J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

jeudi 31 mars 2016

Grand Jeu des Belles Gueules chez Keith Michards


J'ai comme l'impression que ça fait un bail qu'on n'a pas joué ensemble  sur  la toile!

Sous le haut patronage de la taulière du Cabinet des Rugosités, laissez-moi alors réparer cette anomalie en vous proposant un petit jeu tout bête et qui ne nécessite aucune compétence particulière… si ce n'est la furieuse envie d'y participer !

Les règles sont simplissimes : envoyez-moi une photo (ou plusieurs) de vous avec un "élément" ayant un rapport avec la musique (maquillage, badge, livre, disque, poster, tee shirt…). Si l'inspiration vous manque, rendez-vous sur le Cabinet des Rugosités où sont présentés quelques beaux exemples. Et si vous ne voulez pas dévoiler votre joli minois, pas de souci, vous pouvez le dissimuler de toutes les façons qu'il vous plaira.

Je ne veux pas vous mettre la pression, donc on va dire que je vous laisse jusqu'à la fin du mois d'avril pour m'envoyer vos belles images. Publication sur le Cabinet des Rugosités, début mai… ça vous semble jouable ?

J'attends donc vos réalisations à l'adresse suivante : keith.michards@orange.fr

Si vous avez besoin d'un quelconque renseignement, n'hésitez pas à me contacter au même endroit. Faites aussi passer l'information à votre entourage, ça peut éventuellement intéresser quelques farfelus!

Par ailleurs, j'invite tous les blogs amis à reproduire ce message afin qu'il bénéficie de la plus large diffusion. Merci d'avance et tous à vos Polaroïd !

Keith MICHARDS

#178: Rubin Steiner "Weird Hits, Two Covers & A Love Song"

Ouf. Les tracas du nouveau Gégé digérés, la bile vomie une bonne fois pour toute, il est temps de parler d'un bon disque. Non pas d'une oeuvre conceptuelle à portée indélébile et définitive, non, juste d'un bon disque.

Aussi étrange que cela puisse paraître, ça n'est audiblement pas chose facile que de se lancer dans une telle aventure. L'Artiste, sitôt médiatisé, a tendance à vouloir, après un premier effort, ou une fois sa réputation acquise, transmettre le Grand Oeuvre à l'humanité toute entière. Gégé a essayé, mais force est d'avouer qu'il n'a produit qu'un pet secondaire sans portée inter-galactique. Je ne peux pas lui en vouloir, au final, c'est une démarche qui, quand elle est menée avec honnêteté est casse-gueule, et il faut du courage pour refuser de se répéter.

Lorsque l'Artiste a par contre les chevilles aussi enflées que l'index gauche de Raphael après avoir tenté de jouer un barré sur sa guitare, on sombre dans le trou noir du ridicule, et souvent on en ressort amer et fâché. Gégé once again.

Alors, dans de rares cas, on applaudit des deux mains. Je pense, au hasard, au Low de Bowie. Rien que la tête des ados épris de glam-rock en entendant la chose. Savoir que cela va être la curée pendant quelques années, avant que quelqu'un avant tout le monde ne s'aperçoive de la portée de l'oeuvre, faut en avoir dans le pantalon. Brian Wilson s'en est cramé les neurones. Certains ont réussi. Je n'aurai pas assez d'une vie pour applaudir The Magnificent Seven des Clash, ayant osé ce qu'on appelait encore maladroitement le disco à l'époque, un an à peine après London Calling et leur accès au Trône du Rock'n'roll. Mais le périple n'aura pas été une promenade des anglais sur une route pavée de bonnes intentions. Sandinista témoigne des errements, des erreurs, des tentatives avortées - courageusement toutes rapportées en vrac dans ce véritable carnet de voyage que constitue le triple album - qu'il leur aura fallu braver pour que le dancefloor succombe au flow de Strummer sur ladite chanson.

Dans de rares cas, l'immobilisme est une grande qualité et une preuve de courage. Prenez Mötörhead, le vieux Lemmy avait bien compris qu'on ne lui demandait que d'envoyer la purée, et le gars avait des sacs de patate d'avance.

Alors oui, le bon disque, sans prétentions, et sans qu'on lui reproche l'absence de prétention, est plutôt rare. Car l'auditeur, dès lors que 3-4 mesures viennent à l'ennuyer, sera prompt à reprocher à l'Artiste ce qu'il n'a pas tenté de faire : trop aventureux ? pas assez ? en avance sur son temps ? en retard d'un train ? en pilotage automatique ? trop commercial ? trop underground ?

Déjà, là, rien que le titre de l'album annonce la couleur, détaillant la galette par le menu. La chronique pourrait se résumer à cela : des machins bizarres qui envoient la purée, deux reprises et une chanson d'amour. Qui connait Rubin Steiner ? Sous ce pseudo se cache un Tourangeau peinard, branché electro mais trop excité par trop de choses pour se planquer derrière un premier succès - Drum Major en 2006 - et jouer au Daft Punk local. Le gars, à l'époque, a refusé d'aller aux Victoires de la Musique, faire allégeance au business et rentrer dans la case bon chien-chien à Universal.

