J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

samedi 30 janvier 2016

#170 : Grateful Dead "Nightfall of Diamonds"

Oui je sais.

Le Grateful Dead, encore.

Pour plusieurs raisons.

La première, c'est la remarque de Devant, à qui je dédie ce post, et qui semble avoir (eu) du mal à rentrer dans Dark Star. Mais de quelle version parles-tu, l'ami ? C'est comme si tu me disais avoir du mal à trouver une entrée d'autoroute. Laquelle ? J'imagine, avec mon esprit étroit, que tu parles de celle présente sur le Live 69, effectivement lysergique plus que de raison et ponctuée d'autosuffisances discographiques (entendons par là que sur le moment c'est génial mais que reproduit sur un équipement domestique et joué entre la poire et le dessert ça peut manquer de saveur) que l'époque acceptait. Il y en a cent, il y en a mille. Celle présente ici s'enchevêtre avec Playing In The Band et tant d'autres choses encore qu'elle te paraîtra, je l'espère, plus facilement comestible (même si le côté comestible des ingrédients tendant à naviguer vers d'autres espaces est très généralement secondaire - on ne recherche pas ici l'effet d'un boeuf bourguignon gentiment arrosé d'un Côtes du Rhône).

La suivante, c'est que je n'écoute plus que ça. Je chasse le FLAC à tous les niveaux, pour remplir mon Grateful Drive (oui, je crois que je suis accro). Et je tenais, après l'hommage rendu aux concerts de cet été, qui prouvent que le temps et l'espace ne peuvent rien contre cette musique, proposer quelque chose de plus raisonnablement appréciable, au-delà de toute éventuelle nostalgie que d'aucuns pourraient sinon mépriser, du moins ignorer, et c'est là leur droit le plus strict.

Nightfall Of Diamonds présente le Dead en concert (évidemment) le 16 octobre 1989 au Meadowsland Arena, dans le New Jersey. C'est un instantané, tous les concerts du Dead sont des instantanés, dépendant de l'humeur des membres, de l'atmosphère du lieu, de l'âge du capitaine... mais très souvent - pour ne pas dire toujours - passionnants par leur construction, leur évolution. J'irais même jusqu'à dire que peu importe les chansons jouées, on n'est pas ici à la recherche d'un Greatest Hits. L'avantage ici, ou la frustration, c'est selon, c'est que cette prestation tient sur deux galettes, limitant ainsi pour le profane l'expérience à 2h30 de musique. L'avantage pour moi, vu ma faible connexion, étant de pouvoir balancer la sauce en un temps raisonnable, compte-tenu des coupures internet, de la médiocrité du réseau, etc.

Bien sûr, c'est un de mes concerts préférés, principalement du fait de toute cette énergie positive qui se dégage du set. Rappelons que nous sommes en 1989, une époque à laquelle il était facile de se gausser de ce vieux dinosaure juste bon à remuer la cellulite des groupies des années 70. Euh... rappelez-moi les jeunes pousses de cette époque que l'on vénérerait encore aujourd'hui ? L'évidence est là, le Dead a toujours poursuivi sa route, recherché avant tout la cohésion entre ses membres et l'année du concert ne fait que refléter l'expérience du groupe dans ce domaine, même si, oui, le son des claviers peuvent faire sourire voire agacer. Passez outre. Le solo de batterie ne dure que 6 minutes. Continuez la route.

On a évidemment beaucoup vanté les mérites de Jerry Garcia, soyons clairs, je serai le premier à hurler avec les Dead Heads à ce sujet. Pour faire simple, un des rares à avoir intégré à la fois la tradition et John Coltrane dans ses émoluments. Mais c'est sans compter la soi-disant rythmique, terme galvaudé et souvent sous-estimé de Bob Weir, et surtout, surtout, le jeu de basse de Phil Lesh. Rien que cela vaut le détour.

Et puis, au final, puisse ce disque constituer une porte d'entrée vers un univers qui, en ce moment, m'aide à tenir debout. Merci à Deezer de proposer des centaines d'heures de Grateful Dead, j'en ai besoin.

Je passe une coloscopie la semaine prochaine, c'est peut-être rien, peut-être pas. Merci à vous les amis de me faire un peu tenir debout grâce à ce blog.

Built To Last (j'espère)
We Bid You Goodnight (j'espère pas !...)

PS : en écrivant tout ça, je me remets le coffret 5CD The Grateful Dead Movie Soundtrack, peut-être bien que c'est celui-là que j'aurais dû poster. Tant pis. Si quelqu'un peut mettre un lien dans les commentaires, ça serait sympa...

lundi 11 janvier 2016

R.I.P. David Bowie

David Bowie est mort tranquillement, entouré de sa famille et de ses proches, le 10 janvier 2016 après un combat de 18 mois contre le cancer.

Ou à peu près, voilà la nouvelle.

On ne pourrait, aujourd'hui, mourir plus bêtement. On meurt par milliers, entouré de ses proches, après un combat long ou bref contre une longue maladie. Mais quand même.

Le Major Tom est mort, lui, perdu dans l'espace, flottant dans une canette spatiale loin de la terre. A peine la capsule David Bowie lancée qu'elle disparaît déjà. Mais on le sait tous aujourd'hui, la Guerre des Etoiles se joue en plusieurs épisodes. Et le monde a déjà été vendu. Des Araignées de Mars entoureront bientôt Ziggy Stardust de riffs glam imparables et irrésistibles. Avant que, dans un rock'n'roll suicide des plus lacrymal - quand les jeunes tuèrent l'homme - il dut arrêter le groupe.

