous. Mais quand même, c'est facile, non ?

Je vous dirai qui suivre : par exemple, Jimmy poste Dark Side Of The Moon de Pink Floyd le 1er novembre. Si Devant doit suivre le 3 novembre (et, encore une fois, je vous dirai qui suit qui, ah mais !), il doit poster un disque dont le titre ou l'interprète doit contenir un des mots suivants : dark, side, moon, pink ou floyd.

Il peut donc poster, par exemple (et je souligne les mots-clé) :

- un album de Pink
- la compile Time is On My Side des Stones
- Dark Passion Play de Nightwish
- Harvest Moon de Neil Young
- etc.

Ca va mieux ?

Allez, courage, on the starting blocks ?

dimanche 28 octobre 2012

# 145 : Pink Floyd "Meddled'

Les gars, je viens de finir un bouquin fabuleux. Fabuleux, s'entend, pour qui porte encore un quelconque intérêt à cette chose visqueuse et floue qu'est, qu'a été, le Pink Floyd. Oui, le Pink Floyd, comme on disait à l'époque (que je n'ai d'ailleurs pas connue...) et non pas () Pink Floyd, usine à fric et à remasterisations jusqu'à la moëlle, même si les dernières en dates lèvent quelques pans incroyables, mais de façon onéreuse et discrète : par-ci par-là un Wish You Were Here avec Stéphane Grappelli, des extraits des Household Objects, album avorté, imaginé en tripatouillant les objets du quotidien trente ans avant les samplers, etc.

Pink Floyd (pardon, le...), quelle affaire quand même. Quand le talent surfe sur le fric, les albums tangentent allègrement entre le génie et le tiroir-caisse. Pitié, n'ouvrons pas le débat de Dark Side Of Bidule. Et bien sûr, douloureuse question, l'atomisation de Syd Barrett, psychédélique à souhait, a-t-elle nuit au groupe ou profité à une évolution avec plus de mélodies, des concepts néanmoins novateurs, patin-coufin ? Faut-il préférer les soli définitifs de Gilmour (Comfortably Numb, Shine On Your Crazy Diamond) à la schizophrénie de Waters (sans rabâcher le concept du mur, quelqu'un se rappelle-t-il de Not Now John ? Putain quel morceau !!!) ?

Débat stérile, chacun campe sur ses positions, je ne vous dirai pas la mienne, enfin, vous la devinerez au travers de ce post. J'invite simplement tout le monde que la question taraude à lire ce bouquin, donc, Pink Floyd En Rouge, de Michele Mari. Qui a l'intelligence de ne pas sombrer dans la biographie linéaire, forcément, subjective, mais de proposer une sorte de rapport d'instruction imaginaire d'un procès qui ne l'est pas moins, mettant en cause Waters, Barrett et les autres. Un bouquin franchement captivant, distillant ça et là quelques scoops, quelques questionnements étonnants sur l'Affaire. S'y croisent les dépositions bien sûr imaginaires d'Arnold Layne, du frère de Waters, chauffeur de Taxi, de David Bowie, etc. Où l'on finit par comprendre que rien n'est simple mais que le Pink Floyd, bon diou, c'était ket chose !

Et j'en veux pour preuve, pour un groupe dégommé sur ses tripatouillages en studio, ce bootleg captant majestueusment une Peel Session de 1971, juste avant la sortie de Meddle. Sur la BBC, pas de tricherie, on envoie et advienne que pourra. Du vrai live, donc, issu de l'époque divine de transition entre le pénible Ummagumma, issu de vaines et tardives tentatives psychédéliques et du définitif Dark Side Of The Moon à venir. Atom Heart Mother vient de troubler les derniers fans de Syd avec son grand orchestre, Meddle va finir de conquérir les autres, et le groupe est soudé comme jamais. Délivre une version à rallonge du majestueux Fat Old Sun, déviant de ce côté-ci de la jam session pour retomber sur ses pattes, envoie un Echoes rien de moins que parfait, joue pour une des dernières fois Embryo, qui n'aura pas l'honneur de finir sur un disque et laisse tout le monde pantois dans un dernier blues sans nom, ou Gilmour règle son compte avec Clapton, Hendrix et autres, rappelant que Pink et Floyd, hein, bah, on le sait tous, c'est un hommage à Pink Anderson et Floyd Council, de l'autre côté du Mississippi... Inconnus au bataillon... Comme le père de Roger Waters...

Désolé, le bouquin, faudra l'acheter. Reste le moment incroyable, celui glissé entre la mort et la renaissance, durant lequel on imagine un Waters glorieux, et, quelque part à Stratford-Upon-Avon, un Syd Barrett se réveillant en plein cauchemar, ayant définitivement perdu son groupe. On l'imagine, en rage et en sueur, ne sachant déjà plus très bien à qui il s'adresse, balancer le verdict définitif :

One Of These Days I'm Gonna Cut You Into Little Pieces !!!

Mais Michele Mari dit tout ça bien mieux que moi...

Grand Jeu Du Disque Exquis : c'est parti !

Eh oui, les gars, on y va quand vous voulez !!! Après un petit mois difficile question boulot, et maintenant que le Juke Box Mental de Jimmy connaît le succès que l'on sait, je pense pouvoir être en mesure de suivre la joute du Grand Jeu Du Disque Exquis. S'agissant comme vous l'aviez deviné d'une sorte de Cadavre Excquis du Disque, un démarrage à la Toussaint, le 1er novembre, me paraîtrait ma foi de bon aloi, comme disait Captain Capello !

Hey les participants recensés, vous êtes toujours ok ? J'avais dû oublier Sorgual dans ma liste, dont la réponse du style ni oui ni non m'avait échappé. Sorgual, il y a de la place pour toi si tu veux. Merci de confirmer votre participation par mp (jpdevin chez gmail point com) et de me dire à partir de quel blog vous posterez, vous recevrez en retour le nom du participant à suivre après chaque post.

Pour mémoire, et pour faire simple, imaginons le jeu à trois participants : Jimmy, Devant et Charlu. Le jeu dure alors trois jours. Les trois lascars sont seuls à savoir, respectivement, que Jimmy devra répondre au post de Devant le deuxième jour et de Charlu le troisième jour, Devant au post de Charlu le deuxième jour et de Jimmy le 3ème jour et Charlu au post de Jimmy le deuxième jour et de Devant le troisième jour.

Le premier jour, chacun poste ce qu'il veut, par exemple :

Jimmy : Kind Of Blue - Miles Davis
Devant : English Settlement - XTC
Charlu - L'Homme A Tête de Chou - Serge Gainsbourg

Le deuxième jour :

Jimmy devra poster un disque dont le titre ou l'interprète contient le mot English, Settlement ou XTC
(Par exemple Broken English de Marianne Faithfull)
Devant devra poster un disque dont le titre ou l'interprète contient le mot Homme, Tête, Chou, Serge ou Gainsbourg
(Devant est un petit malin et poste Fear Of Music de Talking Heads, Heads = Tête, ça vaut ! Et ça permettra d'éviter de bloquer le jeu si un esprit retors s'amusait à poster du Sigur Ros)
Charlu devra poster un disque dont le titre ou l'interprète contient le mot Kind, Blue, Miles ou Davis
(Par exemple un disque du Reverend Gary Davis ou encore une compile de Shocking Blue).

etc.

Pour plus de compréhension, chaque participant précisera le jour venu le post auquel il répond, et ne manquera pas d'insérer un lien vers le-dit post, on sait vivre, chez les bloggeurs.

