J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

dimanche 31 mars 2013

#9Z : Granicus "Granicus"

Comme j'ai envoyé cette excellente petite rareté au guitariste de mon groupe, je me suis dit qu'il serait idiot de ne pas en faire aussi profiter les visiteurs de la maison Jeepeedee. Voici donc l'unique album de Granicus avec la reproduction du post de la Caverne d'Ali Baba (du 24 janvier 2011)... Enjoie (et bonne chasse aux œufs) !

(1973, RCA)
Pour cette seconde escapade dans les méandres de la musique perdue mais pas pour tout le monde, nous reviendrons encore un peu plus loin en arrière pour savourer l'unique album des Américains de Granicus.

Au programme, du hard rock racé et fin qui n'est pas sans rappeler Led Zeppelin tout en gardant, et c'est heureux, sa propre personnalité.

Une pincée de psychédélisme et un brin de heavy prog sont venus s'ajouter à la sauce pour épicer convenablement le plat et, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'auditeur se régale !

Alors, qu'a-t'il manqué à Granicus pour décrocher le jackpot qui leur semblait tout promis ? De chance sans aucun doute. Car, enfin, quand on voit le nombre de groupes plus ou moins patauds qui ont réussi, bon-an mal-an, à se faire un nom et qu'on écoute, en 2011, d'illustres inconnus perdus dans les limbes du plus complet anonymat leur damer le pion avec une telle facilité... C'est surprenant.

Et donc, vous qui aimez Uriah Heep, Mountain, Deep Purple, Black Sabbath, Led Zeppelin, etc.; n'hésitez plus, ruez vous sur cet éponyme chef d'œuvre !

Woody Leffel: acoustic guitars, vocals
Wayne Anderson: lead guitar
Al Pinelli: rhythm guitar
Dale Bedford: bass
Joe Battaglia: drums

1. You’re in America 4:07
2. Bad Talk 2:49
3. Twilight 3:25
4. Prayer 11:06
5. Cleveland Ohio 3:30
6. Nightmare 8:21
7. When You’re Movin 3:19
8. Paradise 7:14

(Hard) Rockin' in the Seventies!

vendredi 29 mars 2013

#8Z : Ali Farka Touré & Toumani Diabaté "Ali and Toumani" (2010)

Deuxième et hélas ultime collaboration entre deux instrumentistes africains de haute volée -  après l’indispensable, et couronné d’un Grammy, In the Heart of the Moon - Ali and Toumani  est un bijou d’authenticité et de grave douceur.

Enregistré en quatre jours en juin 2005, il comprend la toute dernière apparition d’un Ali Farka Touré (qui décèdera d’une « longue maladie, cancer des os, en juillet 2006) qui nous manque aujourd’hui d’autant plus cruellement qu’il brille ici de mille feux. Avare de notes comme de sa voix (la majorité de l’album étant instrumental), précis dans le rythme, intense dans l’émotion, il tisse des accords simples avec une rare grâce. De fait, l’accord parfait avec la kora envoutante de Toumani Diabaté semble si naturelle qu’on comprend bien vite que ces deux là parlent la même langue, celle d’une musique se permettant des libertés, comme par exemple de flirter avec la bossa, sans jamais ô grand jamais n’entamer son innée africanité. 

Le résultat est beau comme une ruisseau éclairé d’un rouge coucher de soleil alors que les animaux s’abreuvent, moment de paix. Je sais, c’est un peu cliché tout ça mais ce sont les impressions que véhiculés par cette musique exempte d’artifices et pourtant si riche. Parce que, à creuser, il y a des trésors de finesse, des torrents d’idées… Mais ça coule de source, tout simplement. Et c’est pour ça que c’est réussi et qu’on en oublierait presque que le glorieux prédécesseur était juste un tout petit peu plus « plus ». Peut-être parce qu’il avait été enregistré chez Ali, dans son village au Mali et pas à Londres comme celui-ci. Un minuscule supplément d’âme. Peut-être…

Mais c’est juste pour pinailler parce que, franchement, Ali and Toumani est une splendeur. Une perle d’album qui fait voyager dans la tête, qui évoque des couleurs, des odeurs qui manquent cruellement au gris uniforme de nos villes. Rien que pour ça, et parce qu’on y revient souvent, ça vaut le coup.


1. Ruby 5:55
2. Sabu Yerkoy 4:09
3. Be Mankan 5:07
4. Doudou 4:47
5. Warbé 4:51
6. Samba Geladio 3:17
7. Sina Mory 4:28
8. 56 6:57
9. Fantasy 2:18
10. Machengoidi 5:05
11. Kala Djula 3:27


African dream

mercredi 27 mars 2013

#7Z : Karl Bartos "Off the Record"

Bien que n'en étant pas un membre fondateur (il n'arriva dans la formation qu'en 75, pour leur déjà 5ème album), Karl Bartos est inséparable de sa partition au krauteux-electroniques de Kraftwerk. Pas étonnant, donc, que son deuxième album en solitaire (presqu'une décade après l'inaugural Communication de 2004) rappelle si fortement la fratrie robotique de Düsseldorf...

Encore moins quand on sait que la base des enregistrements d'Off the Record provient d'archives que le sieur Bartos accumula entre 1975 et 1993 et qu'il a, pour la circonstance,  retravaillés de fond en comble. Rien que de très logique pour un musicien n'ayant jamais souhaité capitaliser sur la notoriété de son ancienne "maison" mais en étant, fondamentalement, indivisible.

Ici, Bartos fait tout, une habitude prise sur son précédent opus solitaire, une nécessité créatrice aussi, sûrement, pour un architecte sonore sachant exactement où il souhaite en venir et ne désirant pas, pour ce faire, s’encombrer de collaborateurs  aux vues forcément, ne serait-ce que marginalement, différentes. De fait, peu importe que cette destination apparaisse si évidemment dérivative des travaux de ses anciens partenaires avec, en l'occurrence, l'emphase audiblement mise sur l'efficacité mélodique évidente dès un Atomium d'ouverture cousin du fameux Radioactivity de qui vous savez.

La question, à partir de là, n’est pas de savoir si Off the Record fait avancer le schmilblick mais s’il fonctionne comme on est en droit de l’attendre. La réponse, présentement, est clairement positive et cette électro-pop aux nombreux hooks synthétiques, pas franchement prospective mais diablement efficace néanmoins, atteint son dérivatif but. Et ce n’est pas une pochette extrêmement référencée qui viendra nier cet état de fait.

Reste à savoir si, en 2013, cette musique trouvera son public ailleurs que chez quelques nostalgiques patentés. On peut légitimement en douter sans que ça n’enlève quoique ce soit à la réussite avérée du projet.


