J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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jeudi 6 octobre 2011

#48: Kula Shaker "Peasants, Pigs & Astronauts"

Du temps où il y avait encore des disquaires, il arrivait qu'en flânant dans leurs échoppes, on tombe soudain sur un truc inconnu et improbable, et qu'on reparte, ravi, la chose sous le bras (du temps des vinyls) ou dans la poche (du temps des CD).

J'ai découvert Kula Shaker comme ça, par hasard, sans rien savoir du buzz qui avait tourné autour, un jour de 1999 chez Gibert à Toulouse. Intrigué par la pochette, fasciné par la production (ce n'est qu'en ouvrant le livret plus tard que j'y lus le nom de Bob Ezrin, celui de Berlin, des meilleurs Alice Cooper et du Floyd de The Wall (et de Kiss, aussi, mais bon, pour ma part...). Des grands efforts qui passent ou qui cassent, en quelque sorte.

L'album fut littéralement massacré par la presse rock, et on ne parla plus de Kula Shaker. Je trouvai un jour leur premier album - sensé être génial, lui - et fut bien déçu : c'était encore l'époque de la pop de Manchester, on pleurait les Stone Roses et les Happy Mondays en écoutant Oasis, c'était donc une sale époque. Et ce premier album sentait mauvais les samples à trois balles et le groove médical de soirées trop hype pour être honnêtes ou pour être tout simplement fun.

Par contre, ce Peasants, Pigs & Astronauts... je ne comprends toujours pas pourquoi il est de si bon ton de le détester. Parce que mélangeant trop les genres ? Pompeux et boursouflé ? Possible. Moi je dirais plutôt riche, ambitieux et courageux. Et j'assume. Bien sûr les références pop sixties agaceront les agités de la pop "moderne", les samples énerveront les fans de Grateful Dead et les sitars indiens agaceront à peu près tout le monde. Et pourtant, qu'est-ce que ça joue. Je connais peu de groupes de cette époque (à laquelle je ne me suis jamais trop intéressé, il est vrai, à part les Chemical Brothers, et les Propellerheads, electro à fond, tant qu'à faire, donc hors-sujet dans cette affaire) qui avaient eu le culot de balancer des cuivres dans leur marmelade. A part les Dandy Warhols. Les vénérés Dandy Warhols, mais là, nous sommes plus nombreux à être d'accord.

Alors oui, bien sûr, voilà de la musique qui se voulait ambitieuse, riche et généreuse. Par trop d'innocence (pochette vraiment trop typée prog rock, en 1999 !), par manque de continuité conceptuelle ou du fait de l'absence d'un plan marketing adapté, l'album s'est retrouvé aux chiottes de l'histoire rapidement. Et Kula Shaker se sépara, et les Inrockuptibles s'en réjouirent. Crétins.

Bien sûr, leur leader était un allumé des philosophies indiennes, mais véritable passionné et connaisseur, mais quelques sorties sur la beauté du symbole de la svastika suffirent à détruire toute crédibilité au groupe, accusé de néo-nazisme par une presse n'ayant cure du symbolisme hindou, et plutôt prête à cracher dans la soupe, surtout quand une occasion rêvée comme celle-ci se présente.

J'ai longtemps et souvent acheté puis revendu des CD, pour en financer d'autres, pour payer le loyer, et je me mords les doigts de certaines galettes fourguées en vide-grenier et introuvables aujourd'hui. Kula Shaker a passé cette épreuve avec brio et discrétion, j'ai toujours une grande affection pour cet album.

Bien sûr, le plus daté dans l'affaire c'est les références au Madchester des années 1990 qui transparaît par ci par là. Pour le reste, c'est un feu d'artifice d'influences diverses, majestueusement rendues cohérentes par un Bob Ezrin en grande forme. Je vous propose donc de tenter l'aventure, mais ne le dites à personne, ça n'est pas hype que d'apprécier cet album de Kula Shaker.

Dix ans plus tard, en 2010, ils sortiront un nouvel album fort sympathique. Je l'ai écouté, il est fort agréable, mais comme pour les Waterboys, la messe est malheureusement dite pour eux depuis longtemps. Les Inrockuptibles ne font même plus l'effort de les détester.

Last Farewell ?