Il est bien entendu évident que je me régale d'avance, tout comme vous tous, à ce qui pourrait suivre un Ummagumma de Pink Floyd, un III de Led Zeppelin ou encore un Egge Bamiasy de Can, mais ça c'est pour mettre un peu d'huile sur le feu ;o)

Pour ma part, je compterai les points et ferai mon Léo Zitrone sur ce blog au lendemain de chaque post.

Alors, mesdames messieurs, voici les participants pressentis :

Approxbutfaire CONFIRME !!!
Mister Moods CONFIRME !!!
Jimmy CONFIRME !!!
Ewerett W. Gilles CONFIRME !!!
Toorsch 
Devant 
Fracas 64 CONFIRME !!!
Charlu CONFIRME !!!
Sorgual CONFIRME ??? par personne interposée ?
Jeepeedee ben...confirmé aussi, tiens !

Réponse souhaitée avant lundi 29 octobre à minuit !

Sur la base de 9 participants, les posts auront lieu :

Jeudi 1er novembre
Samedi 3 novembre
Dimanche 5 novembre
Mardi 7 novembre
Jeudi 9 novembre
Samedi 11 novembre
Lundi 13 novembre
Mercredi 15 novembre
Vendredi 17 novembre

Go ! go ! go !

Merci bien entendu aux participants et aux supporters de colporter la nouvelle sur vos blogs !!!

samedi 27 octobre 2012

# 144 : Mama Rosin "Bye Bye Bayou"

Tabernacle ! Quelle vilaine claque, quel coup de poing dans l'estomac ! On savait le Gumbo un peu lourd lorsque cuisiné par le bon vieux Dr John, attirant les zombies dans une ambiance vaudoue ôtant tout vélléité folklorique à la musique du bayou, mais ces instants sont demeurés bien rares, et c'est bien trop souvent dans une ambiance un peu potache que les mélodéons et autres washboards distillent leur ambiance bon enfant. Laisse le bon temps rouler, quoi !

Mais là...

Pétard.

Mama Rosin, sur le papier, c'est trois suisses s'amusant à déflorer la musique cajun avec une culture rockabilly façon Cramps, ambiance sépulcrale assurée. Bon, ça paraît plus une curiosité qu'autre chose, mais quand je vous dirai que c'est rien moins que Jon Spencer qui s'est joint à la messe noire sur ce coup-là, j'espère attirer votre curiosité au mieux, votre scepticisme au pire. Normal, pas de basse ici non plus, le mélodéon s'acquittant de la tâche de façon aussi pertinente que la guitare baryton dans le Blues Explosion. Eh bon dieu ça le fait grave ! Un album teigneux, méchant, jouissif, un peu comme des Pogues tappant le boeuf avec la Jim Jones Revue, genre. Punk attitude à tous les étages.

Et le bon vieux Jon ne se gêne pas pour pourrir le son des Trois Suisses comme il l'a toujours fait, et semble y prendre bien plus de plaisir encore que sur son dernier album plutôt navrant. N'hésitant pas, ça et là, à rajouter ses petits piments bruitistes à un catfish pie déjà largement pimenté. Sorry Ti Monde devrait mettre tout le monde d'accord à quatre heures du matin, le jour du mardi gras, dans un tripot new-yorkais. Pas entendu baston aussi jouissive depuis des lustres. A ses meilleurs moments, le Gun Club n'a pas sonné aussi brutal. J'exagère ? Ben testez le truc ! Je suis certain que Jeffrey Lee Pierce pogotte allègrement dans sa fosse commune.

Et puis Black Samedi, avec son intro mirifique que ne renierait pas un Rodolphe Burger s'ennuyant dans sa campagne alsacienne, s'englue de façon jouissive dans une mélasse d'okras poisseux, et servirait sans problème de bande son à la destruction de la Nouvelle-Orléans par l'ouragan Katrina. Malsain, désespéré, ordurier, inquiétant, réussi.

Et que dire de Marilou ? Avec un titre pareil, on imagine les folkeux en pull à chèvres s'émoustiller à l'idée d'un quadrille sous le soleil de Bâton Rouge, il n'en est rien, le ver est dans le fruit, et renvoie en trois minutes 18 les babas dans leur terrier, pourrit le Festival Folk de Clisson-la-Fontaine dès l'ouverture, laissant la place nette pour les trois punks locaux trop heureux de dévaster la buvette et lancer les saucisses grillées sur les trois conseillers municipaux grabataires incapables de courir assez vite.

Et Casse Mes objets, c'est un peu Anarchy in Switzerland, ça pogotte et ça roule. 'tention devant, 'tention à l'entrejambe !

Bien sûr, il y a des baisses de tension. Des fois où tout ceci est presque joli (Seco e Molhado), presque convenu (Bye Bye Bayou Birdy Black part 2, l'inévitable Sitting On Top Of The World, quoique...), mais il faut en passer avant par les brûlots cités ci-dessus. Et ça, c'est salutaire. Les programmateurs radio auront tôt fait de jeter la galette à l'Easy Cash du coin. Et nous, heureux téméraires encore capables de se rappeler qu'un album, ça s'écoute sur la durée, on y gagnera le bénéfice non pas du doute, mais de la certitude que cette fichue musique cajun mérite mieux que les stages d'accordéon diatonique, que le banjo n'est pas réservé aux rednecks et que toute cette culture, elle est définitivement à nous.

J'ose même penser qu'il existe, quelque part dans un coin de la Louisiane, des vieux de la vieille qui verseront une larme d'émotion en se disant que oui, leur histoire va continuer à vivre. Les temps changent, comme dirait Cabrel, pardon, Dylan, et les suisses prennent leur bateau pour émigrer en pays Cajun. Et dieu sait si c'est pas facile.

Cerise sur le gâteau, Story Of Love And Hate donne une vague idée de ce qu'aurait pu être le Velvet Underground s'il avait été fondé par Louison Roseau.

Profitez-en vite, Paraît Qu'Y A Pas l'Temps


PS : Je suis mauvaise langue... Les Mama Rosin sont passés au Binic Folks Blues Festival (no comment, quoique le s du folks laisse entendre une velléité de réhabiliter une certaine musique au-delà de son acception habituelle) chez nos amis Breton cet été, et il semblerait que le monde soit donc prêt... m'enfin ils avaient pas entendu le nouvel album, visiblement, parce que là c'est encore bien bien gentil... Quoique... en traînant sur youtube, le vénérable Kid Congo semblerait y avoir balancé un set très peu folk, aussi. De même que Burn In Hell ! Fouchtra ! Tout ceci me donne bien envie d'aller faire un tour chez eux... Hey, les copains bloggeurs, on loue un bus, on y va l'été prochain ?

jeudi 25 octobre 2012

# ZZZZ : Francis Cabrel "Vise Le Ciel"

Ben merde alors ! Bon, je renvoie les gens pressés de s'émouvoir sur le nouveau Cabrel et touchés par la crise financière à ce lien, transmis par un ami proche :

http://www27.zippyshare.com/v/14161869/file.html

Voilà, ça c'est fait, rentrez chez vous, y'a plus rien à voir.