 1. Atomium 3:16
2. Nachtfahrt 3:30
3. International Velvet 4:38
4. Without a Trace of Emotion 3:28
5. The Binary Code 1:42
6. Musica Ex Machina 5:16
7. The Tuning of the World 3:33
8. Instant Bayeruth 3:36
9. Vox Humana 2:56
10. Rhythmus 4:17
11. Silence 0:06
12. Hausmusik 3:30


A man and his Kraft

dimanche 24 mars 2013

#162 : Blue Öyster Cult "Fire Of Unknown Origin"

Nicolas Ungemuth est un crétin. Serait prêt à tout pour faire comme papa (entendez par là, Philippe Manoeuvre). Sa bêtise a rayonné dans le dernier Rock & Folk avec une rare brillance. Descendant tout net l'incroyable réédition des albums du Cult chez Columbia. Pochettes cartonnées classieuses, livret avec notes de Lenny Kaye, deux CD de raretés et, comme s'il n'y en avait pas assez, un joli coupon pour télécharger pas moins de quatre concerts joliment fagotés. Je n'écoute plus qu'eux, depuis, et de quoi d'autre aurais-je besoin ?

Venimeux à souhait, vicieux par nature, enjolivant leurs textes douteux d'un écrin parfois pop-FM, à l'image des Stranglers n'hésitant pas à édulcorer la bande son pour mieux vous faire avaler des vipères. Et puis, tout du long de leurs heures de gloire, un respect immense et intact pour le rock'n'roll, laissant aux ainés l'honneur de renaître en fin de concert (Born To Be Wild, We Gotta Get Out Of This Place, Roadhouse Blues...). Et puis, classe immense, le BÖC a eu l'idée géniale de compiler tout ce qu'ils avaient fait de mauvais le temps d'un unique album à oublier, Mirrors, tellement moche qu'ils en reviendront au metal le plus brut histoire de laver leur souillure juste après (Cultösaurus Erectus).

Je vous avais promis il y a longtemps, du temps du post d'Extraterrestrial Live du Blue Öyster Cult, de vous offrir ce Fire Of Unknown Origin, une fois remasterisé proprement, ce qui est le cas aujourd'hui. Dernier grand album avant la débandade - ou plutôt le manque d'intérêt d'un public se tournant vers la new-wave, Fire Of Unknown Origin est louche d'un bout à l'autre. Malsain. Lourd. De Heavy Metal (The Black And The Silver) au terrible Veterans Of The Psychic Wars, et ce malgré une production bien léchée lorgnant délibérément vers le hard FM. Quoique, les synthés omniprésents ici n'ont rien à voir avec le Jump de Van Halen. Glacés, glaçants, ils perturbent à merveille l'illusion d'un disque de hard rock comme les aimaient les teenagers de l'époque.

Quelques accalmies, cependant, viennent vaguement gâcher la chose (After Dark, Don't Turn Your Back), mais rien de grave, quand un album contient la plus machiavélique chanson du monde (Joan Crawford), ainsi que le Fire Of Unknown Origin écrit par la Grande Patti Smith.

Inutile de m'envoyer des commentaires comme quoi c'est pas le meilleur album du Cult. C'est MON album, celui par lequel tout est arrivé, conjointement au live pré-cité. Celui par lequel j'ai adhéré au Cult, baptisé que je fus dans les fleuves des enfers. Celui qui nous rendait fort, à l'époque. Ecouter le Blue Öyster Cult, c'était entrer parmi le cercle restreint des initiés. Celui qui faisait fi de votre acné et de l'indifférence des filles à votre égard. Car ça, ça n'était pas pour elles. Et quand on balançait Burning For You dans les boums, ces idiotes se trémoussaient sans même se rendre compte qu'on leur inoculait un poison violent, qu'elles gobaient benoîtement. Nous étions les Maîtres de la Seconde B. Nous pouvions tout.

Rien que pour ça, je n'oublierai jamais le Blue Öyster Cult.

Rien que pour ça, je hais Nicolas Ungemuth.

Rien que pour ça, il n'est pas impossible que je vous les balance tous petit à petit. De temps en temps. Quand le quotidien se fait si triste et que seul un petit morceau d'air guitar sur le riff de Joan Crawford peut vous rappeler que - comme disait Saint-John Perse, sinon l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ?

You see me now, a veteran of a thousand psychic wars...

samedi 23 mars 2013

V/A "Mothers"

Mère de tout, mère de tous, passage incontournable ou manque abyssal, la Mère est un attribut fondamental de l'histoire de chacun.
Sans autre justification qu'un hommage "hors-saison" (on ne va quand même pas attendre le dimanche de mai, non mais), voici donc, puisque le sujet est richement évoqué, en titre ou en texte dans l'univers de la musique, une compilation dédié à la maternité.


Enjoie !

1. Gov't Mule "Mother Earth" 8:12
2. Peter Gabriel "Mother of Violence" 3:22
3. Johnny "Guitar" Watson "A Real Mother for Ya" 5:01
4. Paul Simon "Mother and Child Reunion" 3:03
5. The Divine Comedy "Mother Dear" 3:45
6. The Rolling Stones "Mother's Little Helper" 2:45
7. Cocoon "Mother" 3:09
8. Sly & the Family Stone "Mother Is a Hippie" 2:59
9. UFO "Mother Mary" 3:45
10. Nucleus "Earth Mother" 5:16
11. Mikrokosmos "Hold Like a Mother's Hand" 3:46
12. The Kinks "Mindless Child of Motherhood" 3:07
13. Townes Van Zandt "Our Mother the Mountain" 4:18
14. James Brown "Mother Popcorn (You Got to Have a Mother for Me) Part 1" 3:16
15. Ancestors "Mother Animal" 14:32
16. Leadbelly "Mother's Blues" 2:32

I love you, Mom!

jeudi 21 mars 2013

#6Z : Songs: Ohia "Axxes & Ace"

Je rebondis sur la juste émotion de Jeepeedee concernant la disparition ô combien prématurée d'un singer-songwriter qui, s'il est passé loin sous le radar d'un grand-public à la myopie récurrente, avait acquis une réputation underground avérée : Jason Molina (1973-2013), une vraie perte.

Je ne vous mentirai pas, je ne suis pas un spécialiste du sujet. Songs:Ohia m'avait interpelé à la grâce de quelques juteux articles dans une certaine presse "de bon goût" (inrocks, magic!, libé, ce genre de chose…) mais ce n’est qu’à cette formation, et plus précisément au présent album, que ma connaissance du "body of work" de Jason Molina se limite, la faute, sans doute, à de trop nombreuses excursions dans de trop nombreux genres m’ayant éloigné de l’univers "indie-folkompatible" du monsieur.

