J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

mardi 10 décembre 2013

#170 : Bob Dylan "Sidetracks volume 3 (Jeepeedee's Rips)"

On continue, et ça devient vraiment passionnant.

01 - Shelter From The Storm
Il s'agit d'une démo extraite du premier mix acoustique de Blood On The Tracks. Largement disponible partout en pirate, ici coincée en toute fin de The Essential Bob Dylan, histoire de faire cracher les fans purs et durs au bassinet. Extrait de la BO du film Jerry Maguire que personne n'a vu et dont tout le monde se fiche. Un chef d'oeuvre, en tout cas, une version meilleure que l'original, comme c'est souvent le cas chez Dylan.

02 - Rita May
Encore un absent impardonnable du coffret, une chute des sessions de Desire, sortie à l'époque en face B du 45 tours Stuck Inside of Mobile With the Memphis Blues Again, extrait du live Hard Rain. Paru en CD sur la compilation australienne Masterpieces. Merci les kangourous.

03 - People Get Ready
04 - Never Let Me Go
05 - Isis
06 - It Ain't Me Babe
Tentative de reconstruction du disque promotionnel 4 Songs From Renaldo & Clara, hors-commerce. It Ain't Me Babe a été récupérée sur le Best Of Live 1961-2000. Isis a été ripée sur le DVD Bonus sorti à l'époque avec Bob Dylan Live 1975 (Bootleg Series Volume 5). Les deux autres ont été extraites de la série des pirates Hard To Find. Bon, c'est mieux que rien. Ca joue évidemment bien, et on s'émouvra du People Get Ready de Curtis Mayfield. Dylan y reviendra plus tard. Patience.

07 - Sign Language
Chanson de Dylan enregistrée en duo avec Clapton et parue en 1976 sur le No Reason To Cry de ce dernier. Chanson typique de l'époque, impossible de passer à côté ici.

08 - Baby Let Me Follow You Down
09 - Hazel
10 - I Don't Believe You
11 - Forever Young
12 - Baby Let Me Follow You Down (reprise)
13 - I Shall Be Released
Tout a déjà été dit du concert d'adieu de The Band au Winterland en 1976. Dylan, grand seigneur, n'y interprète que des chansons enregistrées initialement avec eux ou jouées lors de la tournée de 1966. I Don't Believe You est toujours aussi lysergique. Un grand et triste moment.

13 - Trouble In Mind
Face B de (Man Gave Names To All The) Animals en France et de Gotta Serve Somebody à l'international, une jolie chute de studio de Slow Train Coming. Impensable qu'elle ne figure pas au coffret, d'autant qu'elle vient d'être éditée sur la compilation allemande Pure Dylan. Du boulot de gougnafiers que ce coffret. Ici, c'est la version vinyle qui crachote.

14 - Let It Be Me
Ben dis donc. 2ème tentative de Dylan sur cette euh... chanson de Gilbert Bécaud (Je T'Appartiens). La première fois sur Self Portrait, la deuxième fois en face B de Heart Of Mine. Caramba, encore raté !

15 - The Groom's Still Waiting At The Altar
Sortie à l'époque de Shot of Love en face B de 45 tours, Columbia l'a fourguée sur les rééditions du-dit album. Trop bourrin, oubliable, mais historiquement indispensable.

16 - Dead Man Dead Man (live in New Orleans)
Encore une face B (mais qu'a donc fichu Columbia ???!!!), sorti en 1989 (Sur le maxi-single de Everything Is Broken), mais datant de 1981, enregistrée à la Nouvelle-Orléans. Peut-être un des moins bons morceaux du concert, que l'on retrouve sur le gigantesque pirate Stadium Of The Damned. Extrait de l'inusable Best Of 1961-2000.

17 - Angels Flying Too Close To The Ground
Encore une honte pour Columbia. Extrait des séances d'Infidèles, cette chouette reprise de Willie Nelson finira en face B du 45 tours Jokerman. C'est mieux que rien.

18 - The Usual
19 - Night After Night
20 - Had A Dream About You Baby
21 - A Couple More Years
Les trois premiers morceaux sont extraits de la BO du film Hearts Of Fire, un navet. Le CD est épuisé depuis belle lurette, et les autres morceaux interprétés par Fiona (?) et Rupert Everett sont nuls à chier, donc inutile d'aller dépenser des 100 et des 1000, Jeepeedee est là quand Columbia n'y est pas. La quatrième est extraite du film, ripée sur youtube. Jamais sortie en CD. Ooops, une exception ?

22 - It Ain't Me Babe
Extrait d'une compile, une version live fracassante de 1986 par-là, quoique... s'agirait peut-être bien de la tournée de 1984 ? Va savoir. Le père Dylan a bouffé un tigre. Trouvé sur un pirate, mais sorti officiellement, donc ça vaut ici.

23 - Got Love If You Want It
Les Argentins sont des veinards. Cette fantastique reprise était incluse dans leur édition locale de Down In The Groove, qui pourtant n'était pas bien long et pas bien terrible non plus. Pourquoi on y a pas eu droit ?

24 - Important Words
Encore un morceau hors-commerce d'une édition pour DJ de Down In The Groove. Décidément, ils ont fait exprès d'en virer les meilleurs morceaux ?

25 - Dignity (demo version)
Issue de la compilation Chronicles (on y trouve plein de chansons citées dans le bouquin). Une n-ième version de Dignity.

26 - Dignity (Brendan O'Brien mix)
...Et la première, sortie à l'époque de Greatest Hits, vol. 3, et remixée par Brendan O'Brien. Histoire de faire pop, car l'originale sortira sur d'autres compiles (et est présente sur le coffret, tiens donc). Celle-là sera définitivement perdue.

Une belle façon de dire au revoir aux années 80...

Allez, à bientôt pour le volume 4...

EDIT : Oops, encore deux N°13... et il manque des trucs pour les années 1980. A bientôt pour le volume 4 qui va dépoter !!!

dimanche 8 décembre 2013

#169 : Bob Dylan "Sidetracks volume 2 (Jeepeedee's Rips)"

Pfff... Columbia fait du travail de cochon avec son intégrale ! Deux CD annoncés comme remplis de trucs rares, alors qu'en réalité, il n'en est rien : On retrouve à peu près que les inédits (à l'époque) de Biograph. Biograph, que tout le monde possède, et qu'on trouve même à la FNAC à 20 euros. Une honte.

Je peux pas les laisser dans cette situation, les clients vont se plaindre. Je prends donc les manettes, et VOILA ce qu'il aurait fallu proposer ! Hey Columbia, quand vous voulez vous me contactez pour les intégrales de Dylan, hein !

Donc, dans cette série de Sidetracks, pour coller à l'esprit, on ne trouvera aucun inédit. Aucun extrait des Bootleg Series (enfin, si, un seul ici). Uniquement des choses parues sur CD ou vinyle plus ou moins officiels, chez Columbia, Folkways ou autres. Des faces B, du live, des B.O., bref, tout (ou presque) ce qui n'est pas dans votre joli coffret est ici.

On attaque donc avec Sidetracks Volume 2 (Jeepeedee's Rips), qui traite de 1961 à 1972. Des merveilles pas toujours introuvables, mais regroupées ici pour votre plus grand bonheur. Notez que je ne reprends que ce qui est sorti en CD, je laisse même de côté le DVD Live At Newport, parce qu'un DVD n'est pas un CD et parce que celui-là, ils auraient pu le mettre dans la boîte aussi. Il fera donc l'objet d'un rip à part, plus tard.

Enjoy the ride !

01 - I Was Young When I Left Home
Uniquement paru sur un CD Bonus lors de la sortie de Love & Theft en 2001. Une maquette de 1961.  Un Dylan encore vert mais déjà grande gueule (j'étais jeune quand j'ai quitté la maison, hé, t'as 21 ans, là !). Dommage qu'il ait arrêté par la suite de jouer en picking, je trouve.

02 - Wade In The Water
Extrait de la compilation japonaise Bob Dylan Live 1961-2000, encore une maquette de 1961. Jolie partie de slide, voix rocailleuse, Dylan se cherche, fait le méchant. Enregistré pour un pote, extrait des Minnesota Hotel Tapes12 000 x piratées. Même chez Columbia on en a une copie ;o)

03 - Handsome Molly
Extrait de la même compilation, Bob prend de l'assurance. Enregistré au Gaslight Café en 1962. Encore un traditionnel. On trouve tout le concert en pirate comme on veut, mais là n'est pas l'objet.

04 - House Of The Rising Sun
Attention moment d'histoire ! Une version électrique du House Of The Rising Sun, trois ans avant les Animals qui, en écoutant ça on s'en persuadera, n'ont vraiment pas inventé grand chose. Personne n'en avait entendu parler auparavant. Sorti uniquement sur le CD-ROM Highway 61 Interactive. Ils auraient pu faire un effort pour la mettre dans le coffret, ces sagouins !

05 - John Brown
Il faudra attendre l'album Unplugged de 1994 pour en avoir une version officielle. Celle-ci est estampillée Blind Boy Grunt, son pseudonyme quand, avide d'enregistrer, il en lâchait quelques une pour ses copains folkeux de l'époque. Une des protest songs les plus cinglantes de Dylan. Extrait de The Best Of Broadside, somptueux coffret rasoir de l'histoire de la protest-song (atchoum !).

06 - Ye Playboys And Playgirls (with Pete Seeger)
07 - With God On Our Side (with Joan Baez)
Deux extraits de l'album Newport Folk Festival 1963 paru chez Vanguard. Euh... bon, il en fallait une avec Joan Baez, c'est assez éprouvant mais c'est sorti dans le commerce alors on y va. Celle avec Pete Seeger est à peine plus supportable. Pour collectionneurs, ça va de soi.

08 - Just Like Tom Thumb's Blues (live B-side)
La face B du 45 tours I Want You. Live à Liverpool en 1966. Longtemps collector avant que d'apparaître sur la compilation Masterpieces, uniquement sortie en Australie à l'époque. Pour se souvenir combien ces concerts dépotaient.

