J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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vendredi 2 décembre 2011

GCDBMDD #6 : The Band "The Band"

Thème du jour : C'est les emplettes, ramène ce qu'il y a de mieux

Bringing it all back home ? Quelque chose comme ça, non ? Et puis ça veut dire quoi ? Faire ses emplettes, un samedi de décembre, c'est déjà assez warrior ! Et poster derrière ??? Mais la poste est fermée le samedi ?!! Ramène ce qu'il y a de mieux. Ca t'as un côté jugement dernier. Après avoir déconné (ou pas) avec Johnny, mis des paillettes pour le vendredi soir, fait plaisir aux gosses, rappelé que ces blogs étaient rock'n'roll (ou n'étaient pas), que proposer d'autre ?

Vendredi soir. Semaine harassante. Se payer un whisky, tranquille, au coin du feu, et se dire : Jeepee, tu as deux minutes trente pour choisir ton album préféré. Faire son coming out, oser dire qu'il n'y a pas mieux. La première gorgée de malt ramène à la surface toutes ces bêtises de rééditions, quadruples coffrets de multiples choses dispensables du moment. Non, pas ça. L'album chéri secrètement ? Euh... Non, Dave, tais-toi ! Laissons-nous aller...

Soubresaut. Réveil. Direct au rayon B. The Band. L'album. The Band. Le groupe. Le deuxième. Celui où les voilà émancipés, commercialement et (presque) artistiquement d'un Dylan qui les a portés au firmament, par égoïsme, par opportunisme, et par radinerie.

Ici, que des compos du Groupe, et quelles compos. Au risque de choquer, c'est dix fois au-dessus du niveau de Music From Big Pink.  Merci, Bob, on va se débrouiller, là. Tout seuls.

Et quelle enfoirée de putain de claque.

Rag Mama Rag
The Night They Drove Old Dixie Down
Up On Cripple Creek
Whispering Pines
King Harvest (Has Surely Come)

Au hasard, en vrac.

S'il devait être un jour question de rock fusion, le voilà, l'album. Indescriptible. Péquenauds comme même un Stivell, des Malicorne ou Trois Yann ne l'oseraient pas, rock'n'roll comme un Chuck Berry n'y aurait pas pensé. Au-delà du style, du catalogage, de sacrées CHANSONS. Genre 3 minutes et quelques secondes pour se remettre. Pas le temps de taper le solo. Un solo, ça s'oublie, ça ne dure pas. Ici, chaque note est peinte sur la partition comme un coup de pinceau sur un tournesol de Van Gogh. A regarder de près, on peut glauser. De loin, genre à 3 mètres des deux baffles de la chaîne hi-fi, tout est parfait.

J'ai même pas envie de revenir sur la suite, on est pas chez wikipedia, ici. Pas envie de tâcler Robbie Robbertson, pour son opportunisme, ce mec avait du génie, même s'il s'avère que c'est un salaud. Pas envie de parler de Dylan, il n'y est pour presque rien dans le génie qui se déploie ici. Très très envie de rappeler au monde que Levon Helm est le meilleur batteur du monde, capable de faire chanter ses fûts comme une mandoline, de pleurer le génie de Richard Manuel noyé dans le Cointreau, etc.

Et de rappeler que ce sont des Canadiens qui, du haut de leur tour d'ivoire, ont un beau jour de 1968 (69 ?), résumé de la plus belle façon le passé, le présent et l'avenir de ce qu'on l'adorait/adore/adorera de ces Etats désunis d'Amérique. Des centaines de mineurs doivent se retourner de bonheur dans leur modeste tombe dans les montagnes des Appalaches, un Neil Young doit toujours se demander, seul, le soir, devant sa cheminée dans sa cabane au Canada, comment il se fait qu'on n'ait jamais fait la comparaison entre son Harvest pseudo-californien et cet album éternel, bien plus éternel que quarante ans de country rock à suivre.

Certains, et je les espère nombreux, me diront qu'ils connaissaient déjà, que tout cela est réchauffé, éculé. Hé, le samedi, c'est les emplettes. Moi j'achète des pâtes, du café, du sucre, au Super U. Pas des sushis, de la salicorne, de la poudre de gingembre ou je ne sais trop quoi d'exotique et d'introuvable à Brie-Comte-Robert. Je compte sur les habitués des épiceries fines pour pimenter le débat. Moi j'amène le brut, l'ingrédient de base, l'essentiel. Le sel et le soufre.

Si j'ai pu faire découvrir les nouilles à l'un d'entre-vous, appelez-moi Marco Polo...


Rappel des participants :

Jimmy Jimmereeno du mirifique Club Des Mangeurs De Disques

Charlu des délicieuses Chroniques De Charlu

La Rouge de la magnifique Chambre Rouge (qui n'est pas certaine de pouvoir assurer, mais qui nous soutiendra quoiqu'il arrive)

Warfleloup du formidable Warfleloup's Blog

MaN de l'excellent Manifesto

Marius Perlinpimpin du génial Canut Brains (Qui n'est pas certain de pouvoir assurer toute la semaine, mais qui tenait absolument à débuter avec nous tous.)

Devantf (Antoine) de l'extraordinaire Get Happy !!!

Mister Moods de la divine Caverne D'Ali Baba

Toorsch du somptueux Grenier Du Rock
http://legrenierdurock.blogspot.com

Le sensationnel Pascal Arcade (Dont je ne sais pas encore d'où il postera.)

