J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

lundi 3 septembre 2018

#216 : Bob Dylan "World Gone Wrong"

...Sur une remarque de Jimmy, qui doit dater de plusieurs années : poste-nous un Dylan peu connu. Dont acte.

En 1993, Bob Dylan ne vaut plus rien. L'épisode "Oh Mercy !" est passé depuis longtemps. Après être revenu en grâce avec les efforts de Daniel Lanois, l'alchimiste du moment, fier de son travail avec U2 sur The Joshua Tree (on transforme un groupe de merde en or en barre, joli coup Daniel). Mais c'est presque un Dylan de merde que le canadien avait re-crédibilisé (sait-il travailler avec d'autres que des pitoyables ?). S'en suit un inommable Under The Red Sky, produit par Don Was (?!!) et riche d'invités grotesques (Slash, Steve Jones, Elton John et j'en passe).

Et puis il y eut, après un silence radio de deux ans, Good As I Been To You. Album de reprises, totalement acoustique et solo dont on se devait quand même de célébrer l'arrivée. Pas possible quand même de parler de Kurt Cobain tous les jours, si ? Mais le disque péchait par trop de fautes de goût. La bluette, déjà, bien avant son Alzheimer lui faisant croire qu'il était un croisement de Dean Martin sodomisant Sinatra (Tomorrow Night), du folk irlandais du très méprisable Paul Brady (Arthur Mc Bride) et un jeu parfois approximatif.

Alors quand l'année d'après paraît le rebelote d'album World Gone Wrong, qui s'en est soucié ?

Sans doute pas ceux qui ne l'ont pas acheté et de fait pas lu les notes de pochette délicieuses. Il n'avait pas fait cet exercice depuis 1965, le Bob. Et ça y va. Monde merde, j'y comprends plus rien, la seule chose qui reste, c'est ces vieilleries.

Preuve par neuf avec le titre éponyme des Mississippi Sheiks, qui, dans les années 20, étaient tellement neuneu que bien que noirs, ils ne jouaient pas du blues pour blancs. Et la suite à l'avenant. Stagger Lee, sur lequel Greil Marcus se masturbera de longues années durant, croyant y découvrir le mythe de l'Amérique (mais oui, Greil, arrête de te pignoler et remets-toi !).

Et aussi, du blues. Nobody can sing the blues like Blind Willie Mc Tell. Bob Dylan, à l'époque, si. Sur la reprise de Brokedown Engine, oui. Complètement.

Alors évidemment, le Bob n'est pas Jorma Kaukonen ou Eric Clapton. C'est le jeu inimitable de Dylan à la guitare sèche quand il n'est pas en train de se faire sa liste de course sur scène (penser à racheter des pommes de terre, j'ai tartiflette avec Bono demain). Impossible à reprendre avec sa petite guitare devant l'iphone. Dylan is Dylan, et ici complètement, peut-être plus que jamais.

Alors vu que visiblement je poste un truc par an, peut-être jugeriez-vous que ce disque en vaut la peine. Surtout en 2018. Il faut toujours attendre uune trentaine d'années pour comprendre Dylan. Je serai sans doute mort avant d'aimer ses merdes jazzy, mais là, je suis vivant.

Même si le monde a mal tourné.