09 - To Ramona
Encore un extrait du Best Of Live 1961-2000, un titre enregistré pendant la tournée anglaise qui donnera lieu au film Don't Look Back. Dernière tournée acoustique, Bob s'en va ailleurs...

10 - If You Gotta Go, Go Now
Paru en 45 tours uniquement en Hollande (et, seule entorse, extrait des Bootleg Series volume 1-3), If You Gotta Go Go Now était régulièrement joué lors de la tournée britannique de 1965. Petite chanson sans façons, Dylan s'en servait pour divertir le public avant d'entamer des choses plus complexes (It's Alright Ma par exemple). Johnny Hallyday l'a reprise en français, tout comme Fairport Convention, Bijou et des dizaines d'autres.

11 - I'm Not There
La plus belle des chansons extraites des Basement Tapes, disponible uniquement en pirate (et un moment sur le site officiel de Dylan, en streaming), cette merveille est enfin sortie officiellement en bonus track sur la BO du film du même nom. Columbia aurait-elle toutes les bandes de ces sessions ? A quand un Bootleg Series sur ce thème ?

12 - I Ain't Got No Home
13 - Grand Coulee Dam
14 - Dear Mr Roosevelt
Trois reprises de Woody Guthrie, enregistrées live avec The Band en 1968, lors du concert-hommage à Woody. Uniquement paru en vinyle à l'époque.

15 - Down In The Flood
16 - Don't Ya Tell Henry
17 - When I Pain't My Masterpiece
18 - Like A Rolling Stone
Surprise ) Lors du concert de la nouvelle année 1971, le Band enregistre un live avec des cuivres, arrangements d'Allen Toussaint. Cela sortira sous le nom de Rock Of Ages, mais il faudra attendre 2002 pour entendre les rappels avec Dylan pour la première fois. Je vous propose ici les soundboard mixes extraites du très récent coffret. Merci qui ?

19 - George Jackson (big band version)
20 - Spanish Is The Loving Tongue (single B-side)
Alors là, Columbia, avoir oublié la version Big Band de George Jackson (ok, l'acoustique est dans le coffret mais quand même !) et cette face B (de Watching The River Flow, pour les érudits), c'est vraiment la honte ! Heureusement que je suis là !

21 - A Hard Rain's A-Gonna Fall
22 - It Takjes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry
23 - Blowin' In The Wind
24 - Mr Tambourine Man
25 - Just Like A Woman
Et on termine ce premier volume par les morceaux interprétés par Dylan au concert pour le Bangla Desh. Ca vous évitera d'avoir à écouter le reste, pas terrible hormis une belle version de Here Comes The Sun. En plus, on trouve ici peut-être la plus belle version de Mr Tambourine Man, ce qui ne gâche rien.

Et voilà, 25 chansons qui auraient eu de la gueule dans le joli coffret. Il doit manquer une version de Blowin' In The Wind à Newport, mais elle est tellement pénible que j'ai eu la flemme de la chercher. Idem, des trucs comme The Ballad Of Donald White sortie chez Broadside doivent exister quelque part. Mais bon, je pense que vous détenez là 90% des sidetracks de Dylan de 1961 à 1972. Silence radio côté raretés, la prochaine fois on attaque par la Rolling Thunder Review de 1975...

It takes a lot to laugh...

(EDIT) : Oops ! Just Like Tom Thumb's Blues y est deux fois (piste 8 et 12), désolé. Par ailleurs Ye Playboys And Playgirls est corrompu... Vous pouvez la télécharger ici.

samedi 30 novembre 2013

GJDBMDD # 7 : Marie Laforêt "Gold"

Thème du jour : FASTER PUSSYCAT KILL KILL! - Des filles qui en ont...

Des filles qui en ont... hmm... Patti Smith (trop facile, Jimmy m'attend au tournant) ? Nina Hagen ? Certes... les Slits ? Déjà fait... Alors quoi ? Chrissie Hynde ? Well well well... juste pas envie d'écouter ça en ce moment. C'est comme ça. Et puis je voulais un truc tout simplement beau pour terminer ce chouette concours. Tant pis pour le Kill Kill ! J'avoue ne pas avoir ça chez moi.

Alors, l'évidence s'est imposée à moi. Voilà une fille qui en a. De la féminité à revendre. Du charme plein les yeux. De la tristesse plein la voix. De la poésie plein les mots. De la nostalgie plein la musique.

Voilà aussi une fille qui n'en a pas. De chance - une vie de merde commençant par un viol. De reconnaissance. Pas de rééditions Deluxe comme pour Françoise Hardy, pas d'intégrale tous les deux ans comme Barbara. De goût, toujours, prête à reprendre n'importe quoi dans son jeune âge (aïe aïe aïe, El Condor Pasa, elle aussi l'a fait !), à tomber dans la variétoche RTL dans les années 1970, etc.

Mais voilà, c'est autant pour ce qu'elle a que ce qu'elle n'a pas que je l'aime, Marie Laforêt. Pour sa reprise délicieuse de Paint It Black (Marie Douceur Marie Colère), pour toutes ces chansons des années 1960 tout simplement divines (Ivan, Boris et Moi, La Plage, qui vaut largement la Madrague à la Brigitte...), pour La Tendresse de Bourvil...

...et aussi, et peut-être surtout, pour ce smash hit, cette ballade définitive, d'une affreuse tristesse, qui me foutait les pétoches autant qu'elle m'impressionnait quand j'étais gosse, Viens Viens. J'assume. Des arrangements pas possibles comme il s'en faisait tant, sans complexes, on tentait tout, et ça sonnait. Cette guitare sèche dans la cabine Leslie, qui le tenterait aujourd'hui ? Bien sûr, à l'époque ça te mettait des ba ba ba jusqu'à plus soif, bien sûr, ça te faisait des duos avec des gosses et y'en avait un ou deux, Cloclo, Joe ou Marie Laforêt qui décrochait la timbale avec une idée cocaïne d'Eddy Barclay mais bon, quand même, ce riff de clavecin à la fin, ce crescendo jusqu'au silence et... ça repart ! Voilà une fille qui en a, et une chanson, qui va avec.

Peut-être la chanson capable de me faire chialer dans ma bière à toutes les heures du jour et de la nuit, et même sans bière. Et même, rien qu'en me la fredonnant. Alors excusez-moi les rockeuses, les punkettes et les chanteuses à texte (vous auriez préféré un petit Catherine Ribeiro ou un Mama Béa ? Au secours !), mais voilà une fille qui en a.

Malheureusement, tout ce que je peux vous proposer, c'est une minable compilation. C'est tout ce que vous pourrez trouver d'ailleurs si l'envie vous prenait d'essayer de trouver des disques (des quoi ?) aujourd'hui.

Ceci dit, il y a déjà pas mal de choses là-dessus. Des sucreries, de la nostalgie, de la daube aussi, et toujours cette voix.

La voix du silence.


jeudi 28 novembre 2013

GCDBMDD # 6 : Ry Cooder "Ry Cooder"

Thème du jourENCORE UN PEU VERT!Une première oeuvre pas tout à fait mure.

Lorsque sort son premier album, sobrement intitulé Ry Cooder, Ry Cooder, donc, n'est pas exactement l'exemple type du bonhomme encore vert. Il a déjà fondé un groupe avec Taj Mahal, les Rising Sons. Le garçon a par ailleurs déjà roulé son bottleneck avec Captain Beefheart, Little Feat ou encore - excusez du peu - les Rolling Stones à qui il donne un sacré coup de paluche lors de la débandade de Brian Jones, intervenant sur Let It Bleed et sur Sticky Fingers (la célèbre partie de slide de Sister Morphine, c'est lui). On le retrouve également sur Jammin' With Edward. Pressenti pour faire partie des Stones en lieu et place de Mick Taylor ? Probable, mais le garçon a sans doute trop de personnalité dans son jeu. Serait capable de faire bien trop d'ombre à Keith. Exit donc les Stones.

Essentiellement un session man en ce début des années 1970, le passage est parfois dur et décevant dès lors qu'on parle de carrière solo. En l'occurrence, Ry Cooder n'a pas forcément un grain de voix inoubliable et ce premier album contient, comme les suivants, son lot de reprises, des chansons qui, par ailleurs, ne sont pas franchement inconnues du ricain moyen, qu'il puise dans le blues (Dark Is The Night, de Blind Willie Johnson - déjà - bien avant Paris, Texas donc), dans le folk (Do Re Mi de Woody Guthrie) ou dans la country (My Old Kentucky Home).

Ce qui sidère toutefois, c'est qu'en 1971 quelqu'un ose aligner ces trois reprises sur un même album. Les rednecks n'aiment pas les noirs, les folkeux méprisent la country, bref, fallait quand même choisir son camp.

Alors, quand en plus c'est le dingo Van Dykes Park, l'homme du Smile des Beach Boys, qui produit le tout, on peut craindre le pire.

Résumons la situation : un session man très doué, certes, mais sur le papier incapable de revendiquer une étiquette, pas franchement songwriter dans l'âme, un producteur singlé et une pochette crépusculaire, cela sent bon le bac à soldes, bonsoir Simone, retourne donc cachetonner auprès des manches qui ont des idées mais, justement, des problèmes de manche.

Et ben non, Simone, t'as tout faux.

Car tout cela tient sacrément la route. Car Ry Cooder, qui s'en doutait, n'est pas seulement un guitariste d'exception, c'est un musicien à part entière qui à aucun moment ne tombe dans le piège du solo tapageur, dans le clafoutis façon VRP chez Fender ou Gibson. Ry Cooder a plein de musique dans la tête, et quand bien même il n'écrit pas encore beaucoup, il apporte une nouvelle couleur à des vieilles scies qu'on n'imaginait plus sortir d'ailleurs que du Ryman Auditorium ou d'un vieux gramophone. Ca explose donc de partout, parce que là on n'a même pas évoqué, les influences New Orleans, particulièrement sensible dans Pigmeat, ce fameux beat inclassable, ce piano bastringue, le tuba, tout ça. Qu'on retrouvera à la même époque chez son vieux pote Taj Mahal, son double qui lui non plus n'hésitera pas à provoquer le redneck en récupérant le banjo volé aux noirs et en reprenant des trucs comme Cluck Old Hen.

