J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

mardi 3 mai 2016

#182 : Snoop Doggy Dogg "Doggystyle"

Yo' Man.

Carrément.

Doggystyle, en plus. Rien à foutre de chercher ailleurs, faire comme si il existait un autre album moins connu et tout aussi bon que celui-là, parce que tu comprends dans la démarche de...

Shut your fucking mouth, motherfucker.

This is da pure gangsta shit, point barre (de shit).

Parfait après Coltrane, d'ailleurs. Car directement jouissif, avec un effet uppercut tout aussi saisissant pour la machoire qui viendrait tenter de la ramener alentour.

Car, voyez-vous, je n'ai pas grand chose à dire de cet album, même pas que je l'ai usé jusqu'à la corde, puisque possédant la version CD. Dire quoi ? Il parle déjà beaucoup le Snoop, non ? Que je l'ai depuis sa sortie et que, contrairement à tant d'autres disques, je n'ai jamais pensé à un seul instant le revendre ou même l'oublier. Je sais toujours où il est. Il fait partie des few ones qui a eu l'honneur de me suivre en Martinique. Peux pas m'en passer. Groove imparable.

Bien sûr, on a ici le syndrome du disque tue-mouche dans toute sa splendeur. L'arbre qui cache la forêt (ou plutôt la forêt vierge et dense qui cache l'arbre malingre dont tout le monde se fiche). Le genre de disques à figurer dans n'importe quel Top 10 de l'île déserte (la Martinique pour moi, je l'ai testé en vrai le jeu !). Combien de marins, combien de capitaines sont restés scotchés sur Pet Sounds sans jamais avoir rien à faire de Sunflower ? Combien de constipés et autres craintifs du pet se flagellent-ils chaque jour en se jurant que Sergent Pepper y'a pas mieux, ni ici ni ailleurs ?

Comme dirait un copain d'un collègue à moi, le rap ? Ah ouais, j'aime bien cette chanson... (ça marche très bien pour le reggae aussi d'ailleurs, avec leur Jah Rastatruc à tous les étages). Ben oui, au fond, regrouper tous les niggaz, bitches et motherfuckers sur un seul skeud, c'est pas trop con, ça t'a un petit air de Guide Michelin de la Racaille, et pour les vierges effarouchées, on trempe un pied et on a une idée du truc.

Sauf que plutôt que de tremper un pied, on peut carrément se le prendre aussi, son pied. Délicieusement, tout en culpabilisant (?) en imaginant le Zornophage lutter contre le 23ème album de Zorn sorti ce mois-ci, croulant sous la fatigue, se jurant pourtant qu'il tiendrait jusqu'au bout, car lui c'est un élitiste, un vrai, Pendant ce temps, vous êtes tranquille à siroter un ti punch sous le soleil, riant aux étoiles en vous disant que - franchement, ces rigolos, ils ont enfin réussi à faire sonner un Moog correctement sans faire fuir la moitié de la galaxie - et, shit man - que cette désinvolture et cette facilité sont délicieuses. Ya understand, man ? Listen to me !

Alors bien sûr que Snoop Doggy Dogg est un gros con, que Suge Knight est une ordure et Dr Dre un crazy nigger. Tout ça pue le fric à plein nez. Comme la coke, sans doute, c'est à plein nez pourtant que c'est le meilleur plan. On est là très loin de l'oeuvre magistrale et méconnue publiée à compte d'auteur et vénérée par une minorité de fidèles ébahis par tant de génie. Il s'en est fourgué des centaines de milliers, de cette galette, le Snoop ayant sans doute récolté en royalties l'équivalent du PIB dégagé par la vente de cannabis en Colombie la même année. Alors évidemment, ça peut interloquer, repousser.

Sauf que. Le Snoop leur met grave à tous, là. De feu Prince à feu Marvin Gaye ou qui vous voudrez qui ait pu mettre le feu. Im-pa-rable. Ca vous réveillerait un mort, ce truc.

Et bien sûr, comme toute explosion de bonheur musical, on a tous les droits : de taper du pied, de faire son Joeystarr devant sa glace, de pleurer de rire devant tant de clichés, de rire tout court comme après ou pendant un douze feuilles, dont on ne serait d'ailleurs pas étonné d'un point de vue situationniste que l'image ici proposée ait pu un jour exister, quelque part. Il se passe tellement de choses qu'on imagine même pas, ma petite dame.

Du groove ? Essayez juste Gz And Hustlas, tiens. Je vous parle même pas de Gin And Juice. Et tout ça, sans à aucun instant la moindre revendication politique façon Public Ennemy. Non, du peu que je puisse saisir de ce flow, juste des histoires de cul, d'ego, de niggas et de bitches. Non pas que ça soit une bonne chose, cette absence de conscience politique. Mais disons que le jour où elle sera présente ailleurs que chez les opprimés (on aime bien quand les Noirs se plaignent, ça fait plus authentique) et chez Graeme Allwright, ça me fatiguera moins, O Lord release me !

