J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

mercredi 24 avril 2013

#16Z : Temple of the Dog "Temple of the Dog"

Celui-ci, je l'avais mentionné à Devant (de l'excellent Get Happy!!) en relation à son post sur le grunge. Comme vous pourrez le lire dans mon billet, ce n'en est pas vraiment, juste un foutu bon album qui n'a pas pris une ride ! Et donc, 22 après...

Voici un album dont la genèse trouve sa source dans un bien triste évènement. C'est, en effet, suite la mort d'Andrew Wood, fauché trop tôt par des abus de substances dont on connait le pouvoir ô combien destructeur (héroïne en l’occurrence), que Chris Cornell (Soundgarden) décida de rendre hommage à celui qui était son ami, qui fut son colocataire et, bien sûr, le chanteur des éphémères Malfunkshun et Mother Love Bone. Chris recruta, telle une évidence, les musiciens ayant accompagné son défunt poteau lors de ses précédentes explorations musicales et c'est donc ce qui allait devenir Pearl Jam qui seconde la voix d'or du grunger. En fait, c'est même tout Pearl Jam (première mouture) qui est au rendez vous, Eddie Vedder apparaissant aux chœurs sur trois morceaux et aux vocaux principaux sur un quatrième.

Evidemment, avec pareil objectif, la tonalité de l'album diffère notablement des groupes auxquels Temple of the Dog peut être affilié. Plus doux, plus mélancolique, c'est un pont entre un classic rock américain historique et la musique de cette nouvelle génération ayant redécouvert la simplicité et l'honnêteté remisée au second plan par toute une clique de hard rockers MTVisants y ayant préféré le clinquant et l’esbroufe, souvent au détriment de l’intelligence textuelle et de la finesse musicale. Et ce n’est pas la production, sans effets de manches excessifs, de Rick Parashar et de la formation qui viendra troubler ce rassurant état de fait.

C'est donc une enfilade de 10 titres, avant tout guidés par l'émotion, qui nous est offerte, et c'est un bonheur de tous les instants que d'entendre de si nobles sentiments si gracieusement mis en musique. Et qu’importe si certains titres sont un peu moins marquants que d’autres, la consistance est indéniablement au rendez-vous. En tête de gondole, on retrouve l’émouvante ouverture, Say Hello 2 Heaven, où la performance vocale de Cornell et les soli de McCready créent l’évènement. Le titre n’est d’ailleurs pas sans rappeler un classic rock nord-américain qu’on pourra assimiler, grossièrement, avec les attributs électriques 70s d’un Neil Young (de qui Pearl Jam s'inspirera beaucoup se voyant même offrir d'accompagner le loner sur un brillant Mirror Ball 4 ans plus tard), beau parrainage. Le musclé Pushin’ Forward Back, le morceau le plus burné de l’album, n’est pas en reste avec une ligne de chant qui aurait tout à fait trouvé sa place sur un opus de Soundgarden. On reste tout de même loin des excès électriques du groupe principal de Cornell même si c’est le seul moment où est conjuré le fantôme de ce pilier du grunge. Le reste de la track list propose une tonalité notablement plus revivaliste, éminemment plus ambiante aussi qui sied admirablement à l’exercice hommageant ici pratiqué. On a même droit, sur Hunger Strike (chanté par Vedder avec Cornell en soutien), à un avant-goût de ce que Pearl Jam allait bientôt nous offrir sur le versant soft de son répertoire.

Sorti presque en catimini en 1991 (en import de part chez nous), l’éponyme et unique album de Temple of the Dog finira par récolter de cultes lauriers, bien mérités d’ailleurs. En l’espèce, on tient là un album doux-amer d’excellente facture, suffisamment hors du temps pour être encore très écoutable et réellement satisfaisant aujourd’hui, au-delà de tout trip nostalgisant, une belle galette de rock habité à l’ancienne comme on n’en fait décidément plus assez sous la forme d’un vibrant tribute à un prometteur jeune mec (mort à 24 ans !)  parti vraiment trop tôt.


- Jeff Ament: bass guitar, art direction and design, photography  (Green River, Mother Love Bone, Pearl Jam, Three Fish, Jeff Ament)
- Matt Cameron: drums, percussion (Pearl Jam, Skin Yard, Soundgarden, Hater, Wellwater Conspiracy, Queens of the Stone Age, The Smashing Pumpkins, Geddy Lee)
- Chris Cornell: vocals, banjo on "Wooden Jesus", harmonica on "Times of Trouble" (Soundgarden, Chris Cornell, Audioslave)
- Stone Gossard: rhythm guitar, slide guitar, acoustic guitar (Green River, Mother Love Bone, Pearl Jam, Brad, Stone Gossard, Deranged Diction, Tres Mts., RNDM)
- Mike McCready: lead guitars (Pearl Jam, Mad Season, The Rockfords)
et
- Eddie Vedder: backing vocals on "Pushin Forward Back", "Your Saviour", and "Four Walled World"; vocals on "Hunger Strike" (Pearl Jam, Eddie Vedder)
- Rick Parashar: production, piano on "Call Me a Dog", "Times of Trouble", and "All Night Thing", organ on "All Night Thing", mastering (Pearl Jam, Alice in ChainsBlind Melon, etc.)


1. Say Hello 2 Heaven 6:22
2. Reach Down 11:11
3. Hunger Strike 4:03
4. Pushin Forward Back 3:44
5. Call Me a Dog 5:02
6. Times of Trouble 5:41
7. Wooden Jesus 4:09
8. Your Saviour 4:02
9. Four Walled World 6:53
10. All Night Thing 3:52


pour Andrew

2 commentaires:

  1. Comment ne pas venir commenter un post qui cite mon blog, excellent en +... Bon, je suis au boulot dans une ambiance cool, pour le grunge je viendrai le prendre à la maison (je mens un peu quand je dis cool, car je me suis tapé avec un plaisir quand même le Stooges trop vite décrié chez Jimmy..)

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    1. Justement, il est très cool cet album ! Ecoute, tu risques d'être agréablement surpris. ;-)

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