J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

jeudi 19 avril 2012

#123: John Zorn "Filmworks"

- Oui, ben quoi ? Lequel ?
- Tous. Du moins les 17 CD présents dans le zip récupéré chez un ami.

Habitué que je suis des longues diatribes, je ferai extrêmement court et ne dirai pas un mot, de peur de ressembler aux jazzmen du week-end dernier, et par humilité envers Mister Moods qui maîtrise le bonhomme bien mieux que moi.

C'est donc 1,2 Go via Rapidshare que je vous envoie en pleine face (désolé, ça doit pas être du 320 kbps tout du long, mais ça sonne bien quand même), espérant vous ravir avec la même brutalité que je méprise les musiciens professionnels que j'ai subis la semaine dernière. A qui je dédie ce post : taisez-vous et écoutez plutôt que de bavarder bêtement. Ca vous changera.

Masada rules

mercredi 18 avril 2012

Pourquoi je hais les jazzmen de mon quartier

Je précise : de mon quartier.  Le contrebassiste du coin, l'électricien qui joue du saxophone le vendredi et le boulanger qui ne joue de rien mais me toise de haut avec ma petite guitare parce que Lui écoute John Coltrane.

Je les hais.

Ca fait plus de vingt ans que je ne comprends pas ce sentiment lui-même haïssable, et que je vis mal ma passion de la musique. Que je poste des disques des Stones en les glorifiant alors que je prends plus mon pied parfois (en ce moment) avec un John Zorn, par exemple. Qu'un des plus mauvais souvenirs de ma vie est d'avoir été bassiste dans un groupuscule mené par un saxophoniste peroxydé qui, pourtant, m'a fait découvrir Stolen Moments - non par velléité de partage, mais parce qu'il lui fallait bien un couillon pour jouer la ligne de basse pendant qu'il tapait le solo, sortait les filles et empochait seul la monnaie à la fin du set.

Depuis ce week-end, je l'ai compris. J'étais invité à une belle fête, promis à taper le boeuf, faire un peu de musique sans aucune prétention artistique, mais par plaisir (mot inconnu du jazzman autoproclamé dans mon petit coin de France). La "scène" (entendez une sono minable et trois micros) fut squattée toute la soirée par une bande d'abrutis jouant plein de notes, parfois même avec une certaine vélocité, citant à chaque silence (merci Mon dieu) le nom du morceau. Bye Bye Blackbird, Softly As In A Morning Sunrise, etc. Waah... silence respectueux dans l'assistance... Notamment de la part des petits scarabées bavant désespérément dans leur clarinette les trois premières notes de Take The A Train, qui n'avaient évidemment pas voix au chapitre ce soir-là.

J'ai compris une chose essentielle : quand on n'a pas de talent affirmé, c'est odieux, vulgaire et déplacé que d'oser prétendre occuper l'assistance le temps d'un Sweet Jane, d'un Smoke On The Water forcément mal joués. Quand on n'a pas de talent, jouer des morceaux basés sur des riffs de trois notes, c'est le suicide musical assuré. Et l'on vous fera taire, parce que cela ferait malgré tout taper du pied une assistance fatiguée mais ayant envie de rigoler un peu après trois bières.

Trois bières, ça peut vous faire partir en vrille, ou, au contraire, vous envelopper d'une léthargie telle qu'une version plate, morne comme le Waterloo de Bonaparte d'un classique aussi rabâché - oui, mais, Môssieur, de Duke Ellington et non de Bruce Springsteen - donc nécessitant un bête entraînement au niveau du doigté, vous laisse pantois et - sinon admiratif - du moins poli.

Et le jazz, dans ces soirées profanes ou le public le découvre comme vous découvrez la réduction de 50 centimes sur la purée Mousseline à Super U, donne une certaine contenance, une certaine prestance d'autant plus assurée que vous êtes capables de jouer n'importe quoi (il sera toujours temps de parler de musique modale et de gammes mixolydiennes devant les petits fours qu'on vous aura réservés) tout en ayant l'air concentré et passionné. Votre voisin, guitariste ou pianiste, se permettra la même audace, et d'un sourire entendu vous conclurez à une session du plus bel effet. Au lieu de critiquer la fausse note, il suffira de déclamer, devant le pâté de saumon, que ce mélange des modes aura été unique.

