J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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lundi 16 mai 2016

Black Star épisode 7

- Dis ça à de vrais alcooliques. Oui il ne suffit pas d'un verre pour être accro... mais c'est en vente libre. Et les personnes autour morflent pareilles sans jamais pouvoir empécher la personne de boire. Sans parler des tentations qui se présentent toutes seules sans qu'on les cherche... Je ne souhaite à personne de vivre avec un alcoolique, ni avec un junkie. Mais au final, le résultat est le même ou presque. L'alcool ronge juste un peu plus lentement. Mais c'est aussi moche à voir...

La conversation allait bon train. Comme En Bas. Ou Avant. Allez savoir... David écoutait la discussion, étonné lui-même, sinon de prendre part, tout du moins de supporter de telles considérations. On ne parlait pas de lui, et il en était presque reposé. Il faisait comme tout le monde ici. Hop, une image, un songe, et voilà mon petit fantasme satisfait. Ca ne l'étonnait pas trop que Lhassa tienne cette discussion. Cette fille avait une belle voix, mais trop concernée par ce genre de futilités. Le bien, le mal, la douleur, l'injustice... Non pas qu'elle avait tort, mais, se disait-il, comment pouvait-elle tant s'intéresser aux autres alors que lui avait un Plan. Jusqu'au bout. Il avait apporté la touche finale au concept David Bowie de manière, trouvait-il, éclatante, puis était arrivé ici. S'était passé ce qui s'était passé. Le film. L'homme, puis la femme.

Le gars qui s'entretenait avec Lhassa lui était aussi inconnu, mais pas de la même manière que l'homme qui lui avait montré le film. C'était sans doute un musicien, ou un peintre, de seconde zone, un gars sans trop de talent mais qui, pour des raisons qu'il ignorait, se trouvait dans le même endroit que lui. Il compatit, se dit que Lhassa était bien sympathique de répondre à ces dissertations sur l'alcool, la vie, tout ça.

- Je pense que ce qu'il manque à l'Angleterre c'est un leader fort, charismatique, qui sache galvaniser les foules. Hitler avait ce talent, parmi tant d'autres. Après tout, élever un peuple au rang d'Elus, cela ne peut se faire qu'en jetant aux orties les faibles, les impurs. Quand je serai roi, vous serez les premiers que je passerai par les armes !

Il s'entendit pronconcer ces mots, et, fut-ils encore vivant, il aurait senti le poing s'abattre sur sa face. C'était le gars. Daniel, il s'appelait.

- Non mais il se croit où ce con ? s'indigna Lhassa ?

- Je suis désolé... je n'ai pas voulu dire ça... ce n'est pas moi qui...

Tous les regards se tournaient vers lui. Il lui revint en mémoire les années 1976. Cette fichue photo. Et puis il se révolta.

- Qu'est-ce que ça peut faire, après tout ?!! Toute cette violence, tous ces crimes, vos histoires d'alcooliques ! J'arrive ici, on me dit de tout oublier et vous vous offusquez, comme des vierges effarouchées, de ce que je peux invoquer un vieux tyran, un vieux fou - un criminel, bien sûr, une ordure - mais qu'est-ce que ça peut faire ICI ?

Mais la conversation avait déjà repris.

- Pas facile, hein ?

C'était Jerry.

- Quand j'étais en bas, je croyais à la réincarnation de l'âme, ce genre de conneries. Enfin, à vrai dire, je jouais surtout de la guitare, longtemps parfois. Et les gens disaient que je croyais à la réincarnation de l'âme, que j'étais bouddhiste et que sais-je encore. Mais moi je jouais juste de la guitare et je laissais dire. Aujourd'hui, à part une bande de tarés, on ne raconte plus grand chose sur ce que j'étais. Même pas une biographie. Je suis peinard, en fait. Et ici aussi, du coup. Mais j'ai comme l'impression que tu vas te payer quelques autres tremblements...

- Quelques quoi ?

- Tu t'es pas demandé pourquoi Lou se tenait à carreaux ? Il était bien emmerdé l'autre jour, avoir à te parler. Il aime pas les tremblements. Mais toi, tu peux pas t'empêcher. Même le film, je serais toi, je ferais gaffe.

- A quoi ?

- Tu peux pas redescendre. Tu peux juste essayer d'être peinard ici. Regarde ce pauvre Bob, il a pas envie de monter. Il a raison, Lou, il ferait tout pour passer pour une petite souris. Je comprends pourquoi tu l'as ramené tout à l'heure, à propos d'Hitler. C'est peut-être la pire connerie que tu ais pu faire, ce geste, et t'as l'impression qu'en racontant ces salades tu vas pouvoir démêler l'écheveau, changer les choses, pas finir enfermé dans le film. En fait, mon pote, je crois que ce qui te manque le plus, ce qui commence à te manquer, c'est de plus aller chier ni pisser, c'est de plus roter à table. Alors tu voudrais te faire oublier en passant pour une ordure, pour n'importe quoi du moment que ça n'aurait pas été gravé dans le film, en bas. Enfin, toi, ou le taulier.

- C'est vrai... j'ai... enfin, c'est comme si j'avais pas dit ça. Je me rappelais même pas de cette histoire de salut nazi. La coke, sans doute....

- T'avais quand même une sacrée putain de caboche, avoue-le. Mais cherche pas. Méfie-toi que le taulier t'ait pas pris en grippe, va savoir. Fais comme les autres, tiens-toi à carreau.

- Mais toi, comment tu fais ? T'as l'air d'avoir compris plein de choses, t'es peinard, comme tu dis...

- Ouais, je pense que le taulier m'aime bien. Toi, c'est pas sûr. Tu sais, y'en a qui disent que le taulier aime bien la musique. Même s'il est lourdingue et qu'il nous passe toujours le même morceau. Il devait bien m'aimer. Il me fout la paix. Toi, tu l'intrigues, il te teste. Des fois, quand ça s'arrête, tu les entends les bruits ?

- Maintenant que tu le dis... Mais c'est quoi ? C'est qui ?

- Ben, les autres tauliers !

- Hein ?

- Sûr. La preuve : Radiohead c'est un putain de groupe de merde et Thom Yorke est un nain qui n'a jamais eu le moindre talent ! Tout repompé le brigand !

- Ca, je suis bien d'accord !

- C'est pas moi qui l'ai dit ! Abracadabra !

1 commentaire:

  1. Si t'as le pouvoir de me faire parler à Bowie, heu, tu veux pas m'expliquer ton truc.
    Et tu ne veux toujours pas lui faire rzncontrer Alain? Parce que quzstion belle fin, je la trouve pas mal.

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