Moi quand j'avais quatorze ans
Les accords de Dylan peuplaient mes insomnies
Et je m'endormais le matin
La guitare à la main sans débrancher l'ampli

C'est le même Cabrel qui chantait ça en 1982. Et ça, on l'a tous fait. Ou pas. Mais ceux qui l'ont fait ont doucement rêvé de dépasser le maître, de s'en inspirer, d'avancer, d'y arriver. Cabrel y est arrivé, un instant, quelques années, avec la reconnaissance de la SACEM et du public. Carte Postale, Petite Marie, et tant d'autres, je n'ai rien contre ça. Je suis content pour lui, j'étais content d'entendre ça. Je le défendrais bec et ongle contre une élite me disant que c'était déjà de la soupe commerciale, je n'ai aucun problème avec ça, encore une fois. Edulcoré, certes, mais les impératifs de la chanson française ne laissaient que peu de lattitude à des petits jeunes qui n'en voulaient avec leur guitare sèche. Quand j'entends Les Murs De Poussière à la radio, je ne change pas de station. Hugues Aufray qui bêle Knock Knock Ouvre-toi Porte d'Or, je frise l'augmentation des morts sur la route. Je n'ai que très peu de respect pour le réac Pierre Delanoë qui a traduit Dylan. Désolé.

Mais quand on est un artiste (?) établi comme Cabrel, qu'on a imposé un rythme d'un album tous les cinq ans pour cause d'inspiration très peu débordante, il me semble que c'est plutôt mal vu de payer ses traites en faisant des lignes d'écriture "sur des chansons que Hugues Aufray n'a pas reprises, car je suis un peu gêné" (cf. le dernier Rock & Folk). Tiens donc, juste après l'affaire de la la Cité de la Musique et un mois et quelques après le dernier Dylan que tout le monde a déjà oublié d'écouter. Serait-il atteint d'une maladie incurable, Dylan ? Préparerait-on médiatiquement sa disparition ? J'en sais rien, je m'en fiche.

Mais oser transformer des brûlots comme All Along The Watchtower (même dans sa version acoustique primale, sèche comme un coup de lame en travers la gorge, sans parler de Jimi Hendrix) en une espèce de petite chansong tranquilleuh qu'ong peut écouter en grillang des chataîgneuhs, merde, non de non. Edulcorer I Want You, non de non de non. Car Cabrel a suffisamment d'aura pour ne laisser de Dylan que cette merde d'album dans le coeur des Français.

T'as rien vu, Francis. Arrête ton char. Ton album, c'est du négativisme, rien de moins. Laisse les petits jeunes apprendre la guitare sur It's all over Now, Baby Blue, et n'instaure pas le concept du Bébé Bleu ici ! Bébé Bleu ! Honte de rien, franchement... T'es-tu rendu compte un instant que cette chanson n'a rien de tendre, rien de - hmm... - poétique, mais qu'elle est un pavé lancé directement dans la tronche de ton ex, parce que tu pars baiser ailleurs ?

Franchement, ton disque, je l'aurais admis à l'époque de Pompidou ou De Gaulle. Il aurait permis d'éviter Mai 68, contrairement à Delanoë qui pour un paquet de fric a accepté de traduire des choses un peu saignantes à l'époque par pur opportunisme. Ton album est la négation même de tout ce que Dylan a pu tenter d'apporter au rock'n'roll : la poésie sulfureuse d'un Rimbaud avec les accords mauvais d'un Chuck Berry couchant avec des petites filles. Ici, c'est Martine Chante Des Chansons Américaines. Pauvre vieille andouille, t'avais besoin de sous à ce point-là ?

C'est pas ma faute, c'est pas notre faute, nous public bête et méchant se ruant sur ton CD, si t'as les boules des larges concessions que tu as fait au music business, parce que rénover une maison à Astafort, ça coûte la peau des fesses. Alors, sors des triple-album live avec des DVD bonus en coffret collecter, vois Doc Gyneco pour reprendre en rap Prendre Ma Place Dans Le Trafic, si tu veux. Vends ton âme, mais pas celle des autres. Tu n'es pas le Diable, tu n'en es même pas capable, tu n'en as pas la carrure. Tu me fais de la peine.

Tu n'as même pas été fichu de lui vendre ton âme, c'est ton producteur qui l'a vendue à ta place. Toi qui as été maire d'Astafort, t'as fait quoi des SDF ? Des agriculteurs en difficulté ? Et tu nous chante Hollis Brown ? Tu t'es vu ?

OK, c'est un album en hommage à Dylan. Mais que crois-tu que tu fais, là ? Un hommage d'un petit gars qui dévoile ici sa vraie tronche d'opportuniste qui a fait sa carrière et sa vie sur un ersatz édulcoré de l'auteur originel. Et tu avais commencé bien tôt, maladroitement. En pompant Dylan dans son pire album, Knocked Out Loaded. Il y tentait une reprise affreuse de Kris Kristofferson avec un choeur de mômes. They Killed Him. Trois mois après, tu nous refaisais le coup du piano (waouh, quel talent, tu joues du piano, aussi ?) avec Il Faudra Leur Dire.

Ca, je ne te l'avais jamais pardonné, mais j'avais fermé ma gueule. Personne ou presque n'avait vu la tricherie.

Ici, tu déballes franco ta soupe en laissant penser que tu es un révolté comme Dylan. Dylan n'a jamais été révolté. Ni même la conscience d'une génération. Il avait seulement un talent fou. Là, tu fais la preuve que tu n'as même plus ça. Que tu ne l'as jamais eu. Que tu as bâti ta carrière sur du vent. Merci au moins pour cette franchise-là. Mais tu oses chanter La Dignité ?!! Et tu arrives aussi presque à nous berlifiquoter avec une reprise de Blind Willie Mc Tell digne d'un étudiant d'Hypocâgne ?

Allez, s'il te plaît, arrête...

Essaye déjà de viser correctement la lunette des chiottes avant de viser le ciel avec ça ! Ceci dit, tu as raison, on ne voudrait même pas de toi en enfer. Ton destin, c'est de ne jamais côtoyer Robert Johnson. Je te souhaite bien du plaisir avec Claude François.

dimanche 21 octobre 2012

# 143 : "Bahamas Goombay 1951-1959" Frémeaux & Associés

A chaque coup, leurs compiles double CD, c'est du lourd. Frémeaux & Associés, des gens extraordinaires. Capables de balancer une rétrospective du Western Swing de 1932 à 1943, et juste après une anthologie dédiée à Vincent Scotto (incroyable song-writer, compile qu'il faudra que je poste un de ces quatre, tiens !). Toujours avec talent, avec un livret hyper-documenté, et des pépites en veux-tu en voilà. A chaque coup, soit ils font le boulot eux-même, soit ils trouvent la perle rare capable de constituer le truc définitif. Et cette compile-là ne déroge pas à la règle. Du pur bonheur, 44 chansons made in Nassau, Bahamas, à une époque où les américains étaient trop occupés à  construire des abris anti-atomique pour guincher autour d'un Martini.

Sous le soleil des Bahamas, point de nuages. Même des bluesmen comme Blind Blake ont la blue note joyeuse et chaloupée. Goombay, donc, kezako ? Ben, euh... A vrai dire, je n'en sais trop rien. Un truc qui aura duré le temps du twist et du hulla-hop, guère plus, visiblement. Et j'ai eu la flemme de lire le livret, ne comptez donc pas sur moi pour faire l'érudit. Mais bon dieu, Uncle Joe, Gimme Mo' par Vincent Martin & His Bahamians, que c'est bon !

Et le reste à l'avenant, bien sûr. Dans ce genre de trésor, vous avez deux options : soit celle de vous caler avec un rhum vieux et un cigare de La Havane au coin du feu et laisser le bon temps rouler, soit celle, tout aussi jouissive, consistant à picorer dans le menu au hasard des titres : Yes ! Yes ! Yes !, Coconut Water Rum & Gin, Zombie Jamboree, Dance The Goombay, Nassau Calling (bien moins flippante que London Calling, garanti !), Spirit Rum et les autres...

