J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -

mercredi 7 novembre 2012

GCDDE # 4 : The Pogues "Rum, Sodomy & The Lash"

Fait suite au post de Charlu (sur les Chroniques de Charlu) :
Band On The Run - Paul Mc Cartney & Wings

Chanson fétiche du présent album : The Band Played Waltzing Mathilda

Non, franchement, ça m'ennuyait : gloser sur un album de The Band, oui, j'aurais pu. Parler des Allman Brothers Band aussi... mais quel classique (rock)... alors, à l'image d'Approxbutfair sur son dernier post, je m'empare du titre d'une chanson contenant un mot convenable (band... pff...), mais quel album, quels souvenirs !

Donc, les Pogues... quelle affaire... A cette époque-là j'étais tombé amoureux pour la première fois (avec la langue), et du coup toutes mes années de Rock & Folk, Zappa, Talking Heads et autres ont fini chez le brocanteur du coin pour racheter du Caradec, Castelhémis, Yves Simon (tiens donc ?!) parce que mademoiselle jouait (mal) de la guitare et qu'elle aimait tant les soirées feu de camp...

Ne vous méprenez pas. J'échangerais aujourd'hui encore n'importe quel Dylan contre un Caradec chanté sous la ligne bleue des Vosges en amoureux, avec l'acné qui vous picote le visage et la promesse d'une nuit sage à juste se bécoter un peu et à dormir ensemble.

Je vous la joue volontiers à la Dave, sur ce coup-là : J'irais bien refaire un tour du côté de chez Emmanuelle, mais ça rime pas, c'est mort. N'empêche. Bien qu'amoureux transi que j'étais, avec mon bandana et ma guitare 12 cordes, London Calling me manquait... Et comme Emmanuelle aimait bien le folk irlandais (c'est où l'Irlande ?), quand j'appris que cette chose inconnue - via les Pogues -  était fraichement revisitée façon punk, je me suis rué sur la cassette de ces Pogues comme la vérole sur le bas-clergé breton.

Oh bien sûr, je lui ai fait écouter Dirty Old Town, et j'ai moi-même joué de façon gentille (comme le fera Christy Moore des millénaires plus tard) A Pair Of Brown Eyes. Bingo ! La Douce avait souri, et il avait suffit de l'automobile de sa soeur, du côté rock'n'roll de son beauf pour nous mener à la Foire Aux Vins de Colmar ou les Pogues nous attendaient - si j'en crois les Dernières Nouvelles d'Alsace de l'époque, avec pas moins de 400 canettes de Kro. J'avais évité de lui faire écouter Sally Mc Lennane, sait-on jamais.

Combien de temps dure un concert, dans un théâtre en plein air quand on a 18 ans à peine et qu'on est amoureux fou et que la gentille brise d'été vous balance quelques phéromones dans le nez ?

Ben, 1h15. Le temps que Shane Mc Gowan débarque sur scène, ouvre sa bouteille de Gin, chante (faux), boive un coup, chante encore, puis termine sa bouteille, ivre mort. 

Oh mon dieu comme la Côte Ouest de Clare, comme les falaises de Mohair et le Giants Causeway se sont éloignées de nous ce soir-là... Nous étions deux rigolards dans la Golf en rentrant : le beauf et moi. La version de Sally Mc Lennane avait été extraordinaire. Ces salauds de Pogues n'avaient par contre joué qu'un seul morceau euh... mid-tempo. A Pair Of Brown Eyes. Et encore, Shane en avait profité pour déglutir plus vite sa flasque de Gin. J'ai bien tenté de prendre Emmanuelle par l'épaule, mais bon... bad moods.

Les Pogues n'ont pas joué The Band Played Waltzing Mathilda ce soir-là. 

Constance, une copine de prépa (eh oui, j'ai été érudit dans ma jeunesse !), revenant de ses vacances en Australie, me la chantera deux ans plus tard, debout sur une table, entre deux cours de maths. Avec une classe sans pareil. Jimmy pourra toujours me parler de Nico et du Velvet Underground... bof... Je l'ai vue en vrai, ma muse...

Constance, l'année d'après, finira écrasée par un poids-lourd en plein centre de Montpellier. Elle avait pas respecté le passage piéton vert-rouge, patin-coufin.

Waltzing Mathilda, Waltzing Mathilda, Who'd go-a waltzing Mathilda with me ? 

Ne m'en voulez pas si je pleure toujours avec cette fichue Waltzing Mathilda

Certains soirs ou j'ai pas le moral, les Pogues ne peuvent plus rien pour moi. J'étais trop con à l'époque pour comprendre que quand une fille vous chante votre chanson préférée debout sur une table, c'est peut-être qu'elle vous aime bien. Et qu'elle est moins coincée qu'une Emmanuelle fredonnant Fifi l'Oiseau

J'étais tout aussi trop con pour comprendre que finalement, avec Maxime Le Forestier à la guitare sèche et non Sally Mc Lennane, j'aurais pas perdu Emmanuelle. J'ai tout perdu  finalement avec les Pogues.

Bien sûr, aujourd'hui, tout ça n'a plus aucune importance, je joue Jesse James au banjo avec ma chérie pour toujours à la guitare, et ça va très bien, merci, mais c'est tout moi, ça. Boire des bières en beuglant Dirty Old Town, et rater tout ce qui se passe à côté.

