J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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jeudi 27 septembre 2012

GCDBMDD # 6 : Frank Zappa & Ensemble Modern "The Yellow Shark"

Thème du jour : Aimez-vous Brahms ?
Harr ! La Mouzikeu Classickeu...

Non.

Quoi ?

Non, je n'aime pas Brahms.

Je sais, c'est catégorique, mais c'est sans doute le reflet d'une culture musicale qui, dès l'enfance, m'apparaît aujourd'hui comme trop élitiste dans ce domaine. C'est sans doute ces heures passées, depuis l'âge de cinq ans, à écouter les grands compositeurs qui aujourd'hui m'oblige à fuir ce qui, très tôt, se transforma en un carcan qu'il fallait que je brise pour prendre mon envol. Oh, je n'en veux pas à mes parents, ils pensaient bien faire, mais quand même...

C'est dès l'âge de cinq ou six ans que je me mis à fredonner la Symphonie N°40 de Mozart. La version dont je disposais était sublime. Celle des Compagnons de la Chanson, Au temps de Pierrot et Colombine, sur la face B d'un 45 tours offert par Danone (même si la face A, le Coeur en Fête, était pas mal non plus).

Très vite, je portai mon attention vers l'art lyrique. Carmen, de Bizet, dont j'adorais l'air du Torréador :

Une entrecôte je suis une entrecôte
Avec Astra, jamais de gras
Jamais de gras ne saute autour de moi
Et ça ne salit pas
Tous les plats nous chantons
Pour la cuisson c'est mieux avec Astra

RTL diffusait la pub en boucle, quelle maestria, quelle volupté !

L'année suivante, je découvrai avec étonnement et passion la 7ème de Beethoven. Le deuxième mouvement, dirigé par Karajan, reste un souvenir immémorable. Surtout avec Johnny qui hurlait sa tristesse du temps passé, quand il y avait des plages et des oiseaux et tout ça ! Aah, le Poème sur la 7ème !

N'étant pas d'un âge à m'engouffrer dans la mélancolie, je découvrai les charmes de la musique slave, et l'espoir vibrant de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak. Surtout, ce que j'aimais par-dessus tout, c'était la batterie. Dans la version de Waldo De Los  Rios. Qui réussit également une interprétation fabuleuse du Nabucco de Verdi. Une oeuvre pas facile. Tiens, quand ma mère revint avec la version de Nana Mouskouri (Je Chante Avec Toi Liberté), je saisis toutes les nuances et l'importance du chef d'orchestre.

Non, sans rire, toutes ces émotions furent trop fortes. J'abandonnais la musique classique jusqu'au jour où, bien plus tard, un ami me fit découvrir les Sonates et  Partitas pour violon solo de Bach. Vraiment, vraiment bluffant. Par moments, dans la Chaconne, on dirait qu'ils sont deux à jouer. Un peu comme Robert Johnson.

Eh ouais, blague à part, toute la musique que j'aimeuh, comme dirait l'autre, ben c'est un peu ça pour moi. Où alors faut que ça joue. Tiens, Il Giardino Armonico, ils peuvent me jouer les Quatre Saisons autant de temps qu'ils veulent, ça me scotche. Mais bon, j'en ai déjà parlé et, franchement, je ne me vois pas vous parler de Jean-Sébastien Bach pendant tout un post.

Mais bon, le taulier du concours semble veiller au grain au respect des thèmes. J'ai failli m'en prendre une pour avoir posté un concert triste, qui s'éloignait visiblement par trop du concept "ça joue, man". Ouch ! Va falloir s'y coller.

Partant du principe que la musique classique, par défaut, peut être définie par ce qui n'est pas Rock'n'Folk, même si Bartok fut l'égal d'Alan Lomax dans sa Hongrie natale, ni jazz (quoiqu'avec Shostakovich ou Gershwin, on puisse se poser des questions). Puisque Stockhausen a sorti ses concertos pour violons et hélicoptère chez Deutsche Gramophon, on me permettra d'admettre que c'est de la musique classique. Plus prosaïquement, c'est dans ce rayon qu'on trouve ça à la FNAC. Et hop, pirouette via Pierre Boulez, qui dirigea les oeuvres de... Zappa.