Alors, pauvre petit troubadour, oser un putain de morceau de rock'n'roll - voire même un petit Brassens derrière tout ça, c'est d'emblée Pôle Emploi à 16h15. Guichets fermés. Comment pourrait-on rire, ou même oser la médiocrité assumée, après tant de vanité ? Le public, lassé des toasts au saumon qu'il a ingurgités par ennui durant cette version sans âme de So What, n'est pas prêt à admettre que votre version - forcément primaire - de Gloria (3 accords, la honte, l'horreur), lui aurait évité ces brûlures d'estomac (car le saumon, comme les jazzmen pré-cités, sont du tout-venant de supermarché, illusion sur la qualité, une belle image mais c'est bien tout, et le consommateur n'est pas dupe, même s'il lui est difficile d'avouer s'être fait berner). Et taper du pied ne fait que remuer les tripes, et le saumon et le vin blanc avec. Inconcevable, vous dira le gastro-entérologue ici invité, celui à lunettes qui tape discrètement du pied, approuve du chef et fait son connaisseur. Et il a bien sûr raison, d'un strict point de vue médical.

Je suis heureux, même s'il m'aura fallu attendre l'âge canonique de 46 ans, d'avoir compris cela. Pseudo-jazzmen sans envergure, je vous ai démasqués. La difficulté d'approche de cette musique ne vous donne pas le droit de jouer des accords de septième diminués impunément, comme ça, qui plus est avec mépris.

Sauf, peut-être, sur certaines foires. Car vous êtes des bêtes bien curieuses.

mardi 17 avril 2012

John Zorn Book Of Angels Wanted

...Ceci est un appel à commentaires et liens ! Tombé complètement dingue de John Zorn, grâce soit rendue à Mister Moods, je recherche tous les volumes des Book Of Angels (et le bon goût me fait dire que vous auriez tout à gagner à faire pareil)...

Ainsi donc, aucun post, un appel, une demande, un souhait...

J'attends vos commentaires avec impatience...

...et dans l'attente, je vous conseille ardemment le Lucifer posté par Mister Moods aujourd'hui sur l'Année du Dragon, ça devrait faire des émules entre gens bien...

dimanche 15 avril 2012

#122: Joan-Pau Verdier "Tabou Le Chat" (Vinyl Rip)

Avant la Nouvelle Chanson Française, il y avait la Pop Music, terme qui a perduré bien longtemps dans notre beau pays alors que déjà ringardisé outre-Manche et outre-Atlantique. Personne ne chante le blues mieux que Blind Willie Mc Tell, dira Dylan, alors autant piocher dans ce qui traîne autour de nous : bombardes et binious pour un Alan Stivell, auto-proclamé Renaisseur de la Harpe Celtique, choucroute, verbe et truculence pour un Roger Siffer en Alsace, et, en Occitanie (terme vague pour me dédouaner d'aller rechercher son canton de naissance sur Wikipedia), la verve et le verbe pour Joan-Pau Verdier. Verdier, lui, se lassera vite des fifres et des mirlitons pour opter vers une sorte de fusion jazz-rock hautement inspirée par Léo Ferré (Je Suis Un Cri) voire Gainsbourg (Au Pays de Tabou Le Chat, relecture à peine maquillée de l'Hôtel Particulier de Melody mais qui dérape jouissivement pour qui arrive à tenir au-delà des quatre premières minutes vers un idéal... un peu... oui bon, on faisait la révolution à l'époque, hein, spécial dédicace à Mélenchon...).

Si Roger Siffer est aujourd'hui oublié ou presque (qui s'amuserait à apprendre à parler Alsacien pour comprendre ses blagues grivoises à deux balles sous fond d'accordéon ????), Alan Stivell vit bien sa certitude,  enrobée de Zénith des Celtes à chaque Saint-Patrick, viré New Age, compilé jusqu'à plus soif, donnez une bière à un Breton et il vous chantera Tri Martelod toute la soirée. O lonla la diguetra. La la la la leno... Bref, la soirée s'embrume, votre cousine institutrice sort son accordéon diatonique, et vous vous dites à juste titre que vous seriez bien mieux ailleurs...

Alors pourquoi pas du côté de Périgueux, même s'il pleut sur Périgueux-le-Vieux. Complètement oublié, un peu trop emphasé pour vaincre l'épreuve du temps, mal joué (arrgh... cette basse jazz-rock façon Magma du pauvre !), Joan-Pau Verdier, malgré tous ses défauts, et peut-être parce qu'on ne l'a jamais numérisé, garde une sorte de fraîcheur et d'authenticité qu'il est ma fois doux de réécouter en 2012. Moins biscoto que Lavilliers (Ballade Pour Un Paumé) et parfois même émouvant (Chattemine)... Et puis un Français - pardon, un Occitan - qui cite Lou Reed en 1977, ça vaut bien un clic, non ? Même s'il se permet de le tacler gentiment ("Lou Reed fait du cinoche en habit noir", aïe, je sens que ça va pas plaire, ça...). Bien sûr, comme tant d'autres, Joan-Pau ramène son chat juste avant le punk, avant Téléphone, Trust et tout ça, pour ne retenir que les énervés à succès. Raté. Trop jazz, trop prog, trop chansonnier. Trop grande gueule à la gorge déployée. Il a raté l'heure de serrer les dents. De virer les chevelus à lunettes qu'on voit sur le verso de l'album. N'empêche.