Alors oui, tout ici est encore un peu vert, mais vert comme une laitue fraichement cueillie dans le potager. Van Dyke Parks assaisonne un peu trop par moments, n'hésitant pas à faire dans le symphonique un peu psychédélique (mazette, les cordes sur Do Re Mi, fallait oser !!!). Et surtout, chanter, on sent que Ry Cooder s'y plie plus par obligation que par vocation. Ca sent la première prise sur bien des morceaux (Do Re Mi, là encore, mais quel délice !), mais là encore, à l'heure du tout policé, retravaillé à l'Autotune,  on ne s'en plaindra guère. Péchés de jeunesse aussi, mais péchés délicieux, des morceaux comme Police Dog Blues, tout acoustiques, lorgnent parfois un peu trop vers Marcel Dadi et ont dû faire pousser plein d'acné aux nombreux gratouilleurs prépubères de l'époque.

A l'inverse, des choses comme Goin' To Brownsville, rythmique minimale, emmenées par la mandoline, c'est incroyablement bien trouvé. Rory Gallagher saura s'en rappeler pour son Goin' To My Hometown...

On trouve donc dans ce premier album solo, tout ce qui rendra Ry Cooder indispensable, qui culminera même dès le second album, Into The Purple Valley, jusqu'au troisième, Boomer's Story, sortis tous deux en 1972. Alors que par la suite on sent ce premier vent faiblir quelque peu, de nouveaux horizons vont se développer, influences mexicaines notamment, pour culminer bien des années plus tard.

C'est sans évoquer sa contribution au cinéma, oui, oui, Paris, Texas bien sûr, mais tant d'autres films aussi, Crossroads (un navet par ailleurs), au hasard, ou son double blanc (désolé du jeu de mots), The Long Riders. L'homme excelle dans tous les exercices de style, car, justement, il les dépasse tous.

Car Ry Cooder n'hésitera jamais à se remettre en question et, chose rare pour un guitariste interprète, ses capacités à écrire des chansons toujours étonnantes et sans concessions ne feront que se développer avec le temps (Au hasard, son merveilleux Pull Up Some Dust And Sit Down de 2011.

Un premier album un peu vert, certes, mais du haut de ses 66 ans, le vieux gars semble plus vert que jamais. Chapeau l'artiste. Sombrero ou Stetson, peu importe.

En 1971, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il lui reste bien des choses à faire.

Available Space...

mardi 26 novembre 2013

GCDBMDD # 5 : Johnny Thunders "Hurt Me"

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Thème du jour : SUGAR SUGAR - Le type de drogue n'a pas d'importance

En avant-propos, j'espère que Jimmy m'excusera de commettre une redite par rapport à son blog, mais le post datant de 2011, d'avant la chute de Megaupload donc, voici cette sinistrose magnifique à nouveau disponible (avec les bonus tracks, chacun en fera ce qu'il voudra). Bon, ça c'est fait.

Le type de drogue n'a pas d'importance. OK, ça tombe bien, je pense que pour Johnny, c'était le cas. Avant (la jeunesse, les espoirs des New York Dolls, les Heartbreakers, le 1er album solo), la drogue avait dû montrer son petit côté sympa, vas-y défonce-toi tu peux devenir le roi du monde. Et Johnny aurait pu. Et je persiste à penser que s'il n'y est pas arrivé, ça n'est pas à cause de la drogue. Que Keith Richards me dise le contraire un instant, et c'est mon poing dans la gueule. Pourquoi tant de violence ?

Parce que, dans le monde de Voltaire, le meilleur, donc, ça aurait dû se passer comme ça. Tout était raccord. Born To Loose, You Can't Put Your Arms Around A Memory, c'est deux chansons éternelles, soit une de plus que pour Keith Richards (Happy, et après ? OK OK la contribution légendaire dans l'open tuning de sol avec une guitare à cinq cordes, idée géniale mais l'idée ne suffit pas toujours, hein, le riff un peu beaucoup mais pour le reste, faut assurer avec Mick, désolé, Keith). On ne parle pas ici d'un gimmick largement rentabilisé jusqu'à ressortir des fonds de tiroir (Start Me Up) pour amortir encore un peu l'affaire.

Amortir l'affaire.

En 1984, tout est amorti pour Johnny Thunders. La débâcle est bien entamée, les chefs-d'oeuvre gravés dans le vinyle. Reste la réputation et, déjà, les paris. Tiendra combien de temps ? Has-been pour certains, on en rit comme on rit actuellement de Pete Doherty. Saura-t-il tenir le choc comme Keith Richards ? Oui ? Non ? Paris débile. Keith Richards a un groupe, multi-millionnaire, un carnet d'adresse en mesure de le sortir de la pire des crasses (remember l'affaire du Canada en 1976 ?) et de pouvoir se faire changer le sang en Suisse aussi souvent que de besoin. Johnny Thunders, autour des corbeaux qui commencent à voler trop près de lui, a juste quelques fans. Des adeptes. Des addicts.

Alors quand il débarque à Paris, il n'a même pas un appartement avec baignoire dans laquelle rejouer l'histoire de Jim Morrison. Pas d'Agnès Varda autour de lui. Même pas de fin glorieuse à sa portée. Juste les gens de New Rose, pas très riches, qui lui proposent de sortir un disque. Mais pour sortir un disque il faut des musiciens (et clairement nos Gérard Blanchard ne font pas l'affaire) et des chansons. Alors bon, deux micros et un studio on peut trouver, et Johnny a une guitare. Enfin, il faut faire vite parce qu'elle pourrait disparaître d'un jour à l'autre en échange d'un peu de dope. Des chansons ? Niet. Enfin, pas des nouvelles. Mais bon, pourquoi pas refaire les vieilles à la guitare en bois, c'est déjà ça ?...

C'est largement ça, ça le fait carrément. Je ne m'interdis pas de penser que Hurt Me, dans les oreilles de Rick Rubin, ne sera pas étranger quant à sa manigance merveilleuse pour remettre Johnny Cash au devant de la scène, des millénaires plus tard. Et de se prendre un four avec Neil Diamond parce qu'il ne faut quand même pas exagérer, la prod' ne fait pas tout.

Too much too soon.

Bien trop en avance aussi par rapport aux Unplugged de MTV, reprenant Bob Dylan (aïe, faute de goût à cette époque, même si les citations sont brèves), l'album aura un arrière-goût de bout du rouleau, qui plus est sorti par un label frenchy (avant Air, Daft Punk et les autres, aujourd'hui ça t'aurait peut-être une autre gueule ?...). Too much too soon, encore et toujours. Saleté de vie.

La musique ?

De celle qui t'inciterait à monter un commando pour fracasser toutes les guitares sèches de Francis Cabrel, car ici la vieille boîte en bois sonne comme jamais, enfin, comme au temps où Leadbelly et consorts s'en servaient. Spirit high. You Can't Put Your Arms Around A Memory sonne toujours aussi bien, voire mieux, évidemment. Pas besoin de gueuler comme au CBGB, une chanson tient la route ou pas. Et c'est tout, c'est simple.

Et puis un courage monstrueux. Celui d'émettre l'hypothèse, et de la confirmer, comme quoi le punk et toutes ces conneries ne sont pas nés d'une seule et simple révolte. Que les classiques avaient été tellement bien digérés que les excréments (la reprise de Dylan des Clash, The Man In Me, sortira 25 ans après dans une version Deluxe de London Calling), y'avait pas besoin de les mettre en avant. Sauf quand on n'a peur de rien, que si je dis ça je casse pas mon image. Je ne suis ni punk, ni new wave, ni post wave ou je-ne-sais-quoi. Je suis juste un musicien au bord du gouffre parce que j'ai mis tout mon coeur et toute mon âme à balancer des merveilles et que le monde, allez savoir pourquoi, n'a rien vu, et pire, rien entendu. Je ne suis déjà qu'un vieux cheval sur lequel on ne parie plus quant à sa prochaine victoire mais quant à la date de son envoi à l'abattoir.

Quand on en est là, le type de drogue n'a plus d'importance.

lundi 25 novembre 2013

Le Bal Des Jean Biens

Intermède, dans le Grand Concours qui nous occupe. Yeees ! je fais de la radio, sur D4B.  Pour les malheureux qui n'habitent ni dans le Mellois (90.4), ni dans le Niortais (101.4), un blog reprendra l'affaire et - après diffusion - proposera les podcasts de l'émission...

C'est là, c'est sur lebaldesjeanbiens.blogspot.fr

Pour l'instant, y'a pas grand chose mais ça ne saurait tarder !!! Buzzez, buzzez, n'hésitez pas !

Gros poutous à tous,

Jeepee, alias Jean Marais

dimanche 24 novembre 2013

GCDBMDD #4 : V/A "Cosmic Machine"

Thème du jour : LIFE ON MARS ? Une musique d'une autre planète ou presque.

Avant-Propos

Depuis quelques temps, je me mets à racheter des vinyles. Non content de m'être fait gentiment dépouiller depuis 1985, quand je pense à tout le fric que j'ai laissé dans les CD, je continue à avoir besoin d'acheter des disques. Cherchez pas, c'est comme ça, tant pis pour moi.

Alors quand je suis tombé sur ce double album, pochette illustrée par Druillet, pochette en gros carton comme les imports américains de ma jeunesse, vinyles transparents, édition numérotée, CD inclus, voilà, je l'ai ramené chez moi.

A la fois intrigué par les inconnus (Droids, René Roussel, Bernard Fevre...), amusé par les improbables (Patrick Juvet, Pierre Bachelet...), rassuré par les incontournables (Cerrone, Jean-Michel Jarre...) et agacé par les inévitables cautions de bon goût (Gainsbourg, Alain Goraguer, François de Roubaix...), il y avait là assez de matière à compulser l'objet, caresser les vinyles et mettre le vulgaire CD dans la platine. Et là...