Alors, dans l'album suivant, Rubin se lâche. Le petit monde de l'eletro french touch l'a déjà oublié, et lui semble s'en tamponner le moog. Et se fait plaisir. Et nous (enfin, au moins me, mais j'en connais d'autres) fait plaisir. Un bon disque. Avec toujours une prise USB dans le nez, mais aussi de la vraie guitare, de la basse, ce genre de choses. Et des chansons, simples, apétissantes, osant des jeux de mot à la limite de la niaiserie (I wanna kiss Richard and ride Charlie, ce genre de choses), mais on s'en fiche, on est pas là pour se rejouer La Mort d'Orion.

Ca fait maintenant sept ans déjà que la chose ne me lâche plus, m'a suivi sous les tropiques et revien régulièrement tournicoter dans la platine quand le temps se fait gris (une métaphore, ici) et que - tiens, par exemple - Gégé vient m'emm... avec ses élans de vanité. Et pourtant, tout ici a déjà été entendu 100 fois sinon plus. Les références sont évidentes, rien ne fera date dans le temple de l'originalité. Un peu comme le gratin dauphinois, que personne n'a jamais plus égalé depuis Ginette Mathiot, mais que tout le monde s'accordera à préférer - même mal assaisonné - à de la cuisine New Age après huit heures d'usine. Un disque pour le repos du guerrier, pour taper du pied et chanter avec le monsieur, se vider la tête, les nerfs et tout le reste. En poussant des aaah, des oooh, des waaah comme pendant le feu d'artifice du 14 juillet : ni plus, ni moins.

Dans le désordre, on pensera évidemment à la clique Chemical Brothers/Fat Boy Slim pour le côté électro, avec une touche de LCD Soundsystem qui va bien, mais aussi - en vrac et en même temps, et c'est ça qui est bien - à Can, Cure, Joy Division,.. voire même à Taxi Girl, si, si ! Les autres, je vous laisse les nommer, je ne suis ni Robert ni Larousse. It's not gonna be a hit, c'est lui qui le chante - maladroitement, avec un accent soo frenchie à couper au couteau comme un Brie de Melun - mais qui s'en soucie ? Pas lui en tout cas.

Bon, je me dois (?) d'être honnête autant qu'enthousiaste, parfois c'est vrai Rubin rame tellement vite dans la marmite des pré-cités qu'il attaque les falaises d'Etretat, ce qui fait une trotte depuis sa Touraine natale. On pourra donc doucement glousser, trouver ça maladroit. Voire pas terrible. Mais c'est ça le destin des bons disques. Ils ne le sont souvent que pour vous. Telle la fleur sauvage dans laquelle William Blake et Nick Drake voyaient un paradis, on ne peut y voir qu'un pissenlit, avec raison peut-être. On peut aussi ne pas en faire un fromage, si le ferment ne prend pas. Mais moi, personnellement, les arpèges au synthé vulgaires et trop trop trop (le garçon serait-il moqueur ? oui sans doute) de Kiss Richard, je craque. Et je me la repasse très fort, celle-là. Tout comme Another Record Story.

Un bon disque, ça vous dit ?

Hope to see you at Total heaven...

samedi 26 mars 2016

#177 : Gérard 2000 "La Mythologie A La Portée De La Plèbe (livre audio)"

Vendredi Saint est férié en Martinique. Ca ferait  une bonne chanson, tiens, si j'étais voyageur déprimé. Je prendrais une photo floue d'une poubelle à Fort-de-France, je prendrais un pseudo, du type Marcel Ganson (passe-partout, quoi) et je chialerais sur le monde. Comme je ne sais pas très bien jouer de la guitare, je la noierai sous des effets ringards (genre les potards à fond sur le flanger, tu vois).

Vendredi Saint
Desseins des ventres ici
Toussaint d'Haiti
La liberté a tout pris...

Un truc du style quoi. Je ferais même semblant de rendre l'auditeur intelligent en nommant l'album d'après un titre de bouquin pas trop connu mais un peu quand même. Rue Case-Nègres ? Pas mal. Je pourrais peut-être avoir le prix Zobel ?

Oui, je sais, elle est facile, mais bon, j'essaie d'être drôle alors que j'en ai pas envie. J'ai le lumbago de la démago, que voulez-vous. Des sociétés secrètes et des poisons qu'elles secrètent. Non, non, ne m'applaudissez pas, ces rimes riches ne sont pas de moi, mais de celui-dont-on-ne-doit-pas-dire-le-nom et que, en grand bâtisseur de pont, comme le mouton qu'on tond, j'appellerai Gérard 2000 car je suis tout ébahi par tant de modernité.

Je suis de mauvaise humeur car, effectivement, Vendredi Saint est férié en Martinique et figurez-vous que je comptais passer cette journée tranquillement, dans ma Nissan Terrano, à visiter le nord de l'île, sans penser à rien, juste au poisson grillé de midi.

Et là, au moment de partir, voilà : http://www86.zippyshare.com/v/FNeBFi6f/file.html

Et pourtant, j'avais tout préparé. Ne pas y penser. De toute façon, vendredi saint est un jour férié en Martinique. Et puis quand bien même, jamais tu ne le trouveras ici. Ni sur iTunes. Alors calme-toi. Profite du paysage.

