J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

dimanche 30 septembre 2012

Moi aussi j'ai un nouveau jeu...

Damned, on ne peut même plus partir en week-end tranquillement et attendre le dimanche soir pour proposer le fruit de ses réflexions !... Je sais, on est tous comme ça après un Grand Concours des Bloggueurs...

Jimmy a lancé le sien sans attendre, Mister Moods en a un autre dans sa culotte, eh ben moi aussi !

Imaginez...

Imaginez un Grand Jeu dans lequel il n'est pas possible de prévoir ses posts à l'avance, sauf le premier... et dans lequel même le gentil organisateur n'y peut rien, les participants non plus d'ailleurs (finie la curiosité maladive du type "que va poster Bidule sur ce thème demain ? Serai-je à la hauteur ?") c'est parti c'est parti !

Imaginez un Grand Jeu qui nécessite impérativement la visite des autres blogs participants (et ça c'est sympa, non) pour prévoir la suite...

Imaginez un Grand Jeu un tant soit peu plus stratège, dans lequel les goûts musicaux, la prose ou l'érudition ne suffisent plus... mais dans lequel la ruse et la mauvaise foi peuvent contraindre les participants à passer une nuit blanche avant que de trouver la parade... et passer la patate chaude au voisin (avez-vous écouté Ege Bamiasy de Can ? Diabolique, non ? Comprenne qui pourra... pour l'instant...)

Imaginez un Grand Jeu perfide et jouissif dans lequel les alliances sont impossibles et les posts des bloggeurs difficilement prévisibles (fini le classic rock ici, fini la prog chez Mister Moods et le jazz chez Jimmy... ou presque)

Imaginez un Grand Jeu dont les auditeurs peuvent néanmoins se régaler en imaginant la suite, sans pour autant prédire chez qui elle va arriver (et donc, d'autant plus affriolés pour butiner les blogs divers des participants)

Imaginez un Grand Jeu qui dure d'autant plus longtemps que les participants sont nombreux...

Ca vous dit ?

J'attends vos commentaires !

#136 : Alexis HK "Le Dernier Présent"

Je sais, l'avant-dernier Alexis HK avait plus ou moins fait un vilain flop sur ce même blog. Mais écoutez-moi celui-là. C'est l'album que Joe Dassin n'aura pas eu le temps de sortir, parce que pas le temps de devenir vieux. Imaginez le Joe comme un Henri Salvador, à 80 balais, sortir son Jardin d'Hiver avant que de s'éclipser.  Je le dis sans exagérer, cela aurait pu, dans un monde parfait, ressembler à cela.

Je le dis sans exagérer, même si je ne pense pas être dupe. La relation filiale est presque trop vraie pour être honnête. Les arpèges du 3ème titre, César, sont même un vilain repompage du Monument Aux Oiseaux du défunt François Béranger. Aïe, qu'ai-je dis, neuf lecteurs en moins le temps de l'écrire. Tant pis.

Ceux qui sont toujours là devraient en revanche commencer à frétiller. De la bonne chanson, un rien désuète, un rien surannée, un rien monotone sur la (pourtant courte) durée. Tant mieux, ça finit avant qu'on s'en lasse. 10 chansons, une demi-heure chrono, le temps d'une pause, le temps de tout écouter. Fils De, au titre clairement inspiré de Brassens, est une petite merveille d'écriture, un tout petit rien de flow tendance rap par courts instants pour nous rappeler qu'on est en 2012. Idem pour Princesse De Papier. Brassens meets Joe... quand on sait que le premier affichait un rictus heureux à l'écoute des Dalton du second, l'idée, même marketée par Universal (quoique... l'album est distribué par Autre Distribution, arnaque ou label indépendant ? Je sais pas et je m'en fiche), n'est pas mauvaise. Charité populaire enfonce le clou. En deux minutes chrono, c'est presque trop court pour le Top 50.

On regrettera l'inutile présence d'un Renan Luce jouant le rôle de guest-star du pauvre, on regrettera peut-être (ou pas) que tout cela reste sans doute confidentiel. On Peut Apprendre est peut-être facile, mais je la trouve chouette, là, maintenant. Un peu de banjo ne nuit pas.

Moi j'applaudis à deux mains quand sort un joli album de variétés françaises comme ça, même s'il finit sur un truc vaguement rock plus proche de Grégoire dans l'arrangement que d'un Manset. C'est moins casse-pied qu'un triple album de Saez, c'est pas prétentieux pour un sou, c'est juste une demi-heure à passer agréablement en grillant des châtaignes au coin du feu. Après, on ressort du placard à vinyles, en vrac et dans le désordre, Salut Les Amoureux du grand Joe, Supplique Pour Etre Enterré Sur La Plage De Sète du vieux Georges, Département 26 de Béranger, Hollywood de Mc Neil et tout le reste. C'est bien sûr bien mieux, mais l'auriez-vous osé sans Alexis HK, là, maintenant ? Et le cidre coule, les châtaignes craquent sous la flamme, le jour s'éteint, le plexus solaire vous titille, il est l'heure de manger une bonne soupe et aller se coucher, bêtement heureux d'avoir entendu quelques belles chansons. Qu'on aura peut-être même essayé d'égrainer à la guitare. C'est déjà énorme, non ?