Je ne vous ferai pas l'affront de poster une photo du temps qu'il fait ici, je sais que vous me croirez sur parole quand je vous dirai que cette musique y est juste parfaite et bien plus adaptée aux 27° de la mer des Caraïbes que les borborygmes de vieux boeuf asmathique d'un Leonard Cohen qui ferait mieux de la fermer à son âge plutôt que de faire de la retape pour se payer sa pute de luxe.

Vulgaire ?

Oui mais c'est tellement doux. Se vautrer ainsi dans la luxure. On est vendredi, 17h. La nuit tombe tôt ici, plutôt pratique, le jus de goyave et de mangue commencent à s'ennuyer au frigo. Mmmh... ce week-end je vais faire la teuf à la plage avec des potes. In a gangsta style.

Et vous ? Non ? Bon, ben, consolez-vous, vous avez la B.O.

Pump Pump




16 commentaires:

  1. Le dernier Cohen est un vrai délice, mais ceci dit, ce Snoopy, quand il est bon -comme ici-, il est très très bon oui ;)

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    1. Euh... oui, peut-être, mais non en fait, je n'ai pas le souvenir d'un Cohen qui m'ait charmé depuis... The Future ? Et encore... Mais bon, on peut pas toujours taper sur Lou Reed, alors...

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    2. Non je parle du dernier Popular Problems. Il est est vraiment superbe.
      Un autre morceau que j'adore de Snoop, est Shoopafella sur No limit top Dogg ^

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  2. Après Coltrane et Snoop Dog, je propose Marcel Amont !!!!!

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    1. Serait-ce à dire que la voix de Marcel Amont serait une sorte de synthèse entre le saxophone de Coltrane et le flow de Snoop Dogg ? Pas inintéressant comme proposition. Je vais re-écouter...

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  3. j'aime bien cet album, mais chacun son groove, celui-ci n'est pas trop le mien... parfois trop présent pour chalouper, mais je l'aime bien, peut-être un des seuls de gangta que je réécoute pour son côté jusqu'auboutiste, ça pose pas, ça impose et effectivement c'est jouissif ^^

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    1. Ce qui est pratique c'est que ce disque suffit à capter tout l'intérêt (relatif ?) du gangsta-rap, qu'il n'y a pas besoin de chercher plus loin. Une bombe, ce disque, quand les quelques autres que j'ai pu écouter ne sont que des pétards mouillés...

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  4. Cela fait partie des (quelques) disques de Rap que j'ai assez écouté. A dire vrai, il n'y a que Dela Soul que j'ai vraiment suivi et écouté (et encore j'ai dû arrêter au 4eme album...).
    Ce qui est sûr, c'est que je suis bien contente de ne pas comprendre les paroles (et je ne le cherche pas).
    Mais effectivement, il y a dans ce groove quelque chose d'assez jubilatoire, et je dirais d'insolent qui fait du bien. Maintenant, ça reste affreusement machiste et montre aussi que le monde est d'une grande tristesse...

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    1. De La Soul... j'ai adoré le premier, moins le deuxième et puis... bof. J'ai quand même tenu 2X plus longtemps que pour Snoop Dogg. Pour le côté machiste, j'avoue ne pas m'intéresser à ce qu'il raconte, sinon ça serait par trop rédibitoire !

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  5. Jamais écouté à cause des paroles qui me gacheraient le plaisir, parce que je ne doute pas que le groove soit là. ... mais je passe sûrement à côté de quelque chose. ...

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  6. Personnellement, j'attends toujours la gangsta girl: je l'imagine très jeune, très blanche, très blonde, avec une voix acidulée un peu fluette, mais un flow vicieux et des textes qui ne parleraient que de bites, de couilles et de fatherfuckers! Je suis certain que ça ferait un malheur!

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    1. Hmm... Peut-être la gente féminine est-elle trop intelligente pour s'adonner à ce genre de bêtises ? Ceci dit, Nina Hagen l'avait mis profond aux pseudo-punk à l'époque !

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  7. Fait parti de ces disques que j'ai aimé à travers la lecture de chroniques. Mais oui, ça peut arriver, comme lire un livre dont on a vu le film. La chronique insistait sur ce ambiance groove et poudre comme la grande époque de Sly. Pour le non initié que j'étais au RAP ce disque était une aubaine, beaucoup de collage musical, pas ce côté radical à la NWA ou Public Ennemy (mais depuis j'y suis venu, comme on vient au rock) ... par association d'idée, un jour je suis tombé pratiquement amoureux de Mos Def et de son "Black On Both Sides" comme découvrir "What's going on" de Marvin Gaye... et le fiston lui m'avait achevé avec Eminem et les Beasty Boys...

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    1. Voilà qui me donne envie de tester Mos Def !

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    2. Je vais te pousser ça, car c'est le problème d'avoir tant à écouter. Je serai artiste que je viendrai de force jouer chez l'habitant... Crois moi, il y en a, tu t'engagerais bien à les écouter de peur de les voir débarquer...

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