Ben non. Tristes tropiques, hein mon Gégé ! Forcément je l'ai écouté ton livre-disque, je n'ai pensé qu'à ça. Et forcément, fallait que j'en parle. Que faut-il en penser ? La question n'est pas là, c'est forcément un chef-d'oeuvre, la pensée unique en a ainsi décidé. Je vais donc simplement essayer de détailler aussi objectivement que possible ce que je pense du disque de ce sale con.

La pouf de Télérama avait raison, Gérard 2000 récite. Un peu comme Luchini, mais en moins drôle. On a parfois l'impression que ça l'agace lui-même, de lire ces phrases trop longues qu'il a daigné écrire. De la vraie transmission de pensée, je vous jure. On l'entend se dire "mais pourquoi je me fais chier à écrire des choses aussi belles pour des cons". Et on est tout triste, franchement. On essaie de comprendre ces sophismes sans grande portée dont il nous parle. On est bêtes, c'est mal (animal, on est con quoi). Des fois ça l'énerve tellement de devoir maintenant tout nous expliquer entre les chansons qu'il laisse même une fille parler.

Sacré Gérard 2000, il a carrément inventé le podcast payant (normalement il faut acheter le disque pour l'écouter).

Oui bon, je vous entends pleurer, les vrais les purs. Tu es un salaud, après tout avec La Mort d'Orion déjà il y avait des gens qui parlaient dans le disque et c'était un chef d'oeuvre presque aussi bon que le 1er album des Small Faces (commentaire anonyme de J.).

Laisse-moi t'expliquer un truc mon Gégé. C'est de la politique contemporaine, tu peux pas comprendre, ça n'a rien à voir avec les grecs, mais fais un petit effort. A l'époque où tu t'amusais à mettre des cris d'animaux sur une chanson en pleine France de mai 1968, tu est devenu le chantre (j'ai failli mettre un c par pure méchanceté) de la désillusion, autrement dit le porte-parole de la Valeur que la gauche à venir allait transformer en crédo. De Mitterand à François 1er, les Amis de la Rose se sont acharnés à nous expliquer que cette société est vraiment pourrie, qu'on aurait pu essayer mais que bon c'est même plus la peine, même les fonctionnaires et la retraite c'est fini. Tu étais donc, avant même Pompidou et Giscard, totalement d'avant-garde. Mais comme le chante si bien Gérard Lenorman (encore un Gérard qui a réussi dans le genre cocker triste, même si tu ressemble quand même davantage à un teckel, niveau caractère j'entends), "Catherine, le monde a changé" (dans Chanson d'Innocence, une superbe reprise de Sounds Of Silence qui dit que les chasseurs sont sympas, comme les routiers, parce que eux ils flinguent les oiseaux mais pas au nucléaire). Inconsciemment, tu t'en rends compte, tu racontes tellement d'âneries qu'on a l'impression que tu as toujours été de droite. Positive un peu, mon garçon. Tu peux y arriver. Tente un duo avec Carla Bruni plutôt que de parrainer la carrière de Raphael, je suis certain que Sarkozy pourrait te donner quelques idées. Sois punk, un peu ! Genre casse-toi pauv' con, tu vois ! Je suis sûr que Carla elle aurait mieux récité tes poésies que la speakerine du disque, mais bon, passons, c'est toi qui vois.

Donc, disais-je, Gérard 2000 invente le podcast sur CD. Peut-être, mais là, moi ce que ça me rappelle c'est quand la prof de musique nous passait "la vie de Mozart" racontée par un inspecteur de l'Education Nationale et parsemé d'extraits choisis. Tout le monde s'en foutait, à commencer par elle, ça faisait passer l'heure de musique et en échange on foutait pas le bordel.

Et oui, ça me gonfle, les allusions à trois balles et les rimes riches à la con, genre les punaises qui dévorent mon ouvrage sur la parthénogénèse (croyez bien que celle-là, je pouvais pas l'inventer). On a peut-être mauvais goût, globalement, parce qu'on a pas été des millions à tomber raides de Lumières ou de Royaume de Siam, et pourtant oui, il y avait de quoi. Mais l'Enfer, c'est les Autres, c'est pas Nous. Alors bon, quand Gérard 2000 se prend pour Orphée, vous savez, celui qui voulait plus chanter sauf pour celle - la lionne - qui voulait même pas l'entendre et qu'après il a vécu en attendant la mort, oui bon OK. Sauf qu'on attend quand même depuis cinq bonnes minutes une première chanson, mon Gégé.

Heureusement, même si la gonzesse continue à papoter régulièrement pendant tout le disque (ça doit être la soeur de la critique de Télérama, c'est pas possible autrement), de temps en temps il y a des chansons dans le disque. Comme l'eau dans le Banga, y'en a mais pas trop. Et là, c'est un florilège, une encyclopédie des Recettes de Studio du Gérard. Ils ont dû être contents chez Woodbrass, le guitariste a dû leur racheter toutes les pédales invendables. Ca glougloute, ça fait vlaaaam des fois, bref, comme le guitariste de la Fête de la Musique de Guérêt quand il reprend Wild Thing en fin d'apéro, quand tout le monde est bourré au kir. On y retrouve aussi parfois (ou pas, comme dirait l'autre grognasse), les super boites à rythme qui avaient pourri Matrice et Revivre, à l'époque. Gérard 2000, faut pas croire, il est jaloux des Daft Punk, et lui aussi il sait faire dans le vintage. Que T'Ont-Ils Fait ? Ben c'est moi qui te pose la question, mon Gégé, parce que mélanger le poum tchak de ta Roland 808 avec des riffs hardos FM comme tu aimes, en plus rajouter du saxophone (un peu comme quand le cousin du guitariste à Guérêt vient jouer Breakfast In America le jour du marché aux bestiaux). Et puis juste après, re-la gonzesse, avec ses coquillages et ses fleurs partout, et Gérard 2000 d'embrayer...