Charité Populaire...

samedi 29 septembre 2012

GCDBMDD # 7 : Anne Dudley & Jaz Coleman "Songs From The Victorious City"

Thème du jour : La Grande Vadrouille
De la Musique Voyageuse

Décidément, je souffre en cette fin de concours. C'est clairement un appel à la World Music, genre s'il en est qui m'est particulièrement désagréable. Mixez une cornemuse avec un djembé, rajoutez une pointe de dobro et un coucher de soleil sur la photo, et vous avez un superbe album de World Music à pas cher au rayon relaxation de chez Super U. A ce petit jeu-là, Michel Sardou c'est de la World Music : Tenez, prenez Les Bals Populaires : accordéon auvergnat, batterie américaine, guitare anglaise et crétin des Alpes. Abattons les frontières, mes amis, mes frères ! Solution pour une petite planète (et une retraite grassement assuré à Peter Gabriel au passage, fin filou de la-dite aventure...) ! Tout ceci va évidemment à l'encontre des opinions du cadre supérieur de gauche bien-pensant qui voit en mes propos des salves identitaires fascistes. Mais si le même bobo levait un peu les yeux de son Nouvel Observateur, il pourrait y voir aussi la négation de cultures minoritaires englouties dans un Village Global dont je me garderai bien de vanter les mérites à une vache espagnole.

Bref, le débat même m'ennuie.

Alors puisqu'il le faut, allons-y, mais retenons, comme le disait Clémenceau, que la World Music est une chose trop sérieuse pour la confier à Peter Gabriel.

Confions donc la chose à un artiste érudit, ayant étudié le violon, la musique arabe au conservatoire du Caire, qui plus est passionné de musique traditionnelle tchèque et maori. Vous avez tous reconnu le discret leader de Killing Joke, Jaz Coleman. Rajoutez à cela la contribution de la compositrice classique Anne Dudley, ayat oeuvré chez les non moins bruitistes Art Of Noise, offrez aux deux tourteraux un aller simple pour l'Egypte, avec une TR 909 comme seul bagage, et laissez reposer le temps que ces deux intellectuels composent la partition du dit disque, Songs From The Victorious City.

Et prenez ensuite une claque monumentale. Le boum boum technoïde de la TR 909 accompagne à merveille le pouls de cette bonne ville du Caire, l'orchestre national d'Egypte n'étant par ailleurs pas manchot, ni Jaz ici présent au violon et à la flûte.

Si l'album sombrera naturellement dans l'oubli, les fans de Killing Joke prêts à lancer une fatwa contre leur brailleur préféré montrant ici une face bien trop délicate pour être honnête, il ouvrira une brèche immense qui profitera, quelques deux-trois années plus tard, aux deux vieilles biques de Led Zeppelin, ne risquant pas grand chose à reprendre leur merveilleux Kashmir avec un orchestre si talentueux. Et l'autre baba cool de Steve Hillage cartonnera bien aussi en produisant Rachid Taha, dans des albums merveilleux tels Medina qu'il faudra que je poste un jour, maintenant que le virus du blogueur m'a repris...

Cet album, je l'aime parce qu'il est beau et impertinent. Punk dans l'esprit et jouissif pour l'âme.

Bien sûr, tout cela a un peu vieilli peut-être. La recette de Grand Mère Dudley et Papy Coleman entendue mille fois depuis. Amis musiciens, voyez toutes les banques de son orientales disponibles sur le marché pour égayer votre electro ou votre drum'n'bass ou que sais-je encore. Ce qui me plaît ici, c'est qu'on revient aux origines de la chose, un peu comme peut l'être un vieux morceau de l'Anthology Of American Folk Music au regard du rock américain. Peut-être nos arrières-petits enfants nous envieront-ils d'avoir vécu l'histoire en direct.

S'ils retrouvent cette chronique d'ici cent cinquante ans, qu'ils m'excusent, je blaguais.

Michel Sardou, c'est de la daube.

A Survivor's Tale ?

jeudi 27 septembre 2012

GCDBMDD # 6 : Frank Zappa & Ensemble Modern "The Yellow Shark"

Thème du jour : Aimez-vous Brahms ?
Harr ! La Mouzikeu Classickeu...

Non.

Quoi ?

Non, je n'aime pas Brahms.

Je sais, c'est catégorique, mais c'est sans doute le reflet d'une culture musicale qui, dès l'enfance, m'apparaît aujourd'hui comme trop élitiste dans ce domaine. C'est sans doute ces heures passées, depuis l'âge de cinq ans, à écouter les grands compositeurs qui aujourd'hui m'oblige à fuir ce qui, très tôt, se transforma en un carcan qu'il fallait que je brise pour prendre mon envol. Oh, je n'en veux pas à mes parents, ils pensaient bien faire, mais quand même...

C'est dès l'âge de cinq ou six ans que je me mis à fredonner la Symphonie N°40 de Mozart. La version dont je disposais était sublime. Celle des Compagnons de la Chanson, Au temps de Pierrot et Colombine, sur la face B d'un 45 tours offert par Danone (même si la face A, le Coeur en Fête, était pas mal non plus).

Très vite, je portai mon attention vers l'art lyrique. Carmen, de Bizet, dont j'adorais l'air du Torréador :

Une entrecôte je suis une entrecôte
Avec Astra, jamais de gras
Jamais de gras ne saute autour de moi
Et ça ne salit pas
Tous les plats nous chantons
Pour la cuisson c'est mieux avec Astra

RTL diffusait la pub en boucle, quelle maestria, quelle volupté !