Or donc, à la nouvelle du décès du précité (à seulement 39 ans, supposément sans doute des suites d’années d’abus alcooliques… ça reste toutefois à confirmer), pas fan mais toujours attristé quand un artiste dont j’ai, avec plaisir, croisé la route ne serait-ce que fugacement, comme c’est le cas ici, vient à disparaitre, surtout si jeune, ben ça fait toujours un choc, quoi... Et j’ai donc décidé de ressortir Axxes & Ace, 3ème opus de Songs: Ohia sorti en 1999 sur l’excellent label indépendant Secretly Canadian pour voir de quoi il en retournait et, ce faisant, raviver quelques distants souvenirs.

Et grand bien m’en a pris ! Parce que ce folk rock mélancolique et gracieux fait toujours son très bel effet (peut-être un peu plus même sans doute du fait de l'évolution de mes préférences musicales). D’abord parce que la voix de Jason (cousine de celle de Geoff Farina de Karate, de Travis Morrison du Dismemberment Plan ou de grand-papa Neil), claire et forte, charrie à merveille les sentiments de désespoir doux-amer (oui !) des paroles. Ensuite parce que, musicalement, c’est un délice de variété et de mélodie avec, pourtant, une palette indie-folk à priori limitée. Enfin parce l’une (la voix) avec l’autre (la musique) offrent un tout qui outre sa cohérence, me parle par la beauté de sa simplicité, son immédiate accessibilité aussi, son impeccable résistance à l'usure du temps… Et la joie de retrouvailles, en l’occurrence.

Dire que ceci est particulièrement original serait mentir, les fantômes de Will Oldham (Palace Brothers, Bonie ‘Prince’ Billy, etc.), de Townes Van Zandt ou du précité papy canadien surgissent plus souvent qu’à leur tour. Le petit miracle demeurant que, si référencé qu’elle soit, la collection dépasse souvent ses modèles, les transcendent même. Collection bien servie, ceci se devait être précisé, par un casting de haut niveau (Edith Frost en voix de support sur quelques pistes, Julie Liu de Rex au violon, le multi-instrumentiste Michael Krassner du Boxhead Ensemble, etc.) particulièrement dédié à servir les compositions du maître de cérémonie.

A la réflexion, il me semble bien que mon éloignement de l’œuvre du sieur Molina tenait à quelques billets plus nuancés par les mêmes "bien-pensants culturels" évoqués plus haut dont on connait les affections changeantes au gré des modes et "dé-modes". A l’écoute d’Axxes & Ace, il semblerait bien que je doive reconsidérer cette distance. Que ce fut à l’aulne de la nouvelle de sa disparition est malheureux mais bon, quoi, comme on dit, the show must go on…and on... and on... Et il n'est jamais trop tard pour bien faire aussi, alors faisons et donnons posthumément à un artiste quasiment inconnu chez nous le retentissement qu'il aurait du avoir de son vivant, à commencer par ce bouquet de grâces chaudement recommandé.

1. Hot Black Silk 3:08
2. Love and Work 3:34
3. Love Leaves Its Abusers 3:47
4. Redhead 4:19
5. Captain Badass 7:13
6. Come Back to Your Man 5:57
7. Champion 2:39
8. How to Be Perfect Men 4:04
9. Goodnight Lover 6:58

Jason Molina (1973-2013)

mercredi 20 mars 2013

R.I.P. Jason Molina

Encore un. Bye bye Jason Molina, leader de Magnolia Electric Co., plus beau groupe américain depuis The Band. Fait chier.


mardi 19 mars 2013

#5Z : Thin Lizzy "Vagabonds of the Western World (deluxe)"

Parce qu'il n'est pas inutile de battre le fer tant qu'il est chaud, parce que cette ultime offrande du Lizzy 3 est la plus décisive de leur jeune carrière et parce que vous le méritez bien, je vous propose aujourd'hui une suite (une préquel comme on dit au ciné) à l'excellent Nightlife.

Demeuré un inébranlable trio jusque ce 3ème album, Thin Lizzy n'était alors que l'embryon du groupe ayant popularisé les "duelling guitars" avec Wishbone Ash au cœur des glorieuses 70’s. Pourtant - dans ce hard rock typiquement 70s parfumé de folk, de blues et de psychédélisme - les germes du génie de Lynott sont bien présentes.

Toujours chez Decca chez qui ils ont sorti leur deux précédents opus, Thin Lizzy ne reçoit que peu de promo d'un label qu'ils quitteront bientôt. Le potentiel ne manque pourtant pas et, du bluesy en diable "Mama Nature Said" qui ouvre l'album à la ballade "patchouli" qui le clôt ("A Song for While I'm Away"), c'est à une éfficace et variée collection de chansons à laquelle nous avons affaire.

Pas très éloignée de la formule popularisée par Cream, le Taste de leur compatriote Rory Gallagher ou l'Experience de Jimi Hendrix - celle du power trio hard'n'blues en gros - Thin Lizzy ne brille certes pas par son originalité. Evidemment, l'inimitable voix de Phil Lynott suffit à affirmer une identité à cette galette qui - entre les mains d'ouvriers moins dotés par les dieuxt - n'eût été qu'un album de plus dans la grande histoire du Rock'n'Roll. On n'est d'ailleurs pas loin de cet écueil sur le morceau le moins inspiré de ce "Vagabonds of the Western World". En effet, si le sympathique blues qu'est le bien nommé "Slow Blues" s'écoute sans déplaisir, il ne laisse pas exactement une impression durable (bien qu'il prenne une toute autre ampleur en live). Cependant, marque des (futurs) grands - et chose qu'on pourra aussi constater avec les débuts de carrières aussi incertains et inaboutis de Deep Purple ou d'Uriah Heep - même sur une composition moins ouvertement essentielle, on trouve plus de "machins" satisfaisants que dans les discographies combinées de tous les représentants de la britpop (de funeste mémoire).

Bien entendu, Lynott et Downey sont excellents. Tels qu’on les connaîtra dans les années à venir en fait. Quand à Eric Bell – le troisième larron et celui dont le départ déclenchera la révolution du duo de guitaristes – il n’est pas en reste dans un style relativement comparable à celui de Clapton période Cream y ajoutant tout de même – marque probabale de l’influence psychédélique – un petit quelque chose de "fluidement fou" qui n’est pas sans évoquer John Cippolina de Quicksilver Messenger Service et une "irlandité" bien ancrée.

La production de Nick Tauber, déjà responsable de la mise en son sur "Shades of a Blue Orphanage", est propre et appropriée à défaut d’être spectaculaire. L’ingé son connaîtra des heures plus fastes au début des années 80 avec notamment ses travaux sur les deux premiers albums de Marillion.