Franchement, j'aurais adoré me tromper. Tomber des nues. Je dis pas qu'il n'y a pas 15-20 secondes par-ci par-là durant lesquelles on ressent un rien de frisson, entre un vieil Atelier du Crabe et un lointain Train du Soir. Mais j'aurais bien aimé rien qu'une chanson en entier, rien qu'une, qui soit pas gâché par la speakerine, galvaudée par des choeurs qui n'ont rien à faire là. On était pas loin, avec Ma Collection Particulière, par exemple. Gérard 2000 est presque fun, sur celle-là, avec plein de références (à sa propre oeuvre, faut pas déconner non plus). Et ça fait pas de mal, on oublie un peu la Tragédie Grecque, mais ça repart de plus belle. Tu Es Condamnée, je vous laisse Gérard avec Démétrios, je vais faire caca pendant ce temps. Tiens, du fond des latrines j'entends la speakerine (ça fait un peu Elmer Food Beat, comme rime, vous trouvez pas ?), ça radote sur fond d'accords déjà entendus (Gérard 2000 recycle les déchets, c'est un rusé). Ca me rappelle quand ma fille regardait les Télétubbies. Bon, je zappe. La première fois de ma putain de vie que je zappe un morceau de Manset (oups, zut, j'ai dit son nom ! Que le grand cric me croque !). Bien fait, Gérard chante sur la suivante, Galaxie. Arrangements période Vallée De La Paix, toujours l'impression d'être au stand Fender du Salon de la Musique mais bon, ne renie pas ce que tu as aimé, hein. Sauf que c'est déjà la dernière plage...

Superbe, d'ailleurs, les plages du nord de la Martinique, l'océan s'y déchaîne, c'est assez grisant. Je me suis baladé aujourd'hui. Je sais pas si je vous ai dit, mais Vendredi Saint est férié en Martinique. Ca ferait  une bonne chanson, tiens, si j'étais voyageur déprimé. Je prendrais une photo floue d'une poubelle à Fort-de-France, je prendrais un pseudo, du type Marcel Ganson (passe-partout, quoi) et je chialerais sur le monde.

...je l'ai pas déjà dit ça ? Il me semblait bien aussi. Je devais pas vous parler d'un autre truc ? Bof, rien d'essentiel sans doute, peut-être que ça me reviendra ?

Tiens, le téléchargement des derniers Iron Maiden et Motorhead (merci Zorny) viennent de se terminer. Ca tombe bien, j'avais envie d'écouter un chouette disque, aujourd'hui, un truc qu'on sait déjà comment ça commence et comment ça finit, mais qu'on est sûr de pas être déçu et de pas avoir à réfléchir. Pas comme... comment y s'appelle déjà ?

Un immense merci en passant à Capitao.



vendredi 18 mars 2016

Le Beau Gérard Nouveau va arriver !!!

Ouh la la ! Là, on arrête tous de déconner, la nouvelle est de taille : Gérard nous sort un truc grandiose de derrière les fagots le 25 mars prochain, et il y a de quoi saliver sur son site web (manset.fr, voyons). Après un Manitoba Ne Répond Plus qui lorgnait vers Blake & Mortimer, Opération Aphrodite c'est carrément World Of Warcraft version Manset. J'ai d'abord cru me tromper de site en arrivant sur la page d'accueil, mais non, c'est même pas une blague. Et puis il y a de quoi lire, messieurs-dames. Télérama a dû s'éclater, ils n'ont même pas eu à écouter de la musique.

Nous sommes en 2016, et à ma connaissance, à part le Zornophage tout le monde a à peu près abandonné le rock progressif, même Phil Collins semble rassasié par l'affaire et Chris Squire a finalement eu la bonne idée de rejoindre Rick Wright au paradis des Moog Modular avant que de tomber là-dessus. Gégé, non. Il nous sort l'opéra-rock (d'après Télézamioulesclés, ce sont là "des rêveries sensuelles aux mélodies monochromes tendues par des guitares électriques ou pas"), avec l'intro et tout, inspiré des écrits de Pierre Louÿs, s'il vous plait. Après La Mort d'Orion, Gégé nous raconte le mythe d'Aphrodite. Avec des passages récités et tout et tout. Rien de plus, rien de moins. Pardon, vous ne connaissiez pas Pierre Louÿs et ne saviez pas qu'en 1896 le succès de son oeuvre Aphrodite permit la création des célèbres éditions du Mercure de France ? Je suis déçu. Quand vous entendrez le son de la cloche, c'est Gérard qui chante alors tournez la page.