J'ai passé ma soirée à ripper/remasteriser (ouch !) ce vinyle, va donc savoir pourquoi ? Vieux souvenirs, bien sûr, et puis envie de partager un oublié de l'ère du CD, puisque aujourd'hui on nous prend pour des grands voleurs de droits d'auteur, alors voici un album qui n'a jamais eu la chance de recréer des dividendes à la SACEM. Et comme le disque a un peu mal vieilli, vous y sentirez même au creux du sillon ce craquement complètement libre de droit, qui fait si chaud au coeur pour qui a eu la chance ou le hasard de naître avant 1984.

J'entends déjà les critiques fuser, je les ai même anticipées (voir plus haut). N'empêche qu'on osait, en ce temps-là, à la fois du côté artistique comme de la maison de disque (c'est une publication Phonogram), proposer des choses un peu raides, un peu mal fichues, mais un peu dingues, un peu pas pareilles. Et j'ai beau télécharger tous les mp3 de France, je n'y trouve plus guère de folie, dans tout ça. Alors quoi ?

Sinon l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus, comme disait l'autre ?

Update : en traînant sur iTunes, Joan Pau Verdier y figure en bonne place, reprenant Léo Ferré en occitan, mais c'est tout... et bon dieu que c'est triste !

Update 2 : ah ben mince, Joan Pau Verdier avait réédité le disque en CD, visiblement sur son propre micro-label, disponible par correspondance avec envoi de chèque et tout le tintouin d'une époque passée... Du coup, j'ai un pincement à proposer cette galette, le gars doit sûrement tirer la langue certains jours... Bref, si ça vous plaît, je vous invite à faire oeuvre de charité... Moi je m'en acquitte de ce pas. C'est par ici : http://joanpauverdier.free.fr (merci à Chti73 pour le lien)

Au Pays de Tabou le Chat (RS)

Au Pays de Tabou le Chat (ZS)

vendredi 13 avril 2012

#121: Alexis HK "Les Affranchis"

Le nouveau Joe Dassin est né, ce n'est pas rien. Bon, pas la même gueule, une pochette ratée, mais La Maison Ronchonchon, c'est les Dalton du 21ème siècle. Pas moins. Et sa Zouzou ressemble à la Pauvre Doudou du grand Joe. Au hasard. Des textes doux amers (je déteste cette expression, on dirait que je parle du dernier Benabar dans Télérama), des mélodies biens fichues, un humour au second voire troisième degré, Alexis HK mérite que vous vous penchiez sur son cas durant cinq minutes de votre vie. J'avoue être béotien en la matière, peut-être passe-t-il à la télé, peut-être même écoute-t-il Balavoine comme Miro, qui après son très marrant Billy The Funkyman se la pète maintenant chanteur pour midinettes ?

Bôf. Qu'importe.

Bien sûr, sur le clip des Affranchis, on distingue Aznavour, ce qui laisse penser que le gars est né de la cuisse de Jupiter. Fils de qui ? Je lui accorde le doute du bénéfice. Et l'inverse. Ne vous y trompez pas, c'est de la "nouvelle" chanson française, concept qui commence à dater (remember Yves Duteil ?), mais bon, il fait beau, et je me dis que ça peut pas faire de mal. J'y vois des petits côtés Thiéfaine avant qu'il ne se prenne au sérieux (Chicken Manager), de la nostalgie à tous les étages façon Saravah (Là C'est Moi) à la David Mc Neil (et vous avouerez que là, c'est plutôt pas mal, non ?), bref, voilà, ça plaira à qui ça voudra.

Vous savez, vous avez de la chance. Je pars faire la fête, me fader un concert de jazz avec deux guitaristes prétentieux, et je crois que je préférerais qu'Alexis soit avec moi ce soir.

dimanche 1 avril 2012

Quoi ma gueule ?

Décidément, ça devient le sport du week-end. Baah, les dix titres proposés pour le concours de la Cité de la Musique sont moisis : soit trop convenus (Blowin' In The Wind, mordious!), soit improbables (Someday Baby), soit tellement parfaits qu'on ne s'y risquerait guère (Blind Willie Mc Tell).

Dans tout ça, j'en ai trouvé un deuxième, Make You Feel My Love, ratage complet de Time Out Of Mind, à tel point que Billy Joël en a fait un tube, auquel j'ai donc osé me frotter.

Et pour le coup, si vous vouliez voir à quoi je ressemble, vous avez 3'30 pour satisfaire votre curiosité...

Si vous êtes nombreux à voter, je vais gagner deux entrées à la Cité de la Musique dont je ne me servirai pas, provincial que je suis, ou peut-être un best-of de Bob Dylan, un vrai, authentique, labellisé Sony Music !

Inutile de vous dire que j'en rêve...

http://www.dailymotion.com/contest/bobdylan/