...aucune surprise. Un peu de plaisir à redécouvrir Magic Fly de Space - alias Didier Marouani & Co. - se la péter Dance Floor avant l'heure, rigoler sur le générique de Temps X (sacré Didier, le même), constater que l'E.V.A de Jean-Jacques Perrey ressemble à une version édulcorée mais rigolote de la Messe Pour Le Temps Présent, et finalement me dire que tout cela a, contre toute attente, assez bien vieilli. A l'heure ou Daft Punk cartonne avec de vrais instruments, on peut se poser des questions.

Chapitre 1 : 1977

Igor et Grishka, s'il vous plaît, re-projetez-moi à l'heure du décès de Clo-Clo, quand je mangeais mon Nutella en écoutant Space Art (ici présents, quand même, bravo, même si c'est pas Onyx, quel dommage !). Je naviguais, sidéral, entre deux faces. Je venais à peine de commander Oxygène au Club Dial que le copain à ma soeur me faisait découvrir Meddle du Pink Floyd. Contrairement à toute attente, on ne mélangeait pas tout. C'était l'été, Animals venait de sortir, et ça buzzait même dans mon petit village. 

En fait, les grands de 15 ans méprisaient ces trucs aux synthé, limite ils paniquaient. Même le disco, Cerrone en tête, c'était tabou. OK pour les synthés sur Wish You Were Here, mais Gilmour ramenait tout le monde à la maison. Et ils étaient quatre. Ils étaient un groupe. Et Kraftwerk, tout pareil, ou presque. On venait de prendre le choc pétrolier dans la figure, on parlait du prix de l'essence, de l'inflation, et ces trucs synthétiques ne nous donnaient absolument pas envie d'aller vers l'an 2000. Comment ils font ça les mecs ? Bah ils ont plein de synthétiseurs... Des trucs qu'ont pouvait même pas imaginer s'en acheter un seul, on savait même pas où, on connaissait même pas le nom de Moog. Ca a duré jusqu'au Fairlight, dans les années 1982, par là. Cette sorte de révolte ouvrière, putain, on avait des guitares, on était largués. Sauf à jouer Wish You Were Here. C'était bon pour les gosses, Oxygène, mais le mépris est venu tôt. On a continué à écouter Made In Japan longtemps.

On s'est pas fait avoir par le truc, en somme. Vite balayé avec joie par le punk. Voire même par des trucs comme Abba qui ramenaient la chanson au coeur du débat. No future pour le bling-bling.

Chapitre 2 : 2013

Chez Thomann, une guitare en bois, ça tape minimum ses 150 euros. Impossible à télécharger, une guitare. Impossible à pirater. En cherchant un peu, en vingt minutes vous êtes largement plus équipé que Jean-Michel Jarre à l'époque, côté DAW et plug-ins. T'en veux du Mini-Moog ? Du VCS 3 ? Du Prophet V ? Et ça sonne, en plus. Et on fait mieux, bien mieux, de l'hallucinant, à la portée de ta souris. Reaktor, Massive, tous ces trucs, c'est du délire ambiant. Alors tu prends n'importe quel morceau de cette compile, avec deux ans de solfège, tu fais mieux, plus groovy, plus... moins... vintage... 

En écoutant tout ça, on se dit que, paf ! boum ! ça met une calotte définitive à Daft Punk ! Justice ! Dans le livret, un des mecs de Justice t'explique combien il a été influencé par tout ça. Limite, il a jamais écouté autre chose. Ca n'est pas le problème, musicalement. Là, je me remets Magic Fly, je trouve ça toujours aussi marrant. 

Sauf qu'aujourd'hui, on est peu nombreux finalement à défendre des groupes, des artistes jouant avec des guitares en bois.

Aujourd'hui, faut jouer de l'Adobe Premiere Pro et de l'After Effects pour péter une vidéo qui crache sur YouTube. De l'Ableton Live pour sampler la 12 cordes à papa. Voire jouer vaguement un riff de guitare soi-même qu'on corrigera après coup pour qu'il soit dans le beat, pas grave.

Et s'émerveiller de ce disque, Cosmic Machine,  parce que les mecs, purée, ils avaient même pas un sequencer, ils jouaient vraiment du synthé. Et ils avaient même une sacré imagination. De belles idées.

Oui, ils en avaient. Ils se servaient aussi de leurs doigts pour créer de la musique électro. Pardon, électronique.

Chapitre 3 : 1938

La Hammond Company sort le premier synthétiseur, le Novachord. 2ème guerre mondiale oblige, le machin dure quatre ans. Franklin Roosevelt aura beau en recevoir un en cadeau, ça ne marche pas. Peut-être autre chose à faire, en 1940, que de faire des poulet-pouet sur un machin de science-fiction. Qui servira d'ailleurs toujours à ça, de la science-fiction. On peut l'entendre sur les BO du Faucon Maltais, d'Autant En Emporte Le Vent, paraît-il. Ambiance. Tout est là, ambiance. Le truc démarre.

Epilogue

Et là, nous, les Français, on est balèze pour l'ambiance. Depuis l'accordéon musette jusqu'aux discours putrides, on y met de l'ambiance, à tous les étages !!! En attendant le premier envol d'Ariane, on t'a traficoté des machins pas piqués des vers. Tiens, le Ombilic Contact de The Atomic Crocus ou le Spirit de Frédéric Mercier, on te le revendra vingt ans plus tard au niveau planétaire avec Air. Et les Quatrz te recyclent You Really Got Me d'une façon que Daft Punk se fait encore pipi dessus. Allez, Daft Punk, y'a encore des sous à faire ! Finalement ce disque devrait figurer dans toute bonne valise diplomatique d'ambassadeur culturel. Purée, comment on a bien anticipé le XXIème siècle ! Finalement, on a gagné !

Une musique d'une autre planète, ou presque.

Euh... et la guitare ?

vendredi 22 novembre 2013

GCDBMDD #3 : Agnes Buen Garnas & Jan Garbarek "Rosensfole"

Thème du jour : MUSIC FROM THE NORTH COUNTRY Un seul mot d'ordre: Nordique!

C'était une époque trouble. J'avais largué les amarres de la région en haut à droite pour faire de hautes études d'ingénieur en Bretagne, et je revenais parfois dans ce pays qui... pfff... écoutez Elsass Blues de Bashung et vous comprendrez tout cela bien mieux que si je vous faisais un beau discours.

J'avais quand même gardé quelques liens avec Claude et Valérie, qui s'étaient retrouvés haut-perchés dans un hameau dont j'ai oublié le nom sur la ligne bleue des Vosges. Complètement barrés. New Age total, retour à la cambrousse, bio à l'extrême, patin-couffin et hard krishna en veux-tu en voilà. Le genre d'andouille capables de prendre un flingue pour dézinguer tous ceux qui sont contre la non-violence, en gros.

Evidemment, les soirées se passaient à la bougie, avec du jus de pommes tellement vert qu'on n'en chopait une chiasse bien pire qu'une cuite au Picon bière, que la communion avec le cosmos prenait une part importante dans leur soliloque (j'avoue qu'au deuxième verre de jus de pomme mes intestins douloureux ne me permettaient guère plus que hocher la tête, me permettant par là-même d'évacuer un peu l'odeur d'encens qui me taraudait les narines).

Pourquoi j'y allais ? Ben y'avait une copine de lycée qui trainait là aussi, ex-junkie mais toujours belle comme un coeur et je m'étais mis dans l'idée que... enfin bref. Echec total, mais j'y croyais.

Ainsi, entre deux thés au jasmin et - non, non, le sirop de coing, j'y tiens pas - Claude nous balançait ses découvertes musicales, 80% d'ECM, 10% de Gong (heureusement) et 10% de Ravi Shankar (tant pis).

Et durant ces longs ennuis montagneux, j'ai quand même pris deux claques : Ocean, de Stephan Micus (un de mes premiers posts sur ce blog) et Agnes Buen Garnas avec Jan Garbarek (ne fuyez pas, il n'est qu'un faire-valoir ici), sur ce fichu album, Rosensfole. Reprise de traditionnels norvégiens à la sauce Dead Can Dance, ça peut faire fuir, mais ça fonctionne. C'est même, par instants, très beau. J'en veux pour preuve l'hypnotique Margjit Og Tragjei Risvollo (atchoum !), qui monte, qui monte, durant 16 minutes 15 de pur trip Jet27, menthe glacée à tous les étages.

Ce morceau, purée, ce morceau... j'ai découvert les murder ballads bien plus tard, mais là, sans rien piper à ce qui se trame, on sent bien que ce n'est pas Blanche-Neige et les Sept Nains, ni la Belle au Bois Dormant. Ca sent le drame, ça pue la mort, la fatalité, bref, c'est d'une beauté intouchable, malgré les synthés imbuvables (aujourd'hui) du saxophoniste imbuvable (toujours) et des perdus à trois balles, genre je te colle ça façon world-music, alors qu'un shawarma glacé au chocolat, ça n'a jamais fonctionné.

Je suis un peu méchant, je l'avoue. Le Jan sait faire preuve de discrétion, voire de retrait devant Madame. Oh puis zut, vous m'embêtez, les bloggeurs ! Pas envie d'analyser ce truc, pas envie d'en perdre le savant mélange de magie, de madeleine de Proust que ça me procure. Sûr pour sûr que c'est glaçant. Nordique à 100%, n'y cherchez aucune influence reggaetone ou dubstep, ça fige son homme. 

Car, visiblement, les herbes de Provence faisaient partie malgré tout de leur hygiène de vie, à Claude et Valérie. Vautré dans le canapé, je regardais fixement Brigitte et je rêvais à un amour éternel pendant qu'Agnes me chantait que ça n'existe pas. Que c'était joué d'avance. Parfois les mots sont inutiles pour comprendre. En 16'15, j'avais compris.

Désolé, j'arrête là. Trop de tourbillons spatio-temporels, contrat rempli je pense (c'est du Nordique plein pot), et désolé pour les synthés gluants qui plombent par trop les autres morceaux, plus anecdotiques, de ce disque maudit que je chéris toujours comme un Magnum (c)  de Proust, et qui, malgré les quelques 24 ans qui me séparent de ces souvenirs, ne s'est jamais décongelé dans ma discothèque. A Thor ou à raison.

