J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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jeudi 31 octobre 2013

#167 : The Waterboys "Fisherman's Box"

Il va falloir vous dépêcher si vous ne comptez pas acheter la chose. Le lien vacillera vite. Je n'ai plus l'énergie de poster - vous l'avez remarqué - et encore moins de ripper, uploader, vérifier... etc.

Ceci dit, cela n'est pas tous les jours que le Saint-Graal passe devant votre porte.

Ce coffret, j'en ai rêvé, et même plus, je n'ai plus osé en rêver. Même pas possible. Passe le temps, et l'impossibilité du truc n'a fait que se rigidifier dans le manque d'importance croissant de l'album originel, Fisherman's Blues. Qu'en est-il aujourd'hui de ce disque ? Un machin pas trop raté dans les années 1980 grâce à l'orientation folk du truc, mais avec le temps, on est allé tellement plus loin sur ce terrain qu'on pourrait penser que cette pulsion originelle, osée car au mauvais moment, ne reste plus qu'une anecdote pour vieux cons usés à l'époque par ce putain d'écho sur la caisse claire, qu'ils ne trouvèrent pas ici, ni même que ces guitares à l'écho baveux pourtant estampillé irlandais par les improbables U2.

Alors ?

Alors, au fin fond de la campagne, un vieux con pleure de bonheur.

Ayant déjà frisé l'infarctus lors de la réédition Deluxe, il s'étonne d'être encore de ce monde en écoutant les Windmill Lane sessions (qu'il avait déjà en pirate, mais les palliers sont indispensables lors de ce genre d'événément), oops, le premier CD de cette chouette collection.

Et voici que le 2ème CD s'emballe dans la platine et...

...oui, c'est sympa, mais là, le vieux con se met à pleurer. Et doit admettre cette triste constatation.

Tout cela reste très sympa, mais au final témoigne du fait que Mike Scott aura mis deux ans à produire un album, légendairement issu de sessions diverses, variées, fructueuses... bôf. Au final, les quatre-cinq idées du disque sont ici répétées 15000 x, et peu importe la reprise, le thème qu'elles embrassent.

Certes, cela rappelle le travail de recherche de Dylan dans les Basement Tapes, mais au final, contrairement au vieux Bob, l'édition de ces choses n'apporte rien, sinon le fait que l'album reste toujours parfait, que Mike Scott à l'époque avait fait le bon choix, et qu'il apparait même gênant de le voir ici errer, alors que l'original était une roquette, une balle en plein coeur, un chef-d'oeuvre incontournable, parce que dosage parfait, enchaînements à pleurer, tout ça tout ça.

Lorsque vous dégustez un foie gras à Noël, vous est-il vraiment indispensable de visionner d'abord un reportage sur le gavage des canards, leur abattage, l'éviscèrement ? Je ne crois pas.

L'histoire avait retenu un chef-d'oeuvre, là voilà tourneboulée par une révision drastique de la chose. Ou plutôt une mise à disposition d'un making-of plutôt laborieux, qui plombe la légende plus qu'elle ne la sert.

Et le vieux con de continuer de pleurer.