L'année suivante, je découvrai avec étonnement et passion la 7ème de Beethoven. Le deuxième mouvement, dirigé par Karajan, reste un souvenir immémorable. Surtout avec Johnny qui hurlait sa tristesse du temps passé, quand il y avait des plages et des oiseaux et tout ça ! Aah, le Poème sur la 7ème !

N'étant pas d'un âge à m'engouffrer dans la mélancolie, je découvrai les charmes de la musique slave, et l'espoir vibrant de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak. Surtout, ce que j'aimais par-dessus tout, c'était la batterie. Dans la version de Waldo De Los  Rios. Qui réussit également une interprétation fabuleuse du Nabucco de Verdi. Une oeuvre pas facile. Tiens, quand ma mère revint avec la version de Nana Mouskouri (Je Chante Avec Toi Liberté), je saisis toutes les nuances et l'importance du chef d'orchestre.

Non, sans rire, toutes ces émotions furent trop fortes. J'abandonnais la musique classique jusqu'au jour où, bien plus tard, un ami me fit découvrir les Sonates et  Partitas pour violon solo de Bach. Vraiment, vraiment bluffant. Par moments, dans la Chaconne, on dirait qu'ils sont deux à jouer. Un peu comme Robert Johnson.

Eh ouais, blague à part, toute la musique que j'aimeuh, comme dirait l'autre, ben c'est un peu ça pour moi. Où alors faut que ça joue. Tiens, Il Giardino Armonico, ils peuvent me jouer les Quatre Saisons autant de temps qu'ils veulent, ça me scotche. Mais bon, j'en ai déjà parlé et, franchement, je ne me vois pas vous parler de Jean-Sébastien Bach pendant tout un post.

Mais bon, le taulier du concours semble veiller au grain au respect des thèmes. J'ai failli m'en prendre une pour avoir posté un concert triste, qui s'éloignait visiblement par trop du concept "ça joue, man". Ouch ! Va falloir s'y coller.

Partant du principe que la musique classique, par défaut, peut être définie par ce qui n'est pas Rock'n'Folk, même si Bartok fut l'égal d'Alan Lomax dans sa Hongrie natale, ni jazz (quoiqu'avec Shostakovich ou Gershwin, on puisse se poser des questions). Puisque Stockhausen a sorti ses concertos pour violons et hélicoptère chez Deutsche Gramophon, on me permettra d'admettre que c'est de la musique classique. Plus prosaïquement, c'est dans ce rayon qu'on trouve ça à la FNAC. Et hop, pirouette via Pierre Boulez, qui dirigea les oeuvres de... Zappa.

Dont acte, yopla, et toc.

A la différence des derniers cités, auxquels je pourrais sans vergogne raojuter Xenakis, Zappa ne m'ennuie pas. Au pire, il m'amuse, au mieux, c'est grandiose. Ne faites pas vos vierges effarouchées, y'en a un dans la bande qu'a écouté les Kurzweillen de Stockhausen pendant plus de deux minutes ? Oui ? Menteur, tiens.

Notez quand même que je ne me risque pas à vous balancer un truc rock, hein. Pas d'Apostrophe ou autre Grand Wazoo, ici, du vrai Zappa avec un grand orchestre, des cuivres démentiels et tout. Le truc qui, d'emblée, fait peur au néophyte et terrorise le béotien. Ses Dog Breath Variations revisitées sont un pur bonheur pour l'âme. Et le reste est à l'avenant. En plus, déjà mal en point sur la pochette, on comprend vite à son regard de cocker battu à quel point ce projet lui tenait à coeur avant de partir offrir des do-nuts à Saint-Pierre. Un truc à tester, vraiment. Qui, peut-être mieux que la margarine Astra, vous permettra par la suite d'aborder des grandes oeuvres plus... académiques. Même si, à mon grand dam, pour moi c'est raté. J'ai toujours cette version de La Flûte Enchantée de Mozart (oui, bon, je sais, tout le monde sait de qui c'est), achetée un jour de pluie, car bardée d'autocollants 5 étoiles Télérama, Le Choc du Monde de la Musique et que sais-je encore. J'y arrive pas. Tout comme je ne suis jamais arrivé à écouter les autres mouvements de la 7ème de Beethoven.

Alors voilà, je botte en touche, en espérant peut-être conquérir quelque zappaphile débutant manquant de courage devant le concept de Yellow Shark, tout comme j'espère, en lisant les posts des autres bloggueurs, dénicher une pépite qui m'aiderait à aimer Brahms, contre qui, au fond, je n'ai aucune rancoeur. Juste l'amertume de passer désespérément à côté de quelque chose.

Voilà, ce post fut un enfer pour moi.

Outrage at Valdez ?

mardi 25 septembre 2012

GCDBMDD # 5 : Kiss "Alive !"

Thème du jour : Au Hasard, Balthazar !
Un album choisi au hasard dans votre collection, sans tricher SVP !

J'avoue, j'ai triché par préméditation. Me suis éloigné des C et D, histoire d'éviter Cohen et Dylan, ainsi que les R et/ou S, histoire d'éviter un Stones plan-plan. J'en ai tellement, des CD, que ça m'a fait crapahuter. Mais bon, j'avais cru comprendre dans le thème du jour qu'un disque improbable serait le bienvenu, histoire de mettre à nu le bloggueur qui passe son temps à tenter de vous charmer avec ses verreries, ses bijous et ses chefs-d'oeuvre. Y aurait-il là-dessous une once de mauvais goût non dévoilée ? Ha ! Moi, môssieur, j'ai posté du Dave et du Il Etait Une Fois. Je suis donc tranquille quant à mon intégrité musicale. J'en ai pas.