Elsass blues, donc.

mercredi 20 novembre 2013

GCDBMDD #2 : The Clash "London Calling"

Thème du jour : TEEN TITAN Un disque usé jusqu’à la corde étant ado!

Non mais enfin ! Vous imaginiez quoi ? Qu'à treize ans en 1979 je dégustais Tim Buckley, Van Morrison ou Count Five ???

Ben non, désolé. Je fonctionnais à l'argent de poche, moi, môssieur !!! Y'avait Chorus, l'émission d'Antoine De Caunes le dimanche, et le mercredi, s'il me restait des sous dans la tirelire, y'avait un vinyle dans le caddie de chez Carrefour. C'est comme ça que ça se passait. Alors bien sûr j'aurais pu balancer Dylan (Street Legal et Hard Rain en l'occurrence), Led Zeppelin (IV, avec qui vous savez,), Ange (eh ouais ! Emile Jacotey) ou même le Floyd, mais The Wall m'avait ennuyé sec. LE truc de mon adolescence, c'est ce sacré album du Clash, évidemment, London Calling. Il faut parfois être plus honnête qu'entreprenant, aussi, au risque de poster le disque le plus convenu de ce concours, j'y peux rien, c'est du vrai de vrai, j'avais 13-14 ans et ce double album reste et restera la plus grande émotion musicale que j'aie vécu, toutes choses égales par ailleurs comme disait l'autre.

Je pourrais aussi vous raconter que sur Chorus, j'avais vu Joe Jackson qui m'a profondément ennuyé (et cet ennui m'a poursuivi jusqu'à ce jour), Bruce Springsteen (mais j'avais pas les sous pour acheter The River et donc la déflagration est venue plus tard) mais tout cela est sans importance.

Si un jour, j'ai arrêté d'écouter Yes, Barclay James Harvest et si j'ai compris le côté grand guignol d'AC/DC et d'Iron Maiden, c'est bien grâce à ce fichu album, impossible de le prendre en défaut. Souvenir d'une semaine à Paris, boulevard Saint-Michel chez New Rose, acheter le 45 tours de Complete Control, choix cornélien car il y en avait bien d'autres mais bon, cette pochette... creuser, encore. Armagiddeon Times, Bankrobber...

Ce disque m'a non seulement tourneboulé comme tant d'autres, mais il a à jamais fixé mon obsession du skeud. Il me fallait tout Clash. Il me fallait, par la suite, aimer les six faces de Sandinista sans discernement. Et les deux (heureusement) de Combat Rock un peu plus tard. Tout cela semblait génial, mais jamais impossible, contrairement aux hirsutes guitaristes du prog-rock ou du hard qui semblaient me dire à chaque coin de sillon "cours toujours, t'y arriveras pas !". Merde ! Le riff de London Calling, je pouvais y arriver !

Et puis cette pochette, non de dieu ! Je n'avais qu'une pauvre guitare classique à l'époque, et là, le gars, fracassait sa basse sur scène. Combien de nuits oniriques j'ai passées à rêver de la Fender Precision Bass de Paul Simonon ? En plus ! Quels salauds ! Facilitateurs d'envie, de désirs, pointant du doigt toutes mes frustrations ! eh ben si c'est pas un disque d'adolescent, je sais pas ce que c'est que ce truc.

Bien sûr, tout ceci n'est qu'un infâme ramassis de banalités. Mais, désolé, le thème du jour voulait cela. Je n'avais pas envie de tourner autour du pot.

Et puis, maintenant que ces pulsions sont bien loin, cracher aussi vertement que possible, du haut de mes 47 ans, sur l'ignoble coffret mercantile (7 CD et des bonbons pour 170 €, faudrait pas vieillir), l'affreuse compile qui vient de sortir. Heureusement que Joe n'est plus là pour voir tout ça, car il n'y a rien à entendre, en plus. On s'en fout, aujourd'hui, des inédits des Clash. Les deux live sortis précédemment sont bien merdiques et ne font que casser le rêve. Faut pas briser les rêves.

Sinon l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ?

Bon, bien sûr, y'a pas de lien, à l'époque on téléchargeait pas, et vous l'avez déjà tous, non ? Les attardés pourront l'écouter sur Spotify ;o) mais je suis pas sûr que ça fasse encore le même effet...

lundi 18 novembre 2013

GCDBMDD #1 : The Brian Jonestown Massacre "Who killed Sergent Pepper ?"

Thème du jour : THE WEAR DON'T MAKE THE MONK Pochette hideuse mais disque génial

Ouh la la, ça commence très fort, et m'est avis que le thème du jour va faire couler de l'encre sur la blogosphère musicale. A l'heure ou je commence à écrire ces premières lignes, je ne sais pas encore quel disque poster. Pourquoi ?

1. Qu'est-ce qu'une pochette hideuse ?

D'emblée, il me faudrait 25 Go pour poster tout Iron Maiden, au hasard. Jamais pu encadrer cette andouille d'Eddy qui, avec son air bêtement menaçant, constitue à lui seul une barrière infranchissable pour ne serait-ce que tenter d'écouter les disques. Et pourtant... c'est bien dommage, non ? En plus, mon petit doigt me dit que Keith - au hasard - doit trouver ces pochettes géniales.

Alors, dans le même genre, j'y balance toute la discographie de Yes (je parle des pochettes, pour l'instant, hein) et tout Pink Floyd (et toutes les pochettes d'Hypgnosis ou un truc du genre - ça m'énerve).

Je garderai donc comme définition de pochette hideuse celles dont on sent qu'elles ont pris à tout casser 3/4 d'heures de temps à un apprenti graphiste, trois filtres de photoshop et hop, vite emballé ma petite dame. Trop respectueux, malgré tout, du temps passé à fabriquer des laideries - qui suis-je pour en juger, moi qui trouve que la pochette du Led Zep IV est une des plus belles de l'histoire... Tout comme celle du Trout Mask Replica du Captain Beefheart, alors que ma chérie, lisant par-dessus mon dos, vient de m'avouer que c'est la pire qu'elle connaisse. Non. Mis à part qu'en guise de truite le Captain arbore une tête de carpe, je ne vois rien à y redire. D'emblée, sans savoir à quoi pouvoir s'attendre, on sait déjà que ça ne ressemblera ni à Simon & Garfunkel, ni à Metallica. OK, donc.

2. Un disque génial ?...

Alors là c'est pire. Ca dépend de la lune, de l'heure, de la saison, voire de ma belle-mère, de mon chat s'il a pissé dans la cuisine, etc. Il y a des choses que je ne peux toujours pas supporter, comme Joy Division (pas rien, quand même) et d'autres que j'écoute avec honte et délectation (Neil Diamond), ne cherchez pas, le disque génial se réinvente vingt fois au cours d'une journée, sans cesse le long d'une vie.

Et le pire, évidemment, c'est que parfois le disque est génial à cause - ou grâce - à sa pochette. Décidemment, un premier thème véreux, ah bravo les copains ! Comment se sortir d'une galère pareille ? M'obliger, en ce dimanche pluvieux à écouter des disques avec des pochettes moches, c'est sympa.

3. Alors quoi ?

Alors finalement, j'ai trouvé. Un petit groupe au succès d'estime, entendez par là bien trop largement méconnu, qui ose non seulement produire un disque risqué, et qui plus est de l'emballer vite fait bien fait, dans un digipack complètement cheap sans le moindre livret, juste la liste des titres et basta. Ladies & Gentlemen, this is...

The Brian Jonestown Massacre, avec l'indispensable Who Killed Sgt. Pepper.

Un album malade, comme Anthony Newcombe, le mentor du groupe, un disque de malades. Batterie apoplectique, mixage boueux, pas le moindre gimmick auquel se raccrocher. On avait connu le Brian Jonestown Massacre capable de riffs tranchants, d'une éthique rock'n'roll ratissant les poux dans la tête des Stones aussi bien que du Velvet, bref, se nourrissant de putrides protéines, mais dont on ne pouvait que se divertir, aussi. Wham Baam Thank you Ma'am, tout ça.

Ici que dalle. Let's go fucking mental !

Et mon dieu que c'est bon, quand on s'y plonge à fort volume, et qu'on attend rien d'autre que de se vriller la tête avec un précieux semblant de sado-masochisme.

Tout ça nous ramène aux meilleurs moments du krautrock, de Neu ! à Amon Düül en passant par Faust. Bref, du très grave, de l'intransigeant. Du genre, je balance le truc, rien à battre, c'est comme ça. Aucune concession.

Avec d'autant plus de courage qu'en pleine récession du marché du disque, le consommateur est d'autant plus regardant sur l'emballage que cela constitue la seule chose que le téléchargement ou le streaming ne lui offrira pas. Et là, l'emballage est piteux et moqueur. C'est le genre de disque qu'on achète par acte de foi. Parce que ça ne sent pas le packaging, et surtout, on se dit que mon dieu, qui va bien pouvoir les suivre à part moi ?

Et, peut-être, se fait-on couillonner, car sans doute sommes-nous malgré tout plusieurs milliers à penser comme ça, CQFD. Mais quel doux bonheur, quelle intime sensation d'appartenance à un groupuscule secret, à une toute petite société initiatique : Ceux Qui Ont Acheté Le Dernier Brian Jonestown Massacre. Et ça, c'est immense, on en pleure avant même que d'avoir écouté le disque, on se fait pipi dessus après l'avoir pris dans la tronche. On imagine, un instant, être de ceux qui ont acheté le premier Velvet le jour de sa sortie. On peut légitimement se sentir hautain, fier, heureux. On est dedans. On fait partie du groupe, mieux encore : du truc.

Et puis tant mieux si la pochette est moche. Elle aurait pu attirer des parasites. Tant mieux si le mix est boueux, la génération zapping passera à côté.

Ce disque est un cadeau du ciel. Je n'en avais plus connu depuis longtemps. Il m'offre à chaque fois que je le regarde, le tripote, l'écoute, le sentiment bien fugace d'être heureux de l'avoir. Et Spotify n'y pourra rien changer, jamais.

