J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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dimanche 10 juin 2012

#135: Percy "Thrills" Thrillington

Ne participant qu'en pointillés, déliés et délayés, je n'ose mentionner le 3ème Congrès des Bloggeurs Mangeurs de Disque, mais le thème du jour, Tribute Album, m'impose de proposer mon obole. Tant pis ce soir c'est ravioli, il reste du fromage au frigo, j'ai à faire.

En 1992, on était en tournée, une sauvagerie est sortie de l'auto-radio du camion véreux qui transportait notre matos. Un hirsute gueulant avec passion des choses incompréhensibles vu comment on captait mal France-Inter dans le Finistère, avec une espèce de rythmique hachée au piano. Bon Dieu qu'est-ce donc ?

En 1992, grand couillon, je découvrai - ou plutôt je re-découvrai - Paul Mc Cartney, ex-qui-vous-savez, dont le charisme proche d'une Renault 12 m'avait échappé durant toute mon adolescence. Son plus haut fait de gloire, durant ces années, ce fut Tug Of War, et franchement, vous admettrez que face au Clash, aux Stranglers, à New Order et tant d'autres, être passé à côté de ce millefeuilles indigeste ne constitue pas un crime de lèse-majesté. J'appris que le morceau en question, donc, était son oeuvre : Monkberry Moon Delight. Claque immense. J'attendis la fin de la tournée pour me ruer chez un disquaire d'occase et chercher l'album en question : RAM. Et là... assis aux côtés de Dieu, John Lennon, seul Beatle acceptable, fut pris d'une crise d'hémorroïdes célestes, s'excusa gentiment, et laissa une petite place dans mon inconscient au prétendu niais Paulo.

Je redécouvrais le Paulo, parce qu'il m'avait déjà fait forte impression, tout petit, en 1975 (?), le transistor collé aux oreilles. Guettant le nouveau Gérard Lenorman, dans le hit-parade d'André Torrent sur RTL, je tombai sur un truc de ouf. Ce crétin d'André Torrent n'en prononça jamais le titre, de la chanson, juste le nom du groupe : les Wings. Aussi, lorsque sortit le triple live Wings Over America, j'usai de tous les subterfuges pour me le procurer. Trois disques, forcément qu'elle serait dessus, la chanson. Hop, chez Carrefour, collé vite fait un autocollant pioché sur une compile minable, "3 disques pour le prix d'un", 49,90 Francs, moins cher que les 83 Francs demandés, et surtout, j'avais le billet de cinquante de la grand' mère dans la poche. Gagné, la caissière fut scrupuleuse. Le disque dans la poche. Et le morceau... absent. Mrs Vanderbilt n'y figurait pas. Bien mal acquis ne profite jamais.

Fin de l'aparté, donc. En 1992, échaudé à jamais par les 50 francs lâchés pour un triple live inutile, pas conquis par un Tug Of War frelaté, rock'n'roll attitude dans la camionnette, le hasard me conduit à RAM. Via Monkberry Moon Delight (le dirai-je jamais assez ?).

Claque.

Alors bien sûr, le reste, Uncle Albert et les autres... merveilleuses pépites, bonbons fabriqués dans la cuisine à Paulo avec une telle passion... Bricolées, tripatouillées, l'ensemble donnant un disque essentiel, peut-être meilleur que ce que le vilain et respectable John Lennon ne pourra jamais produire. So British, tellement After Eight qu'on se croirait là, sur les blanches falaises de Douvres à mâcher des chewing-gums Hollywood...

Et puis, un jour, on apprend que Ram On, le morceau débile au ukulélé, donnera son nom aux Ramones. Gabba-gabba-hey !!! On se sent moins seul.

Et puis un jour, on apprend qu'un certain Percy Thrillington, artiste inconnu, fan de bricolage, sortira rien moins qu'une version intégrale de RAM en guise d'hommage... à son miroir. On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Tout ça n'est qu'une blague. Le Percy inventé par Paul lui-même... Matant d'un air hilare un orchestre re-bricoler son oeuvre. Claque et classe.

...

Par la suite Sir Paul se lança dans des oratorios bien plus hmm... prétentieux ? qui n'intéressèrent personne, on comprend donc qu'un voile pudique couvre toujours cet album. Initialement, il devait sortir juste après RAM. Il finira dans les bacs à solde en 1977. Publié vaguement et rapidement en CD, idem, tout le monde s'en fiche.