En définitive, si on devait reprocher une chose à cet excellent "Vagabonds of the Western World" c’est de ne posséder qu’une chanson réellement emblématique (The Rocker), heureusement, les différentes rééditions y ont accolé les singles de l’époque (le délicieux "Randolph’s Tango" et la fameuse reprise du traditionnel "Whiskey in a Jar") boostant d’autant une sélection déjà d’une belle qualité. La présente édition rajoute moult bonus. En plus des singles précités, de nombreuses sessions pour la BBC y sont présentées. Pas indispensables, elles montrent tout de même la belle qualité du groupe en trio ou déjà en quatuor avec l'arrivée de Robertson et Gorham (sur deux des bonus made in BBC) et même d'un Gary Moore de passage sur un Sitamoia d'anthologie (disque 1).

Vous l’aurez compris, "Vagabonds of the Western World" s’adresse avant tout aux fans hardcore de Thin Lizzy et aux amateurs de hard rock du début des années 70. Croyez-moi, ceux-ci seront comblés. Les autres devront avancer ici à pas de loup et y découvriront probablement un album de bien meilleure qualité que ce que sa réputation laissait entrevoir. Essentiel à la compréhension de l’évolutuon de Thin Lizzy, "Vagabonds of the Western World" n’est pas le meilleur album de ses auteurs mais un œuvre éminemment attachante néanmoins.

Disc 1
1. Mama Nature Said 4:52
2. The Hero And The Madman 6:08
3. Slow Blues 5:14
4. The Rocker 5:06
5. Vagabond Of The Western World 4:44
6. Little Girl In Bloom 5:13
7. Gonna Creep Up On You 3:27
8. A Song For While I'm Away 5:09
Bonus Tracks
9. Randolph's Tango 3:49
10. Broken Dreams 4:26
11. The Rocker (Single Edit) 2:41
12. Here I Go Again 3:53
13. Cruising In The Lizzymobile 4:07
14. Little Darling 2:55
15. Sitamoia 3:20
16. Slow Blues (1977 Overdubbed & Remixed Version) 4:43
17. Randolph's Tango (Radio Promo Edit) 3:22
18. Whiskey In The Jar (Single Edit) 3:43

Disc 2
BBC Radio 1 In Concert
1. The Rocker 5:53
2. Things Ain't Working Out Down At The Farm 7:32
3. Slow Blues 7:28
4. Gonna Creep Up On You 3:27
5. Suicide 4:28
BBC Radio 1, John Peel Session
6. Vagabond Of The Western World 4:28
7. Gonna Creep Up On You 3:22
BBC Radio 1 Rock On Session
8. Little Girl In Bloom 4:41
BBC Radio Bob Harris Session
9. Sitamoia 3:45
10. Little Darling 3:05
11. Slow Blues 5:31
12. Showdown 4:12
BBC Radio 1, John Peel Session
13. Black Boys On The Corner 4:13

(1) les Vagabonds
et les Vagabonds (2)

lundi 18 mars 2013

#4Z : Thin Lizzy "Nightlife (deluxe edition)"

Un "petit" classique afin de commencer la semaine en beauté, l'un de ces albums qui réunissent aussi ceux qui aiment le hard rock avec ceux qui n'y toucherait à priori pas parce que Thin Lizzy, quoi ! Un groupe pas tout à fait comme les autres qui a toujours (ou presque) su mettre de la soul dans sa dynamite.
 
Premier album en quatuor de Thin Lizzy suite au départ d’Eric Bell et à l’embauche d’une paire destinée à devenir légendaire : Brian Robertson et Scott Gorham. Album atypique aussi, transitoire.

Le passé du groupe est encore très présent dans le songwriting et les arrangements de Nightlife. Loin d’être la saillie frontale de son successeur, l’ultra-efficace Fighting, c’est une œuvre multiple, gorgée de la soul toujours si présente dans la voix de Phil Lynott, se baladant vers le blues le temps d’une renversante paire (le ténébreux et funky Night Life et l’émouvant Still in Love with You avec la guitare magique de Gary Moore pour un solo d’anthologie), l’influence folk irlandaise (Banshee ou un Philomena dédié à maman Lynott) et bien sûr d’explosifs hard-rockers qui aiguillent le groupe vers sa prochaine destination (It’s Only Money, Sha La La pour ne citer qu’eux). Ponctuellement, la marque de fabrique des guitares-sœurs est là, embryonnaire, pas encore tout à fait l’élément décisif du son de Thin Lizzy qu’elle deviendra, déjà plus qu’une esquisse.

Dans son acceptation originelle, Nightlife est un superbe album, annonciateur d’enregistrements également riches et variés (Black Rose, Renagade) et preuve d’un groupe dont l’inspiration dépasse et dévie notablement celle de la plupart de ses contemporains. Mais nous sommes aussi ici pour évoquer le Deluxe qui, sorti conjointement à Fighting, complète encore un peu plus une série où ne manquent plus que Renegade et Thunder & Lighting. Et donc les bonus. Généreux comme c’est souvent le cas dans les éditions « deluxe ». Tout un cd (46 minutes) pour moitié composé de BBC Sessions, pour le reste d’une démo avec Gary Moore et de chutes de studio. Evidemment, c’est la démo avec feu-Gary Moore qui « excite » le plus, comment aurait-il pu en être autrement ?

Les enregistrements pour la BBC se décomposent en deux sessions, respectivement captées les 3 et 23 octobre 1974. La qualité est celle d’une bonne retransmission radio soit imparfaite mais largement suffisante pour se rendre compte que Thin Lizzy n’ont pas le moindre problème à reproduire live (en studio pour la circonstance) ce qu’ils ont gravé sur album. Démo oblige, les trois titres enregistrés avec Gary Moore (et donc sans Robertson et Gorham) ne correspondent pas tout à fait aux standards hi-fi des versions de l’album. L’intérêt, quasi-archéologique, est évidemment d’y entendre Gary. Et on n’est pas déçu. Seul guitariste à bord, Moore, sans y être envahissant, appose sa touche allant même jusqu’à occuper le poste de second vocaliste sur Still in Love with You. Quand aux deux alternate takes qui concluent ces bonus tracks, pas extraordinaires, elles justifient l’emploi d’un double support (sans elles la durée n’eût pas dépassé les 80 minutes) et constituent une curiosité pour les fans, guère plus.

La version deluxe de Nightlife était-elle vraiment justifiée ? N’offrant pas le moindre véritable inédit, on peut en douter. Si les démos avec Gary, le luxueux digipack et son livret qui va bien sont autant de bonus bienvenus, le reste des ajouts est nettement plus anecdotique.  Reste que Nightlife, album réussi de bout en bout mais trop souvent cité quand on en vient à évoquer les grandes heures du plus grand groupe irlandais de tous les temps, méritait bien ce petit coup de projecteur.

