Il est des nuits, quand je ne dors pas, durant lesquelles je m'interroge. Comment se fait-il que depuis le fier Guillaume, nous, français, n'ayons jamais réussi à mettre à mal l'Angleterre. De Jeanne d'Arc à Napoléon, notre fière nation s'est montrée pleutre et incapable de destituer ce royaume de mécrants.
Pourtant, les anglais mangent salement, des choses grasses et nauséabondes, et font preuve de peu de goût dès qu'on en vient à parler d'architecture, de peinture ou même de littérature. A part Shakespeare, dont certains viennent à douter de l'existence (et je pencherais à en être), ce n'est que misère et désolation. Tout juste parviennent-ils à innonder le monde de mauvais romans de gare, et pourtant, ce peuple résiste.
Ne parlons même pas de leur langue, dont la syntaxe est d'une pauvreté sans nom, comparée au français ou même à l'allemand. Et pourtant, les Américains, une fois dégagés du joug de leurs piteux ancêtres, conservèrent ces borborygmes comme moyen de communication, alors même que nous leur tendions une main amicale.
Je sais qu'actuellement, nous avons d'autres chats à fouetter que de régler ce détail historique, mais il ne prendrait pourtant que quelques mois, et remettrait du baume au coeur de notre belle nation.
Car depuis que nous avons perdu cette légitime habitude que de guerroyer avec la Perfide Albion, les choses ont changé. Les anglais son toujours aussi stupides, davantage même oserais-je dire. Tout le monde ou presque a compris l'enjeu des Big Datas, ces données que l'on distille au travers des réseaux sociaux et autres applications en ligne, et qui font aujourd'hui d'un Google ou d'un Facebook les maîtres du monde : comment donc savaient-ils que je manquais de shampooing à l'Aloe Vera ?
Face à cet enjeu géopolitique majeur, la bêtise des anglais, qui, fiers de leur tradition, semblent l'entretenir avec force et dévouement, demeure à la hauteur de leur basse réputation. Nous pouvons lire aujourd'hui dans l'étroit esprit des anglais comme dans un livre ouvert. Et reconstituer, maillon par maillon, pièce par pièce, leur modèle sociologique. Partant de là, nous pourrions être prompts, en nous attaquant à leur talon d'Achille, malgré son odeur nécessairement repoussante, pour les asservir une bonne fois pour toute. Je pense qu'un embargo sur l'huile de friture les mettrait déjà bienà plat, mais personne ne semble vouloir m'écouter.
Prenons un exemple simple, la musique rythmée. Avec laquelle, au passage, en pleine guerre froide, ils réussirent à pervertir le bon goût de notre jeunesse avec des groupuscules aux sobriquets aussi puérils que grotesques comme Yes, Genesis ou encore Emerson, Lake & Palmer (ce dernier détenant la palme de l'outrecuidance : à trois soldats, ils nous mirent à genou ! ô les vils !). Et bien grâce à l'ouverture des frontières couplée à leur piètre ouverture d'esprit, nous pouvons aujourd'hui, comme hier déjà, mais allons de l'avant, nous faire une belle idée de ce dont ils sont le plus fiers.
Tenez, ce premier album de Dexy's Midnight Runners. Un bijou de Northern Soul, qu'ils semblent avoir voulu garder pour eux, pendant qu'ils nous bombardaient de Duran Duran, Visage et autres Orchestral Manoeuvres In The Dark (dont le nom des plus belliqueux aurait dû nous alerter). Nous fîmes à l'époque pouet pouet avec leurs synthétiseurs, pendant que dans leurs tavernes les Dexy's envoyaient - comme on dit - une purée des plus efficaces. Bien sûr largement orientés vers leur glorieux passé, le disque n'en demeure pas moins d'une beauté terrifiante, et d'une efficacité extrême. Rien de poisseux ici, uniquement des cuivres d'une rutilance sans pareil, une guitare qui sait se tenir rythmique, une rythmique qui sait ce que rigueur et souplesse peuvent apporter à l'artillerie, et la voix de Kevin Rowland, pour couronner le tout. On n'avait pas entendu cela depuis Traffalgar,, une telle mise en pièce de la concurrence en quelques trnte_huit minutes et des secondes qui appartiennent aujourd'hui à l'Histoire.