Mais quand même, y'avait des risques : une double compile de Mike Brant, du Johnny Hallyday, l'intégrale de Joe Dassin, bref, de quoi frémir quand on n'a posté que des choses politiquement correctes. Etant capable de justifier tout ça sans la moindre once d'inquiétude, le hasard ne me fit pas peur.

C'était oublier la loi des séries. Voyez-vous, je vis en ce moment des instants désagréables qui s'accumulent comme si un dieu quelconque cherchait à me faire croire que la théorie des probabilités n'était que foutaises et compagnie, et qu'il dirigeait mes pas, mes faits et gestes avec un humour grinçant dont ce soir, en formation à Dijon, je me lasse ("Aaah ben non monsieur, vje ne trouve pas votre réservation de chambre, je suis désolé" - je vous passe la suite, je suis sorti de mes gonds même sans avoir de porte à ouvrir, etc. etc.).

Donc, hop. J'ouvre l'oeil, regarde le CD.

Kiss "Alive".

Saloperie de loi des séries. Le diable m'en veut-il d'avoir défleuré la recette du gumbo à la blogosphère entière ? Robbie Robertson a-t-il lu mon post ? Et puis surtout, un instant d'inquiétude : j'ai ce truc-là chez moi ? Quelqu'un me l'a prêté ?

Une voix intérieure me répondit : rappelle-toi, JP, tu l'as acheté à l'automne 2009 chez Machin Cash à 1 euro et ton épouse s'est fichue de toi : "t'achètes vraiment n'importe quoi !".

OK, OK, je me rappelle de la brimade. Je me rappelle de tout.

Je me rappelle de mes quatorze ans. Je passais mon temps à dévorer Rock'n'Folk, j'avais le Guide Akaï du Disque, et j'allais tous les quinze jours à la ville, emprunter des vinyles à la bibliothèque. J'essayais de tenir une face entière du Coltrane Live At The Village Vanguard, je me cramponnais aux baffles en tentant de tenir les quatres faces d'Uncle Meat de Zappa, je ne jurais que par Led Zeppelin, seul péché avouable pour le boucan à en croire Philippe Manoeuvre et cherchais à comprendre pourquoi And Then There Were Three de Genesis était si méprisable... Heureusement, la mort de Lennon m'a permis d'écouter Imagine sans passer pour une andouille. Il me fallut apprendre à détester Barclay James Harvest, aussi. Bref, un boulot à plein temps quand le printemps fleurit, que l'élue de votre coeur vous demande si vous aimez Supertramp...

Choisis ton camp, camarade. Imbécile, j'ai dû lui parler des Talking Heads. Je m'en mords encore les doigts.

Le pire de tout ça, c'est que le voisin d'en face qui m'apprit à fumer des Camel (merci, alors là, merci !) ne se gênait pas, lui. Je n'avais qu'un électrophone, il avait une chaine. J'avais beau lui dire que Jimmy Page était le plus grand guitariste du monde, au bout de cinq minutes de Dazed & Confused version The Song Remains The Same (double album qui m'avait coûté une fortune, et que je devais rentabiliser jusqu'à mon anniversaire), il me proposait d'aller fumer une clope. C'est nul ton truc, on se fait chier.

Et le pire du pire : il écoutait Kiss. I Was Made For Loving You, à fond les ballons, et sans aucun complexe. Ses fenêtres grandes ouvertes, j'en profitais honteusement. Avoir la force d'être dédaigneux, lui expliquer que c'était de la soupe mais... quelle soupe ! De lui dire avec mépris que 2000 Man, c'était une reprise des Stones (j'avais vu Jagger/Richards dans les crédits) et que l'original était bien meilleur. Garder mon cap, quoi.

La semaine suivante, je trouvais l'album des Stones avec 2000 Man à la bibliothèque. Sans filet et fier de moi je déboulai chez lui : Tu vas voir la claque, mon gars, les Stones c'est autre chose.

Vous connaissez tous Their Satanic Majesties Request... A 14 ans ça ne pardonne pas. Il me rit au nez durant The Lantern, et je suis parti la queue basse... Je le perdis de vue lorsqu'il ramena Back To Black d'AC/DC. Je tentais toujours de trouver super chouette In Through The Out Door de Led Zep, la haine.

Voilà pourquoi je déteste Kiss. Voilà pourquoi, à 43 ans, j'ai péché d'1 euro pour m'acheter le Kiss Alive ! l'album détonnateur, sans hit singles connus, histoire de rattraper mon passé.

Il me paraît inutile de chroniquer le disque. Ca bastonne du début à la fin (enfin, je crois), ça n'est plus de mon âge, mais quand même. Quand j'analyse, après coup, le ridicule d'un Jimmy Page avec son archet et ses effets pyrotechniques, quand je constate que dès 1973, les Stones ont continué à jouer un rôle plus pour des raisons marketing qu'autre chose, je me dis que Kiss avait raison. Kiss était franc du collier : tout cela, ce n'est que de l'esbrouffe. Bien sûr que Gene Simmons n'est pas un vampire dans la vraie vie. Bien sûr que E.T. ne débarquera jamais dans mon jardin. Mais quel panard pendant 1h 1/2 ! Quand je me rappelle de ce concert pitoyable des Stranglers, je me dis qu'au final, les plus honnêtes, c'étaient eux. Ils vendirent, selon Wikipedia, 9 millions d'albums de ce truc. Et ça ne m'étonne plus. What you pay is what you get. Ou l'inverse. Quand on voit ces gros méchants de Metallica, dans leur documentaire, s'écharper la gueule avec un psy comme médiateur pour finir un album, et qu'entre deux Death, Riot et je ne sais quoi ils sont les premiers à gueuler contre le téléchargement, on finit de toute façon par ne plus y croire. Avec Kiss, au moins, personne n'était berné. Et ma foi, basse/guitare/batterie ça le fait. Ma fille a huit ans et elle ne croit déjà plus au Père Noël. Et je me marre à écouter Mika avec elle.