CD 1
ALBUM

1. She Knows 5:13
2. Night Life 3:57
3. It's Only Money 2:47
4. Still in Love with You 5:40
5. Frankie Carroll 2:02
6. Showdown 4:32
7. Banshee 1:27
8. Philomena 3:41
9. Sha La La 3:27
10. Dear Heart 4:35

CD 2
BONUS TRACKS

- BBC Session 3 October 1974
1. She Knows 5:10
2. Sha-La-La 3:37
3. It's Only Money 2:43
4. Philomena 3:42
- BBC Session 23 October 1974
5. Dear Heart 4:28
6. Banshee 2:43
- Demo with Gary Moore
7. Showdown 3:53
8. Still in Love with You 6:26
9. It's Only Money 2:55
- Unreleased alternate take
10. Showdown 4:36
- Rough vocal Mix
11. Still in Love with You 6:02

La vie la nuit

vendredi 15 mars 2013

#161 : Max Richter "The 4 Seasons Recomposed by Max Richter"

Eh non eh non, ce n'est pas le gros cadeau annoncé qui inaugure cette nouvelle série de posts. Car finalement, ce disque résume bien des humeurs et tutoie la grâce d'une manière effrontée. Si je me souviens bien, La Rouge avait dû en parler lors d'un Concours des Bloggueurs, et en amateur invétéré de Perec, de l'Oulipo, de l'Oumupo et de toutes ses déclinaisons, je ne pouvais qu'être tenté par l'objet. A tel point qu'après avoir traîné tous les supermarchés du disque - dont certains agitateurs - voyez qui je veux dire qui n'y connaissaient que pouic - j'ai fini par l'acheter sur iTunes. Ne riez pas devant le manque, que celui qui n'a jamais fini une canette éventrée depuis le début de la soirée me jette la première bière.

Alors voilà, tout est dans le titre. On pourrait s'arrêter là, gloser sur Max Richter, Vivaldi et tout le tintouin mais aucune des deux solutions ne me semble satisfaisante.

Exercice de style prétentieux ? Faut pas toucher à Mozart et tout le cirque ? Oui, ça peut s'entendre. Dans ce malheureux pays, on a une fâcheuse tendance à enfermer l'art dans les musées pour que personne n'en profite ainsi qu'à considérer comme anathème toute tentative de faire avancer le Schmilblick, car le Schmilblick est chose sacrée ici-bas.

Le Schmilblick peut se retrouver au détour d'un riff de Brown Sugar comme d'une fable de Lafontaine. Le Schmilblick est ce fameux ingrédient tant maudit par plusieurs siècles d'alchimistes, qui change de façon désespérément évidente et systématique l'or en plomb.

Dès la 6ème, voire avant, nos cours de musique sont une ode à l'immuable Schmilblick. On apprend, dès que la zigounette commence à nous titiller, à rester sagement assis et à écouter Jean-Sébastien Bach pour mieux calmer nos hormones. On nous apprend, bien jeune, à détester Bartok car c'est évidemment insupportable quand le 12ème printemps pointe son nez. On nous enseigne donc que le Schmilblick nous suivra toute notre vie, transformant nos têtes blondes en malheureux cadres supérieurs quadragénaires plus soucieux d'un iPhone que du voisin qui crève la dalle, car ainsi le veut le Schmilblick, les deux personnages ici évoqués ont été, chacun à sa façon, transformés en chapes de plomb. L'un sait qu'il a une vie de merde, l'autre ne le sait pas, mais tous deux s'en contentent.  Le Schmilblick nous a permis de supporter cinq ans de Sarkozysme sans broncher, et - pour citer Laurent Gerra, ce qui est plutôt rare ici - se laisser berner par les promesses déjà non tenues du porcinet sudoripare qui nous gouverne. Car le Schmilblick les tient, eux aussi.

Alors, ce disque pose question a qui veut bien l'entendre. On voudrait revivre. Ca voudrait dire on voudrait vivre encore la même chose. Refrain connu chez Manset. C'est pas faux, mais mieux vaut tenter le grand saut, la grande question : est-il possible, ce miracle de revivre la même chose, autrement ? Envoyer valdinguer Vivaldi et sa partoche poussiéreuse, qui d'ailleurs s'en fiche putridement, snober les Gardiens du Temple, pisser contre le Grand Schmilblick comme les Who de la grande époque !

Alors oui, ce disque est le plus grand disque de rock'n'roll qu'il m'ait été donné d'entendre. Ce disque hurle le One More Tiiime ! auquel on ne croyait plus.

Et puisque c'est le printemps, que les bourgeons naissent sur la face des adolescents, profitons-en. Il faut croire que c'est possible, et peut-être que ça ira.

Allegretto ma non troppo

mardi 12 mars 2013

V/A "These Friends of Mine"

Ha ! L'amitié, précieuse compagne dont on ne saurait se départir, quelque soit l'enjeu, quelque soit le prix. Avoir un (des) ami(s) est le plus beau cadeau que la vie puisse faire, vous en conviendrez.

Comme l'ami (justement) Michards le faisait hier sur le blog de ses belles compilations, je vous propose 70 minutes et 18 titres sur ce thème éternel et souvent abordé par de très nombreux artistes. Sélection anglophone (même Brel y est passé à la moulinette shakespearienne du Manic Street Preacher en chef, James Dean Bradfield) initialement prévue pour le blog Baistophe (mais jamais publiée), je vous la livre avec son artwork spartiate et ses sons affriolants.

Enjoie !
 
1. Ian & Sylvia "Friends of Mine" 3:36
2. Queen "You're My Best Friend" 2:49
3. The Doors "A Feast of Friends" 2:09
4. The Kinks "All My Friends Were There" 2:23
5. The Easybeats "Who Are My Friends" 3:11
6. The Meters "You're a Friend of Mine" 4:05
7. James Dean Bradfield "To See a Friend in Tears" 3:36
8. Led Zeppelin "Friends" 3:44
9. Mink DeVille "Just Your Friends" 4:09
10. Ella Fitzgerald & Louis Armstrong "Can't We Be Friends?" 3:45
11. Paul McCartney "Friends to Go" 2:43
12. Motorpsycho "My Best Friend" 4:15
13. Lou Reed "She's My Best Friend" 5:55
14. Tom Petty "To Find a Friend" 3:22
15. Rancid "Old Friend" 2:53
16. Herman Düne "When We Were Still Friends" 2:35
17. The Cardigans "Losing a Friend" 3:41
18. Average White Band "Wasn't I Your Friend" 6:15
 

lundi 11 mars 2013

Back To Life (and maybe to business ?)

