J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

samedi 2 mars 2013

#2Z : Maurice (Morice) Benin "Je Vis"


Bon, je sais, je dois à Jeepeedee mon petit billet sur l'album qu'il a choisi de m'imposer (ma figure imposée en réponse au Pride Tiger posté ici-même il y a quelques jours). Ce n'est pas celui-ci. Bientôt... Bref...

Il n’est pas inutile de rappeler que, pendant que quelques singes savants surmédiatisés s’agitaient convulsivement dans des exhibitions signées Maritée et Gilbert Carpentier, une autre musique (ou d’autres musiques pour être plus précis) vivotaient dans un underground pas exactement injuste, il y avait chez ces doux-dingues suffisamment de désaxés pour désarçonner la ménagère vagissante, mais à l’impact nettement minoré par un système médiatique n’offrant que trop peu de place à un off-mainstream hexagonal pourtant passionnant.

Oui, dans ces seventies giscardisantes, l'ex-bande Saravah (Higelin, Fontaine et Areski en tête de pont), les progueux plus ou moins déviants (Magma, Ange, Etron Fou Le Loup Blanc, la multinationale Gong, etc.), les folkeux sans peurs et sans reproches (Gwendal, Malicorne et tous les autres), etc., vivaient une aventure au moins aussi passionnante que celles de leurs équivalents transfrontaliers. Et ce n’est que la partie immergée d’un l’impressionnant iceberg qu’il serait fastidieux d’énumérer ici…

Parce que, ici, c’est de Maurice (Morice) Bénin dont il s’agit, un zouzou digne représentant d’une chanson à la marge, agitatrice et militante sans jamais perdre d’un humour pothead franchouillard (voir Sollicitation, pour l’exemple). Musicalement, le terreau est folk, et francophile du fait de textes évoquant plus Léo Ferré que Bob Dylan (pour situer)… La voix est juste, bien posée, capable de quelques performances, de quelques déviances, mais toujours au service de la mélodie, de l’émotion. On peut, à partir de là, se demander pourquoi cette musique n'a trouvé qu'un public si extrêmement réduit et s'en voit, conséquemment, reléguée aujourd'hui à un statut micro-culte, un secret trop bien gardé qu'il est bon de dévoiler, d'essayer de partager.

1974, il vit Morice. Il vibre aussi, post-soixante-huitard luttant contre ses moulins à vent avec autant de conviction qu'un Don de la Mancha avec, en lieu et place d'un Sancho P. désabusé mais fidèle, un trio de musiciens tissant un background approprié à son bel-canto en opposition. Bien sûr, tout ceci sonne un peu daté 40 ans après, daté mais pas obsolète... Cette voix baladeuse et polyethnique, ces flutes, ces guitares, ces dérapages psychédéliques, et l'absolue conviction de l'auteur, aussi, surtout sont autant de vibrantes preuves d'un artiste (en effet) vivant, vif même. Bien sûr, comme souvent chez les français de l'époque, c'est verbeux à l'excès mais on ne le voudrait pas autrement.

Je Vis... Il faudra bien écouter les paroles, se laisser porter par les trips musicaux les accompagnant pour trouver le sésame d'un album pas exactement difficile à aborder mais suffisamment référencé et barjotant pour laisser quelques jeunes-âmes sur le bord du chemin. C'est comme ça... De la musique sans compromis, de l'art quoi...

Recommandé.

1.  Je vis  11:46
2.  Les comptes sont bons  3:45
3.  Où tu es passé  7:12
4.  Plus tu es heureux  4:36
5.  Toute petite vie  2:55
6.  Solicitation  4:19
7.  L'églantine dans mon jardin  4:45
8.  Une fois...  4:39

Benin is alive !

4 commentaires:

  1. Joli mode d'emploi. Merci, Je comprends mieux même si ça me parait bien lointain alors que la musique du monde me parait bien plus proche étrange paradoxe.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'éloignement géographique, dans notre village mondial, est moindre que celui généré par le passage du temps, ceci explique sûrement cela !

      Supprimer
  2. Eh Djeep..tu reprends les hostilités des auteurs qui ont une gueule !!! tu sais que Bertin sort un disque dans les jours à suivre... j'azi une nouvelle phase où j'ai envie d'eux.. Benin, tu fais mouche, personne n'en a parlé.. après Bertin, Corringe...... Benin... je connais pas celui là, j'ai pris, je mange et je reviens :D

    Biz

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Sauf que ce n'est pas Jeepeedee mais bien moi, le Zornophage, qui suis l'auteur de ce post... ;-)
      Sinon, tu as tout bon et tu risques bien de faire une jolie découverte. ^_^

      Supprimer