Qu'est-ce que j'étais nouille à quatorze ans...

Hotter Than Hell ?

dimanche 23 septembre 2012

GCDBMDD # 4 : The Band "The Last Waltz" (longbox edition 4CD)



Thème du jour : Playtime
Faut qu'ça joue, man 

Ce fut sans doute l'un des concerts les plus tristes de l'histoire du rock. L'un des meilleurs, peut-être pas, l'un des meilleurs de The Band, peut-être. Il y a tellement d'émotion et de feeling dans l'interprétation de leurs grands classiques (tous présents ou presque dans cette "intégrale" du concert, manque juste King Harvest (has surely come) s'il fallait glauser), chacun savait qu'ils les jouaient pour la dernière fois. Tous étaient émus, tristes, nostalgiques et voulaient en profiter encore une fois, encore... sauf cette andouille prétentieuse de Robbie Robertson qui avait saboté le groupe.

Môssieur Robertson avait des ambitions cinématographiques, à force de traîner à L.A. (notamment avec Martin Scorcese qui réalisera le film du même nom, superbe soit dit en passant). Môssieur Robertson l'avait déjà fait savoir dans l'album Cahoots ou il tentait de réviser son songwriting (comme on dit chez les Inrockuptibles) dans cette optique.

Assurément l'album le plus nul du groupe. Toc.

Suite à quoi, Môssieur Robertson tenta l'album de reprises, avec notamment celle de The Third Man (le cinéma, encore), et dut admettre, mais un peu tard, dans Northern Lights/Southern Cross qu'il était limité par une marque de fabrique, une façon d'envoyer les chansons. Ce qu'on pourrait qualifier de style, si l'on voulait l'honorer, mais Môssieur Robertson fut du coup convaincu que ses paysans d'acolytes lui barraient la route vers de meilleures destinées.

Et les autres, ne vivaient que par la musique, pour la musique (et leur facilité à accompagner tout le monde ce soir-là le prouve aisément).

Péquenots.

Si lui, Môssieur Robertson n'avait pas rencontré Dylan en 1965, ils seraient encore à faire le tour des bars à putes au fin fond du Canada.

Et peut-être auraient-ils été plus heureux que ce soir de 1976, au Winterland, ou Levon Helm dut faire appel au chantage ("Muddy Waters joue ce soir ou alors je pars avec lui à New-York et tu te démerdes avec ta dernière valse !"), tout ça parce que Môssieur Robertson aurait voulu laisser plus de place à cette andouille de Neil Diamond, dont il venait de produire un album (Beautiful Noise), lui apportant une caution "rock" et un Martini assuré dans toutes les piscines de Mullholland Drive.

Muddy Waters joua, finalement. Et magistralement. Comme tant d'autres ici (la version du Caravan de Van Morrison est dantesque et mémorable), et c'est pourquoi malgré toute cette puanteur cadavérique marketing tournant autour du projet, je vous propose ce disque. Pour un Neil Young cocaïné jusqu'à la moëlle délivrant un Four Strong Winds (des Canadiens, respect, Ian & Sylvia, et Ian Tyson était dans la salle, merci pour lui, Neil) et un Helpless émouvants au possible (Joni Mitchell assurant les choeurs backstage sur Helpless) . Pour un Dylan taquin et retors (refusant de se faire filmer cinq minutes avant d'entrer en scène pour ne pas nuire au succès de son son navet cinématographique Renaldo & Clara, faisant du coup faire pipi dans sa culotte à Môssieur Robertson mais démarrant - et terminant - son set par la version électrique de Baby Let Me Follow You Down façon 1966 et idem rejouant I Don't Believe You dans le même esprit, Robbie Robertson oubliant un instant son ego devant le Maître et lâchant des soli démoniaques, Garth Hudson toujours prêt à enrober le tout), pour la version dantesque de It Makes No Difference chanté par le merveilleux Rick Danko avec une émotion incroyable dans la voix, pour Clapton dont la sangle de guitare lâche en plein solo et qui continue, morbleu, parce qu'on va pas s'arrêter pour autant, etc. etc.

Je dois donc avouer que Robbie Robertson joue diablement efficace, tendu, nerveux et concis comme jamais - ou comme toujours, et qu'on a eu la bonne idée de débrancher son micro afin qu'il ne gâche pas tout en couinant dedans.

Alors en résumé, du début à la fin (je mets juste un bémol sur l'intervention de Neil Diamond), oui, putain, ça joue, man ! Avec ses tendus (Van Morrison, Ronnie Hawkins...) et ses déliés (Joni Mitchell, Neil Young...). Et les cuivres d'Allain Toussaint sont là aussi, comme au bon et déjà vieux temps de Rock Of Ages ! Et je vous passe les invités Deluxe dont on n'a rien à faire (Ringo Starr, Ron Wood, Steven Stills... dont on espère qu'ils auront apprécié les petits fours). Et même si le 4ème CD (sessions studios pour d'idiots vidéo-clips insérés dans le film, répétitions et maquettes) est largement dispensable (hormis, peut-être The Weight avec les inoubliables Staples Singers, gospell à souhait, mais encore...), le reste vaut son pesant de sirop d'érable et de whisky moonshine.