Dont acte, yopla, et toc.

A la différence des derniers cités, auxquels je pourrais sans vergogne raojuter Xenakis, Zappa ne m'ennuie pas. Au pire, il m'amuse, au mieux, c'est grandiose. Ne faites pas vos vierges effarouchées, y'en a un dans la bande qu'a écouté les Kurzweillen de Stockhausen pendant plus de deux minutes ? Oui ? Menteur, tiens.

Notez quand même que je ne me risque pas à vous balancer un truc rock, hein. Pas d'Apostrophe ou autre Grand Wazoo, ici, du vrai Zappa avec un grand orchestre, des cuivres démentiels et tout. Le truc qui, d'emblée, fait peur au néophyte et terrorise le béotien. Ses Dog Breath Variations revisitées sont un pur bonheur pour l'âme. Et le reste est à l'avenant. En plus, déjà mal en point sur la pochette, on comprend vite à son regard de cocker battu à quel point ce projet lui tenait à coeur avant de partir offrir des do-nuts à Saint-Pierre. Un truc à tester, vraiment. Qui, peut-être mieux que la margarine Astra, vous permettra par la suite d'aborder des grandes oeuvres plus... académiques. Même si, à mon grand dam, pour moi c'est raté. J'ai toujours cette version de La Flûte Enchantée de Mozart (oui, bon, je sais, tout le monde sait de qui c'est), achetée un jour de pluie, car bardée d'autocollants 5 étoiles Télérama, Le Choc du Monde de la Musique et que sais-je encore. J'y arrive pas. Tout comme je ne suis jamais arrivé à écouter les autres mouvements de la 7ème de Beethoven.

Alors voilà, je botte en touche, en espérant peut-être conquérir quelque zappaphile débutant manquant de courage devant le concept de Yellow Shark, tout comme j'espère, en lisant les posts des autres bloggueurs, dénicher une pépite qui m'aiderait à aimer Brahms, contre qui, au fond, je n'ai aucune rancoeur. Juste l'amertume de passer désespérément à côté de quelque chose.

Voilà, ce post fut un enfer pour moi.

Outrage at Valdez ?

15 commentaires:

  1. D'abord, c'est "Aimez vous Brahms...", points de suspension. :-p
    Pour ton choix, j'y ai aussi pensé et je me suis dit qu'avec tous les "classic-rockers" qui trainaient, il y en aurait bien un pour exhumer cette jolie bargerie, j'avais raison. Et comme tu l'as bien "emballé", comme d'hab' quoi, je ne peux que te féliciter.

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  2. J'avais un concerto de McCartney !!!!! mais le hasard ......

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  3. Zappa...
    Forcément.
    dans l'enregistrement de Ensemble inter Contemporain, le premier (me souviens pas le titre, pas le temps de chercher, matin...), il y a mon prof de piano.
    il avait quitté l'enseignement pour auditionner dans le prestigieux ensemble et à peine arrivé, on lui colle ... Zappa.
    il en parle encore il s'attendait pas à celle là.
    d'autant que déconneur à la scène, sérieux à la zic le gars...
    savait ce qu'il voulait, parait t'il...
    mais ça, y'a suffisamment d'articles et de galettes pour le savoir.
    chacun sa vie avec la musique classique.
    j'ai fait une thérapie d'arrêt de plus de 8 années du piano afin de me débarrasser de mes réflexes classiques de lecture pour passer au jazz...
    j'y ai perdu de la technique, j'y ai gagné en liberté...
    aujourd'hui je réalise que si on m'avait montré comment être moins radical, je saurais encore faire les deux avec autant de bonheur.
    nos génération n'avaient pas de grandes qualités pédagogiques...
    on te collait le truc dans les pattes pour dire, pour bien faire, par bonne conscience. tu faisais ton chemin...
    chacun le sien.
    moi, la musique dite classique m'a toujours collé à la peau...
    c'est ainsi que va la vie.