Chers amis, j'ai l'immense plaisir de vous annoncer mon retour à la vie, et donc peut-être au blog, si jamais je trouve le temps car j'ai envie de faire mille choses que je ne faisais plus. La bière, la bière, qu'est-ce qu'elle a fait de moi la bière, la bière... Refrain connu. Ben moi j'arrête définitivement l'éthanol, 2ème jour aujourd'hui et ça va. Les clopes, on verra plus tard. Trop de dommages colatéraux, jusqu'à une frousse médicale qui vient de s'évaporer (on touche du bois) ce soir.

Voilà, c'est dit, pas facile, mais pour une fois que j'ai du courage à revendre...

Finies donc les remarques colériques, je me contenterai d'être incendiaire si Francis Cabrel sort un album de reprises de Leonard Cohen. Et je voudrais pas finir comme Daniel Darc, vu le genre de méchancetés qu'on pourrait dire sur moi ;o)

Préférant adhérer aux Bloggeurs Anonymes plutôt qu'aux alcooliques anonymes je compte sur vous, bande d'amis !

Jeepeedee Comes alive !

Stay in tune, je me suis offert un petit cadeau que je partagerai avec modération ici ces prochains jours...

samedi 9 mars 2013

#4Z : Black Joe Lewis & the Honeybears "Scandalous"

Inspiré par le récent burn out de l'ami Jeepeedee et souhaitant lui (et vous) proposer un album à la fois énergique et fun (u bon remède à la sinistrose, quoi !), c'est tout naturellement que je me suis replié sur le second album des américains de Black Joe Lewis & the Honeybears, Scandalous.
 
Black Joe Lewis & the Honeybears, quel nom déjà ! On sent bien la formation qui sait ne pas se prendre au sérieux, et puis ça a un petit côté rétro prometteur que semble confirmer la pochette... Et puis la musique commence, un rock funk & blues costaud et expertement troussé qui fait immédiatement son petit effet... Une musique notablement référencé, qui ne cherche pas autre chose que de proposer à l'auditeur ravi un cocktail certes passéiste (revivaliste) mais suffisamment savoureux pour que, jamais, on ne fasse la fine bouche, sauf à absolument vouloir démonter ce second effort réussi, ce qui n'est aucunement la politique de la maison.
 
Et donc Scandalous, 39 minutes d'énergie, de sueur, d'authenticité par six texans d'Austin (2 blacks, dont Joe comme son nom l'indique, 3 blancs et un latino) influencés, pêle-mêle, par James Brown, Otis Redding, Howlin' Wolf, The Rolling Stones, The Troggs, le J. Geils Band, et j'en passe... Dérivatif ? Sans doute un peu mais, surtout !, diablement efficace comme le prouvent les onze chansons ici déployées dont aucune ne rate sa cible avec, pour ce faire, tous les attributs qu'on attend habituellement de ce genre d'entreprise : un chanteur gorgé de soul mais également capable de rocker ou de blueser comme un vieux pro, une rythmique qui groove quand il faut où il faut, des guitares aussi riffues que bavardes mais jamais hors-cadre et, évidemment !, les additifs cuivrés nécessaires à une pareille recette.
 
Clairement, il n'y a rien de révolutionnaire là-dedans, c'est même tout le contraire. Excitant dans sa performance, Black Joe Lewis & the Honeybears (ce nom (bis) !)  aurait presque des airs de vieille pantoufle confortable dans lequel il est bon, si bon !, de se glisser et de s'abandonner, confortable que nous sommes, à quelques gesticulations sudatoires ô combien bienvenues. Si tel est votre bonheur, veillez à ne surtout pas passer sur ce Scandalous extrêmement réussi et, par conséquent, chaudement recommandé.
 
1. Livin' In The Jungle 3:22
2. I'm Gonna Leave You 3:51
3. Booty City 2:41
4. Black Snake 3:03
5. She's So Scandalous 4:35
6. Messin' 2:26
7. Mustang Ranch 3:41
8. You Been Lyin' 3:31
9. Ballad Of Jimmy Tanks 3:24
10. Since I Met You Baby 4:15
11. Jesus Took My Hand 3:56
 

jeudi 7 mars 2013

Alvin Lee (1944-2013)

 
C'est avec une vraie peine que j'ai appris aujourd'hui la disparition du guitariste/chanteur Alvin Lee.
5 décennies durant, sur des bases blues et rock jamais démenties, ce supersonique soliste (comme décrit à l'époque de son apparition et exemplifié sur un I'm Going Home toujours aussi impressionnant) avait connu une carrière inévitablement en dents de scie (vu son exceptionnelle durée) avec, en sommet indépassable d'un début de carrière ô combien prometteur, une apparition remarquée à la fameuse messe hippie de Woodstock.
Alvin, évidemment, était l’incontesté leader de Ten Years After mais aussi l’auteur d’une série d'albums solo dont les plus réussis (Road to Freedom ou In Flight) sont au moins aussi recommandables que les plus belles oeuvres de son aventure collective.
Pour célébrer sa carrière et se morfondre, comme il se doit, de la disparition, toujours prématurée, de cette figure "B" de la grande histoire du rock'n'roll, je vous livre la compilation concoctée Ayah Gagohn en mars 2008 pour feu-Baistophe, soit près de 2h40 de musique référentielle et référencée, un bon moyen de se souvenir...
R.I.P.



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10 Years After "Rock'n'Roll, That's All"
 
CD1
1. Help Me 9:50
2. Summertime/Chantung Cabbage 5:29
3. The Sounds 4:13
4. Portable People 2:15
5. Hear Me Calling 5:43
6. No Title 8:11
7. I'm Going Home 9:42
8. Good Morning Little Schoolgirl 7:00
9. I Don't Know That You Don't Know My Name 2:02
10. Working On The Road 4:17
11. As The Sun Still Burns Away 4:43
12. Love Like A Man 8:46
13. She Lies In The Morning 7:26
 
CD2
1. Sweet Little Sixteen 4:10
2. One Of Thes Days 5:49
3. I'd Love To Change The World 3:43
4. Over The Hill 2:27
5. I've Been There Too 5:44
6. You Give Me Loving 6:33
7. Standing At The Station 7:10
8. Choo Choo Mama 4:01
9. I Can't Keep From Crying Sometimes 15:54
10. Without You 3:46
11. I Get All Shook Up 4:42
12. A Hundred Miles High 7:06
13. Time To Kill 6:19

(1) Alvin is no more
but his music lives on (2)

lundi 4 mars 2013

Keep on the sunny side, please !

Je fais un rêve.
Un rêve que ce blog continue dans une ambiance amicale.
Un rêve que ce blog rassemble.
Un rêve que ce blog ne heurte que les fans d'Adamo et de Francis Cabrel.
Un rêve que ce blog soit plein de respect, et que l'irrespect se vêtisse d'humour.
Un rêve que l'on arrête avec cette affaire Daniel Darc.