Au jour d'aujourd'hui, l'autre andouille (vous avez compris de qui je parle) et le fêlé Garth Hudson (organiste dantesque, fou des claviers) sont les deux seuls survivants : Richard Manuel, suicidé, Rick Danko, infarctus, Levon Helm, cancer. Je ne suis pas un spécialiste de la statistique médicale, mais, au moins pour les deux premiers, la fin de The Band, malgré des reformations sans l'autre idiot malheureusement talentueux, précipita les choses.

Et que dire du film, dans ces instants où Scorcese interviewe le groupe : Et qu'allez vous faire maintenant ? Regards vagues, fuyants de Richard Manuel... silences... Rick Danko tripottant une table de mixage, semblant croire à la promesse de cet enc... de qui vous savez comme quoi le groupe continuerait d'une autre manière... La mort du cygne, en direct. Le succès, la gloire, dit-on, ne dure qu'un temps.

Thank you very much... Good Night... Goodbye...

Pour The Band, cela aura duré au moins trois temps. Les trois temps de la valse.

Au premier temps de la valse...

Au deuxième temps de la valse...

Au troisième temps de la valse...

Une valse à quatre temps ?

vendredi 21 septembre 2012

GCDBMDD # 3 : DR. JOHN the night tripper : "GRIS gris"

Thème du jour : la Beauté du Diable
De la musique qui fait peur mais qu'on aime ça !

Ha ! le Diable !

Où se cache-t-il donc, celui-là ?!!! A la croisée des chemins, offrant à Robert Johnson un quart d'heure de gloire contre une âme déjà damnée d'avance ? A Altamont, guilleret et railleur prêt à faire payer aux Stones leur insolence ? Chez des Death-Mettaleux de pacotille prêts à l'invoquer pour quelques dollars ? Mmmh... Ca serait bien cupide et puéril de sa part. Led Zeppelin ? Pas la force d'écouter Stairway To Heaven à l'envers pour y trouver sa trace.

Non.

Je vous le dis, en vérité, le Diable se cache dans la cuisine. Selon Rite Uniformément Accepté de Ginette Mathiot (RUAGM), nous réalisons chaque jour, à chaque repas, la même chose : faire chauffer de la matière grasse, y faire revenir des oignons. Bien sûr, c'est selon, beurre ou huile. Langue d'Oc, langue d'Oil. Mais la quête du plat philosophal débute toujours de la même manière. Dans 95% des cas. Après, cela finit en ratatouille niçoise ou en boeuf bourguignon, mais Ginette règne sur notre alimentation et guide nos pas à chaque instant.

Vous me direz qu'on est sensés parler musique ici, et vous me rétorquerez que bien souvent, l'on croit entendre le Diable dans le blues. Dans cette fameuse blue note qui renvoie le bon Jean-Sébastien et son clavecin bien tempéré dans les feux de l'Enfer, et nous laisse perplexes face à ces bémols indigestes.

Le Gumbo fait le même effet. Suivons la recette.

Au départ, le RUAGM est respecté. Des oignons transpirent leurs effluves dans de l'huile d'arachide. Un peu de farine et de court-bouillon puis s'en suivent poivrons et tomates (peut-être dans le désordre, c'est une expérience que j'ai trop peu souvent tenté pour m'en souvenir dans les détails). On s'approche de la Méditerranée, mais cela reste acceptable. Arrive le légume maudit, le gumbo - ou okra pour les ricains. Sorte de haricot peu ragoutant, la chose est poisseuse, et dès qu'elle se frotte à l'étuve du ramassis précédemment narré, elle se met à suinter des sucs rendant l'ensemble glaireux à souhait. Le choc des cultures dans l'Athanor Tefal. Rajoutez-y écrevisses, saucisses ou poulet, rien n'y fera. Vous venez d'entrer dans un autre univers.

Le gumbo est à la cuisine ce que le blues est à la musique.

Le GRIS-gris de Dr John est à la musique ce que le gumbo est à la cuisine.

Et cet album est unique. Le bon docteur reviendra vite à des recettes mieux calibrées, plus diététiques. Ici, le vaudou se cache entre chaque sillon, entre chaque bit de votre fichier mp3. Du Gris-Gris Gumbo Ya-Ya initial jusqu'à I Walk On Guilded Splinters, tout ici est gluant, macéré et boueux à souhait. Surprenant à chaque instant, j'en veux pour preuve le clavecin de Crockert Courtbouillon qui sans nulle doute inspirera le fielleux Golden Brown des vilains Stranglers, la galette vous envoie dans des lieux inconnus, assurément malsains et diaboliques, l'odeur du bayou vous colle à la peau et les alligators rodent.

Oui, cette musique fait peur, car unique, étrange et atypique, mais oui, qu'on aime ça. Un groove lancinant et monotone plane d'un bout à l'autre, à peine le temps d'un Mama Roux plus funky ou d'un Jump Sturdy un peu bluesy et festif et on replonge dans le marais. Dance Kalimba Ba Doom ! Et les mandolines n'y changent rien. Plus inquiétantes que napolitaines, jusqu'aux instruments utilisés sont déroutées de leur sensibilité initiale. Le gumbo gâte nos beaux oignons... La voix du Docteur inquiète, subjugue et questionne. Comme jamais.

