J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

lundi 17 octobre 2011

#59: Hatfield & The North "Hatfield & The North"

Ni jazz ni rock ce soir. A la limite, rock progressif, quoique ce qu'on entende là n'a rien à voir avec les morceaux épiques d'un Genesis ou d'un Yes. Simplement une musique différente - ni jazz, ni rock, ni jazz-rock - certes ambitieuse (et par moment complètement barrée), mais au grand jamais potentiellement chiantissime. Pas d'histoires d'elfes, de géants de la 3ème lune ou autre.

Même mieux : ici, des synthés plutôt discrets, et/ou employés pour leurs sonorités comiques et décalées.

Puisqu'il faut donner un nom à tout ça, voici un bel exemple de la scène de Canterbury (Caravan, Soft Machine...) connue pour donner d'avantage dans l'absurde et l'humour abstrait que dans l'épopée du Seigneur des Anneaux. Les titres ci présents vous donneront une idée de l'ambiance : Fol de Rol, Shaving Is Boring, Lobster In Cleavage Prob, etc.

Côté line-up, c'est de la balle : Richard Sinclair, l'ex-bassiste/chanteur (cette voix !) du Caravan de la grande époque (dont j'ai déjà dit beaucoup de bien dans mon premier post, mais sans doute pas assez), Pip Pyle, un ex-batteur de Gong et Phil Miller, l'ex-guitariste de Matching Mole, notamment, auxquels vient se rajouter pour quelques harmonies sublimes (les heureux connaisseurs de Rock Bottom comprendront) Robert Wyatt en personne. Tout ce beau monde navigue dans le pataphysique avec la même aisance qu'un anchois dans l'huile d'olive, pour rester dans le thon.

S'ensuivent donc sans répit envolées proches d'un Zappa (Son Of "There's No Place Like Homerton") jouant avec Hawkwind (Shaving Is Boring), douces mélopées décalées (Lobster In Cleavage Probe), pop-songs géniales (Let's Eat (Soon)) et courts intermèdes insensés (The Other Stubbs Effects). Impossible, donc, de taper du pied, ni de compter s'envoler vers des univers uniformément éthérés. Par contre, pour qui prend le temps de se payer ça au casque pendant trois quart d'heures, délice assuré.

On me rétorquera qu'on ne retrouve là qu'un millefeuille d'influences des groupes d'origine. Ben on me le rétorquera. S'il y avait ne serait-ce que 10 albums du calibre de Rock Bottom, In The Land Of Grey And Pink ou encore Camembert Electrique, je dirais que tout ceci, effectivement, est un peu inutile. Mais ça n'est malheureusement pas le cas, et cette petite oeuvre d'art permettra aux addicts frustrés de n'avoir que bien trop peu d'albums de cette trempe à se mettre sous l'oreille de grapiller ici ou là quelques instants supplémentaires de paradis. Même si, chacun selon sa sensibilité, pourra s'ennuyer par instants.

Mais oui, ça fait voyager. Et l'ennui fait parfois partie du voyage. Surtout quand on part loin.

Bien plus loin que le nord d'Hatfield.

A ce propos, le blog sera à nouveau en berne pour deux jours. Je m'en vais de force pour deux jours à Montmorillon suivre une formation mortifère. Inutile de dire que cet album va faire partie du voyage...

7 commentaires:

  1. Robert Wyatt a toujours dit que cette histoire de scène de Canterbury n'était, au mieux, qu'une invention de journaliste et, au pire, une vaste fumisterie. Il n'empêche, on ne sait quels champignon poussait à l'époque au pied de la cathédrale, mais ça devait être du fameux!
    Jimmy
    P.S. : tu n'as jamais retrouvé ton coffret Beach Boys, il me semble!

    RépondreSupprimer
  2. Salut
    Comme tu cites le "camembert électrique" de Gong
    Je laisse un lien vers l' album d' un groupe français (Progressive Rock / Jazz Rock / Fusion)
    qui s' appelle tout simplement "Camembert"
    Un hommage sans doute...
    http://plixid.com/2011/10/17/camembert-schnorgl-attahk-2011-mp3/

    Fil

    RépondreSupprimer
  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  4. (j'ai supprimé le commentaire car il en manquait un bout).

    Effectivement, des passages fulgurants et marquants, plein d'inventivité et d'autres beaucoup plus éthérés, qui demandent moins d'attention, et qui laissent l'esprit partir en vrille. Après avoir réécouté ce disque en totalité, il y a un nom qui me revient en tête de manière lancinante: plusieurs morceaux me font penser aux premiers album de "Gentle Giant", pour les nappes de synthé, les dialogues synthé/guitare, et le chant un peu symphonique parfois.

    Mais quelle idée d'aller s'enterrer à Montmorillon! Heureusement qu'il y a les macarons... ;-)

    RépondreSupprimer
  5. @Jimmy : Oui, la scène "Canterbury", c'est un terme aussi con que grunge, power pop, folk irlandais ou je ne sais quoi d'autre. N'empêche... Il s'y passait bien quelque chose, comme à Detroit, d'ailleurs. Pour le coffret Beach Boys, j'ai pas encore ouvert mes cartons. Ca viendra. Pour Noël ?
    @psegpp : Gentle Giant ? Connais pas assez. Si c'est comme Montmorillon, je n'ai pas envie de connaître d'avantage... ;o)

    RépondreSupprimer
  6. A condition d'aimer le rock symphonique, la musique très élaborée et construite de Gentle Giant est franchement intéressante (je préfère les trois premiers albums). Cela aurait une connotation un peu King Crimson (entre autres).
    La fiche Wikipédia française est bien faite (c'est d'ailleurs une traduction presque conforme de la fiche US).

    RépondreSupprimer
  7. @psegpp : merci. Je vais tenter l'aventure.

    RépondreSupprimer