J'ai donc passé dix minutes à lire le biopic sur le site de Gégé la Khâgne, c'est plein d'allégorie, de symbolisme, de dessins moches que même dans la chambre à coucher du président du fan club luxembourgeois de Genesis y'en a plus des comme ça. J'ai ensuite suivi le lien - telle Ariane dans son labyrinthe qui mène droit vers l'article de Télétoublie (car oui, Gérard a beaucoup apprécié cet article, il aime la presse catho, Gérard, et il leur fait de la pub pour la pub qu'ils lui font - c'est pas fort comme symbole, ça, le serpent absurde d'une société pourrie qui se mord la queue...), et là, ben l'article est à mourir de rire. Valérie Lehoux, qui a eu l'honneur de lécher les parties arrières du plus grand poète français de tous les temps (Manset, pas Louÿs, essayez de suivre, bordel) a dû faire son stage de fin d'études de gratte-papier comme responsable communication chez Bonne Maman, parce que la confiture, ça y va. Un extrait ? Allez, pour la route : "[...]Des chansons qui nous plongent dans un âge d'or fantasmé, peuplé de fières courtisanes, où l'amour et la nudité ne sont jamais entachés de rien ; où l'homme et la nature se fondent dans une harmonie perdue, souillée par des siècles d'irrespect délétère. [...]". Mais je vous conseille l'article en entier. A se lire entre amis le samedi soir, on se fend la gueule t'imagine même pas pire qu'au Trivial Pursuit.

Franchement, j'ai jamais eu autant envie de pas écouter un disque...

Quand bien même il s'agit d'un album dans lequel l'artiste prête à son doute existentiel les cordes de sa vibrance musicale pour mieux sublimer l'absurde consistence d'une mythologie qui rend aux hommes la fatuité de leur existence supportable grâce à la beauté engendrée par les accords célestes d'harmonies et désespoirs des textes mêlés (Ca, c'est de moi : si jamais vous connaissez le rédac' chef de Télétoumou, je vous envoie mon CV).

Non mais sans rire ? Allez, encore une image, vous avez été sages :


Non mais avouez quand même qu'à côté de ça les pochettes de Yes on dirait des pubs pour des yaourts, non ?

Finalement, je crois que je vais m'écouter Eddy Mitchell en regardant un Lucky Luke, ça va me reposer la tête et les oreilles. Car rien qu'à lire et voir ces flots de prétention, j'en ai mal aux oreilles. Et dire que Dylan va nous sortir un deuxième album de reprises de Sinatra.

Je crois que je vais m'inscrire au fan-club de Goldman, il sort plus de disques lui, si ?

- Mais où sont passées les lumières qui nous guidaient ?
- L'interrupteur est à gauche de la porte, dans la cuisine mon Gégé, mais je crois que tu as pété les plombs...


#176 : Iggy Pop "Post Pop Depression"

Merde alors... je ne sais pas quoi dire. David Bowie nous revient d'entre les morts en vampirisant (à nouveau) l'enveloppe charnelle d'Iggy Pop.

Si si je vous jure

dimanche 6 mars 2016

#175 : Gov't Mule "The Beacon Theatre, New-York, 31/12/15"

Si l'on devait retenir, dans une sorte de grimoire, les banalités qui offrent de l'espèce humaine une image parfois si terne et déprimante que Dieu lui-même regrette de ne pas avoir cessé ses expérimentations au stade teckel à poil dur, "bof moi Nouvel An c'est un jour comme les autres" figurerait en bonne place, sous les applaudissements fournis de Pascal, la Sainte-Inquisition, Daech et autres rabats-joie prompts à être convaincus qu'enfin l'homme reconnait la vanité de ce bas-monde face au Paradis que Steve Jobs s'emploie à connecter depuis peu.

Les mauvaises graines athées se joindraient à cette salve avec bonheur : qui sommes-nous pour attendre un quelconque miracle, pour penser qu'un rituel aussi con qu'on bouchon de champagne dans l'oeil de la cousine pourrait apporter un sens à notre vie ?

Les mystiques adeptes du complot, des Illuminati aux joueurs de l'Euro-Million savent pourtant que quelque chose se passe. D'aucuns éventrent des pucelles sous de vacillants candélabres, d'autres boivent un dernier petit blanc en se jurant que s'ils n'ont pas la gueule de bois demain c'est qu'ils vont toucher le pactole, et en réalité, bien peu de gens savent que chaque année, Gov't Mule offre un concert particulier - la New Year's Jam - le soir du 31 décembre.

Un coup c'est la fait à Hendrix, l'année d'après à AC/DC, celle d'avant à Neil Young, sans oublier Pink Floyd, les Stones ou un petit King Crimson en passant, mais peu importe, c'est à chaque fois le coup double de la nostalgie mêlée à l'énergie incroyable du groupe, petite flamme vascillante dans cette engeance qui fut jadis qualifiée de jam bands. J'en vois déjà qui sommeillent, cauchemardent ou s'en vont bougonnant. D'autres frétillent d'inquiétude en craignant le retour de l'inénarable solo de batterie, tribale tradition qui pert tout son sens dès lors que le Perrier Fraise remplace l'acide et la cigarette électronique le Cannabis indica.