Qu'importe, le Chien Diamant aura a peine le temps de remuer sa queue que le Thin White Duke re-battra les cartes dans les vestiges d'un Berlin en pleine guerre froide. Ou nous pouvions tous être un héro, même pour un seul jour. Ce qui ne manquerait pas d'arriver, un jour de 1989.

Semant autant de cadavres derrière lui, celui-dont-on-ne-sait-plus-dire-son-nom en ressuscitera presque autant, de Lou Reed à Iggy Pop qui malgré tous leurs talents ne sauront jamais que rester eux-mêmes.

Il aura donc fallu 18 mois à David Bowie pour préparer sa sortie, choper le crabe, enregistrer son nouvel album et tirer sa révérence. Un timing parfait, comme d'habitude.

Au fait, quelqu'un a-t-il des nouvelles de David Jones ? J'espère qu'il va bien.

dimanche 3 janvier 2016

#169: The Grateful Dead "The Best Of Fare Thee Well - Celebrating 50 Years of the Grateful Dead"

On ne pourra pas dire que cette année (saloperie d'année, à vrai dire) 2015 nous aura gâté. Le terrorisme aura atteint des niveaux jamais égalés d'horreur, Lemmy est parti, Manset nous aura sorti un anti-bestof (The Classic Alternatif Best Of que ça s'appelle, yes sir), bref, pour un peu seul le reset du disque dur s'imposerait.

S'il n'y avait eu, en plein cagnard du mois de juillet, ces ultimes concerts du Grateful Dead.

Car oui, c'est le bon vieux Dead qui aura fait l'actualité, en 2015. Celle qui fait du bien, aux oreilles, dans le coeur, partout...

Et pourtant, avec un Jerry Garcia forcément empêché, ses cendres flottant dans le Gange depuis bientôt vingt ans, on aurait pu se demander si tout ce barouf tenait du sérieux ou de l'opportunisme à la Johnny Hallyday/Eddy Mitchell de toujours revenir.

Les premières notes du Box Of Rain enregistré le 3 juillet à Chicago laissent flotter l'angoisse et l'amertume, le temps de s'habituer à la voix de Trey Anastasio, mort intériméraire issu de la galaxie Phish, et puis tout ça roule doucement, cahotiquement, bringueballe jusqu'à ce que la guitare s'enflamme et nous voilà déjà partis sur un Shakedown Street d'anthologie...

Et puis, ça a toujours été comme ça. Intros foireuses, temps de prise de la mayonnaise. Jadis on les pensait très hauts, aujourd'hui on est en droit de les penser très vieux, mais la réunion cosmique n'est jamais reportée, Toujours ce groove peinard, cet orgue hammond qui embrasse les guitares, et, mazette, purée, ça fait du bien !

Je vous parle d'un temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître, bien sûr.

Regarder les photos de la note de pochette rend heureux. Voir ces vieilles bourriques encore et toujours enflammer le Chicago's Soldier Field (ça ne s'invente pas), ce fut la pause estivale d'une année, encore une fois pitoyable et insupportable.

Mais surtout, surtout, ce qu'on retiendra de toute cette musique, c'est que finalement, si le rêve hippy s'est écroulé à Altamont ou à Woodstock, au choix, le Grateful Dead a réussi. A traverser les âges en tant qu'entité, sortant parfois des albums en studio dont tout le monde se fiche, mais communiant à chaque concert avec les Dead Heads.

Et puis, surtout, et c'est là l'hommage le plus beau fait à Jerry Garcia, le Grateful Dead a su se muer d'une enttité physique de 5-6 personnes à un concept cosmique, telle les fourmis formant la fourmillière, dépassant ensemble la somme des individus qui la composent. Le Grateful Dead existe encore sans son mentor, et pourra continuer à exister après même la mort de ses individus. La relève est là, de Warren Haynes et son Gov't Mule à Bruce Hornsby ici présent, en passant - ici encore - par Trey Anastasio qui semble poser les doigts sur son manche pile-poil comme le veut la tradition.

C'est pour ça, et c'est immense, que voilà mon cadeau pour cette nouvelle année : la preuve de l'éternité d'une idée, d'une communion. Le Grateful Dead, mes amis, est définitivement entré dans l'inconscient collectif, et si Dieu existe, c'est son backing-band. Dans le cas contraire, Dieu ferait bien de se dépêcher d'entrer en scène, le Grateful Dead nous prouve qu'il peut exister.

En pratique, c'est ici la version condensée, le Best-Of des trois soirées que je vous propose, histoire de ne pas intimider les sceptiques. Mais l'objet se décline jusqu'en un formidable coffret incluant les trois soirs à Chicago en audio et vidéo, et il ne vous sera sans doute pas difficile de le trouver sur la toile, voire de l'acheter, car finalement, donner à des bonnes oeuvres c'est toujours une bonne chose. D'autant que l'on n'est pas ici dans l'indécence financière du dernier Bootleg Series de Dylan, dont les 18 CD sont vendus (volés, devrais-je dire) à 900 dollars américains. De qui se moque-t-on ?

The Music Never Stopped in the Attics Of My Life