Cerise dans le Martini, quand je vous dirai que tout ceci a été compilé par Bruno Blum, maître de la musique des îles de ce côté-ci de Rock & Folk, j'aurai tout dit. Du bon du bon du bon... Et puis Goombay ou Calypso ou tout ce que vous voudrez, tout cela demeure guilleret d'un bout à l'autre. Car tout, ici, est basé sur le backbeat, celui qui rend les filles jolies sur la piste de danse, celui qui fait mal à la tête au bout d'un certain nombre de rhums-coco, ce backbeat que les rednecks, dans leurs folies bluegrass à 150 km/h comme les Jamaïcains dans leur ska et leur reggae, respectant par contre les limitations de vitesse, tenteront de préserver sans jamais en donner la recette à des rockers par trop binaires.

Les grincheux me rétorqueront que Frémeaux & Associés n'y vont pas avec le dos de la cuiller, vendant leurs compiles au prix fort. Certes, on trouve aujourd'hui des coffrets 3, voire 4, voire 5 CD de country ou de blues même pas dégueus chez Super U. Comme on y trouve du steack de vache de réforme. Hola ! Ici, on parle de faux-filet taillé dans de la Parthenaise, de la vraie bonne viande, hein ! Du genre qui dégueule pas ses hormones au contact de la moindre noix de beurre ! Et puis, après tout, ce soir c'est moi qui invite. Gambas, coco, rhum à tous les étages, du bon, du bio, du complètement acoustique ! Pas de zouk synthétisé à grands coups de DX7 ! Ah que non ! Des gens qui groovent avec une pauvre guitare en bois, un piano déglingué, une contrebasse et quelques tambours ! Slow food attitude ! Slow beat, calypso, laissez-vous chamarrer par le Goombay !!!

I Need It !

vendredi 19 octobre 2012

# 142 : Révolte ! De la Gaulle Au Changement de D'Estaing

Ca y est, moi aussi je cède à la sirène des compilations, y'a pas de raison ! Il faut dire que mes derniers posts m'ont inspiré... Bertin, Béranger, Corringe... Allons-y donc pour un vaste sujet, rien de moins que la chanson contestataire en France !

On est d'accord, on n'a jamais été à Monterey, ni a Woodstock, ni même à Haight Ashbury (sauf peut-être Maxime Le Forestier, ici présent, bien sûr). Pour tout dire, il semblerait même que la chanson contestataire, dans le Landerneau du hit-parade hexagonal, ait longtemps posé problème à nos idoles. Il suffit de reécouter Ecoute Dans Le Vent de l'ex-twisteur Richard Anthony pour entendre chez lui une certaine amertume à reprendre le jeune Bob Dylan... Pas grave, le jeune Centralien Antoine tentera l'ellipse le temps d'un Pourquoi Ces Canons que je vous rappelle ici cruellement, faisant l'impasse sur ses Elucubrations, désolé, rendant notre Johnny national récemment mis en cage à Médrano étrangement concerné... C'était parti...

Cette compilation fut cruelle à échafauder. Je me suis censuré jusqu'à arriver à 26 titres, avec bien sûr des a priori (le taulier est maître chez lui, non ?). Je n'ai pas été méchant avec Hugues Aufray, je ne lui ai pas collé de reprise de Dylan, ça lui colle bien trop à la peau. Dylan, que j'ai largement évité, parce que chez nous, ça n'a jamais trop marché question révolte. J'y ai même collé un Sardou, 1 chanson sur 25, bref, représentant quelques 4% du score. Comme au beau vieux temps où les fachos ne comptaient pas aux élections. Il ne sera donc pas dit que cette compilation se veut gauchiste. Pareil pour Jean Ferrat, je lui ai évité l'humiliation d'un Potemkine trop caricatural. Sa France des travailleurs me semblait plus poétique, même si elle a pu se retourner contre lui, caressant dans le sens du poil un Front National qui n'attendait que ça pour faire fleurir ses mauvaises herbes.

Et puis j'ai osé mélanger les genres comme notre beau pays sait le faire, maintenir une confusion incessante, ici, Julos Beaucarne, exception culturale belge en plein deuil de son amour assassinée qui trouve la force malgré tout d'adresser sa Lettre à Kissinger (remember, Kissinger ?), côtoie les Poppys, chacun tentant dans des buts très éloignés de brandir le drapeau de la contestation. J'essaie de rappeler que Jean-Michel Caradec n'a été un chanteur pour midinette, qu'il n'y a pas mieux que Corringe pour apprendre la guitare en bois et que La Bombe Humaine n'a jamais pété. Sauvés par le Banana Split, nous fûmes. Et que Moustaki, même mou des fesses, a su trousser de belles chansons de révolte tranquille.

Avec une telle salade de fruits rouges, comme le Fugain brandissant le chiffon de la même couleur, j'ai subi de graves dilemmes. Il me fallait, bien sûr, un Ferré, mais un seul, équité oblige. Il m'a semblé que Le Chien avec le groupe Zoo allait assez loin dans la provoc pour mériter sa place ici. Pour ce qui est des autres, je vous les laisse déguster. J'ai surfé sur la ligne étroite entre la véritable variété verdâtre comme disait Nino Ferrer, dont Le Sud a largement sa place ici et le chant de révolte, parfois la frontière fut tenue, et j'en ai oublié plein. J'ai voulu que ça passe du rire aux larmes, de la nostalgie à la prise de conscience, les deux parfois mêlés.

Même si j'ai un respect particulier pour la Menace de Jacques Bertin, incroyable...

Alors profitez de ce samedi pour prendre votre guitare, c'est la révolution à tous les étages, camarades !

Je n'ai pas pu faire autrement que de terminer cet ouvrage par un hommage à Brassens :

Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente...

Tracklisting :

01 - Antisocial TRUST
02 - Ecoute Dans Le Vent  RICHARD ANTHONY
03 - Pourquoi Ces Canons ANTOINE
04 - Cheveux Longs Et Idées Courtes JOHNNY HALLYDAY
05 - Les Crayons De Couleur HUGUES AUFRAY
06 - Parachutiste MAXIME LE FORESTIER
07 - Les Ricains MICHEL SARDOU
08 - Ma France JEAN FERRAT
09 - Les Paumés MICHEL CORRINGE
10 - Le Jour De Clarté GRAEME ALLWRIGHT
11 - Mai 68 JEAN-MICHEL CARADEC
12 - Svasti GERARD PALAPRAT
13 - Non Non Rien N'A Changé POPPYS
14 - Le Chien LEO FERRE
15 - Sans La Nommer GEORGES MOUSTAKI
16 - Lettre A Kissinger JULOS BEAUCARNE
17 - Le Sud NINO FERRER
18 - Les Soldats CASTELHEMIS
19 - Délivrance ALAN STIVELL
20 - Ma Marseillaise A Moi JOAN-PAU VERDIER
21 - Le Chiffon Rouge MICHEL FUGAIN
22 - Le Monde Bouge FRANCOIS BERANGER
23 - Hexagone RENAUD
24 - Menace JACQUES BERTIN
25 - La Bombe Humaine TELEPHONE
26 - (bonus track) Mourir Pour Des Idées GEORGES BRASSENS

dimanche 14 octobre 2012

Fermé pour une semaine

...Désolé, mon entrain à reprendre ce blog se heurte à une nouvelle semaine de formation à Dijon. Avec, cette fois, je l'espère, un hôtel réservé...

