J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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lundi 11 juillet 2016

#190 : Van Morrison "Unplugged In The Studio 1968-71"

Encore ?

Ben oui.

D'aobrd, c'est pas moi qui ai continué, c'est le Zornophage, qui a eu la bonne idée de re-proposer Astral Weeks dans sa version nouvellement masterisée avec ses bonus tracks intelligents. Alors ça pousse à continuer à creuser, ou à pomper selon que vos affinités vont vers la famille Ewing ou les Shadoks.

Car il est de ces artistes un peu... hmm... accaparants. Genre, des années après, vous tombez sur une bête vidéo youtube, un peu par hasard, et six mois plus tard vous vous réveillez dans un recoin mal famé du web à pister le n-ième bootleg qui vous manque, modeste os à ronger pour assouvir votre passion nouvellement réveillée. Le Grateful Dead m'a occupé de décembre à mai, grosso modo, et un disque dur d'un téra octets plus tard, je me retrouve bêtement à re-écouter Europe 72. Bon, tout ça pour ça ?

Ben Van Morrison est en train de me faire le même effet, à ceci près que - croix de bois croix de fer - je m'étais juré, une fois le célèbre bootleg enregistré aux Pacific High Studios récupéré, de m'arrêter là.

C'était sans compter sur celui-là, de bootleg. J'avoue être assez béotien dans l'oeuvre de l'irlandais grincheux en matière de discographie parallèle, même si je suis l'heureux possesseur du Live At The Roxy publié par Warner uniquement à l'attention des radios à l'époque, et donc j'ignore majestueusement si je vais vous laisser sur le carreau avec cet objet ou, si au contraire, je suis la dernière des andouilles à avoir découvert ce truc avant-hier. Tant pis, ne serais-je que l'avant-dernière des andouilles, ô dernière, ce post est pour toi.

Car bon, on tient quand même ici quelque chose d'assez incroyable. D'abord, les bootlegs, on le sait tous, ça te fait rêver le temps de la convention de disques, ou le temps que le torrent s'installe sur ton ordi. Que de chimères j'ai pu vivre avec ces satanés trucs ! The Alternate Beggars Banquet, The Complete Led Zeppelin Studio Outtakes, j'en passe, des pires sans doute, que des choses qui vous mettent la tête en vrac mais qui, une fois les premières notes (le début de la bouillie) sortant des enceintes, vous rendent piteux et tristes. Ah... ouais... bon, ben... euh...

Dans ce cas précis, ha ! Je m'y attendais ! Un titre aussi couillon (personne n'était unplugged, en 1968, dieu merci), on ne m'aurait pas. Je téléchargeai donc juste, simplement, pour me rassurer. Prêt à envoyer le machin à la corbeille. Parce que, quand même, Van Morrison + acoustique + 1968 = des frissons partout, on pense bien sûr à un voire des inédits des sessions d'Astral Weeks, hein !  Ce qui, pour ce qui me concerne, reviendrait à entendre, à cinquante balais, la voix céleste du Graal d'Avalon me tomber dans les écoutilles. Non non non, Jeepee, tu n'y crois pas, ça va être un pâle alternate mix de Sweet Thing enregistré depuis les chiottes, au mieux. Et ce n'est pas parce que la lecture du livret d'Astral Weeks mentionne que, devant la palanquée de jazzmen aguerris lui servant de musiciens de studio, Van The Man jouait le morceau là, comme ça, à la sèche, et que, hop, tout le monde enregistrait, qu'il en existait une quelconque trace.

Ben si.

The Way Young Lovers Do, par exemple. Le seul morceau cuivré d'Astral Weeks, ici présenté dans une version guitare/voix à tomber. Je rêve. Non, tu tombes. Parce qu'en plus, Van The Man avait beau pousser la chansonnette pour expliquer la structure (?) et montrer la grille d'accord aux musiciens, il ne pouvait pas s'empêcher de le faire comme si sa vie en dépendait. Alors le teckel Jeff Buckley, couché s'il te plait. Ecoute le Monsieur, tu reprendras la brasse coulée dans le Mississippi après.

Et le reste à l'envi, oserais-je dire. Ballerina suit le même traitement. Et à la fin de l'album, vlan, patatrac, I Need Your Kind Of Loving et Lorna, deux outtakes complètement terminés du divin album. Fais avec ça, mon garçon,

Le reste capte notre héros sur la période Moondance (pas de redite avec le coffret sorti il y a deux ans), His Band And The Street Choir et Tupelo Honey. Autrement dit, du zénith (Moondance) au coucher de soleil, Van plongeant gentiment dans la soul-jazz un peu trop convenue, laissant l'épisode Astral Weeks définitivement en plan, ou presque. Et là, oui, on peut parfois (pas toujours, voir le live dont j'ai parlé récemment) reprocher à notre celte bougon d'en rajouter parfois jusqu'à la nausée, de cuivres, de choeurs, de tout un tas de trucs dont on pourrait se passer. Et j'en veux pour preuve la version acoustique de And It Stoned Me, à tomber. On patauge ici dans la béatitude, Van Morrison pratiquement alone, juste cette voix incroyable, et l'on se plait à rêver à une carrière menée avec un peu plus de sérieux et moins de crème chantilly.

Alors, promis ou tant pis, après celui-là j'arrête. Je vous laisse chercher ailleurs, Moondance, bien sûr, mais aussi Enlightenment, ou No Guru No Method No Teacher et d'autres. Et je vous laisse vous remettre, aussi, de l'émotion.

These Dreams Of You

7 commentaires:

  1. Salut Jeepeedee! Je crois bien l'avoir proposé sur mon blog à un moment ou à un autre celui-là.. Donc je ne peux que saluer ce bon choix. Merci!

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  2. Tu m'as vendu du rêve! J'ai hâte de rentrer ce soir pour pouvoir le récupérer. C'est la période que je connais le plus (et que j'apprécie le plus aussi). Vu de loin, ça ressemblerait à la compil' parfaite...

    Marrant cette quête du bootlegs et autre alternate take. Pour ma part, les rééditions CD avec leur bonus à ne plus en finir ont souvent tendance à gacher mon plaisir plus qu'autre chose (à de rares exception près). Comme si étirant le plaisir on finissait par le tuer...

    Du coup, par ta faute, faut que je récupère aussi No Guru no method No teacher dans la foulée.

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  3. En même temps, si les "bootlegs" étaient géniaux, les labels et les artistes ne se seraient pas privés pour les faire paraître officiellement. Cela dit, il doit bien en exister une poignée que je vénère.

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    1. Ca se discute, ceci dit, tu ne m'enlèvera pas les 30 secondes de rêves les plus fous à la découverte de certains d'entre eux. Va savoir pourquoi ce que me laisse à moitié indifférent sous forme de Bonux track me fait frétiller sur un bootleg... Ah ma foi on est tous un peu cinglés, non ?

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    2. Evidemment que nous sommes tous un peu cinglés, sinon, nous aurions des activités normales, comme les vrais gens!
      C'est logique que tu sois plus attaché aux bootlegs plutôt qu'aux bonus tracks, ils font partis de ton cheminement de fan, et ils sont plus rares - ce qui a toujours été important pour tout dingue qui se respecte. Quand on était gamin et qu'on fouillait la discothèque des copains, on savait qu'il y avait une différence entre celui qui possédait un exemplaire de "And so on" (exemple cité presque au hasard!) et celui qui ne possédait que la discographie officielle...

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