Alors que certains construisent patiemment des chefs-d'oeuvre dont le génie n'égale que la concision (Melody Nelson ne dure que 28 minutes, mais quelles secondes !), les longues improvisations peuvent être entendues avec dédain : le risque de se sentir coincé au beau milieu du stand Gibson du dernier NAMM Show à Los Angelès ou l'agacement kilométrique de l'alignement du song-book hendrixien par un sous-fifre ma foi doué mais aussi inspiré qu'un buvard dans le désert de Gobi sont bien réels.

Je connais même des gens auprès de qui la formule cabalistique In-A-Gadda-Da-Vida produit un effet marathonien. Simulez l'action d'appuyer sur la touche play de votre bouzin à musique quel qu'il soit, et votre entourage, d'un seul coup d'un seul, se voit accablé de grand-mères agonisantes dans un lait sur un feu qu'il leur faut immédiatement éteindre.

Alors que dans les lointaines années 1970, il fallait à Chicago quatre vinyles vendus à prix d'or pour assommer son cher public, l'extensibilité des fichiers numériques et la sénilité du format CD ont pu venir à bout, pour le meilleur et pour le pire, des limitations de timing. Malgré l'agonie du concept "deux disques pour le prix d'un", la taille du téléchargement a bien entendu facilité l'augmentation de la note, et alors même qu'il fallait six bons mois pour fabriquer un CD ou un vinyle, il est aujourd'hui tout à fait possible de sortir n'importe quoi n'importe quand pour trois fois rien. Malheur sur nous, alors que Pearl Jam déjà nous bombardait de CD Live tous les deux mois, il leur est aujourd'hui possible de TOUT sortir immédiatement, pour le plus grand bonheur de Samsung et Toshiba qui face à la demande restent campés sur le prix du téraoctet depuis plusieurs années.

Ainsi donc, aujourd'hui, dans ce nuage de poussières, on n'est jamais certain de ne pas retrouver un live de Mark Knopfler tombé à l'insu de notre plein gré dans le répertoire download rien que du fait d'un clic de souris mal placé. L'ivraie germe à tout va, et sa végétation luxuriante voile les frêles pétales du bon grain, qui s'il ne dispose pas de facultés aquatiques, risque de s'y noyer.

J'irai même jusqu'à dire que tout ce boxon, sauf à être pathologiquement accoutumé à VOULOIR TOUT (de Dylan, Lou Reed, Grateful Dead et qu'importe), la notion d'album - bien conceptuelle même lorsque l'auteur ne nous narre pas systématiquement l'aventure des six femmes d'Henry VIII - au grand dam du Zornophage, est belle et bien en train de disparaître. Finis donc les track-listing murement réfléchis d'un Ziggy Stardust ou le culot monstrueux de l'album live "simple mais efficace et dans ta gueule" façon Stupidity version Dr Feelgood. Quand bien même le concept émet encore quelques borborygmes, il se voit systématiquement engraissé de Bonux tracks, comme la lessive, casseroles immondes dont la bêtise peut se résumer par cette brève sentence : il y a un morceau inédit sur l'édition limitée du nouvel album de Johnny.

On pourrait continuer à pleurer sur cette situation pendant de longs parapgraphes encore, ou, faire contre mauvaise fortune bon coeur : ces choses-là sont ce qu'elles sont. Immatérielles, elles ont la faculté de disparaître dans la corbeille et diminuer la facture d'un déménagement bien plus facilement que l'intégrale de Yes. Immédiates, elles peuvent vous procurer l'adrénaline at the right time. No more waiting for my man, feu-Lou.

Et à mesure que mon enthousiasme renaît de ses cendres telle la maison Phénix de votre emprunt sur 15 ans, j'en reviens à ce foutu 31 décembre 2015, dont je ne garde pas un souvenir immémorial, mais dont je me console avec ce foutu grand concert du Gov't Mule. J'ai bien dit concert : ni album, ni concept. Juste un diaporama de la soirée, bien plus aguichant que celui des vacances en Norvège de mon oncle. Quelques 4h30 de musique - pardon - de rock'n'roll - bien envoyées, qu'on s'écoutera une ou des centaines de fois, en entier, par bribes, comme on veut. Juste le bon temps qui roule.

Gov't Mule, fier hérault de la catégorie des jam bands, maintenant que le Grateful Dead a officiellement fait ses adieux (il ne reste guère que Phish à lui tenir  la dragée haute), n'est pas le plus grand groupe du monde, loin s'en faut. Je vous chantonnerais même difficilement une de leurs propres compositions. Et pourtant, dès que la bande à Warren Haynes se lâche, seul l'instant présent compte, et la magie fonctionne. N'hésitant pas à s'entourer de gens comme John Scofield, Toots (des Maytals) ou Jack Casady selon l'humeur, assurant même des piges - pour ce qui concerne Warren Haynes auprès des moribonds (Allman Brothers ou,  encore le Dead), le groupe a cette force immense de pouvoir tout donner une fois les pieds sur scène au risque - calculé - de prendre un four à chaque nouvel album (tiens tiens...) studio qui ne laissera de mémoire que dans le catalogue des invendus de la FNAC de Poitiers.

Et, bon dieu, comme il eut été doux de se retrouver au Beacon Theatre le 31 décembre dernier. Durant la longue soirée, ce ne furent pas moins de trois tributes qui furent ainsi rendus, par pur plaisir - et ça se sent - auprès de trois dinosaures d'une espèce archi-convenue : Set 1 - le Grateful Dead, Set 2 - The Band, Set 3 - Allman Brothers Band. Et un dantesque Mountain Jam pour conclure - comme il se doit. Et bonjour chez vous.