Désolé, car entre Béranger et Corringe, vos commentaires m'ont permis d'atteindre Jacques Bertin, dont les mp3 partent avec moi dans mon téléphone, seul moyen grotesque que j'aurai de m'évader des notions de gestion financière et autres palabres qui feront l'objet de mon absence.

Heureux, car ce soir, Charlu vient de poster son hommage à Bertin, et qu'ayant reniflé tant de choses sur le web, je pars avec des chansons impensables dont je me délecte déjà, me promenant le soir entre églises romanes et ruelles où la dive bouteille et la gastronomie luttent contre la morosité, le casque aux oreilles, comme il y a trente cinq ans, avec mon premier walkman.

samedi 13 octobre 2012

# 141 : Corringe "A Suivre"

La plus grosse connerie, sur l'échelle émotionnelle de Richter, c'est ce jour de 1988, où j'ai prêté tous mes albums de Corringe à Claude et Valérie, qui, en échange m'avaient prêté des BD. Je les ai revus dix ans plus tard, par hasard, à un concert d'Higelin. Je n'ai pas osé évoquer les albums de Corringe. Aujourd'hui je suis l'heureux possesseur de l'édition originale en couleur, reliée, des Celtiques de Corto Maltese, gardé en otage, mais honnêtement, je m'en balance. J'ai perdu mes albums de Corringe, à part Laissez-Nous Vivre, que j'ai trouvé plus tard à Lyon. Je ne m'en remets toujours pas.

J'ai découvert Corringe par hasard, sur la foi de la pochette, avec son album En Public. Une claque énorme. En quinze jours, je connaissais tout par coeur et braillais à qui voulait l'entendre Je suis tous les peuples et tous les paysages, laï la laï à la guitare. Et j'ai compris à cette même époque que les vinyles commençaient à disparaître des étals au profit des CD. Je pensais pouvoir me les payer petit à petit, les Corringe. Qu'ils resteraient bien sagement à m'attendre à la FNAC. Que nenni. J'arrivai tout juste à sauver Aldebaran et La Route de ces purges staliniennes numériques.  Je trouvai A Suivre et J'ai Peur J'ai Mal Mais Je T'Aime à la bibliothèque, et ce fut tout.

La suite fut une longue quête de quatre années. Jusqu'à ce prêt malheureux. J'étais tel un Lancelot voyant passer le Graal sous son nez sans rien comprendre. Tiens, Claude, tu me les rendras la prochaine fois...

Voyant revenir en CD des choses improbables, je repris espoir, jusqu'à ce jour où j'appris que Corringe avait détruit tous les masters et qu'il n'y aurait jamais plus le moindre espoir de la moindre réédition. Merci donc à Google et à quelques aventuriers d'avoir ça et là posté ces albums. Que je m'empressai de graver sur un DVD. Sage décision, mon ordi rendit l'âme peu de temps après. Sauf que, le DVD trainant sans sa pochette, mon nouveau mac flambant neuf refusa toujours de le lire. L'esprit facétieux de Corringe s'amusait-il à me damner ?

On a toujours un peu de bonheur dans son malheur. Le seul qui me reste, c'est A Suivre. Le plus beau, le plus magnifique, le plus émouvant, la quintessence. Des arrangements au cordeau, des chansons à vous vriller la tête, bref, le truc qui aurait dû tout péter en 1977. Saleté de punks, la Phrance se trémoussait sur Plastic Bertrand et le Banana Split, et n'avait que faire de ce poète chilien qui chantait pour la gloire et la liberté des siens. Que faire de tous les hommes et tous les paysages laï la laï. Corringe lui-même le comprendra en 1979 quand il sortira le brutal J'Ai Peur J'Ai Mal Mais Je t'Aime, électrique en diable. Mais en 1979, il était déjà trop tard. Il ne rivaliserait pas avec les déluges soniques de l'Antisocial de Trust. C'en était déjà fini des punk, on virait Heavy Metal...

Je vous ferai l'économie du track-listing, j'en pleurerais à chaque chanson. Au fur et à mesure que je vieillis, que ma maman est partie, que mon papa oublie qui il est là-bas en haut à droite, Reviens Chez Nous prend chaque jour plus de sens. Et mon plexus solaire se tord à chaque écoute. Dire que j'ai pu penser un jour que la longue suite Ecce Homo était délicieusement ringarde, parce que Corringe y osait des mots comme Liberté... J'ai donc contribué à cette indifférence crasse qui poussera Corringe à se finir dans la bière, malgré un dernier sursaut, un album mal foutu avec des arrangements miteux de ses vieux standards, Phénix... tu parles ! Rien qu'à voir sa tronche d'alcoolo sur la pochette, on a envie de pleurer.

Les amis que j'aimais
Les beaux les désespérés
Ceux qui me faisaient chanter
Un jour sont envolés
Vers des terres inconnues
Des rives de corail
Leurs bateaux se sont perdus
Da zavtra...

...Et le reste à suivre, justement. Si vous deviez n'en écouter qu'une pour chialer dans votre bière, celle-là s'impose définitivement. Désolé pour le Juke Box Mental de Jimmy. Et comme si cela ne suffisait pas, une reprise orchestrale finira de ruiner votre superbe.

...Un jour je les rejoindrai
Les amis que j'aimais...

C'est pour demain ?

vendredi 12 octobre 2012

# 140 : François Béranger "En Public"

L'heure est grave. Jimmy et Mister Moods ont dévoilé leur secret de polichinelle : poster des albums incroyables pour devenir maîtres du monde. Et ils n'en sont pas loin. Je me demande parfois si Mister Moods ne détient pas John Zorn dans sa cave, qu'il le fouette chaque jour pour qu'il sorte un album qu'il puisse chroniquer. Je me demande parfois si Jimmy ne lit pas dans mes pensées ou - informatiquement et plus prosaïquement - dans mon disque dur, parce qu'il tape juste à tous les coups. Parfois, heureusement, il balance du jazz qui ne m'intéresse guère. Ca me permet de dire bonjour à ma fille, de demander des nouvelles à mon épouse : Alors, chérie, ça c'est bien passé ton boulot depuis le mois dernier ? Ah, tu en as changé il y a trois mois, c'est super, ça !

Moi, c'est différent... Je défends bec et ongles le nouveau Dylan, qu'ont déjà défendu Rolling Stone, le Times et autres mais contre un bakchich sonnant et trébuchant. Certains d'entre vous me répondent qu'ils ont aimé alors qu'ils ne l'auraient pas écouté, et peut-être un ou deux d'entre eux vont-ils même l'acheter... et je n'attends même pas les remerciements de Sony Music. Je défends Alexis HK contre vents et marées, au risque d'ennuyer la blogosphère hermétique par mon radotage, j'ai même posté un album de Saez et Murat. Mon post le plus lu, ou presque, c'est celui sur Dave. Ou Les Cowboys Etanches, à égalité. Mes propres chansons attirent donc le public de Dave. Si je craignais pas les avances pédophiles, j'en viendrais presque à monter un fan-club de Chantal Goya.

Mais bon, la blogosphère est cruelle, et je suis résistant. La pitance, ici, est parfois maigre, et le clic passionné et rageur très rare. Et c'est pas ce soir que ça va changer.

En pleine période punk, François Béranger sortait un double-album en public aux relents jazz-rock imbuvables pour l'époque, et peut-être même pour ses adeptes lorgnant plus sur la cancoillotte que sur les amphétamines. Eh ben j'y peux rien, non seulement j'aime François Béranger, mais en plus c'est mon disque préféré. Mon seul regret, c'est qu'il n'y reprenne pas Département 26, une des plus belles chansons du monde.