A ceux qui ont été heurtés, je m'en excuse. Restons amis.
Zornee, pour le coup, c'est toi qui fais la vaisselle ce soir.

Voilà, pas le temps de poster un skeud, mais une furieuse envie de passer à autre chose.



Elle est pas belle la vie ?

dimanche 3 mars 2013

Anti-hommage à Daniel Darc (par le Zornophage).

 
Il était une fois un petit pays particulièrement amoureux de ses losers. En ce petit pays, d'étranges individus paraissaient régulièrement à la Une (ou la deux) de divers médias bien-pensants et si sûrs de leur bon goût qu’ils en avaient pour preuve l'indifférence qu’opposait le grand public à ces étoiles ébréchées.

Ce pays, vous l’aurez compris, c’est le notre, cette bonne vieille France. Et un de ces individus Daniel Darc, fantomatique présence à la voix peu assurée, aux textes vide-âme et exhibitionnistes, à la musique plus souvent atone que réjouissante... Or donc, Daniel Darc de fantomatique est passé à viande froide, la faute à une vie d’abus en tous genres, une fin prévisible, en somme. Et que les médias majoritaires nous proposèrent-ils à la nouvelle de cette définitive défection ? Chercher le garçon de Taxi Girl… et rien d’autre. C’est dire si la suite de la carrière de DD aura fait des étincelles, marqué les consciences…

Alors, voir le déchaînement bloggistique qui accompagne son décès me laisse songeur… Ce n’est un secret pour personne, je n’avais aucun goût pour l’art du monsieur, que ce soit dans ses élucubrations électrophiles groupées des débuts ou dans une carrière solo en dents de scie par la suite. Et, à la limite, ça ne me poserait pas de problème si, il y a un peu moins de deux ans de ceci, la disparition d’un vrai grand n’était passée totalement inaperçue, ô combien injustement… Certes, ledit grand n’était pas français, n’avait pas eu de novelty hit et n’avait que fort rarement surnagé hors d’un underground bien trop peuplé pour être réellement visible. Mais, tout de même, une telle disparité de traitement me choque, profondément.

Je profite donc de ce billet d’humeur chez mon hôte joli (qui ne fut pas le dernier à hommager à tous vents, ceci dit en passant et sans aucunement chercher quelque vaine polémique) pour exhorter les foules à donner l’attention qu’il mérite à Gil Scott-Heron, le grand, c’est lui.

Et pour joindre le son à la parole, je vous livre le « baistophe » que j’avais confectionné pour le blog éponyme une petite année avant sa disparition ô combien prématurée (62 ans !) soit plus de 2h30 et 33 titres pour introduire un Artiste chez nous trop peu reconnu alors qu’il est un jalon essentiel de la black music américaine.

Voici :


CD 1
Disc 1

1. Message to the Messengers 4:53
2. The Revolution Will Not Be Televised 3:05
3. Home Is Where the Hatred Is 3:20
4. We Almost Lost Detroit 5:16
5. Is That Jazz? 3:43
6. Winter in America (Solo Version) 6:23
7. Lady Day and John Coltrane 3:34
8. The Bottle 5:04
9. Alien (Hold on to Your Dreams) 3:25
10. Guerilla 7:46
11. Angel Dust 4:13
12. The Get Out of the Ghetto Blues 5:07
13. The Other Side (Parts II & III) 12:48
14. Free Will 3:38
15. Trane 7:22
 
Disc 2
1. It's Your World 3:54
2. H2O Gate Blues 8:07
3. Think I'll Call It a Morning 3:29
4. A Legend in His Own Mind 3:39
5. The Vulture 4:16
6. Johannesburg 4:44
7. New York City 4:44
8. On Coming from a Broken Home (Part 1) 2:20
9. Shut 'Em Down 5:14
10. Vildgolia (Deaf, Dumb and Blind) 7:40
11. Fast Lane 4:52
12. Show Bizness 2:49
13. Fell Together 4:25
14. Me and the Devil 3:32
15. Hello Sunday! Hello Road! 3:37
16. Must Be Something 5:12
17. Your Soul and Mine 2:02
18. Who'll Pay Reparation on My Soul? 5:12

(1) Gil Scott Heron
Will Not Be Televised (2)

samedi 2 mars 2013

#2Z : Maurice (Morice) Benin "Je Vis"


Bon, je sais, je dois à Jeepeedee mon petit billet sur l'album qu'il a choisi de m'imposer (ma figure imposée en réponse au Pride Tiger posté ici-même il y a quelques jours). Ce n'est pas celui-ci. Bientôt... Bref...

Il n’est pas inutile de rappeler que, pendant que quelques singes savants surmédiatisés s’agitaient convulsivement dans des exhibitions signées Maritée et Gilbert Carpentier, une autre musique (ou d’autres musiques pour être plus précis) vivotaient dans un underground pas exactement injuste, il y avait chez ces doux-dingues suffisamment de désaxés pour désarçonner la ménagère vagissante, mais à l’impact nettement minoré par un système médiatique n’offrant que trop peu de place à un off-mainstream hexagonal pourtant passionnant.

Oui, dans ces seventies giscardisantes, l'ex-bande Saravah (Higelin, Fontaine et Areski en tête de pont), les progueux plus ou moins déviants (Magma, Ange, Etron Fou Le Loup Blanc, la multinationale Gong, etc.), les folkeux sans peurs et sans reproches (Gwendal, Malicorne et tous les autres), etc., vivaient une aventure au moins aussi passionnante que celles de leurs équivalents transfrontaliers. Et ce n’est que la partie immergée d’un l’impressionnant iceberg qu’il serait fastidieux d’énumérer ici…

Parce que, ici, c’est de Maurice (Morice) Bénin dont il s’agit, un zouzou digne représentant d’une chanson à la marge, agitatrice et militante sans jamais perdre d’un humour pothead franchouillard (voir Sollicitation, pour l’exemple). Musicalement, le terreau est folk, et francophile du fait de textes évoquant plus Léo Ferré que Bob Dylan (pour situer)… La voix est juste, bien posée, capable de quelques performances, de quelques déviances, mais toujours au service de la mélodie, de l’émotion. On peut, à partir de là, se demander pourquoi cette musique n'a trouvé qu'un public si extrêmement réduit et s'en voit, conséquemment, reléguée aujourd'hui à un statut micro-culte, un secret trop bien gardé qu'il est bon de dévoiler, d'essayer de partager.