Feel It.


jeudi 14 novembre 2013

Des nouvelles...

Salut les Copains (vieux dicton) !

Eh oui, je suis bien plus absent que présent sur ce blog, même si je le laisse sous perfusion pour quelques coups de gueule, les concours des blogueurs mangeurs de disques et puis en gros basta.

Je reste néanmoins admiratif de l'intrépide ténacité de ceux que vous connaissez (Jimmy, le Zornophage qui je l'espère durant notre cohabitation a repris un peu de coeur à l'ouvrage plutôt que de faire des réunions tupperware sur amazon - il vaut largement mieux que ça, etc.), et je pleure ceux tombés pour des raisons dont on pourrait disserter sans fin mais bon, choisis ton camp camarade.

Alors, la bonne nouvelle (pour moi) : je vais bien, merci, enfin je pense. Donc pas d'inquiétude là-dessus.

Par contre, je suis en passe de réaliser un des rêves de ma vie, en dehors du succès phénoménal des Cowboys Etanches dont j'aurai la pudeur de ne pas vous parler ici car je l'ai déjà fait quinze fois (quand j'entends succès phénoménal je veux bien évidemment dire qu'en ce moment, 2-3 dates rigolotes sont vaguement prévues, et ça suffit à mon bonheur). Non, je suis sans doute rétrograde avancé mais figurez-vous que je me lance dans la radio, avec une émission que je veux décalée et sarcastique, sur une des (dernières ?) radios libres de notre beau pays. Evidemment l'audience n'est pas la même mais je vais - enfin - trouver ce divin plaisir que de causer devant un micro pour raconter des âneries et contribuer à faire découvrir (peut-être) Zappa, Robert Wyatt, et tant d'autres, auprès de gens près de chez moi qui en ignorent peut-être encore l'existence. Pour l'ami Echiré79, c'est de D4B dont je parle, ça doit lui parler.

Alors tout se télescope en ce moment : un boulot vraiment pas facile, le grand concours, la radio, les Cowboys, bref, c'est chaud bouillant.

Donc, mes petits chéris, je vous aime toujours autant mais je vous prie de m'excuser de ne pas être mono-tâche ni exclusif de ce blog comme j'ai pu l'être. Toute mon admiration, encore une fois, à ceux qui continuent malgré tout et contre vents et marées à défendre avec rage et passion ce qu'on sait tous via internet. Je suis, et resterai des vôtres mais j'ai besoin de m'oxygéner dans le local, dans le quotidien, et j'espère que vous ne prendrez pas cela pour une trahison.

J'arrête, j'ai l'impression de faire un discours politique, ça m'énerve.

Je vous bise tous, et à très bientôt.

Jeepee

dimanche 10 novembre 2013

#168 : Bob Dylan "World Gone Wrong (remastered)"

Au fond du trou.

Suite à une gros grosse série d'albums dispensables pour qui n'est pas/n'a pas su entrer dans son univers, Dylan arrête tout. Crée le buzz un instant avec Good As I Been To You, parce que se produisant seul à la guitare sèche, comme à ses débuts mais... point de Blowin' In The Wind dans tout ça, juste des reprises dont on ne sait trop d'où elles sortent. Alors, le buzz, passé quinze jours, terminé. On est en 1992, Nirvana déboule avec son Nevermind, on a bien d'autres choses à faire, pour rester poli...

Alors, imaginez lorsqu'un an plus tard déboule ce World Gone Wrong. On aura pu s'interroger un instant sur la pochette, l'une des plus belles (ou des moins moches, c'est selon) de sa carrière, mais quand le bling-blang redéboule, il n'y a plus personne.  D'autant que si le mixage de Good As I Been To You tentait de camoufler la solitude d'un Bob tout seul avec sa guitare en amplifiant les basses fréquences, ici le Zim semble avoir clairement expliqué la situation à l'apprenti ingénieur du son derrière les manettes (qui aurait voulu s'occuper d'un truc pareil, par ailleurs ?). Ca grince dès le départ. Dans les dents. Le monde est parti de travers. World Gone Wrong. Kurt Cobain est à deux doigts de se mettre le pétard sur la tempe. Le grunge, c'est déjà presque terminé. Qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ?

Les Mississipi Sheiks, au hasard. Blind Willie Mc Tell, toujours. Et la légende de Stack-a-Lee, peu importe l'orthographe qu'on lui donne. Et Jack-a-Roe. Il n'est plus question ici d'être aussi bon qu'il l'a été pour vous en vous présentant des vieilleries ma foi jolies. Tout est parti de travers, et les notes de pochettes de l'album sont explicites. Le (déjà) vieux Zim en prend acte, et donne ici - à sa façon - le départ du never ending tour. Qu'il déclare depuis longtemps clos (depuis le départ du guitariste G.E. Smith, l'animal est précis...).

Puisque tout cela n'a plus aucun sens, autant tourner autour du pot jusqu'à ce que mort s'en suive, autant tourner autour du lampadaire, sans jamais s'y cramer car l'animal est adroit.

A ce jour, le lampadaire vacille mais éclaire encore vaguement un ciel sans lune. Un ciel sans lune qui n'a jamais été mieux dépeint que dans cet album définitif.

Un an plus tard, Kurt Cobain reprendra le In The Pines, idiotement renommé Where Did You Sleep Last Night de Leadbelly (tiens donc !) parce que couplet/refrain (ou copyright/copytheft ? oblige), se tirera une balle et voilà. World Gone Wrong, il vous l'a dit, non ?

Sitting On Top Of The World... comme toujours...

jeudi 31 octobre 2013

#167 : The Waterboys "Fisherman's Box"

Il va falloir vous dépêcher si vous ne comptez pas acheter la chose. Le lien vacillera vite. Je n'ai plus l'énergie de poster - vous l'avez remarqué - et encore moins de ripper, uploader, vérifier... etc.

Ceci dit, cela n'est pas tous les jours que le Saint-Graal passe devant votre porte.

Ce coffret, j'en ai rêvé, et même plus, je n'ai plus osé en rêver. Même pas possible. Passe le temps, et l'impossibilité du truc n'a fait que se rigidifier dans le manque d'importance croissant de l'album originel, Fisherman's Blues. Qu'en est-il aujourd'hui de ce disque ? Un machin pas trop raté dans les années 1980 grâce à l'orientation folk du truc, mais avec le temps, on est allé tellement plus loin sur ce terrain qu'on pourrait penser que cette pulsion originelle, osée car au mauvais moment, ne reste plus qu'une anecdote pour vieux cons usés à l'époque par ce putain d'écho sur la caisse claire, qu'ils ne trouvèrent pas ici, ni même que ces guitares à l'écho baveux pourtant estampillé irlandais par les improbables U2.

Alors ?

Alors, au fin fond de la campagne, un vieux con pleure de bonheur.

Ayant déjà frisé l'infarctus lors de la réédition Deluxe, il s'étonne d'être encore de ce monde en écoutant les Windmill Lane sessions (qu'il avait déjà en pirate, mais les palliers sont indispensables lors de ce genre d'événément), oops, le premier CD de cette chouette collection.

Et voici que le 2ème CD s'emballe dans la platine et...

...oui, c'est sympa, mais là, le vieux con se met à pleurer. Et doit admettre cette triste constatation.

Tout cela reste très sympa, mais au final témoigne du fait que Mike Scott aura mis deux ans à produire un album, légendairement issu de sessions diverses, variées, fructueuses... bôf. Au final, les quatre-cinq idées du disque sont ici répétées 15000 x, et peu importe la reprise, le thème qu'elles embrassent.

Certes, cela rappelle le travail de recherche de Dylan dans les Basement Tapes, mais au final, contrairement au vieux Bob, l'édition de ces choses n'apporte rien, sinon le fait que l'album reste toujours parfait, que Mike Scott à l'époque avait fait le bon choix, et qu'il apparait même gênant de le voir ici errer, alors que l'original était une roquette, une balle en plein coeur, un chef-d'oeuvre incontournable, parce que dosage parfait, enchaînements à pleurer, tout ça tout ça.

Lorsque vous dégustez un foie gras à Noël, vous est-il vraiment indispensable de visionner d'abord un reportage sur le gavage des canards, leur abattage, l'éviscèrement ? Je ne crois pas.

L'histoire avait retenu un chef-d'oeuvre, là voilà tourneboulée par une révision drastique de la chose. Ou plutôt une mise à disposition d'un making-of plutôt laborieux, qui plombe la légende plus qu'elle ne la sert.

Et le vieux con de continuer de pleurer.

samedi 21 septembre 2013

#166: Frank Zappa "Civilization Phase III"

Je m'attaque à du lourd, du présumé indigeste. Le dernier album de Zappa, sorti, si ma mémoire ne m'abuse pas, post-mortem, et tout interprété au Synclavier, ancêtre clavier des possibilités quasi-infinies offertes aujourd'hui pars des logiciels divers et variés (voyez par exemple Komplete chez Native Instruments, si le "son" est votre seul problème...).

Donc, ici, pas de ces mélanges live/studio, bêtises à trois balles/soli qui tuent. Du contemporain, pourrais-je dire. Sans doute nos amis maîtrisant Boulez et Messian sont-ils ici en terrain conquis, voire vomi, mais moi je n'y suis pas. Je demeure un fan ébahi de Stinkfoot et Don't Eat The Yellow Snow (j'ai reécouté Apostrophe hier, quel putain d'album, quand même), même si je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il faut commencer par un Zappa "abordable". Bande de tarlouzes, j'ai démarré avec Uncle Meat, alors vous le pouvez aussi !

Civilization, c'est autre chose. Le Zappa a la prostate flinguée, l'espérance de vie réduite au stricte minimum, et, par chance, n'ayant sans doute plus la force de faire ça on stage, profite dans ses derniers instants d'un balbutiement technologique qui lui permet de supporter sa chimio en continuant à composer, envoyer, balancer, directement de chez lui, sans ces galères de location de studio, d'embauche de musicos qui, au début des années 1990, ne devaient guère être nombreux à vouloir tenter le coup.