Alors que la chose, merdre, est fantastique : preuve que derrière la bricole à Paulo, il y a plein d'harmonies merveilleuses. Ou inversement. Joué par l'orchestre du coin, RAM demeure le plus bel album du monde. Et c'est peut-être pour ça que cette grosse blague de potache n'a jamais connu le succès : quoiqu'on veuille démontrer, l'album initial se suffit à lui-même. Bricole ou Chef-d'Oeuvre, RAM est essentiel. A l'heure ou même le Paulo se plaint (et depuis quelques années déjà) d'une Memory Almost Full, ce gars-là a une réserve de RAM à faire pleurer votre PC dernier cri.

Mémoire vive.

Quand bien même il ne resterait qu'un Percy Thrillington, dans un karaoké minable, pour en rappeler la grandeur. Et qu'on regrettera vivement que dans sa réédition grand luxe (pas sûr que le file se déposite toujours), Paulo ait oublié sa bonne blague.

Un truc initiatique que cet album. Une sorte de clé, fusse-t-elle USB.


jeudi 7 juin 2012

Dans Banga il y a de l'eau (oui mais pas trop)

Pour les gens pressés, ce lien devrait toujours fonctionner.

Pour les autres...

J'aurais du prendre une photo. J'ai beau avoir un iPhone, j'ai pas le réflexe, quand je me retrouve dans un Centre Culturel Leclerc. A ma droite, le dernier CD de Patti Smith à 14,99 euros, à ma gauche, un livre, contenant le dernier Patti Smith pour 19,99 euros. A ma droite, le lien ci-dessus, zéro euros, à ma gauche, le toucher, l'objet en plus, l'oeuvre... je sais, vous n'y êtes pas sensibles, alors je dirai : l'impôt, pour l'artiste. J'ai cramé vingt euros, mes amis, pour l'objet, pour Patti. Car elle sait être élégante. Ranger son album dans un livre, beaux textes, belles photos, beau papier. Morceau en bonus, bien sûr. En a-t-on besoin ? Pas sûr...

Je voulais vous dire la volupté que j'ai eu à consommer. Journée de merde, chacun cherche sa dope. La trouver en un nouvel album de Patti Smith rend désuet et obsolète l'éventuel débat sur la dépénalisation du cannabis.

Je voulais vous dire que l'objet est beau et mérite quelques euros. Son, images, couverture, bref... la beauté dans votre vie ne mérite-t-elle pas parfois de courber le dos et de céder au consumérisme ?

Je voulais vous dire que Patti Smith sort cet album chez CBS - oops, pardon, Columbia - et qu'elle était très fière, à l'époque de Tramped, de partager la maison de disque de Dylan. Elle vit son rêve. Visiblement, le deal était qu'elle fasse un album de reprises (c'est fait) pour rentabiliser l'affaire. C'est minable. Visiblement, là c'est last chance... Et moi, j'aime l'idée de Patti Smith chez Columbia.. Bringin' It All Back Home... Ca veut dire un budget pour une grande artiste, aussi... Mosaic, tiens, juste celle-là...

Je voudrais juste, si le monde était parfait, que tout le monde achète le dernier album de Patti Smith, pour de vrai, avec des vrais sous, je sais pas pourquoi. Pour que les sous signifient encore quelque chose ? Pour libérer Kerviel ? Sauver Sony Music ? Serait-ce une façon ésotérique et perfide que d'user de Patti, révolutionnaire dans l'âme, pour me fracasser mon raisonnement, mon esprit, mon amour pour elle, et me pousser à de telles contradictions ? X-Files rules ?

Peut-être.

M'en fous.

L'album est superbe. Toute peine mérite salaire. Qui aime bien châtie bien. Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Dans Banga il y a de l'eau (oui mais pas trop).

lundi 4 juin 2012

Forfait !

Salut les potos, Pas une minute à moi ces temps-ci, je déclare donc forfait pour la 3ème édition du concours des Blogueurs mangeurs de disque... J'y ai cru jusqu'à ce soir, pensant pouvoir poster un Beach Boys ou un Ramones à la va-vite, mais non... Surf's up sur ce coup-là... Bonne chance aux concurrents...

Désolé, Jimmy...