Alors que nous allions tous nous vautrer dans une décennie des plus déprimantes, les anglais, eux, eurent la bonne idée de partir en guerre avec de belles munitions, De quoi vivre en autarcie pendant que le monde musical s'engouffrait dans une débacle infecte dont certains esprits chagrins aiment à penser qu'il n'en est jamais vraiment sorti. Ce fichu premier album des Dexy's, aujourd'hui encore, brille de mille feux, s'écoute comme s'il était apparu la semaine dernière ou il y a mille ans. Et pourtant, rien de bien audacieux dans tout cela si ce n'est l'évidence des mélodies, l'urgence d'en découdre et la simplicité même de la recette : Do it yourself, chantera Ian Dury, c'est bien cela dont il s'agit ici.
Trois ans après l'éclat d'obus punk, jailli miraculeusement de cette île hostile, les anglais comprirent aussitôt le message le plus important : inutile de se cramponner aux crêtes iroquoises des ladres des premiers jours, une fois la claque balancée, ce qui est important, c'est de se réveiller et d'avancer. Ici, sans honte et sans vergogne on osera témoigner de son amour pour la soul, ailleurs Dire Straits osera vénérer JJ Cale, Nous resterons sur le quai, continuant à essayer d'apprendre à mal jouer de la guitare comme si c'était là la principale chose à retenir des Sex Pistols.
Bien évidemment, fière et jalose de ce trésor, l'Angleterre pressera Kevin Rowland de donner dans le youkaïdi celto-discoïde pour la deuxième salve, celle destinée au monde. Nous n'en pourrons plus de cette Eileen dans sa jolie robe, toora-loora-laye ! La faisande mixture s'abattra sur le monde comme la vérole sur le bas-clergé breton.
Pendant que, dans quelque hameau des faubourgs de Londres, on continuera d'écouter en boucle ce chef-d'oeuvre inespéré.
Je vous le dis, face à tant d'égoïsme, et dans l'espoir de découvrir d'autres de ces pépites, il est urgent d'asservir l'Angleterre. Sans quoi M et Pascal Obispo s'imagineront pouvoir rivaliser avec le Général De Gaulle.. Aux armes !
Keep it.
J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.
Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?
- - - Disapproved by the Central Scrutinizer - - -
lundi 16 novembre 2015
#167: Dexy's Midnight Runners "Searching For The Young Soul Rebels"
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Merci JeePeeDee de rappeler la qualité incroyable de cet album que j'écoute de temps en temps pour le redécouvrir après avoir usé jusqu'à la corde l'exemplaire vinyl....à bientôt , ce n'est qu'un au-revoir....
RépondreSupprimerA bientôt, même si vu l'heure qu'il est en métropole, plus de minuit ! j'imagine que tu dois dormir...
SupprimerJoli billet. Que serions-nous musicalement sans la "Perfide Albion" hein ?
RépondreSupprimerSardou devrait pouvoir te répondre...
SupprimerBravo !!!
RépondreSupprimerSaint-Cloud !
SupprimerPour le shampooing à l'Aloe Vera, j'avoue : c'est moi qui t'ai dénoncé. Pour me faire pardonner, je charge les Dexy's !!!!!
RépondreSupprimerJe peux vendre ton adresse mail à L'Oréal ? J'aurais droit à 2 euros de réduction sur mon prochain Tahiti Douche...
SupprimerHello.
RépondreSupprimerI was attracted here by the title of your post but couldn't dig anything. Apart from a few words here and there it seems to be written in french.
Would it be harsh to ask for a translation in a near future ? I hope not.
Thanks by advance, take care, greetings, and so on ...
Hello !
SupprimerBy Jove, I didn't know i was read by English people... It's a pleasure. Please ask Gougle for translations.
Je suis tapé Gougle : ''les coureurs de dexedrine à minuit'' ??
SupprimerMerciii beaucoup
You're great ! Thank you for your comment which is simply perfect considering the topic of my post. Have a nice fish'n'chips dear sir !
SupprimerAutant de vérités en si peu d'espace me font applaudir à tout rompre. Fuck...euh pardon, kikette les anglais !