Diable ? Je ne saurais dire. Mais voilà un disque habité. Sur lequel on hésite à danser, de peur de finir derviche, aucune envie de taper du pied. Danse Fambeaux ? Grognements sourds à tous les étages, sifflements inquiétants, groove perfide... cloches qui sonnent dans la nuit...

Le gumbo pèse lourd sur l'estomac. Vous êtes en plein cauchemar. Gris-gris Gumbo Ya-Ya.

Je suis le Grand Zombie...

Le Docteur vous aura prévenu.

Pour un exorcisme numérique, voyez marmiton.org

mercredi 19 septembre 2012

GCDBMDD # 2 : Dusty Springfield "Dusty In Memphis"

Thème du jour : Une affaire de femmes
Musique au féminin

En fait, j'avais envie d'abord de poster Cut des Slits, histoire de casser l'image de la femme qui nous veloute les oreilles et qu'on envoie faire la vaisselle quand, entre homme, on hurle une kro à la main "It's Only Rock'n'Roll But I Liiiiike It..."

Et je l'ai pas fait parce que Jimmy l'avait déjà posté (le bon goût de cet animal m'agace parfois quand je suis dans l'urgence !), et que ne veux pas passer pour un vilain copieur. Ne voulant pas transmettre à la blogosphère ma fixation sur Patti Smith, mon amour immodéré pour Madeleine Peyroux de peur qu'on en vienne aux mains avec le même Jimmy, j'ai ensuite songé à une compile de la Carter Family, pour rendre hommage à Mother Maybelle Carter, mère fondatrice de la country music, inventeuse du flat-picking, et que les rednecks, sous leur Stetson sous lequel on entend le vide et le vent du Texas souffler oublient bien trop souvent. Problème : la compile, depuis que j'ai acheté l'intégrale, je l'ai vendue... Et l'intégrale de la Carter Family, j'ai pas le temps...

Alors... je ne vois plus que cet album. Dusty In Memphis. Et tant pis si certains l'ont déjà posté. Dusty, c'est tout une histoire. Une sorte de Johnny Thunders au féminin, Une Bessie Smith des années 1960-70.

De la northern soul des débuts, de la pop sucrée vite démodée par des chevelus sensés libérer la musique en jammant trois quart d'heure sur Chuck Berry, la pauvre Dusty ne s'est jamais remise. En désespoir de cause, elle tente donc le coup de l'album aux Amériques, d'où ce titre alléchant de Dusty In Memphis. Après tout, un retour aux sources à Memphis avait bien permis à Elvis de gagner un regain de respectabilité à un moment ou ni ses ballades sirupeuses, ni le rock'n'roll à papa ne payaient plus (salauds de hippies, là encore).

Sauf que, les anglais n'aiment pas ça. Quand bien même ils n'en avaient plus rien à faire de la pauvre Dusty, on ne part pas aux USA sans payer le prix fort d'une rancoeur se traduisant fissa dans les hit-parades. Les Beatles, les Stones, Led Zep, tous ont dû montrer patte blanche et limite s'excuser à leur retour.

Et pourtant, quel disque ! Bon, bien sûr, ce n'est pas la décharge rythm'n'blues qu'on aurait pu espérer, mais quand même. Dans ce registre, Son Of A Preacher Man est parfait, rien à toucher, merveille absolue. Et puis les ballades sont à tomber. Les violons ne s'emplâtrent pas dans le beurre de cacahuète, la dame est mise en valeur sur chaque chanson, et - perso - et - cocorico - The Windmills Of Your Mind de notre Michel Legrand national n'a jamais été mieux chanté. Et comme c'est une des plus belles chansons du monde, ça tombe plutôt bien, non ?

Mais prout, plouf, flop et basta.

Il faudra attendre la galère de la pauvre Dusty (en gros, drogues, homosexualité déclarée à une époque ou ça vous foutait une carrière en l'air plus rapidement que l'intro d'un single, cancer du sein et bye bye) pour qu'elle soit introduite au Rock'n'Roll Of Fame post-mortem (dix jours après sa mort, on appréciera la réactivité des Ricains) et que l'album soit porté aux nues. Ce que je fais aussi, bien trop tard, mais j'espère que personne ne m'en voudra de ne pas avoir bloggé en 1999... voire avant....

Une affaire de femmes... le film de Chabrol est aussi triste et implacable que la destinée de Dusty Springfield. Bien plus près de nous Amy Winehouse suivra une voie tout aussi emballante... Ragots, saloperies, pétages de plombs bien justifiés. Un jour, peut-être, on écoutera juste la musique sans lire VSD, et sans acheter le disque à cause de la pochette. Quand je pense que cette vieille peau de Mireille Mathieu, si elle ne nous casse plus les oreilles, réussit malgré son grand âge à nous briser nos organes génitaux avec sa saleté de remarque sur les Pussy Riot, je me dis que merde, la vie est mal faite, et que la pire punition de Dieu ça n'a pas été de nous chasser du paradis, mais laisser vivre les connes et nous enlever les plus beaux fleurons de la culture féminine bien trop prématurément. Et de constater que les connes dépassent parfois les cons. N'est-ce pas, Marine ?

Don't forget about her...


lundi 17 septembre 2012

GCDBMDD # 1 : Bob Dylan's Greatest Hits (FLAC)

Thème du jour : Que la fête commence !
Un must pour commencer, lâchez-vous !

