Va-t-en savoir pourquoi j'ai acheté cet album ? Ben c'est simple : un triple CD, comme naguère les double-albums, ça m'a toujours sinon impressionné, du moins fasciné. Il s'y passe toujours quelque chose. Le temps s'y délaie, on cherche à faire passer des choses plus délicates, tout ça... Attention, je parle pas des CD bourrés jusqu'aux 78 minutes réglementaires de morceaux qui n'auraient jamais eu leur place sur un vinyle, hein. La durée idéale, c'est 40-45 minutes, x2 si c'est un double, on peut chercher une bière entre-temps, faire une pause, tout ça.
Alors au risque de passer pour un âne, ce triple CD (vite évacué des étalages, au profit du seul Paris un tant soit peu produit et arrangé) me laisse pantois et admiratif. Pas forcément devant la qualité intrinsèque de l'oeuvre, mais face au courage du p'tit gars. Qui balance ses chansons tout seul comme un grand avec une pauvre guitare, et il n'est pas virtuose, on est donc dans le syndrome Dylan/Pete Seeger et tout ça plus que dans le Segovia.
Evidemment, il a une voix insupportable (donc géniale ?), genre Bertrand Cantat pré-pubère, mais putain quels textes ! Ca faisait longtemps que je n'avais pas bu des paroles aussi goulûment, ça tape très haut des fois, on dirait presque du Ferré ou du Brel tant c'est gouleyant dans le texte. Je m'égare ? J'y vais fort ? Peut-être. Mais je m'en fous, l'important c'est l'effet que ça me fait.
Ayant quand même une boutique à tenir, je me suis renseigné sur le petit con, avec un coup de wikipedia. Ca m'a fait plaisir et rassuré, son succès (?) il le doit plus à ses chansons qu'à son attitude, qui semble déplaire au plus haut point (entendez par là, le PDG d'Universal). Vous me rétorquerez que c'est un argument de vente, une attitude. Peut-être. Sans doute. Le syndrome Beigbedder/Houellebecq n'est pas loin.
Toujours est-il que Varsovie, ça tape juste, que Jeunesse Lève-Toi, si ça peut réveiller nos gamins trop occupés à cliquer sur J'Aime sur Facebook pour prendre conscience qu'ils vont en chier dru, c'est déjà bien. J'arrête, on dirait un vieux communiste barbu tentant de convaincre un socialiste grassouillet.
J'attends vos commentaires hargneux, rigolards, interloqués ou effrayés pour continuer le débat. Genre, Jeepee, tu déconnes, là, ou, peut-être, finalement, admettre qu'il a du talent ce petit con.
Ca me ferait plaisir en tout cas que vous fassiez l'effort d'oser cliquer sur le lien. Un truc pareil, ça mérite au moins une écoute. Pour les avides de l'idée toute faite, j'y joins un zippy, destiné aussi à ceux qui n'auraient même pas eu l'idée de s'intéresser à ce garçon. Qui me semble, je me répète, bien plus concerné par la réalité des choses qu'un Benjamin Biolay trop talentueux pour s'adresser aux masses.
Décidément, je vais passer pour un imbécile, aujourd'hui. Who cares ? Mais je m'inquiète pour ma petite fille, tout ce qui pourra aider à réveiller la jeunesse sera bon pour elle. Je suis déjà en partie foutu, je lui ai acheté une Wii pour Noël. Place aux jeunes !
Jeunesse Lève-Toi !
Youhou Jeepeedee :)
RépondreSupprimerLe "djeun" Saez ne joue pas forcément bien de la guitare, c'est un fait, mais il joue sur l'affect et ça, ça marche très fort sur les "djeunz". Comme en plus, les textes sont effectivement plutôt "patrokon" et "rebelles", ça tient la route...
Mais non, mais non, tu ne passes pas pour un imbécile, perso, je préfère Saez, même avec ses limites (relire la chronique pertinente ci-dessus, je ne vais pas les réécrire, mouarf), plutôt que les mièvreries généralement balancées par les majors pour attirer les ados.
J'espère seulement que Saez ne se fera pas avoir, comme tant d'autres, par Universal.
PS1 (qui n'a rien à voir): Le danger actuel, ce n'est pas la Wii, c'est Facebook & Co!
PS2 (qui n'a rien à voir non plus): Désolé pour l'absence de commentaires ces 15 derniers jours, mais j'étais submergé par le boulot!)
Lyc
Rien à faire. J'ai écouté mais je n'ai pas accroché. Les textes sont pas mal même si je trouve cela artificiel et puéril (c'est le genre de textes anar ou libertaires qu'on plébiscitait ingénument mais avec conviction dans notre jeunesse, et on voit où notre génération a conduit la société)...
RépondreSupprimer@Lyc : merci pour ton soutien ! J'y vais grave, là, j'en suis conscient...
RépondreSupprimer@Jimmy : bravo pour ton courage... je t'en voudrais pas s'il finissait direct à la corbeille
@psegpp : je comprends très bien... anar, libertaire, moi je trouve que ça manque aujourd'hui. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi. Notre génération a fait ce qu'elle a pu, mais l'industrialisation de la musique a permis d'étouffer bien des rebelles (les Stones, Sex Pistols, MC5...) et leur cynisme a gagné : nous avons consommé au lieu de continuer à nous révolter. A mon sens, l'état de la société est plus l'effet de la bof génération qui a suivi (j'ai le cul entre les deux chaises, je sais de quoi je parle). Mais bon, c'est pas un Saez qui va nous sauver de la crise financière. Sauf, peut-être s'il se met à chanter lors d'un sommet du G20. Mais pour ça, on peut compter sur Carla Bruni...
@Jeepeedee,
RépondreSupprimerBRAVO pour ce post!
Bien sûr sa voix..., bien sûr son jeu de guitare....bien sûr un peu de puerilité dans certains textes...tout ce qu'on voudra trouver !; mais Saez est quand même 'cent lieues" au dessus de tous ces "chantouilleurs" que medias, majors et autres nous présentent comme "l'avenir" de la chanson française !
Nombre de ces textes ont une réelle portée poétique et sociale.
Bon, tu y vas un peu (beaucoup..) fort avec ta comparaison avec Ferré....PAS TOUCHE! Pour moi, Léo est et restera toujours inaccessible
Bien à toi.
Echiré79
PS = dans un autre genre, j'aime bien Usthiax ; belle voix je trouve , auteur compositeur interessant, et plutôt pas mal à la guitare!
Moi j'aime beaucoup l'extrait. Il y a une fragilité dans la voix qui m'émeut et puis les fragilités sont de plus en plus rares et pourtant de plus en plus nombreuses. Merci. Je prends.
RépondreSupprimerJe ne pensais pas spécialement à la musique dans ce que j'ai dit de notre belle civilisation. D'accord sur la bof génération. Elle n'a plus non plus beaucoup d'idéal ni de modèles éthiques auxquels se raccrocher.
RépondreSupprimerEt si, tout simplement, les gens (à commencer par les jeunes, addicts d'Internet, assoiffés de buzz et de scandales quotidiens orchestrés et impulsés) réapprenaient à réfléchir, à penser par eux-mùê^mes et à se faire leur propre opinion (dans tous les domaines, y compris la musique).
Por aller dans le sens de La Rouge, effectivement, ce qui m'a le plus interpelé dans ce disque, c'est la fragilité (réelle ou travaillée?) de la voix de Saez.