Allez, à mes amours !


PS : C'est bien sûr la superbe édition remasterisée que je vous propose ici, avec tous les maxi-singles qui ont suivi, Rainy Night In Soho et tout ça... mais bon, j'ai pas le coeur à vendre le produit ce soir...

17 commentaires:

  1. Feeling blue?
    Marrant, certaines chansons des Pogues (voir mon JBM) me collent aussi un certain vague-à-l-âme... Ca doit être l'âme irlandaise (pas étonnant d'ailleurs que les irlandais fassent des bluesmen plus que corrects).

    Bref, je pourrais te dire tout le bien que je pense de ton choix mais je préfère chialer avec toi dans ma guiness...

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  2. Merde Jeepeedee tu vas me faire chialer aussi. Ton billet est à la hauteur de ce disque inusable, merci pour ça. Merci aussi pour la version remasterisée et les bonus, mon CD est plus vieux que ça.

    Que de souvenirs liés aux Pogues, à McGowan, à Dirty Old Town, à l'Irlande.
    En vrac, Shane sur scène forcément bourré, qui n'arrive pas à assurer, le guitariste qui finit par lâcher un "fuck off" hors micro mais que toute la salle a compris au mouvement des lèvres.

    Un Dirty Old Town repris par des musiciens amateurs dans un pub du fin fond de l'Irlande et chanté en cœur par tous les clients, j'en ai encore des frissons 22 ans plus tard.

    Et puis l'Irlande...Je suis raide dingue de ce pays. Mon royaume pour une guinness et une odeur de feu de tourbe sur la lande.

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    1. J'ai posté tous les Pogues en remasterisé sur Brandnewmoods... Avec un peu de chance certains liens fonctionnent encore, si ce n'est pas le cas et que tu cherches quelque chose de précis, n'hésite pas ! ;-)

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    2. J'en prends bonne note :-). En fait ce sont les bonus qui m'intéressent, plus que la remasterisation . J'irai jeter un coup d’œil.

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  3. Moi aussi, je l'ai vu en vrai, Nico (en plus dans une salle qui s'appelait le Chelsea Town Hall!), elle ne chantait pas sur la table, je ne l'ai pas embrassé non plus, mais je lui ai parlé, et je suis reparti avec un disque dédicacé (que j'ai offert à la chanteuse de Tanit) et une affiche, que je conserve encore précieusement! Pour la peine, je vais m'écouter Rod Stewart qui reprenait: "Dirty Old Town" bien avant les Pogues (que j'adore)...
    Jimmy

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  4. Je ne dis rien sur vos suite à partir d'un titre fétiche, mais je n'en pense pas moins!

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  5. Bon, je vais papillonner en abandonnant le principe du jeu, en tant que spectateur je suis un peu perdu sur le périple et l'intérêt, mais j'imagine qu'il n'est que le prétexte à placer un album alors je vais vous visiter au petit bonheur la chance.

    Donc les Pogues, moi la Guiness me fait pleurer mais c'est son amertume qui me fait ça pas mon blues;
    L'air de rien ces Pogues avaient la recette incroyable qui mélangeait Soul, Tradition, Rock & Co en obtenant un brouet revigorant, moi ils me donnent la pêche. Il y a les Dexy's, Waterboy's etc... mais ce sont vraiment eux les meilleurs. Je me demande si ils n'ont pas fait le pont avec les futurs groupes dit fanfares

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    1. Tiens, d'ailleurs, j'ai toujours pensé que les Negresses Vertes avec Elno étaient les Pogues français et c'est justement, à mon avis, une étape intermédiaire vers les groupes "fanfare".

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    2. Oui, tu as raison, un peu la Mano Negra aussi.

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  6. Hello.
    Comme je l'écrivais à MM à-propos de son JBM, moi mon truc c'est "A Pair Of Brown Eyes" repris par Peter Case, mais qui n'a pas braillé, à moitié torché, Dirty Old Town une fois dans sa vie?
    Shane Mc G lui était payé pour ça!
    EWG

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    1. Il était payé pour, ce qui lui permettait de dépenser tout son fric en guinness et en gin. Mais je ne regrette pas l'argent que je lui ai filé en billets de concert et en CD parce que quelle voix !

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  7. Magnifique billet JPD! Plein d'émotion... Pour te remettre voilà le lien pour le Somg demandé:
    http://www30.zippyshare.com/v/80311109/file.html
    Il sera posté aussi vendredi en PS pour l'étape 5.
    à plus!

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  8. Quand même, je n'ai jamais eu de problème à comprendre "Sex & Drugs & Rock & Roll"
    Mais
    "Rhum, Sodomy et coup de fouet"?
    Comme menu j'hésite encore avec "Pills, Thrills & Bellyaches"
    ;-)

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  9. J'ai cru comprendre que c'était une allégorie de la Royal Navy et ses usages ancestraux et que si tu te faisais choper à pratiquer le second on te gratifiait du troisième...
    EWG

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    1. Haaa, merci. Logique et donc rien à voir avec une maxime exprimant une vision du bonheur :-)))) Quoique??

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    2. Quoique, tu as raison.
      Un petit coup de fouet, par-ci par-là, de temps en temps...
      EWG

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    3. Ha oui, les coups de fouet.. je n'y avais pas pensé ;-)

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