J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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mardi 1 juillet 2014

#173 : Alice "Arrêtez Le Monde" (vinyle rip)

Allez, dans l'ordre, que retient-on ? Magma ? Ange? Téléphone et Trust ? Noir Désir ? etc. Je dis etc. parce que la suite m'intéresse moins que le début. Permettez-moi d'évacuer les Chaussettes Noires et le reste. Soyons sérieux. Pendant que la perfide Albion nous gratifiait de David Bowie, King Crimson, Yes et Genesis (malheureusement, aussi...), la Phrance aurait continué à danser le yé-yé, ou écouter Stone & Charden ?

Merdre, non.

Il s'y est passé plein de choses. Détestables, re-évaluables (Il Etait Une Fois, j'insiste), et oubliées. Qui faisaient pourtant la une de Pop 2, pour les plus vieux d'entre nous, cela veut dire quelque chose, pour les plus jeunes ça veut dire que si vous avez aujourd'hui des écrans plats c'est que même nous, les dinosaures, avons un jour trouvé 25 minutes d'intérêt à la télévision.

Ainsi, batifolant dans ma collection (un bien grand mot) de vinyles, acquis à une époque où on me riait au nez quand je passais à la caisse chez Emmaüs, je suis tombé sur ce disque d'Alice. Arrêtez le Monde. Rien que le titre, sans doute, avait dû suffisamment me faire rire pour que je lâche les 50 centimes demandés. Et puis, pris par l'argent comme nous tous, je n'y avais plus accordé le moindre semblant d'importance.

Jusqu'à tomber sur cette émission de Pop 2, sur ina.fr, durant laquelle les gars m'ont paru sympathiques. A l'écoute du disque, ils me l'ont paru aussi. Parfois insupportables (Byzance), parfois désuets (Arrêtez Le Monde), parfois carrément dans le truc. Le truc, vous savez. Cette impression de toucher un bref moment de volupté. Le Roseau, en l'occurrence, ou au moins son intro, beau riff de guitare aujourd'hui encore recevable par un Bertrand Cantat sur le retour. En Phrance, nousavons su, un instant, sans complexe car peut-être sans interdits mêler des influences progressives à d'autres très west-coast, façon Crosby, Still & Nash sans aucun complexe et avec de belles réussites (Il Etait Une Fois, là encore, et cet album-ci, par exemple Franky Le Roseau ou mieux, Quelqu'un Qui T'Aime, qui par ailleurs devrait calmer l'ardeur d'un Gérard Manset dans sa solitude créationniste exclusive).

Si je rajoute que cette galette se vend entre 75 et 150 euros sur Price Minister, ça me donne suffisamment d'énergie pour à la fois arrêter la type collectionniste et vous proposer la chose dans un rip digne et imparfait, mais confectionné avec amour un dimanche d'été. C'est loin d'être parfait, ça crougne par instants. Je suis pas Dominique Blanc Francard (dont cela a dû constituer un de ses premiers essais) et je présente toutes mes excuses au Château d'Hérouville où la chose a bien sûr été enregistrée... Rien que ça, ça me parle...

Allez, les vieux, revivez-moi ça, les jeunes, découvrez. Ca sent la Gibson à chaque coin de rue (même si sans parler de manche on peut admettre qu'elle sonne maladroitement, où du moins de façon euh.... datée), l'herbe folle tout le temps et la variétoche parfois voire souvent, mais on a essayé, et on a su être aussi peu ridicule que les autres. Mangez-moi l'intégrale de Genesis si vous n'êtes pas d'accord. C'est con d'être chauvin quand le FN nous y invite, alors je dirai sans hésiter que cette galette-là n'a rien de bretonne, et qu'elle est simplement un témoignage d'un temps passé fait de courage et d'audace, autant du point de vue de l'artiste que du label prêt à envoyer ça dans les supermarchés locaux, et c'était bien.

Il Est.