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  4. Et moi qui espérait un petit Kiss avec le Philharmonique de Trifouillilespaquerettes!
    Jimmy

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  5. Hello.
    Pas botté en touche du tout je trouve.
    On apprend des trucs en écoutant et en lisant Zappa.
    D'où je connaîtrais sinon Satie, Varèse, etc...
    Joli post!
    EWG

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  6. Tu connais du très beau monde en enfer, et on l'adore ton petit diable moustachu et barbu, ce Lucifer de la fusion, ce chef d'orchestre(s) si disert, divers. Faute avouée plus que pardonnée.

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  7. J'hésite, fort. Quand Zappa touche au contemporain, j'ai l'impression que ce n'est pas pour M. Toutlemonde (prénom Devantf) Je prends, mais...

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  8. Ah j'étais sûr que quelqu'un balancerait Zappa aujourd'hui. Sans savoir qui. Donc obligé - mais c'est moi qui m'oblige - d'y goûter, juste histoire de dire qu'un jour j'ai écouté The yellow shark de Zappa. Me le dire à moi-même et, éventuellement, le placer dans les soirées mondaines. Ça peut servir.

    Flûte, je ne fréquente pas les soirées mondaines.

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  9. @till, tu devrais relire mon post sur le big band qui a repris Zappa lors du précédent concours... un histoire de barbecue...
    juste marrant de te voir parler de soirées mondaines (tu comprendras...).
    Il s'agissait d'un barbecue...
    Zappa, génie, récupérateur, besogneux travailleur... ou imposteur ?
    A chacun son Zappa...
    Je peux en dire le plus grand mal du monde tellement il n'énerve et tomber raide dingue devant certaines de ses pièces (orchestrales) ou de ses titres (rock )...
    Mais je ne suis toujours pas arrivé à écouter Joe's Garage en entier d'un coup et même pas en entier d'ailleurs, sans zapper...
    Et là je me suis payé (bac à soldes heureusement) le dvd does humour belong in music... pff, ras la casquette des singeries de potache ado en rut. même pas un solo de gratte pour y croire... choeurs à dix balles, chad qui s'est payé une double simmons au son abominable...
    tant qu'à voir des clowns je préfère aller au cirque...
    puis, me suis remis apostrophe, king kong suite, orchestra favorites, shut up and play et... ouf...
    les super génies sont souvent capable de la pire beauferie, jusqu'à zappa la super beauferie, ils gardaient ça pour leurs proches absolument déconcertés de tant de décalage (richard strauss, mozart, berg...), zappa est le premier grand génie qui a mis sa beauferie au même degré que son art... parfois il s'est même mélangé les pinceaux avec les deux, le pôvre !... (apostrophe, l'album c'est les prémices...), parfois il a tellement été beauf qu'il a cru intelligent de parodier ses potes talentueux tel un super laurent gerra de la zic (sheik, you are what you is et la destruction de stairway, ou du boléro de ravel...), puis on l'a (je l'ai) pardonné de tant de connerie car tout de même en live à ny, ou avec sa gratte quand on lui dit de la boucler, en parfait étranger ou avec le lso, si ce n'est en grand wazoo, il s'est tout de même racheté en se positionnant là haut, tout là haut...
    sacré frankie...

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  10. Encore une fois, le grand prix de l'humour (dans la pertinence du propos)pour toi et un excellent choix !

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  11. Ben moi je préfère le Zappa "beauf" au Zappa "intelligent"!
    "Sheik Yerbouti", "Joe's Garage" et "You Are what You Is" sont excellents et (une fois n'est pas coutume!) pas prise de tête.

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  12. Mais...C'est Mozart qu'on a assassiné, en votre personne ! :)
    j'ai un peu le même parcours d'autodidacte mais je chante toujours....
    et je viens surtout sur votre blog pour trouver le nom de l'émission de chansonniers sur RTL qui utilisait cette chanson Pierrot et Colombine en générique...

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