L'heure était au grunge, cette espèce de punk avec cheese-burgers et bermudas, et donc, définitivemet intolérante à l'idée d'un donut avec Varese, surtout s'il fallait se fader de vieux briscards jazz-rockeux que le désherbage massif du punk-rock n'avait pas réussi à écarter.

Alors, Frank Zappa est mort.

Alors, Civilization Phase III est malgré tout sorti, et a procuré l'effet d'un disque de Yes pendant l'entr'acte d'un concert entre Adam & The Ants et Nina Hagen.

Aujourd'hui, nous sommes en 2013 et toutes ces choses n'ont plus d'importance. Les premières mesures au Synclavier mettent en évidence qu'on n'a guère fait de progrès en matière de sampling, et que - surtout - le bouton Quantize qui permet à chaque apprenti DJ de faire sonner n'importe quel loop de je-ne-sais-pas-qui avec le prochain morceau electro n'a ici jamais été pressée. Facile, elle n'existait sans doute pas.

Aujourd'hui, cet album sonne merveilleusement mieux qu'à l'époque. Habitués aux sonorités numériques, on arrive peut-être enfin à retrouver le Zappa qui se cache derrière, le nez sur les patoches, la moustache altérée par la chimiothérapie certes, mis toujours ces intermèdes comme au bon vieux temps d'Uncle Meat. Rester muet devant le fait que rien ici n'est improvisé, mais simplement (?) issu de la défunte cervelle du Maître, qui coucha jadis ces partitions sur son Synclavier, note par note. Des choses injouables, par moments, par n'importe desquels des musiciens qu'il a pu contacter au bon vieux temps où la musique était jouée par des musiciens. jette sur ces modestes ordinateurs, et sort ici l'oeuvre ultime. Datée, certes, donc ultime, uniquement un temps. Mais ce temps peut aujourd'hui ne toujours pas sembler si déplacé que cela.

Et ressentir, aussi, le fait que cela sent le sapin. Un semblant de mélancolie dans l'absurde. Et prendre en pleine face ce dernier hymne, Amerikka. Comme un hommage à Harry Smith. Chaque note est jouée par un instrument différent, ou presque. World Music ?

N'étant plus contraint par cela, étant juste contraint par le temps qui finirait par ne plus passer, Zappa se jette sur ces modestes ordinateurs, et sort ici l'oeuvre ultime. Datée, certes, donc ultime, uniquement un temps. Mais ce temps peut aujourd'hui ne toujours pas sembler si déplacé que cela.

Et tout cela au hasard, tiens, là, je suis en train de kiffer bêtement sur I Was In A Drum. Mais d'autres monuments l'ont précédé.

Ecoutez donc Civilization.

Et posez-vous la question de ce que l'on fabrique, aujourd'hui, avec des ordinateurs 1000 x plus puissants, des logiciels 1000 x plus conviviaux.

Celui qui oserait une oeuvre ne serait-ce que cent fois moins ambitieuse que celle-là me laisserait déjà sans voix.

Autant dire qu'à ce niveau, cela me laisse sans texte.

Hot & Putrid.

lundi 2 septembre 2013

#29Z: En quittant Jeepeedee...

Amis de la blogosphère, bonjour.

Jeepeedee ayant finalement décidé de refaire surface, mais prévoyant, de mon côté, d'être très occupé par mon nouveau projet, c'est le cœur lourd que je livre mon ultime billet pour cette excellente maison. Je vous donne désormais tous rendez-vous sur Le Zornophage (ça démarre aujourd'hui) et Mange mes disques  (jusqu'à quand, on verra).

Mais, parce que je ne pouvais décemment pas partir sans une dernière offrande, c'est avec un intense plaisir que je vais parler maintenant d'un groupe qui, je l'espère, plaira au Maître des Lieux : ZZ TOP !



Quelques mots sur le groupe :
Ha ! ZZ Top (prononcez "zizi" comme la chanson de Pierre Perret mais avec beaucoup plus de poils !) ! Le Texas, les barbes, les filles, les bagnoles et les guitares en peluche... Oui, c'est tout ça ZZ Top si vous vous en tenez à l'acceptation "MTV" du trio. Une définition sommaire qui ne tient, finalement, que pour 2/3 albums, d'Eliminator à Recycler, de 1983 à 1990... C'est un peu court pour une carrière couvrant 4 décennies, trop court pour s'en contenter.
 
Déjà il y a le miracle d'une formation inchangée (sauf à considérer la phase archéologique du groupe, sa préhistoire, avant même leur premier album)... En trio, vous me direz, c'est moins difficile mais, tout de même, ce n'est pas si courant.
 
Autre quasi-anomalie, une presque absence d'album live (pour un groupe pourtant fort incisif dans l'exercice), il y a bien une petite moitié de Fandango (1975), quelques autres sur XXX (1999) et deux semi-officiels chez Eagle Rock (sortis respectivement en 2008 et 2011, pas la panacée, ces derniers d'ailleurs)... C'est peu.
 
Comme de n'avoir sorti que 15 albums en quarante et quelques années (avec un trou de neuf ans entre Mescalero et La Futura, ça fait baisser la moyenne) pour, pourtant, une musique qu'on imagine vite troussée, pensez !, du blues rock ! Mais c'est, justement, dans la simplicité de la formule que s'explique la difficulté du renouvellement (demandez à AC/DC ce qu'ils en pensent !).
 
Pour toutes ces raisons, et quelques autres encore, il n'est pas inutile de cheminer le long de la route tracée par Billy Gibbons, Dusty Hill et Frank Beard lors de la première partie de leur carrière, celle correspondant aux années Warner Bros et est justement couverte par le (chiche) coffret ici commenté.
 
Et donc...


Quelques mots sur chaque album :

ZZ Top's First Album (1971)

A peine un an et demi que le trio est réuni et déjà un premier album. Un album hésitant, incertain mais où les germes du son du plus grand groupe texan de tous les temps sont déjà bien présents. C'est donc de blues gras mais pas sans nuance dont il s'agit avec, en tête de gondole, la guitare toute en fuzz et en feu de Billy Gibbons.
S'il n'y a pas vraiment de classique sur ce First Album, on y retrouve cependant 10 solides chansons non-exemptes de l'humour déjà graveleux (ça ne fera que s'accentuer) des trois de Houston.
A noter l'usage du mix d'origine, inédit en cd jusqu'à ce jour, pour cette édition qui restaure donc l'opus dans son originale crudité... Et c'est très bien comme ça !

1. (Somebody Else Been) Shaking Your Tree 2:32
2. Brown Sugar 5:22
3. Squank 2:46
4. Goin' Down to Mexico 3:26
5. Old Man 3:23
6. Neighbor, Neighbor 2:18
7. Certified Blues 3:25
8. Bedroom Thang 4:37
9. Just Got Back from Baby's 4:07
10. Backdoor Love Affair 3:20

Billy Gibbons – guitar, vocals
Dusty Hill – bass, keyboards, vocals
Frank Beard – drums, percussion


Rio Grande Mud (1972)

Dans la boue du Rio Grande, on retrouve un ZZ Top inchangé, parangon d'un blues gras, franc et pas si bêta qu'il n'y parait.
En son temps, l'album aura aussi peu de retentissement que son devancier avec lequel il rivalise d'ailleurs en qualité. Manquait sûrement un single accrocheur, cette petite étincelle qui fait sortir une formation de la masse de ses concurrents... Ca viendra, bientôt !
En attendant, comme pour le ZZ Top's First Album, on apprécie la restauration du mix originel et donc d'un son bien roots qui sied définitivement mieux à cette musique que son "update" 80s.

1. Francine 3:33
2. Just Got Paid 4:49
3. Mushmouth Shoutin' 3:41
4. Ko Ko Blue 4:56
5. Chevrolet 3:47
6. Apologies to Pearly 2:39
7. Bar-B-Q 3:34
8. Sure Got Cold After the Rain Fell 7:39
9. Whiskey'n Mama 3:20
10. Down Brownie 2:53

Frank Beard – drums, percussion
Billy Gibbons – guitar, vocals
Dusty Hill – bass guitar, keyboards, vocals


Tres Hombres (1973)

Premier classique et album de l'explosion commerciale des trois texans, Tres Hombres est toujours, 4 décennies après sa sortie, une galette indispensable aux amateurs de blues électrifié.
Tout y est un égal bonheur à commencer par Jesus Left Chicago, Beer Drinkers & Hell Raisers (bientôt repris par Motörhead) et, évidemment, l'indéboulonnable classique qu'est La Grange.
ZZ Top finira éventuellement par dépasser ce premier haut-fait (avec l'excellent Degüello), mais de peu.
En un mot comme en mille : essentiel !

1. Waitin' for the Bus 2:59
2. Jesus Just Left Chicago 3:30
3. Beer Drinkers & Hell Raisers 3:23
4. Master of Sparks 3:33
5. Hot, Blue and Righteous 3:14
6. Move Me on Down the Line 2:32
7. Precious and Grace 3:09
8. La Grange 3:52
9. Shiek 4:05
10. Have You Heard? 3:15

Billy Gibbons – guitar, vocals, slide guitar
Dusty Hill – bass guitar, keyboards, vocals
Frank Beard – drums, percussion


Fandango ! (1975)

Mi-live, mi-studio, mais intégralement composé de matériau original ou presque (voir le medley incluant quelques extraits de leur catalogue passé), Fandango! est un drôle d'animal.
La face live bouillonne des interventions d'un Billy Gibbons dans une captation alliant crudité et savoir-faire (du vrai live, quoi !) quand la face studio propose une impeccable collection de compositions désormais référentielles dans le répertoire du trio : l'énergique et groovy Nasty Dogs and Funky Kings, le magnifique blues calme Blue Jean Blues ou le direct et efficace boogie Tush (au riff outrageusement plagie par Motörhead sur No Class).
Comme son devancier, Fandango! est un album classique et un essentiel pour tous les amateurs du genre.