François Béranger avait tout pour plaire, à la base. Il chantait comme un fonctionnaire des impôts, partait bille en tête dans des textes rebelles et malheureusement datés, mais bon sang, il y avait une petite lumière qui brillait en lui. Celle de la foi en ce qu'il faisait, incorruptible face au succès qu'il aurait pu capitaliser (Chanson à Danser ici présent, balancé d'entrée comme ça c'est fait, Mamadou M'a Dit, Canal 17, Natacha ici un peu bâclée par un synthé affreux, etc.). Parce que oui, dans ma prime jeunesse transistorisée sur le hit-parade d'André Torrent, il y a eu trois trucs qui m'ont autant impressionné que Gérard Lenorman et Stone & Charden : le Mc Cartney de Mrs Vanderbilt, le Dylan de Hurricane, et la Chanson à Danser de Béranger. Mais je m'égare, la foi, disais-je donc, de Béranger.

Oh, y'en aura bien un qui saura récolter les fruits de tout ça. Renaud. Avec une telle voracité qu'on a aujourd'hui oublié qu'il n'était pas le premier à balancer des chansons sociales rigolotes façon Laisse Béton ou Hexagone. La Tranche De Vie de Béranger est bien mieux troussée. Et sa voix de Poulbot, dans l'esprit, c'est la même que celle de Béranger. Mais Béranger y croyait vraiment. Tellement, que ça fait peine (Magouille Blues... hmm...). Prêt à gueuler sa rage dans n'importe quelle MJC. Comme un Glenmor que j'ai vu à la fin de sa vie jouer sur une camionnette aménagée en plein Centre Bretagne avec une bande son déplorable. Remarquez, j'ai aussi vu Michel Delpech faire ça sur un stand du Crédit Agricole. Ca compense.

Ici, tout n'est qu'honnêteté, foi, passion, et la guitare de Jean-Pierre Alarcen (remember ?) derrière a dû vriller les oreilles des représentants du Parti Communiste plus prompts à couiner Potemkine ! Potemkine ! des barbus éleveurs de chèvres et joueurs de dulcimer ainsi que des membres de l'association "Le Breton à l'Ecole" ayant son siège social à Roubaix-Tourcoing. Un peu, un tout petit peu comme Dylan à Newport avec sa guitare électrique. Sa Tranche De Vie initialement folkeuse/bluegrass est ici jouée carrément électrique, downtempo comme diraient mes amis des Inrockuptibles (présents au concert à l'âge de 3 ans avec leurs parents vivant alors en communauté dans le Larzac et pleurant parce qu'ils n'avaient pas eu droit à un Orangina à l'entr'acte) et ma foi gagne en intensité.

Et puis, il y a Le Monument Aux Oiseaux. Béranger, quand il se faisait poète, comme Dylan, était touché par la grâce. Ici inondée de Rhodes ou de Wurlitzer, jamais je ne m'en remettrai de celle-là. J'en ai encore des frissons au moment même ou j'écris. Sais pas pourquoi, c'est comme ça. Et pourtant, à des heures tardives et arrosées, quand il me prend l'idée de la brailler à la guitare, j'en prends plein la gueule. Aah Jeepee, ton côté fleur bleue ouarf ouarf !!!

Peut-être, sans doute, c'est sûr. J'assume.

J'assume le côté ringard de cette tripotée de franchouillards qui jouent sur le disque, maladroitement, cet accompagnement jazz-pop normalement imbuvable, j'assume tout, même quand ça dérappe comme dans une réunion Tupperware pour vendre des pendules à des quarantenaires en mal d'ésotérisme à trois balle (...Peut-être en y croyant encore / Vais-je m'envoler très loin de mon corps...). Merde, flûte, et encore une fois, ces choses étaient possibles, et le public applaudissait. Et une major sortait le truc. Et Harmonia Mundi a osé rééditer tout ça, oh, bien discrètement, il y a quelques années. Bien sûr que la moitié, voire les 3/4 de l'album prêtent aujourd'hui à sourire. Trop d'honnêteté, ça interdit le panthéon. On oublie Willie Dixon, on retient Led Zeppelin. Mais Renaud, entre deux pastis, a dû se les faire livrer discrètement. Et pleurer dans son verre sur son soi-disant talent volé sans vergogne à un François Béranger mort dans une indifférence crasse, comme d'ailleurs Michel Corringe dont il va falloir que j'ose vous parler un de ces quatre, n'ayant plus peur de rien.

Je ne serai pas le Maître du Monde, mais je tirerais bien beaucoup de fierté si parmi les 134 000 pages consultées sur ce blog, il y avait un humain attisé par la curiosité qui découvrirait tout ça ici. Quitte à ce que, même les robots de Google se fendent la gueule face à tant de ringardise.

J'assume tout.

Je suis le Napoléon de la blogosphère.

Manifeste ?

jeudi 11 octobre 2012

Juste un conseil...

Désolé, pas le temps de glauser ce soir... Je viens de récupérer Another Side Of Bob Dylan remasterisé avec amour, et me contente de conseiller aux amoureux du Zim d'en faire de même, en version FLAC, siouplait, jamais le Bob n'a sonné comme ça. Je vous avais déjà posté le Greatest Hits, j'avais gardé le Freewheelin' pour moi... Mais là ça continue, c'est le bonheur. Vous trouverez également les Basement Tapes, moins essentielles puisque le son est quand même pourri d'origine, mais bon, avec tous ces mp3, c'est l'occasion de graver des CD comme au bon vieux temps... Ca vaut la peine d'aller chez Super U acheter des galettes et de se faire ça au coin du feu...

Jamais entendu My Back Pages et les autres sonner comme ça, désolé Sony Music...

Enfin, ce que j'en dis...

Faites vite, les liens s'étiolent à la vitesse de la lumière, de même que les CD, si d'aventure vous songiez à les acheter (ce que j'ai tenté de faire pour le Greatest Hits). Editions très limitées, faites tourner... Le jour où ces gars-là nous balancent Blonde On Blonde, je prends dix années sabattiques...

Another Side Of Bob Dylan

The Basement Tapes - Bob Dylan & The Band

mardi 9 octobre 2012

# 139 : Téléphone "Crache Ton Venin"

Merci à Jimmy d'avoir balancé presque coup sur coup, Marie & les Garçons et Ici Paris. De bons souvenirs. Des souvenirs tellement vieux qu'au mieux on oublierait presque, et qu'au pire on détesterait, Téléphone à ses débuts. C'est sûr que c'est pas hype, Téléphone. Trop de Cendrillon sur la bande FM, auto-sabordés le temps d'un slow minable (Le Jour S'est Levé), Aubert couinant par la suite à qui veut l'entendre des chansons propres sur elles, Bertignac traficotant avec la future-première dame de France avant que de se redécouvrir un vilain penchant rock'n'roll préfigurant le retour du PS, bref, c'est pas bien beau tout ça, on est d'accord.

N'empêche.

Crache Ton Venin.

Quelle putain de claque à l'époque. Disque dangereux. La caissière de chez Carrefour s'amusait toujours à sortir la pochette intérieure et vérifier à la fois l'état du disque et l'absence de single coincé dedans, sait-on jamais. Et quelle pochette intérieure... gros risque, donc, d'acheter ça avec papa/maman à 12 ans. Connaissait-elle ce disque ? Va savoir... le passage à la caisse s'est bien passé.

Et quelle putain de claque !