Le phénoménal Everett W. Gilles (Qui postera dans les commentaires du Club.)

Zer du dantesque Church Of Zer

16 commentaires:

  1. Sur ce coup je suis le prem's à te laisser un mot. Bon bah moi je le prends ton Band, parce qu'à ma grande honte j'ai pratiquement raté tout le truc et depuis le début.
    Et puis il y a des formules définitives du genre ;" Ici, chaque note est peinte sur la partition comme un coup de pinceau sur un tournesol de Van Gogh".
    Thx again and again.

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  2. Ben moi le Band j'ai tout loupé et j'ai beau essayer, j'y arrive pas. Ca me cause pas le Band à moi

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  3. Hello Jeepeedee,
    Je suis beaucoup plus ville que campagne, alors je ne l'écoute pas très souvent, mais, quand j'en ai besoin, je sais qu'il est là et qu'il va exactement me procurer ce dont j'ai besoin.
    Jimmy

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  4. Everett W. Gilles3 décembre 2011 à 08:23

    L'un des disques que j'écoute le plus régulièrement, les premières mesures de "Divide" ...
    Quand je pense qu'aujourd'hui "Americana" est devenu un argument marketing .
    Bravo !
    EWG

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  5. Si le disque est aussi bien gaulé que la chronique, je pense que ça devrait me plaire !!!
    En tout cas, merci Marco Polo, car je vais découvrir les potes à Zimmerman.

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  6. Promis, je fais les courses et je reviens, pour ta chronique et surtout pour me laisser convaincre. THE BAND ne m'a jamais fait BANDER (Y z'avait qu'à se nommer THE BRANCH et j'aurai été moins vulgaire)Alors, toi, avec une sélection de titres - car j'ai l'album - et ton enthousiasme et moi me mettant en condition: Un début de crève devrait me mettre dans l'état cotonneux nécessaire pour apprécier??

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  7. C'est exactement ça.. un album qu'on écoute comme on part à la campagne... c'est bon, est sur qu'il est là toujours dispo.
    Belles Pharses Jeepee.

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  8. N'est pas la groupe qui suivait Dave sur scène dans les 70's? Parait que les "basemanent Tapes", ou ils reprennent en chœurs les standards du plus célèbre des hollandais volants sont un régal...

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  9. Un des plus beaux albums que j'ai jamais écouté. Raah ces choeurs à 3 voix... Le songwriting de Robbie Robertson y était pour beaucoup (même si Levon Helm en revendique sa part dans sa bio), mais c'est bien le talent du Groupe qui s'exprime ici.
    D'ailleurs la carrière solo de Robertson en comparaison est plutôt moche (bosser avec U2 et Peter Gabriel laisse des traces). Si tout l'album est magnifique, ma préférée reste The Night They Drove Old Dixie Down, et la plus belle Rockin' Chair.
    Dommage que leurs albums suivants soient plutôt bancals...

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  10. Oh! Moi c'est le whisky qui m'a parlé et le coin du feu... merci, je vais découvrir.

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  11. Merci à tous ! Toorsch remets-toi de Dave !!! Les Basement Tapes sont sur ce blog, tu pourras te convaincre que ce n'est pas Dave qu'ils accompagnent. Euh... je crois... Zimmerman, ça fait un peu hollandais, non ?
    @abitbool : presque tout à fait d'accord avec toi, sauf que le suivant, "Stage Fright" est quand même presque aussi bien. C'est à partir de "Cahoots" que ça commence à clopiner je trouve...
    &La Rouge : bonne découverte alors, disque idéal si tu as une cabane au Canada...

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  12. J'essaie, j'essaie
    Rag Mama deux fois
    Ensuite allez hop Rocking Chair on verra bie.
    Je parlai à propos d'Opéra de se retrouver mis sur le Bas côté.
    Pour The Band c'est moi qui voit passer votre plaisir sans participer.
    Je détexte pas, j'aime bien, voilà le problème, tout est dans ... BIEN...
    J'aimerai écrire J'AIME. Mais Bon A suivre

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  13. Je ne me remets pas de Dave et visiblement toi non-plus... En plus je t'avoue le truc, "Doux Tam-tam", perso je le trouve très bon... voilà c'est dit.

    Et puis l'album du Band est magistrale..

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  14. Yipehhh ! Un vrai disque de péquenot !!! Dorénavant je n'aurais plus honte d'aller chez Monop avec mes sabots de bois. Comme certains le prétendent, je n'irais pas jusqu'à dire que c'est le plus bel album que j'ai jamais écouté, mais il reste extrêmement récréatif.
    Je vous laisse, maintenant, parce que j'ai le fumier à rentrer !!!!!

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  15. @devant : un conseil, garde quand même le disque, reviens-y de temps en temps. J'ai mis des années à le savourer, moi aussi "j'aimais bien" comme tu dis. Et puis un jour... Paf ! Si tu as l'occasion, essaie de voir ou revoir THe Last Waltz, surtout le "don't do it" d'ouverture, ça peut aider.

    http://www.youtube.com/watch?v=feEBEpDLTKI

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  16. Jeepeedee, t'inquiète pas, je l'ai depuis longtemps, comme tu dis, je le garde... Le film? Je me demande si je ne le traine pas quelque part. Je vérifie. Merci du conseil

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