Durant les quelques instants de votre soupir, laissez-moi quand même vous dire que Warren Haynes n'est ni Jerry Garcia, ni Robbie Robbertson, ni Duane Allman. Et c'est justement ça qui rend à ce concert tout son intérêt : cette humilité mêlée de plaisir à reprendre des choses légendaires, sans pour autant les dénaturer ni les photocopier. Ce concert, encore une fois, restitue le plaisir de jouer ces titres, et ce plaisir est communicatif au plus haut point. Les gars ne sont pas tombés de la dernière pluie, sachant titiller le Dead Head par les sentiments (oui, bien sûr qu'on enchaîne I Know You Rider à China Cat Sunflower) et la connivence (oui, on connait la Watkin Glens Jam, on est des vôtres), le Band avec respect (ces chansons taillées dans l'érable canadien ne se prêtent pas à de longues impros, dont acte) et les Allman Brothers avec déférence (le couplet "sans vous je ne serais rien", genre...). C'est bien joué, c'est jouissif, c'est parfait.

Vous me rétorquerez qu'avec le cachet de Raphaël lors du bal du 15 août dernier, les meilleurs éléments de l'école de musique de Guéret trouveront équipement, master-classes et autres moyens leur facilitant la faisabilité de ce type de manifestations au Palais des Sports de Limoges. Que votre voisin joue Jessica tout aussi bien sinon mieux que la version ici présente. Vous savez quoi ? Vous m'en voyez heureux. Mon seul problème étant d'habiter relativement loin de Limoges et de ne pas avoir la chance de connaître votre voisin. Autant de tracas que, là encore, ce concert vient adoucir.

Car, putain de bois, nous sommes là tout simplement face à un groupe - dont on se fichera jusqu'au nom - qui remet son égo dans son slip kangourou, prend les choses en main et nous rappelle - et je pense combien le besoin est - à quel point il est tout à fait vital, agréable et épanouissant, de savoir qu'il est encore possible, aujourd'hui, même s'il s'agit de scies aussi vieilles que celles qui sculptèrent l'arche dont ces chansons pourraient bien faire toutes partie, et comme disait Delpech, d'entendre des choses qu'on aime - et ça nous fait du bien.

Grateful Mule
The Mule
The AllMule Band (1)
The AllMule Band (2)

jeudi 3 mars 2016

#174 Manset "The Classic 2015 Alternatif Best-Of"

Déjà le titre... Même Indochine n'aurait pas osé. Manset est-il devenu sénile ou au contraire - ce qui me semble plus probable - encore plus cynique ?

Grouik grouik entend-t-on dans la porcherie qu'il vient ponctuellement alimenter de confiture. Les inéffables Télérama, France-Inter et autres Inrockuptibles s'arrachent ce qui leur reste de cheveux - la calvitie journalistique les ayant depuis des lustres décimés - pour tenter de glorifier cette chose - que même en tant que porcinet docile face au Maître je n'ose qualifier d'autre terme que de marmelade. On les comprend (ou pas) : l'homme est plus qu'avare d'interviews et de déclarations publiques, aussi échanger quelques mots avec le créateur de la Mort d'Orion doit-il constituer pour tout gratte-papier une sorte de Graal journalistique lui garantissant, bon an mal an, un créneau horaire sur France-Culture de 2h à 3h du matin en cas de pépins.

Je commence ce post en déversant la bile que mon foie a consenti à préserver à ce dessein, mais je ne vaux pas mieux qu'eux. J'ai acheté l'album, avec des vrais sous, chez un vrai disquaire (si tant est qu'il en existe encore, mais bon) et je ne m'en séparerais pour rien au monde. Même si je ne l'écouterai sans doute jamais plus.

D'entrée de jeu, un conseil à celles et ceux qui souffrent de la même pathologie que moi : ruez-vous sur Un Oiseau S'Est Posé, le double-CD de relecture de ses anciens morceaux paru il y a deux ans. Non pas qu'il s'agisse d'un chef d'oeuvre, loin s'en faut. Mais ce double CD se trouve ici réduit à une portion congrue, quelques morceaux repris sur le deuxième CD de cette compilation : autant dire que Manset semble avoir décidé de ne garder que ça, fichant déjà son album précédent au pilon. Lire sur la pochette que ces chansons ont été remasterisées me paraît aussi drôle et incongru que le titre de cette compilation : remasteriser des chansons sorties il y a deux ans, je veux bien que la technologie avance, bla bla bla, mais faut pas pousser quand même. N'y voyons donc, à nouveau, qu'une preuve de cynisme exangue.

Pour le reste, le premier CD compile ce que Môssieur juge "encore pertinent en 2015" de ses quatre derniers albums (le plus ancien, Le Langage Oublié, datant de 2004...). Dis-donc Gérard, si je te renvoyais la balle, je serais prompt à te faire remarquer que cela revient à dire que tu considères toi-même les trois-quart de ta production comme de la merde, juste bonne à tirer la chasse une fois le consommateur ferré (pardon, Léo...).