1974, il vit Morice. Il vibre aussi, post-soixante-huitard luttant contre ses moulins à vent avec autant de conviction qu'un Don de la Mancha avec, en lieu et place d'un Sancho P. désabusé mais fidèle, un trio de musiciens tissant un background approprié à son bel-canto en opposition. Bien sûr, tout ceci sonne un peu daté 40 ans après, daté mais pas obsolète... Cette voix baladeuse et polyethnique, ces flutes, ces guitares, ces dérapages psychédéliques, et l'absolue conviction de l'auteur, aussi, surtout sont autant de vibrantes preuves d'un artiste (en effet) vivant, vif même. Bien sûr, comme souvent chez les français de l'époque, c'est verbeux à l'excès mais on ne le voudrait pas autrement.

Je Vis... Il faudra bien écouter les paroles, se laisser porter par les trips musicaux les accompagnant pour trouver le sésame d'un album pas exactement difficile à aborder mais suffisamment référencé et barjotant pour laisser quelques jeunes-âmes sur le bord du chemin. C'est comme ça... De la musique sans compromis, de l'art quoi...

Recommandé.

1.  Je vis  11:46
2.  Les comptes sont bons  3:45
3.  Où tu es passé  7:12
4.  Plus tu es heureux  4:36
5.  Toute petite vie  2:55
6.  Solicitation  4:19
7.  L'églantine dans mon jardin  4:45
8.  Une fois...  4:39

Benin is alive !

vendredi 1 mars 2013

#160 : This Is... Joe Dassin

Bon, zut, merdre, Keith tarde à répondre, alors ma compile, je la poste ici. This Is... Joe Dassin. Même pas peur. Oublions les pleins, voyons les déliés. Et Joe n'a pas manqué d'en fournir des tonnes, aux creux de ses albums. Tubes ratés (pas tubes), chansons sincèrement importantes (donc même pas tubes), bref, le saviez-vous, il existe un autre Joe Dassin que celui des compilations à bas étage des supermarchés.

On parle ici d'un gars qui, dans le désordre mais avec passion, nous a balancé des petites clés, des possibilités d'aller voir du côté de chez Joni Mitchell, Gordon Lightfoot, Tom Paxton, Johnny Cash, Neil Diamond, Tony Joe White, voire vers des choses bien plus traditionnelles (Katy Cruel), et qui nous a balancé quelques chansons originales pas piquées des vers.

On ne parle pas ici de l'Amérique (eeeuh), de l'Eté Indien et de toutes ces choses qui résument mal le bonhomme.

Le bonhomme, oui. Il l'est. Ecoutez-moi cette simplicité, vaillamment orchestrée par un Johnny Arthey dont je m'étonne encore qu'il ne figure pas aux côtés d'un Georges Martin ou d'un Nigel Godrich.

Puissiez-vous, par cette modeste compilation, cerner donc ce bonhomme. Celui passionné de folk américain, qui n'avait d'autre but que de trousser de belles chansons, avant que - la mode aidant - on ne lui fasse chanter de la daube puante. Ca, on l'a jeté à la poubelle. Cette compilation, ce n'est pas une rétrospective. On jette un voile pudique sur les horreurs qu'il a pu commettre.

Comme si, dans un monde meilleur, ceci pouvait constituer un Greatest Hits de l'Artiste. De hits, il n'y en a bizarrement pas, ou bien minimes. Et c'est justement cela qui est fou. Ratissez les sillons des disques à Joe, il y a là de l'avoine prête à cueillir, des choses incroyables qui auraient dû inspirer notre belle jeunesse.

Il en reste encore, je n'ai pas tout mis. J'ai limité le syndrome slow-ballade au strict minimum, car L'Eté Indien plombe bien trop l'artiste pour qu'on puisse imaginer en causer librement.

M'enfin, voici un petit morceau de vie parfait, si par exemple vous envisagez un petit Paris-Montpellier dans la nuit et si de fait vous cherchez de quoi vous étonner toutes les trois minutes.

Vous voudrez bien juste excuser la dernière ballade sirupeuse, je l'aime tellement. Mais bon, c'est l'heure d'une petite pause, non ?

Allez, Roulez !

01 - Le Costume Blanc
02 - Katy Cruel
03 - Polk Salad Annie
04 - A la Santé d'Hier
05 - Le Roi du Blues
06 - St; James Infirmary Blues
07 - La Ligne de Vie
08 - On s'En Va
09 - Messieurs les Jurés
10 - The Last Thing On My Mind
11 - L'Amour Etc.
12 - Un Garçon Nommé Suzy
13 - Le Grand Parking
14 - Dans la Brume du Matin
15 - Allez Roulez !
16 - Au Bout Des Rails
17 - Six Jours à la Campagne
18 - La Saison du Blues
19 - Le Marché Aux Puces
20 - Ma Dernière Chanson Pour Toi

Daniel Darc est mort (3)

Voilà, j'arrête pas de penser à Daniel Darc. J'ai écrit une chanson. Inutile de laisser des commentaires, je sais pas si c'est bien ou pas, prétentieux ou pas, ridicule ou pas. Je pouvais pas faire autrement. Allez, après ça, on passe à autre chose, hein...



Daniel Darc est mort (2)


Tant que Daniel Darc vivait, on pouvait croire en tout.

Scarifications live, il faut que jeunesse se passe.
Absences longue durée - il faut que l'Artiste se crée.
Renaissance inespérée (par les andouilles des Victoires du Business), eh oui, le talent ne s'altère pas.
Promesses non tenues - merde, Daniel, et l'album country ?!!!

Et puis cette envie d'en découdre. De se prétendre rock'n'roll même quand on envoie des ballades, parce que bon, on a beau avoir une Gibson Lespaul à la maison, on en n'est pas moins homme. Le rock'n'roll est intérieur, chacun sa flamme.

Car oui, la flamme, sans problème. Résistante à tous vents. Combien de morts chez Taxi Girl, déjà ? Allez, laissons-là les statistiques.

Daniel Darc est mort. C'est peut-être son plus beau chef-d'oeuvre. Ca y est, c'est fait. On va tous bêtement réécouter les chansons. Forcément. Et peut-être, avec plus de force. Pardonner les maladresses des vivants, en tirer la substantifique moëlle, comme on dit. Nous sommes tous des nécromanciens, la larme à l'oeil dès qu'une icône passe le fleuve des enfers.

Les choses de l'autre rive prennent un autre goût. Reécouter. Taper Darc+blogspot sur Google, chercher à rattraper le temps perdu.

Mais, hé ! En bas de chez vous ? Y'aurait pas un Daniel Darc en puissance dans le petit groupe dé merde qui va jouer à la fête e la Musique ? Ou au bistrot du coin ?

C'est peut-être un petit moment à passer plus sympa qu'à télécharger l'intégrale de Yes, No ? 

Juste pour lui, en fait. 

It's only rock'n'roll but (he) liked it.

Allez j'arrête là.