Faits Divers, Crache Ton Venin, Un Peu De Ton Amour... en plein dans la figure ! Sans parler de La Bombe Humaine, seul moment de répit en fin de la face A, finissant avec la même violence qu'un Stairway To Heaven, le reste étant dévolu a un putain de rock'n'roll sans fioritures. Pas la moindre trace de guitare acoustique, pas de faiblesse. Au pire, un relent de Chuck Berry survitaminé un peu facile, au mieux, une belle décharge d'adrénaline.Out, Genesis, Supertramp et consorts. Une putain d'envie d'avoir une guitare, électrique, bien sûr. Des power chords comme s'il en pleuvait. Un superbe album pour adolescent boutonneux introverti, un super groupe pour ceux qui, déjà, larguaient les amarres en 6ème pour choisir l'herbe et la bière. Le punk en Meurthe-et-Moselle disponible au Prisunic.  Avec la voix de fluet de l'Aubert de service rendant tout ça merveilleusement androgyne, bizarre, décalé, fragile... dangereux, quoi ! Pas trop, pas suffisamment peut-être, mais bordel ! Je pense à eux à chaque fois que je plaque un mi majeur sur ma telecaster.

Evidemment, les andouilles à la voix bizarre fleuriront par la suite. Du Saez d'aujourd'hui au Murat d'hier, le décalage sournois et malsain des Téléphone portera ses fruits pourris dans les business plans d'Universal. Alors que les Ici Paris, Kas Produkt et autres resteront branches plus ou moins mortes. Oui, c'est sûr, c'est bien triste ma pauvre dame. Mais de là à renier ce putain d'album, non, non, non.

Production brute de coffre, sèche, tranchante, Martin Rushent, c'était pas lui qui s'était occupé des Stranglers et des Buzzcocks ? Oh et puis qu'importe. Un album qui ne sonnait pas frenchy dans ces années-là, guitares méchantes et sans concession, que demanderait de plus la jeunesse giscardienne ? Dans ta gueule, dans tes oreilles, dans tes yeux, ça promettait grave. Oh et puis cette version live d'Un Peu De Ton Amour sur le double 45 tours à paraître...

Bien sûr, les promesses n'engagent que ceux et celles qui y croient. On y croira encore un peu, le temps d'une ou deux chansons, Au coeur de la Nuit, Fleur De Ma Ville, et puis, vaguement contents d'avoir choisi le bon bourrin quand Argent Trop Cher passera en boucle sur Platine 45 et puis...

Tu vas me manquer...


# 138 : Bob Dylan "Tempest"

En 2085 (car le temps s'accélère, tout va plus vite) sortira sous le manteau une sorte de nouvelle Anthology Of American Folk Music. En 78 tours. Parce que le microsillon est trop compliqué à fabriquer sans électricité, alors qu'avec quelques vieux pneus ici et là encore disponibles, de même que quelques vieux vélos chargés de produire le minimum d'électricité disponible, on pourra repiquer quelques morceaux sur de rares ipods qu'on aura encore su faire fonctionner, et sur lesquels on aura encore pu trouver quelques "mp3".

D'ici là, nous, blogueurs, n'existerons plus. Non pas qu'on nous aura mis en prison, la répression étant devenue alors inutile puisque la notion même de propriété artistique aura disparue. On nous aura simplement interdit de média, nous serons morts de faim, incapables d'accéder aux Leclerc Drives. Quelques uns auront simplement compris à temps, téléchargé le brevet du phonographe d'Edison, et tenté de continuer, malgré tout, à proposer de la musique.

Oh, ne vous inquiétez pas : Blonde On Blonde ou The Freewheelin' Bob Dylan seront toujours disponibles. On aura même réussi à éviter une censure inutile. Les gens riront de cette vélléité de contestation, de cette poésie surréaliste, liée sans doute à une jeunesse insouciante, car ils n'auront pas le temps de réfléchir ou de se révolter. Quelques cinquante années de pesticides et d'OGM auront permis au génome des pauvres de s'adapter à une espérance de vie de 35 ans, après laquelle ils s'avéreront inutiles pour la société. Mais ils auront été bien nourris durant ce temps, et se considéreront momentanément comme des nantis. Ceux qui auront eu la conscience, les moyens ou le loisir d'échapper à cette sélection naturelle pourront continuer à écouter tout cela, tout en sachant que le nombre d'écoutes du dernier tube sur Brotherbook conditionnera leur droit à accéder à de la nourriture saine. Bravo, vous avez accumulé 400 points ! Cliquez ici pour recevoir :

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Dans le livret ronéotypé de cette nouvelle anthologie, on lira nos propres commentaires désabusés sur Scarlet Town de Bob Dylan : "à l'époque, il était déjà vieux et bien que considéré comme une légende, ses chansons ne signifiaient plus rien".

Ces quelques révoltés nous trouveront bien résignés et bien inconscients. Eh, quoi, c'est pourtant énorme, ce qui se raconte dans cette chanson ! D'abord, c'est quoi une ville ? Il y a des gens différents, des valeurs différentes qui cohabitent ? Ils se fréquentaient ??? ...where I was born... Ca veut dire quoi ? Nous naissons tous au Grand Hôpital, non ? Les noms ont des rues qu'on ne peut pas prononcer ? Tout le monde demande si l'on va dans son sens ? Mais c'était le début, le début de tout ce qu'on vit, là, maintenant, et personne ne s'en est rendu compte ? Pourtant presque cent ans avant, Barbara Allen s'y faisait assassiner, et là, déjà, malgré les Murder Ballads, personne ne s'est affolé ? La crainte du futur ne dépassait donc même pas le stade de l'enfance ?

Personne n'a compris que le naufrage du Titanic préfigurait tout ça ? L'atome, les Twin Towers, tout ça...

Un prophète ne juge pas, il raconte, tout simplement. Le ciel est clair à Scarlet Town, plaise à Dieu que je puisse y rester. Continuer à fermer les yeux. L'affaire Barbara Allen aura fait trois lignes dans les journaux. Le Titanic aura engendré bon nombre de ballades traditionnelles, jusque dans notre Barzaz Breizh, fond de commerce avoué d'Alan Stivell.

Un prophète, ça fatigue, au bout d'un moment. Moïse mourra sans voir la terre promise. Se verra dicter les Tables de la Loi. Transmets ça à ton peuple, et basta... pas vrai, mec ?

Alors, basta le coup de l'électricité à Newport en 1965, basta déjà l'accident de moto bidon, basta ce que vous pensez de moi si j'essaie les cantiques, parce que prier, c'est un truc qui se tente. A l'heure de décrocher, et Dieu (oups !) sait que ça fait bien longtemps que je tourne autour du Never Ending Réverbère, j'en reviens à la petite voix de ma radio. Des Mississippi Sheiks, de Charley Patton, du Western Swing. Good As I Been To You, vous l'aviez pas compris ? Faut que je vous le chante moi-même, inventer de nouveaux Sugar Baby, Highwater, Rollin' And Tumblin' ?

Peut-être que Bob Dylan s'est mis à croire lui-même à la République Invisible que Greil Marcus avait cru discerner dans l'Anthology Of American Music et reconnaître à nouveau dans les Basement Tapes. Scarlet Town...

The watchman he laid dreaming... he dreamed the Titanic was sinking into the underworld.

Il n'y a plus personne de vaillant dans la Tour de Guet. Il vous l'avait déjà dit, à l'époque, quand vous attendiez qu'il soit encore le porte-parole d'une génération, à Woodstock. All along the watchtower... the wind began to howl.