1. Thunderbird 4:08
2. Jailhouse Rock 1:57
3. Backdoor Medley 9:25
4. Nasty Dogs and Funky Kings 2:42
5. Blue Jean Blues 4:43
6. Balinese 2:39
7. Mexican Blackbird 3:07
8. Heard it on the X 2:24
9. Tush 2:15

Billy Gibbons – guitar, vocals
Dusty Hill – bass guitar, keyboards, vocals
Frank Beard – drums, percussion


Tejas (1976)

Avis partagés pour le 5ème album de Gibbons & Co.
Si tout y est excellemment joué, ces gars savent définitivement faire !, on regrettera une totale absence de morceaux classiques.
C'est néanmoins un album qui s'écoute avec un vrai plaisir d'autant qu'on le retrouve ici dans son mix originel et plus dans l'approximation de sa précédente réédition cd pour lequel il avait été remixé pour contenter les hordes de fans du "new ZZ Top".
Pas le plus essentiel de la première partie de la carrière des deux barbus et du moustachu mais du bon boulot de professionnels accomplis.

1. It's Only Love 4:22
2. Arrested for Driving While Blind 3:09
3. El Diablo 4:22
4. Snappy Kakkie 2:59
5. Enjoy and Get It On 3:26
6. Ten Dollar Man 3:42
7. Pan Am Highway Blues 3:15
8. Avalon Hideaway 3:07
9. She's a Heartbreaker 3:02
10. Asleep in the Desert 3:24

Billy Gibbons – guitar, vocals, harp, fiddle
Dusty Hill – bass, keyboards, vocals
Frank Beard – drums, percussion


Degüello (1979)

Avec Degüello, on reste fondamentalement dans le ZZ Top classique soit une musique rock fermement ancrée sur des bases blues, bien ancrée même.
Sauf qu'ils ont des envies de rythm'n'blues (les cuivrés She Loves My Automobile et Hi Fi Mama, en plus d'une reprise de Sam & Dave/Isaac Hayes, I Thank You, à la sauce "ZZ") et de bizzareries (Manic Mechanic... on croirait presque, presque j'ai dit, du Frank Zappa ou du Rush, excusez du peu !). Et des blues laidback d'une beauté à pleurer (I Thank You, A Fool for Your Stockings, Esther Be the One) même si pas forcément textuellement très fins (le sous-entendu sexuel reste la marque de fabrique la prose Gibbonsienne).
Et ce n'est pas fini ! Parce qu'on sent bien ce petit côté jazzy de l'excellent Cheap Sunglasses. On a même droit à un pur blues électrifié pur sucre avec la reprise du Dust My Broom de Robert Johnson. Finalement, de typiquement ZZ Topien, correspondant à l'image d'Epinal du rock blues à nanas et bagnoles, il n'y a que I'm Bad I'm Nationwide (un classque !) et Lowdown of the Street, et encore !, ça ne déborde que modérément d'électricité.
Ce n'est pas à dire que l'album est molasson, tout le contraire ! Cette variété, cette versatilité instrumentale, cette experstise à instiller sa marque dans tous les genres aussi, participent grandement au dynamisme communicatif de la galette.
(chronique complète ici)

1. I Thank You 3:23
2. She Loves My Automobile 2:24
3. I'm Bad, I'm Nationwide 4:46
4. A Fool for Your Stockings 4:15
5. Manic Mechanic 2:37
6. Dust My Broom 3:06
7. Lowdown in the Street 2:49
8. Hi Fi Mama 2:23
9. Cheap Sunglasses 4:48
10. Esther Be the One 3:31

Billy Gibbons – guitar, vocals
Dusty Hill – bass, keyboards, vocals
Frank Beard – drums, percussion


El Loco (1981)

Jusque là tout allait bien... Et puis El Loco.
Fondamentalement, ce n'est pas un mauvais album et, de fait, il s'écoute sans déplaisir oui, mais déjà on sent le trio à la recherche d'autre chose, d'une immédiateté mélodique un peu forcée qui ne leur sied que modérément au teint.
Album de transition, quasi-exempt de classiques, El Loco annonce l'ére MTV du trio sans vraiment s'y lancer corps et âme. Il n'est pas, non plus, gâté par une pochette assez ridicule.
Les ZZ Top sont fatigués, leur formule s'est usée, il est temps de passer à autre chose.

1. Tube Snake Boogie 3:03
2. I Wanna Drive You Home 4:44
3. Ten Foot Pole 4:19
4. Leila 3:13
5. Don't Tease Me 4:20
6. It's So Hard 5:12
7. Pearl Necklace 4:02
8. Groovy Little Hippie Pad 2:40
9. Heaven, Hell or Houston 2:32
10. Party on the Patio 2:49

Billy Gibbons – guitar, vocals
Dusty Hill – bass, keyboards, vocals
Frank Beard – drums, percussion


Eliminator (1983)

L'album d'ouverture de la période dont il est désormais bon de dire du mal, album opportuniste voyant les ZZ Top moderniser à outrance leur blues'n'boogie à l'aulne de nouvelles technologies plus compatibles avec une jeune génération qui, jusque là, leur échappe.
Présenté comme ça, description objective qui plus est, on se dit qu'il est temps de prendre ses jambes à son coup et de tirer un trait sur un trio qui fut pourtant une impeccable machine de guerre... Mais non !
Parce qu'il y a les chansons et qu'elles sont plutôt (très) bonnes et que, finalement, cette redéfinition du son leur donne un sacré coup de jeune.
De fait, l'album ne manque pas de mélodies imparables (de Gimme All Your Lovin' à Sharp Dressed Man en passant par Legs ou TV Dinners) et de chansons justement passées à la postérité.
Définitivement, il est un peu facile de conspuer un groupe qui ose (le pari n'était pas gagné d'avance) et atteint le cœur de la cible avec ce qu'il est toujours convenu de considérer comme un album classique qui, finalement, vieillit plutôt bien malgré une mise en son définitivement ancrée dans les années 80.

1. Gimme All Your Lovin' 3:59
2. Got Me Under Pressure 4:00
3. Sharp Dressed Man 4:13
4. I Need You Tonight 6:14
5. I Got the Six 2:52
6. Legs 4:35
7. Thug 4:17
8. TV Dinners 3:50
9. Dirty Dog 4:05
10. If I Could Only Flag Her Down 3:40
11. Bad Girl 3:16

Billy Gibbons – guitar, vocals
Dusty Hill – bass, keyboards, vocals
Frank Beard – drums, percussion


Afterburner (1985)

Qu'il a dû être difficile de renouveler la tour de force Eliminator aussi improbable que réussi et, de fait, ZZ Top n'y parvinrent que partiellement sur Afterburner.
Ho, il y a de bonne choses sur l'album (Sleeping Bag, Rough Boy, Velcro Fly, tous sortis en singles d'ailleurs) mais l'ensemble ressemble trop à un Eliminator-bis pour qu'on ne sente pas l'opportunisme commercial qui régit sa confection.
Au final, l'effet de surprise passé, on ne se retrouve qu'avec un bon album là où son devancier avait fait tourner les têtes. Ce qui n'est déjà pas si mal mais pas suffisant quand on connait le talent et la rouerie habituelle du trio.

1. Sleeping Bag 4:03
2. Stages 3:32
3. Woke Up with Wood 3:45
4. Rough Boy 4:50
5. Can't Stop Rockin' 3:02
6. Planet of Women 4:09
7. I Got the Message 3:27
8. Velcro Fly 3:29
9. Dipping Low (In the Lap of Luxury) 3:11
10. Delirious 3:41

Billy Gibbons – guitar, vocals
Dusty Hill – bass, keyboards, vocals
Frank Beard – drums


Recycler (1990)

La fin des haricots ou le début d'un nouveau chapitre ? Les deux mon général !
D'un côté, on sent la tentation d'un salvateur retour aux sources, d'un autre, un conservatisme commercial à reconduire une formule qui a si bien marché et établi ZZ Top comme un phénomène mondial.
Cinq longues années après Afterburner le boogie synthétique ne passe plus si bien, la faute sans doute à des chansons moins convaincantes, et les retours aux sources ne sont pas encore assez réussis pour sauver l'album, comme si la formule s'étaient perdue sous les claviers et programmations des années 80. Ceci dit, My Head's in Mississipi, un La Grange bis mais néanmoins réussi, apporte un vent frais à un album qui en manque cruellement et pointe clairement la voie à suivre... Ce qui sera fait dès Antenna, successeur de ce Recycler mi-figue mi-raisin et un peu rance, mais c'est une autre histoire sur un autre label et donc absent de ce coffret des années Warner Bros.

1. Concrete and Steel 3:45
2. Lovething 3:20
3. Penthouse Eyes 3:49
4. Tell It 4:39
5. My Head's in Mississippi 4:25
6. Decision or Collision 3:59
7. Give it Up 3:24
8. 2000 Blues 4:37
9. Burger Man 3:18
10. Doubleback 3:53

Billy Gibbons – guitar, vocals
Dusty Hill – bass, keyboards, vocals
Frank Beard – drums, percussion


Sur le coffret et conclusion :
Formellement, ce coffret à bas coût est un beau bordel. Entre les albums restaurés dans leur mix originel (ceux qui avaient été précédemment charcutés pour ressembler à l'image du MTV Top), les remasterisés et ceux livrés tels quels, le manque de cohérence est criant. Clairement, ce n'est pas un coffret d'exception comme ceux de (au hasard) Genesis ou Pink Floyd. Il faut aussi souligner la présentation cheapissime (petites pochettes cartons sans livret, pas de bonus). Ca n'enlève évidemment rien à la qualité de la musique et, franchement, avec un prix si bas, on pouvait difficilement en attendre plus. Que ceux qui ne sont pas satisfaits se procurent en complément Chrome, Smoke & BBQ, coffret bourré d'inédits, de raretés, etc. En l'occurrence, The Complete Studio Albums 1970-1990 est un outil idéal de découverte d'un groupe trop souvent mal considéré dont on réévalue ici l'importance historique et la qualité globale (plutôt très bonne).

PS:
les liens sont oranges!