La pochette (pardon, le livret, on est entre gens du monde...) est évidemment superbe, et bon nombre des chansons présentes d'une beauté sans nom, ça n'est pas le problème. Le béotien, le néophyte auraient bien raison de s'attaquer à ces galettes pour découvrir Manset autrement qu'avec les vieilles scies dont on peut comprendre qu'à force, elles l'embarassent (Il Voyage En Solitaire, gnan gnan gnan, même Annie Cordy en a marre de chanter Tata Yoyo dans les supermarchés, on peut vous comprendre, les artistes). Ceci étant dit, les cochons que nous sommes ne se voient ici caressés dans le sens de nos maigres poils qu'avec un "inédit" (qui n'est pas inédit puisque présent ici, encore un peu de cynisme, ça ne gâche rien) nommé Rimbaud Plus Ne Sera (Oui bande de porcs, le grognon maîtrise la langue française mieux encore que Jean d'Ormesson - Mal est-on, animal, non ?).

Mais l'événement qui a fait se faire pipi dessus toute la rédaction de France-Culture, la moquette ayant depuis été changée aux frais du contribuable, c'est cette reprise d'Animal On Est Mal, titre emblématique des années 68 quand le Maître s'apprêtait à naître au monde ou vivent les hommes. Avec, s'il vous plaît, un couplet supplémentaire où l'on lira l'amère déception d'une vie vraiment à chier (entendez par là, un talent indéniable pour ne pas parler de génie, un public conquis, du fric, des voyages, bref, tant de tracas qui nous ennuieraient effectivement affreusement si nous devions affronter un tel destin et porter un tel fardeau) ou - c'est au choix - quelques mots jetés sur un morceau de papier-cul pendant que le guitariste s'accordait. Môssieur n'a pas besoin de papier-cul de toute façon, c'est sur son public qu'il chie allègrement.

Ou alors non. L'homme, disait Nietzsche, est fait pour se surpasser. Manset taille ainsi une pierre, un mausolée, qu'il tente de parfaire d'années en années en séparant le bon grain de ce qui lui paraît être de l'ivraie une fois la graine germée et les années passées. C'est son droit le plus strict. Peut-être notre fanatisme (le mot est lâché) est-il ici mis en exergue, et peut-être a-t-il même raison de nous traiter ainsi ? Serions-nous à ce point stupides de nous en tenir à des moments de nostalgie, fussent-ils de toute beauté, de vouloir tout entendre, tout garder, d'en vouloir toujours plus et d'avantage ?

Mais il n'empêche qu'à titre tout à fait personnel, je trouve mesquin qu'il ait à l'époque repris Comme Un Lego, offert quelques mois plus tôt à un Bashung en fin de course. L'interprétation de Bashung était magistrale, et jouée en introduction de ses derniers concerts, la chanson prenait une ampleur démesurée. Là, le sale gosse, Gégé, reprend son jouet. C'est moi qui l'ai fait, semble-t-il nous geindre à nouveau, de peur que nous ne l'ayions pas remarqué à l'époque de sa sortie. Connard. Sale type.

Autre argument qui prête à rire, et vient contredire mes vaillants efforts à défendre l'existence même de cet objet et la démarche crasse de son auteur, c'est qu'au même moment, il laisse Raphaël (oui, le Jean-Louis Aubert du pauvre, tout juste bon à massacrer La Bombe Humaine avec l'Ecole de Musique locale au bal du 15 août à Guéret) publier un album entier de reprises de Son Oeuvre. Chercherait-il à se rendre indéfendable par tous les moyens (et les moyens sont bons, mon con) ?

Cet objet est, paraît-il, un prélude à un nouvel album à sortir cette année (et à disparaître des rayons six mois plus tard, sans doute). Rien qu'à l'idée que je vais bien entendu me ruer dessus comme la vérole sur le bas-clergé breton ou Jimmy sur un pirate des Small Faces (ce qui n'a rien à voir, Jimmy, fais pas ta mauvaise tête) me comble de désespoir. Le Maître me susurre au groin "tu n'as toujours rien compris, pauvre andouille" et je ne peux que le regarder avec mes petits yeux inexpressifs de verrat face à son boucher.

- Non, Maître, je n'ai toujours pas compris. Est-ce vous que j'engraisse ou vous qui m'engraissez ? 

Mais déjà la lame affutée du couteau apparaît et sans doute n'aurai-je pas le temps de saisir la leçon...

Ce cauchemar se répète, à chaque fois que je passe à la caisse, ce sentiment bizarre de passer à la casserole.

Grouik N°1
Grouik N°2

Pour les petits porcinets sudoripares qui ont bien mieux à faire que d'engloutir une bouillie déjà servie par le (proche) passé, je rajoute un petit zip avec les deux pets de lapin "inédits" sensés vous faire cracher au bassinet. Ca ne pèse que 17 Mo et ça vous laisse de la bande passante pour autre chose...

PS : merci pour les messages me demandant de remettre sur le tapis les vinyles de la Tête de Lard. Je veux bien tenter de le faire un de ces quatre, la dernière fois sans doute, mais probablement de manière discrète et privée. Desolé pour les anonymes. Sur ce, je vais ranger cet objet qui m'énerve et le laisser prendre la poussière loin de mon lecteur CD.