RépondreSupprimerHugo Spanky
Merci RanxZeVox. Allez, un p'tit coup de rouge et un saucisson à l'ail pour fêter ça !
SupprimerOh mécréant que tu es! La place me manque, ici, pour citer tous les poètes et romanciers Anglais qui m'enchantent depuis toujours. Et tu t'es bien gardé d'écrire que les Anglais sont les seuls à savoir convenablement s'habiller. Je pourrais également vanter leurs voitures, comme leurs motos, qui sont les plus belles du monde ou encore leurs parfums qui mettent la honte à tous nos couturiers etc.
RépondreSupprimerConcernant Dexys, j'ai écris tout le bien que j'en pensais dans un post lointain. En plus, ils nous ont fait découvrir le génial Geno Washington.
Je conviens que les anglais sont tellement superficiels qu'ils n'arrivent même pas à cumuler tous les défauts. Ce n'est là que mettre en avant leur manque de rigueur que j'avais oublié d'illustrer. Merci donc, Jimmy pour ce complément.
SupprimerMon commentaire était une taquinerie car je pensais que tu étais au deuxième degré. Hélas, le mal semble plus profond. J'avoue qu'en cette période particulièrement violente, j'ai été choqué par tes mots. J'ai du mal à y croire venant d'une personne cultivée qui doit, en outre, posséder des centaines voire des milliers d'albums "made in UK"! Personnellement, je suis tombée amoureux de l'Angleterre à la minute où je l'ai découverte et j'adore presque tout ce qui est anglais et le pays me manque comme une femme peut manquer. Alors, dis-moi, qu'est-ce qu'ils t'ont réellement fait, mes amis anglais? Tu es un descendant de Jeanne, on t'a torturé avec de la bouffe à la menthe... Quoi?!
SupprimerMon Jimmy, tu as un coeur d'artichaut, ne m'en veux pas. Ma réponse à ta taquinerie se voulait une joute verbale histoire d'avoir le dernier mot. Je comprends tes doutes en ces périodes de violence. Ceci étant, je me refuse à chatier mon langage, au risque d'être incompris, car, me semble-t-il, c'est d'une certaine façon céder à la terreur, et jouer le jeu voulu par les ordures de Daech (et ici je ne fais pas d'humour). God bless the Queen, Jimmy, même si jamais on ne me fera dire qu'un Marshall vaut un Fender Twin Reverb ou que Donovan égale Dylan. Oups, j'arrête !
SupprimerUn cœur d'artichaut, n'est-ce pas plutôt quelqu'un qui tombe amoureux de toutes les filles qu'il croise? Remarque, ce fut longtemps mon cas!
RépondreSupprimerPour le dernier mot, ce ne sera pas encore pour cette fois.
Marshall, Fender? Un guitariste vraiment élégant préféra toujours un Vox (made in UK)!
Non, tu ne vas pas me faire le coup du Dylan (ce type du pays des Harley qui avait le bon goût de préférer rouler en Triumph!) vs Donovan, cette vielle pantalonnade! Autant s'amuser à comparer un escargot avec une grenouille!
C'était quoi, le but, au juste, dégommer l'Angleterre pour mieux valoriser l'Amérique? C'est vrai que lorsqu'ils s'y mettent, les Anglais ne font pas semblant, mais, à peu prêt à la même époque que les garçons coiffeurs Angliches, les Yankees n'essayèrent-ils pas de nous refourguer des variéteux qui se prenaient pour des rockers (Bryan Adams, Pat Benatar, ce genre)?
Allez, je vais aller préparer un petit post sur les Specials pour accompagner le tiens (Dexys fit partie de la première tournée 2-Tones)...
Ha ha je me suis bien marré. Ne dit on pas qui aime bien etc...? Northern Soul, me fait penser à reprendre ma lecture d'un bouquin sur les MODS. Ne serait ce que leur existence pour donner un contrepoint à ta démesure.
RépondreSupprimerJe note qu'il y en a qui ont la rancune tenace depuis Azincourt!
N'oublions pas que les Italiens ont mis un pied sur l'Ile, y ont apportés le catholicisme. L'honneur es sauf
Quel premier album que ce Dexys ! Bravo pour tes posts toujours personnels et passionnés.
RépondreSupprimerSyl