OK, OK Mister Moods, je me lâche ! J'ai failli pousser la provocation jusqu'à proposer le tout nouveau Tempest du Zim, sur lequel j'ai dit un peu de mal à Jimmy après une première écoute distraite, et qui depuis tourne en boucle dans mon auto-radio, mais bon... je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un must... Mais je provoque quand même : un tout petit best-of de Dylan, alors qu'il en existe des dizaines, plus goulus, en coffrets, en bootleg series et autres compilations sensées faire cracher les sous du serial addict jusqu'à la moelle. Là, je ne vous propose que le Best Of de 1967, sensé à l'époque faire patienter les fans suite à son pseudo-crash en moto, orné du perfide Positively 4th Street sorti en ce temps-là uniquement en 45 tours, histoire de convaincre (déjà) les plus sceptiques à acheter le disque.

Dire que tout est bon dans ce cochon de best of de Dylan relève de l'évidence. Un accéléré de 1963 à 1967, toute graisse et nerfs évacués. Le genre de disque qu'on pourrait balancer en Corée du Nord ou sur Mars pour expliquer pourquoi les choses ont changé pour toujours dans notre bas-monde. Mais qui semble témoigner aussi d'un manque d'intérêt total à l'heure ou - encore - on trouve bien plus goulu et bien mieux enrobé à la fois sur le net mais aussi dans votre supermarché culturel préféré.

Alors pourquoi ? Ben, deux bonnes raisons me poussent à vous proposer ce frugal Greatest Hits qui s'arrête en 1966, et qui dure à peine les 40 minutes réglementaires d'un vinyle de l'époque.

Tout d'abord, la sortie récente de la compilation de l'Explosion Rock de Dylan, qui m'apparaît débile et mal construite : deux CD, l'un folk, entrebâillé en plein milieu d'un Like A Rolling Stone qui n'a rien à y faire, et l'autre qui bavarde grassement, puisant au hasard dans sa période prétendument Rock, et revenant par ci-par là à sa période acoustique. Tout ça sans même proposer des choses plus discrètes mais tellement essentielles qui permettraient d'attiser la curiosité du néophyte, au hasard, Visions Of Johanna ou Desolation Row. Une merde en boite cautionnée par la Cité de la Musique. Génial.

Ici, pas de gras, que du maigre. De la viande séchée façon Grisons qui demeure essentielle :

Rainy Day Women # 12 & 35 (même si celle-là, j'ai jamais accroché...)
Blowin' In The Wind
The Times They Are A-Changin'
It Ain't Me Babe
Subterranean Homesick Blues
Mr Tambourine Man
Like A Rolling Stone
I Want You
Positively 5th Street
Just Like A Woman

Et Basta, pas vrai, mec ?

Car, on l'oublie, tout était allé très vite. A peine cinq ans pour écrire les tables de la loi, atomiser les us et coutumes de Tin Pan Alley avec ces accords de Do/Fa/Sol provocateurs et verser dans le rock'n'roll et le British Beat cette poésie qu'on retrouve encore aujourd'hui partout, même dans le plus mauvais Cabrel.

Ensuite, et surtout, ce Greatest Hits connu de tous a subi, par la magie des possédés de chez audiofidelity.net un mastering d'une classe sans pareil. Exit, out, bye-bye les reéditions de chez Columbia, même en SACD. Jamais toutes ces vieilles bandes n'ont mieux sonné. Jamais n'a-t-on entendu un Mr Tambourine Man aussi velouté. Ces gars-là se vantent de n'avoir jamais mieux faire sonner Like A Rolling Stone. Et putain de bois que c'est vrai. Et le reste est à l'avenant, mon dieu, I Want You... Depuis, ils ont ressorti The Freewheelin' Bob Dylan, magique et aussi superbe, mais dans mon choix cornélien j'ai préféré ce petit échantillon, inclassable, merveilleux. Même It Ain't Me Babe, enregistré à l'arrache à l'époque sonne comme le chêne dévoré par une flamme tranquille dans votre cheminée.

Alors ici, en ce démarrage du Grand Concours #4, je provoque une troisième fois : pas de mp3, mais du FLAC, à graver sur CD et à déguster sur une chaîne stéréo digne de ce nom plutôt que sur un iPod ou je-ne-sais quel smartphone de mes deux dans les embouteillages à Paris : Tentez-moi donc ce petit rituel : transformer en wav si nécessaire, graver un CD, éteindre l'ordinateur, prendre une petite collation, mettre la galette dans le lecteur CD, choisir un bon fauteuil et fermer les yeux. Les plus pressés pourront toujours utiliser VLC player ou autre, mais quel dommage. Quand on vous revend du remastering à trois balles et à la pelle tous les quatre matins avec un ou deux (voire nada pour le Ziggy Stardust de Bowie) bonus tracks, je crie non ! Là, j'adhère, je profite, je déguste, j'assume.

Nos oreilles s'adaptent aux téléphones portables, et notre vie aussi. Alors je dis que ce disque devrait être remboursé par la Sécurité Sociale, tellement vos oreilles vont s'adapter aux joyaux soniques qui vont sortir de vos haut-parleurs. Et changer votre vie. Déconnectez-vous un peu, que diable ! Prenez le temps ! Et là, peut-être même que pour Tempest, peut-être encore disponible ici, vous pourriez comme moi changer d'avis...

The Times They Are A-Changin' ? (385 Mb, DF)