Aujourd'hui, sous fond de ballade irlandaise, il semble en rire. Décidément, vous ne comprendrez jamais rien, riez donc du Titanic, cette vieillerie, sur fond de violons irlandais, prenez une pinte de Guinness, je suis bien trop vieux pour même évoquer le temps présent. Inquiétez-vous, sans trop comprendre, de telle disparition d'enfant à Nogent-le-Rotrou, Barbara Allen a été assassinée il y a plus d'un siècle. Non seulement on vous l'a dit, mais on vous l'a chanté.

Alors peut-être qu'en 2085, grâce à Scarlet Town, on redécouvrira le reste de l'album, Long And Wasted Years, terrible, et toutes les autres. Et que ces morceaux qualifiés de blues vulgaires, parce que non parsemés de soli époustouflants, parce que pénibles dans leurs arrangements vieillots, on y trouvera - trop tard peut-être - ce fameux message qu'on reproche au vieux Bob de ne plus délivrer de façon triviale.

Que John Lennon, lui-même sera devenu un vague cousin de Barbara Allen. Roll On John, c'est pas grave. T'es mort d'un coup de flingue, quelle importance ? On meurt tous d'un arrêt du coeur. Bob Dylan est, à ma connaissance, toujours vivant.

Tiens, peut-être que le lien ne fonctionne déjà plus...

PS : Allez, je vous facilite la tâche, ça semble marcher encore chez DF mais tout va si vite... 

PS2 : oui, je sais, Jimmy, j'ai changé d'avis, j'ai pris le temps de l'écouter sous toutes ses coutures, ce disque... mais je ne vais pas faire une deuxième chronique pour me justifier, si ?

jeudi 4 octobre 2012

# 137 : Small Faces "Ogden's Nut Gone Flake" (deluxe edition 3CD)

L'a failli trouver sa place dans le dernier concours mais... ben non. Voici l'album dont tout le monde connait tellement la pochette qu'on en oublierait à la fois le nom du groupe et aussi, accessoirement, de l'écouter. Je l'ai vu chez tous les disquaires dans ma jeunesse, mais, allez savoir pourquoi, à l'instar d'un In A Gadda Da Vida d'Iron Butterfly ou d'un Just A Poke de Smoke, ça m'avait toujours semblé tellement trivial et éculé que j'avais jamais été intéressé par le truc. Et puis Led Zep bastonnaient tellement fort, les Beatles jouaient le coup du livre ouvert avec leur double blanc, tout ça tout ça... Je sortais de l'enfance et la pochette me rappelait trop le Butterfly Ball, genre musique de cirque, pas le temps de m'y attarder. Tellement de choses plus intriguantes à découvrir ! Couillon que j'étais, j'avais confondu les gentils Byrds avec les Doors et m'étais pris Morrison Hotel dans les écoutilles, rien ne va plus. Keep your eyes on the road your hands upon the wheel. 

Il m'a fallu, un jour d'octobre 2002, me trouver désoeuvré à la FNAC pour tenter la chose, mal mixée/masterisée, bradée à 7 euros.

Sans grands résultats, si ce n'est l'instrumental d'ouverture, mais pas de décharge sonore.

Quelle andouille.

Ca fait quinze jour que ce machin passe dans mon auto-radio, j'en oublie d'écouter France-Inter, les chroniques alarmistes de Bernard Guetta et c'est pas plus mal.

Steve Marriott...

Quelle putain de grosse claque sur Rene... Un titre qui démarre pourtant bon chic bon genre, jovial et joyeux comme une partie de cricket, couplet/refrain et tout, et qui finit dans la semoule avec la disto qui dérape, monocorde, méchant, à l'ouest... et Song Of A Baker déchire tout, riff de guitare, batterie à renvoyer Keith Moon devant son triangle... Tout cela avant Live At Leeds, Tommy ou Who's Next... Pas étonnant que seul Kenney Jones ait pu tenter de le remplacer, le pauvre Keith... m'enfin bon, hein, ce son sale, dégoulinant, jouissif, avec le piano de Ian Mc Lagan en overdose sur la fin, c'est même pas un Led Zep qui nous l'offrira jamais... idem pour un Love Has Gone à faire pâlir de jalousie un Roger Daltrey qui aurait mieux fait d'écouter le disque plutôt que de se faire pousser les cheveux pour couiner son triste Behind Blue Eyes une paire d'années plus tard...

Enfin bon, too much too soon. Les ténors du genres, Stones et Beatles confondus, ont du faire pipi dans leur culotte en écoutant ça : un album psychédélique MAIS jouissif. Exit Satanies Machin, out Sergeant Pepper...

Même quand ils s'invitent d'autorité dans le salon de thé des Kinks (Lazy Sunday), ces gars-là renversent les tasses, pètent dans le canapé, profitent d'un break pour singer les psychédéliques Pink Floyd, reprennent le Satisfaction des Stones au kazoo, tout ça en trois minutes. et gagnent le cocotier du Top Ten, avec une effronterie qui laisse encore aujourd'hui rêveur.

Et arrive cette réédition miraculeuse. Les sulfureux Small Faces en édition deluxe, mono, stéréo et bonus tracks sur trois CD pas piqués des vers. On regrettera juste qu'il ait fallu attendre 2012 pour que ce joyaux renaisse. A l'entendre, on dirait que les bandes ont dormi sous la poussière des années et le mépris des Sir Jagger et Mc Cartney. Oxydées à souhait, n'espérez pas les miracles rendus possibles par  tous les soins rendus aux masters des Stones et Beatles. Les Small Faces sonnent toujours sales et impertinents, bien loin des cristallins blu-rays ou des onéreux SACD dont ils n'ont que foutre. Ils sont morts, de sclérose en plaque, carbonisés dans l'incendie de leur maison ou plus symboliquement dans une indifférence générale dictée par les grands comploteurs de l'industrie du disque. Comment chanter les louanges des grands ténors réédités à grands coups de millions de dollars quand cette petite galette sournoise, avec sa pochette marrante et son son pourri, les détrône en un riff et d'un revers de manche ?

On connait l'histoire. Séchés devant leur propre oeuvre, ils n'ont rien pu sortir après ça. Steve Marriott tentera Humble Pie avec un Peter Frampton qui récoltera la gloriole avec son Comes Alive ridicule quelques années plus tard, mais il aura quand même eu aussi le génie de transfigurer notre Johnny National avec Rivière...Ouvre Ton Lit. Pour bouffer. Pour le cacheton, c'est évident. Mais même en faisant de l'alimentaire, ces gars-là ne pouvaient pas s'empêcher d'être incroyables.

Incroyable, non ?

Long Agos And Worlds Apart...


mercredi 3 octobre 2012

Grand Concours du Disque Exquis...

Voilà voilà, merci pour vos commentaires...

Tout le monde a gagné le droit d'y participer, mais maintenant les inscriptions sont closes. On est déjà sept ou huit, et je m'effacerai devant les candidats pour essayer de gérer un commentaire digne de Léon Zitrone à l'enterrement de John Kennedy.

Voici donc les dingues prêts à participer :





Mister Moods
Le Club des Mangeurs de Disques
EWG
Devant
Toorsch
Fracas64
Approxbutfair
Charlu


Ca veut dire huit posts, à raison d'un post tous les deux jours, donc un tout petit peu plus de quinze jours...

Le règlement est disponible ici, je programme le lancement du truc d'ici, on va dire le 15 novembre. Place, d'abord, au juke-box mental de Jimmy.

Si vous avez des suggestions, des propositions d'ici là, please comment.

Je suis à la bourre dans la vraie vie, s'cusez pour le stand-by qui ne saurait durer...